Notes sur la première épître de Jean

 ME 1875 page 3

 

Notes sur la première épître de Jean. 1

Chapitre 1. 1

Chapitre 2. 5

Chapitre 3. 15

Chapitre 4. 22

Chapitre 5. 28

 

Chapitre 1

La grande vérité qui ressort de toute cette épître, est celle contenue dans le premier verset, c'est-à-dire que la vie éternelle, — ce qui est vie en soi-même et pas seulement une influence morale, — que la vie éternelle dis-je, est descendue, du ciel. La vie éternelle qui était auprès du Père, a fait son entrée dans ce monde en la personne de Christ. Ce que le premier Adam était, — la vieille nature, est entièrement mise de côté, bien qu'elle demeure en nous avec la nouvelle aussi longtemps que nous sommes dans ce corps. Mais il a y un second homme, Celui qui est venu du ciel, et qui est venu parce que le premier homme était rejeté. Il est venu en grâce. Et nous l'avons vue, nous l'avons entendue, dit l'apôtre, la parole de la vie: nous l'avons entendue, vue, touchée, en Christ. Il a marché ici-bas, une vie tout à fait nouvelle: c'est cela que l'apôtre appelle «ce qui était dès le commencement». C'était une chose absolument nouvelle, manifestée ici-bas.

Partout où la plénitude de la grâce est introduite, là où il s'agit de nos privilèges et de nos relations, nous trouvons le Père et le Fils, — Dieu sans doute, mais Dieu manifesté dans ces relations.

Jean, en vertu de la vie que Dieu nous a donnée, débute en nous présentant la plénitude des privilèges des saints en Christ: leur communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Ceci amène à un second point: si vous dites avoir cette communion et que toutefois vous marchiez dans les ténèbres, tout est faux; votre vie est un mensonge perpétuel, car les ténèbres n'ont point de communion avec la lumière. Jean présente d'abord à nos yeux la parfaite grâce qui introduit la vie divine, la vie qui a été manifestée dans la personne de Christ et qui nous a été ensuite communiquée; puis il dit: elle est «lumière».

Dieu ne peut pas se départir de sa sainteté; et par conséquent la prétention d'avoir communion avec Lui tout en marchant dans les ténèbres, est un mensonge.

Un autre point vient maintenant, savoir le remède que réclamait notre état: Christ nous purifie de tout péché et nous rend propres pour la lumière. Puis, au chapitre suivant, l'apôtre nous dit que si quelqu'un dans sa faiblesse a péché, «nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste». La grâce a fait provision en vue du mal et a pourvu aux effets du mal, bien que, dans le péché, il ne puisse y avoir aucune communion avec Dieu.

La plénitude de la bénédiction nous est premièrement révélée; ensuite sa nature et son caractère, la lumière et la pureté de Dieu; puis viennent les moyens par lesquels nous pouvons, pauvres pécheurs perdus que nous sommes, avoir part à ces bénédictions, d'abord par la purification, par le sang de Christ, et puis par l'intercession de Christ, notre avocat auprès du Père.

«Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché de la parole de vie». Christ est considéré dans ce monde comme le commencement de toutes choses; non que les saints d'autrefois n'eussent pas reçu la vie d'en haut, mais la vie elle-même n'avait jamais encore été manifestée.

«Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu» etc., a habité ici-bas dans un homme, corporellement. La vie éternelle est produite, maintenant, par la puissance de la parole, mais les apôtres l'avaient vue alors dans la personne d'un homme marchant sur la terre. Comme nous pouvons voir la vie naturelle en Adam, ainsi nous pouvons voir la vie divine en Christ. Si nous regardons à la vie en nous, nous la voyons unie à des chutes, mais nous pouvons voir et connaître sa beauté et sa perfection en contemplant Christ, Car «la vie a été manifestée; et nous avons vu, et nous déclarons, et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée». Christ a fait briller la vie à nos yeux; en Lui nous la voyons et nous la connaissons, et notre spiritualité dépend du degré dans lequel nous la réalisons. Les apôtres l'avaient vue comme venue en chair; et elle nous est maintenant déclarée afin que nous ayons communion avec eux, et leur communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Il ne s'agit pas seulement de justification devant Dieu par l'oeuvre de Christ, mais de communion avec Dieu en vertu d'une vie qui était en Lui devant Dieu, d'une vie parfaitement conforme à tout ce qu'Il est. La nouvelle nature qu'il nous donne, en sainteté, en amour, c'est la sienne. Il nous la donne afin qu'il y ait de la puissance; non que cette nature puisse me révéler quelque chose, mais elle me met en communion avec Dieu. Je ne suis pas seulement justifié devant Lui, mais j'ai aussi les mêmes pensées et les mêmes sentiments que Lui. Il les a en Lui-même; et les recevant de Lui, ils sont les mêmes en moi, ainsi il y a communion; il y a communauté de pensées et de joies et de sentiments entre le Père, le Fils et moi.

Nous avons reçu l'Esprit afin qu'il y ait de la puissance, si le Saint Esprit agit en nous. Tout ce qui est parfait dans les sentiments d'un homme, selon la nature divine, Christ l'a senti, et quand mon âme fait de Lui ses délices, contemplant la beauté de sa personne bénie, je sais qu'il fait aussi les délices de mon Père: il prend son plaisir dans la sainteté et l'amour, et nous y prenons plaisir, et c'est là avoir communion. Notre communion est avec le Père et avec le Fils. Ma portion bienheureuse n'est pas seulement que je suis accepté en Christ, moi qui étais autrefois un pécheur, mais encore que, Christ étant devenu ma vie, j'ai de la joie de la communion avec le Père et avec le Fils. Le Père a aimé le Fils, le Fils a aimé le Père; j'apprends leurs divines affections, et j'ai communion avec eux. Telle est la bénédiction dans laquelle il nous a introduits: c'est le bonheur parfait!

Il ne s'agit pas ici de ce que nous posséderons seulement dans le ciel. C'est sur la terre que le Fils a servi son Père, sur la terre qu'il n'a cherché que la volonté de Dieu; c'est sur la terre que la vie nous a été manifestée et non dans le ciel. Sans doute la plénitude de la bénédiction sera goûtée dans le ciel; mais Jean dit: «Nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit accomplie». Nous avons communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ; il n'y a rien au delà de cette bénédiction là, dans le ciel même.

«Et c'est ici le message que nous avons entendu de lui, et que nous vous annonçons, que Dieu est lumière et qu'il n'y a en lui nulles ténèbres»… Si Christ a manifesté la vie éternelle, il a manifesté aussi Dieu Lui-même. «Pendant que je suis dans ce monde, je suis la lumière du monde». Avec la révélation de la vie divine, il introduit ce qui éprouve toutes choses en nous, c'est-à-dire le côté pratique de cette vie. L'épître de Jean nous en entretient d'un bout à l'autre. «En elle était la vie et la vie était la lumière du monde». «Dieu est lumière et il n'y a en lui nulles ténèbres». La lumière est ce qu'il y a de plus pur, et elle manifeste toutes choses. Christ était cela, la pureté parfaite, et comme tel, il manifeste toutes choses. «Si nous disons que nous avons communion avec Lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité». C'est une impossibilité dans la nature même des choses. S'il n'y a pas la pureté de cette nature divine qui est lumière en nous, il n'y a point de communion avec Dieu, si nous disons que nous avons communion avec Lui, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité. Dieu Lui-même est la seule mesure, car la chose qui est révélée c'est Dieu Lui-même. Nous ne pouvons pas donner la lumière à autrui non plus que la trouver pour nous-mêmes: la lumière était en Lui. Maintenant Dieu a été manifesté en chair; et c'est, pourquoi nous devons «marcher dans la lumière, comme Lui-même est dans la lumière»; et si nous faisons ainsi, «nous avons communion les uns avec les autres et le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché».

Le verset 7 nous dit le triple caractère de notre condition chrétienne en tant qu'hommes sur la terre: nous sommes dans la lumière comme Dieu est dans la lumière, jugeant toutes choses d'après Celui avec lequel nous avons communion; ensuite, ce que le monde ne connaît point: «nous avons communion les uns avec les autres», nous participons de la même nature divine, nous avons le même esprit demeurant en nous, ayant ainsi nécessairement communion les uns avec les autres, par le fait de cette nouvelle vie alors même que nous nous rencontrerions pour la première fois; — enfin, nous sommes aussi purifiés, car «le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché». Nous sommes dans la lumière comme Dieu est dans la lumière; nous avons communion les uns avec les autres; et le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché.

L'apôtre entre maintenant dans quelques détails au sujet de l'état pratique de notre conscience: «Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous». C'est ici que la vérité dans le coeur est mise au jour (comparez Psaumes 51: 6). La nouvelle nature juge tout le péché qui est en nous; non que nous n'ayons appris la vérité, mais si Christ est la vérité en moi, la vérité jugera tout ce qui est du vieil homme, comme étant péché. Si quelqu'un a seulement une connaissance intellectuelle de la vérité, sa langue parcourra la terre; mais si la vérité est en nous toutes choses seront manifestées. Si je dis que je n'ai pas de péché, je me séduis moi-même et la vérité n'est pas en moi. Mais ce dont l'apôtre parle ici, ce n'est pas seulement de dire que le péché est en moi, mais il parle d'un état où le coeur et la conscience sont touchés de manière à me faire reconnaître que personnellement j'ai suivi la chair.

«Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité».

Sa manière d'agir à notre égard est grâce et pardon, et il nous purifie parfaitement.

«Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n'est pas en nous» (verset 9). Dire que je n'ai pas de péché c'est me séduire moi-même, mais dire que je n'ai pas péché, c'est faire plus, c'est nier ouvertement la vérité de Dieu, parce que Dieu déclare que tous ont péché. L'apôtre veut deux choses ici: premièrement que nous reconnaissions que la vérité est en nous, et ensuite que nous confessions nos péchés. Un homme peut être infatué d'orgueil et ne pas aimer à confesser son péché, mais aussitôt que la grâce aura eu le dessus dans ce coeur, cet homme se haïra lui-même au lieu d'excuser son péché; il confessera son péché, il sera dans le vrai avec Dieu, et Dieu lui pardonnera, et tout sera en règle. Nous sommes devant Dieu dans le sentiment de sa faveur, avec la conscience d'être parfaitement nets à ses yeux.

Quand je viens à la lumière je vois bien vite la plus petite tache; si je marche dans les ténèbres, je ne fais aucune différence, tout est obscur; si nous sommes dans la lumière devant Dieu, tout se voit clairement. Mais si nous sommes purifiés et si nous sommes dans la lumière, nous voyons d'autant plus clairement que nous sommes sans aucune tache. Les deux premiers versets du chapitre 2 nous présentent le moyen pour être maintenus dans la lumière.

Nous avons donc vu deux choses dans ce premier chapitre: la plénitude de la bénédiction dans la communion avec le Père et avec son Fils, la nature de cette communion; et ensuite comment le pécheur peut y avoir part, — l'état individuel de l'âme jugeant et confessant ses péchés et donnant place à la vérité dans le coeur. Je ne puis pas me dire sans péché, et pourtant je me sais parfaitement net devant Dieu. C'est sur ce point que tant de personnes se trompent, ne comprenant pas que ce qu'il leur faut, c'est une nature divine qui, au lieu de prétendre à des oeuvres, juge toutes choses selon la lumière. Si la conscience est chargée de quelque péché, la communion ne peut exister, quoiqu'il y ait un précieux moyen de grâce qui purifie. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché».

Au chapitre suivant, versets 1, 2, nous trouverons le remède à nos manquements journaliers: non pas Christ pour maintenir la justice, mais Christ pour rétablir la communion.

Chapitre 2

Les deux premiers versets de ce chapitre se lient au sujet du chapitre précédent. L'apôtre avait présenté les privilèges de la communion avec le Père et avec le Fils, qui sont nécessairement dans la lumière; il avait parlé de la parfaite vertu du sang de Christ, qui nous présente purs, dans la lumière. Maintenant il dit: «Je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez pas». L'objet de tout ce qu'il venait de dire, c'était que ceux auxquels il s'adressait ne péchassent point. «Et si quelqu'un a péché nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste». Il ne s'agit pas ici exactement de ce que nous trouvons dans l'épître aux Hébreux, où la Parole nous présente un Sacrificateur devant Dieu, parce qu'il s'agit de la possibilité de nous approcher et que l'épître aux Hébreux, d'un bout à l'autre, nous montre que nous pouvons aller librement à Dieu.

Mais Jean, dans son évangile et dans cette épître, parle de quelque chose de plus que de s'approcher de Dieu seulement comme de simples adorateurs: il nous amène dans une intimité tout autrement grande avec Dieu. Autre chose, en effet, est la liberté de se présenter devant Dieu pour l'adorer, ou le privilège d'être admis à une intime communion avec Lui. Or nous entrons en relation avec Dieu, nous avons communion avec le Père et avec son Fils. Toutes les fois qu'il parle de la grâce, l'apôtre parle du Père et du Fils; mais quand il parle de la lumière, il dit Dieu. Au chapitre 8 de l'Evangile, alors que tous sont convaincus de péché, c'est de Dieu qu'il s'agit: «Avant qu'Abraham fût, je suis». Quand il est question de la grâce, Il dit «Je suis le bon Berger»; le bon Berger met sa vie pour les brebis, et elles connaissent sa voix; il les introduit dans la même intimité avec Lui que celle qui existe entre Lui et son Père. Toute la perfection de l'amour se trouve dans une relation de cette nature.

L'Avocat est auprès du Père. Il est là pour rétablir la communion interrompue, car nous ne cessons pas d'être fils et d'être agréables. La question n'est pas de savoir si, pécheur perdu, je puis ou non m'approcher de Dieu; mais il s'agit de la perte de cette intimité que trouble une seule parole oiseuse, ce qui montre encore plus clairement que l'apôtre parle ici d'âmes sauvées et amenées à Dieu et non pas d'acceptation devant Dieu. La sacrificature même n'a rien à faire avec l'acceptation, bien moins l'intervention de l'Avocat. Celle-ci suppose que nous sommes de méchants enfants, souvent désobéissants, hélas! et perdant ainsi la liberté de cette intimité que Christ comme Avocat vient alors rétablir. La grâce est à l'oeuvre mais pour juger le péché sans jamais en amoindrir la portée.

Nous avons deux choses à considérer ici: d'un côté notre position devant Dieu et de l'autre le mal qui est incompatible avec cette position. Christ a pourvu à tout et pour toujours: «Nous avons un avocat auprès du père, Jésus Christ le Juste». La position qui nous est faite auprès de Dieu est immuable devant Lui, parce que Christ le juste a sa place auprès de Dieu pour jamais. «Et lui est la propitiation pour nos péchés». Ainsi l'intercession de Christ auprès du Père est fondée sur cette acceptation premièrement de sa personne, et ensuite de son oeuvre pour nous. Acceptés, rendus agréables dans le Bien-Aimé, rien ne peut nous ravir notre précieuse part. Lui-même, le Juste, paraissant pour nous devant la face de Dieu (comp. Hébreux 9: 24); et cependant le Seigneur ne tolère rien qui soit contraire à sa sainte nature; il ne passe pas sur le péché. «Nous avons un avocat»; et si Christ est l'avocat pour ceux qui ont commis quelque faute, c'est parce qu'il est la propitiation pour leurs péchés. Ayant parfaitement répondu sur la croix à toutes les exigences de la justice de Dieu quant au péché, il nous introduit en Lui, selon sa propre acceptation, dans la présence de Dieu.

«Il est la propitiation pour nos péchés et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier». Le sang versé est placé sur le propitiatoire, et en vertu de ce sang, nous pouvons aller et prêcher l'Evangile à toute créature (comp. 2 Corinthiens 5: 18-21). L'apôtre ne veut point dire que tous soient réconciliés, mais que la grâce de Dieu n'est pas pour les Juifs, seulement, mais s'étend bien loin, en faveur de tous les habitants de la terre. Par ce sang nous pouvons nous tenir dans la présence de Dieu; mais là, la conscience devenant attentive à chaque manquement, l'intercession de Christ intervient.

L'apôtre passe maintenant à un autre sujet, savoir aux preuves devant les hommes de l'existence de la vie divine en nous. L'amour pour les frères, et la justice pratique ou l'obéissance, en sont les traits essentiels et démonstratifs. Nous avons vu cette vie divine en contraste avec le péché, maintenue dans nos âmes par la grâce de Christ; puis vient, maintenant, cette même vie manifestée dans ses fruits ici-bas. On provoquait les saints à mettre en question s'ils possédaient réellement la vie; c'est pourquoi l'apôtre, pour les rassurer et les garder dans la conscience et la certitude de la profession de la vie éternelle, donne ici les traits de cette vie qui ne se rencontraient pas chez plusieurs de ceux qui faisaient la plus bruyante profession. «Et par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir si nous gardons ses commandements» (2: 3).

Remarquons ici que, d'un bout à l'autre de cette épître, Dieu et Christ sont tellement confondus et un dans la pensée de Jean, qu'il parle de l'un, et puis de l'autre, comme d'un seul. «Or nous savons», dit-il (5: 20) «que le Fils de Dieu est venu; et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable, et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ; lui est le Dieu véritable et la vie éternelle». Dieu se révèle à nous en Christ. Il n'y a point ici de confusion, comme quelques-uns pourraient l'estimer; mais au contraire la manière de parler de l'apôtre met en évidence la gloire de la personne de Christ. Voyons encore à la fin du chapitre qui nous occupe. «Et maintenant, enfants demeurez en lui, afin que quand il sera manifesté, nous ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte, de par lui, à sa venue. Si vous savez qu'il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui» (2: 28, 29). La manifestation de Christ occupe la pensée de l'apôtre au commencement de la phrase qui finit par Dieu lui-même. Il en est de même encore ici, à propos des commandements: «Et par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir si nous gardons ses commandements». Ce sont les commandements de Christ, et en même temps les commandements de Dieu aussi. «Celui qui dit: Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements est menteur, et la vérité n'est pas en lui». Quelqu'un vient, disant qu'il connaît Dieu, et toutefois ne gardant pas ses commandements, — la vérité n'est pas en lui; car la vie divine est une vie d'obéissance et si Christ est notre vie, les principes de la vie de Christ sont les mêmes en nous. Si le principe de l'obéissance n'est pas là, en nous, la vie n'y est pas. Et ce n'est pas tout. «Mais quiconque garde sa parole, — en lui, l'amour de Dieu est véritablement consommé: par cela nous savons que nous sommes en lui» (2: 5). Il y a donc bien plus que le simple fait que celui-là est menteur qui dit connaître Dieu, et qui ne garde pas ses commandements.

Une chose à remarquer ici, c'est que toutes les déclarations de Jean sont absolues; il ne les modifie jamais en introduisant les difficultés ou les obstacles qu'elles peuvent rencontrer dans le corps. «Quiconque est né de Dieu», dit-il, chapitre 3: 9, «ne pratique pas le péché», car il parle ici selon l'essence même de la nature qui ne peut pécher. Ce n'est pas une question de progrès ou de degré: «il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu». «Quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas» (5: 18). Le méchant touche souvent le chrétien, mais il ne peut jamais toucher la vie divine; c'est ce que Jean établit d'une manière abstraite et absolue, conformément à la vérité elle-même: une multitude de passages parlent de nos fautes et de nos inconséquences, mais si la chair agit, ce n'est pas la vie nouvelle, mais l'apôtre nous donne ici la mesure de cette vie en elle-même. «Quiconque garde sa parole, — en lui l'amour de Dieu est véritablement consommé». Ceci est absolu. Quand je me permets une seule parole oiseuse, ce n'est pas «garder sa parole».

Cette vérité est d'un poids immense, parce que si j'étais sous la loi et que je prisse sa parole comme loi, je n'arriverais jamais à la vie. La loi me dit d'aimer Dieu, et en cela je manque. Mais ici, la révélation que j'ai de Dieu en Christ est l'amour parfait. L'amour de Dieu est manifesté, et si sa parole demeure dans nos coeurs sa parole est amour, et son amour est consommé en nous: «Quiconque garde sa parole, — en lui l'amour de Dieu est véritablement consommé», consommé en lui, non pas seulement pour lui. Quand la parole est gardée, elle est la puissance de Christ en nous; c'est là l'amour de Dieu réalisé complètement en nous. Nous pouvons manquer à garder la parole, mais l'apôtre n'entre pas dans ce genre de modifications; il parle de la vérité en elle-même dont nous expérimentons la force dans la proportion où nous gardons la parole de Dieu dans nos coeurs. Le Saint Esprit est la puissance, mais nous ne pouvons séparer celle-ci de la parole. Le Saint Esprit habite en nous et nous avons cet amour demeurant dans nos âmes, — l'amour de Dieu manifesté en Christ. Toutefois, si je viens à désobéir, le péché prend place dans mon coeur au lieu de Christ.

 «Quiconque garde sa parole, — en lui l'amour de Dieu est véritablement consommé: par cela nous savons que nous sommes en Lui». Or nous sommes en Lui, dit Jean; nous demeurons en Dieu. Si je dis que je suis en Lui, j'ai trouvé cette force et ce refuge en Lui. Maintenant il nous reste à marcher comme Lui a marché. Si Christ est notre vie, nous devons marcher comme Lui, non pas être ce qu'il était, mais nous ne devons pas marcher selon la chair. L'apôtre ne dit donc pas: Vous devez être tels que Christ était, mais: «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (2: 6). Si vous dites demeurer en Lui, c'est dire que vous êtes toujours là, et vous devez donc toujours marcher comme Lui a marché.

Il n'y a jamais aucune raison pour marcher selon la chair.

La chair est en nous, mais ce n'est point une raison pour que nous marchions selon la chair: nous sommes toujours libres de marcher par l'Esprit, et nous sommes placés dans la liberté devant Dieu pour ce qui concerne la marche. Si j'ai une nature charnelle, le commandement se trouve en contradiction avec la volonté de cette nature: je veux aller en ville, par exemple, et je suis envoyé à la campagne: j'en suis contrarié. Si, au contraire, je désirais aller en ville, et que mon père m'y envoie, disant: Il faut que tu ailles en ville; obéir à cet ordre est la liberté. Il en est ainsi maintenant des commandements de Christ; ils sont selon la nouvelle nature que je possède déjà. Christ étant ma vie, toutes ses paroles sont l'expression de cette vie. Quand donc elles me sont données, elles ne font que me donner l'autorité de faire ce que ma nouvelle nature aime à faire. Toutes les paroles de Christ sont l'expression de ce qu'il était; de sa nature, de sa vie et de son être; et quand nous avons été rendus participants de cette nature, elles nous guident et nous dirigent; c'est donc là la liberté, une vraie et sainte liberté. Nous devons marcher comme Lui a marché.

«Bien-aimés, je ne vous écris pas un commandement nouveau, mais un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement. Le commandement ancien est la parole que vous avez entendue» (verset 7) «Dès le commencement» signifie ici depuis le commencement de Christ; depuis qu'il a été manifesté sur la terre.

«Encore une fois je vous écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en lui et en vous», etc. L'apôtre parle ainsi, parce que ceux auxquels il s'adressait attendaient quelque chose de nouveau. Je me glorifie d'une chose, dit-il, c'est que le commandement est ancien, parce que c'est ce que Christ a été quand il était sur la terre. Mais si vous voulez quelque chose de nouveau, c'est Christ en vous, votre vie, par le Saint Esprit. Cela est vrai en Lui et en nous, parce que les ténèbres s'en vont et que la vraie lumière luit maintenant. La chose était vraie en Lui alors qu'il marchait sur la terre; mais maintenant toute cette vérité de la nature divine est aussi vraie de vous que de Christ. C'est donc bien une chose nouvelle: elle est ancienne, parce qu'elle était en Christ lui-même, mais c'est une chose nouvelle, parce qu'elle est en vous aussi bien qu'en Lui.

Nous venons de voir le premier grand principe de la vie divine, l'obéissance, une marche dans la pratique de la justice. Maintenant nous arrivons au second côté de la vie de Christ en nous, savoir l'amour pour les frères. Vous êtes dans la lumière, car Dieu est lumière; mais Dieu est amour aussi bien que lumière, et vous ne pouvez avoir une partie de Dieu sans l'autre partie. Si vous avez la lumière, vous devez certainement avoir aussi l'amour. Christ sur la terre était la lumière du monde; mais il était amour aussi; c'est pourquoi si vous l'avez pour votre vie, vous aurez l'amour et la lumière.

«Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère, est dans les ténèbres jusqu'à maintenant. Celui qui aime son frère, demeure dans la lumière, et il n'y a point en lui d'occasion de chute» (versets 9, 10). Dans la nature même et la voie de cette vie, il n'y a aucune occasion de chute. Mais «celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres lui ont aveuglé les yeux» (verset 11). Tout ceci est vrai en détail; car si je hais mon frère, je marche dans les ténèbres, mais l'apôtre ne nous donne ici que le principe. C'est une chose ancienne, parce que c'était Christ sur la terre, mais c'est une chose nouvelle, parce que la chose est vraie en Lui et en vous. — «C'est le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendit, qui a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ» (2 Corinthiens 4: 6). Les traits distinctifs de la vie divine en nous, sont ainsi placés devant nous. Le premier de ces traits, c'est la lumière, — l'obéissance, — car il ne peut y avoir de justice sans obéissance. Christ dit: «L'homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu», — c'est pourquoi l'apôtre pose ce principe de la dépendance obéissante, qui est la justice. L'autre trait caractéristique de la vie de Christ en nous, c'est l'amour.

Dans la première partie de ce chapitre deuxième, l'apôtre nous présente donc, comme supplément au chapitre précédent, Christ comme Avocat, et puis, dans le reste de l'épître, les preuves de cette vie divine manifestée dans l'obéissance et l'amour pour les frères; ces traits qui ont brillé si merveilleusement dans la vie de Christ lui-même.

L'apôtre, en introduisant ce sujet, explique pourquoi il écrivait et quelle était sa pensée en écrivant.

En premier lieu, il s'adresse à tous les chrétiens, qu'il appelle «enfants»; puis il distingue différentes classes de chrétiens, et il s'adresse à chacune de ces classes en particulier, et leur dit pourquoi il leur écrit. Il ouvre son coeur à ceux auxquels il écrivait et met d'importantes vérités devant nos yeux. Les «enfants» du verset 12 sont les mêmes que ceux des versets 1 et 28; mais ils diffèrent des «petits enfants» du verset 13 et du 18. Dans le premier cas Jean a en vue tous les chrétiens, les appelant ses «enfants», tandis que dans les autres versets, il distingue entre les pères, les petits enfants et les jeunes gens; mais aux versets 1, 12 et 28, il s'agit de tous les saints.

«Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom» (verset 12). — Tous les chrétiens ont part à ce privilège; leurs péchés leur sont pardonnés par son nom. Jean avait dit auparavant: «Et par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir si nous gardons ses commandements», non qu'il voulut jeter l'ombre d'un doute sur le pardon qui est la part des chrétiens; au contraire, il désirait établir les saints dans la vérité, car il dit: «Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom». Leur pardon est chose certaine, il leur écrit parce qu'ils sont pardonnés. L'épître ne s'applique pas à des personnes non pardonnées; l'apôtre en écrivant suppose toujours le pardon comme un fait acquis. «Vos péchés vous sont pardonnés par son nom». C'est là la condition commune de tous les chrétiens. Mais lorsqu'il arrive aux différentes classes de chrétiens, nous voyons que Jean leur donne à chacune une position et un caractère particuliers. «Pères, je vous écris parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement». Parmi les «enfants» du verset 12, il peut y avoir d'anciens chrétiens comme aussi de petits enfants. Les «pères» connaissent celui qui est dès le commencement, Christ dans ce monde, Christ manifesté en chair. «Vous connaissez celui qui est dès le commencement». Connaître Christ, c'est la fin de toute expérience, — le connaître, non dans une connaissance de soi-même, où l'âme est seulement occupée d'elle-même, mais dans une connaissance de soi-même qui nous dépouille de nous-mêmes et nous donne Christ. Un jeune chrétien est occupé de ses propres sentiments: la nouveauté et la joie du pardon dans toute sa fraîcheur remplissent son âme, tout naturellement. Quelle joie indicible d'être pardonné! A mesure que le chrétien avance dans la vie, il est de plus en plus dépouillé de lui-même et plus préoccupé de Christ. Christ est son unique pensée: Christ est ceci, Christ est cela.

Au verset 14, l'apôtre, en écrivant aux «pères», ne fait que répéter ce que déjà il leur avait dit. Il a plusieurs choses à ajouter quand il s'adresse aux jeunes gens; mais quant aux pères, c'est toujours et seulement: «Vous connaissez celui qui est dès le commencement». La découverte sans cesse renouvelée de notre folie et de notre faiblesse nous amène à Christ et nous fait sonder de plus en plus les trésors de sa grâce et les perfections de sa personne. Toute bonne expérience finit dans l'oubli de nous-mêmes et nous amène à être occupés de Christ.

«Jeunes gens, je vous écris parce que vous connaissez le Père». Les petits enfants en Christ, ceux qui ne sont qu'enfants, ont l'esprit d'adoption. L'apôtre n'a pas l'idée que même le plus faible chrétien ignore sa qualité d'enfant de Dieu. Connaître Christ intimement, dans les richesses et l'excellence de sa personne, c'est être un «père» en Christ; mais le plus jeune chrétien sait qu'il est enfant et que le Père est maintenant son père; il en est de même pour le pardon qui est la part de tout chrétien. «Vous n'avez pas reçu un esprit de servitude pour être derechef dans la crainte, mais vous avez reçu l'Esprit d'adoption par lequel nous crions: Abba, père!» Je ne veux pas dire que vous ne trouverez pas des personnes qui doutent; plus d'un, à la question s'il est ou non enfant de Dieu, estimera plus humble de répondre d'une manière dubitative; et toutefois, quand il s'agit de ce qui se passe entre lui et Dieu dans le secret de son coeur, il dira dans sa prière: «Abba, père!»

Quand l'apôtre s'adresse une seconde fois aux trois classes de chrétiens, il n'ajoute rien à ce qu'il dit aux «pères», car tout se résume dans la connaissance de Christ. A l'égard des «jeunes gens», il entre dans plus de détails à cause des difficultés du chemin; il montre que la Parole est le secret de toute force pour eux, la parole de Dieu dans un monde où tout ce qui est dans le monde n'est pas du Père mais du monde. La pensée de Dieu entre dans ce monde, et c'est ce dont nous avons besoin. Il n'y a pas de chemin au désert, — l'Ancien Testament nous le dit. Nous avons maintenant la pensée de Dieu, sa Parole, comme fil conducteur à travers le labyrinthe de ce monde. C'est pourquoi, à ceux qui sont dans la lutte, l'apôtre dit: «Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le méchant». Christ lui-même, par cette Parole, obtint la victoire sur l'Ennemi alors que celui-ci vint et lui offrit tous les royaumes du monde; il répondit par la Parole, et il vainquit le méchant.

L'apôtre donne ensuite un avertissement: «N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde: si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde». Toutes ces choses sont du monde; et la gloire de ce monde n'a rien de commun avec le Père.

Deux grands principes se partagent les coeurs des hommes: Dieu et ce monde. Jean nous le dit partout, et tout le Nouveau Testament avec lui. Jean ne dit pas que vous n'aimez pas Christ, mais qu'il y a deux grands systèmes, l'un qui est du Père, l'autre du monde. Toutes choses appartiennent à Dieu comme Créateur; mais elles sont toutes dans un état de chute et moralement éloignées de Dieu. Au point de vue moral, ce monde est l'oeuvre du diable. Dieu créa le paradis, mais l'homme pécha et s'en fit chasser et puis fit ce monde. Caïn sortit de la présence de l'Eternel et fonda une ville, l'appelant du nom de son fils. Ensuite Dieu envoie son Fils; mais le monde n'a pas voulu de Lui et l'a rejeté, attirant le jugement sur lui-même. Mis à l'épreuve de toutes les manières, avant la loi, sous la loi et enfin par la présence du Fils de Dieu, il se montra tel qu'il est, et il est un monde jugé. Mais Dieu, le Père, a un chemin à Lui au milieu de ce monde et où on ne peut être à la fois du Père et du monde. Si vous aimez le monde, l'amour du Père n'est point en vous. Vous pouvez être tentés par le monde, et avoir à le surmonter; mais si vous l'aimez, l'amour du Père n'est point en vous, parce que le Père a un système à Lui, et vous êtes allés à l'autre système. Cela est toujours vrai. L'Evangile de Jean nous montre la vie divine dans la personne de Christ, tandis que son épître nous la présente dans la personne des saints. La même vérité se retrouve dans Jean 8: «Vous êtes d'en bas moi, je suis d'en haut: vous êtes de ce monde moi, je ne suis pas de ce monde». Devant Dieu il n'est point de chemin neutre; ceux qui sont de ce monde sont d'en bas, et ceux qui ne sont pas de ce monde sont d'en haut. «Moi, je ne suis pas de ce monde»; «je suis d'en haut»; — parce qu'il venait d'auprès du Père. Vous êtes de ce monde, et par conséquent «d'en bas», car ce monde est le monde de Satan. Si donc l'amour du monde est en vous, l'amour du Père ne peut pas être en vous. Il y a un système où l'amour du Père est manifesté; si vous appartenez à cette sphère, vous avez vaincu ce monde, qui n'a rien de commun avec le Père.

L'apôtre ajoute: «Le monde s'en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement». Les oeuvres de Satan ne peuvent durer; leur puissance séductrice n'a qu'un moment, puis elles prennent fin; «mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement». Une autre épître nous dit la même vérité: «Toute chair est comme l'herbe et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe: l'herbe est séchée et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement».

Ayant mis ainsi «les jeunes gens» en garde contre l'amour du monde, l'apôtre s'adresse aux «petits enfants». Le nouveau converti ne se soucie pas du monde; mais, quand il a fait quelques pas, la première joie s'évanouit; le monde en ternit la fraîcheur; s'il n'est pas vigilant, si son âme cesse d'être remplie des choses qui ne se voient pas, il glisse peu à peu dans le monde. Si le coeur est rempli de Christ, les yeux ne voient même pas les choses environnantes. Au chapitre 5, Jean parle de victoire sur le monde. Dès que nous sommes gagnés par l'esprit du monde, c'en est fait de la puissance et de la jouissance spirituelles; les pensées du Père et les pensées que le monde suscite sont exclusives les unes des autres. Lorsque le Saint Esprit m'occupe des choses divines, j'ai la conscience que j'appartiens à la sphère à laquelle elles appartiennent.

Jean donc se tourne vers les «petits enfants», et leur dit, verset 18: «C'est la dernière heure». Une longue période de 1800 ans s'est écoulée dès lors, et il n'est pas moins vrai encore aujourd'hui que «c'est la dernière heure», seulement la patience du Seigneur attend pour faire grâce, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. Mais c'est la dernière heure, parce que c'est la puissance du mal. Lorsque la puissance du mal était dans le monde, Christ vint ici-bas et fut rejeté; ensuite, quand Dieu forma l'Eglise par la présence du Saint Esprit, pendant que Christ était dans le ciel, en sorte qu'il y avait un homme dans le ciel et le Saint Esprit sur la terre, une puissance de rédemption fut introduite dans le monde de Satan. Cela n'était pas la dernière heure. Mais maintenant les antichrists étaient déjà entrés sur la scène, et l'apôtre dit: «C'est la dernière heure», parce que ceci aussi avait failli, et qu'il n'y avait plus désormais que le jugement à attendre. «Petits enfants, c'est la dernière heure; et comme vous avez entendu que l'antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists, par quoi nous savons que c'est la dernière heure; ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres, car s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous; mais c'est afin qu'ils fussent manifestés comme n'étant aucun d'eux des nôtres». Ces petits enfants avaient rompu avec le monde et son train; mais voici un nouveau genre de mal qui est entré dans le lieu même de la puissance divine: des hommes s'étaient élevés, abandonnant Christ, et le danger pour les saints était d'autant plus grand. Les saints avaient rompu avec le monde; ils savaient ce qu'il valait; mais ici la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes est entrée, et l'apôtre met en garde les petits enfants contre les dangers de la dernière heure. Les mêmes avertissements nous sont donnés à nous aujourd'hui, Dieu en soit béni, même pour ces «derniers jours» comme Paul les appelle. Mais il y a toute sécurité là où l'âme regarde à Christ. Il est remarquable de voir comment l'apôtre voit toujours la présence de l'Esprit dans les saints. Les croyants peuvent être de «petits enfants», mais Dieu ne permettra pas qu'ils soient tentés au-delà de ce qu'ils peuvent supporter. Ils peuvent être des «jeunes gens», mais Dieu leur donne du discernement; ils ne connaissent pas la voix des étrangers, — quelles que soient du reste les prétentions dont ceux-ci se parent; c'est une voix qu'ils ne connaissent pas, mais ils connaissent la voix de Christ, et ils la suivent.

Nous avons vu que «les petits enfants» connaissaient le Père; et maintenant nous trouvons que ces mêmes petits enfants ont l'onction du Saint, en sorte qu'ils sont capables de juger par une connaissance divine. Jean insiste auprès d'eux sur le fait qu'ils sont à même, étant ainsi enseignés de Dieu, d'éviter tous les pièges de Satan. «Vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses. Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et qu'aucun mensonge ne vient de la vérité. Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l'antichrist qui nie le Père et le Fils». Il nous donne ici le vrai caractère de l'antichrist. Il y avait plusieurs antichrists, parce que l'esprit de l'antichrist s'était introduit. Jean nous donne ici son caractère complet: Il prend un certain caractère Juif, niant que Jésus soit le Christ et il est opposé au christianisme, niant le Père et le Fils.

Vient ensuite un point d'une importance immense pour le temps actuel, où l'homme aime tant à parler de développement. «Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous: si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Père et dans le Fils». C'est de la personne de Christ que l'apôtre parle. Au lieu de parler de l'église comme d'un corps qui enseigne, je dis que l'église est enseignée.

Ce qui est révélé dans la personne du Seigneur Jésus Christ, est ce qui était dès le commencement. Mais si mon âme se repose sur ce qui est dès le commencement, sur le Seigneur Jésus Christ, je suis l'objet des enseignements du Père. «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux…, concernant la parole de vie». «Pour vous donc que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous». La personne de Christ est le grand centre; et c'est par la révélation de Lui, du Fils, que l'église a été formée; elle existe en vertu de ce qu'elle a été enseignée de Dieu, n'ayant jamais à enseigner elle-même. Dieu peut susciter dans son sein des personnes pour enseigner, mais ce sur quoi l'apôtre insiste, c'est «ce que nous avons entendu dès le commencement». La réalité de la vie divine en nous se démontre par la manière dont nous retenons le point de départ, — Jésus Christ. Il est la pierre de touche pour toutes choses. Ceux qui insistent sur l'autorité de L'Eglise, n'ont jamais la conscience de leur qualité d'enfant. Si je suis enseigné de Dieu, je connaîtrai comme une certitude ce que je possède en Lui; tout est toujours absolument certain pour la foi. Si j'ai trouvé le Père, je sais que je suis enfant un enfant méchant peut-être, mais néanmoins enfant. «Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. Et c'est ici la promesse qu'il nous a promise, — la vie éternelle». Il m'a promis la vie éternelle, donc je l'aurai c'est chose parfaitement assurée.

«Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent; et pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui, demeure en vous, et vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme la même onction vous enseigne à l'égard de toutes choses et qu'elle est vraie et n'est pas mensonge; et selon qu'elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui». Il y a un vrai enseignement divin. Dieu peut se servir d'un instrument pour nous le présenter, mais il n'y a point de vraie foi sans cette onction de la part du Saint. Il peut y avoir conviction de péché avant que nous sachions que nous sommes sauvés, mais aussitôt que la personne de Christ m'est divinement révélée, je dis: j'ai la vie éternelle, la vie que Dieu a envoyée dans le monde.

Les petits enfants en Christ, plus particulièrement exposés à des dangers, reçoivent ce genre d'avertissement; mais des chrétiens plus avancés dans la connaissance de Christ savent très bien d'où viennent ces choses. Ce que, dans le christianisme d'aujourd'hui, on considère comme des connaissances très avancées, l'apôtre le dit aux petits enfants; mais le caractère distinctif des plus avancés, des «pères», c'est leur connaissance de Christ.

Au verset 28, l'apôtre s'adresse de nouveau à tous les chrétiens, les exhortant à «demeurer en Lui». Dieu en Christ est tellement devant sa pensée, qu'il dit «Lui» sans autre désignation. Il venait de parler de l'onction «et selon qu'elle vous a enseignés, vous demeurerez en Lui». Plus haut, il a plutôt parlé de Dieu, mais quand il dit: «quand il sera manifesté», nous savons qu'il a Christ en vue. «Et maintenant, enfants, demeurez en lui, afin que, quand il sera manifesté, nous ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte, de par lui à sa venue» (verset 28). S'ils ne demeuraient pas en Lui, l'apôtre avait travaillé en vain, et il était, pour autant, couvert de honte. La même vérité se retrouve dans la seconde épître (verset 8): «Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions pas ce que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire». L'apôtre Paul aussi nous dit: «Si quelqu'un édifie sur ce fondement… du bois, du foin, du chaume, l'ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu'il est révélé en feu; et, quelle est l'oeuvre de chacun, le feu l'éprouvera… Si l'ouvrage de quelqu'un vient à être consumé, il en éprouvera une perte» il sera démontré un mauvais ouvrier (1 Corinthiens 3: 12, etc…) Jean exhorte les disciples à demeurer en Christ afin que son oeuvre à lui ne soit pas perdue et qu'il ne soit pas couvert de honte comme mauvais ouvrier. «Demeurez en lui, afin que, quand il sera manifesté, nous ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte» etc. L'apôtre ne dit pas: «afin que vous ayez de l'assurance, afin que vous ne soyez pas couverts de honte» etc. Il en est de même dans la deuxième épître.

Jean revient ensuite au second grand sujet de l'épître, à cette communication de la vie divine de Christ, comme notre vie, qui produit en nous les traits du caractère de Dieu, «ce qui est vrai en lui et en vous». Dieu est amour, ainsi le chrétien aime; Dieu est saint, et le chrétien est saint aussi. Dans sa toute puissance, Dieu naturellement demeure seul; mais dans ce qu'on appelle son caractère, nous lui sommes semblables, étant nés de Lui; et, participants ainsi de la nature divine, nous sommes capables de jouir de Dieu aussi bien que de lui être semblables.

Remarquez encore que Dieu et Christ, comme nous l'avons déjà vu, sont si absolument un, que l'apôtre dit: «afin que nous ne soyons pas couverts de honte de par lui, à sa venue», et immédiatement après: «si vous savez qu'il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui». Le chapitre 7 de Daniel nous présente la même vérité. L'Ancien des jours qui y est décrit est, au 1er chapitre de l'Apocalypse, le Fils de l'Homme. L'apôtre nous montre, en Christ, quels sont la nature et le caractère de Dieu dans un homme, et ensuite il nous montre que cela est vrai de nous aussi comme ayant la même vie. Lui, vivant sur la terre, est juste, et si quelqu'un pratique la justice, il est né de Lui il a cette nature.

Chapitre 3

 «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu». Quand la grâce paraît, il est question de nouveau du Père. Nous sommes appelés enfants de Dieu, parce que nous sommes réellement tels. «C'est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu». Qui est ce: «il», que le monde n'a point connu? C'est Christ ici. — Le monde ne l'a pas connu, et pour la même raison ne nous connaît pas; nous avons la même vie et le même caractère que Lui avait. Le monde ne peut pas discerner et reconnaître ce qui est de Christ en nous, parce qu'il ne l'a pas discerné en Christ. C'est pour nous un immense et précieux privilège, de discerner sous les traits de l'Homme Jésus Christ de l'homme le plus humble qu'il y eut jamais, Dieu devenu homme. La Parole était Dieu, et la Parole devint chair.

Dieu nous a donné cette même vie, et quand nous avons trouvé Christ, nous savons que nous avons trouvé Dieu dans toutes ses richesses, tout près de nous; et le monde ne peut pas nous connaître. Ici encore Dieu et Christ sont tellement identifiés dans la pensée de l'apôtre, qu'il est impossible de distinguer entre eux.

«Ce que nous serons n'a pas encore été manifesté». On n'a pas vu encore ce que nous serons. A la transfiguration, pour un moment, le voile qui recouvre notre condition future a été soulevé, mais pour ce qui est de la révélation de la chose, elle n'a pas apparu encore. Mais étant des saints de Dieu, nous avons la même vie, nous savons que nous lui serons semblables. L'apôtre identifie Dieu avec Christ et en un sens nous identifie avec Lui. Sa gloire n'est pas encore manifestée: quand elle sera manifestée, nous lui serons semblables, car «nous le verrons comme il est»; non pas comme il sera, mais comme il est maintenant dans la gloire céleste à la droite de Dieu. La chair ne pourrait pas voir cette gloire et vivre. Daniel tomba comme mort, Jean de même, devant elle, mais nous Lui serons semblables, et ainsi capables de le voir comme Il est. C'est là un sujet de bonheur infini. Nous devons être transformés à l'image du Fils de Dieu, afin qu'il devienne le premier-né entre plusieurs frères. Si nous avions seulement la connaissance de l'existence de cette gloire, et que nous ayons en même temps la pensée que nous ne devions pas lui être semblables, nous ne pourrions pas être heureux. Mais nous avons cette gloire avec la conscience que nous sommes comme Lui est. «Nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est», c'est-à-dire dans la gloire, tel qu'il est à la droite de son Père, et nous le verrons ainsi.

«Et quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui aussi est pur», — cette espérance de lui être semblable; — «celui qui a cette espérance en Lui», — en Christ — celui-là se purifie comme Lui est pur. La gloire est ma part, elle est à moi et je vais Lui être semblable; je dois donc, autant que faire se peut, Lui ressembler dès aujourd'hui, me purifier selon la mesure de sa pureté. Nous sommes appelés par la gloire à être à Sa hauteur pratiquement. Paul dit: «Pour moi je ne pense pas moi-même avoir atteint le but, mais… je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus». Mais lorsque Christ viendra, il transformera nos corps vils à l'image du corps de sa gloire; alors nous aurons atteint le but. Il y a un rapport frappant entre la gloire et la marche présente. Aussi longtemps que nous sommes dans ce corps corruptible, il n'y a pas un atome de gloire; mais l'Esprit de Dieu fait l'application de toute cette gloire à nos affections. L'ardent désir de mon coeur est d'être semblable à Christ, et par conséquent je lui deviens peu à peu semblable en esprit. Il en est de moi comme d'un homme qui verrait une brillante lumière à l'extrémité d'un long et obscur passage; je n'ai pas la lumière avant d'avoir franchi le passage, mais à chaque pas j'en ai davantage. Je n'ai pas la gloire avant d'être dans la gloire; mais j'en ai davantage à mesure que je m'approche de Christ. Ainsi, dans l'épître aux Ephésiens, nous voyoNs Christ, qui a aimé l'Eglise et s'est donné lui-même pour elle, sanctifiant l'Eglise et la purifiant, afin de se la présenter n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. L'Esprit prend des choses de Christ, et nous les communique, et nous transforme ainsi à l'image du Fils de Dieu. Aux Philippiens l'apôtre parle de l'effet pratique, par une vraie résurrection sur le coeur. «Pour le connaître lui et la puissance de sa résurrection… si en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts». C'est la chose actuelle, et elle est appliquée à mon coeur maintenant. «Non que j'aie déjà atteint le but… mais je poursuis le but, cherchant à le saisir; vu aussi que j'ai été saisi par le Christ Jésus». Christ l'avait saisi en grâce pour le conduire à la gloire; maintenant il avait cette gloire et la poursuit. C'est la gloire en résurrection appliquée au coeur de l'homme tout le long du chemin. Il en est ainsi ici: «Quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui est pur». La gloire merveilleuse qui nous attend, enchaîne les affections, purifie le coeur et forme le vrai sentier chrétien à travers ce monde; c'est une espérance sanctifiante qui tient l'âme loin du mal en l'occupant de Christ.

«Quiconque pratique le péché, pratique aussi l'iniquité, et le péché est l'iniquité». Si je pratique le péché, c'est l'indépendance de la chair et rien de commun avec Christ; je fais ma propre volonté en dépit de Dieu si je peux; et si je ne Me purifie pas comme Christ est pur, je donne carrière à l'iniquité sans frein de la chair; c'est tout l'opposé de Christ. Il n'y a point de terme moyen. Il n'y a rien de bon dans ce monde: c'est ou Christ, ou la chair. L'homme a péché et a été chassé du paradis, et rien de ce qui est de l'homme n'est reconnu de Dieu maintenant. Dieu avait fait le paradis et l'homme n'y vit plus; Dieu a fait le ciel, et l'homme n'est pas dans le ciel; entre les deux il n'y a rien que Dieu reconnaisse. Dieu n'a jamais créé le monde tel qu'il est, ni l'homme tel qu'il est, c'est-à-dire l'état moral dans lequel le monde et l'homme se trouvent. Le monde s'est formé lorsque Dieu eut chassé l'homme de sa présence. Alors Caïn jeta les fondements d'une ville, et s'établit lui et sa semence en dehors de la présence de Dieu. Il faut toujours, ou bien dire: «Vous êtes d'en bas», ou bien: «Je suis d'en haut». «Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite aucun bien». Si donc la loi est appliquée à la chair, la chair la transgressera toujours.

 «Et vous savez que Lui a été manifesté, afin qu'il ôtât nos péchés; et il n'y a point de péché en lui». Il n'y avait point de péché en Lui; et il vint pour ôter le péché.

Jean nous présente ensuite l'opposition entre les deux choses de la manière la plus forte. «En Lui il n'y a point de péché; quiconque demeure en Lui ne pèche pas; quiconque pèche ne l'a pas vu ni ne l'a pas connu». Jean dit aux mêmes personnes: «Si nous disons que nous n'avons pas de péché nous nous séduisons nous-mêmes…» (1: 8). Mais ici: «Quiconque demeure en Lui ne pèche pas». La nature divine ne peut pécher. Ce qui est né de Dieu ne peut pécher; et c'est là ce que nous sommes, pour autant que nous sommes en Christ, comme dit l'apôtre: «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi». Cela, je n'ai pas besoin de le dire, n'est pas le péché. La Parole ne voit jamais le chrétien comme étant dans la chair, mais: «Celui qui pratique la justice est juste comme lui est juste»; vous n'êtes pas seulement changés, mais vous êtes faits participants de la nature divine. «Enfants, que personne ne vous égare; celui qui pratique la justice est juste, comme lui est juste». On est fait participant de la même nature, qui marche dans un seul et même chemin. Christ est mort parce que nous étions coupables; et ce dont il est question maintenant, c'est de la communication de cette nature. Un homme peut se vanter d'être un grand théologien, et ne pas pratiquer la justice. Alors je lui dis que ce n'est pas là la nature divine. Le 6e chapitre aux Romains nous le dit, verset 2: «Car nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché?» Vous êtes morts; — comment vivrez-vous dans le péché? Par votre négligence, vous pourrez tomber dans le péché; mais ce n'est pas là vivre dans le péché. Jean nous présente généralement la vérité en elle-même, d'une manière absolue, afin que nous la connaissions dans toute sa force soit d'un côté, soit de l'autre. «Celui qui pratique le péché, dit-il maintenant, est du diable, car dès le commencement, le diable pèche». «C'est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu'il détruisît les oeuvres du diable. Quiconque est né de Dieu, ne pratique pas le péché». Comment le ferait-il? «Car la semence de Dieu demeure en lui; et il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu». L'apôtre ne dit pas qu'il ne devrait pas pécher, mais «qu'il ne peut pécher». Ce n'est pas ici une question de progrès, mais il s'agit de nature. La nature qu'un homme a reçue par la naissance est la nature qu'il a: il en est ainsi de quelqu'animal que ce soit. Nous, nous sommes nés de Dieu, et nous avons cette nature-là; et je dis que cette nature-là ne peut pas pécher. Nous possédons le trésor dans un vase de terre, sans doute; la chair est là; mais la nouvelle nature est une nature sans péché. «Quiconque est né de Dieu, dit l'apôtre, ne pratique pas le péché, etc.».

«Par ceci sont rendus manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable: quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, et celui qui n'aime pas son frère». Ces deux traits de la vie divine, savoir la justice pratique et l'amour pour les frères, se montrent dans une foule de détails de la vie. Une nature simplement aimable, vous la trouverez dans un chien et chez d'autres animaux: c'est la nature animale, mais l'amour des frères est un motif divin. J'aime les frères parce qu'ils sont de Dieu; j'ai communion avec eux dans les choses divines. Un homme peut être d'un caractère naturellement très peu aimable, et cependant aimer les frères de tout son coeur; et un autre pourra être très aimable et n'avoir pour les frères aucun amour. Un peu plus bas, l'apôtre ajoute encore: «Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères». L'amour des frères est le grand trait distinctif de la nature divine. C'est la vie de Christ qui est en nous, reproduite dans nos voies et dans notre marche. Eviter seulement le péché est autre chose, parce qu'il y a plus en Christ que l'absence de péché: il y avait en Lui la manifestation de cette nature divine. Il était la nature divine passant à travers ce monde; et Christ avait un amour spécial pour les disciples, comme nous, nous avons un amour spécial pour les frères. Christ était un être nouveau, introduit dans ce monde pour y manifester Dieu; et c'est à quoi nous sommes toujours appelés, savoir, à représenter Dieu dans ce monde. «Vous êtes la lettre de Christ» (2 Corinthiens 3: 3); on devrait lire Christ en vous, comme Israël pouvait lire les dix commandements sur les tables de pierre. Si on lit cela, on ne lira pas du mal. Nous avons la chair pour lutter contre la chair, non pour marcher selon la chair. Il ne s'agit pas d'un effort à faire pour être semblables à Christ, mais du fait qu'étant pleins de Lui, nous devenons une lettre de Lui. C'est pourquoi Christ a parlé de demeurer en Lui: «Celui qui mange ma chair… demeure en moi». Christ est devenu notre vie; mais il est aussi notre vie dans nos exercices d'âme de tous les jours. Nous sommes envoyés dans le monde pour y manifester Dieu: alors se présentent les difficultés et les obstacles, et si nous ne sommes pas remplis de Christ, nous cédons devant eux. Mais si nous sommes remplis de Christ, nous le manifestons au milieu des difficultés; — autrement, on verra en nous de la colère, de l'emportement ou quelqu'autre mal. Mais il n'est nul besoin que nous vivions dans la vieille nature: nous sommes toujours sans excuse si nous le faisons, parce que Christ est à nous.

Les premiers de ces versets nous montrent encore une fois ce qu'est ici «le commencement». L'objet qui doit fixer nos regards, — pour ce qui concerne la vie, et ce que cette vie est, — c'est Christ manifesté dans ce monde. «C'est ici le message que vous avez entendu dès le commencement, savoir que nous nous aimions l'un l'autre» (verset 11). Christ seul pouvait nous donner la vraie mesure et le caractère de toutes choses: il est «la vérité». La lumière divine, une lumière telle que celle-là, n'était pas, avant que Christ vînt. Il était Lui, le Témoin fidèle. Ensuite nous trouvons une autre chose: il y a la vie mauvaise ou le vieil Adam, et la vie bonne qui est Christ: les deux principes sont à l'oeuvre. Dans l'un, nous voyons la haine, et ses oeuvres sont mauvaises; dans l'autre, l'amour et la justice; ces choses vont ensemble. Depuis Caïn et Abel, il en a toujours été de même jusqu'à aujourd'hui: ceux qui sont réellement enfants de Dieu sont haïs; c'est pourquoi il est dit: «Il était du méchant, et tua son frère». «Par ceci sont rendus manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable: quiconque ne pratique pas la justice, n'est pas de Dieu, et celui qui n'aime pas son frère»; car tels sont l'esprit et la nature, — l'état d'éloignement de Dieu, — dont le diable est la source et la puissance. «Car c'est ici le message que vous avez entendu dès le commencement, savoir que nous nous aimions l'un l'autre, non comme Caïn était du méchant et tua son frère. Et pour quelle raison le tua-t-il? Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes» (verset 12). Ne soyez donc pas étonnés si le monde vous hait (verset 13): cela est naturel. Satan est le prince de ce monde, et en outre, la haine est naturelle à l'homme irrégénéré. Nous étions dans un état de mort, spirituellement; et partout où il en était ainsi, l'esprit de Satan dominait et gouvernait, et il y avait de la haine contre les enfants de Dieu; mais nous vivons maintenant de cette vie nouvelle, et «nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères». Si quelqu'un n'aime pas son frère, il demeure dans la mort. C'est là que nous en sommes tous, naturellement. L'apôtre est occupé du principe même de la vie: si je découvre seulement un signe qui me dise que j'ai devant moi un arbre sauvage, je sais ce qu'est l'arbre, car l'arbre est connu à son fruit. D'un autre côté, ayez la vie de Dieu, et le fruit y répondra. Il ne s'agit pas ici d'un changement de la nature humaine telle qu'elle est, parce que cette nature demeure dans la mort; mais la nouvelle vie que nous avons reçue est une vie qui porte son propre fruit, précisément comme la greffe qui est entée sur un arbre: les rejetons qui sortent du vieux tronc sont ce qui provient de la nature de l'ancien arbre.

«Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier n'a la vie éternelle demeurant en lui» (verset 15). La bonne greffe n'est pas entée en lui, la chose est bien évidente.

L'apôtre s'élève ensuite jusqu'à la source de la vie: «Par ceci nous avons connu l'amour». Quel est cet amour? Comment puis-je l'exprimer? En ceci, «c'est que lui a laissé sa vie pour nous». Et si Christ est réellement ma vie, il sera, en esprit en moi, la même chose qu'il a été Lui-même. Christ a observé la loi, parce qu'il était né sous la loi; mais la loi exige de l'homme qu'il aime Dieu et son prochain; et cela Christ l'a fait. Mais Christ a été plus: il était la manifestation de l'amour de Dieu pour l'homme, et spécialement pour ses disciples, alors qu'ils n'aimaient pas Dieu. Lui, l'activité de l'amour divin, il a laissé sa vie; et par ceci nous connaissons ce qu'est cet amour de Dieu. Mais vous devriez manifester ce même amour. C'est un immense privilège. Non seulement je suis appelé à faire certaines choses, mais je suis appelé à être un témoin de Dieu dans un monde qui est sans Dieu. Ce témoignage n'a pas de limites. Je devrais marcher sur les pas de Christ, et il y a des hommes qui ont marché ainsi, jusqu'à la mort. De nombreux martyrs ont laissé leur vie pour Christ. «Nous devons laisser nos vies pour les frères». Ce n'est pas là seulement un immense privilège mais une vérité essentielle. Nous devons manifester Dieu dans ce monde, parce que Christ est en nous; car si nous sommes enfants de Dieu, nous avons communion avec la source de la vie, et nous devrions par conséquent manifester cette vie dans notre marche, — être «l'épître de Christ» connue et lue de tous les hommes.

 «Celui qui a les biens de ce monde et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui?» Nous avons ici un autre signe démonstratif de la nouvelle vie qui nous a été communiquée: l'amour de Dieu demeure en nous, — non pas seulement l'amour pour Dieu, car il s'agit de l'esprit dans lequel un homme marche, vis-à-vis de ses frères. C'est la puissance de cette nature divine demeurant en nous, qui se manifestera en amour pour Dieu et les hommes. L'amour de Dieu demeurant en nous est le chemin de Dieu lui-même, qui, par l'Esprit, apporte son amour dans nos coeurs. Ce n'est pas l'amour de Dieu pour nous, mais la puissance de cet amour opérant en nous, en sorte qu'il ne sera pas longtemps sans se manifester envers les autres.

«Enfants, n'aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité. Et par ceci nous saurons que nous sommes de la vérité, et nous assurerons nos coeurs devant Lui» (versets 18, 19). L'apôtre est occupé maintenant de l'effet de la marche avec Dieu, celle-ci donnant, non pas la connaissance du pardon, mais l'assurance devant Lui. Jean leur écrivait parce que leurs péchés étaient tous pardonnés; mais si je cherche à avoir de l'assurance de coeur devant Dieu, il faut que je marche dans ce chemin. Si mes rapports avec Dieu font peser sur moi un reproche continuel, comment appellerait-on assurance le sentiment qui remplit mon coeur? Si je ne marche pas selon Dieu, ou bien je m'écarterai de Lui, ou bien, si je me trouve dans sa présence, son Esprit me reprend continuellement et ce n'est pas là de l'assurance.

«Que si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur, et il sait toutes choses» (verset 20). Dieu sait de moi une foule de choses que je ne sais pas moi-même. Si un enfant a la conscience mauvaise, il se tient à distance quand son père arrive; dans le cas contraire, il court au-devant de lui et se jette dans ses bras. Mais il n'aura pas ce genre d'assurance, si son coeur lui fait des reproches. C'est ici ce à quoi nous avons à nous appliquer continuellement, c'est-à-dire d'être près de Dieu, et avec une entière assurance en Lui, — sans aucune arrière-pensée qu'il a peut-être quelque chose contre nous, non pour nous condamner, mais pour ce qui est de l'assurance présente. Quoi de plus précieux que cette pleine et parfaite assurance en Dieu qui nous fait compter sur Lui et sur l'activité présente de son amour pour nous? Ce n'est pas seulement une question du jour du jugement, mais il s'agit des rapports actuels de l'âme avec Dieu et des voies de Dieu envers l'âme. «Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance envers Dieu». Plus loin, au verset 14 du chapitre 5, il est dit: «Et c'est ici la confiance que nous avons en Lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute». Nous sommes amenés à un sentiment présent d'assurance envers Dieu, de manière à ce que nous attendons de Lui tout ce qui est bon. Un enfant qui marche dans la désobéissance ne peut pas avoir d'assurance envers son père: il peut savoir que son père l'aime, mais aussi, qu'il va le châtier. Mais quand le coeur ne reproche rien, l'enfant attend tout de l'amour de son père. Ainsi ici: «Quoi que nous demandions, nous le recevrons de Lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous pratiquons les choses qui sont agréables devant Lui». Ceci n'a rien à faire avec notre acceptation devant Dieu; il s'agit de tous ces témoignages journaliers de l'amour du Père sur lesquels l'enfant apprend à compter. Combien peu d'âmes, hélas! connaissent cette bienheureuse confiance, cette assurance en Dieu. Et pourquoi? Parce qu'on a la fausse et fâcheuse pensée de placer l'acceptation de la part de Dieu et le pardon des péchés, au terme de la course chrétienne, au lieu que l'apôtre a commencé avec le pardon. «Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom» (2: 12); et maintenant il parle de l'assurance du coeur envers Dieu. Nous trouvons la même vérité dans l'évangile du même apôtre: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole; et mon père l'aimera…» Ce n'est pas là la grâce qui sauve et dont il est question quand l'apôtre dit: «Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier», car ici nous lisons: «Celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui». On le voit, Jean parle ici de l'activité présente de cet amour pour Christ.

C'est un grand privilège que de pouvoir dire: Je n'ai qu'à demander à Dieu une chose qui est selon sa volonté, et je suis sûr de l'obtenir. il m'aime avec une telle tendresse que je ne puis rien demander sans qu'il me réponde: J'ai besoin de force, il me la donne immédiatement; un obstacle quelconque embarrasse mon chemin, il l'ôte également. Je puis demander à mon père selon la chair quelque chose, et lui pourra être obligé de me dire qu'il ne peut me le donner, qu'il ne peut pas s'en occuper dans ce moment; mais il n'en est jamais ainsi avec Dieu. Nous ne pouvons rien demander à Dieu qui soit selon sa volonté, sans qu'il nous le donne. Dans le chemin de l'obéissance, j'ai toute la puissance de Dieu à ma disposition: je peux voir des montagnes devant moi, toute la puissance de Satan; — qu'importe? Si je marche dans le chemin de l'obéissance, «demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait!» J'ai une pleine assurance présente en Dieu; il n'est jamais trop occupé pour m'entendre; tout ce que nous pouvons rencontrer est à nous. «Quoi que ce soit que nous lui demandions, nous le recevons de Lui, parce que nous gardons ses commandements». Il s'agit ici du gouvernement direct de Dieu à l'égard de nos âmes. La question du bien et du mal s'élève entre nous et Dieu dans nos rapports avec Lui. Au point de vue de notre responsabilité comme hommes, nous étions perdus; maintenant nous sommes sauvés, et Dieu, dans ses voies, s'occupe de nous sur ce terrain, et il prend son plaisir à faire tout pour nous. L'apôtre ne dit pas que tout ce que nous voulons, nous le recevrons, mais «quoi que nous demandions». Il s'agit de la volonté de la nouvelle nature qui est réellement l'obéissance. Dans ce chemin d'obéissance, Dieu exauçait toujours Christ, car Christ était obéissant; et il nous exauce, nous; il nous place, dans cette vie de Christ, dans la même position que Christ.

«Et c'est ici son commandement que nous croyions au nom de son Fils Jésus Christ, et que nous nous aimions l'un l'autre selon qu'il nous en a donné le commandement. Et celui qui garde ses commandements demeure en Lui, et Lui en cet homme, et par ceci nous savons qu'il demeure en nous, savoir par l'Esprit qu'il nous a donné» (versets 23, 24). L'apôtre aborde ici un autre point de la plus grande importance. Nous n'avons pas seulement la vie divine, mais Dieu par son Esprit demeure en nous. Il y a puissance de communion, aussi bien que la vie. Dieu qui est amour, demeure avec nous; c'est plus que d'être simplement sauvé. Comme il est dit d'Israël: «Ils sauront que je suis l'Eternel leur Dieu, qui les ai tirés du pays d'Egypte, pour habiter au milieu d'eux», ainsi Dieu dit de nous: «Votre corps est le temple du Saint Esprit» (1 Corinthiens 6: 19). Christ fut l'homme obéissant, et Dieu demeurait en lui; et en celui qui maintenant est un homme obéissant, Dieu aussi demeure. Christ a dit: «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai». En nous la chose est vraie seulement dérivativement par son Esprit, toutefois il demeure en nous. Dans l'homme obéissant, Dieu demeure, comme en Christ lui-même: «Et par ceci nous savons qu'il demeure en nous, savoir par l'Esprit qu'il nous a donné». La présence du Saint Esprit en nous nous donne la conscience que Dieu habite en nous. L'apôtre n'ajoute pas dans cette dernière partie du verset que nous demeurons en Lui; mais il établit seulement que l'effet de la présence du Saint Esprit était et est, que nous savons que Dieu demeure en nous.

Chapitre 4

Maintenant l'apôtre met les saints en garde contre les faux esprits (versets 1-6). Tout esprit n'est pas le Saint Esprit. Beaucoup de faux prophètes sont dans le monde; les saints doivent être sur leurs gardes. La question ici n'est pas de savoir si quelqu'un est converti, mais si celui qui parle, parle par l'Esprit de Dieu ou par un démon. La pierre de touche à cet égard, c'est la confession de Jésus venu en chair. Celui qui est dirigé par Dieu, confesse Jésus Christ lui-même ainsi venu, non pas seulement que Jésus Christ est venu. Confesser que Jésus Christ est venu, c'est reconnaître une vérité; confesser Jésus Christ venu en chair, c'est reconnaître la personne et la seigneurie de Jésus. Une fois que nous avons discerné un démon, il est important que nous le traitions comme un démon, autrement notre épée est brisée entre nos mains. Céder à des considérations humaines, user d'amabilité en de pareilles circonstances, nous laisse sans force contre Satan. Ce n'est pas avoir communion avec Dieu dans ses pensées quant à Satan. Combien la parole est précieuse en présence de tels dangers! Si nous savons la tenir ferme avec droiture et humilité, rien ne nous fera broncher. Dieu est fidèle, et il gardera le plus faible des siens. Mais en dehors de cette soumission à Dieu et à sa parole, quelle que soit du reste la beauté des sentiments d'un homme ou son intelligence, on tombe tôt ou tard sous la puissance de l'ennemi. Mais un autre point se présente ici: nous n'avons pas seulement la vie de Christ, mais Dieu demeure en nous, et nous en Dieu. Ceci a été pleinement manifesté en Christ; et plus nous y penserons, plus nous verrons que la vie que nous avons reçue et que nous possédons, est une vie de dépendance. Notre Seigneur lui-même a dit: «L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». C'est pourquoi nous voyons qu'il était un homme qui priait toujours, et qui s'appuyait sur son Père, parce que, quoiqu'il fût Dieu, il ne se prévalait jamais de sa divinité pour prendre une position fausse comme homme, mais il prit la position de dépendance. C'est là qu'il nous place, dans une position de dépendance, et par conséquent dans une position de puissance venant d'en haut. Ce n'est pas une question de sincérité, mais il s'agit de cette humilité qui est le sentiment de la dépendance et qui cherche dans un autre son secours et sa force.

Quel privilège et quel motif pour vivre saintement que cette habitation de Dieu en nous! Et si nous désirons glorifier Dieu, la présence de son Esprit est la puissance pour le faire. Dans quelle étroite communion avec lui, Dieu nous a introduits en nous pardonnant nos péchés, en nous sauvant et en nous donnant une vie dans laquelle nous marchons avec Lui! C'est une vie qui se déploie au milieu d'épreuves toujours nouvelles, mais dans laquelle nous l'avons Lui-même, par le Saint Esprit, comme puissance qui demeure en nous; et nous avons à veiller à cela aussi, à ce que cette vie des saints se développe selon Christ. L'expérience journalière entre en scène ici, et nous apprenons notre faiblesse, si nos yeux ne sont pas fixés sur Christ.

Le chapitre précédent se terminait par le grand fait du don du Saint Esprit. Au premier verset de celui-ci, l'apôtre abandonne ce sujet pour distinguer entre les esprits, non pas seulement pour discerner les hommes mauvais. L'action de Satan dans l'Eglise est infiniment plus étendue que nous ne pensons; et si nous ne l'envisageons pas ainsi, comme l'action de Satan, nous n'avons point de puissance contre elle. Si nous entrons en accommodement avec elle, nous ne pouvons pas avoir de puissance, parce que Dieu ne peut pas faire un compromis avec Satan.

Au verset 6, nous trouvons une autre chose: «Nous, nous sommes de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas: à cela nous connaissons l'Esprit de vérité, et l'esprit d'erreur». La réception de l'enseignement des apôtres est l'une des preuves qu'on connaît Dieu. «Celui qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas». Une personne qui ne prête pas l'oreille aux Ecritures comme telles, n'est pas de Dieu.

Ayant introduit le fait additionnel du don du Saint Esprit, l'apôtre s'occupe maintenant de la troisième partie de notre sujet, savoir de l'amour des frères, et il montre l'élévation de la source d'où celui-ci procède. Ce n'est pas seulement une oblation, ou quelque chose qui est juste, mais la nature même de Dieu, — ce que Dieu est, comme Christ est la parfaite expression de la justice humaine. L'apôtre remonte à la nature de Dieu lui-même: «Bien-aimés, aimons-nous l'un l'autre, car l'amour est de Dieu». L'amour vient de Dieu; il a sa source en Dieu. Parce que nous sommes faits participants de la nature divine, nous pouvons dire que «quiconque pratique la justice est né de Lui». Ici je ne vais pas plus loin: c'est une vie de justice. Mais maintenant je dis: «Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu». Ce n'est pas seulement un devoir que j'accomplis, mais il s'agit de la nature même que je possède. Si quelqu'un a cette nature, il a la nature de Dieu. Jean ne parle pas des simples affections naturelles; on les trouve aussi chez les animaux; mais ce qui occupe l'apôtre, c'est une question relative à la nature divine. Le trait distinctif de l'amour divin, c'est qu'il est avant tout, quand nous étions encore pécheurs. Il est haut élevé au-dessus du mal: «là où le péché abondait, la grâce a surabondé». «Celui qui aime connaît Dieu»; c'est beaucoup dire! Parce que je suis un homme, je sais ce qu'est un homme. Un animal ne peut pas dire ce que je suis, parce qu'il n'a pas ma nature. Dans ce sens-là, quand nous aimons, nous avons la nature de Dieu, nous savons ce que Dieu est. Nous pouvons avoir beaucoup de choses à apprendre, mais toutefois, nous avons été faits participants de Sa nature, et nous savons par conséquent ce qu'est cette nature. «Quiconque aime est né de Dieu et, connaît Dieu». Si cette nouvelle nature est en moi, je jouis de ce qu'elle est, j'ai une nature capable d'en jouir. Toute nature jouit de ce qui va à cette nature. Si nous avons la nature divine, nous jouissons de Dieu; nous le connaissons en jouissant de ce qui appartient à notre nature.

«Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour». Si je n'aime pas, je ne connais pas Dieu, parce que c'est là ce que Dieu est. Je connais Dieu: c'est là une vérité d'une immense importance, relativement aux saints. Je possède la nature qui jouit de Dieu; et voilà ce que sera la jouissance éternelle.

«En ceci a été manifesté l'amour de Dieu pour nous, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par Lui». L'apôtre porte nos regards en dehors de nous-mêmes, pour trouver les preuves de cet amour. Il ne regarde pas au-dedans comme font tant d'autres: «En ceci est l'amour, — non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima» (verset 10). Si je veux connaître l'amour divin, l'amour de Dieu, je ne regarde pas au-dedans de moi, parce que: «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés». Il y a une autre chose ici qui montre la perfection de cet amour, c'est qu'il n'avait pas de motif. L'amour est ce que Dieu était. «Si nous aimons ceux qui nous aiment, quelle récompense en avons-nous?» La manifestation de cet amour a un double caractère ici: en premier lieu, Dieu envoie son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Dieu nous aima quand nous étions coupables et souillés: «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique…» L'amour de Dieu pour nous est ainsi démontré, quand il n'y avait absolument rien en nous à présenter à Dieu, quand, en nous, il n'y avait pas un mouvement vers Dieu; — mais il y en avait en Dieu pour nous. Envisagés comme hommes nés d'Adam, nous n'avions point de vie spirituelle. C'est pourquoi cet amour est un amour parfait; rien en nous ne le motive, et c'est pourquoi il est parfait en soi; et il s'exerce envers nous, selon nos besoins. Ici, nous avons la preuve de cet amour.

«Bien-aimés, si Dieu nous aima ainsi, nous aussi nous devons nous aimer l'un l'autre» (verset 11). Quelle conclusion pratique pour nous! Puisque Dieu m'a tant aimé, ne dois-je pas aimer les frères? Me laisserai-je arrêter par ce qu'il peut y avoir chez eux de désagréable ou de peu avenant, puisque Dieu m'aima quand j'étais haïssable?

En second lieu, Dieu lui-même est présent. Je ne suis pas seulement devenu participant de la nature divine, mais Dieu lui-même est présent d'une manière très remarquable: «Personne ne vit jamais Dieu». Comment puis-je connaître et aimer un être que je n'ai jamais vu? «Si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous et son amour est consommé en nous» (verset 12). L'apôtre Paul exprime la même pensée d'une manière différente: «L'amour de Dieu a été versé dans nos coeurs» (Romains 5: 5). Mais qu'est-ce qui rend la déclaration de l'apôtre si remarquable ici? Au premier chapitre de l'évangile de Jean, nous lisons: «Personne ne vit jamais Dieu». Comment, encore une fois, puis-je connaître et aimer quelqu'un que je n'ai jamais vu? «Le Fils unique qui est au sein du Père, lui, l'a fait connaître», c'est-à-dire que l'évangile de Jean, qui place Christ devant nous, nous dit: Vous n'avez pas vu Dieu; et pourtant vous l'avez vu, parce que Celui qui était les délices du Père, — qui est dans le sein du Père, — l'objet le plus immédiat de ses délices — lui l'a fait connaître. Ainsi je connais Dieu. Christ me l'a fait connaître. Mais c'est là la réponse à la difficulté: «personne ne vit jamais Dieu». Ici dans l'épître, l'apôtre dit: «Personne ne vit jamais Dieu; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous». Ce qui est révélé en Christ est introduit directement dans nos coeurs, parce que le Saint Esprit est en nous. Lorsque Christ était dans le monde, lui, le Fils, il chassait les démons et faisait de grands miracles. En même temps il disait: «Le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres» (Jean 14: 10). Maintenant, par l'Esprit, il dit: «Nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui»; il fait de l'habitation de Dieu en nous, la réponse à cette difficulté que nous n'avons pas vu Dieu, comme la présence de Christ dans le monde était la réponse à la même difficulté que personne ne vit jamais Dieu. Nous ayant lavés dans le sang de l'Agneau, Dieu vient et demeure en nous. Nous connaissons Dieu de cette manière: «Si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous et son amour est consommé en nous». Ce n'est pas seulement que la nature de Dieu est là; mais Dieu est là. C'est de cette manière que nous avons le sentiment que nous demeurons en Dieu, savoir par ceci que, comme Dieu demeure en nous et qu'il est infini, nous avons conscience que nous demeurons en Dieu. Il est notre demeure: nous demeurons en Lui; il est le lien de notre habitation. C'est la présence du Saint Esprit qui nous donne le sentiment, de la présence de Dieu en nous.

Mais l'apôtre en revient au côté, objectif de la vérité: «Et nous, nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde». J'ai Dieu au-dedans de moi, et j'ai la connaissance de cet amour. Comment me l'a-t-il démontré? Il a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde. La preuve de l'amour, c'est ce qui a été fait sans moi — rien, absolument, en moi. Mais quelqu'un dit peut-être: je n'en suis pas là encore. — Dans ce cas, vous n'avez rien du tout! Si vous dites: Ce dont vous parlez est trop haut, trop glorieux pour moi, et je ne puis parler de Dieu, comme habitant en moi, — je réponds: Vous n'êtes pas chrétien du tout; «car quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu» (verset 15). L'apôtre parle du précieux sentiment de l'habitation de Dieu en nous comme de notre portion, mais il déclare ensuite que c'est une chose vraie de tout chrétien; c'est pourquoi si je n'en jouis pas, cela tient à la présence de quelque obstacle. Si nous avions dans notre maison quelque grand personnage et que nous ne nous en missions pas en souci, l'honneur et le privilège de posséder un tel hôte seraient perdus pour nous; et nous pouvons marcher de telle manière que nous n'avons nul sentiment de la présence de Dieu en nous, suivant ainsi un train de vie sans communication avec le Dieu qui demeure en nous. Le chrétien a reçu de Dieu une vie qui vit avec Dieu. C'est pourquoi l'apôtre, après avoir parlé de cette vie, dit: «Nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui» (verset 16). C'est là le caractère sous lequel il nous présente un chrétien: «Nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous». Il n'y a point d'incertitude: «Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu en lui». L'amour est la nature même de Dieu.

L'apôtre poursuit maintenant soir sujet. Nous avons vu l'amour manifesté quand nous étions encore pécheurs, quand nous étions coupables, et que nous étions morts. C'est le point de départ pour nous. Nous étions spirituellement morts; il n'y avait pas dans nos coeurs un seul mouvement vers Dieu; — et alors Dieu nous aima. Mais nous avions une vie naturelle qui venait d'Adam, et nous, étions coupables par conséquent; — et alors Dieu envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Ensuite Dieu vient demeurer en nous, et nous en Lui: nous jouissons de cette précieuse communion par le fait de sa présence dans nos coeurs. Et puis l'apôtre parle d'une troisième chose, au verset 17: «En ceci est consommé l'amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement, — c'est que comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (verset 17). Maintenant ce n'est plus seulement que Dieu m'a aimé quand je n'étais qu'un pécheur, et que je jouis de Lui, ayant communion avec Lui; mais toute crainte pour l'avenir est absolument ôtée. Dieu me donne une parfaite assurance pour le jour du jugement, ce qui est une autre chose, L'amour amena Christ dans le monde pour des pécheurs tels que nous; mais il y a le jour du jugement. Quand je pense à l'amour, je suis tout heureux; mais quand je pense au jugement, ma conscience n'est pas entièrement à l'aise. Mon coeur peut avoir goûté l'amour, mais ma conscience n'étant pas parfaitement purifiée, quand je pense au jugement je ne suis pas tout à fait heureux. C'est à cela que Dieu a pourvu ici: «Comme il est, Lui, nous sommes noirs aussi dans ce monde» (verset 17). L'amour a été manifesté en nous visitant quand nous étions encore pécheurs; nous en jouissons dans la communion avec Dieu; mais il est consommé en ceci, c'est que je suis en Christ, et qu'il faudrait que Christ se condamnât lui-même au jour du jugement s'il me condamnait moi, parce que comme il est, Lui, je suis moi aussi dans ce monde. je serai déjà glorifié avant de paraître devant le tribunal; le Seigneur aura changé ce corps vil et l'aura rendu conforme au corps de sa gloire. Quand j'arrive devant le tribunal, je me trouve dans ce corps changé et glorifié: je suis semblable à mon juge. S'il est ma justice, tel qu'il est, je suis cela maintenant, parce que je suis son ouvrage et que l'oeuvre de Christ est achevée, et que Christ parait pour moi dans le ciel. Quoique j'aie toutes sortes d'exercices de coeur et que je sois éprouvé de toutes sortes de manières, néanmoins, «comme il est, Lui, je suis moi aussi dans ce monde». En ceci est «consommé» l'amour. Dieu lui-même ne peut rien faire de plus glorieux que de me rendre semblable à Christ dans sa présence. Il met fin au jugement, pratiquement comme objet de crainte, parce que je suis la même chose que mon juge: il juge par sa justice, et cette justice est ma justice. Je suis cela, «la justice de Dieu en lui». Je suis uni à Lui et, dans ce sens, comme Lui-même. En ceci l'amour est consommé, afin que j'aie toute assurance au jour du jugement. L'amour a été manifesté, et je suis malheureux si mon coeur ne répond pas à cet amour. Je n'ai pas toute assurance au jour du jugement, car il y a un jugement, et pour que l'amour soit consommé dans mon coeur, il faut qu'il n'y ait pas de crainte au jour du jugement et que j'aie toute assurance dans ce jour; et cette assurance m'est donnée en ce que comme Christ est, moi aussi je suis. Je suis maintenant comme Lui est, non pas que je sois déjà dans la gloire, mais comme ayant Christ pour ma vie et comme étant uni à Lui. — L'apôtre tire maintenant immédiatement la conclusion: «Il n'y a pas de crainte dans l'amour, mais l'amour parfait chasse la crainte» (verset 18). Toute crainte a disparu. Si je crains mon père, je ne puis pas jouir de son amour, je serai tourmenté mais l'amour chasse la crainte. Je n'ai rien à craindre si Dieu m'aime parfaitement et ne fait rien que m'aimer. C'est là ce que le Seigneur exprime quand il dit: «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux»; comme il dit ailleurs: «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix», la même paix qu'il avait lui-même, il nous l'a donnée. Il ne craignait pas son Père; il avait une paix et une joie ineffables. Eh bien! comme il est, Lui, nous sommes nous aussi dans ce monde. — Ensuite vient la conséquence de la connaissance de cet amour: «Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier». — Nous l'aimons; tel est le fruit et la conséquence de son amour dans nos coeurs. Tout cet amour qu'il a manifesté envers nous a été en nous, et est consommé avec nous. «Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier». Le coeur revient en arrière avec actions de grâces et amour envers Lui.

Mais maintenant, comme tout le long de cette épître, l'apôtre introduit comme une espèce de contre-épreuve. «Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, il est menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas?» (verset 20). Si son image dans les saints n'éveille et n'attire aucune affection, vous ne l'aimez pas réellement. Vous pouvez dire que vous l'aimez, mais ce que vous dites n'est pas vrai. Nous trouvons tout le long de cette épître ces sortes de contre-épreuves. — Une autre chose est digne de notre attention ici: l'amour lui-même ne sort pas du lieu de la dépendance, dans son exercice. «Et nous avons ce commandement de sa part, c'est que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère». Quelque béni que soit le travail de la nature divine en nous, il prend toujours la forme de l'obéissance. Il en a été ainsi, même de Christ. Quand il parle de sa mort, où toute sa perfection a été mise pleinement en évidence il dit: «Le chef du monde vient, et il n'a rien en moi; mais afin que le monde connaisse que j'aime le Père, et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais» (Jean 14: 30, 31). Il avait reçu le commandement, et en même temps c'était l'amour. Ainsi l'amour nous fait servir et aimer les frères, et en même temps, c'est l'obéissance. Tout ce qui n'est pas obéissance, n'est pas Christ. Ce que nous faisons n'est pas un commandement qui est contraire à notre nature, parce que nous trouvons notre plaisir à faire ce que Dieu commande; toutefois c'est l'obéissance, quoique ce soit l'obéissance d'une nature heureuse qui trouve sa joie à obéir, et cela parce que Dieu demeure en nous et se révèle Lui-même de cette manière-là, dans cette nature, à nos âmes.

La position du chrétien, sa condition actuelle au point de vue de ses rapports avec Dieu, nous est présentée ainsi d'une manière bien glorieuse. Ce n'est pas seulement que le Saint Esprit demeure en nous comme puissance (cela serait une preuve de la présence du Saint Esprit, c'est-à-dire de Dieu en nous, mais ne serait pas une démonstration que nous sommes en Dieu); mais Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui.

En présence des jouissances et des privilèges qui nous sont présentés ici comme notre part, quelles pauvres créatures sommes-nous de ne pas savoir davantage réaliser Dieu, et jouir de lui! L'écriture nous dit que «l'âme des diligents sera engraissée» (Proverbes 13: 4).

Chapitre 5

L'apôtre nous fournit dans ce chapitre une espèce de résumé qui nous dit qui sont ceux auxquels il écrit; — non pas ce qu'ils sont, mais qui ils sont, et ce à quoi ils participent. Il avait parlé de l'amour des frères, par exemple, dans un chapitre précédent; maintenant vient la question: Qui est mon prochain, et qui est mon frère? «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu; et quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui». Il ne s'agit pas ici d'une pierre de touche, spirituelle ou morale, qui nous montre si l'amour est réel, mais nous apprenons qui sont ces enfants de Dieu, et puis: «Quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui». Si le sentiment qui m'anime est vraiment cet amour divin, j'aimerai celui qui est engendré de Dieu; pour l'amour du Père, j'aimerai tous les enfants, et c'est à ce point de vue que l'apôtre parle. Ensuite, au second verset, il introduit une contre-épreuve qui démontre si l'amour est réel. Je sais que j'aime Dieu par ceci: c'est quand j'aime les enfants de Dieu; mais je sais que je les aime réellement, si j'aime Dieu et que je garde ses commandements (verset 2). Si je les aime comme ses enfants, je l'aimerai Lui-même. Je l'ai déjà dit, nous retrouvons constamment tout le long de cette épître, des oppositions, des preuves et des contre-épreuves qui sont du plus grand profit. Ainsi, si l'Esprit est le Saint Esprit, il est aussi l'Esprit de vérité; les deux expressions se complètent, et maintiennent intacte la vérité. Il peut sembler que j'aime beaucoup les enfants de Dieu, tandis que je suis rempli seulement d'un esprit de parti; mais si j'aime Dieu, j'aime tous les siens pour l'amour de son nom. Autrement il est très facile que je sois animé seulement de sentiments naturels: — en introduisant Dieu, j'introduis tous les frères. C'est pourquoi Pierre nous dit de joindre à l'affection fraternelle, l'amour (2 Pierre 1: 7). «Par ceci, nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c'est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements». Si j'aime les enfants de Dieu comme enfants de Dieu, c'est parce que je l'aime, Lui, qui les a engendrés. Je les aime ainsi tous, parce que j'introduis Dieu. C'est pourquoi c'est une question d'obéissance: «Car c'est ici l'amour de Dieu que nous gardions ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles» (verset 3). La grande difficulté, c'est le monde; «mais tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde; et c'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (verset 4). Nous avons reçu une nature qui appartient à un ordre de choses qui n'est du monde en aucune manière: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde»; «vous êtes d'en bas, moi je suis d'en haut». Ce monde, comme système, est du diable, non point de Dieu. Tout ce qui est dans le monde: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais du monde» (2: 16). Le Père est le chef, la source et la bénédiction d'un grand système, auquel le monde est absolument opposé, en sorte que quand le Fils vint dans le monde, le monde le rejeta; et le monde, ainsi éprouvé, a été placé par ce fait en complet antagonisme avec le Père. Nous trouvons toujours que la chair est opposée à l'Esprit, le monde opposé au Père, et le diable opposé au Fils. Tout ce qui est né de Dieu, est victorieux du monde; c'est la vérité qui sanctifie. La difficulté c'est le monde; nous regardons aux choses qui se voient, et non à celles qui ne se voient pas; c'est pourquoi nous sommes faibles. La victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi: — nous n'avons pas seulement reçu une nature nouvelle; mais, comme créatures, nous avons besoin d'un objet pour cette nature, il nous faut quelque chose. C'est pourquoi l'apôtre ajoute: «Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu?» Celui qui croit est occupé de quelque chose. Quand je découvre que Celui que le monde a couvert de son mépris et qu'il a crucifié, est le Fils de Dieu, je sais ce que vaut le monde; c'est pourquoi quand ma foi est fixée sur Jésus, le rejeté et le méprisé du monde, le Fils de Dieu, j'en ai fini avec le monde, je l'ai vaincu comme ennemi.

L'apôtre nous dit ici brièvement qui sont ces saints: «Ils sont nés de Dieu», ils sont une classe de gens qui sont à Dieu comme étant vivants; ils vivent dans un monde autre que celui-ci, et qui est au Père. Jean parle ensuite de l'esprit et de la puissance dans lesquels Christ est venu, de ce par quoi nous sommes mis en rapport avec cette scène de bénédiction qui est du Père, et liés à elle. «C'est Lui qui est venu par l'eau et par le sang, Jésus le Christ, non seulement dans la puissance de l'eau, mais dans la puissance de l'eau et du sang» (verset 6). Nous sommes ramenés ainsi à un principe très vital, que nous avons trouvé tout le long de cette épître: Si Christ était venu par l'eau seulement, Jean-Baptiste aussi vint par l'eau: la Parole de Dieu étant appliquée à l'homme comme enfant d'Adam, ne pouvait pas le purifier. Christ venant dans le monde par l'eau, mettait l'homme à l'épreuve, et l'homme fut démontré ennemi de Dieu, et par conséquent absolument incapable de relèvement. Il fallait que l'homme fut racheté, et il s'agissait de rédemption, non de réparation, — de sang aussi bien que d'eau, et de ce grand fait, que la vie était dans le Fils, — non dans le premier Adam, mais dans le second. «C'est Lui qui est venu par l'eau et par le sang». Il y a une purification, mais elle est l'effet de la rédemption sur la nouvelle vie; elle vint du côté percé d'un Christ mort (voyez Jean 19: 34). Un Christ vivant, venant dans le monde, se présente à l'homme pour voir si un lien quelconque pourrait être formé entre Dieu et l'homme. Nous savons le résultat de l'épreuve: l'homme fut finalement condamné, et la mort est introduite. Il en fut toujours ainsi. Il n'y a pas de vie en nous. — «Si vous ne croyez pas que c'est moi, vous mourrez dans vos péchés» (Jean 8: 24). Telle est la raison pour laquelle le Seigneur dit qu'il faut que nous mangions sa chair et que nous buvions son sang (Jean 6). Si vous ne recevez pas Christ comme un Christ mort, vous n'avez rien; car la purification sortit du côté d'un Christ mort. C'est la mort à la chose ancienne; et une vie absolument nouvelle est introduite. Puis vient une autre vérité infiniment précieuse: nous avons un Christ mort, qui est vivant maintenant à toujours, et puis nous avons le Saint Esprit demeurant en nous; mais nous avons ce privilège, comme appartenant à un monde nouveau: «Il y en a trois qui rendent témoignage: l'Esprit, l'eau et le sang» (verset 7). Nous avons la purification, le Saint Esprit rendant témoignage; puis l'eau, la puissance purifiante; enfin le sang, la puissance expiatrice; ces trois sont d'accord pour un même témoignage. Dieu ne purifie pas la vieille nature, mais il donne une nature nouvelle. «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils». Ce n'est pas une amélioration du vieil Adam, mais le don du nouvel Adam: «Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie». Le vieil Adam n'a pas la vie, il est rejeté; et il n'y aura pas deux Adam dans le ciel, mais le Fils, et ceux qui ont la vie dans le Fils, Dieu commença cette oeuvre à la chute, mais ne l'a pleinement manifestée qu'après la résurrection.

Il y a un autre point qui se rattache à celui-ci, savoir la connaissance de cette grande vérité. «Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage au-dedans de lui-même», parce que nous possédons Christ, par l'Esprit de Christ en nous. C'est pourquoi je sais que j'ai la vie éternelle, — que je suis un enfant de Dieu. Nous savons, nous avons la conscience et la bienheureuse assurance, que l'oeuvre a été accomplie, que le sang a été versé, et de plus, nous crions «Abba, Père», par l'Esprit qui demeure en nous. «Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage au-dedans de lui-même». Il a trouvé et il possède la chose: il a Christ en un mot.

Le péché de l'incrédule n'est pas qu'il n'a pas trouvé cela, mais qu'il fait Dieu menteur. Dieu a rendu un témoignage suffisant au sujet de son Fils; et «celui qui ne croit pas Dieu, l'a fait menteur» (verset 10). C'est pourquoi celui qui rejette l'évangile, rejette le témoignage de Dieu au sujet de son Fils. Le témoignage était suffisant. La Parole de Dieu nous parle de plusieurs qui crurent en Son nom, mais ils ne furent pas victorieux du monde, parce qu'il n'y avait pas chez eux de vraie foi, et Jésus ne se fiait pas à eux (Jean 2: 23-25).

«Et c'est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils». Il est de la plus grande importance de bien comprendre que la vie nouvelle n'est pas un «raccommodage» de notre ancienne nature, mais le don que Dieu nous fait d'une nature nouvelle que nous n'avions pas auparavant, et cela, en recevant Christ comme notre vie. Et tout le reste est accompli. L'Esprit est le Saint Esprit présent dans le monde. L'eau, aussi bien que le sang, coula du côté d'un Christ mort (Jean 19: 34). L'eau purifie ce qui existe déjà; l'eau, c'est le lavage par la Parole, mais non sans la puissance du Saint Esprit; c'est l'application de la Parole par le Saint Esprit. Mais à côté de cela, l'eau donne l'idée du lavage par la Parole, c'est pourquoi Jean parle d'être né d'eau et de l'Esprit.

Une chose reste encore, savoir la confiance présente que nous avons en Dieu. «Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. vous qui croyez au nom du Fils de Dieu» (verset 13); et puis, vient la confiance journalière: «Et c'est ici la confiance que nous avons en Lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute» (verset 14). Nous sommes réellement réconciliés avec Dieu. Nous ne sommes pas dans une condition incertaine vis-à-vis de Lui; mais nous le connaissons, et nous avons de libres rapports avec Lui; nous avons confiance en Lui, une confiance présente, ce qui est autre chose que le simple fait que nous avons été sauvés. «Et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées».

Nous avons un autre privilège encore, celui de pouvoir intercéder pour d'autres, et ici l'apôtre nous fait jeter en même temps un coup d'oeil sur les voies de Dieu, en gouvernement envers un homme sauvé. «Si quelqu'un voit son frère pécher d'un péché qui ne soit pas à la mort, il demandera pour lui; et il lui donnera la vie, savoir à ceux qui ne pèchent pas à la mort. Il y a un péché à la mort: pour ce péché là, je ne dis pas qu'il demande. Toute iniquité est péché, et il y a tel péché qui n'est pas à la mort» (versets 16, 17). Ananias et Sapphira avaient péché à la mort. Il y a un gouvernement constant de Dieu, dans ses voies envers ses enfants, qui amène la discipline, si le péché n'a pas ce caractère de péché à la mort (car le péché peut aller jusque-là). Plus d'une maladie a sa source là et est une discipline de Dieu sous une forme ou une autre, une discipline positive qui, si le coeur l'acceptait réellement de la part de Dieu, serait pour le bien de ceux qui sont ainsi exercés. La discipline ne nous est pas toujours dispensée pour des fautes positives. Nous lisons dans Job chapitre 33, versets 18, 19: «Il garantit sa vie de la fosse, et son âme de l'épée; l'homme est aussi châtié par des douleurs dans son lit, et tous ses os sont brisés»; — et cela, comme nous lisons à partir du verset 17, «afin de détourner l'homme d'une action et de le préserver d'orgueil». Puis, au chapitre 36, verset 9, il s'agit de châtiment pour des choses positives: «Alors il leur montre ce qu'ils ont fait, et il leur fait connaître que leurs péchés se sont augmentés; il ouvre aussi leur oreille à la discipline, et leur dit qu'ils se détournent de l'iniquité». Il y a là une discipline positive de Dieu. Mais ici, dans notre épître, l'apôtre ne dit pas seulement qu'il y ait une pareille discipline, et que s'il y avait un interprète, un entre mille qui manifestât à l'homme son devoir, il aurait pitié de lui, disant; «Garantis-le, afin qu'il ne descende pas dans la fosse» (Job 33: 23); mais que maintenant, comme chrétiens, nous pouvons être nous-même, chacun un messager ou interprète. Le chrétien a le privilège de pouvoir intercéder; et en marchant avec Dieu, il a cette liberté d'accès auprès de Lui, pour être écouté, quoi que ce soit qu'il demande. Si donc vous voyez un frère pécher, et tomber sous la discipline de Dieu, vous allez à Dieu pour être cet interprète, «un entre mille», pour lui. Il s'agit ici de discipline et de châtiment pour le péché; et si nous savons intercéder, comme nous en avons le privilège et y sommes invités, celui qui est tombé sous la discipline sera relevé. Pour cela, il faut que nous marchions avec Dieu, afin que nous soyons capables d'être cet «interprète».

«Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas» (verset 18). Il vit selon la chair, celui qui cède au péché. La nouvelle nature ne pèche pas; si quelqu'un pèche, en quelque manière que ce soit, cela vient nécessairement de ce qu'il agit dans la chair. Si nous marchons par l'Esprit, Satan n'a aucune puissance quelconque sur nous: «Celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas».

«Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le méchant» (verset 19). L'apôtre résume tout dans ces deux sentences: «Le monde entier gît dans le méchant»; et: «Nous sommes de Dieu». Nous voyons obscurément des choses qui sont bien simples souvent, parce que nous voudrions sauver quelque parcelle du monde. Mais «nous savons que le Fils de Dieu est venu; et Il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ» (verset 20). Dieu étant révélé en Christ, et nous étant en Christ, nous avons notre place dans une scène qui est complètement en dehors du monde.

La Parole nous fournit ici en passant un témoignage remarquable de la divinité du Seigneur Jésus Christ. «Nous sommes dans le Véritable, dit l'apôtre, savoir dans son Fils Jésus Christ: Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle». Quelle consolation pour nous! Quand j'ai trouvé Christ, j'ai trouvé Dieu! Je l'ai trouvé, je le connais, je sais ce qu'Il est pour moi: «Celui qui a le Fils, a aussi le Père».