Notes sur la troisième épître de Jean

 ME 1875 page 181

 

Nous avons ici en général le même grand principe qui nous a occupés dans la seconde épître; savoir l'amour de la vérité, seulement que dans la seconde épître, Jean avertit à l'égard de quiconque transgressait la doctrine de Christ, tandis qu'ici il encourage plutôt à de bons et aimables procédés et à la libéralité vis-à-vis de ceux qui allaient de côté et d'autre avec la vérité.

On voit ici la bonté qui est active au milieu des chrétiens. L'apôtre désire que Gaïus prospère et soit en bonne santé comme son l'âme prospérait. Ce Gaïus recevait les frères qui allaient de côté et d'autre, annonçant la Parole, et Diotrèphe était jaloux d'eux, non seulement refusant de recevoir les frères lui-même, mais empêchant même ceux qui voulaient les recevoir. Diotrèphe résistait au libre témoignage rendu à Dieu par ces hommes qui étaient «sortis pour le nom, ne recevant rien de ceux des nations» (verset 7). Ces hommes s'en allaient librement, comptant sur le Seigneur, et Diotrèphe ne voulait pas permettre des choses pareilles. Ainsi il ne voulait pas les recevoir lui-même; et si d'autres en avaient la pensée, il le leur défendait et les chassait de l'assemblée. L'apôtre écrit pour encourager Gaïus à recevoir ceux qui étaient sortis pour le nom de Christ avec toute bonté et cordialité.

Il y avait en Diotrèphe un désir charnel: il aimait à être le premier, et il y tenait même si fort, qu'il débitait de méchantes paroles contre l'apôtre. Toutefois le point sur lequel Jean s'étend, en écrivant à Gaïus, c'est qu'il était dans la vérité, et s'il parle de l'amour, il a toujours soin de le maintenir pur de la manière la plus expresse par ce qu'il appelle la vérité. L'amour véritable, c'est Dieu lui-même. «Dieu est amour»; et partout où l'amour est réel, il faut qu'il soit sauvegardé par la vérité telle qu'elle est en Jésus; autrement il n'est pas de Dieu. C'est pourquoi, avant de témoigner son approbation à Gaïus pour son amour et pour l'hospitalité qu'il exerce envers les frères, l'apôtre dit: «Je me suis très fort réjoui quand des frères sont venus et ont rendu témoignage à ta vérité, comment toi tu marches dans la vérité» (verset 3). C'est là ce qui occupe Jean avant même qu'il parle de ce que Gaïus fait pour les frères et pour les étrangers.

«Bien-aimé, tu agis fidèlement dans tout ce que tu fais envers les frères et cela envers ceux-là même qui étaient étrangers, qui ont rendu témoignage à ton amour devant l'assemblée; et tu feras bien de leur faire la conduite d'une manière digne de Dieu; car ils sont sortis pour le nom, ne recevant rien de ceux des nations». Gaïus était évidemment un homme plein de bonté et hospitalier vis-à-vis de ces étrangers. «Nous donc, nous devons recevoir de tels hommes, afin que nous coopérions avec la vérité» (verset 8).

C'est une expression remarquable que celle-ci, «la vérité». «Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable; et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ, lui est le Dieu véritable et la vie éternelle» (1 Jean 5: 20). Christ est «la vérité: — «Je suis le chemin, et la vérité et la vie». Tout ce qui n'était pas Christ était nature, et cela n'était pas la vérité; et sans celle-ci, nous serions toujours incapables de discerner le bien et le mal. Christ est «la vérité». Quand nous parlons de la vérité, nous voulons dire que c'est une personne qui dit exactement ce qui est vrai au sujet de toutes choses, quelles qu'elles soient. Christ nous dit la vérité au sujet de Dieu. Satan se revêt d'apparences très aimables comme lorsqu'il fait dire à Pierre, à propos des souffrances de Christ: «Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera pas!» Mais Christ, se retournant, dit à Pierre: «Va arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale.». Christ dit la vérité sur ce que Pierre faisait. La parole de Pierre paraissait très aimable, mais elle était réellement le reniement de tout ce que le Seigneur avait à faire, et Christ dit la vérité sur ce point, et il fait ainsi au sujet de l'homme. Qui aurait supposé que l'homme aurait jamais pu faire les choses qu'il a faites quand Christ était ici-bas? Là nous apprenons la vérité quant à l'homme: toute sa méchanceté fut mise à découvert; jusqu'à la venue de Christ elle n'avait pas été pleinement manifestée. Ainsi encore, je ne sais pas ce que c'est que le péché jusqu'à ce que je l'ai vu à la croix de Christ; et il en est de même pour ce qui est de la justice. Christ est la vérité. Qu'il s'agisse de Dieu, ou de l'homme, ou de Satan, ou de la justice, ou du péché, la vérité au sujet de toute chose est en Christ, et si nous avons Christ, nous avons la vérité. Quand nous avons appris quel est notre chemin au milieu du bien et du mal, nous ne connaissons pas la vérité, à moins que nous n'ayons Christ: la vérité est en lui, elle n'est pas en moi. Aussitôt que j'ai Christ, et que je juge selon ses sentiments et ses pensées, je suis capable de dire: ceci est péché. Une chose peut se présenter sous une très belle forme, peut-être l'amour pour un père ou une mère, mais la vérité met en évidence toute chose. Dieu a montré qu'il était amour, et élevé au-dessus de tout mal; toutefois c'est toujours «la vérité». Si Dieu s'élève au-dessus du péché, il montre aussi ce que le péché est.

Il est d'une immense importance de tenir ferme Christ, autrement nous ne savons pas ce que la vérité est; Satan est le père du mensonge, et aucun mensonge n'est de la vérité. Pour l'apôtre, nous voyons que c'était sa joie d'avoir cette vérité plus affilée qu'aucune épée à deux tranchants, n'épargnant rien en lui. Il n'avait pas de plus grande joie que de voir ses enfants marchant dans la vérité. Alors, quand la vérité est établie et sauvegardée, la manifestation de l'amour est de toute beauté, «Bien-aimé, tu agis fidèlement en tout ce que tu fais envers les frères et envers ceux-là même qui sont étrangers, qui ont rendu témoignage de ton amour devant l'assemblée» (versets 5, 6). Voilà la manifestation de l'amour. Dès que la vérité est établie, en Christ comme la vérité, de sorte que notre propre coeur est jugé, alors Dieu est libre d'agir. Dès que j'ai la vérité, Christ, alors, délivré du moi, l'amour divin commence à agir dans sa vraie et propre voie. «Ainsi donc, comme nous en avons l'occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi» (Galates 6: 10). Dieu a un amour particulier pour les siens, mais il est plein de bonté même envers les passereaux; il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

«Et tu feras bien de leur faire la conduite d'une manière digne de Dieu» (il s'agit de ces prédicateurs itinérants), «car ils sont sortis pour le nom, ne recevant rien de ceux des nations». Ces hommes s'attendaient entièrement à Dieu.

«Démétrius a le témoignage de tous et de la vérité elle-même» (verset 12). Jean considère la vérité comme une chose qui est là, dans le monde, et qui passe par un chemin de service au milieu de toute sorte de luttes. Démétrius a le témoignage de la vérité elle-même; l'évangile lui-même lui rendait témoignage. L'évangile ou la vérité est personnifié ici. Quand un homme est haï à cause de la vérité, nous disons que c'est la vérité qui est haïe. L'évangile est l'amour dans la vérité, et l'amour dans la vérité, actif dans le monde. C'est là la substance de cette troisième épître de Jean: d'abord la vérité; ensuite, l'activité de l'amour et de la grâce qui coopère avec la vérité. Après cela, l'apôtre nous dit qu'il y avait des personnes qui aimaient à être haut placées dans l'église; elles ne recevaient même pas l'apôtre, mais ne lui ôtaient pas son pouvoir: «C'est pourquoi, si je viens, je me souviendrai des oeuvres qu'il fait» (verset 10).

«Bien-aimé, n'imite pas le mal, mais le bien celui qui fait le bien est de Dieu, celui qui fait le mal n'a pas vu Dieu» (verset 11). Nous avons vu la vérité d'abord, et puis la grâce envers les frères et envers les hommes en général. Si vous faites le bien, vous êtes de Dieu. Il ne s'agit pas seulement du mal; l'apôtre dit: «Celui qui fait le bien, est de Dieu», c'est le service actif de l'amour. Dieu ne fait pas le mal, nous n'avons pas besoin de le dire, mais il fait le bien.

«Démétrius a le témoignage de tous et de la vérité elle-même, et nous aussi nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est vrai» (verset 12). Démétrius était l'un de ces prédicateurs itinérants, dont Diotrèphe ne voulait pas et que l'apôtre encourage Gaïus a recevoir. Il est intéressant de trouver dans l'Ecriture, non seulement de grandes doctrines, mais tous les détails intérieurs de ce qui se passait même alors. Nous oublions trop que les choses se passaient alors exactement comme elles se passent aujourd'hui: il y avait des gens qui s'en allaient prêchant la vérité, et il y avait des gens qui ne voulaient pas les recevoir. Voilà ce qui se passait dans l'intérieur de la chrétienté.

Nous pensons généralement que l'état d'alors était quelque chose d'extraordinaire, au lieu d'avoir compris qu'il y avait la même lutte entre le bien et le mal, et qu'en principe c'était la même sorte de chose que nous voyons autour de nous aujourd'hui. Le Seigneur laissait l'apôtre pour veiller avec l'énergie d'une vie qui ne pouvait pas défaillir en elle, sur l'Eglise qui déclinait, et pour nous donner les avertissements dont nous avons toujours besoin.

C'est une chose merveilleuse de savoir que la vérité est venue dans le monde. Ce n'est pas seulement que certaines choses sont vraies, mais la vérité elle-même est venue. Je possède ce qui est la vérité de Dieu Lui-même au milieu des pensées et des imaginations des hommes: «la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ». Nous avons vu ici deux choses, d'abord, la vérité qui est venue et a éprouvé toute chose; ensuite, la grâce envers les frères et même des étrangers, selon cette vérité. C'est une chose infiniment précieuse de posséder ce qui nous lie avec Christ en haut; c'est là le repos pour toujours. Ce monde tout entier passe, et «l'esprit sort de l'homme, et l'homme retourne en terre, et en ce jour-là ses desseins périssent»; mais nous, nous avons la vérité au milieu de tout ce qui passe; la parole de notre Dieu demeure à toujours. Dans la paix, tenant ferme par cette parole, nous possédons, par grâce, ce que nous savons qui est éternel. «Christ est le chemin, la vérité et la vie».