La nouvelle création (2 Corinthiens 5: 13-21)

ME 1876 page 41

 

Il est très précieux de voir, dans ce chapitre, comment la pensée de Dieu est mise en évidence dans la nouvelle création. Ici, l'homme est considéré comme mort dans ses péchés; c'en est fait de lui quant à ses péchés et à sa responsabilité. Le jugement du premier Adam est complet — la chose vieille est entièrement passée; il s'agit maintenant d'une nouvelle création, et dans cette nouvelle création je trouve Dieu au lieu de l'homme. Christ Lui-même n'est plus connu selon la chair. Sans doute, lorsqu'il était ici-bas, Christ était l'espérance et l'attente de la foi comme venant dans le monde, mais l'Apôtre ne le connaît maintenant que comme ayant été mort pour tous et comme étant glorifié; tandis que tous, Juifs ou gentils, sont sous la mort. Ainsi Christ n'est plus connu selon la chair (c'est-à-dire comme venu selon les espérances de l'homme dans la chair), mais il est le chef d'une nouvelle création où toutes choses sont de Dieu et dans laquelle nous avons été faits la justice de Dieu en Christ. Dieu s'est manifesté Lui-même dans le second Homme et il a accompli l'expiation dans sa mort; et, maintenant, nous sommes devenus la justice de Dieu en Christ.

Dans la première création nous voyons l'homme et sa responsabilité. Dans la nouvelle création, toutes choses sont de Dieu, et l'homme est réconcilié avec Lui par Jésus Christ. Il faut que nous ayons la puissance de cela dans nos âmes, pour vivre comme faisant partie de la nouvelle création, comme étant réconciliés par Dieu avec Lui-même; tout ce qui appartenait à la vieille création ayant à jamais disparu pour la foi. — «Les choses vieilles sont passées; voici toutes choses sont faites nouvelles».

Nous voyons, au verset 13, comment l'Apôtre marchait dans la puissance de ces choses: «Car si, dit-il, nous sommes hors de nous-mêmes, c'est pour Dieu». C'est-à-dire que s'il était en dehors des influences qui lui étaient propres comme homme, il ne s'agissait pas d'une excitation qui appartint à ces influences; il était «hors de lui-même», parce qu'il était absorbé en Dieu; c'est ce qu'on appelle l'extase. Lorsque son esprit était libre de s'élever au-dessus du service journalier, pour s'occuper de ce qu'il était en Christ, il était absorbé en Dieu, enlevé hors de lui-même. S'il était de sens rassis, et qu'il eût à peser les difficultés qui se présentaient; — qu'il eût à redescendre pour juger avec sobriété les choses qui étaient devant lui, c'était Dieu, en amour, qui travaillait en lui. Dans cet amour, l'Apôtre ne pensait absolument qu'aux autres. Telle était sa vie journalière: quant à lui-même, il était ravi auprès de Dieu; et, quand il s'occupait des choses d'ici-bas, il n'avait de pensées que pour les autres.

C'était l'amour de Christ qui l'étreignait, et il ne considérait tout ce qui l'environnait qu'en rapport avec la mort de Christ. Il ne s'agissait plus d'un Messie vivant dans la chair avec des promesses pour Israël. Tout cela était passé. Christ était mort et l'Apôtre jugeait que Christ ne serait pas descendu dans la mort si les hommes ne s'y étaient trouvés. Toute l'histoire de la race d'Adam se termine par la mort. Si les hommes n'avaient été tous morts, Christ ne se serait pas trouvé dans la mort; pourquoi y serait-Il descendu si d'autres n'y avaient été couchés? C'est pourquoi ceux qui vivaient d'entre ces morts, ne devaient plus vivre pour eux-mêmes, mais pour Christ qui pour eux était mort et ressuscité.

Si Paul rencontrait un homme inconverti, il ne pensait pas à lui comme à une ancienne connaissance, et ne s'occupait pas de lui dans ce caractère; il le regardait simplement comme un homme mort qui avait besoin d'être sauvé par la mort de Christ. Si cet homme avait été un chrétien, Paul ne l'aurait pas connu davantage selon la chair, et comme un vieil ami; il l'aurait considéré comme vivant avec Christ et sa seule pensée aurait été que Christ pût être glorifié dans cet homme. Christ Lui-même ne devait plus être connu dans ses rapports avec la vieille création à laquelle Il était mort; et si quelqu'un est en Christ, il est de la nouvelle création où les choses vieilles sont passées, où toutes choses sont faites nouvelles et où toutes sont de Dieu. L'homme est considéré comme mort et Dieu introduit une nouvelle création.

Nous avons le même aspect de la vérité au verset 19, lorsque l'Apôtre parle de la venue de Christ dans la chair. Il ne la considère pas au point de vue de l'accomplissement des promesses faites à Israël; mais elle est pour lui, Dieu se révélant Lui-même en grâce au monde. «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes». — Tel est l'aspect sous lequel l'Apôtre envisage Christ à propos de sa première venue. Nous savons que Christ vint chez les siens et qu'il fut ministre de la circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères. Tout ceci est parfaitement vrai et précieux; mais, ici, nous avons Dieu dans l'homme venu ici-bas, et l'Apôtre ne voit ni Juif, ni gentil. Si Dieu était en Christ, Il agit envers le monde. Et à quelle portion du monde pouvez-vous le restreindre, lorsqu'il est question de Dieu qui se manifeste Lui-même en grâce au monde? Pour la même raison, l'Apôtre, lorsqu'il parle de l'amour de Christ, juge que tous sont morts, et ne voit ni Juif, ni gentil, mais seulement une nouvelle création, dans laquelle Dieu fait entrer tout homme qui est en Christ.

Nous savons qu'il s'agit dans ce passage de Dieu, quant à la gloire de sa personne divine, mais l'Apôtre parle historiquement ici; c'est pourquoi, lorsqu'il contemple le Seigneur Jésus vivant dans le monde, il voit Dieu en Lui, faisant au monde des propositions de grâce. Dieu était en Christ; le grand fait est donc que Dieu a été ici-bas comme le réconciliateur et que l'homme n'a pas voulu être réconcilié. L'Apôtre dit-il que Dieu nous réconcilie? Non, mais que «Dieu nous a réconciliés avec Lui-même par Jésus Christ et nous a donné le service de la réconciliation». — Nous sommes faits justice de Dieu en Christ et maintenant nous allons porter au monde la parole de la réconciliation; les apôtres plus spécialement, sans doute, mais nous tous aussi en quelque mesure. L'homme n'a pas voulu recevoir Dieu quand Il est venu; c'est pourquoi, afin d'accomplir l'expiation pour nous, il a fallu que Christ fût fait péché; et maintenant Christ est à la droite de Dieu et c'est en Lui que nous devenons justice de Dieu.

L'Apôtre ne dit pas aux Corinthiens: «Soyez réconciliés», car ils l'étaient déjà; mais, Christ étant dans le ciel, où Il est monté en passant par la mort pour accomplir l'oeuvre de l'expiation, et sa présence y étant nécessaire pour accomplir toutes choses dans la gloire, il lui faut des ambassadeurs pour porter ici-bas la parole de la réconciliation. — Ainsi l'Apôtre dit, quand il prêche l'Evangile aux pécheurs: «Nous supplions pour Christ: Soyez réconciliés avec Dieu!» Voilà ce que, comme ambassadeur de Christ, il avait à dire aux hommes.

Jusqu'à quel point vivons-nous de cette vie de l'Apôtre, dans la puissance de la nouvelle création de Dieu, jugeant toutes les choses qui appartiennent à la première création comme entièrement passées pour la foi, et entrant dans les précieux privilèges de notre position en Christ, avec la puissance d'un Esprit non contristé? Sommes-nous exercés pour d'autres afin que la vie de Christ puisse avoir de la puissance sur leur marche et sur leurs voies? — Jugeons-nous le mal d'une manière pratique, dans notre propre marche à travers le monde, mais en ayant nos âmes si pleines de nos bénédictions en Christ et de la grandeur du fait que nous sommes réconciliés avec Dieu, que, chaque fois que l'occasion s'en présente, nos coeurs débordent de louanges envers Dieu et cherchent, sans relâche, ceux qui sont encore morts dans leurs péchés, pour leur faire partager ce bonheur?

Pour qu'il en soit ainsi en pratique, nous devons juger, en leur appliquant la mort de Christ, toutes choses en nous et dans nos voies, comme le dit l'Apôtre: «Portant toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle» (2 Corinthiens 4: 10).

Si nous ne plaçons pas chaque jour et à chaque instant toutes choses sous la sentence de la mort de Christ afin de les juger par elle, l'Esprit sera contristé en nous et, au lieu de nous remplir de la joie de notre portion en Christ, il emploiera la lumière de Christ pour nous réveiller et nous amener à juger et nous-mêmes et nos voies.

Que le Seigneur veuille nous donner de marcher dans la puissance d'un Esprit non contristé, faisant dépendre toutes choses de Christ, afin que nous connaissions aussi ce que dit l'Apôtre: «La mort se déploie en nous, mais la vie en vous». En portant ainsi dans son corps la mort de Jésus, Paul mourait à lui-même, et la conséquence en était la vie pour les Corinthiens. Paul appliquait la puissance de la mort de Christ à l'homme naturel, en sorte que, lorsqu'il exerçait son ministère parmi les Corinthiens, il n'y avait pas de Paul du tout, mais Christ seulement. — C'était la vie pour eux, parce que la mort agissait en Paul.

Que Dieu nous donne de vivre ainsi. Qu'Il nous accorde tout particulièrement, dans un temps comme celui que nous traversons, de juger des hommes comme le faisait Paul afin que, quelle que soit la vanterie de la nature humaine, nous reconnaissions que tous sont morts, parce que Christ est mort pour tous en grâce (l'acte le plus élevé de grâce et d'amour est la preuve que tous sont morts), et que les seuls vivants sont ceux qui vivent pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité, tandis que dans nos âmes nous entrons dans sa nouvelle création. Nous aurons peut-être à descendre au niveau de petits enfants, pour les nourrir de lait et non de nourriture solide, mais vivons nous-mêmes dans la lumière de cette nouvelle création, où toutes choses sont de Dieu.

Nous devrons passer par la discipline et être éprouvés pour apprendre à connaître ce qui est dans nos coeurs et pour avoir des sens exercés

à discerner le bien et le mal. Tout cela est nécessaire et profitable — mais nous avons en outre notre place distincte en Christ, comme faisant partie de la nouvelle création, où, au lieu de trouver le premier homme responsable envers Dieu, nous trouvons Dieu en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même en grâce et faisant Christ péché pour nous, afin de nous amener dans cette nouvelle création. Là, toutes choses sont de Dieu, là, l'homme est devant Dieu, revêtu de la justice divine, et, quant à sa jouissance, il se trouve absorbé en Dieu.

Dans cette nouvelle création, nous trouvons Dieu, non pas l'homme; ce que Dieu est pour l'homme et la bénédiction de l'homme qui consiste à être avec Dieu; Dieu, nous le savons, révélé en Christ, mais néanmoins Dieu révélé, et l'homme devenu justice de Dieu et faisant partie de la nouvelle création de Dieu.