Sur la prière

 ME 1875 page 116

 

Je ne crois pas que les promesses soient uniquement relatives à des prières présentées par les uns à Dieu pour les autres, bien que les exemples que nous trouvons dans l'Ecriture se rapportent en grande partie à ce genre de requêtes: «Priez les uns pour les autres», «et pour moi aussi», «combattant toujours pour vous par des prières» (*), et tant d'autres passages. La prière de la foi ne se borne pas à cela. Il y a des prières pour que Dieu ouvre la porte pour l'Evangile; il y a des prières pour tous les hommes (**). Même s'il ne s'agit pas de la prière de la foi proprement dite, l'apôtre nous exhorte à présenter en toutes choses nos requêtes à Dieu; il arrive alors ou il peut arriver, que la seule réponse soit: «Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus» (***). Pour la prière de la foi, ou plutôt pour ce qui concerne la promesse qui lui est faite, Dieu a posé certaines limites relativement à la certitude de l'exaucement, telles que «en mon nom», «selon sa volonté», «si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez», «si deux d'entre vous sont d'accord» (4*), pour ne pas parler de ce qui arrête la prière, comme le péché à la mort (5*). Mais, en même temps, je ne vois aucune limite posée à l'attente de la foi, si Dieu la donne. Si je demande mal, afin de le dépenser pour mes voluptés, je ne puis m'attendre à recevoir. D'autre part, le Seigneur nous parle de foi donnée et de certitude de réponse pour faire sécher un figuier ou pour transporter une montagne; et quoi que ce soit que je demande en priant, si je crois, je le reçois (6*). C'est là un principe d'une très grande importance. Disons d'abord un mot des limites dans lesquelles, à part la foi spéciale, la promesse expresse de l'exaucement est renfermée.

(*) Jacques 5: 16; Ephésiens 6: 18; Colossiens 4: 12; etc.   (**) Colossiens 4: 3; Tite 2: 1, 2.   (***) Philippiens 4: 6, 7.  (4*) Jean 14: 13, 14; 16: 23, 24; 1 Jean 5: 14, 15; Jean 15: 7; Matthieu 18: 19.  (5*) 1 Jean 5: 16.  (6*) Marc 11: 24

Le premier passage que je veux rappeler, est celui-ci: «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées» (1 Jean 5: 14, 15). L'Ecriture suppose ici que la demande est «selon sa volonté»; et dans ce cas, nous pouvons compter sur sa puissance pour l'exaucer. C'est là la confiance chrétienne générale; — et c'est une grande faveur de la part de Dieu que d'être assuré, dans le chemin de sa volonté, de l'intervention de celui qui est Tout-Puissant. Ailleurs nous lisons: «Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait» (Jean 15: 7). Je ne doute pas que le Seigneur ne s'adresse ici aux douze; mais en principe le passage s'applique à tous les chrétiens: là où les pensées sont formées par les paroles de Christ, quand celles-ci demeurent en quelqu'un qui vit dans la dépendance et la confiance en Lui, celui qui demeure ainsi en Lui, avec ses pensées dirigées par Sa parole, a une volonté qui est pour ainsi dire celle de Christ: il demande ce qu'il veut, et il lui est fait. — Dans un autre passage il est question de deux qui sont d'accord sur la terre (Matthieu 18: 19). Ici, la volonté individuelle est mise de côté: il s'agit de chrétiens qui ont un désir commun et qui sont d'accord pour le présenter à Dieu. L'accord délibéré et formel suppose une commune pensée chrétienne et elle sera accomplie. Ainsi aussi, quand je prie, m'approchant pour ce à quoi je puis lier le nom de Christ, — sous ses auspices, — le Père le fera. Ici encore, je ne doute pas que les douze ne soient spécialement en vue, quoique, en principe, la chose soit vraie pour tout chrétien, Un homme ne peut, par la foi, lier le nom de Christ, dans sa requête, à ses convoitises. Toutes ces déclarations supposent le disciple et la foi, comme Jacques, et le Seigneur lui-même, nous le disent expressément.

Mais il y a d'autres déclarations qui nous rejettent d'une manière plus générale sur la bonté de Dieu et sur son intérêt pour nous, et qui montrent que, lorsque la foi est en exercice, l'exaucement ne fera pas défaut: «Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera fait» (*). Ce que le Seigneur dit ici, suppose la foi et en quelque sorte l'intimité avec Dieu; le coeur est associé à ses intérêts, et alors, s'il y a de la foi comme un grain de sénevé, une montagne se déplace. Je ne doute pas que ce genre de foi ne fût plutôt celui des apôtres qui se sentaient intéressés à la cause de Dieu, identifiés avec Lui, et cela sur la terre; mais la déclaration n'est pas limitée. Partout où il y a une foi pareille, elle trouve la même réponse; Dieu est tout aussi occupé maintenant des détails de la bénédiction pour nous, qu'il l'a été des grandes oeuvres de ces jours-là. La bénédiction pouvait être alors plus palpable, plus concentrée aussi, mais non pas plus vraie. Aujourd'hui, pas plus qu'alors, un seul passereau ne tombe en terre sans Lui, et la vraie et fervent prière d'un homme juste est toujours d'un grand prix; seulement il faut que nous nous placions avec Dieu, car ceux auxquels ces choses étaient dites, étaient identifiés avec Lui et ses intérêts sur la terre. Ce fait donnait,sans doute à leurs prières une place particulière; mais néanmoins, si la foi (c'est-à-dire l'opération de son Esprit et de sa grâce) m'associe à ses intérêts maintenant, même pour des détails, sa promesse est là, et nous pouvons aujourd'hui comme alors compter sur Dieu et sur sa puissance exercée en amour. Il n'y a pas de limite: seulement c'est l'opération de son Esprit en nous, et par conséquent la foi qui compte sur l'exaucement. Présenter nos requêtes en étant soumis à sa volonté, est toujours bien; nous en avons un exemple même à Gethsémané, et aussi en Paul à propos de son écharde dans la chair. La réponse sera plus glorieuse et plus bénie que la requête, même quand l'exaucement ne correspond pas à la demande (voyez Jean 12; Psaumes 132; Psaumes 21, ainsi que la requête de Paul, au sujet de son écharde).

(*) Marc 11: 24.

Confions-nous en son amour, et cet amour ne nous fera pas défaut. S'il nous a donné de la foi pour attendre une réponse particulière, bénissons-en Dieu; seulement il ne faut pas, comme dit l'apôtre Jacques, que notre volonté intervienne. Il en fut ainsi pour les cailles dans le désert, lors même que Dieu répondit, ce qui n'est pas le cas en principe. Mais partout où se trouve une foi vraie et sincère, Dieu entendra certainement, bien qu'Il puisse nous donner des sauvegardes contre l'introduction de notre propre volonté.