Substance d'une méditation sur l'épître aux Ephésiens

Darby J.N. - ME 1876 page 3

 

Le caractère de l'épître aux Ephésiens est tout à fait distinct de celui de l'épître aux Romains. L'épître aux Ephésiens n'a rien à faire avec la responsabilité de l'homme; elle nous occupe de Christ et de l'homme envisagé comme mort dans ses péchés; elle nous parle d'une nouvelle création; elle ne soulève pas, par conséquent, la question de la justification, mais celle de l'acceptation.

Les deux grands sujets qui se présentent à nous en rapport avec l'Evangile, sont, nous le savons, la manière dont Dieu fait face à la responsabilité de l'homme, et puis, les conseils de Dieu avant qu'il y eût aucun homme responsable. Ces conseils sont dans le second Adam, non dans le premier. Le premier homme était l'homme responsable; le second homme est l'homme des conseils de Dieu; le dernier Adam, le second Homme.

L'épître aux Romains s'occupe de l'homme responsable, en grâce sans doute, mais de l'homme responsable: tous ont péché, toute bouche est fermée, et il y a une propitiation par la foi au sang de Christ; toute la question de notre responsabilité et de notre péché est vidée par Dieu en grâce. L'épître aux Ephésiens ne touche pas ce sujet, mais elle ouvre par les conseils et les intentions de Dieu, et elle nous place en Christ.

La structure de l'épître est à peu près celle-ci:

Le chapitre 1er nous présente les conseils de Dieu pour ce qui concerne la gloire, pour ce qui concerne Christ, et pour ce qui concerne notre héritage; à la fin seulement, l'Apôtre commence à montrer comment Dieu a posé le fondement de l'accomplissement de ses conseils dans ce qu'il a déjà fait, en sorte que, après la révélation des conseils, nous avons ce que Dieu a fait, savoir qu'il a ressuscité Christ d'entre les morts, et qu'il l'a placé au-dessus de toute autorité et de tout pouvoir et de tout nom qui se nomme. L'Apôtre commence, remarquez-le, par la résurrection de Christ d'entre les morts: ce ne sont plus seulement les conseils de Dieu, mais c'est leur accomplissement, pour autant que le second Homme est élevé dans la gloire au-dessus de tous les cieux.

Le chapitre 2 nous montre comment et jusqu'à quel point Dieu a accompli cette oeuvre de puissance en nous. Il nous a ressuscités de l'état de mort dans lequel nous étions dans nos péchés, et nous a placés en Christ, nous faisant asseoir en Lui (non pas avec Lui, car nous ne sommes pas encore là maintenant) dans les lieux célestes. L'opération de Dieu nous place devant Lui en Christ. C'est en Christ que je suis assis, non pas avec Christ. Nous sommes ainsi l'ouvrage de Dieu. L'Apôtre fait ensuite un pas de plus, en nous présentant Juifs et gentils réconciliés en un seul corps. Il s'agit toujours de ce que Dieu a accompli ou accomplit dans ce sens: il a détruit le mur mitoyen de clôture et nous a réconciliés en un corps par la croix, c'est-à-dire ici-bas sur la terre, et il n'élève pas seulement un temple saint au Seigneur, temple qui n'est pas encore édifié, mais, Juifs et gentils, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu, par l'Esprit ici-bas sur la terre. C'est là ce que Dieu a fait: il a ressuscité Christ d'entre les morts et l'a placé dans la gloire; il nous a ressuscités, nous, spirituellement d'entre les morts et nous a placés en Christ; il a aboli toute distinction de Juif ou de gentil, et il n'a pas seulement fait la paix entre Juifs et gentils, en les réconciliant, mais il les a réconciliés tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix. Juifs et gentils sont réconciliés entre eux, et réconciliés à Dieu; et ils deviendront un temple; et ils sont édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit ici-bas. C'est là ce qui est accompli des conseils de Dieu, le fondement étant posé pour leur pleine réalisation.

Au chapitre 3 l'Apôtre introduit un autre sujet. Il n'y est question ni des conseils de Dieu, ni de l'opération de Dieu, mais de l'administration de ces choses, telle qu'elle a été confiée à Paul. La substance du chapitre, c'est proprement l'administration du mystère par Paul, — non les conseils de Dieu à l'égard du mystère, mais l'administration du mystère par l'Apôtre; et puis à la fin, puisque l'administration se rapporte à la terre, nous avons la seconde prière de l'Apôtre qui est adressée au Père de notre Seigneur Jésus Christ, Christ y étant envisagé comme Fils. La première prière de l'Apôtre, que nous trouvons au chapitre 1er, est adressée au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, l'homme glorifié; mais la prière du chapitre 3 est adressée au Père, et Christ y est envisagé comme Fils, comme personne divine. C'est pourquoi, dans cette prière du chapitre 3, il ne s'agit pas tant d'un objet de connaissance objective, mais plutôt de Christ pour qu'il demeure dans nos coeurs par la foi, la puissance étant ainsi introduite ici-bas selon les conseils de Dieu, en sorte que gloire soit à Dieu dans l'assemblée pour tous les âges. La puissance, ici, est une puissance qui opère en nous, comme celle du chapitre 1 était envers nous.

Les conseils de Dieu et son opération, et l'administration de Paul étant connus maintenant, le chapitre 4 tourne nos pensées vers leur effet, eu égard au fait qu'il y a une habitation de Dieu par l'Esprit ici-bas; et puis, il nous parle des dons individuels. Ce sujet s'étend jusqu'à la fin du verset 16. Au verset 17, l'Apôtre commence ses exhortations ordinaires quant à la manière dont nous devons marcher. Il veut que les saints marchent ensemble. Toute distinction entre Juif et gentil a disparu. Dieu les a réconciliés ensemble et les a édifiés ensemble en une seule habitation de Dieu par l'Esprit, et il les appelle maintenant à marcher ensemble et à garder l'unité de l'Esprit; puis, après avoir parlé des dons individuels, il commence au verset 17, comme je viens de le dire, les exhortations pratiques pour tous les saints, sujet qu'il poursuit dans le chapitre 5, à la fin duquel, à l'occasion de ce qu'il dit des maris et des femmes, il introduit la relation de Christ et de l'Eglise. Enfin, après avoir parcouru jusqu'à la première moitié du chapitre 6 les diverses relations dans lesquelles les saints sont appelés à être fidèles, l'Apôtre parle de la lutte dans les lieux célestes.

Ici, il est important de remarquer, au sujet de l'épître qui nous occupe, que tout s'y rapporte aux lieux célestes, non que nous ne soyons pas sur la terre, car nous y sommes, mais afin que néanmoins la sagesse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes par l'assemblée. Nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (1: 3), nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ (1: 20 à 2: 6), nous sommes un témoignage aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes (3: 10), et notre lutte est contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes (4: 12). Or le ministère, dans cette épître, vous le remarquerez, est lié à toutes ces choses.

Nous voyons que le fruit de l'opération de Dieu au chapitre 2, c'est que tout l'édifice efficacement ajusté ensemble, croît pour être «un temple saint»; il croît seulement à cette fin là. Mais, déjà maintenant: «Vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu» (2: 22). C'est une chose qui a lieu actuellement; le temple saint du verset 21 sera dans la gloire. Les saints sont édifiés pour être un «temple», dans le même sens que Christ dit: «Je bâtirai mon église». Le temple dont il est question ici est celui dont parle le chapitre 16 de l'évangile de Matthieu: «Sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle». Dans le même sens encore nous lisons dans la première épître de Pierre, au chapitre 2: «Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés, une maison spirituelle». Les saints ici sont édifiés une pierre après l'autre. De même, dans l'épître aux Ephésiens: «Ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l'édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur». L'édifice croît pour être un temple saint, mais il n'est pas encore actuellement achevé. La maison que Christ bâtit est quelque chose de parfait, quelque chose qui n'est pas encore terminé, ce qu'on appelle communément l'église invisible. Mais il y a aussi une chose actuellement manifestée par le fait de la présence du Saint Esprit ici-bas: «Vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit». Ce sont là deux caractères de l'Assemblée: elle est «le corps de Christ», et «l'habitation de Dieu», maintenant, par le Saint Esprit. Quand nous parlons du «corps» de Christ, les membres sont envisagés comme étant unis à la Tête dans le ciel; quand nous parlons de la «maison», nous savons qu'elle deviendra un temple; quand nous parlons de «l'habitation», elle est actuellement par la présence du Saint Esprit ici-bas. Le «corps» et la «maison» sont jusqu'à un certain point la même chose, mais ils cessèrent bientôt d'être identiques l'un avec l'autre.

Au verset 21, c'est d'un «temple» qu'il est question, mais d'un temple qui n'est pas encore achevé: quand il le sera, ce sera dans la gloire. La chose présente, c'est: «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit». La confusion entre ces deux choses produit le papisme et le ritualisme: on a voulu attribuer tous les privilèges qui appartiennent à ce que Christ bâtit et n'a pas encore achevé, à la chose qui est bâtie sur la terre. Or, quand vous trouvez une chose bâtie sur la terre, Dieu l'établit selon sa propre pensée; mais comme pour toute autre chose, comme pour l'homme lui-même quand il fut créé, Dieu confie ce qu'il a établi à la responsabilité de l'homme. Dieu poursuit et accomplit son propre dessein, et contre ce que Christ bâtit, les portes du hadès ne triompheront jamais; mais toujours, d'abord, tout ce que Dieu établit il le confie à la responsabilité de l'homme, et ainsi tout se corrompt. Mais comme je l'ai dit, quoi qu'il en soit, le dessein de Dieu s'accomplit tout entier en Christ. Cela est vrai de toutes choses, vrai quant à Israël, vrai quant aux saints individuellement, vrai quant à l'Eglise tout entière. Contre ce que Christ fait, les portes du hadès ne prévaudront pas. L'administration de la chose est sur la terre: comme il nous le dit dans 1 Corinthiens 3, Paul «comme un sage architecte avait posé le fondement et un autre édifiait dessus; mais que chacun considère comment il édifie dessus». Ici, ce n'est pas Christ qui bâtit, — ce n'est pas Christ accomplissant la parole qu'il avait dite: «Je bâtirai mon Eglise»; ce ne sont pas non plus les pierres vivantes édifiées une à une et croissant pour être un temple saint. Dans ce dernier cas il n'y a pas d'autre agent que Christ; c'est Lui qui bâtit, et Satan par conséquent, cela est évident, n'a point de puissance contre ce qui est bâti. Mais au chapitre 3 de la 1re épître aux Corinthiens, je le répète, ce n'est pas Christ qui bâtit: il s'agit de la responsabilité de l'homme, comme nous voyons par l'exhortation. «Qu'il considère comment il édifie dessus». On peut édifier du bois, du foin et du chaume; et si vous attribuez au bois, au foin et au chaume, la fermeté de ce que Christ fait, vous tombez dans une grave erreur. Les papistes et les puséites confondent ce qui a été édifié par l'homme avec l'oeuvre de Christ, et lui attribuent la fermeté de ce contre quoi les portes du hadès ne peuvent pas prévaloir; ils confondent deux oeuvres différentes.

Dieu avait bien établi même ce qui est sur la terre; «le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Actes des Apôtres 2: 47). L'ouvrage de Dieu était bon; mais bientôt de faux frères s'introduisirent furtivement (un Simon le mage et d'autres, je ne sais lesquels), parce que l'homme était placé sous la responsabilité, et que la première chose qu'il fait toujours en pareil cas, c'est de pécher. Dieu avait placé l'épée entre les mains de Noé pour gouverner la terre: la première chose que fait Noé, c'est de s'enivrer. Dieu donna la loi, et la première chose que firent les Juifs, fut d'ériger le veau d'or. Dieu établit la sacrificature, et le premier jour déjà, les deux fils d'Aaron offrent un feu étranger, et Aaron n'entra jamais dans les lieux saints avec les vêtements de gloire et de beauté. Dieu établit la royauté; et le fils de David aima beaucoup de femmes étrangères et son coeur se détourna vers leurs dieux. L'Eglise également fut établie, et elle faillit. Mais Christ sera l'homme parfait: Christ gouvernera le monde en justice; Christ sera le sacrificateur parfait; Christ est parfait comme le Fils de David; il s'élèvera pour dominer sur les gentils; il sera glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui croient. Tout ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme, sera ainsi parfaitement accompli. Si je confonds cet accomplissement des desseins de Dieu en Christ avec ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme, et que j'attribue à l'un ce qui appartient à l'autre, je justifie tout le mal et toute la corruption qui nous entourent. C'est ici ce qui est la question maintenant, dans l'Eglise de Dieu.

Le «corps» n'est jamais envisagé comme étant incomplet en lui-même; cela fausserait toute l'idée. Quand Dieu révèle ses conseils, le corps est envisagé comme dans ces conseils. Au chapitre 1, Dieu a donné Christ pour «chef» sur toutes choses, à l'Eglise qui est son corps. Le corps ici, est envisagé comme complet, quand toutes choses sont placées sous les pieds de Christ. Mais toutes choses ne sont pas encore mises sous ses pieds; la chose n'est pas encore accomplie; elle est «en dessein». Dès qu'il s'agit de la chose ici-bas, nous avons «la maison» et «le corps».

Le verset 21 du chapitre 2 renferme la même pensée que Matthieu 16: 18, et aussi que 1 Pierre 2.

Le verset 22 nous présente la maison comme établie non sur la terre; seulement, lorsque Dieu l'établit, il l'avait bien établie; tout y était en ordre et en règle. «Vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu». C'est une chose présente.

L'habitation de Dieu avec les hommes ici-bas est un fait défini, distinct, et le fruit de la rédemption. Dieu n'a jamais demeuré avec l'homme avant qu'il y eût une rédemption. Dieu n'a pas demeuré avec Adam; il ne demeura jamais avec Abraham; il ne demeura jamais avec personne sur la terre, jusqu'à ce qu'Israël eût été racheté hors d'Egypte. Cette rédemption d'Israël était sans doute une rédemption extérieure; mais elle était cependant, en un sens, une rédemption. Dieu avait délivré son peuple de l'esclavage de l'Egypte, et il dit à la fin du chapitre 39 de l'Exode: «Et ils sauront que je suis l'Eternel leur Dieu, qui les ai tirés du pays d'Egypte pour habiter au milieu d'eux». Dès qu'il y a rédemption, Dieu fait de son peuple racheté le lieu de sa demeure, et il descend et habite au milieu d'eux dans le tabernacle, jusqu'à ce qu'il abandonne ce lieu de sa demeure, lors de la captivité de Babylone, quand les temps des gentils commencèrent. Depuis la réjection de Christ et l'accomplissement d'une meilleure rédemption, l'Eglise est établie sur la terre pour que Dieu y habite. Cette «habitation de Dieu par l'Esprit» fut établie à la suite et en conséquence de la rédemption, mais ici-bas confiée à la responsabilité de l'homme. Ce qu'elle est devenue maintenant est la chrétienté.

Au chapitre 4, l'Apôtre nous parle de l'accroissement du corps. Il parle seulement du fait qu'ici-bas le corps croît; puis il nous montre les différents dons, tous en exercice, et le corps croissant exactement comme un enfant qui grandit. De nouvelles personnes sont ajoutées, mais elles sont ajoutées à un corps qui est toujours là comme une chose complète; elles sont individuellement ajoutées à ce qui croît, et constituent une partie de sa croissance. Il y a des évangélistes, aussi bien que des pasteurs et des docteurs; toutefois quand des personnes sont ajoutées individuellement, elles ne sont pas autre chose qu'une partie du même corps. Ainsi, quand je mange, mon corps croît. Tout cela ne sont après tout que des figures, je n'ai pas besoin de le dire.

En parlant de ces choses, vous remarquerez que ce qui est individuel, — les personnes, — vient avant qu'il soit question en aucune manière du corps ou de la maison. Ce qui est personnel a toujours la première place. La relation individuelle est avec le Père, la relation «corporative» est avec Christ comme homme; la relation qui se rapporte à la «maison» est avec le Saint Esprit venu ici-bas. Il y a les trois choses: la première, c'est que nous avons l'adoption des enfants pour Lui-même; ensuite, ce fait qu'il a donné Christ pour Chef sur toutes choses à l'Eglise qui est son corps; d'abord tout ce qui est relatif à ce qui est individuel, ensuite, notre relation avec Christ comme homme ressuscité et glorifié; enfin il y a le Saint Esprit venu sur la terre pour demeurer. C'est une chose merveilleuse, que le conseil divin qui a voulu réunir ensemble toutes ces choses.

Si maintenant, en poursuivant notre sujet, nous considérons l'application de tout ce qui précède au «ministère», nous voyons qu'en commençant l'Apôtre dit: «A chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ; c'est pourquoi il dit (c'est la raison et la base qui est donnée pour le ministère): «Etant monté en haut, il a emmené captive la captivité et a donné des dons aux hommes; or qu'il soit monté, qu'est-ce, sinon qu'il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplît toutes choses; et Lui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs». L'Apôtre nous dit d'abord le fondement de tous ces dons, qui est Christ, mais non pas Christ sur la terre, comme les Juifs avaient le Messie; — tout cela a disparu de devant sa pensée, et il voit Christ descendant jusque dans la poussière de la terre et puis montant au-dessus de tous les cieux, et nous en présente les effets. Christ est descendu dans les parties inférieures de la terre, — dans le sépulcre, mais le «hadès» pour son âme. Il descendit dans les parties inférieures de la terre, et puis il est monté au-dessus de tous les cieux. Il a été au-dessous de la création, car la mort et le hadès sont dans un sens au-dessous d'elle; et puis il est au-dessus de la création; et de cette manière «il remplit toutes choses». Christ, dans la puissance de sa rédemption, remplit toutes choses. Tout service et tout ministère ont leur place là; ils découlent de là. Christ est descendu où Satan avait sa puissance, dans la mort et le hadès; il est descendu là où était la puissance de Satan, et il brise cette puissance; il mène captive la captivité, et il place l'homme dans la gloire de Dieu, dans sa propre personne au-dessus de tous les cieux, en sorte que d'un côté il a rencontré et vaincu la puissance du mal, et de l'autre, il a élevé l'homme dans la gloire de Dieu. Ces dons, dont l'Apôtre parle, il les reçoit comme homme, comme nous lisons dans les Actes: «Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit saint promis (le Saint Esprit est la promesse du Père), il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 2: 33). Il a fait cela comme homme, non pas seulement comme Dieu, remarquez-le. Christ, en vertu de la rédemption par laquelle il remplit toutes choses, reçoit le Saint Esprit et l'envoie aux hommes qu'il a délivrés de la main de Satan, et édifie son Eglise ici-bas. Cela donne au ministère une place merveilleuse.

Dans l'épître aux Ephésiens, ce sont les saints individuellement qui ont la première place; l'Apôtre parle d'abord de «la perfection des saints», et puis il ajoute: «pour l'oeuvre du service, pour l'édification du corps de Christ». En premier lieu, il montre que chaque saint doit croître jusqu'à Lui qui est le chef, Christ; ensuite il parle de deux autres objets, introduits en grec par une autre préposition. En premier lieu, le Seigneur fait tout «en vue de la perfection des saints» (au milieu d'eux, il est «le Premier-né, entre plusieurs frères»); et puis, ce qu'il fait a ces deux autres caractères additionnels, «pour l'oeuvre du ministère» ici-bas, et «pour l'édification du corps» comme grand et seul tout. Il ne faut pas perdre de vue les personnes individuellement, quand nous sommes occupés du corps. L'Apôtre poursuit le sujet de la perfection des saints jusqu'à la fin du verset 15; puis, au verset 16, il en vient au ministère et à l'édification du corps. Quand il dit: «Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi» (chacun individuellement, je n'ai pas besoin de le dire), «et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (rien moins que cela) «afin que nous ne soyons plus de petits enfants ballottés et emportés çà et là par tous vents de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer, mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à Lui qui est le chef, le Christ», il a en vue les saints individuellement, et ils croissent jusqu'à Christ. Ensuite il continue, disant: «Duquel tout le corps» (il parle maintenant de la chose corporative) «bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour:» c'est la seconde chose, le second objet. En premier lieu, je le répète, les saints individuellement croissent en toutes choses jusqu'au Chef; et puis, en second lieu, vient l'édification du corps. Le corps s'édifie lui-même, mais en même temps, il y a le service et le ministère. C'est une merveilleuse grâce, que Celui qui descendit dans les parties inférieures de la terre, soit monté dans la gloire au-dessus de tous les cieux, et qu'il ait accompli cette oeuvre glorieuse, par laquelle il a mis les saints en relation personnelle avec Lui-même.

Il convient ici de dire un mot de la merveilleuse prière que l'Apôtre adresse au Père au chapitre 3: «Afin que selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit quant à l'homme intérieur» (verset 16). Paul demande que la puissance du Saint Esprit remplisse le coeur de chacun des saints individuellement, et que Christ habite dans le coeur de chacun, «de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos coeurs», c'est-à-dire que vous réalisiez Christ par la foi. J'ai Christ maintenant, — Lui qui est le centre de tout l'univers béni, — demeurant dans mon coeur; j'ai ainsi le centre en moi; et c'est là certainement l'amour parfait, car Christ demeure en Dieu, et Dieu en nous; et je suis enraciné et fondé dans l'amour. Mon coeur dès lors embrasse tous les saints selon cette parole de l'Apôtre: «Que vous soyez enracinés et fondés dans l'amour, afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints…» Je ne peux pas ne pas en tenir compte, parce qu'ils forment une partie du dessein de Dieu, le cercle le plus rapproché de Christ. Toute la scène de la gloire et des conseils de Dieu s'ouvre alors devant mes yeux; je vois la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur, c'est-à-dire la scène tout entière de la gloire de Dieu. Toute la gloire dont Dieu s'entoure, je la possède en ayant Christ dans mon coeur, réalisé par la foi, par la puissance de l'Esprit. Comme je pourrais me perdre dans cette gloire, je reviens à Christ que je connais, avec lequel je suis familier, et l'Apôtre demande que je «connaisse l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance». J'ai conscience qu'au milieu de toute cette gloire, je jouis et suis parfaitement familier avec Celui qui en est le centre; il demeure dans mon coeur, et je connais l'amour de Christ. L'étendue de la gloire n'en est pas diminuée, bien au contraire, parce que l'amour de Christ surpasse toute connaissance. C'est pourquoi il dit: «Et de connaître l'amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu» (verset 19). J'ai ce qui entoure Dieu dans la gloire, et maintenant, ayant connu l'amour personnel de Christ, je suis arrivé à Dieu lui-même. «Or à Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons, selon la puissance qui opère en nous…» On cite souvent ce passage comme nous parlant de ce que Dieu peut faire pour nous; des gens pieux, sans doute, je n'y vois aucun mal, disent dans leurs prières, que Dieu peut faire plus qu'ils ne demandent ou ne pensent, ce qui est très vrai; mais l'Apôtre dit autre chose ici. Il dit: «A Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous», ce qui est bien différent. «A lui soit gloire dans l'assemblée, dans le Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles». Nous sommes introduits dans tout ce dont nous venons de parler — c'est une puissance qui opère en nous, de sorte que Dieu est glorifié dans l'assemblée dans tous les âges, et maintenant aussi, je n'ai pas besoin de le dire.

Voilà ce que l'Apôtre place devant nous, avant qu'il introduise le sujet du ministère. Sa prière, ici, on le voit, n'est pas, comme au chapitre 1, que nous connaissions quelle est l'espérance de son appel et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage, mais, que le Père de notre Seigneur Jésus Christ, selon les richesses de sa gloire, nous fortifie en puissance. C'est selon tout ce en quoi il est glorifié, qu'il nous fortifie. Au chapitre 1, l'Apôtre avait demandé que les yeux de nos coeurs soient ouverts et que nous connaissions les choses qui sont à nous. La gloire est à nous, et l'héritage est à nous. Ici, au chapitre 3, il ne parle plus de ce qui est objectif, mais de ce qui opère en nous; il s'adresse au Père, non pas à Dieu, et il demande que Christ habite dans nos coeurs; il demande que nous soyons fortifiés, non pas que nous connaissions des objets qui sont placés devant nous, mais que nous soyons fortifiés en puissance par son Esprit dans l'homme intérieur. Il demande que cette puissance opère en nous, mais elle peut ne pas opérer. Il ne prie pas pour que nous sachions que certaines choses sont à nous, mais pour que les choses soient des réalités pour nous. On peut ne pas être fortifié avec puissance dans l'homme intérieur, quoiqu'on ait l'Esprit. C'est pour que l'âme soit dans un certain état positif, que l'Apôtre prie.

La prière du chapitre 1 n'était pas une demande pour que quoi que ce soit agît en nous, mais pour que nous connaissions les choses; et l'Apôtre place ces choses comme objets devant nous. Elles sont à vous, dit-il. Nous avons entendu l'appel, nous sommes participants de l'appel céleste, comme il est dit dans l'épître aux Hébreux, et, si nous ne sommes pas encore entrés actuellement en possession de l'héritage, nous sommes cohéritiers de Christ. L'Apôtre voudrait que les yeux de notre coeur fussent ouverts et tournés vers ces choses; mais elles sont à nous; et c'est une chose merveilleuse que le Saint Esprit ne puisse pas nous montrer une partie de la gloire qui ne soit à nous. La puissance, dont il est parlé à la fin du chapitre, qui agit en nous, est une puissance qui nous a pris là où nous étions, morts dans nos fautes et dans nos péchés, et qui nous a placés en Christ là où il est. Mais tout cela est accompli. «Et quelle est l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l'opération de la puissance de sa force qu'il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d'entre les morts (et il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle mais aussi dans celui qui est à venir)». Ici, Dieu nous montre que nous qui étions morts dans nos péchés, il nous a vivifiés; c'est cette puissance qui a opéré et qui a fait de moi un chrétien. Mais, au chapitre 3, qui nous occupe, l'Apôtre demande que la puissance opère en nous maintenant. Pratiquement c'est la réalisation de cette puissance.

Mais revenons au chapitre 4. Nous y trouvons, pour la marche, cette expression: «d'une manière digne», qui revient deux fois autre part. Nous sommes appelés à marcher «d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12); nous sommes appelés à marcher «d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards» (Colossiens 1: 10); et ici, nous sommes appelés à marcher «d'une manière digne de l'appel dont nous avons été appelés», c'est-à-dire digne de l'habitation de Dieu par l'Esprit, digne de ce qui constitue l'appel tout entier, mais plus spécialement la dernière partie. Dieu nous a tous réconciliés en un seul corps; il nous a réconciliés à Lui, et nous a édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit; et ici, l'Apôtre invite les saints à marcher d'une manière digne de cet appel. Il est remarquable, comment, en abordant ce sujet, il en vient immédiatement à l'humilité et à la douceur. C'est ici la marche qui est digne de l'appel. Nous sentirions notre propre néant, si nous pensions à la place, à laquelle Dieu nous a élevés. Rien de plus simple, si nous pouvions le saisir pratiquement: il nous a faits tous un par l'Esprit; nous sommes tous édifiés ensemble comme des pierres dans une maison; et il nous appelle à marcher dans cette unité et dans cet esprit de paix. Il faut que, dans notre marche, nous ayons le sentiment de ces grandes choses et de notre propre néant.

Il y a une triple unité: d'abord un corps, un Esprit, et une espérance de notre appel; ensuite, la profession extérieure, un Seigneur, une foi, un baptême; et enfin un cercle plus étendu encore, «un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, qui est partout, et en nous tous»; — en d'autres termes, l'unité de l'Esprit, l'unité de la Seigneurie, et l'unité en rapport avec Dieu le Père. Il y a l'Esprit, le Seigneur, et Dieu, comme nous lisons dans la première épître aux Corinthiens, où, à propos des dons, l'Apôtre nous parle de «diversités de dons, mais le même Esprit», de diversités «d'administration» ou de «service» et «le même Seigneur», et de «diversités d'opérations, mais le même Dieu, qui opère tout en tous». Il ne s'agit pas du Père, du Fils, et du Saint Esprit, mais d'une autre pensée liée à celle-ci, savoir: de l'Esprit, du Seigneur et de Dieu, — de l'Esprit, l'agent actif ici-bas, du Seigneur sous l'autorité duquel l'oeuvre se poursuit, et après tout, c'est une chose divine, un même Dieu opère tout en tous. Voilà ce que nous trouvons au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens; et c'est le même principe que nous avons ici. Mais il y a une différence importante dans la manière dont les dons nous sont présentés dans les deux épîtres, quoique dans l'une comme dans l'autre nous ayons l'Esprit, le Seigneur, et Dieu — le Saint Esprit sur la terre, ensuite Christ homme dans la gloire (il est plus que cela, toutefois il est un homme; Dieu l'a fait Seigneur et Christ; il lui a donné une place officielle; ce n'est pas qu'il n'ait pas une nature humaine et une nature divine), un Seigneur, une foi, un baptême, enfin, comme je l'ai déjà dit, un cercle plus grand, un Dieu, qui est au-dessus de tout, et qui est partout, et (la pensée étant reportée vers cette puissance intérieure), en nous tous». L'Ecriture est remarquablement correcte. Le panthéisme place Dieu en tout, et fait tout Dieu, mais Paul nous donne la vérité.

Après ce qui est commun, l'Apôtre parle de chacun de nous. Chacun de nous a sa propre niche particulière, chacun son propre petit service, quel qu'il puisse être d'ailleurs. «A chacun de nous la grâce a été donnée». L'Apôtre individualise; il parle de ce qui est vrai de tout membre du corps. «A chacun», est mis en contraste avec l'unité du corps. L'Apôtre envisage d'abord tous les saints comme un seul tout, et puis il individualise, et parle de chacun séparément. La grâce ainsi donnée est «selon la mesure du don de Christ» (4: 7). C'est du Donateur qu'il s'agit maintenant, et c'est Christ qui est le donateur. Au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens, l'Apôtre parle autrement, et la différence est importante au point de vue pratique. Le Saint Esprit, dans cette épître, nous est présenté comme descendu ici-bas, et distribuant comme il lui plaît, divinement. Le Saint Esprit distribue à chacun en particulier comme il lui plaît; c'est pourquoi l'épître aux Corinthiens envisage les dons seulement comme des puissances. Faut-il nécessairement qu'un homme parle en langue parce qu'il est capable de parler ainsi? Non, dit Paul, il faut qu'il pense à l'édification de l'assemblée; il faut que tout se fasse pour l'édification. Si le don qu'un homme a reçu n'édifie pas, il doit se taire; s'il n'y a pas d'interprète, il ne doit pas parler. Il y a de la puissance, mais une puissance sujette à l'autorité souveraine et dirigeante du Seigneur dans l'assemblée de Dieu. Les Corinthiens parlaient deux ou trois à la fois; ils prétendaient tous parler par le Saint Esprit, et ils pensaient qu'il leur fallait dire ce qu'ils pouvaient avoir reçu. Non, dit l'Apôtre, «les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes» (1 Corinthiens 14) Il faut qu'il y ait de l'ordre. Il y avait de la puissance; mais cette puissance était retenue et autorisée par le Dieu d'ordre. La possession de la puissance n'était pas une preuve que celui qui la possédait devait exercer sa puissance: il ne devait l'exercer que lorsque l'assemblée en recevrait de l'édification. C'est pour cette raison que nous trouvons, dans l'épître aux Corinthiens, ce qu'on appelle des dons miraculeux. Dans l'épître aux Ephésiens, il n'en est pas question; tandis que dans celle aux Corinthiens, nous voyons des dons de guérison, des miracles, des langues et autres signes de puissance, toutes choses dont il n'est pas question dans les Ephésiens. Dans les Corinthiens, nous voyons le Saint Esprit sur la terre; ici, dans les Ephésiens, nous voyons Christ élevé au-dessus de tous les cieux, prenant soin de son corps, et s'occupant de son édification; nous ne trouvons par conséquent que les dons qui sont permanents pour son bien. Les apôtres et prophètes sont le fondement, et le fondement ne se pose pas maintenant; mais les autres dons sont donnés jusqu'à ce que nous arrivions tous à l'unité de la foi, à l'état d'hommes faits. Il ne s'agit pas seulement d'une question de puissance, mais de la fidélité de Christ pour son corps, l'assemblée, qu'il nourrit et qu'il chérit comme un homme sa propre chair.

On pourrait se méprendre peut-être sur le sens du verset 7, et croire qu'il parle de Christ comme de ce qui est donné; car le mot «don» a un double sens, il signifie aussi bien l'acte de donner que la chose donnée. La grâce est simplement une faveur donnée, comme une grâce spéciale conférée en ce que Christ qualifie de la sorte un homme pour le service: «A chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ», ce qui signifie que celui qui est l'objet de cette faveur a reçu cette grâce, — la chose qui lui a été conférée, — selon la mesure du don de Christ. On ne peut pas dire que la grâce soit donnée à quelqu'un pour user d'un don, s'il est vrai que la grâce est donnée selon la mesure du don de Christ. La grâce est le don: elle est donnée selon la mesure du don de Christ. Si la grâce était donnée selon la mesure du don de Christ, c'est-à-dire Christ étant le don, chacun aurait la grâce parfaite, selon la mesure du don qui aurait été donné. C'est un caractère, — la grâce de Dieu donnée; mais, quelle que soit cette grâce, elle est un don. «A moi…, cette grâce a été donnée d'annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ».

Cela revient à dire que chaque membre du corps a un don. Ensuite l'Apôtre fait une distinction entre les dons permanents et ce que fournit chaque jointure. Christ ne donne pas le pastorat, il donne des pasteurs. C'est là un principe qui ne manque pas d'importance, car Paul, un prophète, ne prophétisait pas toujours, quoiqu'il fût toujours un prophète, et il était un apôtre, quoiqu'il n'exerçât pas toujours son apostolat. C'est pourquoi Christ ne donne pas l'apostolat, mais des apôtres. En envisageant l'apostolat, comme tel, donné à Paul, il se présente à nous comme une certaine position ou place de service donnée à Paul; et il était cela, un prophète, un apôtre. Christ monte en haut et le donne. Au Psaume 68, nous lisons que, monté en haut, Il a reçu des dons dans l'homme: Christ, comme homme, est monté en haut et est un donateur; c'est la mesure du don de Christ, non pas du Saint Esprit, quoiqu'il opère par le Saint Esprit.

Il ne s'agit pas seulement de donner quelqu'un pour accomplir aujourd'hui un acte de pasteur, mais Christ donne l'homme comme pasteur, et cet homme est toujours un pasteur, quoique Dieu pût lui ôter cette place, s'il le voulait. L'homme a cette place et cet office. Paul était toujours un apôtre: ce n'était pas quelque chose qui venait sur lui et qui s'en allait, mais Paul était un apôtre toujours. Dans l'épître aux Corinthiens, quand l'Apôtre parle de la puissance du Saint Esprit, il nous dit que Dieu «a placé les uns dans l'assemblée, d'abord des apôtres, en second lieu des prophètes»; mais ce passage traite le sujet plutôt au point de vue d'une action du Saint Esprit, présent ici-bas comme puissance. Ici, dans les Ephésiens, nous l'avons déjà fait remarquer, l'Apôtre nous place devant cette glorieuse vérité, que Christ est descendu dans le lieu de la mort, son âme dans le hadès et son corps dans le sépulcre; et puis qu'il est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplît toutes choses. «Ayant mené captive la captivité», il entre sur la scène en puissance, et fait d'autres hommes les instruments de cette puissance. Elevé ainsi «il a donné, les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs pour la perfection des saints, etc…».

Les apôtres et prophètes viennent les premiers. Ils ont passé, mais nous avons leurs écrits, qui sont infiniment précieux. Nous n'avons pas leur présence personnelle; nous sommes édifiés «sur le fondement des apôtres et prophètes»; et assurément, il n'y a pas de fondement à poser à présent.

Après les apôtres et prophètes, l'Apôtre mentionne ce qui a la première place dans l'édification de l'Eglise, car il ne peut pas y avoir de pasteurs et de docteurs, avant qu'un évangéliste ait amené des gens pour que ceux-ci en prennent soin. Le fondement, vous le voyez, doit être posé d'abord; c'est pourquoi les apôtres et prophètes viennent les premiers; mais après, comment y aurait-il des âmes à paître et à enseigner s'il n'y avait pas d'évangélistes? «Comment entendront-ils si quelqu'un ne leur prêche?» C'est pourquoi ce sont les évangélistes qui viennent maintenant. L'évangéliste est un don très précieux; j'en ai plus haute idée que des pasteurs et des docteurs; plus qu'eux ils affrontent le monde pour Christ. Je crois cependant que le pasteur est un rare don. L'oeuvre de l'évangéliste est plus simple; il affronte le monde pour Christ; tandis qu'il faut qu'un pasteur soit comme un médecin, connaissant la nourriture qui convient et le remède qui est efficace; il faut qu'il sache justement apprécier l'état du malade, et qu'il connaisse toute la pharmacopée, et sache aussi comment l'appliquer. En un sens c'est un don rare, et très précieux.

Le pasteur et le docteur sont des dons différents, mais dans le grec, et même dans le français, ils sont joints ensemble. Ils sont liés l'un à l'autre, mais non pas absolument un, car le pasteur, en un sens, inclut le docteur, tandis que le docteur n'a rien à voir dans l'office de pasteur, dans le soin des âmes. Je puis exposer les Ecritures et cependant n'avoir pas réellement la sagesse nécessaire pour m'occuper des âmes individuellement, comme un pasteur est appelé à le faire. Le pasteur est un don plus étendu que le docteur, quoique celui-ci et lui soient étroitement liés, parce qu'on aurait bien de la peine à être de quelque profit à un homme sans l'enseigner dans une certaine mesure. Un homme peut enseigner sans être un pasteur; mais on ne peut être un pasteur sans enseigner en un certain sens; les deux dons sont étroitement unis, liés l'un à l'autre, sans qu'on puisse dire néanmoins qu'ils soient la même chose. Le pasteur ne donne pas seulement de la nourriture comme le docteur, il paît les brebis, il les conduit ici et là, il prend soin d'elles. C'est un don très précieux et désirable; mais il est, et a toujours été, un don rare. Les pasteurs doivent avoir un coeur pour les brebis. L'un peut être plus complet que l'autre, mais c'est là l'oeuvre du pasteur.

Le témoignage est dans l'évangéliste; mais l'oeuvre de l'évangéliste est plus simple: il porte l'évangile aux pauvres pécheurs, tandis que le pasteur porte les saints sur son coeur et prend soin d'eux. On a dit, et on a voulu y trouver quelque consolation, que l'évangéliste n'avait pas une place d'une si grande importance, parce qu'on pouvait compter que Dieu ferait l'oeuvre quoiqu'il en soit. Mais l'Apôtre parle autrement, car il dit: «Comment entendront-ils si quelqu'un ne leur prêche? Et comment prêcheront-ils à moins qu'ils ne soient envoyés?» Rien n'est plus sûr que de consulter la parole de Dieu. Dieu peut faire tout ce qu'il veut, tout ce qu'il lui plaît pour amener les âmes à Lui, je n'en doute nullement; toutefois sa manière ordinaire de le faire, c'est par la prédication.

L'évangéliste est donné pour annoncer la bonne nouvelle; c'est là la mesure de son service qui s'étend jusque-là où les âmes reçoivent Christ et la rémission des péchés. L'évangéliste jette le filet dans la mer, et il rassemble toute sorte de poissons; et ensuite les pêcheurs prennent les bons, et les mettent dans des vaisseaux à part. La parabole ne fait aucune distinction entre ceux qui ont jeté le filet, et ceux qui le tirent sur le rivage, ou mettent à part les bons poissons. Le filet est tiré sur le rivage à la fin de la dispensation; ceux qui le tirent sont occupés des bons poissons, ils en ont ramassé bien des mauvais dans le filet, mais ils mettent les bons à part dans des vaisseaux. C'est pourquoi il s'agit maintenant de triage. L'évangéliste alors distingue ceux qui sont vraiment convertis d'avec ceux qui ne le sont pas. Le Seigneur parle de tous d'une manière générale, dans cette parabole; ceux qui tirent les filets mettent aussi les bons poissons dans les vaisseaux.

L'évangéliste, toutefois, n'a rien à faire au-dedans de l'Eglise, comme évangéliste. Un homme peut ne pas être un grand prédicateur, mais cependant évangéliser, s'il a beaucoup de vie. Les saints se réjouissent toujours dans la vérité. L'enseignement est souvent mêlé à l'évangile dans la manière dont il est présenté maintenant; les saints même ont très souvent besoin de l'évangile autant que les pécheurs; je veux parler du simple et pur évangile. C'est une sorte d'évangile qui enseigne, quelque chose de différent que ce qui réveille un pécheur; c'est un mélange de l'oeuvre d'un docteur et de celle d'un évangéliste. Un homme priera et suppliera Dieu d'amener des pêcheurs à Jésus, et un autre priera pour que Christ soit glorifié dans ses brebis; l'un a le cœur d'un évangéliste, l'autre celui d'un pasteur. On voit ainsi vers quoi le coeur d'un homme est tourné: l'un est tourné vers ceux de dehors, l'autre désire que les brebis de Christ le glorifient.

A cause du mauvais enseignement qui est répandu partout, on a besoin de présenter l'évangile à des convertis; et cela est autre chose que d'aller dans les chemins et le long des haies et de contraindre les gens d'entrer. A de telles gens on ne parle pas seulement de leurs péchés, mais de la grâce de Christ pour eux dans leurs péchés. Le chapitre 3 de l'épître aux Romains, vient avant le chapitre 7; mais n'ayant personne pour me prêcher, je me suis trouvé dans le 7e avant d'arriver au 3e. La première chose dont une personne a besoin, c'est de savoir qu'elle est coupable; et quand ce dont elle est coupable pèse sur sa conscience et qu'elle connaît sa responsabilité, le sang de Christ est là pour répondre à son besoin, et il y a pardon et purification.

Nous parlons ici, il ne faut pas l'oublier, de la prédication de l'évangile quand tout le monde professe de croire en Christ. Quand Pierre prêchait l'évangile aux Juifs, il dit: «Vous l'avez crucifié, vous l'avez mis à mort, et Dieu l'a ressuscité d'entre les morts»; mais si vous allez maintenant et que vous disiez à un pécheur que vous rencontrez sur votre chemin, que Dieu a ressuscité Christ d'entre les morts, il vous dira que cela il le sait aussi bien que vous. Ceux qui prêchaient dans ces jours-là annonçaient des faits; et je crois que l'évangile est réellement bien plus puissant quand nous prêchons et que nous présentons les grands faits qui le constituent. Il y a une immense puissance dans ces faits; mais en même temps, dans le sens ordinaire, ils sont admis, et on a besoin d'insister sur leur puissance et sur leur valeur, auprès de ceux à qui on s'adresse. Ceux qui ont prêché les premiers aux païens, leur disaient que Dieu avait envoyé son Fils dans le monde, que le monde l'avait crucifié, et que Dieu l'avait ressuscité. Si vous dites ces choses aux gens maintenant, la plupart ne le nieront pas, mais ils ont besoin qu'on leur présente l'autre partie de l'évangile qui est l'effet de ce qui précède: «Sachez donc, hommes frères, que par Lui vous est annoncée la rémission des péchés» (Actes des Apôtres 13: 38). Je crois que plus un évangéliste mettra en avant des faits, plus il aura de puissance dans son témoignage.

La question n'est pas toujours une question de connaissance. Un homme qui vient de trouver le salut de son âme, est parfois plus vivant et plus sérieux qu'un homme qui l'a trouvé depuis longtemps, et à ce point de vue, il y a de nouveaux convertis qui sont de meilleurs évangélistes que d'autres. Mais après cela, n'oubliez pas que nous prêchons l'évangile dans la chrétienté, non pas à des Indous ou à des Chinois; et si nous ne tenons pas compte de cela, notre prédication sera très superficielle. Evangéliser dans la chrétienté n'est pas évangéliser au milieu du paganisme; c'est une difficulté de plus peut-être. — Mais prenez un fait: quand les péchés d'un homme sont venus en évidence et que vous les faites peser sur lui, vous lui présentez Christ. Ce n'est pas l'enseignement qui fait cela, c'est une certaine sorte d'évangile qui a affaire avec l'état d'une âme, et après qu'on a entendu cet évangile, ce qu'on a eu jusque-là ne suffit plus.

La parabole du filet au chapitre 13 de Matthieu, est descriptive; elle nous parle du royaume des cieux et de son cours. Elle ne donne aucune direction sur la manière de faire l'oeuvre, et des directions ne feront jamais rien à cet égard. Pour avoir un évangéliste, il faut trouver un homme qui aime les âmes; mais des conseils sur la manière de s'y prendre, dans l'activité de cet amour, sont sans fruit. On peut suggérer sans doute une pensée, et cela est très bien, en son lieu et place; mais ce qu'il faut chercher, c'est la ferveur d'esprit et l'amour des âmes.

L'évangile est la gloire de la grâce de Dieu. L'évangile deviendra pour moi, si je connais la gloire, bien plus clair dans ses premiers éléments: ce sera un évangile plus «enseignant». Je pourrai dire: Comment pouvez-vous vous tenir devant Dieu dans la gloire? et: Christ est dans la gloire; et si vous regardez à Christ, et qu'il ait porté vos péchés, il faut qu'ils aient été ôtés, car il ne les a pas portés avec lui dans la gloire. C'est là ce qui donne la paix à la conscience d'un homme. Je puis prendre aussi la venue du Seigneur et la présenter comme un sujet de terreur, et elle peut servir pour réveiller la conscience, car rien n'est fait jusqu'à ce que la conscience soit réveillée. C'est un mauvais signe quand l'évangile est reçu immédiatement avec joie, à moins qu'il n'y ait eu un travail préalable dans l'âme. Pour être bénie, il faut que toute âme soit amenée d'une manière consciente devant Dieu, autrement il n'y aura jamais aucune réalité. On ne peut amener une âme à Dieu autrement que par la conscience, parce qu'un homme ne peut pas se trouver dans la présence de Dieu sans que sa conscience soit réveillée; c'est pourquoi un prédicateur doit s'appliquer à faire luire la lumière dans la conscience d'un homme et à lui faire découvrir ainsi ce qu'il est dans la lumière.

Il peut y avoir une oeuvre préliminaire, ce que les anciens Puritains appelaient les opérations ordinaires de l'Esprit. Dieu peut avoir fait entendre des appels à la conscience, ces appels peuvent l'avoir atteinte, et l'âme cependant poursuivre son chemin comme elle faisait auparavant. La conscience d'un homme peut être atteinte et l'homme peut être vivifié ou il peut ne l'être pas; ou bien la conscience peut être atteinte et produire la plus ardente inimitié contre Dieu. Les consciences de ceux des Juifs à qui Etienne s'adressait, furent atteintes et leur firent grincer les dents contre Etienne. Quand Dieu vivifie, la conscience est atteinte, et l'homme sent qu'il est un pécheur. La conscience, je le répète, peut être atteinte, sans qu'il y ait cette oeuvre intérieure aussi bien qu'avec elle.

Partout où le Saint Esprit opère, il produit un besoin; dans le cas de Nicodème, l'oeuvre alla jusqu'à la vivification; mais quand Dieu dit: «Vous résistez toujours au Saint Esprit»; il n'y a aucune oeuvre dans le sens du salut et de la vivification, mais la conscience a été atteinte; c'est pourquoi les puritains appelaient cela, les opérations ordinaires de l'Esprit.

Tout homme a une conscience; la chute d'un arbre peut alarmer cette conscience, et si Dieu agit en grâce, comme il le fit dans le cas de Luther dont l'ami fut tué par un éclair, l'oeuvre est efficace, réelle; mais vous voyez des hommes qui ont été alarmés et qui se plongent ensuite dans une corruption plus grande, pour faire taire leurs alarmes. Atteindre la conscience et vivifier une âme sont deux choses distinctes, quoiqu'elles puissent marcher ensemble. Dans la dernière des sept paraboles de Matthieu 13, celle du filet jeté dans la mer, c'est l'évangile qui est le filet qui prend les poissons; mais quand les pêcheurs tirèrent le filet, ils prirent des mauvais poissons aussi bien que des bons. L'oeuvre est toute de Dieu, mais il emploie des ouvriers. Non seulement Dieu travaille, mais seul il est l'auteur de tout ce qui est bon.

Nous avons déjà vu que le filet est jeté dans la mer: «Comment entendront-ils parler, sans quelqu'un qui prêche?» (Romains 10: 14). On dit que Dieu saura trouver les siens; je l'admets, je l'ai déjà dit, et l'Ecriture est claire sur ce point. Mais Dieu a sa propre manière de faire ce qu'il veut, et sa manière ordinaire est, par la folie de la prédication, de sauver ceux qui croient. «La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend, par la parole de Dieu» (Romains 10: 17). C'est le mode établi ordinaire de Dieu. Je vois deux manières selon lesquelles Dieu manifeste son amour: l'une c'est que, étant en Lui-même le Dieu bienheureux, il nous donne de jouir de cette béatitude, en communion, par le Saint Esprit; l'autre qui est différente, c'est l'activité de cet amour envers ceux qui n'ont point de communion avec Lui, activité dans laquelle il nous donne une part aussi. Le fait qu'il agit par des instruments, comme nous le voyons ici, est une immense bénédiction. Dieu donne à de pauvres créatures telles que nous une part dans cette activité pour le salut des âmes. Si c'est l'oeuvre de l'homme, elle n'est bonne à rien.

Au chapitre 14 de Luc, le Seigneur parle à des serviteurs et les envoie, disant: «Va… et contrains les gens d'entrer», et il insiste sur ce que si les conviés, les Juifs, ne voulaient pas entrer, les gentils seraient introduits. Il amena d'abord les pauvres Juifs, les pauvres du troupeau, dans la maison; mais la maison n'était pas remplie, et alors il envoie vers les gentils. Le Seigneur ne dit pas qui il envoie.

Quoiqu'il en soit, je le répète, on n'enseignera jamais à personne à être un bon évangéliste; il faut que Dieu le lui donne. Il faut que l'évangéliste ait l'amour des âmes dans son coeur. S'il s'appuie sur le Seigneur, il gagnera des âmes.

L'église ne pourrait pas exister sans l'évangéliste. Envisagé comme évangéliste, le point de départ du serviteur, c'est l'église, parce qu'il en est un membre. Au commencement, quand tout était en ordre, la puissance venait du centre et rassemblait à ce centre: «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés». Tous les dons sont indépendants de l'église, tous, ils sont dépendants de Christ. Tout service est simplement rendu à Christ. J'admets tout à fait la discipline: si un homme enseigne mal, il faut qu'il soit discipliné; mais le service est le service de Christ. Ils sont tous pour le Seigneur et je crois que le Seigneur les ajouterait à l'église si les choses étaient en ordre. L'église, c'est ce qui est formé sur la terre pour qu'il y soit glorifié; c'est là que le Seigneur se glorifie maintenant dans le monde — c'est pourquoi l'évangéliste amène là les âmes. Tout cela est parfaitement vrai; mais s'il s'agit de la personne d'un évangéliste ou d'un pasteur, il est le serviteur de Christ. Sans doute, il sera beaucoup plus heureux, s'il marche en communion avec l'assemblée; mais le fait d'évangéliser n'est pas l'acte de l'assemblée. L'assemblée ne sera pas prospère à moins qu'il n'y règne un esprit d'évangélisation, parce que l'amour de Christ étreindra les saints.

J'admets parfaitement ce que nous avons vu à l'occasion des réveils: l'activité qui convertissait et celle qui rassemblait ont été en une certaine mesure disjointes. Au commencement, nous voyons clairement que les opérations étaient unies, le Seigneur alors «ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés»; c'était l'ordre régulier des choses.

Au commencement il y avait l'église que Dieu avait établie, et la puissance y était. Ils recommandent Paul à la grâce de Dieu, et Paul revient et raconte les choses que Dieu a faites par lui (*). Il y a action et réaction; mais tout cela est maintenant disloqué; nous nous trouvons dans un immense système appelé l'église, et qui n'a pas plus ni même autant à faire avec Christ que l'homme dans la lune; et quand un homme se sent pressé de s'en aller et de parler aux âmes, il y a une difficulté, parce qu'il ne sait peut-être pas qu'il y a un corps de Christ. Autrefois, quand un homme était païen ou juif et qu'il devenait chrétien, il était ajouté à l'église; mais cela n'a plus lieu maintenant; c'est pourquoi, pour faire l'oeuvre selon le Seigneur maintenant, il faut plus de vraie puissance et de sagesse, et non pas simplement la puissance seulement qui évangélise le pécheur.

(*) Actes des Apôtres 15: 39; 21: 19; 15: 4.

A N., nous avons passé par un très heureux exercice de coeur à ce sujet. Ceux qui les premiers s'en étaient allés pour évangéliser, ne savaient absolument rien du corps de Christ; ils s'en allaient et se dévouaient à ceux qu'ils rassemblaient, les uns s'adressant au monde, les autres aux sectes, ne sachant pas mieux. Maintenant l'oeuvre marche plus lentement, mais d'une manière bien plus solide. Ceux qui évangélisaient n'ont pas cessé d'évangéliser; mais leur travail a été plus en rapport avec Christ en dehors du monde, leur témoignage a été plus sain et efficace. Le travail n'est ni moindre, ni moins réel, et il est d'une meilleure sorte.

Une difficulté s'élève en ce que nous ne prêchons pas à des païens. Si vous allez en Chine ou aux Indes, ceux qui seront convertis au Seigneur viendront prendre place au milieu des chrétiens qui sont là; si vous allez maintenant et que vous convertissiez un homme qui est lié aux Indépendants, ou aux Presbytériens ou aux Méthodistes, il continue sa route avec eux: l'homme appartient à Christ, mais la chose tout entière qui existait au commencement, s'est noyée dans un marais. Si vous apportez le pur évangile, la personne qui le recevra saisira des choses qui lui rendront impossible de continuer sa route comme elle avait marché auparavant; elle s'apercevra qu'elle ne peut plus suivre la même route qu'elle avait tenue jusque-là. C'est la raison qui m'a empêché de prêcher au milieu de ceux qui ont constitué des sociétés religieuses en dehors du nationalisme; l'évangile que je prêchais eût fait crouler tout leur système. Comment un homme qui croit ce que je lui dis, que par une seule offrande, il a été rendu parfait à perpétuité, s'en ira-t-il après écouter un prédicateur qui ne fait que parler de la loi et ramener les âmes sous elle? S'il y va, l'état de son âme s'en ressentira immédiatement et sera rabaissé. Sans que j'aie dit peut-être un seul mot d'aucune doctrine particulière ou que j'aie parlé de séparation de la société religieuse à laquelle il appartient, et que je ne voulusse même jamais parler dans ce sens, cependant la prédication d'un vrai et pur évangile (s'il est reçu), amènera nécessairement une âme vers le centre que j'aurai présenté. Il en sera ainsi toutes les fois que l'évangile sera prêché dans sa simplicité et sa plénitude. Je disais que je ne pourrais jamais engager un chrétien à abandonner les systèmes humains, et je ne l'ai jamais fait. Je crois qu'il y a parmi les pauvres catholiques romains des gens qui s'en iront au ciel. Mais il y a une chose qui est mauvaise, ce sont toutes ces divisions; et je défie qui que ce soit de me montrer dans la Parole de Dieu quelque chose de semblable à ce qu'on appelle aujourd'hui l'église. Il faut que les saints sortent de cette confusion; mais, de plus, nous sommes appelés à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix.

Le don de pasteur est un don rare. Quelqu'un pourrait-il exercer l'office de pasteur sans avoir un don, c'est-à-dire faire l'oeuvre d'un pasteur sans être doué spécialement? Il fera l'oeuvre très mal, s'il n'a pas reçu le don. S'il fait l'oeuvre réellement, c'est qu'il a reçu le don, autrement il ne pourrait pas la faire effectivement. Je ne sais si je me fais bien comprendre: je demande si dans l'état présent des choses, l'oeuvre d'un pasteur se fait en quelque manière que ce soit, par quelqu'un qui n'a pas le don de pasteur, ou si même la chose est possible. Cela tient beaucoup à l'esprit de la chose. Un homme peut occuper la place et l'office de pasteur, mais il ne peut pas faire l'oeuvre, parce qu'il n'a pas reçu le don. Si quelqu'un me dit: Je ne prétends pas avoir le don de pasteur, mais je m'occupe des âmes aussi bien que je peux, je n'ai rien à y objecter, car c'est l'amour fraternel. Si quelqu'un, dans l'amour fraternel, fait ce qu'il peut, c'est très bien, et nous devrions tous prendre soin les uns des autres. Un chrétien jeune, sans doute, ne peut pas faire autant qu'un chrétien plus âgé; mais en un certain sens, tout chrétien devrait avoir soin de son frère. Ainsi au verset 16, après qu'il a été question des grands dons positifs des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, qui continueront jusqu'à la fin, nous lisons: «Duquel (c'est-à-dire Christ) tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement». Voilà ce dont je parle maintenant, savoir d'un homme qui n'a pas un don et un office spécial, mais qui fait ce qu'il peut. «Duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour». Ici, tous les membres ont quelque chose, une chose ou l'autre; ils ont tous leur place et leur service: l'un peut exhorter, un autre peut avoir quelques paroles de sagesse et ne jamais paraître en public du tout. Il y a ce que «chaque jointure fournit», quelque chose qui est réel et que Christ approuve.

Ce service de chaque partie se rattache au verset 7, cela est évident, seulement l'Apôtre étend ce qu'il dit aux dons d'apôtres, de prophètes, d'évangélistes, de pasteurs et de docteurs, et ensuite il en vient à «chaque jointure du fournissement». Il parle d'abord des dons positifs, mais ensuite tout chrétien peut évangéliser, quoiqu'il n'ait pas la place d'un évangéliste; il peut saisir une occasion de parler pour Christ. (Comparez Actes des Apôtres 8: 4).

Je laisse chacun à sa propre conscience pour ce qui est des lieux où il se sent libre d'évangéliser.

Dans les commencements, je prêchais dans tous les temples ou les chapelles où l'on m'en donnait la liberté; j'ai trouvé depuis lors que ce n'était pas sage. Si je voyais un homme, prêchant l'évangile sincèrement et purement dans les rues, et qu'il trouvât de l'opposition, je pourrais m'identifier avec lui sans lui demander qui il est ou d'où il vient. Mais c'est là une chose toute différente que de m'arranger avec lui pour que nous travaillons ensemble: cela je ne pourrais pas le faire. Je laisse, quant à moi, chacun libre à cet égard. On ne peut pas contrôler la conscience d'aucun homme; vous pouvez l'avertir. Je ne cache pas que je suis hors du camp: on s'en irrite parfois; mais je suis délibérément hors du camp, absolument et totalement, et je pense que ce que je veux, c'est l'Ecriture qui me l'a appris. Si je vais dans un temple ou dans une chapelle, je me mêle avec ce qui est dans le camp, et je rends «un son confus». Je suis pleinement persuadé que dans l'état présent de l'église, le chrétien doit prendre place et se tenir en dehors de ces relations. La chrétienté s'en va rapidement au jugement; et ce n'est pas de l'amour que de marcher avec elle et d'affaiblir ainsi le témoignage. Je l'ai vue, poursuivant sa course, pendant ces quarante ou cinquante dernières années, avec des chrétiens qui cherchaient à marcher avec elle, mais je n'ai jamais vu que ces personnes aient fait elles-mêmes des progrès dans la vérité ou qu'elles aient amené d'autres personnes à une vue claire de la vérité pour leur marche. Cinquante ans d'expérience, ou à peu près, ne me laissent aucun doute à cet égard.

Pour ce qui est de saluer quelqu'un, ou de m'associer à quelque oeuvre poursuivie au dehors, si j'entendais parler d'une personne qui prêchât Christ dans un esprit de contention, je me réjouirais, comme dit l'Apôtre, mais je ne pourrais pas marcher et m'associer à un homme qui travaillerait dans un esprit de contention: cependant je me réjouis de ce qu'il prêche Christ.

Avec de certains prédicateurs je ne voudrais pas m'associer pour des raisons de discipline. Je distingue entre me réjouir de ce que Christ est prêché, autrement dit avoir communion avec Christ prêché, et coopérer avec les hommes qui prêchent. Pensez-vous que je fisse bien de m'associer avec un homme qui prêche dans un esprit de contention? Toutefois, en un sens, je me réjouis de ce qu'il prêche, parce que Christ est ainsi annoncé.

Je puis reconnaître ainsi tout ministère, là où il est vrai, sans reconnaître pour cela un homme dans le sens de coopérer avec lui: c'est la chose qui donne un caractère à l'évangélisation elle-même. D'après mon expérience, ce n'est pas le moyen de faire avancer les âmes que de s'associer indistinctement et sans discernement avec tous ceux qui prêchent l'évangile. J'ai vu les deux manières de prêcher, je les ai vues pratiquées par des frères; sans doute, ils se tiennent debout où ils tombent pour leur propre Maître. J'irais bien avec eux pour prêcher l'évangile, mais non pas avec le camp. Il est d'une immense importance de saisir, quelque difficulté que de jeunes âmes nouvellement converties puissent éprouver à le comprendre immédiatement, qu'il y a sur la terre cet immense système «le camp», qui n'est pas de Dieu, quoiqu'il s'y trouve bien des vrais croyants. C'est pourquoi il faut que nous laissions chacun juger pour lui-même dans chaque cas particulier. Mais ce qui m'associe au camp, je ne puis le faire: ce serait rétablir de nouveau les choses que j'ai renversées. Si je dois m'y associer, pourquoi l'ai-je abandonné? Je ne dois faire la guerre à personne, ni demander à personne de venir avec moi; je ne voudrais pas le faire ni ne l'ai fait, mais je ne me laisse pas détourner de ce qui est clair dans l'Ecriture.

Il n'y a aucun vrai chrétien auquel il ne soit donné une chose ou l'autre pour le service dans le corps de Christ, ne fût-ce qu'un peu de sagesse peut-être: chaque chrétien a reçu quelque chose pour le service du corps pour y avoir sa place comme une main, ou un pied, ou un oeil; mais chacun n'a pas un don éminent comme un pasteur ou un évangéliste. Chacun a reçu quelque chose, selon la mesure de ce que Christ lui a donné, et, s'il dépasse cette mesure, ce ne sera plus que l'action d'un homme et rien qui vaille.

(Chapitre 4: 17-19)

L'Apôtre en vient maintenant aux exhortations habituelles relativement à la marche. Il rappelle quel est l'état dans lequel se trouvaient les nations, savoir l'ignorance et le péché; et puis il parle de «la vérité selon qu'elle est en Jésus Christ». La vérité telle qu'elle est en Jésus Christ n'est pas une doctrine, quoiqu'elle renferme une doctrine: elle consiste à avoir dépouillé le vieil homme et à avoir revêtu le nouvel homme, — par la foi, et puis «à être renouvelé dans l'esprit de votre entendement». Quand l'Apôtre parle «d'avoir dépouillé» et «d'avoir revêtu», il ne se sert pas du présent, tandis que lorsqu'il parle «d'être renouvelé dans votre entendement», il emploie le présent. La vérité, c'est que vous avez dépouillé le vieil homme; mais que vous avez besoin d'être renouvelés. Au chapitre 3 de l'épître aux Colossiens, l'Apôtre le dit clairement: «Ne mentez point l'un à l'autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions, et ayant revêtu le nouvel homme…»

Dans l'épître aux Ephésiens, Paul ne dit pas tant ce que les saints avaient fait, mais ce qu'est la vérité en Jésus Christ: il parle ainsi d'une manière plus abstraite. La vérité en Jésus, c'est avoir dépouillé et avoir revêtu. Quand il s'agit du renouvellement, c'est le présent que l'Apôtre emploie, car ce renouvellement de l'esprit de votre entendement est quelque chose qui continue toujours.

Un autre principe d'une immense importance, nous est révélé maintenant: le nouvel homme est créé selon Dieu «en justice et en sainteté de la vérité». C'est le caractère de Dieu lui-même.

Le premier homme était innocent; il n'était pas juste, mais innocent: il n'y avait pas de mal en lui. Pour être juste et saint, il faut avoir la connaissance du bien et du mal. Dieu est parfaitement juste et parfaitement saint; il juge avec autorité ce qui est bien et ce qui est mal. Le nouvel homme est créé «selon Dieu». Dans l'épître aux Colossiens nous trouvons une autre expression d'une grande importance: elle dit du nouvel homme qu'il est «renouvelé en connaissance selon l'image de celui qui l'a créé». Il y a une vraie et positive connaissance de Dieu; il n'y a pas seulement chez moi absence de péché, mais une vraie connaissance de Dieu lui-même, et c'est ce que Dieu est, qui constitue le caractère et l'essence de mon nouvel homme.

Pierre parle de «participer de la nature divine» (1 Pierre 1: 4). Ce n'est pas seulement que nous soyons nés de nouveau: l'Apôtre va plus loin, il parle de la vérité selon qu'elle est en Jésus. Sans doute l'homme est né de nouveau: Abraham eut besoin de naître de nouveau, mais il ne sut jamais ce que c'était que d'avoir dépouillé le vieil homme et d'avoir revêtu le nouvel homme. Dans tout l'Ancien Testament il n'est pas question de cela, on y trouve bien la connaissance du péché en activité; mais les saints de l'Ancien Testament ne faisaient pas la différence entre le vieil homme et le nouvel homme. Dès que la mort intervint et que l'homme trouva sa place auprès de Dieu en Christ, nous trouvons le vieil homme et le nouvel homme.

L'Apôtre parle ici de revêtir ce nouvel homme créé selon Dieu en justice et sainteté de vérité. J'ai revêtu ce nouvel homme, ayant par conséquent dépouillé le vieil homme. C'est quelque chose d'absolument nouveau. Christ est mort de telle manière que le vieil homme est annulé: pour la foi j'en ai fini avec la chair. Je ne suis pas débiteur à la chair; je suis crucifié avec Christ; le vieil homme est annulé. Nous sommes vivifiés ensemble avec Christ: c'est là plus que d'être simplement nés de Dieu. Quand Christ vivifie comme Fils de Dieu, car il vivifie, et il vivifie qui il veut, c'est une chose différente de ce dont l'Apôtre parle lorsqu'il nous dit: que nous sommes vivifiés avec Christ ressuscité d'entre les morts; car lorsque je suis vivifié avec Christ ressuscité, j'ai laissé toutes les choses vieilles derrière moi et je suis entré dans un état de résurrection. Le vieil homme est crucifié avec Christ. Ce point est de la plus haute importance, parce qu'il constitue l'un des deux grands éléments de la marche chrétienne. Le premier de ces éléments, c'est d'avoir dépouillé le vieil homme et d'avoir revêtu le nouvel homme: et puis, en second lieu, le Saint Esprit demeure en nous et nous ne devons pas l'attrister; ce sont là les deux grandes bases de la marche chrétienne dans l'épître aux Ephésiens.

Ce qui constitue le caractère moral de cette marche, c'est que nous sommes faits participants de la nature divine. Nous avons été créés «selon Dieu»; le nouvel homme est créé selon l'image de ce que Dieu est. Dieu est juste et Dieu est saint, et la vérité telle qu'elle est en Christ ne nous place pas seulement devant lui dans l'innocence, mais, nous rendant actuellement participants de la nature divine, nous donne un caractère selon ce que Dieu est. Nous sommes créés selon Dieu, nous sommes créés en justice et en sainteté, autrement dit, nous sommes créés moralement en la ressemblance de la nature de Dieu. Il faut prendre garde ici de ne pas parler légèrement de ce que Dieu nous dit à cet égard. Moralement, le nouvel homme est créé selon Dieu, à l'image de Celui qui l'a créé; moralement c'est la même chose; nous participons de la nature divine, autrement nous ne pourrions pas trouver notre plaisir en Dieu. Nous sommes «saints et irréprochables devant Lui en amour», et c'est là moralement la nature de Dieu. Dieu est saint, Dieu est irréprochable, Dieu est amour; et il en est ainsi de Christ. Si vous regardez à Lui ici-bas, il était saint, il était irréprochable, et il était ici-bas en amour. C'est l'accomplissement de cette parole: «Celui qui sanctifie,» c'est-à-dire Christ «et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d'un; c'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères» (Hébreux 2: 11).

Mais ce côté de la vérité ne doit pas nous laisser oublier ce qui est dit du dépouillement du vieil homme: le chrétien, en vertu de la mort de Christ, et parce qu'il a Christ pour sa vie, comme chrétien ne reconnaît pas la chair du tout. La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, mais le chrétien ne la reconnaît pas. Il n'est pas appelé à mourir au péché, mais à se tenir lui-même pour mort, Christ étant mort, et lui, ayant le droit de se prévaloir de tout ce qui est arrivé à Christ. Ce que Christ a fait, il se tient pour l'avoir fait, à cet égard. On me dit que je suis un homme vivant, et je réponds que je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi. «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi» (Galates 2: 20). Nous avons dépouillé le vieil homme (non pas nous devons dépouiller le vieil homme), savoir si nous l'avons entendu et avons été instruit en Lui: ensuite, ce nouvel homme est «selon Dieu».

Remarquez les deux mêmes points au chapitre 8 de l'épître aux Romains: «La loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus», c'est ici le nouvel homme, «m'a affranchi de la loi du péché et de la mort; car ce qui était impossible à la loi, en ce qu'elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché dans la chair». Quand Christ était sur la croix, il n'a pas seulement porté et ôté nos péchés, mais Dieu a condamné là le péché en la chair, de sorte que je vois le péché absolument ôté. La foi tient la chose pour faite. Christ est mort au péché; il est la seule personne qui soit morte au péché; ainsi Dieu nous tient pour vivant à Dieu, non en Adam, mais en Jésus Christ notre Seigneur. Ma vie, la vie que je vis, n'est pas chair, — «vous n'êtes pas dans la chair», mais «en Christ». Quand il s'agit de réalisation, le dépouillement vient le premier: vous dites, j'ai dépouillé le vieil homme, je ne suis pas un enfant d'Adam et j'ai revêtu le nouvel homme, savoir Christ. Autrement dit, je crois au témoignage du Seigneur que nous lisons en 1 Jean 5: «C'est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils; celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils n'a pas la vie». C'est une chose absolument nouvelle en Christ; et comme preuve que la vie éternelle n'est pas en Adam, mais en Christ, l'Apôtre nous présente l'Esprit, et l'eau, et le sang, — ce qui purifie, ce qui fait expiation, et ce qui a la puissance de la vie, — venant ensemble à la suite et en conséquence de la mort de Christ. L'eau sortit du côté de Christ mort, le sang de même, tandis que l'Esprit vint après qu'il a été glorifié. Ces trois, l'Esprit, l'eau et le sang s'accordent ensemble pour témoigner que la vie éternelle n'est pas dans le premier homme mais dans le second. Je me tiens moi-même pour mort, je suis crucifié avec Christ; et ainsi comme chrétien, j'ai une nature qui est «selon Dieu». Un autre élément vient ensuite, c'est que le Saint Esprit habite en moi, et que je ne dois pas l'attrister.

Dépouiller le vieil homme et revêtir le nouvel homme sont deux faits qui s'accomplissent réellement en même temps; mais au point de vue pratique, quand on entre dans les détails, on trouve que l'un des faits s'accomplit d'abord, et qu'ensuite on réalise l'autre. En réalité, on revêt d'abord le nouvel homme. Quand on en vient à la pratique, il faut traiter le vieil homme comme mort, et le nouvel homme se trouve libre. En fait, il faut que nous ayons trouvé d'abord le nouvel homme pour que nous puissions traiter le vieil homme comme mort; car si le vieil homme était traité comme mort auparavant, il n'y aurait point d'homme du tout. Quand Christ est devenu ma vie, mes yeux se tournent sur moi-même, et c'en est fait entièrement du vieil homme. Plusieurs reconnaissent bien qu'il fallait qu'ils fussent nés de nouveau, mais ils ne reconnaissent pas qu'ils ont dépouillé le vieil homme. Dès que je saisis la mort et la résurrection de Christ, je dis que je ne suis pas redevable au vieil homme. C'est là plus que le simple fait d'être né de nouveau: je ne dis pas seulement que je suis né de nouveau, mais que j'ai dépouillé le vieil homme, c'est-à-dire pour la foi.

Le vieil homme, je n'ai pas besoin de le dire, fait partie de l'ancienne création; mais: «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création». Nous sommes les prémices de ses créatures, ainsi qu'il est écrit: «De sa propre volonté, il nous a engendrés pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1: 18). Quand l'Apôtre parle des voies de Dieu à l'égard de l'état dans lequel je me trouve, comme chrétien, sujet qui est étranger à l'épître qui nous occupe, mais qui nous est présenté dans celle aux Colossiens dont le point de vue est un peu plus bas, il ne nous dit pas de mortifier le vieil homme, mais «mortifiez vos membres qui sont sur la terre». Il ne reconnaît aucune autre vie que Christ. «Votre vie est cachée avec Christ en Dieu». «Vous êtes morts», mortifiez donc maintenant vos membres, c'est-à-dire mettez-les à mort. Cette mortification implique la puissance. L'Ecriture ne dit jamais que nous devions mourir au péché, mais que nous sommes morts au péché, et «vivants à Dieu en Jésus Christ»; et c'est pourquoi nous pouvons mortifier.

Les deux passages «par l'Esprit vous faites mourir les actions du corps» (Romains 8: 13), et «mortifiez donc vos membres» (Colossiens 3: 5), ne sont l'expression que d'une seule et même chose présentée d'une manière différente. L'épître aux Romains ne nous voit pas comme ressuscités avec Christ, tandis que l'épître aux Colossiens et celle aux Ephésiens nous envisagent ainsi. Dans l'épître aux Romains, les saints sont présentés comme morts avec Christ, parce que le but de cette épître n'est jamais de nous retirer de notre place dans ce monde: elle nous montre que nous sommes en Christ, mais en même temps toujours ici-bas, tandis que dans l'épître aux Colossiens, l'Apôtre ne veut pas nous laisser être vivants dans le monde. «Pourquoi», dit-il, «comme si vous étiez encore en vie dans le monde, êtes-vous assujettis à des ordonnances?» (Colossiens 2: 20). Tout ce ritualisme dont il parle découle de l'ignorance de ce fait, que nous sommes morts.

Un autre second élément infiniment important se présente à nous maintenant, savoir que Dieu habite en nous par le Saint Esprit, — car l'Apôtre exhorte les saints, disant: «N'attristez pas le Saint Esprit de Dieu» (4: 30). Le chrétien ne doit rien faire qui déplaise à Dieu qui demeure en lui. Il n'est pas question ici dans les Ephésiens de mortifier les membres; nous sommes l'ouvrage de Dieu, une nouvelle création, et rien d'autre. L'épître aux Colossiens ne va pas aussi loin; elle nous voit bien ressuscités, mais non pas assis dans les lieux célestes.

L'épître aux Romains nous fait descendre dans le Jourdain, mails elle ne nous en fait pas sortir. L'épître aux Colossiens nous amène jusqu'à l'autre rive, et l'épître aux Ephésiens nous prend et nous établit en Canaan pour que nous mangions le vieux blé du pays, là où il n'y a plus de manne. Vous ne pouvez pas dire que les Ephésiens soient une figure de cela, ce serait entrer dans les détails, ce que la figure ne fait pas; nous avons une figure du fait tout entier que nous avons passé le Jourdain. Nous ne sommes pas dans le désert, mais nous sommes dans les lieux célestes, et assis là en Christ; — et avant que j'en sois là, je ne suis pas circoncis. L'épître aux Colossiens nous donne la circoncision. Nous trouvons deux choses dans l'épître aux Romains: Dieu envisage l'homme comme vivant dans le péché; il s'occupe de lui comme tel, et la mort est introduite, — la mort de Christ. Par la mort de Christ, notre culpabilité est effacée, et par sa mort, nous sommes morts: nous sommes en Christ, mais nous sommes envisagés comme des personnes qui sont mortes, quoique non ressuscités avec Lui. Dans les Ephésiens, quoique le fait soit mentionné, l'homme, pour ce qui est de l'exposition doctrinale, n'est pas envisagé comme vivant dans le péché: il est mort dans les péchés; — c'est un autre aspect, mais le même état. Quand je suis vivant dans les péchés, je suis mort vis-à-vis de Dieu; il n'y a pas chez moi, dans cet état, un seul mouvement de la pensée, du coeur, ou du sentiment envers Dieu. Dieu peut me créer à nouveau spirituellement, et l'épître aux Ephésiens voit l'homme comme mort dans les péchés, et elle nous dit que nous sommes créés en Jésus Christ: il n'y est pas question de justifier le pécheur.

Dans l'épître aux Romains, l'homme est justifié; dans celle aux Ephésiens, il s'agit d'une nouvelle création; dans l'épître aux Colossiens, on trouve les deux sujets. Dans celle-ci on trouve la mort et la nouvelle création, mais les saints ne sont pas assis dans le ciel, mais envisagés comme étant sur la terre avec une espérance réservée pour eux dans le ciel. «Vous êtes morts et votre vie est cachée avec Christ en Dieu»; et puis, au chapitre 2: 11-13, nous lisons: «En qui aussi vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec Lui dans le baptême (c'est ici la doctrine de l'épître aux Romains), dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts (nous dépassons maintenant le point de vue de l'épître aux Romains); et vous lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec Lui». C'est là la doctrine de l'épître aux Colossiens, doctrine qui ne nous élève pas jusque dans le ciel. Quand l'Apôtre traite ce sujet dans l'épître aux Ephésiens, il dit: «Il nous a vivifiés ensemble avec le Christ…, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 5, 6). L'épître aux Colossiens a pour ainsi dire sa place entre celle aux Romains et celle aux Ephésiens; c'est pourquoi, au lieu de nous voir assis dans les lieux célestes, elle nous dit de «penser aux choses qui sont en haut» et nous parle «de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux» (3: 2; 1: 5), et d'autres choses semblables; elle ne parle pas du Saint Esprit, mais de la vie, et ce sujet est aussi important en son lieu et place que le Saint Esprit demeurant en nous. Dans l'épître aux Ephésiens, au contraire, nous trouvons le Saint Esprit qui demeure en nous, et par conséquent «le corps»; tandis que l'épître aux Colossiens ne mentionne jamais le Saint Esprit, si ce n'est dans l'expression: «Votre amour dans l'Esprit» (1: 8). Les Ephésiens nous disent, pour citer un exemple: «Ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres» (4: 25); tandis que dans les Colossiens, l'Apôtre nous dit: «Ne mentez point l'un à l'autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions» (Colossiens 3: 9), nous présentant au lieu du Saint Esprit demeurant en nous, la nature de Dieu comme mesure de la manière dont nous devons nous conduire.

Le Saint Esprit opère dans la nouvelle nature, mais il n'est pas dit qu'il y demeure; mais nous lisons: «De sorte que le Christ habite par la foi dans vos coeurs» (Ephésiens 3: 17). Le Saint Esprit opère dans la nouvelle nature, toutefois, il n'est jamais dit qu'il demeure dans cette nature, mais dans le corps; nous avons besoin que Christ demeure par la foi dans nos coeurs.

Par la foi je possède une nouvelle nature et je n'ai pas, cela est évident, à la demander à Dieu. L'effet qui en résulte est frappant. Dans l'épître aux Ephésiens, nous voyons les saints assis dans les lieux célestes, nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme et le Saint Esprit de Dieu demeure en nous, et nous trouvons l'expression: «Comme Dieu aussi en Christ nous a pardonnés» (4: 32). Nous possédons la nature, l'état dans lequel nous sommes pour être capables de marcher; nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme; le Saint Esprit habite en nous; et puis nous sommes appelés à être imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants. Alors je dis: Comment peut-il être question pour moi d'imiter Dieu (évidemment pas dans sa puissance souveraine, mais moralement); comment de pauvres vers de terre tels que nous, peuvent-ils parler d'imiter Dieu? Eh bien, Dieu ne nous a-t-il pas donné Christ pour modèle? Nous sommes appelés à le suivre, à marcher selon ce modèle, ce qui montre l'absurdité qu'il y a à faire de la loi la règle de notre vie. Je suis un cher enfant, et je dois en avoir le sentiment dans mon âme et le manifester dans ma conduite: je dois «marcher dans l'amour, comme aussi Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (5: 1, 2), Jean dit aussi ailleurs: «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que Lui a laissé sa vie pour nous, et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères»; nous devons «marcher comme Lui a marché» (1 Jean 3: 16; 2: 6).

Nous avons vu plus haut les deux éléments subjectifs qui constituent l'état chrétien, savoir: le nouvel homme, le vieil homme étant dépouillé, et puis le Saint Esprit habitant en nous. Maintenant les deux noms essentiels de Dieu, qui est amour et lumière, nous sont présentés comme mesure. C'est là ce que Christ a été dans ce monde: «Pendant que je suis dans le monde», dit-il, «je suis la lumière du monde» (Jean 9: 5), et il était en même temps l'expression de l'amour divin. — Comme chrétiens, vous êtes appelés à être les imitateurs de Dieu, et si vous demandez comment cela peut se réaliser dans un homme, Dieu vous montre Christ qui est Dieu manifesté dans un homme. Combien il est évident que tout cela est absolument au-dessus de la loi. Si la loi était accomplie dans le monde, nous verrions le monde heureux, et juste, et en paix; mais cela suppose que le monde est en bon état. La loi me dit d'aimer mon prochain comme moi-même et de prendre ainsi soin de lui, mais il faut autre chose dans ce monde tel qu'il est; c'est pourquoi l'Apôtre nous dit qu'il s'est «livré lui-même»; il ne nous présente pas notre amour pour nous-mêmes, comme la mesure de notre amour pour notre prochain, mais il sort entièrement du domaine de la loi et nous parle de nous livrer nous-mêmes pour d'autres. Si tout allait bien, la loi serait notre règle maintenant; mais il en est autrement: comme chrétiens, quand vous avez à faire avec un monde méchant, vous avez à être les imitateurs de Dieu.

Considérons le double caractère de cet amour qui est entièrement pratique. Il y a deux sortes d'amour: l'amour tourné vers ce qui est en haut, et l'amour tourné vers ce qui est en bas, si on peut dire ainsi. Ces deux amours sont d'espèce tout à fait différente, comme nous pouvons le voir dans les relations réciproques d'un père et d'un enfant. L'amour du père est tourné vers ce qui est au-dessous de lui, l'amour de l'enfant vers ce qui est au-dessus; l'enfant aime ce qui est au-dessus de lui, tandis que dans le père il y a de la condescendance dans l'amour. S'il s'agit de l'amour tourné, vers ce qui est en haut, plus l'objet de l'amour sera excellent, plus excellente sera l'affection. Si j'aime une chose vile, une chose basse, c'est une affection basse; — si j'aime un homme d'un caractère noble, c'est une affection noble. Si j'aime Dieu, c'est évidemment l'affection la plus élevée. D'un autre côté, si nous considérons l'amour pour ce qui est au-dessous de celui qui aime, plus l'objet est bas, plus l'amour est grand; et c'est là le caractère de l'amour de Dieu envers nous. En Christ se trouvent réunis les deux genres d'amour: il a aimé son Père parfaitement comme homme (c'est là l'amour pour ce qui est en haut); et il nous a aimés quand nous étions de vils pécheurs (c'est là l'amour pour ce qui est en bas). Nous sommes appelés à faire de même, à marcher dans l'amour, «comme Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu en sacrifice de bonne odeur». Il s'est livré lui-même pour nous, et il s'est livré à Dieu: c'est là la perfection. Il avait un objet infiniment élevé et un objet infiniment bas; il a été parfait à un égard comme à l'autre. Nous sommes appelés à marcher «comme Lui a marché». Il y a aussi la communion des saints l'un avec l'autre, mais quand nous avons des yeux pour voir, le modèle que nous avons à imiter, c'est Christ marchant dans l'amour; nous devons marcher dans l'amour «comme aussi Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous en offrande et sacrifice à Dieu».

Voilà le côté de l'amour, c'est que nous soyons imitateurs de Dieu. Ensuite l'Apôtre introduit l'autre nom essentiel de Dieu: Dieu est «lumière» et nous sommes lumière dans le Seigneur. Nous sommes participants de la nature divine; «vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur» (verset 8).

Dieu est amour et Dieu est lumière, et il n'y a en Lui aucunes ténèbres. Nous étions autrefois ténèbres, mais maintenant, en Christ, nous sommes lumière dans le Seigneur. «Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi» (verset 14). Je trouve en Christ la pleine lumière, comme je trouve en Lui l'amour parfait. Les deux noms essentiels de Dieu sont ainsi mis en évidence. En tant que chrétien je suis participant de la nature divine et l'Esprit de Dieu habite en moi, et puis je dois marcher comme Dieu a marché, et cela en Christ. «Réveille toi, toi qui dors»: cette parole s'adresse aux chrétiens, non pas au chrétien qui pèche, mais à celui qui s'en est allé dormir dans le monde. Dans le monde tous sont morts, mais quand un homme s'en va dormir, il est tout aussi vivant que lorsqu'il est éveillé, mais il est comme un mort; il n'entend pas, il ne parle pas, il ne pense pas, il est comme mort. Un chrétien qui marche avec le monde, marche avec les morts. Que faire alors? «Réveille-toi et relève-toi d'entre les morts et le Christ luira sur toi». Christ est «la lumière du monde», et «vous êtes la lumière du monde» (Matthieu 5: 14). C'est une merveilleuse manifestation.

Jean dit (1 Jean 1: 7): «Si nous marchons dans la lumière». Il parle dans un sens absolu; mais, réalisant la position, nous y marchons. C'est une position dans laquelle nous sommes réellement. Ce n'est pas comme lorsqu'il s'agit de notre position en justice. Jean est ici occupé de la pratique; «marcher» est quelque chose de réel. C'est autre chose quand je dis que Christ est ma justice. Jean parle d'une réelle et vivante position dans laquelle nous marchons. Sans doute, je n'ai pas besoin de le dire, il juge en détail tous les péchés. Tous les gentils (j'en reviens aux Ephésiens) marchent dans les ténèbres: «Prenez donc garde de marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages» (5: 15). Il ne suffit pas d'être droits. Si j'ai un marais à traverser, je puis être parfaitement sincère en cherchant à trouver une maison qui se trouve de l'autre côté du marais; mais si je ne regarde pas autour de moi, je puis me perdre dans quelque fondrière. Il faut que je regarde autour de moi. Un chrétien a besoin de sagesse pour traverser ce monde comme tel.

L'expression «saisissant l'occasion» est souvent mal comprise. On la retrouve dans Daniel, là où Nebucadnetsar parle aux sacres: «Je connais maintenant que vous ne cherchez qu'à gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m'est échappée»; — ils cherchaient à gagner du temps, espérant trouver une occasion. Nous sommes appelés à marcher de telle manière, à être si remplis de Christ, que lorsqu'une occasion se présente, nous puissions le manifester. Les «jours sont mauvais». L'occasion ne se présente pas toujours; il pourrait vous arriver de jeter des perles devant des pourceaux; mais il faut que le chrétien soit toujours dans un état où il puisse saisir toute occasion. Dans Daniel (2: 8) la même expression est rendue par «gagner du temps», ou «racheter le temps», comme on peut le rendre aussi. Si nous vivions dans la puissance de l'Esprit de Dieu, nous trouverions infiniment plus d'occasions de présenter Christ aux hommes. Les jours sont mauvais; l'Apôtre nous le dit. La puissance du mal est là; il ne faut pas que nous nous plaignions parce que les jours sont mauvais; le Seigneur peut nous les faire traverser aussi bien que d'autres jours.

«Insiste en temps» est dit à un saint; le temps vient où ils ne supporteront pas la saine doctrine. L'Apôtre ici a en vue les saints. On applique souvent ce qu'il dit à l'évangile, parce que malheureusement on prend le passage à lui tout seul, sans lire le contexte. Je suis certain que nous trouverions infiniment plus «d'occasions», si nous étions fidèles à Christ. «Prêche la parole, insiste en temps, hors de temps; convaincs, reprends, exhorte avec toute longanimité et doctrine, car un temps viendra où ils ne supporteront pas le sain enseignement, mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s'amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables» (2 Timothée 2: 2-4). L'Apôtre a évidemment les chrétiens en vue; il voulait que Timothée insistât fortement, parce que bientôt ils ne l'écouteraient pas. Que ce fût «en temps» ou «hors de temps», il fallait qu'il ne se ralentît pas, mais qu'il insistât auprès d'eux, parce que bientôt il n'y aurait plus d'occasion du tout.

Je le répète, je ne pense pas que l'Apôtre veuille parler ici de l'évangile. Le chapitre précédent parle de la chute par l'abandon et la corruption de la vraie doctrine du Médiateur; l'Apôtre a devant lui les jours fâcheux. Ce n'est pas que nous ne devrions pas prêcher l'évangile aux pécheurs partout où nous le pouvons; mais ce qui occupe ici la pensée de l'Apôtre, c'est que l'Eglise tomberait dans un tel état que les chrétiens n'écouteraient pas la vérité. Quand nous prêchons maintenant l'évangile, nous nous adressons à des gens qui s'appellent eux-mêmes chrétiens. Sans doute nous pouvons rencontrer des incrédules: ceux que Jean appelle des antichrists, ceux dont il dit que, dans son temps, il y en avait beaucoup. Paul parle des derniers jours; au temps de Jean, ces jours étaient venus, c'était la dernière heure, quoique dès lors moralement développée; Pierre dit: «Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu»; et dans Jude nous lisons que ces hommes «se sont glissés parmi les fidèles», et aussi que ce sont eux que le Seigneur vient juger.

Les «derniers temps» nous amènent jusqu'aux «derniers jours». Les «derniers temps» sont l'expression la plus générale: «Aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi» (1 Timothée 4: 1); et «dans les derniers jours» les hommes auront la forme de la piété. L'expression est plus particulièrement caractéristique, parce que Jean nous parle des derniers temps caractérisés par la présence des antichrists; il ne veut pas dire par là que la dernière heure soit les derniers des derniers jours. Dans les derniers temps il y a le célibat et l'ascétisme, comme on l'appelle: l'Apôtre en parle dans l'épître aux Colossiens; il parle de ce système qui commençait à poindre déjà alors. Dieu a permis que tout cela commençât avant le départ de l'Apôtre afin que nous ayons les Ecritures qui nous en parlent. Dès lors le système a mûri; c'est pourquoi Paul parle des derniers jours comme de jours qui viendraient après son départ. Nous retrouvons la même expression dans l'Ancien Testament avec le même sens à peu près. Quoiqu'il en soit, les «derniers jours» ont quelque chose de plus défini. «Comme vous avez entendu que l'Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists» (1 Jean 2: 18).

Avant cela l'Apôtre nous avait montré «l'opposition de la connaissance faussement ainsi nommée», la défense de se marier et l'assujettissement à s'abstenir des viandes; et nous savons tous comment tout cela s'est développé depuis lors. En Angleterre vous ne pouvez guère entrer dans une cathédrale sans y trouver le tombeau de quelque évêque qui vécut quarante jours sans manger quoi que ce soit; — je les y ai vus quand j'avais l'habitude d'aller dans ces lieux-là. Sans doute un homme peut jeûner très profitablement s'il a l'occasion de le faire; je le reconnais; mais vouloir, comme on le fait si souvent, en faire une vertu, est un mal; parce que le système qui le prône est fondé sur le principe que la matière était une chose mauvaise et qu'il reniait absolument l'expiation, prétendant que Christ ne pouvait pas avoir un corps. C'est là la raison pour laquelle l'apôtre Jean insiste sur ce que Jésus Christ est venu en chair et que les disciples l'ont touché de leurs mains. On niait que Christ fût réellement un homme de cette manière, parce qu'on pensait que la matière tout entière était une chose mauvaise et que la grande chose, par conséquent, à laquelle il fallait s'appliquer, c'était de trouver l'Esprit, qui était le bien, en chacun, séparé du mal. Ce système fut un tourment pour l'Eglise. Quoique plusieurs de ses sectateurs fussent très rigides, une très grande partie d'entre eux vivait dans la plus grossière immoralité. La doctrine se répandit partout; les orthodoxes mêmes en furent affectés. Quand les Gnostiques disparurent, ils laissèrent l'empreinte de leur passage dans l'église, et tout le système du célibat et du monachisme continua. Moi aussi, j'ai eu autrefois l'habitude de jeûner de cette manière: les mercredis, les vendredis, et les samedis, je ne mangeais absolument rien du tout, mais les autres jours je mangeais un peu de pain. Je me disais: si je jeûne trois jours, je peux en jeûner quatre; et si je jeûne quatre jours, je peux en jeûner cinq; et si cinq, plutôt six, et puis sept, et ensuite? — il eût mieux valu mourir. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui rendait impossible d'aller jusqu'au bout avec ce système; pourtant je ne le laissai pas, mais Dieu me délivra.

L'Esprit de Dieu avait ces hommes en vue: ils commençaient à surgir, car, dit l'Apôtre, l'Esprit dit expressément qu'aux «derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi…» Vous voyez que les hommes méchants et les imposteurs vont de mal en pis, et que, une fois que le mal est introduit, on ne peut pas le rejeter dehors. — On avait vu tout cela auparavant parmi les païens: le système des monastères, du célibat, et des ordres mendiants existait déjà cinq cent quarante ans avant Jésus Christ, et plusieurs pensent que ce système est venu de l'Orient. Certainement ce qui existait alors, et ce qu'on a vu depuis l'ère chrétienne, est moralement la même chose; mais plusieurs pensent, comme j'ai dit, que le système actuel est emprunté à l'Orient, ce qui est arrivé, je n'en doute pas, à beaucoup de ses doctrines. Un prêtre catholique romain, qui visitait l'Orient, fut fort étonné et tout abasourdi en trouvant, au milieu des Bouddhistes exactement les mêmes choses qu'il avait chez lui; il dit à ces gens, qu'il était un «Lama» de l'Occident, et il fut reçu dans tous leurs monastères et partout ailleurs.

Mais revenons à notre épître: Un autre élément est introduit maintenant. L'Apôtre nous a présenté successivement tous les grands éléments de la vérité selon qu'elle est en Christ, et puis il dit: «Et ne vous enivrez pas de vin en quoi il y a de la dissolution, mais soyez remplis de l'Esprit, vous entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur». Telle était la joie qui devait les remplir; «rendant toujours grâces pour toutes choses au nom de notre Seigneur Jésus Christ à Dieu le Père». Il y a deux choses: j'ai fait abandon de ma propre volonté et puis j'ai la certitude parfaite de l'amour de Dieu. «Rendant grâces pour toutes choses», en sorte que si l'on me prend ma fortune, je rends «grâces à Dieu». Ce n'est pas chose facile, mais quoiqu'il en soit, il faut que la volonté soit brisée, et, d'un autre côté, Dieu fait que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui l'aiment.

L'Apôtre ajoute que les saints doivent être remplis d'un Esprit de grâce, «étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ» (5: 21). L'Apôtre ne parle pas de soumission pour faire le mal, si quelqu'un voulait m'y pousser, mais il montre que dans la foi il n'y a pas de volonté. Si vous voulez me faire faire le mal, je ne peux pas le faire, parce que ce n'est pas la volonté de Dieu; mais dans tout ce en quoi ma volonté est en question, je vous cède. Nous avons à nous soumettre les uns aux autres dans la crainte de Dieu: c'est l'effet que produit sur la terre le glorieux privilège d'être assis dans les lieux célestes. Christ, quand il était sur la terre, pouvait dire qu'il était dans le ciel, et il nous est donné comme notre modèle, quoique pour nous tout ne soit absolument que par pure grâce.

Deux grands sujets nous sont présentés maintenant dans ce qui suit (verset 22 et suivants), l'amour de Christ pour son Eglise, et la lutte des saints contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Il ne s'agit plus de ce que nous sommes en rapport avec Dieu, mais de la relation spéciale de Christ avec l'Eglise. Le grand sujet qui occupe la pensée de l'Apôtre c'est l'Eglise: «Le mari est le chef de la femme comme aussi Christ est le chef de l'assemblée», et Lui est le Sauveur du corps (verset 23), c'est-à-dire, selon ma pensée, de notre corps.

Christ, dans son amour pour l'Eglise, fait deux choses: il s'est livré lui-même pour l'Eglise, absolument; c'est la première chose qu'il fait à cause de son amour pour l'assemblée; et puis, l'ayant prise pour être sienne, il s'occupe de la rendre telle qu'il lui plaît de l'avoir. Il ne rend pas sien ce qui plaît à ses yeux, mais il le prend pour être sien afin d'en faire ce qui plaît à ses yeux. Il sanctifie donc l'assemblée en la purifiant par le lavage d'eau par la Parole; et puis il se la présente à lui-même une Eglise glorieuse. C'est ici quelque chose de spécial: ce n'est pas l'amour de Dieu pour de pauvres pécheurs, mais l'amour particulier de Christ pour l'Eglise. La purification dont il est question ici est celle que nous avons dans le ciel; c'est au fond la même nature, la même qualité, le même modèle, la même mesure, qu'il y aura dans le ciel; le Seigneur lave l'assemblée ici-bas pour qu'elle soit sans tache dans le ciel. «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image de gloire en gloire» (2 Corinthiens 3: 18).

En regardant à Christ dans la gloire, nos coeurs sont remplis des motifs qui sont là-haut, et cet effet est produit sur la terre. L'effet est produit ici-bas, et les motifs sont tous en haut. Christ «a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle», c'est là le point de départ, «afin qu'il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d'eau par la parole, afin que Lui se présentât l'assemblée à lui-même, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable» (versets 25-27). C'est un grand point pour nous de comprendre que l'état dans lequel nous devons être présentés à Christ est la puissance et la mesure de notre sanctification ici-bas. Nous trouvons cette même vérité partout dans les épîtres. Ainsi dans la première épître de Jean: «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; nous savons que lorsqu'Il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est; et quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui est pur». Je sais que je serai parfaitement semblable à Christ dans la gloire, et je me purifie selon ce modèle et cette mesure. Ce n'est pas que je sois pur selon cette mesure, mais je prends cette mesure et je l'applique maintenant: à chaque pas que je fais en avant je la vois plus clairement, et je puis l'appliquer à quelque chose d'autre; mais c'est elle qui est la seule chose à laquelle je regarde, pour juger par elle. Au chapitre 3 de la première épître aux Thessaloniciens, la même vérité se présente à nous d'une manière frappante. «Que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres et envers tous, comme nous aussi envers vous, pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints». Ce passage semble tout à fait inintelligible jusqu'à ce qu'on ait saisi ce dont je viens de parler. Au lieu de dire: sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus Christ, nous pourrions dire: sans reproche, dans notre marche ici-bas. L'Apôtre voulait que les Thessaloniciens réalisassent leur position chrétienne, — «pour affermir vos coeurs», et il soulève le voile, et là ils sont sans reproche quand Christ vient. C'est là où et par quoi tout est mesuré.

Le principe dont je parle ici est évidemment un principe de la plus haute importance pour les jours où nous vivons, et pour tous les autres. Il renverse de fond en comble toute la perfection dont on parle, perfection wesleyenne ou autre, de quelque nom qu'on l'appelle; bonne ou mauvaise, elle n'entre pas en question; parce que ce qui m'est présenté, c'est la perfection de Christ dans la gloire. Je ne l'atteins pas avant que je sois dans la gloire, et l'Ecriture ne présente aucun autre objet au chrétien, comme mesure de perfection, que Christ dans la gloire. «Nous sommes prédestinés à être conformes à l'image de son Fils pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères»; et: «Tel qu'est le céleste, tels aussi sont les célestes», et encore: «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste». C'est pourquoi l'Apôtre disait aux Philippiens qu'il n'avait pas encore atteint le but; mais il n'avait point d'autre objet devant lui: il courait toujours droit au but. Nous conservons dans le ciel l'empreinte que nous avons reçue ici-bas, et qui est Christ. Il peut y avoir des degrés de réalisation, mais nous serons parfaitement semblables à Christ quand nous entrerons dans le ciel; nous serons tous parfaitement semblables à Christ. Nous sommes prédestinés à être conformes à l'image du Fils de Dieu, et comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons l'image du céleste. Je suis comme une personne qui se trouverait dans un passage étroit avec une lumière au bout du passage. J'ai plus de lumière à chaque pas que je fais en avant, mais je n'ai la lumière que lorsque je suis arrivé au bout: «Lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables». Mes yeux sont ouverts à cela, et je dis: Voilà ce que je vais être. Quelque étrange que cela puisse paraître à première vue, nous ne pouvons pas être comme Christ a été ici-bas, parce que Lui était absolument sans péché; et que si moi je dis: Je n'ai point de péché, je me séduis moi-même. Mais je serai semblable à Christ dans la gloire; et Dieu me fait sentir cela, et le fait peser sur moi maintenant, afin qu'aucun autre motif n'opère dans mon âme, que Lui seul dans la gloire. C'est là ce que l'Apôtre entend, quand il nous dit, dans la seconde épître aux Corinthiens: «Nos regards n'étant pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas» (2 Corinthiens 4: 18).

On a dit que Dieu ne donnerait pas une mesure à laquelle nous ne puissions pas atteindre; mais je prends le taureau par les cornes, et j'affirme que Dieu n'a jamais donné une mesure à laquelle l'homme pût atteindre. Dieu avait fait l'homme innocent, et dans le paradis il ne lui avait rien imposé qu'il fallût qu'il recherchât. Mais dès que l'homme fut devenu un pécheur, Dieu plaça quelque chose devant lui qui était plus haut que lui, et vers quoi il devait tendre. Dieu lui donne une loi quand il est dans la chair, et l'homme ne se soumet pas à la loi de Dieu; la loi de Dieu est une mesure à laquelle il ne peut pas atteindre. Maintenant notre mesure c'est: «Soyez parfaits comme votre Père dans les cieux est parfait». Etes-vous parfaits selon cette mesure? parfaits comme votre Père dans les cieux? Et quand tout est pleinement développé et mis en évidence, Dieu nous présente Christ dans la gloire comme le prix de l'appel céleste. Ce prix ou ce but est complètement hors de notre atteinte ici-bas, parce que Dieu veut que je coure toujours et que j'aie toujours ce seul et unique objet devant moi: «Mais je fais une chose, oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but, pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (Philippiens 3: 14).

Quand le Seigneur dit, au chapitre 17: 19, de l'évangile de Jean: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité», il veut dire, que pour l'amour d'eux il se mettait lui-même à part comme un homme modèle, si on peut dire ainsi (quoique je n'aime pas l'expression), afin que nous soyons formés à son image.

Dans le passage que nous trouvons en Hébreux 12: «Rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus», il s'agit davantage des difficultés que nous avons à rencontrer sur notre chemin.

L'Apôtre nous dit que Christ est entré là: Vous, prenez donc courage et poursuivez la course. C'est exactement la même course. Quelle chose merveilleuse, quand nous pensons à ce que nous sommes, que de pouvoir nous dire que nous serons réellement rendus conformes à l'image du Fils de Dieu. Mais ce fait glorieux n'a rien à faire avec notre responsabilité quant au salut: nous ne sommes pas placés sur ce chemin avant que nous soyons sauvés. Notre responsabilité comme hommes, comme créatures de Dieu, n'est pas en question: en tant qu'hommes responsables, nous sommes perdus; c'en est fait de nous, dans ce sens-là. Pour rendre plus clair ce que je veux dire, supposez un négociant qui a contracté des dettes: si je vais auprès de lui et que je lui dise comment il devrait administrer sa fortune et s'y prendre pour ne pas s'endetter, il me dira que je me moque simplement de sa misère, car il n'a rien à administrer. C'en est fini de la responsabilité dans ce sens, non que l'homme ne soit responsable pour tout ce qu'il fait, mais l'homme est déjà ruiné, et la croix en est la preuve, parce que l'acte de grâce le plus glorieux, c'est qu'il est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu. Pour ce qui est de l'histoire dans les Ecritures, l'épreuve tout entière de l'homme s'est terminée à la croix. «Maintenant», a dit Christ, «est le jugement de ce monde», comme nous lisons aussi dans l'épître aux Hébreux: «Maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par son sacrifice». Quand c'en est fait de l'homme, la souveraine grâce intervient, et sauve des pécheurs de leur état de ruine. On pourrait payer toutes les dettes d'un homme, et lui n'avoir pas un sou pour recommencer à nouveau. Dieu n'a pas agi ainsi envers nous: il a payé nos dettes, et il nous a donné la même gloire que son propre Fils selon qu'il se l'était proposé dans son conseil avant la fondation du monde. C'est la part de tous les chrétiens. Il y a un travail qui a sa rémunération de la part de Dieu, car chacun recevra sa récompense selon son propre travail, mais tout chrétien sera alors semblable à Christ.

Nous serons tous rendus conformes à l'image du Fils de Dieu dans la gloire: c'était le conseil de Dieu avant la fondation du monde, mais un conseil que Dieu n'a jamais révélé avant la croix. «Qui nous a sauvés et nous a appelés d'un saint appel, non selon nos oeuvres (c'est le principe de la responsabilité), mais selon son propre dessein et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles, et qui a été manifestée maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus Christ» (2 Timothée 1: 9, 10). Le dessein était dans le conseil de Dieu au sujet des siens, avant la fondation du monde; mais il n'a jamais été manifesté avant que Christ eût posé le fondement de son accomplissement dans sa croix. Le premier chapitre de l'épître à Tite nous fournit une déclaration du même genre: «Dans l'espérance de la vie éternelle, que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles…; mais il a manifesté, au temps propre, sa parole, dans la prédication…» Tout ce conseil infiniment glorieux, glorieux pour nous et pour Dieu, n'a jamais été manifesté, — l'Ecriture n'y fait aucune allusion, — jusqu'à ce que Christ en ait eu posé le juste fondement dans sa croix. Alors Dieu le manifesta, disant: «Voici ce que je vais faire». C'est cela, et bien plus encore, que nous trouvons dans l'épître aux Ephésiens.

Nous avons à remarquer une autre chose encore: «Personne n'a jamais haï sa propre chair; mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l'assemblée; car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os» (chapitre 5: 29, 30). Il ne s'agit plus seulement ici de ce propos de Christ de nous présenter à lui-même, mais de l'amour qu'il porte à ses brebis et des soins qu'il prend de nous, — comment il nous nourrit et nous chérit comme un homme sa propre chair: ce sont les soins présents du Seigneur pour son Eglise qui nous sont présentés: «Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». Ce passage montre qu'il était absolument impossible que l'Eglise existât avant que Christ fût glorifié, parce que c'est à Christ comme homme qu'elle est unie. L'Apôtre ne dit pas ici que Christ nous ait vivifiés, quoique cela soit vrai, il n'est pas besoin de le dire; mais que nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os.

Un autre sujet de la plus grande importance est introduit au chapitre 6: 6, savoir, les luttes du chrétien, et vous remarquerez que nous ne trouvons cette lutte nulle part si ce n'est dans l'épître aux Ephésiens. Il ne s'agit pas d'une lutte de la chair et de l'Esprit, ni du combat de conscience qui s'élève dans un homme quand il a été vivifié. Les Juifs étaient esclaves en Egypte comme un homme inconverti est esclave dans ses péchés. Où devait être leur repos, quand Dieu les amena dans le pays de Canaan? Il fallait qu'ils luttassent; la vraie signification de la lutte avec Satan est «dans les lieux célestes».

La version anglaise de la Bible connue sous le nom de version autorisée, ainsi que la Bible allemande de Luther, montrent que les traducteurs n'osèrent pas donner simplement ce qu'ils lisaient dans l'original, et qu'ainsi ils altérèrent le passage, comme on a fait aussi au chapitre 4 de l'Apocalypse, où, au lieu de: Celui qui est assis sur un trône et de vingt-quatre anciens aussi assis sur des trônes (l'expression grecque est exactement la même), on a changé les «trônes» des anciens en «sièges». Ici, dans les Ephésiens, au lieu de rendre simplement l'original tel que Dieu nous l'a donné, et comme on l'a traduit ailleurs, on craignit, et on altéra le passage.

On parle du Jourdain comme étant la mort, et l'on a raison, car le Jourdain est une figure de la mort; mais alors n'est-il pas étrange que, quand les Israélites traversèrent le Jourdain et entrèrent dans le pays de Canaan, Josué rencontra un homme avec une épée nue dans sa main, puis qu'il leur fallut combattre? N'est-il pas étrange qu'aussitôt entrés dans les lieux célestes il faille entrer en lutte? Qu'est-ce donc que le Jourdain? Il est la figure de la mort: après l'avoir traversée et être entré par elle dans les lieux célestes, la lutte commence pour nous. Canaan n'est donc pas, comme on le dit souvent, la figure d'un repos positif dans le ciel. Quand je dis que j'ai dépouillé le vieil homme, c'est comme si je disais: Je suis mort avec Christ; j'ai passé à travers la mort; j'ai été circoncis de la circoncision du Christ, et maintenant je puis combattre dans les batailles de Dieu contre Satan.

La rédemption nous a introduits dans le désert. Le désert, c'est notre passage à travers ce monde où notre chair est mise à l'épreuve. Canaan est l'autre partie de la vie chrétienne; là où le saint se tient lui-même pour mort. Christ en esprit se trouve là, comme «le chef de l'armée de l'Eternel», et le saint est appelé à combattre, à soutenir les batailles de l'Eternel lui-même. C'est là ce que nous trouvons en Canaan. Je suis parfois étonné qu'on ne soit pas frappé de la folie qu'il y a à vouloir que le Jourdain signifie la mort et Canaan le ciel, quand nous voyons que la lutte est ce qui caractérise le pays dans Josué; car la première chose que Josué y rencontre, c'est un homme avec une épée nue dans sa main. Le livre tout entier de Josué a trait aux batailles de l'Eternel. La mort est introduite, comme nous l'avons dit plus haut: «Nous tenant nous-mêmes pour morts», ou comme l'Apôtre s'exprime ailleurs: «Je suis crucifié avec Christ». C'est là la signification du Jourdain: «Si vous êtes morts avec Christ». Bientôt ce sera notre lieu de repos. Oui, le ciel sera à nous; et je ne conteste pas l'emploi qu'on peut faire de la figure dans ce sens-là. Le Jourdain est un type de la mort, et Canaan des lieux célestes. Dans le récit des Nombres, Israël traverse le désert et y est éprouvé avec Dieu, et dans Canaan il combat avec la chair et le sang, ce qui est une figure de la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Nous n'entrons pas dans Canaan avant d'avoir traversé le Jourdain, autrement dit, jusqu'à ce que nous soyons morts et ressuscités avec Christ. Chaque chrétien a sa place là; mais je parle de la réalisation par nous de cette position.

Le chrétien est dans le désert et dans Canaan en même temps, mais non dans son expérience, quoique sa condition sur la terre affecte sa puissance pour combattre. Il faut qu'il ait revêtu l'armure. Il faut que je traverse le monde avec tous les soucis qu'entraîne la famille, le travail, ou la contradiction des pécheurs; mais ce n'est pas dans ce moment-là que je soutiens les batailles de l'Eternel, c'est plutôt celui où je soutiens pour ainsi dire mes propres batailles. Nous sommes avec Dieu ici-bas, ou bien Dieu est avec nous; et nous sommes avec le diable dans les lieux célestes, car jusqu'au douzième chapitre de l'Apocalypse Satan est dans le ciel. Assurément le diable n'est pas là où Dieu habite dans la lumière inaccessible; mais comment pourrait-il être l'accusateur des frères s'il n'était pas dans le ciel? Il entre avec les fils de Dieu, au sujet de Job; car nous le trouvons au milieu d'eux. (Job 1 et 2). Il ne pourrait pas y avoir «d'accusateur des frères», s'il n'était pas là: il les tente ici-bas, mais il les accuse là-haut.

Supposez qu'un chrétien s'en aille prêcher l'évangile; serait-il en cela dans les circonstances du désert? — Non, il entre en lutte plutôt dans les lieux célestes. Il pourrait se trouver dans les circonstances du désert à plusieurs égards; mais il combat dans les lieux célestes, et il faut qu'il use de la sagesse de Dieu contre un subtil adversaire spirituel. Supposez qu'un homme soit attaqué dans la rue, ou maltraité? Vous ne pourrez jamais vous débarrasser de la question de la chair. Quand les enfants d'Israël ne consultèrent pas l'Eternel, ils tombèrent dans le piège, comme à Haï et à Gabaon. La lutte avec Satan c'est la lutte contre l'hérésie, la superstition et d'autres choses semblables. Satan peut susciter l'opposition et la violence dans les rues, et ainsi le chrétien aurait besoin de sagesse; mais vous ne pouvez pas penser à un tel cas, et oublier que la chair est dans le chrétien; car vous tomberez dans des erreurs. Ainsi il y a des doutes et d'autres choses de ce genre, l'incrédulité, par exemple, que Satan introduit dans l'âme. Satan, dans ces choses, agit directement; ce ne sont pas seulement des tentations ordinaires.

En rapport avec ce que je viens de dire, l'Apôtre ajoute: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force». Nous n'avons point de force par nous-mêmes, nous n'avons rien à faire avec des armes charnelles, quelles qu'elles soient. Dieu a choisi les choses folles de ce monde pour couvrir de honte les hommes sages. Aussi longtemps que les saints s'appuient sur la chair ou sur l'influence, ils ne s'appuient pas sur Dieu, mais sur la chair; et le monde a toujours gain de cause là.

Prenez l'exemple du Seigneur dans sa lutte dans le désert. Il n'y avait pas de péché à avoir faim. C'est là à peine le genre de lutte dont nous parlons; toutefois le Seigneur est vainqueur. C'était en un sens plutôt l'oeuvre du désert; mais c'était Satan qui était là. C'est lui aussi qui empêcha Paul d'aller vers les Thessaloniciens (1 Thessaloniciens 2: 18). Si quelqu'un cherchait à détruire toute cette vérité qui nous a occupés jusqu'ici et disait que tout cela est faux, ce serait l'oeuvre de Satan. L'incrédulité, les hérésies, et les choses de cette sorte, ont rapport à cette lutte. Dans un cas de discipline, Paul dit: «Nous n'ignorons pas ses desseins» (2 Corinthiens 2: 11), les desseins de Satan qui cherchait à diviser Paul et les Corinthiens, et il dit: A celui à qui vous pardonnez quelque chose, moi aussi je pardonne; je vois ce que Satan veut, il cherche à mettre la division entre nous. L'erreur, au sujet d'une doctrine quelconque, est la puissance de Satan. Je n'ai cité le cas qui précède que comme un exemple. — En Canaan ce n'est pas tant comme un lion rugissant que Satan est à l'oeuvre, quoique cela puisse être: «N'étant en rien épouvantés par les adversaires» (Philippiens 1: 28). Quand Paul fut empêché par Satan d'aller auprès des Thessaloniciens, Dieu le permettait dans sa providence; il permet toutes choses dans sa providence. Dans le cas de Job c'est Dieu qui intervient le premier: il tient tout entre ses mains et amène tout là où il veut. «Nous avons voulu aller vers vous une fois, et deux fois, et Satan nous en a empêché». Satan avait suscité l'opposition, afin que Paul ne pût pas aller à Thessalonique. Tout cela est la lutte. Nous ne croyons pas assez que Satan soit ainsi à l'oeuvre, et que nous avons à tenir ferme contre ses artifices.

«Les dominateurs de ces ténèbres», ce sont Satan et ses anges. «Ces ténèbres», c'est l'ignorance de Dieu, qui est lumière. La lutte avec Satan n'est pas caractéristique du désert; s'il s'y trouve quelque chose de semblable, c'est la tentative obstinée de monter sur le haut de la montagne pour être mis en déroute jusqu'en Horma. Ils auraient pu entrer dans Canaan à Kadès-Barnéa, mais ils ne voulurent pas, et quand ils reconnurent leur folie, ils s'obstinèrent de monter et furent entièrement défaits. Mais, je le répète, ce n'est pas la lutte avec Satan qui caractérise le désert. Dieu a pu y montrer à Israël ce qu'ils auraient à rencontrer plus tard. L'ennemi les mit en déroute jusqu'en Horma. Notre lutte est avec ceux qui possèdent le pays, savoir: le diable et ses anges; le désert, c'est la patience pour passer à travers ce monde selon Dieu. Sinaï n'est pas le désert, c'est quelque chose de tout à fait à part. Le caractère général du désert, c'est de passer là où il n'y avait que la manne et la nuée, — Christ et la parole, et l'Esprit. Les enfants d'Israël devaient traverser ce monde dans la dépendance de Dieu; c'est là le caractère du désert, et non pas la lutte. En Canaan la manne avait entièrement cessé: c'était caractéristiquement les lieux célestes, et le Seigneur envoyait son peuple au combat. Le type nous montre ce qui caractérise le pays. La première chose, ce sont «les artifices du diable»; ce n'est pas sa puissance ici: «Résistez au diable, et il s'enfuira de vous» (Jacques 4: 7); il est sans puissance, si vous lui résistez, pour autant que cela nous concerne. Ses artifices sont des plus dangereux. «Notre lutte n'est pas contre le sang et la chair», comme celle que soutint Josué, mais elle est contre les principautés, contre les autorités… contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Nous combattons contre les esprits mauvais qui sont dans les lieux célestes, «afin que vous puissiez résister, et après avoir tout surmonté (c'est-à-dire: ayant bien préparé votre terrain) tenir ferme». «C'est pourquoi tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité»: il faut que vos affections soient ramassées par la parole de Dieu.

«Ayant revêtu la cuirasse de la justice». C'est de la justice pratique qu'il s'agit ici, non pas de la justice devant Dieu, mais de la justice vis-à-vis de Satan. Si je manque de la justice pratique, Satan a prise sur moi en quelque chose; je crains. C'est d'une bonne conscience qu'il est question

Ayant ainsi mes reins ceints, — tout en ordre — et ayant une bonne conscience, je marche dans un esprit de paix: «Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l'évangile de paix».

«L'épée» n'est introduite que plus tard; l'armure défensive vient avant les armes offensives. Dans cet état, ayant une bonne conscience et l'esprit de grâce et de paix, je prends maintenant le bouclier qui me met à l'abri des traits de Satan. Je regarde vers Dieu avec une pleine confiance, c'est là le bouclier de la foi. Puis vient le casque du salut: je puis élever ma tête, et puis, ayant revêtu toute l'armure défensive, je prends l'épée. L'épée de l'Esprit, c'est la parole de Dieu.

Maintenant, une fois que j'ai l'armure et l'épée, je suis rejeté sur le Seigneur pour demeurer dans une complète dépendance de Lui: «Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps». La parole est avant tout appliquée à moi-même: je me ceins de la vérité; et puis, quand j'ai revêtu le reste de l'armure, la parole entre en activité, — l'épée de l'Esprit; à la fin, je suis rejeté entièrement sur Dieu.

Quand je prends l'épée, ce peut être pour le service des saints ou dans l'évangile.

On a voulu prétendre que l'armure, c'était Christ comme notre justice; mais Christ est ma justice devant Dieu. Je n'ai pas besoin d'une armure contre Dieu, mais il faut que j'aie une armure contre la puissance spirituelle de méchanceté. Il n'y a qu'une seule arme offensive, c'est la Parole.

C'est une chose admirable que devoir comment le Seigneur a pourvu à tout, pour nous, dans l'Ecriture. Il nous montre l'amour de Christ qui nous chérit comme sa propre chair, et après, vient la lutte avec Satan. Nous apprenons d'abord quelle est notre place, puis nous voyons l'amour de Christ, et alors vient la lutte avec Satan.

«Veiller» est un autre élément dans cette lutte. L'Apôtre dit ici que nous devons veiller «avec des supplications» (versets 17, 18). Si je veille, étant dans mon sentier en toutes choses avec Dieu, la prière et la supplication en sont l'effet. Si j'ai à coeur la prospérité des saints, je ne puis faire un pas sans la prière. Veiller à la prière, c'est y persévérer. Le but de Satan est de nous empêcher de réaliser ces choses célestes, et il faut que nous luttions pour le bien de tous aussi bien que pour nous-mêmes. Nous avons d'abord à nous revêtir de l'armure; mais quand nous l'avons revêtue, il faut que nous combattions pour cela. L'Apôtre parle d'abord (verset 18) de chacun pour lui-même, individuellement: «Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit». Il a en vue tous les saints. Il s'agit d'abord de prier pour nous-mêmes; ensuite le champ s'étend. C'est un principe général d'abord; il en est constamment ainsi dans l'épître aux Ephésiens, par exemple quand l'Apôtre dit: «Afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints» (3: 18). Du moment qu'on entre dans les desseins ou les pensées de Dieu, on ne peut pas oublier les saints.

La confiance est la confiance en Dieu, connu en Lui-même. Je n'irai certainement pas vous demander quelque chose si je n'ai pas confiance en vous.

 «Le mystère de l'évangile» (verset 19) ne comprend pas seulement l'Eglise, mais la chose toute entière. L'évangile, pour Paul, comprend réellement toutes choses. Il était un ministre de l'évangile dans toute la création qui est sous le ciel, et un ministre de la Parole pour compléter la Parole de Dieu (Colossiens 1: 23 et suivants).