Matthieu 3: 13 et 4: 11

 ME 1875 page 468

 

«Et Jésus, ayant été baptisé, monta aussitôt, s'éloignant de l'eau; et voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l'Esprit de Dieu descendant et venant sur lui comme une colombe. Et voici une voix qui venait des cieux, disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir».

Quelle scène merveilleuse! Les âmes dans lesquelles Dieu, par la voix de Jean-Baptiste, opérait par son Esprit, se rassemblaient pour son baptême, confessant leurs péchés. Le premier fruit de l'oeuvre de Dieu, — l'opération de l'Esprit en elles, — les amenait là. Elles se placent devant Dieu dans la vérité de leur état, d'un état de complète ruine. Alors Jésus vient, lui, l'homme parfait, et il se place au milieu d'eux; et la Trinité se présente à nous pour la première fois dans ses gloires: le Père faisant entendre dans ce moment-là sa voix d'approbation et de pleine satisfaction en la personne du Fils et en la position qu'il prend, et le Saint Esprit descendant comme une colombe et demeurant sur lui, le Fils, qui vient s'identifier avec ceux qui reconnaissent leurs péchés et l'état de ruine de tout ce qui les entourait.

N'en est-il pas de même jusqu'à ce jour? Partout où se trouve un pécheur convaincu de péché, ou un saint au coeur brisé à cause de quelque chute, confessant ses péchés, il y a «la vérité au-dedans du coeur», et Jésus Christ qui est le même, hier, aujourd'hui, et éternellement, dit toujours: Vous faites la seule bonne chose, le premier pas de retour vers Dieu, et je suis avec vous. Il montre au pécheur la vertu de son sang une fois versé, qui donne une conscience parfaite, sans crainte, en la présence de Dieu; et au saint, il fait application de l'eau du bassin, et du linge dont il se ceint (voyez Jean 13), avec toute leur profonde et bienheureuse signification, pour sa parfaite restauration à la communion du Père et à la joie de sa présence. Le ciel s'est ouvert sur cet homme parfait, le Fils bien-aimé de Dieu, et Dieu s'est montré dans la gloire de la Trinité, lorsqu'il a pris cette place. Alors Jésus est mené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable, et là, au lieu d'user de sa puissance divine pour renverser l'ennemi (ce qui n'eût été ni un exemple, ni un encouragement pour nous), comme un homme dépendant et obéissant, il se retire et se met à couvert sous la suffisance de la Parole; il place la plante de ses pieds sur le terrain que Dieu avait préparé pour la foi, pour un temps de chute et de ruine. La seule ressource, c'est la Parole; il se tient dans la dépendance; il se confie en Dieu, n'ayant pas besoin de le mettre à l'épreuve, mais s'attendant à Lui et comptant sur Lui dans le chemin de l'obéissance; il ne veut rien recevoir que de Lui; il le sert Lui seul. Ainsi il surmonte Satan, il en est le vainqueur. Lui, le Fils de Dieu, Dieu béni éternellement sur toutes choses, Lui, le Messie qui eût pu se prévaloir des promesses qui lui appartenaient, Lui, le Fils de l'homme qui avait droit à tout ce que les conseils de Dieu destinaient à l'homme, il refuse d'user de sa divine puissance et de se prévaloir d'aucun de ses droits, pour être simplement l'homme dépendant et obéissant; et il est vainqueur de Satan, démontrant la pleine suffisance de la parole écrite pour celui qui la garde, et usant d'elle pour y trouver la liberté d'agir selon le propos de son coeur et pour ne dépendre que de l'autorité de Dieu seul. Il devient ainsi un exemple pour nous, qui, par grâce, dans la même position, et avec les mêmes ressources, sommes appelés à rencontrer le même ennemi, mais un ennemi qu'il a déjà vaincu et dont il a brisé la puissance. Quel encouragement pour nous!

Le ciel s'est ouvert, et puis Satan a été vaincu et maintenant des anges viennent et servent un homme, Lui qui est leur créateur! — Un tressaillement de joie ne traverse-t-il pas votre coeur, parce que vous êtes un homme, et non un ange? Votre coeur si faible, si étroit, à vous qui excelliez autrefois en méchanceté, le servira-t-il moins que ses anges qui excellent en puissance? Non, — mais bien plus; car ces êtres sans jalousie n'eurent jamais, ni n'auront jamais la capacité comme vous d'apprécier un amour tel que le sien. Ils ne lui causèrent jamais une peine ou une angoisse; mais vous et moi, nous lui avons coûté l'agonie de la croix. Cela ne nous fait-il pas honte de nous-mêmes? mais non d'être un homme; car d'un homme en Christ, — ce que nous sommes, vous et moi et quiconque croit, — il est écrit: «D'un tel homme je me glorifierai» (2 Corinthiens 12: 5).

Un bien-aimé docteur donna un jour la prescription suivante à l'un de ses patients: Souvenez-vous que pour qu'il y eût «un homme en Christ», il a fallu que Christ fût brisé, mais que pour que Christ soit vu dans un homme, il faut que le vase soit brisé. — Comme homme en Christ, vous êtes propre pour le ciel; c'est la part de tout croyant; mais afin d'être propre pour la terre, il faut que la vie de Christ brille dans le vase, et il faut pour cela «porter, toujours partout, dans le corps, la mort de Jésus». La mort ou la mise à mort du Seigneur Jésus appliquée à la chair, tient celle-ci assujettie. Quand la croix est appliquée à chaque fibre de la nature du vieil homme, Adam, la volonté n'a plus de place, et la vie de Christ est manifestée en vous, en sorte que d'autres la voient. La mort agit en vous, la vie en eux. (2 Corinthiens 4: 7-12).

Vous ne voyez jamais Christ en vous, car vous pourriez prendre plaisir en vous-même, et cela ne vaut jamais rien. Mais pour que la nature soit tenue à sa place et que la vie de Christ luise dans votre corps mortel, il faut une puissance active, la puissance du Saint Esprit, agissant dans un vase dépendant.

Pour faire mieux comprendre ce qui précède, je ferai remarquer que l'Ecriture nous parle de deux sceaux: il y a notre sceau, et puis le sceau de Dieu. «Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai» (Jean 3: 33). Quand nous recevons le témoignage de Dieu, et ce témoignage est maintenant l'évangile de notre salut, nous mettons notre sceau sur la vérité du témoignage; selon le langage des hommes de loi, nous scellons de notre sceau que Dieu, selon son propre amour, a donné son Fils bien-aimé afin qu'il souffrît l'affreuse mort de la croix pour des êtres tels que vous ou moi. Mais, dans les versets 13 et 14 du chapitre 1 de l'épître aux Ephésiens, il est question d'un autre sceau: «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire». Ici, c'est Dieu qui met son sceau sur nous; non pas sur nous dans nos péchés, comme si Dieu pouvait nous sceller dans le péché, ou dans les doutes et dans la crainte, car Dieu mettrait ainsi sa sanction sur ces choses; mais Dieu met son sceau sur nous qui avons cru l'Evangile du salut, sur nous ses saints; il fait habiter son Esprit en nous, le Saint Esprit devenant le témoin en nous de la valeur de l'oeuvre de la rédemption, de la vérité du témoignage auquel nous avons mis déjà notre sceau. Le Saint Esprit ne devient pas notre titre au ciel et à la gloire, comme si l'oeuvre de Christ était insuffisante, mais il vient, le témoin de la valeur de cette oeuvre. Ainsi, nous ne sommes pas seulement faits participants de la nature divine avec ses nouvelles capacités, ses nouvelles affections et ses nouveaux désirs, mais le Saint Esprit, qui n'est pas moins Dieu que le Père et le Fils, demeure maintenant dans notre corps en vertu de la rédemption, opérant dans cette nouvelle nature que nous avons reçue, nous faisant jouir des relations dans lesquelles elle nous a placés; en même temps qu'il est en nous la puissance pour mortifier les actions du corps, nos membres qui sont sur la terre, et pour accomplir nos nouveaux désirs afin que nous soyons témoins de Christ, au milieu des ténèbres de ce monde. «Parce que vous êtes fils» — non pas pour vous rendre fils, — «Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant: Abba, Père» (Galates 4: 6). Il nous a donné le sentiment de notre adoption, et nous a placés dans la liberté, car «là où est l'Esprit du Seigneur il y a la liberté». Puis ce même Esprit est aussi la puissance pour le témoignage, comme nous lisons en Jean 7: 38: «Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive découleront de son ventre. Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié».

Le Seigneur veut montrer à d'autres, par nous, comment il a usé de miséricorde envers nous, et quelles grandes choses il nous a faites. Mais qui est suffisant pour ces choses? Au lieu de nous excuser en prétextant notre faiblesse et les difficultés qui nous entourent, glorifions-nous plutôt dans notre infirmité, cessons de parler de difficultés, et comptons sur Lui pour accomplir ce qui est impossible à une simple créature. Ce n'est que lorsque nous renions avec dégoût notre odieux moi et que nous nous en détournons, que le Père peut faire de nous les témoins de l'humilité et de la débonnaireté de son Christ, en sorte qu'il soit vu de nouveau en nous par un monde qui le rejetterait une seconde fois s'il en avait l'occasion, et que, même «aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître par l'assemblée» (Ephésiens 3: 10).

Dans ce sentier ne nous laissons jamais décevoir par un modèle ou une mesure qui irait à la moralité du premier homme; Dieu n'a jamais donné de modèle qui fût à la portée du premier homme. Adam, innocent, n'avait rien à atteindre, il avait simplement à jouir de ce que Dieu avait créé et lui avait donné. Mais vous et moi, nous devons poursuivre, chercher à atteindre Christ dans la gloire, ne jamais cesser de tendre avec effort vers ce prix de l'appel céleste, et en attendant trouver Dieu suffisant pour nous dans une scène où la chair, le monde, et le diable, sont des amis jurés, mais où Lui dit: «Ayez bon courage, moi j'ai vaincu».

«Ne vous inquiétez de rien». Dieu dit «de rien», c'est pourquoi quand vous placerez tous vos soucis et vos requêtes dans la main de Dieu, Dieu mettra sa paix dans votre coeur. On est soulagé ainsi, et encouragé, quelle que soit la chose qui puisse troubler; et puis, nous sommes libres de nous occuper dans nos pensées de toutes les choses qui sont vraies, vénérables, justes, pures, aimables, des choses qui répondent au désir de la nouvelle nature, en sorte que le Dieu de paix soit avec nous et que notre joie soit accomplie. C'est pourquoi l'Apôtre dit: «Je puis toutes choses par Christ qui me fortifie». — La volonté qui n'abdique jamais, étant brisée, est soumise, et nous pouvons, non seulement lire cette précieuse parole: «Rendant toujours grâces pour toutes choses», mais nous y joindre aussi par la foi, par le coeur; parce que si à un pauvre pèlerin, il faut Dieu, c'est aussi un tel pauvre pèlerin, un vase de terre, qu'il faut à Dieu pour en faire un vase de sa grâce et de sa force.