L'appel de l'épouse - Genèse 24

 ME 1875 page 276

 

Nous vivons dans un temps où tout est mis en question, du moins tout ce qui est de Dieu, et en méditant ce chapitre, je suis heureux d'avoir l'occasion de vous présenter la vérité de Dieu dans une portion de sa Parole qui, tout en ayant été l'objet d'attaques toutes particulières, fournit un témoignage aussi simple que positif de la pensée, de la sagesse et de la bonté de Celui qui a dicté cette Parole pour notre instruction.

Il ne faut pas chercher dans ce chapitre la révélation de l'Eglise de Dieu: on n'y trouve rien ici qui nous dise l'union des Juifs et des Gentils en un seul corps. Mais lorsque plus tard le mystère est manifesté, ceux qui sondent les Ecritures peuvent admirer comment Dieu en avait préparé la place et le type, lors même qu'Il n'en avait pas encore révélé le caractère. Il n'en est pas ainsi non plus seulement dans cette partie des Ecritures prise isolément; car il y a une liaison bien positive entre elle et ce qui la précède, et ce qui la suit. Et s'il en est vraiment ainsi, n'avons-nous pas là un beau témoignage du caractère absolu de l'inspiration! Quelques personnes voudraient nous faire considérer les Ecritures comme contenant la Parole de Dieu, mais n'étant pas elles-mêmes cette Parole: un exemple pris au milieu du livre, nous montrera Dieu lui-même dans chaque mot.

La portion des Ecritures sur laquelle j'attire maintenant votre attention, commence au chapitre 22 de la Genèse. Ce chapitre n'est pas un point de départ arbitraire; car il est introduit ainsi: «Et il arriva après ces choses, que Dieu éprouva Abraham». Il s'agit, on le voit, d'une nouvelle série de divins tableaux de la vérité. Le père est appelé à sacrifier son fils. — Epreuve sans pareille! Il doit l'offrir en holocauste sur la montagne de Morija. Le fils reste sous la sentence de mort jusqu'au troisième jour; puis, lorsque l'obéissance est démontrée pleine et parfaite, la main armée du couteau étant étendue pour égorger le fils, cette main est arrêtée, et un bélier, retenu par ses cornes à un buisson, est substitué au fils. Ainsi Dieu se pourvut d'un agneau pour l'holocauste, car aucun type ne peut atteindre à la hauteur ou descendre à la profondeur de cette vérité, que le Fils de Dieu est l'Agneau de Dieu. — Où est le chrétien qui ne sache pas que Dieu nous fournit ici un type du sacrifice du Fils de Dieu? Tous ceux qui croient aux Ecritures et admettent la concordance qu'il y a entre le Nouveau Testament et l'Ancien, ne peuvent que reconnaître ce type, que le Saint Esprit confirme de son sceau par des traits évidents pour tous. L'ordre même dans lequel les choses nous sont présentées est instructif. Plusieurs, nous le savons, se contentent de voir l'amour de Dieu dans le sacrifice dont Dieu s'est pourvu, le bélier substitué étant le type de Celui qui est mort pour nos péchés.

Mais le Nouveau Testament ne s'en tient pas là, comme eux. Au chapitre 11 de l'épître aux Hébreux, nous lisons qu'Abraham «offrit son fils unique, à l'égard duquel il lui avait été dit: «En Isaac te sera appelé une semence», — ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d'entre les morts; d'où aussi, en figure, il le reçut», nous donnant à entendre ainsi que le chapitre 22 de la Genèse nous présente un type, non seulement de la mort de Christ, mais encore de sa résurrection.

Mais le Nouveau Testament nous fournit une autre allusion à cette scène mémorable, là où, dans l'épître aux Galates, au chapitre 3, l'apôtre insiste sur la «semence», en contraste avec «les semences». Cette citation de la Genèse présente souvent beaucoup de difficulté, même aux croyants. Ils ne mettent pas en doute ce que l'apôtre affirme, mais ils sentent qu'ils ne comprennent pas ce qu'il veut dire. Ils savent que le mot «semence» peut dans toutes les langues s'appliquer à plusieurs, aussi bien qu'à un seul, et ainsi le sens du passage leur échappe. Paul doit avoir raison, ils en sont convaincus; mais ce qu'il veut dire, ils ne le comprennent pas, et la difficulté les entraîne facilement à aller plus loin et à juger la parole qui est au-dessus de leur portée. Ils feraient mieux de se tourner vers Dieu et de sonder la Parole de sa grâce.

Je crois que l'apôtre veut dire ceci: L'ange de l'Eternel cria des cieux une première fois à Abraham (Genèse 22: 11) et arrêta le couteau (figure de la mort) levé sur Isaac: puis, Dieu ayant montré le bélier à Abraham qui l'offre en holocauste, alors l'ange de l'Eternel cria des cieux une seconde fois, disant: «J'ai juré par moi-même, dit l'Eternel; parce que tu as fait cette chose-ci, et que tu n'as point épargné ton fils, ton unique, certainement je te bénirai et je multiplierai très abondamment ta postérité comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis…» (Genèse 22: 15-17). Plus d'un lecteur superficiel trouve ce passage difficile à comprendre. Il trouve étrange que l'apôtre mette une telle importance à «la semence» comme ne parlant que d'un seul, puisque le texte semble parler d'une postérité nombreuse; mais lisez plus loin: «Et toutes les nations de la terre seront bénies en ta semence». Ici nous arrivons au point traité dans l'épître aux Galates. Dieu place deux sortes de bénédictions devant nous; non seulement deux mesures, mais deux ordres de bénédiction. La bénédiction promise à une nombreuse postérité vient d'abord, et ici, où le nombre est lié à la semence, jusqu'à: «ils posséderont la porte de leurs ennemis», la bénédiction a un caractère essentiellement juif. Certainement Dieu accomplira tout cela un jour: il veut bénir aussi bien que délivrer son peuple terrestre. Il maintiendra le gouvernement divin du monde en Israël; il rétablira toutes choses, quand Satan aura tout gâté. Son propos est d'arracher de la main du destructeur l'apparente victoire qu'il a remportée; et quand Son peuple sera tombé aussi bas qu'il peut tomber, alors Dieu interviendra, et Il relèvera son peuple et le mettra au faîte de toutes les bénédictions et de toutes les gloires de la terre. Les écrits des prophètes sont pleins de ce sujet; mais le premier de tous les livres de la Bible témoigne déjà de ce que Dieu fera, et cela en rapport avec le sacrifice d'Isaac comme type.

Mais il y a autre chose encore. L'Apôtre, au chapitre 3 de l'épître aux Galates, appuie sur «la semence», Dieu parlant d'un seul. En rapport avec cette semence, il nous montre une autre sorte de bénédiction que celle dont nous venons de parler. L'ennemi essayait de faire passer au judaïsme les croyants d'entre les Galates (en principe, je n'ai pas besoin de le dire, et pas de fait), en insistant sur la circoncision comme moyen de s'assurer la bénédiction. Les Galates étaient ainsi exposés au danger de perdre ce que le christianisme a de plus précieux. L'Apôtre essaie de les ramener à la vérité en leur montrant que, lorsque Dieu parle «d'une semence» (sans dire qu'elle sera nombreuse), c'est aux Gentils que la bénédiction est promise, non pas aux Juifs distinctivement. Il applique ce mot de «semence» à Christ ressuscité, disant: «Et en ta semence» (sans faire mention ici d'un nombre comme du sable de la mer ou des étoiles du ciel) «toutes les nations de la terre seront bénies». Ce n'est pas des Juifs possédant la porte de leurs ennemis qu'il s'agit ici, mais des nations «qui seront bénies»: la possession de «la porte des ennemis» est promise à la nombreuse postérité; la bénédiction des nations est en rapport avec «la semence», qui est Christ. Je le répète c'est là le grand point dans le verset 16 du chapitre 3 de l'épître aux Galates. Notre bénédiction n'est pas avec Christ comme Messie sur la terre, mais avec Celui qui a été crucifié et qui est ressuscité d'entre les morts; c'est une bénédiction d'un caractère tout nouveau, ayant sa place de l'autre côté de la mort avec le Seigneur Jésus ressuscité, «ta semence, qui est Christ». Ainsi nous devenons la semence d'Abraham, non par la circoncision, qui a lieu de ce côté-ci de la mort, mais par la foi en Celui qui est mort et qui est ressuscité. C'est la fin complète, devant Dieu, de l'homme dans la chair, et l'introduction d'un nouvel homme, en Christ ressuscité, dans lequel il n'y a ni Juif, ni gentil: et la foi s'en tient à ce qui est devant Dieu.

Une autre difficulté s'élève ici pour plusieurs: Sara meurt dans le chapitre 23. Pour que le type s'accordât avec une doctrine trop répandue dans la chrétienté, Sara aurait dû être désormais pleine de vie et de santé; et certainement, si l'homme et les pensées de l'homme avaient prévalu, c'est ainsi que le type nous aurait été présenté, car la plupart des théologiens envisagent ce sujet de cette manière. Mais, selon les Ecritures, Sara meurt. Ce n'est pas Agar, l'ancienne alliance selon la chair, qui disparaît, mais c'est la mère de la Semence promise. Que signifie donc cette mort? Si nous devons voir, dans le chapitre 22 de la Genèse, la préfiguration de la mort et de la résurrection du Seigneur et du propos de Dieu de bénir les Gentils, en Christ, d'une bénédiction toute autre que celle qui est promise à Israël, je le répète, quelle est la signification de la mort de Sara dans ce moment-là?

Le livre des Actes nous le dira clairement, Après le don du Saint Esprit, les apôtres présentèrent le Seigneur Jésus à Israël comme peuple, s'adressant aux «hommes Israélites», et leur donnant l'assurance, fondée sur la vérité de Dieu, que, s'ils se repentaient et recevaient Celui qu'ils avaient mis à mort et qui était maintenant ressuscité par la grande puissance de Dieu, toutes les promesses que Dieu leur avait faites recevraient leur accomplissement. «Le Dieu d'Abraham, et d'Isaac, et de Jacob, le Dieu de nos pères», lisons-nous au chapitre 3, «a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, lorsqu'il avait décidé de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât un meurtrier; et vous avez mis à mort le Prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d'entre les morts ce dont nous sommes témoins». Et plus loin: «Mais Dieu a ainsi accompli ce qu'il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, savoir que le Christ devait souffrir. Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés; en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la présence du Seigneur, et qu'il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné, et lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu'aux temps du rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps».

N'est-il pas bien clair ici, que Dieu, par la bouche de son serviteur, offre à Israël d'accomplir tout ce qui lui avait été promis? Mais Israël a refusé l'offre; et la conséquence de ce refus a été que l'offre a été complètement retirée pour un temps. Sara meurt. La présentation de l'alliance de la promesse cesse d'avoir lieu; nous n'entendons plus Dieu s'adresser à Israël en disant, comme nous lisons au chapitre 3 des Actes: «Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a établie avec nos pères, disant à Abraham: Et en ta semence seront bénies toutes les familles de la terre. A vous, premièrement, Dieu, ayant suscité son serviteur, l'a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de vos méchancetés». Dieu fit l'offre; mais l'offre fut rejetée, et dès lors la parole du Seigneur n'est plus adressée de cette même manière à Israël, et il ne lui est plus fait d'ouvertures sur le même terrain. Sara meurt. Ce n'est pas que Sara ne doive pas ressusciter; et aussi sûrement qu'elle ressuscitera, aussi sûrement reparaîtra, avec le retour du Fils de l'homme, l'alliance de la grâce pour les deux maisons d'Israël.

Mais que lisons-nous à la suite de tout cela? Un apôtre extraordinaire est appelé et un terrain nouveau est établi; non, c'est trop peu d'appeler ainsi ce grand changement! — Le mystère, qui était resté caché dès les siècles et les générations, est révélé par un nouvel instrument choisi pour cela. Saul de Tarse devient le témoin caractéristique, non pas de la mère de la Semence de la promesse, non pas de l'accomplissement de ce que Dieu s'est engagé, depuis le commencement, à faire pour la postérité d'Abraham, mais il vient révéler le mystère qu'une Epouse est appelée et tirée de ce monde, et formée et préparée pour l'Epoux ressuscité. L'apôtre Paul devient le ministre spécial et typique de l'Eglise. Ainsi l'Ancien et le Nouveau Testament s'accordent parfaitement entre eux.

Le chapitre 24 de la Genèse, introduit précisément ainsi une scène tout à fait nouvelle qui confirme de la manière la plus significative ce que nous venons de dire. «Or Abraham», est-il dit, «devint vieux et fort avancé en âge; et l'Eternel avait béni Abraham en toutes choses. Et Abraham dit au plus ancien des serviteurs de sa maison, qui avait le gouvernement de tout ce qui lui appartenait: Mets, je te prie, ta main sous ma cuisse, et je te ferai jurer par l'Eternel, le Dieu des cieux et le Dieu de la terre, que tu ne prendras point de femme pour mon fils d'entre les filles des Cananéens parmi lesquels j'habite; mais tu t'en iras en mon pays et vers mes parents, et tu y prendras une femme pour mon fils Isaac».

Les Cananéens, comme chacun le sait, étaient les futurs ennemis du peuple élu; ils étaient déjà dans le pays comme instruments de Satan pour en exclure, si possible, ou au moins, pour combattre et corrompre ceux que Dieu avait appelés. Ils nous présentent en figure, selon Ephésiens 6, nos ennemis «les dominateurs des ténèbres de ce siècle, la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes», ceux contre lesquels nous avons à combattre. Ce n'est donc évidemment pas parmi les démons et les anges déchus que Dieu choisit une compagne pour son Fils: c'est du monde que la grâce souveraine tire et prépare une épouse pour Christ.

Voici le commandement du père à son serviteur qui avait le gouvernement de tout ce qui lui appartenait: «Tu iras en mon pays et vers mes parents, et tu y prendras une femme pour mon fils Isaac».

Le serviteur entrevoit des difficultés, il a des craintes: «Peut-être que la femme ne voudra point me suivre en ce pays. Me faudra-t-il nécessairement ramener ton fils au pays d'où tu es sorti?» Et Abraham lui dit: «Garde-toi bien d'y ramener mon fils. L'Eternel, le Dieu des cieux, qui m'a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté, et qui m'a parlé et juré, en disant: Je donnerai à ta postérité ce pays-ci, enverra lui-même son ange devant toi; et tu prendras de là une femme pour mon fils. Que si la femme ne veut point te suivre, tu seras quitte de ce serment que je te fais faire. Quoiqu'il en soit, ne ramène point là mon fils» (versets 5, 6). Il n'est aucun point sur lequel l'Ecriture insiste davantage, dans ce chapitre, que celui-ci: Isaac, le fils ressuscité, doit rester exclusivement en Canaan; il ne doit en sortir sous aucun prétexte.

Il en a été autrement dans d'autres cas. Abraham lui-même a été appelé de la Mésopotamie, Dieu l'en faisant sortir; et c'est de là qu'il a amené sa femme. Plus tard, Jacob quitte Canaan et s'en va bien loin, et épouse Léa et Rachel; puis il revient en Canaan et descend en Egypte. Mais pour Isaac, pendant que le serviteur va en Mésopotamie choisir et chercher l'épouse, lui, doit rester dans le lieu qui est le type bien connu du ciel: pendant tout ce temps du moins, l'époux demeure en Canaan exclusivement. De même, le Fils du Père n'a aucune relation avec le monde pendant que l'Epouse est appelée et préparée; on ne le voit que dans le ciel, à la droite de Dieu. Ce fait est aussi positif quant à Christ, dans la doctrine du Nouveau Testament, que l'est le commandement d'Abraham quant à Isaac dans le type de la Genèse. C'est un privilège immense que d'être bénis avec Christ, — d'être bénis non seulement par Lui, mais avec Lui, et non seulement avec Lui, mais avec Lui dans le ciel, en la présence de Dieu! Telle est notre bénédiction à nous qui sommes dans le lieu d'où il a été ignominieusement rejeté; et telle est notre bénédiction en Lui maintenant, pendant qu'il est à la droite de Dieu.

N'est-ce pas cette place céleste de Christ, que l'Esprit de Dieu fait ressortir avec tant de soin dans le chapitre que nous avons sous les yeux? «Peut-être que la femme ne voudra pas me suivre en ce pays; me faudra-t-il nécessairement ramener ton fils au pays d'où tu es sorti?» Abraham lui dit: «Garde-toi bien d'y ramener mon fils». Pendant l'appel et la formation de l'Eglise, Christ ne soutient aucune relation directe avec la terre; il est simplement la Tête glorifiée dans les cieux. Avant cela, il était descendu sur la terre; et c'est ici-bas, sur la terre seulement, en Celui qui a été élevé de la terre sur la croix, que la grande oeuvre de la rédemption a pu être accomplie; par le Fils, que le Père n'a pas épargné, mais qu'il a livré pour nous tous. C'est sur la terre que l'homme a péché, et c'est sur la terre que le péché doit être jugé; mais c'est dans le ciel et seulement dans le ciel, qu'on voit Christ en relation avec l'Epouse. C'est du ciel que le Saint Esprit descend; c'est pour le banquet des noces de l'Agneau dans le ciel que l'Epouse est préparée, et c'est pendant que l'Epoux ressuscité est dans le ciel, qu'elle est en voie de formation sur la terre, avant qu'Il vienne pour prendre les saints à Lui et les présenter dans le ciel.

Beaucoup de questions difficiles sont éclaircies et vidées par ce qui précède, des questions dont les chrétiens surtout se préoccupent, le monde ne s'y intéressant guère et appelant tout cela du fanatisme. C'est pourquoi Satan cherche tant à nous faire perdre notre union avec Christ, la Tête céleste, car, si notre force et notre joie dépendent de la manière dont nous comprenons notre vraie relation avec Christ et dont nous jouissons de celle de Christ avec nous, les efforts de l'ennemi tendent à séparer, autant que possible, Christ et l'Eglise. Le travail incessant de l'Esprit de Dieu, au contraire, est de placer et de soutenir le croyant (non seulement le croyant individuellement, mais l'Eglise) dans le sentiment vivant et présent d'une union «corporative» avec Christ, Dieu s'attendant de notre part à une conduite basée sur cette union. Comment notre marche serait-elle ce qu'elle doit être, si nous ne connaissons pas la position et les relations dont elle découle? L'affection, l'intimité d'union, et l'obéissance, qui sont les devoirs de l'épouse, sont inséparables de sa place d'épouse; dans une relation différente, elles seraient déplacées et seraient le plus grossier péché. Si l'épouse ne vit et ne se conduit pas ainsi, elle manque complètement à ses devoirs: la connaissance de la relation est la base des devoirs.

Au milieu de la scène qui nous occupe dans ce moment et qu'un Juif, et même quelques chrétiens, pourraient considérer comme un simple tableau de vie domestique, l'Esprit de Dieu nous donne l'esquisse typique de notre appel et de notre relation avec Christ, relation qui est d'une importance capitale pour nos âmes maintenant, et qui est d'autant plus douce que nous voyons, par la Genèse, comment elle était dès les premiers temps devant Dieu, et que nous savons d'ailleurs, par le Nouveau Testament, qu'elle était dans les conseils de Dieu en Christ, avant que le monde fût. La Genèse nous en fournit ici l'ombre, et, ce qui me paraît d'un grand prix, nous la montre en rapport avec le système de la promesse et, avant tout, avec le sacrifice du Fils de Dieu.

Mais nous avons à remarquer d'autres traits importants qui complètent cette esquisse et qui siéent à une pareille scène. Je voudrais d'abord insister encore sur cette grande vérité, qu'ici déjà, nous voyons que l'Eglise est fondée sur l'oeuvre accomplie de Christ, non pas seulement sur la mort de Christ, mais aussi sur sa résurrection. Ici le «fils» est ressuscité, et apparaît dans une place toute nouvelle, et c'est Christ que nous y découvrons sous la figure d'Isaac, Isaac recouvré d'entre les morts, pour ainsi dire, et qui demeure exclusivement en Canaan, le type connu du ciel. Quand nous nous reportons à l'histoire précédente d'Abraham, ou à ce que nous lisons plus loin de l'histoire de Jacob, de Joseph, ou de tel autre patriarche, cette restriction solennelle relative à Isaac nous parait d'autant plus remarquable. Nous voyons quelle tendance il y avait à ce que les traits de famille se répétassent de père en fils, et ce trait spécial à Isaac en est rendu plus frappant encore, surtout lorsque nous comprenons sa complète signification en Christ, notre Tête céleste et notre Epoux, déjà maintenant! Isaac a seul cette place typique. Aucun autre des patriarches ne nous est présenté comme lui, en Canaan, en rapport avec l'appel de Rebecca. Si Dieu voulait représenter un Epoux exclusivement céleste, comment aurait-il pu le faire d'une manière plus puissante? Isaac ne doit quitter Canaan sous aucun prétexte, quelles que soient les difficultés qu'il puisse y avoir à lui amener l'épouse.

Nous avons déjà remarqué que l'Esprit de Dieu place la même vérité ouvertement devant nous dans les Epîtres du Nouveau Testament, et aussi, en substance, dans la dernière partie de l'évangile de Jean, où l'apôtre montre Christ, nous plaçant dans la même position que Lui dans le ciel. Cependant, dans l'Ancien Testament, Christ est souvent présenté comme Celui qui doit régner sur Israël béni et restauré dans son pays, comme Celui qui jugera et gouvernera toutes les nations. Et ainsi, infailliblement il régnera, car l'Ecriture ne peut pas être anéantie; et si la Parole de Dieu pouvait faillir quant à la terre, comment pourrions-nous nous y fier pour les choses du ciel? Les Psaumes et les prophètes sont pleins de glorieuses visions pour ce jour où le Messie, une fois humilié, dominera depuis une mer jusqu'à l'autre, et établira sur la terre les jours du ciel. C'est pourquoi les saints d'autrefois, quoiqu'ils ne soient pas sans avoir vu de loin et salué les choses du ciel (nous le savons par l'épître aux Hébreux), considéraient avec raison la terre comme la sphère future de bénédiction manifestée, si ce n'est même la terre exclusivement. Sans aucun doute Christ demandera, et Dieu lui donnera «les nations pour son héritage, et pour sa possession les bouts de la terre». Mais ce jour où Christ les demandera et où il les obtiendra, ce jour par conséquent du jugement des vivants (Psaumes 2: 8, 9) est en contraste avec le moment actuel (Jean 17) où Christ ne demande pas le monde, comme il le fera alors, mais nous veut, nous, tandis qu'Il est dans le ciel. C'est Lui qui est le vrai Isaac, imprimant ainsi un caractère céleste à des âmes sur la terre ne leur donnant pas seulement une destination céleste pour le temps à venir, mais leur imprimant en outre déjà maintenant, ici-bas, son céleste sceau de sa part et en commun avec Lui, en sorte qu'elles savent qu'elles sont à Lui qui est dans le ciel, quoiqu'elles soient encore sur la terre.

Le temps aussi était venu pour cette merveilleuse manifestation de foi. Le Seigneur Jésus était descendu dans les profondeurs de l'expiation. Il avait été rejeté par les Juifs, et Dieu, pour le moment, avait rejeté ceux-ci et retiré la bénédiction directe de la terre, comme telle, car cette bénédiction dépend de leur réception qui sera pour le monde comme une vie d'entre les morts (*). C'est pourquoi ce n'est pas sur la terre, qui a rejeté le Juste, que la justice nous est présentée maintenant, mais dans le ciel, où Dieu a glorifié le Saint que l'homme a méprisé et renié; et ceux qui le reçoivent sont faits «justice de Dieu» en Lui. Ainsi la grâce présente de Dieu est plus riche que toutes les promesses; car Dieu ne s'est jamais limité à une promesse. La pensée en effet serait-elle admissible que Dieu pût être limité ou que sa grâce pût s'épuiser?

(*) Romains 11: 15.

Le grand fait pour nous, en face de Satan qui a conduit le monde à mettre Jésus à mort, est que ce Jésus, après avoir souffert pour nos péchés, a été ressuscité et placé dans la gloire céleste, et que Dieu appelle et tire de ce monde des âmes, pour être non seulement bénies avec Christ, mais pour être unies par son Esprit en un corps, «le corps de Christ», — et tout cela pendant que Christ est dans le ciel et que nous sommes ici-bas.

Telle est votre position vis-à-vis de Christ, si vraiment vous possédez maintenant, en vous, l'Esprit de Christ. Vous êtes membres de son corps, chair de sa chair, os de ses os (*), quelles que soient vos propres pensées et quoique les hommes aient pu vous dire. «Tel qu'est le Céleste, tels sont aussi les célestes». Si vous croyez en Lui, ne craignez pas de le confesser, ne doutez pas de votre bénédiction en Lui, et n'ayez pas honte de Lui, en quelque manière que ce soit.

(*) Ephésiens 5: 22-32.

Qu'il est triste d'avoir à insister ainsi sur une vérité dont l'Eglise devrait pleinement jouir! Qu'il est humiliant d'avoir à rappeler maintenant aux enfants de Dieu tout ce que Dieu leur a donné dans sa grâce, tout ce qui leur appartient, mais qu'ils ont, hélas! oublié. Ce n'est pas nous qui avons à choisir la nature de nos relations avec Christ, c'est Dieu qui en décide. J'ai entendu dire à quelqu'un qui croyait être humble en le disant: «Je n'ose pas demander d'être un fils de Dieu, je suis content d'être son serviteur». Hélas! de tels sentiments sont de l'incrédulité et non de l'humilité. Nous ne devons pas nous mesurer nous-mêmes par nous-mêmes ou par d'autres: nous devons comprendre que Christ a tout souffert, afin que Dieu puisse nous bénir en conséquence, et selon ses conseils divins, pour la gloire de son Fils, nous unir à Lui dans une position qui est le fruit de la rédemption et selon la gloire de Celui qui l'a accomplie.

Christ donc, est-il maintenant «le Céleste?» — Tel qu'est le Céleste, tels sont aussi les célestes» (*). Et s'il y a des célestes qui sont-ils? Ce ne sont pas les anges: les bons anges ne quittent pas leur position, et les mauvais anges ont encore à être jugés. La grâce agit dans toute sa plénitude, et les derniers que la nature supposerait devoir être choisis, sont justement ceux auxquels Dieu daigne accorder ses plus riches bénédictions.

(*) 1 Corinthiens 15: 48.

Telle est la vraie position du chrétien et de l'Eglise, et elle ne dépend pas du peu que nous pourrions avoir fait pour le nom de Jésus. Notre délivrance et nos relations avec Christ viennent de Lui seul et sont son oeuvre; elles ne sont pas l'oeuvre de ceux qui les reçoivent par la grâce de Dieu.

Mes frères, je ne dis pas que vous ne connaissiez pas votre position céleste, individuellement, ou dans votre association avec tous les saints, et que vous ne compreniez pas votre responsabilité à ces deux égards comme «temple de Dieu» (*). Je dis seulement qu'il faut que vous saisissiez et compreniez votre position et vos relations avant que vous puissiez manifester l'affection qui leur convient, ou marcher d'une manière qui y soit conforme. De qui attendre une conduite filiale, sinon d'un enfant qui connaît son père? Le même principe est vrai dans la sphère de Christ et de l'Eglise. C'est la position et la dignité de l'homme, non de la femme, qui déterminent celles de la femme. Christ a été sur la terre, et il y sera de nouveau; mais maintenant il est dans le ciel, et c'est là seulement que nous le connaissons. Si même nous l'avions connu autrement, nous ne le connaissons plus que là maintenant. Comme pour Rebecca, notre relation à nous aussi, est établie, et elle l'est par le Christ, qui nous a baptisés pour être un seul corps par le Saint Esprit envoyé du ciel. La croix a rendu cela possible, ayant ôté le péché par le jugement qui l'a condamné une fois pour toutes, — non pas par la patience et le support (quoique Dieu ait dans un temps usé de patience quant au péché), mais maintenant en justice; car la grâce règne par la justice, le péché ayant été jugé, et jugé comme il ne le sera jamais en enfer ni ne pourra jamais l'être de nouveau. La foi croit Dieu et se soumet a sa justice, et elle reçoit par Christ et avec cette portion céleste: croyant au Seigneur Jésus, nous sommes unis à Lui. L'Homme de douleurs, maintenant dans le ciel, a été donné pour Tête sur toutes choses à l'Eglise qui est son corps (**). Il a dû d'abord passer par la mort, car «à moins que le grain de froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul: mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit» (***).

(*) 1 Corinthiens 6: 19; 3: 16, 17; 2 Corinthiens 6: 11 et suivants; Ephésiens 2: 19-22. -  (**) Ephésiens 1: 22. — (**) Jean 12: 24.

La Parole de Dieu nous montre d'une manière parfaitement certaine, que ce n'est qu'après la rédemption que le Seigneur Jésus devient, à la droite de Dieu, la Tête de son corps, qui est maintenant formé sur la terre par l'Esprit. Il n'y avait rien de pareil quand Jésus était sur la terre; il n'était à aucun égard la Tête du corps avant d'avoir pris sa place en haut dans le ciel; le corps ne pouvait pas même avoir un commencement d'existence, avant que Christ fût dans le ciel comme Tête, pour que le Saint Esprit envoyé du ciel pût nous unir à Lui; car ce n'est ni une conscience réveillée, ni même la foi, qui unissent, mais seulement l'Esprit qui nous est donné en outre comme croyants. Je le répète: je crois d'une foi personnelle, individuellement; et cela est de la plus haute importance et d'une grande valeur pour l'âme de chacun. Si la conscience n'est pas tranquille, les affections divines n'ont pas leur cours libre et normal, et il était dans les voies de Dieu et selon la sagesse de Dieu, de vider toutes les questions avant de nous unir à Christ par l'Esprit.

Remarquez ici qu'il faut distinguer entre la nouvelle naissance et le baptême de l'Esprit. C'est comme pécheurs que nous sommes vivifiés, mais c'est comme saints que nous recevons l'Esprit, soit individuellement, soit pour l'union. Aucune incrédulité des croyants ne peut renvoyer cette bénédiction jusqu'au moment où nous serons dans le ciel; au contraire, d'après la Parole de Dieu, qui seule est infaillible, nous la possédons dès ici-bas, quoique nous en perdions maintenant le pouvoir pratique, la jouissance, et le témoignage, si nous n'y croyons pas. Nous faisons partie du corps de Christ maintenant. Aucune doctrine de l'Ecriture n'enseigne que nous devenions membres de son corps dans le ciel. Puisqu'il s'agit de Christ et de son oeuvre révélée par l'Esprit envoyé du ciel, il n'y a rien de trop excellent pour l'Eglise dans le coeur de Dieu, qui glorifie Christ et nous bénit en Lui. Tous les saints, dans tous les temps, sont appelés à souffrir, les chrétiens en particulier, non seulement pour la justice, mais pour Christ; et c'est ce que l'on n'aime pas.

L'incrédulité aime à rester dans le paisible et commode juste milieu du bon sens commun; elle a peur des extrêmes, parce qu'elle dédaigne Christ. Elle cherche le bien-être et les honneurs ici-bas, et espère être reçue au ciel et y obtenir pardon et miséricorde. Ce n'est pas là le christianisme: c'est le rétablissement d'un demi-judaïsme, qui détruit la vraie position et le témoignage de l'Eglise. La vérité peut être présentée quelquefois crûment, ou d'une manière peu exacte et relâchée, et Satan peut ainsi la rendre ridicule pour l'homme naturel et rebutante pour tout homme spirituel. Celui qui cherche la gloire de Dieu ne peut que le déplorer et le reconnaître, non le justifier; mais nous ne pouvons pas rabaisser la vérité ni la rendre agréable au monde ou aux chrétiens qui cherchent à marcher avec le monde. Tout ce qui est selon Dieu doit découler de la foi: la foi du saint (je ne dis pas de l'âme qui vient à Dieu) est formée par son objet, qui est Christ, maintenant dans la gloire, Christ à qui le saint est uni et par lequel il est transformé de plus en plus en la même image, par l'Esprit du Seigneur, de gloire en gloire. Il va sans dire que jusqu'à ce qu'une âme ait fléchi devant Dieu dans le sentiment de son péché et qu'elle ait trouvé la rédemption par le sang de Christ, c'est une folie et même un mal de parler d'autres et célestes privilèges; mais quand tous les besoins de la conscience devant Dieu sont satisfaits par la foi, l'Esprit scelle le croyant qui est fait un avec Christ dans le ciel.

Chacun peut apprendre par les Ecritures que sans foi il n'y a pas d'union; mais que la foi, en elle-même, n'unit jamais. Les Ecritures ne donnent nulle part l'idée qu'une personne soit unie à Christ par la foi; mais quand une personne croit, elle est faite un avec Christ par le Saint Esprit, qui condescend maintenant à prendre la place de serviteur des conseils du Père, pour la gloire de son Fils bien-aimé. Comme le Fils était devenu serviteur pour faire la volonté du Père ici-bas, ainsi maintenant l'Esprit est occupé à glorifier Christ en communion avec les pensées et l'amour du Père. Il fallait pour cela que Christ fût d'abord élevé au ciel après avoir parfaitement achevé son oeuvre, et qu'il eût envoyé de là le Consolateur, pour être avec nous et en nous pour toujours.

Eliézer, le serviteur, nous présente un beau fruit de l'Esprit dans la foi par laquelle il agit, — et qui se manifeste par la prière selon Dieu: «Alors le serviteur prit dix chameaux d'entre les chameaux de son maître, et s'en alla; car il avait tout le bien de son maître en son pouvoir. Il partit donc, et s'en alla en Mésopotamie, à la ville de Nacor. Et il fit reposer les chameaux sur leurs genoux hors de la ville, près d'un puits d'eau, sur le soir, au temps que sortent celles qui vont puiser de l'eau. Et il dit: O Eternel, Dieu de mon seigneur Abraham, fais que j'aie une heureuse rencontre aujourd'hui, et sois favorable à mon seigneur Abraham. Voici, je me tiendrai près de la fontaine d'eau, et les filles des gens de la ville sortiront pour puiser de l'eau. Fais donc que la jeune fille à laquelle je dirai: Baisse, je te prie, ta cruche, afin que je boive; et qui me répondra: Bois, et même je donnerai à boire à tes chameaux, soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac; et je connaîtrai à cela que tu as été favorable à mon seigneur. — Et il arriva qu'avant qu'il eût achevé de parler, voici, Rebecca, fille de Béthuel, fils de Milca, femme de Nacor, frère d'Abraham, sortait ayant sa cruche sur son épaule».

N'est-ce pas là vraiment prier par le Saint Esprit? C'est la prière faite, non seulement pour obtenir une chose, mais pour obtenir cette chose parce qu'elle est pour la gloire du Fils et dans la pensée du Père pour nous la donner. Cette prière du serviteur d'Abraham me paraît être, dans tout l'Ancien Testament, la plus vivante anticipation de ce que c'est que de demander au Père au nom de Christ, et de recevoir ce que nous demandons ainsi. Je parle de l'esprit de la chose.

Croyez-vous que ce soit un hasard que ces passages se trouvent ici? Quel contraste il y a entre cette prière d'Elihézer et le voeu de Jacob au chapitre 28 de ce même livre de la Genèse ou son cri de détresse au chapitre 32! Il n'y a, je ne crois pas trop dire, aucun autre chapitre de la Genèse, où il soit autant question de la prière que dans celui-ci. Et pourquoi? N'est-ce pas parce que maintenant, pendant l'appel de l'Epouse, la marche par la foi nous est présentée en figure par Celui qui demeure et qui opère en nous? Certainement Dieu n'attend pas moins de confiance et de constante dépendance de la part de ceux qui portent le nom de Christ. Il va sans dire que de tout temps, depuis que Dieu s'est occupé de l'homme, tous ceux-là ont prié qui ont en la foi et nous le voyons en Abraham, et en d'autres; mais nous ne trouvons nulle part ailleurs, je le pense, dans ce même livre, un type comme celui qui nous est présenté ici sur ce point.

Il y a un autre trait encore: le Saint Esprit est descendu du ciel d'une manière qui n'avait pas été auparavant. Aussi sûrement que le Fils est descendu en personne sur la terre pour y devenir chair, aussi sûrement l'Esprit est venu maintenant, pour demeurer en nous et avec nous. Le Saint Esprit était venu d'abord pour demeurer dans le Fils; il avait scellé, et sans du sang, Celui qui était le Saint de Dieu. Mais comment pouvions-nous, nous qui étions pécheurs, avoir son Esprit en nous? Comment pouvions-nous devenir les vases du Saint Esprit de Dieu? Uniquement en vertu du sacrifice parfait de Christ qui nous a rendus parfaits. Après ce sacrifice, et non avant le Saint Esprit est descendu pour habiter dans ceux qui avaient été, de misérables pécheurs; et il peut demeurer en nous pour toujours maintenant, en vertu du sang qui nous purifie de tout péché. Ceci ne parle-t-il pas à nos coeurs d'une manière bien puissante, frères bien-aimés? C'est une chose si solennelle pour tous les chrétiens! Nous avons besoin de cultiver cet esprit de foi et de prière qui, seul, nous garde pratiquement dans la présence de Dieu où toute chair est jugée, sachant aussi que Dieu nous entend, et que nous recevons de Lui les choses que nous lui demandons.

Mais ce n'est pas tout. Le même serviteur qui représente le pouvoir de l'Esprit agissant dans l'homme maintenant, montre aussi la merveilleuse fidélité avec laquelle Dieu, non seulement le guide, mais prépare et arrange tout pour lui, exactement comme au commencement du chapitre Abraham ne reconnaît, pas Dieu seulement comme l'Eternel Dieu, mais comme «le Dieu des cieux et le Dieu de la terre». Le chrétien de même, et plus encore, devrait sentir ainsi, selon la grandeur infinie des révélations de la gloire du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi, au chapitre 4 de l'épître aux Ephésiens, il nous est présenté comme étant «au-dessus de tout», et «partout», et «en nous tous». Ce n'est pas seulement que nous soyons placés par la grâce dans la plus grande proximité de Lui, mais, quelque méprisés et rejetés que nous puissions être pour l'amour de Christ, nous sommes placés, et nous devrions le comprendre, comme enfants dans cette intimité qui nous permet de parler à Celui qui tient toutes choses entre ses mains. Comme le serviteur «prit une bague d'or, du poids d'un demi-sicle et deux bracelets pour mettre sur ses mains, pesant dix sicles d'or» (versets 22-30), ainsi à chacun de nous la grâce est donnée selon la mesure du don de Christ. (Comparez Ephésiens 4: 7-16).

Puis, le coeur du serviteur est aussi amené à l'adoration. «Et cet homme s'inclina et se prosterna devant l'Eternel et dit: Béni soit l'Eternel, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui n'a point cessé d'exercer sa gratuité et sa vérité envers mon seigneur; et lorsque j'étais en chemin, l'Eternel m'a conduit en la maison des frères de mon seigneur». La bénédiction d'Elihézer était sans doute plutôt un hommage qu'un culte dans le sens chrétien du mot; autrement dit, il s'agissait de quelque chose d'individuel, non pas des louanges des enfants de Dieu, ou de l'assemblée. Cependant l'acte d'Elihézer est la figure du culte. Avez-vous jamais remarqué qu'il y a beaucoup plus de ce genre d'hommage ou d'adoration, dans ce chapitre que dans tous les autres du livre de la Genèse? Pourquoi en est-il ainsi? N'est-ce pas parce que Dieu a maintenant préparé le chemin pour les vrais adorateurs? Dieu s'est maintenant révélé en amour et en vérité, dans le Christ, dans le Fils. Il ne se fait plus chercher comme en tâtonnant, si en quelque sorte nous pourrions le trouver; le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a amenés à Lui; son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu (*), n'étant pas seulement descendu en Lui jusqu'à nous sur la terre, mais en Lui qui est mort et qui est ressuscité et qui est à la droite de Dieu, nous ayant amenés dans le ciel pour que nous soyons devant Lui, sans tache, agréables dans le Bien-aimé. Comment pourrions-nous ne pas l'adorer?

(*) Jean 20: 17.

Dès qu'une âme prend la vraie place du chrétien et de l'Eglise, cette âme devient un adorateur en Esprit et en vérité. Dieu est révélé dans sa grâce, la rédemption est accomplie, le voile est déchiré, et nous avons accès auprès du Père maintenant comme des fils, et nous avons Dieu demeurant en nous. L'Esprit de Dieu ne pouvait qu'amener les enfants de Dieu à adorer. C'est pourquoi la première épître aux Corinthiens leur parle de chanter avec l'esprit; et pourtant nous savons quel était l'état des Corinthiens; et les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens leur disent de «s'exhorter l'un l'autre par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels», «chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur». Tout cela suppose une relation qui ne peut pas ne pas s'exprimer par des louanges et des bénédictions qui montent vers Dieu; et quel privilège pour nous que de pouvoir être ainsi tournés vers Dieu, au lieu de nous occuper de nous-mêmes, quoique cette occupation puisse, hélas! être nécessaire et ait sa place dans la vie du chrétien. Il y a un temps convenable pour tout, même pour une humiliation générale aussi, et c'est une chose dangereuse pour un chrétien que de ne pas se juger lui-même, en faisant souvent, en toute humilité, l'examen de ses voies. Mais, quoiqu'il y ait en nous qui demande à être jugé, ne laissons jamais s'éteindre ou se troubler dans nos âmes la louange de notre Dieu et de l'Agneau, et rendons sans cesse à notre Dieu et Père le culte que nous lui devons. C'est pourquoi nous lisons: «Que chacun s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe» (1 Corinthiens 11: 28).

Dans l'histoire qui nous occupe ici, nous voyons parfaitement, autant du moins qu'un type peut nous le montrer, le sentiment de ce que Dieu est et de ce qu'il a donné, remplissant le coeur d'Elihézer: il s'incline et se prosterne chaque fois que Dieu lui montre sa grâce. (Comparez versets 48, 52).

Remarquez encore comment l'appel de l'épouse se lie à la venue du Seigneur. On demande à Rebecca: «Veux-tu aller avec cet homme?» Il aurait été dans la nature humaine qu'elle désirât rester quelques jours de plus, «au moins dix». Mais l'épouse, qui pourtant n'a entendu qu'un message auquel elle a cru, a déjà son coeur tourné vers Isaac, comme celui du chrétien est tourné vers Christ: «Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez, et, croyant en Lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, etc.» (1 Pierre 1: 8). Frère, mère, maison, famille, patrie, tout parle en vain! Et le serviteur fut fidèle à sa mission d'amour qui était de ramener l'épouse en Canaan. — C'est le modèle parfait de l'Esprit opérant dans le nouvel homme, et faisant de Christ l'unique et seul objet d'attention pour lui. «Non que j'aie déjà reçu le prix, ou que je sois déjà parvenu à la perfection, mais je poursuis, cherchant à le saisir; vu aussi que j'ai été saisi par le Christ Jésus. Frères, pour moi, je ne pense pas moi-même l'avoir saisi; mais je fais une chose: oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (Philippiens 3: 12-14). Le serviteur ne se laisse distraire par rien; il n'a qu'une chose à faire. «Ne me retardez point, puisque l'Eternel a fait prospérer mon voyage; renvoyez-moi, afin que je m'en aille à mon seigneur». Personne ne parle de «résignation» à propos du départ. Est-ce son coeur seulement qui désire nous amener chez nous, vers Lui? Son amour, quand il est vraiment connu, éveille dans le coeur un amour vrai, comme ici nous entendons répondre simplement: «J'irai». L'Esprit et l'Epouse ne disent qu'une chose: «Viens, Seigneur Jésus, viens!» (Apocalypse 22: 16-20). Pouvez-vous le dire, bien-aimés frères? Il vient; «veux-tu aller vers Lui?»

Isaac vient à la rencontre de Rebecca; et elle, qui a tout laissé derrière elle, est «sortie» pour rencontrer l'époux, se voilant parce qu'elle n'appartient pas au monde mais à lui seul. A mesure que le moment approche, elle en réalise davantage par l'Esprit la bénédiction.

Que Dieu veuille, par son Esprit, nous faire comprendre la vérité de ce que Christ est pour nous! L'incrédulité essaie toujours d'être ce qu'elle n'est pas; comme croyants, nous ne pouvons jamais exagérer ce que la grâce nous a donné en Christ, tant sont grandes les bénédictions dont chaque saint de Dieu est béni en Christ maintenant, bien que, jusqu'ici, nous n'ayons que la Parole et l'Esprit de Dieu, méprisés tous deux par la chair, et auxquels, à l'un comme à l'autre, elle résiste.

Sondez la Parole de Dieu, et examinez jusqu'à quel point notre position s'accorde avec la vérité qui nous est présentée dans le beau chapitre que nous avons médité ensemble. L'un des objets principaux des épîtres du Nouveau Testament, est de nous révéler ce dont nous avons l'ombre dans le type de l'appel de l'épouse, qui traverse le désert sous la conduite d'Elihézer, pour s'en aller vers l'Epoux en Canaan, — l'Eglise fiancée à Christ.

Tout ce qu'on estime grand et dont on se glorifie au milieu des hommes, tout ce que jusqu'ici vous avez pu croire bon et utile, ne vous paraîtra, à la lumière de la Parole de Dieu, qu'un empêchement à manifester Christ, — Christ notre vie! Si une chose de la terre vous occupe, elle est évidemment étrangère à l'Esprit de Dieu qui glorifie Christ «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre» (Colossiens 3: 1, 2). Puissiez-vous comprendre que votre seule et vraie occupation doit être maintenant de rendre témoignage à Christ rejeté de la terre, mais céleste, et qui va revenir! Que cette vérité, qui est de Dieu et non pas de l'homme, pénètre dans vos âmes et y opère.

Eprouvez tout ce que vous avez entendu et retenez ce qui est bon.

Le chrétien n'est jamais libre d'oublier, dans aucune occasion, sa vraie position, et ceci est aussi vrai pour ce qui concerne l'assemblée que pour ce qui regarde le chrétien individuellement. En est-il ainsi pour vous, à ce double égard? Si vous savez ce que c'est que d'être «céleste» dans vos affections et dans vos voies, vous ne pourrez rester attaché à une dénomination qui a ses pensées aux choses de la terre. En fait, une dénomination quelconque renie, comme telle, la réalité actuelle du corps et de l'épouse de Christ sur la terre, et le complet dévouement à Christ et l'attente continuelle de sa venue, qui en sont la conséquence pour ceux qui ne sont pas du monde comme Lui n'est pas du monde. Une dénomination est une société volontaire ou un système établi par une autorité mondaine, et quelle qu'elle soit, elle ne peut, par la nature même des choses, ni exprimer, ni même comprendre le corps de Christ qui est un seul corps. Si nous sommes à Lui, nous le sommes par le Saint Esprit qui nous a faits un avec Lui, comme les objets de son amour et pour sa gloire, nous séparant en même temps du monde qui l'a crucifié. — «Crois-tu ceci?»

Que notre Dieu bénisse sa vérité pour l'amour de Christ!