Notes sur la seconde épître de Jean

 ME 1875 page 161

 

Ce qui caractérise particulièrement cette épître, c'est la liaison de la vérité avec la manifestation de l'amour. La seconde épître de Jean et la troisième sont occupées de la réception à faire à ceux qui s'en vont çà et là pour prêcher: la troisième recommande ceux qui étaient sortis pour le nom de Christ à l'amour des fidèles qui, en recevant ces ouvriers, coopéraient avec la vérité; la seconde met la dame, à laquelle elle est adressée, en garde contre la réception de quelques personnes qui n'apportaient pas la vérité.

Dans sa première épître, l'apôtre avait insisté d'une manière très pressante sur la marche dans l'amour; et ici aussi il dit: «Or maintenant, ô dame je te prie, — non comme t'écrivant un nouveau commandement, mais celui que nous avons eu dès le commencement, — que nous nous aimions les uns les autres» (verset 5). Ensuite il met en avant ces deux préservatifs de la vraie charité, la vérité, et l'obéissance, — exactement ce que Christ était, quand il était dans ce monde. Christ était l'amour venu dans le monde, le témoin et le témoignage de l'amour; il était de plus la vérité et il était l'homme obéissant. Son amour pour son Père fut manifesté par son obéissance envers Lui en toutes choses. Il était la vérité en manifestant toutes choses, et en montrant exactement ce que chacune était. De plus, il vint ici-bas pour faire la volonté de Celui qui l'avait envoyé. Jean est occupé ici de ces trois grands principes: il insiste sur l'amour, l'amour divin; mais cet amour est toujours la vérité, parce qu'il est Christ; s'il n'est pas dans la vérité, c'est le reniement de Christ, car c'est dire qu'il peut y avoir de l'amour dans la vieille nature. En troisième lieu nous trouvons l'obéissance aux commandements de Christ. Ce à quoi un chrétien est appelé, c'est d'obéir à Christ, avec la vérité dans le coeur, et en ayant l'amour pour source de tout: et c'est là «Christ». On ne peut pas séparer ces choses. La chair peut prendre une certaine apparence, elle peut faire un grand étalage d'amour, mais il n'y a là ni vérité, ni obéissance; ce n'est pas Christ. C'est d'une question de conscience qu'il s'agit ici, non pas, en aucune manière, d'une question ecclésiastique, mais d'une affaire de conscience individuelle: tout fidèle homme ou femme, si le cas se présente pour lui, doit recevoir Christ dans ses membres, et rejeter quiconque renie Christ. L'apôtre nous fournit le principe qui peut nous diriger à cet égard: «A cause de la vérité qui demeure en nous, et qui sera avec nous, à jamais» (verset 2). Jean aimait la dame à laquelle il écrit, et ses enfants; mais c'était à cause de la vérité. Là où la vérité faisait défaut, il ne pouvait pas y avoir l'amour divin. Voyez encore au verset suivant: «Grâce, miséricorde, paix… de la part de Dieu, le Père, et de la part du Seigneur Jésus Christ, le Fils du Père, dans la vérité et dans l'amour»; et puis: «Je me suis fort réjoui d'avoir trouvé quelques-uns de tes enfants qui marchent dans la vérité, comme nous en avons reçu le commandement de la part du Père». L'apôtre introduit ici l'obéissance: ce dont il parle, était un commandement de la part du Père qui veut que son Fils soit honoré comme Lui-même.

«Or maintenant, ô dame, je te prie, — non comme t'écrivant un nouveau commandement, mais celui que nous avons eu dès le commencement, — que nous nous aimions les uns les autres: et c'est ici l'amour, que nous marchions selon ses commandements» (verset 5); comme Christ marchait selon les commandements de Dieu parce qu'il aimait Dieu. «Afin que le monde connaisse que j'aime le Père», dit-il «et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais» (Jean 14: 31). Il en est de même pour ceux qui le suivent. «C'est ici le commandement, comme vous l'avez entendu dès le commencement, afin que vous y marchiez» (verset 6).

L'apôtre ajoute ensuite: «Plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair; celui-là est le séducteur et l'antichrist». Si cet amour divin descendit ici-bas dans un homme, et qu'on reniât que Christ fût venu ainsi comme un homme, Christ n'était donc pas un homme saint venu en chair, car on ne pourrait dire de quelqu'un qui serait simplement un homme, qu'il vint en chair. Si quelqu'un disait: Je suis venu en chair; je demanderais: En quoi d'autre auriez-vous pu venir? Chair, c'est ce que vous êtes; vous n'êtes rien qu'un homme; mais quiconque «ne confesse pas Jésus Christ venant en chair, celui-là est le séducteur et l'antichrist». Christ est l'homme parfait, mais il est infiniment plus que cela.

«Prenez garde à vous-même». S'ils s'étaient tous détournés, l'ouvrage de l'apôtre eût été brûlé au feu, c'est pourquoi il dit: «Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions pas ce que nous avons opéré, mais que nous recevions un plein salaire». La rémunération du travail de Jean, dans ce sens, est pour ce qu'il a opéré dans les âmes des autres, comme il est dit du Seigneur Jésus: «Il verra du fruit du travail de son âme, et sera rassasié». Ainsi en sera-t-il de nous aussi, dans notre petite mesure.

Après avoir parlé de ces séducteurs, l'apôtre ajoute: «Quiconque vous mène en avant, et ne demeure point dans la doctrine du Christ, n'a pas Dieu». Si vous n'avez pas le vrai Christ, vous n'avez pas Dieu du tout: c'est là le premier grand principe général. Partout dans Jean, quand il s'agit de relation, Jean parle du «Fils»; s'il s'agit de nature, il dit «Dieu», non «le Père». Au chapitre 8 de l'évangile, c'est Dieu; et Jésus prend cette place: «Avant qu'Abraham fût, je suis». Un homme peut rejeter la vérité, et alors il n'a Dieu en aucune manière; il est en dehors de toute la sphère dans laquelle la grâce est manifestée; il n'a pas la doctrine de Christ, c'est-à-dire la vérité quant à Christ; il n'a pas Dieu du tout. «Celui qui demeure dans la doctrine [du Christ], celui-là a le Père et le Fils». Il a toute la manifestation de cette ineffable grâce, la parfaite révélation de Dieu dans sa propre plénitude au-dedans d'elle-même, non en dehors d'elle: mais il a Dieu au-dedans, et il a ainsi tout le bonheur dans lequel «le Père aime le Fils, et a donné le Fils pour nous»; il a «le Père et le Fils». «Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ». «Si nous disons que nous avons communion avec Lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité» (1 Jean 1: 6); nous n'avons pas communion avec Dieu parce que la nature de Dieu est lumière. L'apôtre parle d'abord du grand fait de n'avoir pas Dieu du tout: un homme est absolument sans Dieu s'il n'a pas Christ. Puis, quand il expose la vérité, il parle du Père et du Fils. Jean exhorte à la fermeté les saints auxquels il écrivait; il ne veut pas chez eux de manque de décision. «Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas la doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas» (verset 10); si vous le faisiez vous encourageriez un tel homme et vous lui viendriez en aide; vous feriez des accommodements avec votre propre conscience, parce que vous accepteriez comme Christ quelque chose, qui est un faux Christ, et le plus grand déshonneur pour Dieu. Une apparence d'amour, comme celle-là, où la vérité n'est pas, n'a rien de Christ du tout; c'est le reniement de Christ, c'est dire que ce qui est faux est aussi bon que ce qui est vrai; c'est prendre parti pour l'antichrist autant et plus que pour Christ. «Celui qui le salue, participe à ses mauvaises oeuvres» (verset 11): le salut était un signe de reconnaissance et d'association.

«Ayant beaucoup de choses à vous écrire, je n'ai pas voulu le faire avec du papier et de l'encre, car j'espère aller vers vous, et vous parler bouche à bouche, afin que notre joie soit accomplie» (verset 12). Ici nous trouvons l'affection qui devrait régner entre les saints. Ce n'était pas une sorte d'amour abstrait seulement, mais l'apôtre se réjouissait de les voir, il y trouvait un véritable encouragement, et il avait de la joie à les voir bien marcher. Le Saint Esprit encourage toujours cette activité de l'amour, quelque ferme qu'Il soit pour la vérité. Christ est venu dans le monde, et autour de ce centre (il n'y en a point d'autre) les âmes peuvent se rassembler et trouver Dieu en grâce. Si l'on ébranle cette vérité, il n'y a point de ressource du tout. Si Satan ne peut arriver à ses fins par la persécution, il tâche d'ébranler les âmes relativement à la vérité telle qu'elle est en Christ. «Il est un lion rugissant, rôdant autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer» (1 Pierre 5: 8); c'est la persécution. Mais Satan n'est pas toujours un lion rugissant; il se présente aussi comme un serpent: il rampe et se cache, et ne rugit pas du tout; ainsi il est beaucoup plus dangereux. On est éprouvé par son opposition et sa fureur, mais c'est chose bien plus sérieuse, d'avoir à tenir ferme devant ses artifices; toutefois là où une âme se tient près de Christ, tout est simple. Il s'agit ici, dans l'épître qui nous occupe, d'une dame, et de la foi personnelle qui s'attache à Christ pour lui-même. La personne dont il s'agit peut n'être pas assez sage pour redresser le monde; mais il y a quelque chose à quoi la foi s'attache, il faut qu'elle ait Christ. Le secret de tout est la foi individuelle personnelle, qui se tient collée à Christ et à sa vérité. C'est une grâce merveilleuse de posséder ce qui est une pierre de touche pour toute chose, et une preuve de l'amour de Christ. Avoir un objet positif et distinct qui me conduit à travers tout selon la pensée de Dieu, c'est marcher comme Christ a marché, et si nous nous tenons collés à Christ, cela demeure toujours vrai.