«L'arbitre» (Job 9)

ME 1876 page 123

 

Je suppose que tout lecteur est au courant des circonstances au milieu desquelles nous place le livre de Job, et que chacun sait quelles furent les épreuves que Dieu dispensa à cet homme pour son bien, épreuves sous lesquelles la foi de Job défaillit à la fin. Ce livre donc nous apprend comment on trouve le bien, comment la bénédiction vient et doit venir, savoir, dans la vraie connaissance de soi-même. Les hommes parlent de la bonté de Dieu, mais la seule idée qu'ils aient de cette bonté, c'est que Dieu ne prend pas garde au péché et passe par-dessus. La plupart de ceux qui nous entourent, si on les plaçait dans le ciel, se hâteraient d'en sortir aussi vite qu'ils le pourraient: ce qui est dans le ciel n'est pas en harmonie avec eux; rien de ce qu'ils aiment ne s'y trouve, et ce qu'ils y trouvent ils ne l'aiment pas. Aucun de nous, naturellement, ne trouverait dans le ciel quoi que ce soit qui fût selon son coeur. C'est pourquoi Dieu dit: «Il vous faut être nés de nouveau» (Jean 3).

La bonté de Dieu n'est pas indifférente à l'iniquité et ne passe pas par-dessus; mais elle nous amène à la connaissance nette et positive de ce que nous sommes et de ce que nous avons fait, et nous apprend que, lorsque nous sommes tels, Dieu est haut élevé au-dessus de tout mal et peut nous bénir en Christ. Nous marchons ici-bas au milieu de la vanité, et nous sentons que tout ce qui nous entoure s'évanouira. Chacun sait que la figure de ce monde passe; et cependant on est occupé des choses de ce monde.

Mais pour l'Apôtre: «Nos regards», dit-il, «ne sont pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas». Tout ce qui se «voit» s'évanouira, et nous n'en pourrons rien emporter (1 Timothée 6: 7); et alors c'en sera fait de toute la vie et des objets de la poursuite des hommes. Il n'en sera pas de même de leur conduite; ils auront à en répondre, à moins qu'elle ne soit effacée par le sang de Christ. Vous admettez que Dieu a donné une révélation; mais avons-nous besoin que ce monde nous soit révélé? Selon notre intelligence et nos capacités, nous connaissons nous-mêmes le monde; mais quand il s'agit de ce qui est au-delà de ce monde, nous avons besoin que Dieu nous le dise et qu'il fasse descendre jusqu'à nous un témoignage sûr et certain de ce que nous deviendrons. C'est ce que Dieu a fait: il a donné une pleine révélation de l'état dans lequel nous nous trouvons, et de ce qu'est sa sainteté, et il a donné un fondement sûr et ferme de bénédiction, en sorte qu'il ne peut y avoir de doute à son sujet.

Dieu ne veut pas nous laisser marcher ici-bas dans l'incertitude, car l'incertitude c'est la misère. «Nous n'avons pas reçu un esprit de servitude pour être derechef dans la crainte, mais nous avons reçu l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba, Père». Si nous croyons, nous connaissons notre relation avec Dieu, nous sommes «cohéritiers de Christ». «Nous avons reçu, non pas l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu».

Dieu s'occupait de Job, mais Job devait apprendre à se connaître lui-même. Ce qui donne plus d'intérêt encore au livre qui nous parle de lui, c'est que toute la scène qu'il nous rapporte se passe avant toutes les dispensations.

Quand je découvre ce que je suis et que je ne peux pas dire ce que Dieu est, je suis malheureux et misérable. Quand Dieu défonce le sol, ce n'est pas la moisson. Le labour vient avant la moisson.

«En tout cela Job ne pécha point» (1: 22; 2: 10). Job n'avait pas son pareil sur toute la terre; mais Job ne se connaissait pas; un esprit de propre justice s'était glissé dans son coeur.

Si Dieu s'était arrêté là, que serait-il arrivé de tout cela! Job eût pu dire: «Dans la prospérité j'ai servi d'oeil à l'aveugle, dans l'adversité j'ai été patient»; et sa condition eut été pire qu'auparavant. Job tient bon jusqu'à l'arrivée de ses amis, et alors, peut-être par orgueil, ou bien parce qu'il ne pouvait supporter la sympathie de ses amis, il défaillit. Il passait par des exercices humiliants. «Oh! si je pouvais me trouver avec Dieu», dit-il, «il n'est pas comme vous; il y a de la bonté en lui». Les amis de Job étaient sur un terrain complètement faux; ils considéraient ce monde comme un témoignage plein et effectif du gouvernement de Dieu.

L'âme de Job résiste; il voudrait se débarrasser de l'épreuve qui pèse sur lui; il lutte et se débat, la chair se montrant afin que Job se connût lui-même. Job, ayant passé par ce chemin de tribulation, et ayant été ainsi exercé et labouré, cherche de tous côtés de quelle manière il peut se rencontrer avec Dieu. Il dit beaucoup de choses vraies: «L'Eternel juste aime la justice»; Job le sent bien. Mais sommes-nous justes? C'est une autre question. Etes-vous, si vous aviez à paraître dans ce moment-ci devant Dieu, dans une condition où vous puissiez dire: «Je suis juste devant lui». Beaucoup d'âmes regardent à la croix et disent: «Je suis un pauvre pécheur et je n'ai d'autre espérance que la croix». Mais, pouvez-vous dire: «Je suis un pauvre pécheur, et le tribunal de jugement est justement ce qu'il me faut».

Quand nous avons réellement connu Christ comme notre justice, l'âme n'est nulle part plus à l'aise, plus heureuse, plus certaine au sujet de sa position que devant le jour du jugement: nous serons dans la gloire, en ce jour-là; mais quand le coeur n'a pas été brisé, l'âme ne comprend pas comme chose actuelle, ce que c'est que d'être devant Dieu.

Vous trouverez dans ce chapitre 10 de Job des paroles qui sont loin d'être sages ou bonnes; mais, en général, ce que Job dit est vrai. Il y a du mélange dans ce qu'il dit, afin que ses pensées qui n'étaient pas justes fussent jugées.

«Comment l'homme sera-t-il juste devant Dieu?» Dès que l'âme est réveillée, elle voit avec l'oeil de Dieu; c'est le seul moyen de voir bien et juste. Dès qu'elle en est là, l'âme, dans la lumière du jugement, s'exprime ainsi: «De mille articles, je ne saurais lui répondre sur un seul» (verset 3). Dieu est infiniment bon, mais sa manière d'être bon, n'est pas de celles qui tolèrent le mal. Pourriez-vous répondre pour vous-même au jour du jugement, pour tout ce que vous avez jamais dit ou fait?

Notre vie naturelle n'est qu'un faux étalage: un homme peut avoir un certain caractère, mais Dieu ne se soucie pas de cela; il regarde à la conscience. Avant le jour du jugement, il dit: «Il n'y a point de juste, non pas même un seul», «afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Dieu» (Romains 2: 9-19). Job passe en revue quelques-uns de ces cas, mentionnés par l'Apôtre; alors ses mauvais sentiments se font jour. «Il m'a écrasé,… il m'a rempli d'amertume» (versets 17, 18). Ensuite il parle plus justement: «Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera». Pouvez-vous vous justifier dans la présence de Dieu? Si vous ne pouvez pas vous justifier là, de quel profit vous sera-t-il de vous justifier où que ce soit? Vous ne pourriez pas vous tenir dans la lumière comme Dieu est dans la lumière, et vous le savez. Pourquoi la pensée de Dieu rend-elle un homme triste? Elle lui fait sentir qu'il ne marche pas avec Dieu. Alors, mes chers amis, il est impossible de continuer à marcher dans cette voie: nous avons tous apporté dans ce monde une conscience du bien et du mal; il faut que l'écorce du coeur soit rompue, ce que Jérémie appelle: «la terre en friche».

Job parle ensuite d'un autre cas: «Si je me lave dans l'eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté, alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements auront horreur de moi» (verset 31). Ainsi un homme qui aurait été élevé dans une hutte sale, n'a pas le sentiment de ce qu'était le lieu où il demeurait; de même les hommes ont des habitudes et des manières de penser, selon les hommes et non selon Dieu. Si vous regardez autour de vous, vous verrez qu'on tient grand compte dans le monde des péchés contre l'homme; on regarde le meurtre et le brigandage comme de grands crimes, et l'homme qui commettra des péchés pareils ne peut être supporté; la société ne le tolère pas. Mais si un homme hait Dieu, on dit: Oh! cela le regarde, c'est son affaire!

Repassez l'histoire de toutes les religions. Où voyez-vous un mahométan, un fanatique de Jaggernauth, qui aient honte de leur religion? Vous ne verrez jamais un homme qui a une religion fausse en avoir honte. Mais prenez un vrai chrétien; sa religion lui fait honte. D'où cela vient-il? Quel témoignage quant à l'état du monde! Un homme peut chanter des chansons dans les rues, mais des hymnes, — cela ne va pas.

Si je parle de me laver avec de «l'eau de neige… mes vêtements auront horreur de moi». C'est là qu'il faut que nous en venions tous: «Il n'y a point de juste, non pas même un seul». Si cela était tout, je ne pourrais pas me trouver ici devant vous et vous parler comme je le fais, car il n'y a pas de différence, nous sommes tous semblables, nous avons tous péché.

Job ne trouvait rien à répondre à Dieu, et sous le poids de ce sentiment il ne savait que devenir; mais de quoi donc a-t-il besoin? «N'y a-t-il pas, entre nous, quelque arbitre qui mette sa main sur nous deux?» (verset 33). Hélas, je n'en ai point trouvé! «Qu'il ôte sa verge de dessus moi, et que sa frayeur ne me terrifie pas». Ce que Job disait qu'il n'avait pas trouvé, c'est précisément ce que Dieu nous a donné en Christ. Christ était-il une terreur dans ce monde? La loi était terrible; il y avait des tonnerres et des éclairs; Moïse même, si terrible était ce qui paraissait, dit: «Je suis épouvanté et tout tremblant»; le peuple disait: «Que Dieu ne parle point avec nous» (*). Oui, la loi était une terreur et elle ne produisit dans l'homme aucun vrai changement, — ni confiance, ni foi en Dieu. La loi ne donne pas la vie; elle ne change pas le coeur; elle ne fournit pas un objet pour le coeur. L'homme dont il est question au chapitre 7 de l'épître aux Romains dit: «Je hais le péché». «Et moi aussi je le hais», dit la loi, «c'est pourquoi je te maudis». Cela inspire-t-il de la confiance? — Non que la loi ne soit pas utile; bien au contraire, car elle donne, ce que Job acquérait ici, la connaissance du péché (non que ce fut la loi pour lui, mais c'était, au fond le même principe). Il n'y avait là pour l'âme ni paix, ni repos; au contraire, le péché était appliqué à la conscience, pesait sur elle, et ainsi l'âme n'avait jamais de confiance.

(*) Hébreux 12: 18-21; Exode 20: 19.

En Caïn nous voyons une complète insensibilité à l'égard du terrible fait de l'exclusion de l'homme hors du paradis, à l'égard du péché et de la malédiction. Caïn présenta comme offrande à Dieu, le signe même de la malédiction. L'homme a abandonné Dieu, et a prêté l'oreille à Satan; c'est pourquoi il est sous le jugement. On parle souvent comme si Dieu avait fait l'homme tel qu'il est. — Supposez que je fasse un ouvrage, et qu'ensuite je juge cet ouvrage, qu'est-ce que je juge? C'est moi-même. Par son péché, l'homme a obligé Dieu à devenir un Juge, au lieu d'un Dieu qui bénit. Abel s'approche de Dieu et amène sa victime; il offre la graisse de l'agneau. Il sentait que, s'il n'introduisait pas quelque chose entre lui et Dieu, il ne pouvait pas s'approcher de Dieu.

Si nous tournons nos yeux vers Christ, nous verrons qu'il répond exactement aux besoins que Job ressentait: «De mille articles, je ne saurais répondre à Dieu sur un seul»; — mais qu'est-ce que je trouve en Christ? Dieu est venu à moi dans ce monde-ci, parce que je ne pouvais absolument rien faire; il est venu dans ce monde; le Seigneur n'a pas attendu en haut, dans le ciel, mais il est descendu et il a visité ces pécheurs qui étaient sur la terre. Il n'a jamais dit: «Venez à moi», avant qu'il fut venu lui-même.

Dans cet «Arbitre» (verset 33), Dieu me montre qu'il est haut élevé par-dessus tout mon péché. Dieu est lumière, pour rendre tout manifeste maintenant; mais quand il a ainsi tout mis à découvert dans le coeur et dans la conscience de l'homme, il ôte tout le péché et toute la souillure. Dans le monde, à l'endroit où les hommes étaient des pécheurs, «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même». Ainsi, j'ai Dieu qui m'a visité, mais non pas pour cacher mes péchés. Dieu est venu à moi, à la femme de la ville qui était une pécheresse, à Marie-Magdelaine; il est venu parler à la Samaritaine de fontaines d'eau, jaillissant en vie éternelle; je l'entends dire à la femme qui était une pécheresse: «Tes péchés sont pardonnés» (Jean 4; Luc 7: 36-50). Dieu est là dans ce monde non pas pour nous terrifier, mais en amour parfait, comme homme au milieu des hommes; lui, le Saint qui n'a pas connu le péché et qui se servait de la pureté incorruptible de sa nature pour apporter jusqu'à nous l'amour parfait de Dieu. C'est lui, ce Seigneur bien-aimé, qui est «l'Arbitre». Dieu est venu à moi, m'a visité, tel que je suis; je sais que Dieu est pour moi. Mais quand ce Dieu s'approche du pécheur, il lui fait sentir ses péchés: «Tu es si méchant que tu n'as personne à qui tu puisses te confier; tu n'oses pas montrer ta face à un homme honnête; mais viens maintenant à moi, et montre-moi ta face «à Moi», dit Christ. C'est là la manière de faire de Dieu. Attendra-t-il le jour du jugement?

Le commencement de tout le péché a été la perte de la confiance en Dieu: «Dieu voudrait vous priver de cet arbre!» Si je n'ai pas confiance en Dieu, il faut que je me tire d'affaire du mieux que je pourrai; puis viennent la convoitise, la transgression, la misère. Christ entre dans le monde des pécheurs et dit: «Vous pouvez avoir confiance en moi».

Quelle bénédiction l'âme ne trouve-t-elle pas à suivre la vie de Christ dans ce monde! Il dit à la femme Samaritaine, au puits de Sichar: «Si tu connaissais le don de Dieu…!» — et il venait pour apporter la bénédiction. J'apprends ainsi ces deux choses: d'abord que Dieu donne, et puis, qui est Celui qui est descendu si bas que de dépendre d'une pauvre femme pour un verre d'eau froide. Au lieu d'attendre le jour du jugement, il est venu ici-bas, dans ce monde. «Oh! dit-il, si seulement tu te confiais en moi! Tu ne peux répondre au jour du jugement, mais moi je suis venu jusqu'à toi au jour de la grâce». Lecteur, avez-vous jamais vu en Lui quelque chose qui inspire l'effroi? — En un sens, oui! Vous pouvez voir en Lui quelque chose de terrible pour les pharisiens, mais, avez-vous jamais vu, quand Dieu était dans le monde, — et Christ était Dieu dans ce monde, — autre chose que l'amour pour les pécheurs? — Non, jamais! C'est là ce que je trouve dans ce bien-aimé Sauveur, l'amour divin. Qui est-ce qui plaça cet amour dans le coeur de Dieu? Est-ce vous? — Non, nul autre que lui-même: son propre coeur était la source de cet amour. J'apprends ainsi à connaître Dieu beaucoup mieux que je ne me connais moi-même. Dès que je reçois le vrai et précieux témoignage de son amour, je le connais, lui, j'ai mon «Arbitre» («moi et le Père, nous sommes un»), qui est venu dans ce monde de pécheurs tels qu'il les y a trouvés, passant à travers ce monde de péché, pour ne laisser aucun besoin sans réponse et sans satisfaction.

Jésus poursuit son chemin: il monte à Jérusalem pour y souffrir la croix. A la croix, ce n'est pas Dieu devant les hommes dans ce monde, mais l'homme devant Dieu, — fait péché. Dans la perfection de ce même amour qu'il manifesta dans sa vie, Christ s'offre lui-même à Dieu: il est là devant Dieu, fait péché pour nous, afin qu'il fût traité comme le péché le méritait. C'est là ce pourquoi il priait, disant: «S'il est possible que cette coupe passe loin de moi». Il ne parlait pas ainsi en pensant aux outrages et aux insultes des hommes, mais il voyait la colère de Dieu devant lui; et cette colère, il ne pouvait pas la boire, comme il pouvait endurer les souffrances qui lui venaient de la part des hommes. Si un seul d'entre nous devait être sauvé, il fallait que Jésus bût cette coupe. — Comme Dieu est sorti de son lieu en amour et est descendu vers nous ici-bas, ainsi Christ est monté comme homme auprès de Dieu dans le ciel.

Tout ce peuple qui l'avait salué de ses acclamations, nous l'entendons crier maintenant: «Crucifie-le, crucifie-le»; les sacrificateurs qui auraient dû intercéder pour le faible, l'accusent avec véhémence; le juge condamne l'homme innocent; et d'entre ses amis qui avaient été toujours avec lui, l'un le trahit, un autre le renie, et tous l'abandonnent. Mais lui, il a «dressé sa face comme un caillou»; il obéit et dit à son Père: «Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux». Enfin, si ma foi le suit jusqu'au Calvaire, je le vois à la croix buvant la coupe. C'est moi qui l'ai amené là; c'est mon péché, ma méchanceté, ma longue indifférence envers lui, qui l'ont amené là. Et maintenant, où sont mes péchés? — il les a tous effacés. Qu'est-ce qui peut se comparer à cette expiation? On parle de lui comme d'un modèle (ce que nous savons bien qu'il était); mais si vous l'envisagez seulement comme un modèle, que trouverez-vous? Le seul homme juste dans le monde, déclarant qu'il était abandonné de Dieu à la fin! Quelle sorte de témoignage est celui-là?

Lorsque je vois Christ, environné de ténèbres, fait péché pour nous, endurant la croix, accomplissant l'oeuvre entre lui et Dieu seul; je trouve que là seulement l'obéissance fut pleinement mise à l'épreuve, et je contemple la seule Victime sans tache, le saint Fils de Dieu. Nulle part ailleurs qu'à la croix, Dieu n'a été parfaitement glorifié. A la croix je vois le juste jugement de Dieu contre le péché, — point de patience, point de bonté; Christ buvait réellement la coupe. Si Dieu avait pu passer par-dessus les péchés, où serait sa justice? Mais la parfaite justice de Dieu contre le péché resplendit ici, en même temps que son amour parfait. Toute l'inimitié de l'homme contre Dieu se montre à découvert; et là même où elle accomplit ses desseins, Dieu manifeste sa parfaite grâce. Ce n'est qu'à la croix, que nous pouvons voir le péché foncièrement et absolument jugé devant Dieu, et l'amour parfait le faisant. Je trouve là Christ seul avec Dieu; je le vois dans un amour infini, inexprimable. Maintenant il est dans la présence de Dieu pour moi, selon la valeur de l'oeuvre qu'il a accomplie; et, quand je m'approche de Dieu, j'entre dans les lieux saints, blanc comme la neige, car je ne puis entrer là autrement que par l'oeuvre de Christ.

Je vais jusqu'au jour du jugement: qui est-ce que je trouve là sur le trône? Celui-là même qui ôta tous mes péchés. Quel repos pour mon coeur dès maintenant; quand je serai manifesté devant le tribunal de Christ, voici je serai devant l'Homme qui ôta mes péchés par son sacrifice! Comment arriverons-nous là? Quand Christ sera manifesté, que fera-t-il, de vous et de moi? Il viendra, et il changera ce corps vil, qui, semé en corruption, sera ressuscité en gloire. Pour paraître devant le tribunal, il faut que nous soyons ressuscités ou changés; or Christ viendra lui-même, nous ressuscitera ou nous changera, et nous prendra à lui. La première fois Christ est venu pour l'abolition du péché. «Il a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, puis, à ceux qui l'attendent, il apparaîtra une seconde fois sans péché à salut» (Hébreux 9: 28).

Ce dont vous avez besoin, c'est d'une foi donnée de Dieu, de la foi en la personne de notre «Arbitre».

Christ est venu manifester l'amour divin pour moi, là où je suis, puis il est entré comme homme, en justice, auprès de Dieu. La question, pour moi, est celle-ci: Christ, dans cette heure de ténèbres où il a été laissé seul, a-t-il achevé l'oeuvre que Dieu lui avait donnée à faire, et a-t-il donné sa vie en rançon pour plusieurs? Mes chers amis, je crois qu'il a achevé l'oeuvre! Oui, il est assis à la droite du trône de Dieu maintenant, après qu'il a achevé l'oeuvre et que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts; et je sais, non seulement qu'il a accompli l'oeuvre, mais que Dieu a accepté celle-ci. Ainsi, comme Abel, je m'approche de Dieu avec son Agneau entre mes mains. «Si je me lave dans l'eau de neige…, tu me plongeras dans un fossé». Je serai comme un homme qui sort d'un bourbier; mais j'ai trouvé mon «Arbitre»; la satisfaction de Dieu repose sur lui; et nous sommes en Lui, le Saint Esprit étant envoyé afin que nous le sachions. «En ce jour-là vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). Ensuite j'apprends ce que le Seigneur Jésus dit au chapitre 17 de l'évangile de Jean: «Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux». Quand je regarde à mon «Arbitre», je suis arrivé au coeur même de Dieu, à la source même de l'amour qui a donné son Fils; la gloire n'en est qu'une conséquence naturelle. De plus, je trouve que Dieu est un Dieu juste qui a les yeux trop purs pourvoir le mal, et je bénis son nom, car c'est à la croix de Jésus qu'il a regardé le péché.

Christ a accompli l'oeuvre; Dieu l'a acceptée, et Christ est assis à la droite de Dieu, jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds. Si je jouis du privilège de pouvoir dire que je suis en Christ, j'ai aussi le privilège de pouvoir dire que Christ est en moi. Si Christ est en vous, marchez d'une manière digne de lui. Etant réconciliés avec Dieu, ayant Christ pour votre vie, vous êtes appelés à glorifier Dieu en toutes choses: «Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu» (2 Corinthiens 10: 31). Vous n'êtes point à vous-mêmes; si vous voulez être à vous-mêmes, vous n'êtes pas à Christ. Ce que nous avons à faire, c'est de mettre à découvert le mal qui est dans notre coeur, et ainsi de ne pas déshonorer Christ dans le monde. Je ne suis plus à moi-même, je suis la lettre de Christ. Les hommes doivent lire en vous, comme on lisait les dix commandements sur les tables de pierre.

La rédemption est parfaite: Christ est ma justice. J'ai trouvé mon «Arbitre». Le Saint Esprit venant et demeurant en moi, mon âme a la conscience de la valeur de l'oeuvre que Christ a accomplie, et j'attends Christ avec l'ardent désir qu'il vienne et qu'il me prenne auprès de lui. Son oeuvre est une oeuvre parfaite et achevée, et la seule part que j'y aie, c'est mon péché.

Que le Seigneur ouvre vos coeurs, tourne vos yeux vers ce bien-aimé Sauveur. Si votre coeur est ouvert, si vous luttez comme Job pour poser vos mains sur la tête de l'Agneau, que le Seigneur vous donne dans ce jour de salut, de ne pas négliger un si grand salut.