L'assurance

 ME 1875 page 461

 

Il n'y a rien qui honore Dieu davantage et qui donne autant de repos au coeur, et de puissance pour la marche et pour le service, que l'assurance envers Dieu. L'assurance est l'effet de la foi; mais elle dépend de deux choses, d'une vraie connaissance de Dieu, et d'un coeur qui ne nous condamne pas; autrement dit, elle dépend de ce que Dieu est en premier lieu, et en second lieu, de ce que nous faisons.

Le fondement de l'assurance, c'est ce que Dieu est dans sa nature et dans son caractère. On ne peut pas se confier en Lui à moins qu'on ne le connaisse, et on ne peut pas le connaître véritablement sans qu'on se confie en Lui. Une connaissance partielle de Dieu produit la crainte et la servitude; une pleine connaissance de Lui donne au coeur du repos et le place dans la liberté. Mais, pour conserver cette assurance envers Dieu qui découle de sa connaissance, il faut que la conscience soit bonne et que notre coeur ne nous condamne pas. Quelque vraie et réelle que puisse être notre connaissance de Dieu, si notre coeur nous condamne, notre assurance est ébranlée. D'un autre côté, quelque bonne que puisse être la conscience, quelque peu de chose que le coeur ait le sentiment d'avoir à se reprocher, il n'y a de vraie assurance envers Dieu, que là où Dieu est connu et où il est connu non seulement par l'ouïe des oreilles, mais, comme il l'a été de Job, par l'oeil de la foi, selon cette parole: «Maintenant mon oeil t'a vu» (Job 42: 5).

Il me semble qu'on peut distinguer trois formes d'assurance: l'assurance de foi, l'assurance de communion, et l'assurance d'approbation. Comme saints, c'est notre privilège de les connaître toutes les trois, et d'en jouir. La première nous appartient comme croyants; la seconde, comme enfants, comme saints; la troisième, comme serviteurs de Dieu.

La première forme de l'assurance est, comme je viens de le dire, le privilège commun de tous ceux qui croient; c'est l'assurance de foi: «Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ» (Romains 5: 1). La glorieuse et bienheureuse nouvelle de la grâce de Dieu en Christ, apporte à celui qui croit la paix avec Dieu, et le repos devant Lui. La croix de Christ lui a appris que «Dieu est pour nous» (Romains 8: 31 et suivants). L'amour de Dieu, versé dans le coeur par le Saint Esprit, fait taire tous les doutes et répond à toutes les questions qui peuvent s'élever dans le coeur de l'homme. L'amour parfait de Dieu chasse la crainte (1 Jean 4: 17, 18), et l'âme sauvée se repose avec bonheur dans la connaissance de ce Dieu qui livra Jésus pour nos offenses et qui le ressuscita pour notre justification. (Romains 4: 12). Cette assurance de foi est établie uniquement sur le fondement de ce que Dieu est, et de ce qu'il a fait par Christ. Celui qui croit, n'ayant point de confiance dans la chair, a «son coeur ferme, s'assurant en l'Eternel». Dieu étant l'objet de la foi et l'assurance de la foi, rien ne peut ébranler celle-ci. La terre peut être ébranlée, et le ciel, mais Dieu jamais, ni par conséquent l'âme qui se repose sur Dieu. «C'est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu, d'une manière qui lui soit agréable avec révérence et avec crainte» (Hébreux 12: 28).

Mais, tandis que l'assurance de foi est ferme et inébranlable, étant fondée sur ce que Dieu est, et sur le caractère sous lequel il s'est révélé dans l'évangile de sa grâce, l'assurance de communion est sur un autre principe. Tout ce qui trouble la communion, troublera cette assurance. «Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance envers Dieu» (1 Jean 3: 21). C'est là le fondement de notre assurance, et nous devons bénir Dieu de ce qu'il en est ainsi. Il veut que les siens soient participants de sa sainteté et que ses enfants soient ses imitateurs. «Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ». Le fait même de notre relation avec Dieu comme enfants vis-à-vis d'un Père, rend nécessaire cette communion en pensée, en parole et en action. «Si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur, et il sait toutes choses» (1 Jean 3: 18-20). Je ne puis rien trouver en moi, que Lui n'ait déjà vu, et je ne puis rien connaître qu'il ne sache déjà, et il sait même toutes choses. Dieu ne dit pas que Lui nous condamne, mais que ce pourquoi notre coeur nous condamne, Lui le sait déjà. C'est là sa manière de faire appel à nos coeurs et de nous faire sentir notre responsabilité; c'est la manière de «notre Dieu qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches». Si nous avons compris l'inconséquence de telle ou telle chose avec ce qui nous convient, combien davantage Lui le sait-il? Si nos coeurs insensibles et égoïstes condamnent quelque chose, combien plus Lui ne doit-il pas le faire, Lui qui en connaît tout le fond et la portée, Lui qui en connaît à la fois la source et la fin inévitable, si on tolère la chose au lieu de la juger? Rien n'est plus commun chez les chrétiens que le manque de cette assurance de communion. Elle fait défaut souvent là où dans une certaine mesure la confiance de foi existe. La parole de Naaman: «L'Eternel veuille pardonner ceci à ton serviteur»; celle de David: «Que nous tombions entre les mains de l'Eternel, car ses compassions sont en grand nombre»; celle de Job: «Voilà, qu'il me tue, je ne laisserai pas d'espérer en Lui» — nous montrent des choses tolérées et accomplies, que le coeur et Dieu, l'un comme l'autre, condamnent; et tout en nous montrant la foi qui demeure ferme, nous font voir la communion ébranlée et le châtiment anticipé. Sous une révélation plus pleine et plus glorieuse, beaucoup d'enfants de Dieu, dans les coeurs desquels a relui la connaissance de sa gloire en la face de Jésus Christ, sont, hélas, dans cet état. On peut même dire que plus Dieu est connu, plus le coeur est susceptible d'inconséquence, et plus la responsabilité est grande de persévérer dans une marche qui y réponde. «Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons assurance envers Dieu».

Y a-t-il sur la terre quelque chose qui soit digne qu'on lui sacrifiât cette assurance de communion? — la communion avec Dieu, ce privilège le plus glorieux, cette joie la plus profonde que l'on puisse goûter ici-bas, ce privilège dont tout ce que la terre peut donner ne pourrait pour un moment compenser la perte! Nous avons besoin que nos coeurs soient honnêtes et vrais, capables de discerner et voulant rejeter les choses que le coeur condamne et que Dieu, qui est plus grand que nos coeurs, sait déjà. Combien de chrétiens qui marchent dans une obscurité et une distance habituelles, quant à la communion, faute d'avoir cinq minutes de vraie communication avec Dieu au sujet de quelque péché qui les obsède ou de quelque vanité, qu'ils n'ont pas assez de coeur ou de dévouement pour juger? Ils gémissent peut-être sur leur pauvre état, et le confessent peut-être en parole, mais la racine du mal n'étant ni avouée, ni jugée, la conscience et le coeur s'habituent peu à peu à l'obscurité et l'acceptent comme un état normal. Combien de chrétiens attendent ainsi le jugement, plutôt que la gloire. Ils ne doutent peut-être pas de leur salut, ils ne doutent pas que le Seigneur ne les amène à la fin dans sa demeure, mais ils ne savent pas et craignent grandement ce qui peut leur arriver en chemin; et tout cela à cause de quelque misérable et coupable chose que le coeur condamne et qu'il sait que Dieu ne peut pas ne pas juger tôt ou tard.

L'assurance de communion, d'après ce que nous venons de voir, peut exister en une sorte de manière négative: je n'ai conscience de rien contre moi et mon coeur ne me condamne pas. Ainsi, je puis me reposer et me réjouir dans le sentiment de l'amour du Père, et je puis me «glorifier en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation». Mais le saint qui est droit de coeur ne se contente pas d'un état négatif de communion; il lui faut quelque chose de positif; il désire, non seulement qu'il n'y ait rien à condamner en lui, mais qu'il y ait quelque chose à approuver. Nous sommes amenés ainsi à la troisième forme d'assurance dont j'ai parlé; l'assurance d'approbation, la confiance qui découle du sentiment que nous plaisons à Dieu dans notre marche et dans nos voies. Tout chrétien dans sa marche, ou tout serviteur dans son service, ne marche pas ou ne sert pas dans l'assurance que Dieu prend plaisir à ses voies ou à son travail, que ce qui l'occupe n'est pas sa propre affaire ou ses propres intérêts, mais l'affaire de Celui qui l'a envoyé. Christ pouvait dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent»; mais le serviteur fidèle peut dire dans le même esprit: «O mon Dieu! souviens-toi de moi en bien selon tout ce que j'ai fait pour ce peuple» (*), et: «Je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé…» Ces paroles ne furent pas prononcées autrefois par Néhémie et plus tard par Paul avec hésitation, et celui-ci pouvait faire taire ceux qui le critiquaient, en leur disant: «Les choses que je me propose, me les proposé-je selon la chair…?» (**)

(*) Néhémie 5: 19. — (**) 2 Corinthiens 1: 47.

Notre service ne devrait pas être une sorte d'affaire de hasard comme elle l'est pour un grand nombre, une chose qu'on entreprend sans direction claire ni objet positif et dans laquelle, par conséquent, le formalisme, l'imitation, et la dissipation religieuse ont une si large place. L'assurance devrait aussi distinctement caractériser nos pas pour le service, que nos coeurs pour la paix; et il en serait ainsi si nous étions plus absolument dépouillés de notre «moi» et de toute préoccupation du jugement des hommes, soit dans un sens, soit dans un autre.

Il n'est point nécessaire que nous attendions jusqu'à ce jour-là «où chacun recevra sa louange de la part de Dieu», pour avoir la parole d'approbation du Maître, car le serviteur qui connaît la pensée de son Maître, peut la recevoir et en jouir maintenant.

Que le Seigneur nous garde de toute incertitude dans nos esprits! Qu'il nous préserve de permettre pour un seul moment qu'un nuage demeure entre nos âmes et Lui, dont «la joie est notre force !» (*)

(*) Néhémie 8: 10.