Pèlerinage et repos

 Wigram G.V. – ME 1876 page 189

 

Pèlerinage et repos. 1

1re méditation (Jean 13) 1

2e méditation (Psaume 86) 9

3e méditation (Jean 14) 19

 

1re méditation (Jean 13)

Mes chers amis, je vous parlerai ce soir de deux sujets, et suivrai l'ordre où vous les trouvez dans la partie de l'Ecriture que nous venons de lire; j'en parlerai d'après l'ordre moral des pensées, et aussi d'après l'ordre historique. Voici quels sont ces sujets: 1° la purification pratique et positive par laquelle nous devons passer pour avoir part avec Christ; 2° le repos qui en est la conséquence.

Celui qui observe soigneusement l'état du peuple de Dieu dans ce temps-ci, ne peut manquer de voir que le repos positif de l'âme n'est pas une chose que l'on trouve habituellement parmi les croyants. Je ne nie pas qu'il n'y ait actuellement du sérieux, de l'activité, du zèle, de la connaissance et de l'intelligence, mais on peut posséder toutes ces choses ou l'une d'elles et cependant être dépourvu d'une paix positive, d'un repos réel. La chose la plus rare, dans ce temps-ci, est de rencontrer quelqu'un qui ait une paix permanente. Pourquoi cela? Vous êtes-vous jamais adressé cette question? Comment se fait-il que parmi les saints, le contraste d'avec ce qui les entoure soit à cet égard si peu apparent? J'ai l'intention de vous donner aujourd'hui la véritable réponse à cette question.

Deux principes sont maintenant à l'oeuvre chez les chrétiens professants et par eux on cherche à procurer le repos de l'âme. L'un de ces principes est l'activité, une activité sérieuse, incessante; le coeur est occupé de ce qui est parfaitement bon et juste en soi, mais de ce qui ne lui donne, ni ne peut lui donner le repos. Au contraire, chers amis, vous trouverez de fait que la somme de cette activité est souvent en proportion du manque de ce repos. Vous verrez presque toujours qu'une personne inquiète dans son coeur et dans son esprit entre dans l'activité pour se sortir d'elle-même. L'autre principe, que l'on rencontre très communément, est de chercher à améliorer la chair, pour atteindre le repos par ce moyen. Des chrétiens ont dit; d'autres chrétiens sérieux, de vrais enfants de Dieu, ont reçu et accepté, que la soumission de la volonté propre par la force de la volonté donnera le repos. Une telle assertion parait être une absurdité, et cependant, je le répète, on affirme que du moment que la volonté se rend d'elle-même, se met à mort pour ainsi dire, le repos est obtenu par cet acte.

Je désire établir premièrement, d'après l'Ecriture, quel est l'empêchement au repos parfait de l'âme, tel qu'il est exprimé dans le chapitre que nous avons lu, et dont Jean, qui repose sa tête sur le sein de Jésus, nous donne l'exemple; secondement, en quoi consiste ce repos et quelles en sont les conséquences.

Mes chers amis, je crois trouver la raison de cette absence de paix chez les saints dans le fait que leurs pieds ne sont pas lavés. Il en résulte une incapacité pratique à être en communion avec Christ là où il est; car, remarquez-le bien, c'est la grande vérité que Jean 13 met en évidence. Non seulement le Seigneur ôte les souillures qui s'attachent jour par jour à notre marche, ce qui est parfaitement vrai, mais il y a ici, je crois, quelque chose de beaucoup plus profond; c'est le coeur, rendu propre à demeurer avec le Seigneur là où il est; une purification qui rend capable d'avoir des intérêts communs avec Christ, d'avoir part avec Lui en gloire. Telle est, en effet, la grande pensée de Jean 13. Nous y voyons d'abord le Seigneur «pendant le souper», c'est-à-dire associé avec les siens dans ce monde, puis, rompant cette association, «se levant du souper», et leur montrant comment il peut les rendre capables d'entrer dans une relation bien meilleure. Cet acte même semble leur dire: Jusqu'ici, j'ai été associé à vous sur votre terrain, à présent je vais vous montrer comment je vous rendrai capables d'être mes associés sur le mien; je vais vous rendre tels que vous puissiez être en communion avec moi dans la nouvelle sphère et dans la nouvelle place où je me rends. Là-dessus il prend le bassin, l'eau et le linge et dans la pleine conscience qu'il «était venu de Dieu et s'en allait à Dieu» — c'était le côté de Dieu et le sien propre aussi — il se lève pour accomplir cet acte de service envers ceux qu'il aimait; et dans cet amour vous avez la source et le ressort de toute son action en leur faveur. «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin». Quel précieux amour que celui du Seigneur Jésus, quelle grâce merveilleuse! L'affection et l'amour subsistent dans son coeur, à travers le changement des temps et des circonstances. Qu'il est précieux de s'en tenir simplement au mobile des actions du Seigneur Jésus, et combien nos coeurs comprennent peu que les motifs en sont tous en Lui-même. Le simple fait démontre évidemment que les ressorts qui mettent en action les mouvements de sa grâce envers nous se trouvent dans son propre coeur. C'est là ce qui l'engage à rendre les siens propres moralement à paraître en sa présence et à avoir communion avec Lui dans la nouvelle sphère où il allait entrer; et lui seul pouvait faire une telle chose qui seule répond au coeur de Christ. Avez-vous le sentiment que rien ne répond mieux au coeur de ce précieux Seigneur que de vous rendre propres à sa présence? Sentez-vous en votre âme qu'il y avait dans son coeur le désir de rendre un pauvre misérable tel que vous et moi, capable d'être en communion avec lui dans la nouvelle place où il est entré? Ce ne sont plus seulement mes besoins et mes misères, mais ce sont les affections de son coeur qui deviennent le motif qui le fait agir, pour me rendre propre pour lui là où il est. C'est à cet effet qu'il prend le bassin et l'eau, se met à laver les pieds de ses disciples et les essuie avec le linge dont il s'était ceint.

Je vous demande, mes chers amis, si vous savez ce que signifie cet acte de Christ à votre égard? Je parle de choses fort simples, choses que plusieurs d'entre vous connaissent très bien peut-être; mais les choses anciennes ont souvent besoin d'être ravivées dans les coeurs; par cela même qu'elles sont connues depuis longtemps elles tendent à s'effacer, et cela d'autant plus aisément que la scène qui nous entoure sera plus animée. Savez-vous, comme une chose actuelle, que le Seigneur Jésus tient vos pieds dans sa main? Savez-vous ce que c'est que d'être l'objet d'un tel acte de sa part, acte destiné à ôter toute parcelle de souillure qui pourrait vous empêcher d'être dans sa communion; car son coeur veut pouvoir goûter en cela encore plus de joie que vous n'en ressentez dans votre communion avec Lui? Avez-vous la conscience que vos pieds soient lavés; vous soumettez-vous à ce qu'ils le soient? Permettez-vous au Seigneur de le faire? Trouvez-vous bon qu'il se ceigne pour vous et qu'il éloigne en vous lavant les pieds tout ce qui vous rend impropres pour lui-même ainsi que pour sa communion? Si je pose ces questions, c'est que cet acte de Christ est de toute nécessité pour vous. Vous verrez, si vous le considérez attentivement, que c'est une chose solennelle et qui, précisément, fait grandement défaut dans le moment actuel. Je ne crois pas, et je le dis hautement, que nous soyons en général soumis à la puissance de la Parole, qui transperce, qui divise, qui pénètre l'âme, de telle sorte que la moindre chose qui n'est pas convenable pour Christ soit jugée et ôtée. Je rappellerai ici un passage (Hébreux 4: 12) qui dit clairement ce que je désire vous mettre au coeur. «Car la Parole de Dieu est vivante et opérante et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles et jugeant des pensées et des intentions du coeur. Et il n'y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui auquel nous avons affaire».

Nous avons ici l'explication divine de la manière par laquelle le Seigneur ôte tout ce qui empêche notre communion avec lui, et cela par la parole de Dieu. La parole de Dieu est l'eau; vous trouverez cela presque partout dans l'Ecriture. L'eau est la puissance de purification qui ôte tout ce qui n'est pas convenable à la présence du Seigneur. Lorsque la Parole vivante pénètre la conscience et l'âme, elle nous amène en présence de Dieu et, par elle, le jugement de Dieu agit sur tout ce qui se trouve en nous. Je cite ce passage pour une autre raison encore: afin que vous puissiez voir que la Parole faite chair et la Parole écrite occupent toutes deux leur place dans ces versets. Remarquez ceci: «La parole de Dieu est vivante et… il n'y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire». «Aux yeux de celui». Quels yeux? les yeux de Dieu! Eh bien! ce qui est vrai de Dieu est vrai de sa Parole; et les perfections de Dieu, la puissance opérante, pénétrante du Dieu béni qui lit les pensées et les intentions du coeur sont aussi attribuées à sa Parole. Je vous en parle expressément, chers amis, parce que je crains que nous n'ayons pas dans nos âmes le sentiment de l'importance solennelle de la Parole, ni de la manière dont elle agirait sur nos consciences, si nous consentions à nous laisser atteindre par elle. La Parole de Dieu tient-elle réellement en nous la place qu'elle avait dans les saints des temps passés? Je conviens qu'il y a, même à un degré remarquable, un accroissement d'intelligence et plus de sérieux chez les chrétiens, mais je demande si la puissance que la Parole de Dieu exerçait sur les âmes il y a cinquante ans, l'exerce aujourd'hui au même degré sur ceux qui recueillent ce que d'autres ont semé. Je doute fort que l'on sache à quel point il est précieux de soumettre chaque pensée, chaque motif, chaque acte de la vie, à la puissance pénétrante de cette Parole vivante.

S'il en est vraiment ainsi, doit-on être étonné que tant d'âmes ne jouissent pas d'un repos solide? S'il n'y a pas cette eau qui purifie de tout ce qui est incompatible avec la présence du Seigneur, je comprends que le repos fasse défaut et c'est une bonté de Dieu qu'il ne le permette pas tant que nous ne sommes pas dans l'état propre à pouvoir en jouir devant lui.

En parlant du lavage des pieds, j'ajouterai que nous n'entrons pas suffisamment dans la signification de cet acte, si nous n'y voyons que la purification des choses qui sont absolument incompatibles avec sa présence; car notre précieux Sauveur voit d'avance et prévient même des choses qui, si elles entraient en nous et y étaient tolérées, troubleraient la communion. J'ai été frappé de cela dernièrement en lisant à ce point de vue une autre partie de la Parole. Nous admettons le fait, que le Seigneur restaure en grâce; nous admettons le lavage des pieds, mais il y a nombre de cas dans l'histoire des saints que nous considérerions sous un autre jour si nos coeurs voyaient avec intelligence comment le Seigneur prévient l'action de principes qui produiraient entre lui et nous une distance morale. Il anticipe aussi bien qu'il ôte. Voici les passages auxquels je fais allusion: 2 Corinthiens 12: «Et afin que je ne m'élevasse pas, à cause de l'extraordinaire des révélations, il m'a été donné une écharde en la chair, un ange de Satan pour me souffleter». Ici, vous le voyez, rien n'a donné lieu à une scission morale entre Paul et Christ. La chair n'a pas agi en Paul; mais elle était présente en lui pour agir; le fondement existait, sur lequel cette scission aurait pu se produire. Tout ce qui pouvait mettre la chair en activité se trouvait dans l'homme, lors même qu'il eût été ravi au troisième ciel. C'est pourquoi l'Apôtre dit: «Afin que je ne m'élevasse pas, il m'a été donné une écharde en la chair».

Cette pensée, je le crains, ne se présente pas à nos coeurs avec la force qu'elle devrait avoir. Nous nous bornons à désirer que la distance soit enlevée, lorsque la chair, par son action, a déjà produit la distance, et nous ne désirons pas assez que le Seigneur emploie des moyens préventifs pour empêcher que la distance ne se produise. Si nous réfléchissions à cela, quelle lumière se ferait sur mainte circonstance de notre vie, sur le chemin dans lequel nous sommes engagés, sur bien des peines, des inquiétudes, des angoisses, des détresses, des chagrins, des circonstances contraires que nous voudrions autres. Nous verrions clair, si nous avions dans le coeur la conscience divine que celui qui est monté nous aime d'un amour éternel et pense à nous. Il sait qu'il y a en nous une nature, sur laquelle les influences agissent de manière à produire notre éloignement de lui, il connaît exactement le moment d'intervenir. Quelle lumière cela nous donnerait dans les jours sombres! Quel amour précieux que celui qui non seulement s'abaisse à laver la souillure, mais prévient l'activité de la mauvaise nature en moi, activité qui m'éloignerait de lui et mettrait un obstacle entre lui et moi. De plus, cette intervention du Seigneur me donne le privilège d'apprendre ce qu'est la chair, en communion avec Dieu, au lieu de l'apprendre dans la compagnie du diable; et il faut l'apprendre d'une manière ou de l'autre. Si vous n'apprenez pas ce que vous êtes, avec Dieu, comme Paul en 2 Corinthiens 12, vous l'apprendrez avec le diable, comme Pierre. Cela est solennel! Mais pour Paul c'était l'amour prévenant du Seigneur: «Il m'a été donné une écharde en la chair». O Sauveur précieux, berger fidèle, ami constant de pauvres misérables tels que nous, mais qui ont de la valeur pour toi comme don de ton Père et comme fruit de ton amour qui ne peut changer!

Savez-vous maintenant ce que c'est que d'être propre à la communion avec le Seigneur? Votre coeur a-t-il reçu quelque chose touchant cette communion avec Dieu? Nous ne connaissons que faiblement, je le crains, la communion réelle, et il est singulier que cela semble nous affecter si peu. Vos pensées, vos intérêts, sont-ils communs à ceux de Christ dans la gloire? Je crains que vous ne soyez forcés d'avouer que vos coeurs n'en savent que peu de chose. Quelqu'un dira: je suis toujours heureux; cela peut être parfaitement vrai, mais ce n'est pas Jean 13, où il s'agit d'être, par le lavage des pieds, propre pour la présence de Dieu, de telle sorte que tout ce qui ne convient pas à cette présence et qui pourrait produire du malaise soit parfaitement ôté. Dès lors je n'ai plus d'empêchement à être dans une entière communion avec lui là où il est et à jouir du repos qui en est la conséquence.

La cause du manque de repos parmi les saints, vient de ce qu'ils ne sont pas nettoyés de manière à avoir part avec Christ. Leurs pieds ne sont pas lavés, il s'est produit une distance morale entre eux et Christ. En est-il ainsi de vous aujourd'hui? Votre coeur se trouve-t-il à une distance morale de Christ? Y a-t-il de la gêne entre vous et lui? Sachez bien, mes chers amis, qu'il faut très peu de chose pour la produire. Ce qui me parait bien sérieux c'est que je puis ôter mes pieds d'entre ses mains, l'empêcher pour un temps de me les laver, empêcher ainsi que la Parole ne me soit appliquée. C'est ici la part de Christ et non la nôtre. Je ne nie pas cette dernière, car de notre côté doit se trouver le jugement de nous-mêmes et tout ce qui s'y rapporte, mais je parle maintenant de celle de Christ. Vous pouvez retirer vos pieds d'entre ses précieuses mains, contrarier l'activité de son amour, si bien que la distance entre vous et lui demeure; alors il vous enseignera par une autre voie. Mais quel acte merveilleux en faveur de pauvres créatures; quelle grâce que celle qui s'abaisse jusqu'à laver nos pieds de tout ce qui n'est pas en accord avec lui-même! Aucune chose, même la plus intime, qu'il ne prenne soin d'ôter. Voilà où se montre son amour parfait, c'est qu'il ne laisse rien passer. Notre égoïsme se fait voir en ce que nous laissons passer maintes choses, mais son amour n'en omet aucune. L'égoïsme se meut dans son propre cercle, l'amour s'occupe d'un objet et s'y dévoue, il pense à cet objet pour son bien et ne permet pas qu'il y ait sur lui la plus petite chose qui ne fût pas en rapport avec son affection. Et pourquoi? C'est afin d'avoir la joie de voir son objet tel qu'il est lui-même. Qui peut parler de la joie du coeur de Jésus, qui la connaît même dans une faible mesure, sa joie de nous avoir près de lui, de telle manière que nous ayons communion avec lui? Certes, le Seigneur a une joie plus grande et plus profonde à vous placer là où il peut avoir communion avec vous, que ne saurait l'être votre joie, à vous, en vous trouvant là avec lui. Voilà ce que l'on trouve à la base de cet acte si simple rapporté en Jean 13.

J'insiste là dessus, parce que, dans le temps actuel, où il y a beaucoup d'activité extérieure, on est en grand danger d'oublier ce qui est dû au Seigneur Jésus Christ. Souvenez-vous que c'est à cela que son coeur regarde. Je suis convaincu que, ce que le coeur de Christ désire, comme témoignage de la part des siens en ces jours-ci, c'est de les trouver sur la terre, non pas comme un peuple qui se signale par de grandes choses et qui accomplit des exploits, mais comme un peuple que son Dieu et Père peut signaler lui-même en disant de lui: Il y a là des coeurs qui rendent témoignage à la suffisance et à la puissance de mon Fils, pour accomplir toute chose pour eux. Il cherche des témoins de la grâce et de la puissance de Jésus, afin de pouvoir les montrer à d'autres pauvres coeurs faibles, accablés, et leur dire: Mon Fils peut faire pour vous ce qu'il a fait pour eux. Avez-vous au dedans de vous cette conviction divine, que Dieu vous laisse dans ce monde comme exemples de ce que Christ peut faire pour de pauvres créatures telles que nous sommes? Il peut remplir nos coeurs jusqu'à ce qu'ils débordent et soient capables de jouir de lui dans ce lieu radieux où il se trouve, lui, leur éternelle joie et leur repos. Que le Seigneur nous fasse la grâce de ne pas nous soustraire à sa main, mais d'être constamment devant lui avec sa précieuse Parole, jugeant par elle les motifs de nos âmes, afin qu'un repos parfait devienne notre part. Que notre conscience ne cherche pas à éluder le tranchant de sa Parole. Ne craignez pas de soumettre chaque pensée de votre coeur, chaque mouvement de votre âme à cette puissance pénétrante; ne craignez pas de vous laisser transpercer par cette Parole; craignez plutôt ce qui tend à l'éloigner de vous, ce qui peut vous soustraire à cette action qui sonde le coeur; ne redoutez jamais la Parole de Dieu. Craindriez-vous l'amour qui s'occupe à faire ce qu'il y a de meilleur pour vous? C'est l'amour de Jésus. Les pensées de son coeur sont de vous bénir. Nous sommes les objets qu'il désire rendre tels que sa joie puisse demeurer en nous et que notre joie soit parfaite. Vous ferez l'expérience que le repos en sera le résultat; car, tout ce qui entrave, tout obstacle aura été mis de côté. Je prends le fait simplement, comme il est rapporté: Jean était penché sur le sein de Jésus.

Avez-vous la conscience qu'il a lavé vos pieds et que vous pouvez vous reposer sur son sein? Il faut nécessairement que l'un précède l'autre. Quelle heureuse place pour une tête fatiguée! Bien plus, la sympathie de Christ est assez large pour qu'il y ait, auprès de lui, place pour la tête de chacun de ses saints.

Ces choses sont des figures, sans doute, mais voici ce que j'entends par placer sa tête sur le sein de Jésus: c'est être si près de lui, si intime avec lui, qu'il devient le parfait repos de mon âme. Ce n'est pas ce que je reçois de lui, mais c'est lui-même qui est mon repos. Si quelque chose vient se mettre entre vous et Christ, vous ne pouvez avoir de repos tant que cette chose subsiste: dans cet état, votre coeur redoute sa présence, puisqu'elle donnerait lieu à une explication; c'est pourquoi, chers amis, très peu de personnes supportent d'être seules avec Jésus et avec Dieu. Il faut, pour cela, que tout soit bien en règle entre vous et lui. Lorsque Jacob fut laissé seul, un homme vint lutter avec lui jusqu'au point du jour. Joseph, seul avec ses frères, se fit connaître à eux, nul autre n'étant présent. Je ne doute pas que ce ne soit pour cette cause, que tant de gens cherchent des distractions dans les mille choses dont ils s'entourent; ils veulent éviter une heure de solitude avec Christ ou avec Dieu. Quand il n'y a rien entre nous et lui, nous pouvons être seuls et trouver notre repos dans sa compagnie; sa présence est alors le repos de notre coeur. Combien s'en trouve-t-il ici qui puissent dire: Je sais ce que c'est que de poser ma tête sur le sein de Jésus?

On reconnaît une âme sincère à deux signes; vous les trouvez en Luc 7. L'un est: «je dois m'approcher de lui», l'autre: «il doit être mon tout». Si je parle d'être près de Christ, j'entends être près de lui là où il est. Ce n'est pas l'avoir ici-bas, comme toute autre chose qui nous entoure; ce n'est pas introduire Christ dans nos circonstances pour que nous puissions nous trouver plus confortablement dans le monde. C'est là, en vérité, ce qui se passe autour de nous. Des saints et des pécheurs soulagent ainsi leur conscience, tout en marchant avec le monde. Oh! ce qu'il faut, ce n'est pas de faire entrer Christ dans nos circonstances terrestres pour que nous nous y trouvions heureux; mais il me faut un Christ qui lave mes pieds, qui me nettoie de tout ce qui serait impropre à la présence de Dieu, afin que je n'aie aucun empêchement à entrer dans les circonstances de Christ. Si votre coeur a jamais goûté la bénédiction de la communion avec Christ là où il est, vous pouvez jeter un regard sur ce qui est en arrière et dire: je suis indépendant des choses de la terre. La possession de ce qui est là-haut, détourne votre coeur de ce qui n'est que la contrefaçon de ces biens. Les hommes se trouvent engagés dans les choses de la terre parce qu'ils ne possèdent pas le vrai bien. S'ils le possédaient, ils auraient aussi la mesure de tout ce qui lui est contraire et ne désireraient pas ces choses. Personne ne peut connaître ce qui, selon Dieu, est faux, à moins qu'il ne sache ce qui est vrai. Il vous faut un modèle d'après lequel vous puissiez juger, car dans une abstraction ne se trouve pas la connaissance. Si vous ne connaissez pas la vérité vous ne pourrez savoir ce qui ne l'est pas et vous ne serez jamais affermi contre l'erreur; tandis que, ayant le meilleur, vous savez ce qu'est le moindre et n'en avez que faire.

Lorsque je suis en communion d'intérêts avec Christ je me tiens dans sa compagnie; sa présence est le repos de mon âme; mon coeur sait ce que signifie le repos en lui selon le Psaume 23; et ce Psaume ne décrit pas quelque endroit sur la terre, car on n'y trouve pas «de gras pâturages». Où seraient-ils? c'est au ciel que vous les trouvez, et quant aux «eaux paisibles», elles ne coulent pas ici-bas. Non, vraiment, il n'y a aucun repos au milieu des tumultueux orages des choses d'ici-bas. Il n'y a ni verdure, ni tranquillité; rien qu'agitation et vanité; mais, du moment que mon coeur connaît la compagnie de Jésus et que rien ne m'empêche d'en jouir, je tourne le dos aux choses de la terre, aux meilleures, aux biens de ce pauvre monde; alors aussi les contrefaçons de Satan et toutes ses intrigues sont tout d'un coup découvertes. Comment cela? parce que je suis en possession du bonheur qui affermit mon coeur contre tout ce qui est incompatible avec lui et aucune autre chose que lui ne me suffit.

Je ferai encore ressortir que, lorsque vous êtes près de Christ, penché sur son sein, dans le repos, vous êtes tout naturellement placés pour recevoir ses communications. Savez-vous bien ce que c'est que de recevoir les communications de ce précieux Sauveur? Savez-vous ce que c'est que d'avoir fait suffisamment abstraction de soi-même, de ce qui nous entoure, du monde, de son agitation, d'être enfin en présence de Jésus, de manière à ce qu'il puisse vous communiquer ses pensées? Examinons ce sujet en regard du verset 21. «Jésus ayant dit ces choses, fut troublé dans son esprit et rendit témoignage et dit: En vérité, en vérité, je vous dis, que l'un de vous me trahira. Les disciples se regardaient donc les uns les autres, étant en perplexité, ne sachant de qui il parlait. Or l'un de ses disciples que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon Pierre donc lui fit signe de demander qui était celui dont il parlait. Et lui, s'étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit: Seigneur qui est-ce?» Il y avait là confiance et repos, pour recevoir la réponse de la confiance. Que peut-il y avoir de plus heureux? C'est à celui qui est le plus près de Jésus que les autres reconnaissent le droit d'intimité comme avec un ami. Pierre, à distance, se sert de la proximité dans laquelle est Jean, non seulement pour calmer les doutes de son propre esprit, mais encore pour obtenir les secrets du coeur de Christ. Pierre savait que celui qui était dans le sein de Jésus apprendrait ses secrets, en recevrait la communication. Chers amis, cela est très important; Il ne se communique pas à vous à distance. Si vous êtes éloigné de Christ, vous ne pouvez savoir ni ses secrets, ni ses désirs. Je ne dis pas qu'il ne vous aime pas; mais ce qui occupe son coeur par rapport à vous, si vous êtes à distance, c'est de vous amener pratiquement près de lui, afin qu'il ait la joie de communiquer avec vous; il jouit de pouvoir le faire. Les autres disciples n'étaient pas assez près pour apprendre les secrets de Christ. Jean l'était et avait de plus la confiance de demander: «Seigneur, qui est-ce?» Il était assez calme pour pouvoir entendre la réponse de Jésus. Il y avait proximité, confiance et repos. Connaissez-vous ces choses? Je sais par mon propre coeur que nous lui faisons souvent des communications, mais il est rare que nous soyons assez en paix, assez près de lui et tranquilles, pour qu'il puisse nous faire des communications. Hélas! que cela est rare et combien peu nous savons qu'il aime nous avoir près de lui et que son coeur jouit de pouvoir nous montrer tout ce qu'il renferme d'amour pour nous, sans en rien réserver. Que le Seigneur nous donne cette quiétude de l'âme devant lui, le repos du coeur, cette oreille ouverte pour recevoir ce qu'il a à nous dire, ce à quoi son coeur prend plaisir.

Après l'exemple du chapitre 13, voyons celui du chapitre 21 de ce même évangile. «Le disciple donc que Jésus aimait dit à Pierre: c'est le Seigneur». Un autre effet de la proximité du Seigneur, c'est que l'on est capable de comprendre les actions, parce que l'on connaît la personne qui agit; ainsi l'action est liée à la personne même.

Je ferai encore remarquer à ce propos, que ce n'est pas pour obtenir des communications de sa part, pour dire «ceci est Christ», ou «cela est Christ», qu'il faut être près de lui, mais pour lui-même, sans autre motif; il faut poser sa tête sur le sein de celui qui prend plaisir à la voir là, sans autre motif que celui de l'amour pour sa personne.

J'ai parlé faiblement, plus que je ne le sens peut-être; mais que le Seigneur veuille ôter de nos coeurs jusqu'à la plus légère insoumission, afin qu'il puisse prendre entre ses précieuses mains nos pieds souillés, qu'il les lave par sa Parole de tout ce qui nous rend moralement incapables de demeurer en sa présence, en communion avec lui dans le lieu glorieux où il est entré; et ainsi il n'y aura rien entre lui et nous et nous pourrons reposer notre tête là où il aime à la voir. Souvenez-vous qu'il n'y a pas d'enfant préféré dans la famille de Dieu; point de privilégiés qui aient une place au-dessus ou au-dessous des autres; le lieu est ouvert à tous, il y a place pour tous. Le sein de Jésus, le coeur et les affections de Christ sont pour tous les siens; tous sont invités à poser leur tête là où Jean posait la sienne. Que le Seigneur nous accorde, dans ce temps d'inquiétude et d'activité, où l'esprit de l'homme cherche la quantité plus que la qualité — qu'il nous accorde de penser a ce qui convient au coeur de Christ, à ses affections; qu'il nous rende capables de nous élever à la hauteur de notre appel, de goûter la douceur de pouvoir travailler dans notre petite mesure, d'être gardés dans un sentier peut-être solitaire, dans l'ombre, avec cette simple pensée dans notre âme: Ma joie est de servir les affections, les compassions, les désirs du coeur de Celui qui s'est lui-même donné pour moi.

2e méditation (Psaume 86)

L'habitation céleste, et le pèlerinage terrestre, tels sont les deux sujets importants dont je désire vous entretenir avec l'aide du Seigneur.

L'un des traits caractéristiques du chrétien, c'est qu'il fait, durant sa vie sur la terre, à la fois les expériences du désert et de Canaan; tandis que le Juif, l'Israélite, ne pouvait les faire qu'à des moments différents. Il est important de mettre chacune de ces choses à sa vraie place, parce que notre tendance est toujours, en toutes choses, de restreindre les pensées de Dieu. Je crois que la pente naturelle de nos coeurs est de prendre le moins possible de ce que Dieu nous donne. Il en est ainsi de chaque vérité, n'importe laquelle, et de là vient, permettez-moi de le dire, que chacun a sa vérité favorite, sa doctrine de prédilection; tandis que si nous marchions vraiment avec Dieu, nous n'aurions rien moins que tout ce qu'il a plu à Dieu de nous donner. Nous trouverions que tout a sa place, que tout nous convient dans nos circonstances; mais, remarquez-le bien, nous retiendrons alors ces vérités dans l'ordre d'importance qu'elles occupent dans les pensées de Dieu. Il est extrêmement précieux d'avoir la vérité de Dieu comme un tout, et de l'apprécier ainsi, tout en lui donnant place dans nos coeurs selon l'ordre d'importance qu'elle occupe dans Ses pensées.

Je parlerai d'abord du pèlerinage terrestre, vérité qui est assurément mieux saisie et comprise que celle de l'habitation céleste. Ce côté-là de notre sujet est mis en avant, d'une manière particulière, au chapitre 8 du Deutéronome. Les versets 2 à 6 de ce chapitre présentent ce que j'ai appelé le pèlerinage terrestre: le passage au travers du monde qui est devenu pour moi le désert. Du moment que j'ai été acquis pour Dieu et pour sa vérité, je me trouve dans le désert et je dois y faire mon pèlerinage. C'est là notre propre histoire et notre propre chemin à travers les misérables scènes de la vie.

Je désire vous faire remarquer deux choses dans ce chapitre. Du verset 2 au verset 5, il montre ces deux grands faits; d'abord que l'histoire du désert nous était nécessaire; ensuite (je le dis avec toute révérence), qu'elle était nécessaire pour Dieu, c'est-à-dire qu'elle lui donnait l'occasion de manifester ce qu'il y avait dans son coeur pour les circonstances mêmes où nous nous trouvons dans ce monde.

Considérons un moment ce qui nous concerne: Nous apprenons deux choses importantes pendant le voyage du désert, deux choses qui n'appartiennent pas à l'homme naturel: la dépendance et la soumission; tandis que, ce qui est propre à la nature humaine, c'est l'indépendance et l'insoumission. Ce sont là les deux grands traits qui caractérisent comme tel l'homme déchu. C'est jusqu'au jardin d'Eden, qu'il nous faut remonter pour trouver leur origine. — Une fois amenés à Dieu, ayant reçu une nature qui répond à la sienne, les traits, les caractères, les qualités saillantes de cette nouvelle nature sont la dépendance et la soumission; et les circonstances par lesquelles nous passons dans ce monde, les difficultés, les épreuves et les tentations de la route, sont autant d'occasions où ces qualités peuvent se montrer et s'exercer. C'est ainsi que la traversée du désert, ses hauts et bas, toutes les choses qui nous arrivent pendant que nous le parcourons, nous sont en bénédiction. Si le coeur est réellement exercé devant Dieu et si nous marchons dans la puissance du nouvel homme, dans l'énergie du Saint Esprit, chaque circonstance, chaque portion de notre vie, les épreuves, les angoisses, les difficultés, les chagrins, les voies dans lesquelles nous sommes conduits, nous donnent l'occasion d'exercer la dépendance et la soumission. Ces deux traits sont particulièrement mis en évidence dans l'histoire de Celui qui condescendit à devenir homme; qui fut l'Homme parfait, le Seigneur Jésus Christ. Souvenez-vous de la tentation dans le désert (Luc 4). La première chose que le Seigneur oppose à Satan dans cette tentation, c'est la fermeté de l'homme dépendant. «Il est écrit: l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu». Notez que le Seigneur cite ce même passage du Deutéronome dont nous nous occupons ce soir. Il le fait à dessein, car cette partie de l'Ecriture rapporte l'histoire des traites des Israélites dans le désert, le but de Dieu étant de leur apprendre ainsi la dépendance et la soumission. Il en présente le modèle dans son propre Fils, l'homme parfait. Ce passage jette une grande lumière sur un autre passage qui offre quelque difficulté; le voici: «Afin que fût accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète disant: J'ai appelé mon fils hors d'Egypte» (Matthieu 2: 15). Que signifie cela? Que le Christ recommence, dans sa propre personne, l'histoire morale d'Israël. Israël, le peuple de Dieu, a failli comme tel, dans chaque épreuve, dans chaque circonstance où il a été placé. Il a failli partout: au désert, dans le pays, et sous les économies successives de Dieu. Eh bien! Jésus recommence cette histoire, et dans chaque position où ce peuple a manqué, lui a été trouvé parfait. Il était parfait dans le désert, parfait en dépendance, en soumission, et, je n'ai pas besoin de le dire, parfait en tout point. Il est bien précieux pour nous de voir que Dieu présente dans un homme, Celui qui était à la fois homme et Dieu, l'homme parfait. Il montre, en la personne de Christ, les traits caractéristiques qui appartiennent réellement à un homme devant Dieu. Il les montre en Jésus. Vous ne devez jamais oublier ce côté-là. Christ a montré dans ce monde ce que Dieu est envers l'homme, mais il a été la démonstration de ce que l'homme aurait dû être envers Dieu. La dépendance en est le premier trait. Il y a du profit à être dans les difficultés, à être à l'étroit; il y a de la bénédiction dans l'épreuve; elle devient l'occasion des exercices du coeur, si vous êtes dépendants. La raison pour laquelle bien des enfants de Dieu ne savent pas ce que c'est que la dépendance, c'est qu'ils n'ont pas encore été mis à l'étroit. Je plains celui qui ne l'a jamais été. Je sais, chers amis, qu'il faudra que cela vous arrive aussi, parce que Dieu est trop fidèle envers nous, selon les pensées de son coeur, pour ne pas nous donner l'occasion de connaître la bénédiction de n'avoir pas autre chose que le Dieu vivant. La bénédiction consiste à être amené dans une situation où je ne trouve devant moi aucune autre issue que le Dieu vivant. Dieu se fait alors connaître à mon âme comme je ne l'avais jamais connu auparavant; dès lors j'ai goûté ce que c'est que d'être exercé dans la dépendance. Voici à quoi cela me paraît ressembler: peut-être avez-vous vu un frêne croissant sur le versant d'un coteau; plus le vent et la tempête soufflent sur cette frêle plante, plus ses racines s'enfoncent dans la terre, si toutefois elles sont franches et saines. La tempête est une bénédiction, car elle enracine plus profondément la plante dans le sol. Remarquez que je parle d'un coeur vraiment exercé devant Dieu, d'un homme qui marche avec Dieu. Au contraire, l'effet des difficultés sur celui qui ne marche pas avec Dieu sera de placer la difficulté entre l'âme et Dieu, ce qui est nécessairement suivi d'un affaissement spirituel. Aux chapitres 13 et 14 des Nombres, lorsque les enfants d'Israël sont sur le point d'entrer dans le pays, les difficultés se placent entre eux et Dieu. Quel en est le résultat? Ils perdent le sens de la soumission. Ils disent: «Etablissons-nous un chef, et retournons en Egypte». Ils murmurent, ils pleurent et sont indociles. Mais lorsque le coeur est réellement exercé, et que l'on marche avec l'oeil fixé sur Dieu, la difficulté a pour résultat de faire connaître Dieu d'une manière particulière. Il existe alors, entre l'âme et Dieu, une secrète entente qu'aucun autre ne connaît. Connaissez-vous ce secret-là? Je crois que l'Apôtre y fait allusion quand il dit (Philippiens 4): «Mon Dieu suppléera à tous vos besoins». Il ne dit pas: «Votre Dieu». Pourquoi? Sans aucun doute, il était aussi bien le Dieu des Philippiens que celui de Paul, mais l'Apôtre en parlait comme le connaissant pour lui-même. Il est vrai que Jésus dit: «Mon Dieu et votre Dieu», mais si je parle de Dieu comme le connaissant pour moi-même, je puis dire: il y a des secrets entre Dieu et moi, «mon Dieu suppléera à tous vos besoins». C'est un des précieux bienfaits du désert. Nous rencontrons des difficultés qui nous exercent dans la dépendance du Dieu vivant.

Considérons aussi la seconde leçon que le désert nous donne: la soumission. Elle nous est présentée dans les magnifiques paroles du Seigneur en Matthieu 11: 25: «En ce temps-là, Jésus répondit et dit: Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as révélées aux petits enfants». — Nous trouvons ensuite l'expression la plus merveilleuse qui nous soit rapportée dans toute la Parole de Dieu: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi». Quelles paroles extraordinaires sorties de ses lèvres, à Lui, le Fils éternel du Père! Relisez ce chapitre. Tout dans les circonstances extérieures de Christ était propre à désoler son coeur. Jean doute de lui; les villes qui avaient vu ses oeuvres de puissance ne se repentent pas; Israël est semblable aux enfants auxquels on avait joué de la flûte, et qui n'avaient pas dansé, auxquels on avait joué des airs lugubres et ils ne s'étaient pas lamentés; Capernaüm, élevée jusqu'au ciel, allait être abaissée jusqu'au hadès. «Dans cette heure», lorsqu'il n'y avait pas une étoile solitaire pour dissiper les ténèbres dont il était entouré, en quoi son coeur trouvait-il de la consolation? N'était-ce pas dans une soumission parfaite à la volonté de son Père? «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi». Il se retire, se réfugie, dans la soumission parfaite de l'homme parfait, et y trouve sa satisfaction.

Et Dieu nous présente tout cela dans un homme! la parfaite dépendance, la parfaite soumission. Quelle grâce ineffable que ces deux choses nous soient présentées ainsi! Non seulement ces choses nous sont révélées comme convenant à Dieu, mais elles sont manifestées dans la personne, dans les voies, dans la marche et dans les circonstances de cet Etre précieux, — Dieu manifesté en chair. Il descendit dans ce monde, ne l'oublions jamais, non seulement pour révéler à nos propres coeurs ce qui était dans le coeur de Dieu pour nous, mais pour manifester devant Dieu et les hommes, sous ces deux traits caractéristiques, la dépendance et la soumission, ce que c'est qu'un homme parfait devant Dieu.

Remarquez ce petit mot en Deutéronome 8: «Tu te souviendras de tout le chemin par lequel l'Eternel ton Dieu t'a fait marcher durant ces quarante ans». Pensez-y un moment. Il en a coûté à Israël un pèlerinage de quarante années. Quarante ans, ils ont voyagé dans le désert, sans être dépendants et soumis. Avez-vous appris cette leçon? Plusieurs d'entre vous ne sont-ils pas depuis trente, quarante, soixante, peut-être quatre-vingts ans en chemin, sans avoir encore appris leur leçon. Vous remarquerez que Christ a commencé son histoire comme un homme parfait. En ceci gît la différence entre lui et nous. Nous avons besoin des quarante, cinquante, quatre-vingts années, suivant le cas, et nous ne sommes pas rendus parfaits. Pour Christ c'est le point de départ. Il commence comme homme parfait. Il a condescendu à devenir homme véritable aussi bien qu'il était véritablement Dieu, parfait en toutes les choses où nous ne faisons que faillir. Il y a de la bénédiction à garder cela dans nos coeurs. Je comprends le bonheur qu'il y a pour un pauvre coeur à se détourner de tout autre chose pour ne plus regarder qu'à Lui.

La distance de lui à nous est immense, sans doute; mais c'est un précieux soulagement de voir que Dieu a trouvé et manifesté en perfection dans un homme, dans son propre Fils éternel, tout ce que son coeur désirait, et tout ce que nous avons manqué de présenter à Dieu. Cet être béni, dans toute sa perfection, dans une dépendance et une soumission parfaites, est placé devant nous comme le modèle, le simple modèle de ce que par sa grâce et son Esprit, Dieu veut faire de nous. Je parle du fait et non de la puissance par laquelle cela est accompli. Que le Seigneur nous donne d'employer le désert à cet effet; le désert n'est pas seulement l'endroit où nous rencontrons l'adoucissement à nos difficultés, et à nos épreuves, mais il est l'école où Dieu, selon les richesses infinies de sa grâce perfectionne sa création en nous. Il est, en effet, très précieux de savoir que c'est sa création que Dieu continue au dedans de nous et qu'il se sert des circonstances adverses, des épines, des buissons, des peines, des difficultés du chemin, afin d'accomplir pour l'amour de son nom, ses desseins de grâce en nous.

J'aborde maintenant la seconde partie de mon sujet; elle me paraît plus précieuse encore que la première. Il vous souviendra que j'ai présenté le désert comme nécessaire à Dieu. Voilà, n'est-ce pas, une chose étrange? Eh bien! je dis que notre chemin dans le désert est nécessaire pour que les affections de Dieu puissent attester leur réalité. Le désert est, en effet, la seule place qui lui donne la latitude d'exercer son amour immuable et les affections de son coeur. Dans le ciel, nous n'aurons ni soucis, ni afflictions, ni larmes, ni détresses, ni peines, ni épreuves; toutes ces choses appartiennent à la scène d'ici-bas, et il les faut à Dieu pour s'y déployer lui-même. Pensée merveilleuse! la puissance divine au service de la faiblesse humaine; la misère humaine, objet de la compassion et de la tendresse divines! En vérité! il faut un monde tel que celui-ci, pour que Dieu y manifeste toute la tendresse qui remplit son coeur envers ses pauvres saints éprouvés. C'est là qu'il s'approche d'eux, qu'il les console et «les apaise, comme une mère apaise son enfant». Ne pensez-vous pas que c'était la joie spéciale de Dieu, la joie spéciale de Christ, de venir vers l'apôtre Paul pour lui dire: «Aie bon courage, Paul». Si cette circonstance avait manqué dans l'histoire de l'Apôtre, j'affirme hardiment que Dieu en aurait créé une autre, non pas seulement à cause de Paul, mais aussi afin de montrer de quelle manière Christ aime à s'approcher de son serviteur. S'il ne s'était agi que de soutenir le coeur de son fidèle disciple dans sa persévérance à tenir ferme pour lui et à souffrir pour son nom, l'occasion ne lui aurait pas manqué. Soyons clairs et positifs sur ce point: les choses ne sont pas la source des actions de Dieu; il n'existe pas un motif dans le coeur de Dieu qui n'ait sa source en lui-même. Ce n'est pas en nous qu'il cherche des motifs d'action. Il trouve l'occasion de manifester sa miséricorde; il trouve, dans nos misères, le temps opportun pour manifester la tendresse de son coeur; dans nos afflictions, il déploie ses consolations; dans nos difficultés, sa sagesse insondable qui peut nous les faire traverser; mais les motifs sont tous en son coeur. Quelle bénédiction! Toutes les sources sont en Dieu même; mais, dans les circonstances où nous sommes placés, il révèle ce qui est déjà dans son coeur. Quelle grâce infinie, que celle qui peut s'abaisser si profondément! Vos coeurs en ont-ils le sentiment ce soir? Se trouve-t-il ici quelqu'un qui soit dans la tristesse, dans l'épreuve ou dans la tentation? Les précieuses ressources de Dieu veillent sur nos circonstances. Puissions-nous avoir le sentiment qu'il veille sur nous, que son coeur jouit de venir à nous pour nous servir, non pas selon nos pensées, mais selon sa sagesse infinie et son affection profonde, car ce qui guide sa main c'est son propre coeur.

Je sais que je ne comprends pas toujours ses voies comme je le devrais et le pourrais, mais je vois de tous côtés que rien ne rend pratiquement plus incrédule que de juger Dieu par ses voies. En ce temps-ci, des multitudes sont entraînées et atteintes par l'incrédulité; c'est un mal grandissant. J'en connais plusieurs qui ont perdu l'équilibre, parce qu'ils ont regardé à leurs circonstances, aux voies par lesquelles ils étaient conduits. Ils connaissaient Dieu suffisamment pour ne pas le séparer de leurs circonstances, c'est-à-dire qu'ils ne retenaient pas l'affreuse doctrine que tout arrive par hasard; mais ils jugeaient de Dieu par ses voies envers eux; la conséquence, c'est qu'ils ont perdu l'équilibre spirituel, qu'ils ont fait naufrage quant à la foi. Non, ce n'est pas ainsi qu'il donne à connaître ses voies; mais je veux vous dire ce qu'il a fait connaître. Il n'y a pas une seule des chambres secrètes de son coeur qu'il ne vous ait ouverte et manifestée; le Fils bien-aimé a manifesté toutes les affections du Père. Je connais son coeur; et combien il est précieux pour nous de pouvoir y revenir toujours.

Quant à ses voies, elles sont quelquefois entourées de nuages et d'obscurité; je n'en discerne pas l'issue dès le commencement, et peut-être Dieu me la cache-t-il à dessein; mais lorsque j'ai pour point de départ l'amour qui remplit son coeur, sa bonté infinie, alors je sais, je crois, je dis sans crainte: «Le Dieu très haut, tout-puissant, m'aime à toujours». Alors je mesure ses voies d'après son coeur, et non son coeur d'après ses voies. Il me souvient d'avoir entendu quelqu'un nier l'évangile de la grâce de Dieu et le seul chemin par lequel un pécheur puisse être amené à Lui: «Je ne comprends pas, disait-il, votre éternelle prédication: le sang, le sang, toujours le sang. Quel Dieu donc est le vôtre? Je ne vous entends parler que de sang et de mort!» Avez-vous trouvé la réponse? Elle fut présentée à cet homme sous forme d'une question nouvelle: «Quelle était, lui dit-on, la relation entre le Dieu dont vous parlez en ces termes, et la victime qu'il a offerte et dont vous méprisez le sang?» Grâce merveilleuse! la victime était le Fils de sa dilection! La connaissance de l'amour divin résout toutes les questions. D'un côté elle fait face aux moqueries de l'incrédule, de l'autre elle affermit un pauvre faible coeur, disposé à se laisser ébranler. Il a donné son Fils unique, son propre Fils, le Fils de ses affections, de son amour, le Fils qui est dans le sein du Père, car, même ici-bas, sur la terre, nous le trouvons comme le Fils unique qui n'a jamais quitté le sein du Père. Dieu l'a donné, dans la grandeur infinie, insondable, merveilleuse de son amour, pour nous prouver à tous qu'il a un coeur. C'est ainsi qu'il l'a prouvé.

Il a donné l'objet le plus cher de ses propres affections pour nous prouver que le diable nous avait insinué un mensonge, en niant que Dieu prît intérêt à ses créatures. Mes chers amis, quel point de départ pour nous! Nous mesurons alors ses voies par ses affections; nous savons que son amour est parfait. Cette pensée me console dans les jours d'affliction, dans les heures de difficultés, dans les moments de détresse. L'âme se retire auprès du seul coeur qui ne change pas, où se trouve l'affection éternelle, inaltérable du Dieu béni, auquel il faut ces épreuves pour manifester, par notre moyen, qu'il est, en effet, tout ce qu'il aime à être pour nous.

J'ai fait voir précédemment, que ce n'est pas tout qu'il vienne condescendre à nous rencontrer dans les circonstances où nous sommes. J'ajoute qu'il n'est rien de plus précieux que ce petit mot du chapitre 12 de Luc: «Votre Père sait». Il ne dit pas: Votre Père viendra vous aider ou vous soutenir; la chose est vraie; mais il les renvoie à la connaissance qu'il a: «Il sait». Cela vous suffit-il? Vous suffit-il, en chaque circonstance, que votre Père sache; que votre Père ait un oeil qui ne soit jamais obscurci, une oreille toujours ouverte, une affection qui ne change jamais? «Il sait!» Merveilleuse bénédiction! Cette réalité suffit-elle pour vous garder? Vous reposez-vous sur ce mot: «Il sait?» — Que le Seigneur nous fasse trouver tous les bénéfices de la vie du désert; car il faut d'une part que nous soyons exercés dans la dépendance et la soumission; et, d'autre part, Dieu y trouve l'occasion de déployer les affections de son coeur, de montrer qu'il a soin de nous dans notre faiblesse, dans nos lassitudes et qu'il veut s'approcher de nous. Qui peut s'approcher en de pareils moments si ce n'est Dieu? La sympathie de l'homme n'est, dans le cas le plus favorable, que l'expression de sa propre faiblesse; je l'ai souvent éprouvé; mais quand Dieu s'approche, quelle bénédiction! «Le Seigneur s'est tenu près de moi», dit l'Apôtre. — «Un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, est venu à moi cette nuit». Que le Seigneur, par son Esprit, nous donne de goûter la douceur de ces choses en traversant le désert.

Considérons maintenant l'autre côté de la vérité; ce domicile céleste dont je disais précédemment qu'il n'est pas assez compris. Je crois, en effet, qu'il est bien moins connu comme chose présente, actuelle, reçue et goûtée par l'âme, que le pèlerinage terrestre dont je viens de parler. Il nous faut les connaître tous deux: que le Seigneur nous y fasse abonder.

Les exercices dont je viens de parler ne seront rien pour votre coeur, si vous ne connaissez pas ce que je vais mettre devant vos yeux. Lisons le chapitre 11 du Deutéronome. Nous y trouvons la description divine du pays, c'est-à-dire l'habitation et son caractère. Remarquez les versets 10 à 12 de ce chapitre, qui établissent le contraste entre l'Egypte et le pays de Canaan. Le monde est pour nous à la fois l'Egypte et le désert; l'Egypte moralement, et le désert au point de vue des expériences.

 «Car le pays où tu vas entrer pour le posséder n'est pas comme le pays d'Egypte, duquel vous êtes sortis, où tu semais ta semence, et l'arrosais avec ton pied comme un jardin à herbes; mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de campagnes, et il est abreuvé d'eaux selon qu'il pleut des cieux. C'est un pays dont l'Eternel ton Dieu a soin, sur lequel l'Eternel ton Dieu a continuellement ses yeux, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin». — Que signifie cela? Je trouve dans la première partie du passage, que je ne puis avoir dans ce monde une seule chose qui ne soit accompagnée de peines; on n'y trouve pas un seul jour sans nuage. Voyez, par exemple, les semailles et la moisson, et quels soucis les accompagnent. L'agriculteur vous dira qu'il a, en toute saison, de l'inquiétude pour ses récoltes; c'est avec peine qu'il prépare le terrain, qu'il sème le grain; il a une suite ininterrompue d'inquiétudes et d'appréhensions jusqu'à la moisson. Il en était doublement ainsi en Egypte, dont le Nil était la seule source de fertilité. Il fallait construire des canaux destinés à arroser le sol, lorsque la rivière déborderait de son lit. Cette irrigation se faisait avec le pied. Que de travail et de peine cela ne demandait-il pas! Eh bien! je suis persuadé qu'il n'y a pas ici un seul enfant de Dieu qui ne l'ait éprouvé. Aucune des choses d'ici-bas, même la meilleure, même celle dont votre coeur jouit le plus, n'est exempte de peines. Toutes les relations de la vie ne sont-elles pas des sujets continuels de chagrins? «Elargissez le cercle de vos relations», a dit quelqu'un, «vous ne faites qu'élargir la cible contre laquelle la mort va lancer ses traits». Le joyau le plus précieux à votre coeur n'est pas exempt du sort commun réservé aux hommes, dans un monde où la mort et l'affliction trouvent leur demeure naturelle. Tel est le premier contraste entre l'Egypte et Canaan. Le second, c'est que les meilleures choses d'ici-bas ont leurs défauts et leurs lacunes; tandis que, parlant du pays (chapitre 8), il dit: «Un pays où tu ne mangeras point le pain avec disette et où rien ne te manquera».

Il en est ici-bas comme des noces de Cana: c'est une fête à laquelle le vin manque. Il n'existe rien de pareil en ce monde à l'absence de disette, car tout y manque.

Chers amis, les contrastes dont je viens de parler, nos coeurs les ont-ils éprouvés? Sans doute, des centaines de chrétiens admettent que les peines et les difficultés s'attachent aux meilleures choses de la terre; mais ce sentiment, en lui-même, ne délivre pas le coeur des choses de la terre. Je vois des hommes semblables à des arbres entièrement frappés de la foudre, atteints jusqu'à la racine; j'en vois, auxquels il ne reste pas même un semblant de verdure; ils n'ont rien ici-bas, et cependant ils ne jouissent nullement de ce qui se trouve ailleurs; ils sont dévorés par le feu de l'épreuve, mais leur coeur n'est pas fortifié et affermi dans une scène qui se trouve entièrement en dehors de celle qu'ils traversent. Je pense que Dieu agit de ces deux manières envers nous. Il fait passer la mort sur nos circonstances et sur notre histoire; il a soin de rendre trop dure pour nous cette terre où nos coeurs prendraient si volontiers racine; il la fait devenir le correctif d'elle-même. Mais si, d'une part, il fait cela, de l'autre il nous montre un objet propre à nous attirer fortement. Ces deux choses: un coeur sevré, parce qu'il a trouvé un objet en dehors de la scène qu'il traverse, et la mort attachée aux meilleures choses de ce monde — ces deux choses, dis-je, concourent pour produire un résultat béni et merveilleux. En effet, lorsque nous avons un objet en dehors de ce monde aride et désolé, et qu'en même temps nous sommes dans l'affliction, nos coeurs sont préservés de regarder ailleurs qu'au seul objet capable de les satisfaire. C'est ce que veut dire l'Apôtre par ces mots: «La mort agit en nous et la vie en vous». L'effet de la mort qui agit en lui, c'est que la vie peut être manifestée au dehors pour agir en eux.

N'oublions jamais que, si nous mourons, si nous voyons tout se flétrir autour de nous, cela peut avoir deux causes bien différentes. L'une, c'est que cela nous est nécessaire, l'autre, c'est que nous sommes appelés à souffrir pour l'amour de Christ.

La certitude que nous possédons toutes choses en Christ, ne nous met pas à l'abri du souffle de la mort ici-bas; mais si nos coeurs habitent dans notre demeure céleste, ayant un objet infiniment plus précieux que tout ce qui est ici-bas, alors Dieu nous soumet à l'épreuve ici-bas pour l'amour de Lui, de Christ, de l'Evangile, afin de pouvoir montrer en nous, aux yeux des autres, ce qu'il a fait et ce qu'il peut faire pour nous; ce qu'il est pour nous. Dans ce cas, nous mourons pour mettre en lumière la valeur de ce qui est au ciel, au lieu de mourir afin de découvrir nous-mêmes la vanité de tout ce qui est sur la terre. Quelle différence! Les uns doivent mourir pour apprendre à connaître l'excellence de ce pays où la mort n'entre jamais; mais, d'autre part, ils peuvent commencer par la connaissance du pays et descendre ensuite sur la scène de ce monde, afin d'y être, pour ainsi dire, des échantillons que Dieu puisse montrer, et comme un tableau qui représente les délices du lieu sur lequel ses yeux reposent continuellement.

Remarquez encore au chapitre 11 la différence entre le pays et le désert. «Le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder, est un pays de montagnes et de campagnes, et il est abreuvé d'eaux selon qu'il pleut des cieux». Ses propres sources lui suffisent. Il ne dépend nullement des choses d'ici-bas; ses sources sont en lui. «Il est abreuvé selon qu'il pleut des cieux». — «C'est un pays dont l'Eternel, ton Dieu, a soin; sur lequel l'Eternel, ton Dieu, a continuellement ses yeux, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin».

Quel est donc le lieu sur lequel Dieu a constamment les yeux? Où est-il? N'est-ce pas le lieu où Jésus se trouve? Je n'en sais pas d'autre. Et c'est le lieu qu'il nous donne, à vous et à moi, pour demeure! Il veut que nos coeurs y demeurent maintenant. Ce pays dont Dieu a soin est le lieu où se concentrent ses propres affections.

Méditons un instant sur ces choses, sur ce pays bienheureux dans lequel il nous introduit pour que nous y trouvions notre repos. Entrons dans cette sphère, où ses affections ont trouvé leurs délices parfaites et où ses yeux reposent avec une éternelle satisfaction. «L'Eternel y a continuellement ses yeux». Mes chers amis, en jouissez-vous maintenant en quelque mesure? J'accorde que, pour chacun de nous, cette mesure est petite et faible; mais que le Seigneur, par son Esprit, éveille en nous le désir de goûter maintenant, le bonheur de demeurer dans ce pays-là; d'y demeurer parce que nous y avons trouvé non seulement un refuge au milieu de la tempête et de l'épreuve, mais aussi un chez nous. Quel bonheur d'avoir un chez-soi! Il y a une grande différence entre un abri et un chez-soi. Un abri est l'endroit où vous courez vous cacher dans la tempête, mais dont vous sortez dès que l'orage est passé. Le chez-soi est le lieu sur lequel nos affections se concentrent. Si Christ est pour vous un abri, cela ne signifie pas encore qu'il soit nécessairement une demeure pour vous. Présenter Christ comme un abri, n'implique pas l'habitation permanente du coeur avec lui. Mais s'il est une demeure, où je trouve les joies de la maison, le bonheur de la maison, le confort, la communion, les affections de la maison, je dis alors: «Demeurons ici; c'est là ma demeure; c'est là que je suis restauré, rassasié, consolé. Je puis avoir à traverser le monde avec toutes ses scènes variées, mais c'est ici ma demeure. Un exemple illustrera ma pensée. Plusieurs d'entre vous ont visité les contrées où se trouvent des mines, et ont pu voir comment les mineurs gagnent leur pain quotidien. Ils descendent de bon matin dans la mine, et travaillent tout le long du jour, mais leur habitation n'est pas là-bas; leur travail, leur exercice est bien là, mais non leur repos. Tout homme possède un lieu de repos, qu'il appelle son chez-soi, dont il sort chaque jour pour travailler à la tâche qui lui est départie dans le travail de la vie, et c'est à quoi vous et moi nous sommes aussi appelés. Nous avons à traverser ce monde avec l'heureuse certitude que nous avons une demeure. On m'objectera que nous sommes en marche pour nous y rendre. Sans doute, mais l'un n'annule pas l'autre. Je sais que le moment viendra où nous serons corporellement chez nous, mais il nous est donné d'y être maintenant par la foi, car c'est la sphère du repos de nos coeurs. C'est aussi ce qui nous caractérise. Traverser le monde avec l'air heureux qui convient à la demeure céleste, voilà qui imprime un caractère spécial sur les enfants de Dieu. Il est aussi facile de reconnaître celui qui a trouvé, sa demeure et son repos dans le ciel, que de distinguer celui qui ne l'a pas trouvé. Jamais l'activité ne vous procurera le repos du coeur. Ce que vous faites est le reflet de ce que vous êtes. Votre activité est inquiète, votre service, votre travail sont inquiets.

Etre dans la compagnie de Christ vous rend semblables à lui. Votre compagnie, vos associations, se manifestent et se font connaître dans toutes les choses auxquelles vous mettez la main.

Si vous n'avez pas le repos du chez-soi, la tranquillité du coeur, votre activité, quelque laborieuse qu'elle soit, sera toujours agitée et portera le cachet de cette agitation. Dieu cherche des coeurs satisfaits, reposés, tranquilles, qui aient trouvé un port pour y jeter l'ancre, une ferme assurance en Celui sur lequel l'oeil du Père repose avec d'ineffables délices. Que le Seigneur nous enseigne à posséder cette place et à nous trouver maintenant en compagnie de son Bien-aimé.

Mais on demande: Qu'est-ce donc qui m'occupera là? Pourrai-je y trouver quelque chose qui remplisse, qui absorbe mon coeur? Lisez le chapitre 26 du Deutéronome. Tout dans ce chapitre, les premiers fruits, le lieu, le sacrificateur, nous représente Christ, le grand antitype de toutes ces choses. Ce sera donc Christ qui m'occupera; ce sera Christ qui engagera, qui absorbera, qui fixera mes affections; qui disposera de mes forces, de ma langue, de tout ce que je possède. Tout ce qui est en relation avec ce lieu est en relation avec Christ; c'est sur lui que mes yeux se fixent en l'adorant; c'est de lui que mon coeur est toujours occupé. Quelle bénédiction! Quelle gloire!

Souvenez-vous toutefois, qu'à moins d'être là, vous ne pouvez être occupés de lui. Remarquez ces mots: «Quand tu seras entré au pays» (Deutéronome 26: 1).

C'est alors seulement que vous pouvez être occupés de celui qui vous y a introduits, de celui qui bénit; de lui-même, et non point de votre bénédiction. C'est lui qui a acquis ce pays pour vous au moyen de sa propre personne. Lorsque vous entrez et possédez le pays pour y habiter, lorsqu'il est devenu la demeure de votre coeur, celui qui l'a rendu tel pour vous est celui qui, à peine entrés, s'empare de vos affections.

Vous souvient-il de ce beau chapitre 3 de l'épître aux Colossiens? Au chapitre 2, l'Apôtre nous sort entièrement de l'homme et au chapitre 3, il nous associe au second Adam, ressuscité d'entre les morts. Il faut que vous soyez quelque part. Au chapitre 2, vous êtes hors de l'homme; vous êtes morts avec Christ. Si sa mort a clos ainsi toute mon histoire, comme étant dans le premier Adam, où suis-je moi? Associé avec Christ ressuscité. «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut».

Mes chers amis, il est précieux de se demander pourquoi l'Apôtre ne définit pas ce que sont ces «choses». Il ne les énumère pas, parce que c'est la personne de Christ qui leur donne leur caractère; c'est la personne dont elles sont l'entourage qui en fait des objets dignes d'acquisition. Si quelqu'un a Christ pour objet, et que vous lui disiez: «Christ est là», ce mot lui suffit. Le seul fait de sa présence est une garantie parfaite et explique toutes choses au coeur qui lui est dévoué. Il n'est pas besoin d'entrer dans des détails, si vous avez Christ pour objet, parce que c'est lui qui met votre coeur à l'aise au milieu de ces choses.

Que le Seigneur nous donne, par son Esprit, d'exceller dans ces expériences. Puissions-nous connaître ce que c'est que de trouver ce repos précieux, ce merveilleux repos, dans la demeure céleste, où, comme il le dit: «Le passereau même a bien trouvé sa maison, et l'hirondelle son nid où elle a mis ses petits». Ces deux oiseaux ne sont-ils pas les symboles exacts de ce que nos pauvres coeurs sont par nature. Les passereaux sont si nombreux qu'ils n'ont aucune valeur. «Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous?» dit le Seigneur. L'hirondelle est le type d'une activité incessante et inquiète; mais l'un et l'autre ont trouvé leur demeure; «tes autels, ô Eternel des armées, mon Roi et mon Dieu!» Remarquez encore ceci: «Oh! que bienheureux sont ceux qui habitent en ta maison et qui te louent incessamment». Ils sont remplis, occupés exclusivement d'une chose, de sa louange.

Mes bien aimés! que le Seigneur nous fasse apprécier dans nos âmes les vérités que je vous ai présentées; qu'il nous soit donné de les goûter selon leur ordre divin; puissions-nous être fortifiés et encouragés, afin de marcher en avant selon la dignité de notre appel, et de présenter un front serein au milieu de ce pauvre monde, rempli d'agitation incessante et d'activité sans repos. Qu'il nous donne des coeurs capables de demeurer paisibles au milieu de ce tumulte, des coeurs qui montrent à tous les yeux ce que produit sa présence, lorsqu'on y est amené et qu'on trouve là sa demeure.

Avez-vous vu les grands vapeurs transatlantiques revenir au port, leur cheminée toute blanche d'écume, tant la mer a été violente et orageuse; mais si bien commandés, si habilement dirigés, que tous ceux qui les voient sont obligés de dire: Voici un vaisseau bien équipé et bien conduit, car il a résisté à tous les vents. Qu'il en soit ainsi de nous. Conduits par lui, aucune vague ne sera trop forte, aucune tempête trop violente; nous ne souhaiterons pas une épreuve, pas une affliction de moins!

3e méditation (Jean 14)

Je désire, avec le secours du Seigneur, attirer ce soir votre attention sur trois sujets contenus dans le chapitre que nous venons de lire. Cette portion de l'Ecriture nous est familière à tous; nous l'avons, sans doute, lue et relue, mais la parole de Dieu a toujours une nouvelle fraîcheur pour l'âme qui s'en approche. Je n'exposerai pas tout ce chapitre, mais je chercherai à en faire ressortir trois points, présentés par le Seigneur à ses disciples pour leur consolation.

Le premier, c'est la vérité précieuse que la terre n'offre aucun lieu de repos aux disciples du Seigneur. Ce fait devrait être plus familier aux chrétiens, à ceux surtout qui, par la grâce et par la puissance du Saint Esprit, ont compris en quelque mesure, les vérités que Dieu a mises en lumière dans ces derniers temps.

Nous comprenons bien plus facilement que l'homme, considéré comme homme dans la chair, n'a pas de place devant Dieu, et que son histoire est close à la croix de Christ et s'il se trouve ici quelqu'un pour qui ces termes soient nouveaux ou étranges, je vais lui expliquer ce qu'ils signifient: L'homme, placé devant Dieu dans sa condition naturelle, a été mis à l'épreuve de diverses manières, et le résultat de cette épreuve, entreprise par Dieu lui-même, c'est que l'homme naturel a été mis entièrement de côté, qu'il n'a trouvé aucune place devant Dieu. Du moment où un homme devient un chrétien, qu'il croit au Seigneur Jésus Christ, sa position n'a plus aucun rapport avec celle du premier homme; Dieu ne le considère pas comme étant en relation avec le premier Adam, mais comme occupant une toute nouvelle position en Christ ressuscité d'entre les morts. Grâce à Dieu, chers amis, cette vérité est maintenant connue et enseignée, bien que ses effets sur nous soient si peu appréciables. Plût à Dieu que nos consciences la connussent davantage! Quel fait extraordinaire: Devant Dieu, je n'ai point ma place en Adam, mais j'ai une position tout à fait nouvelle en Christ! «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création: les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles». Ne dites pas: «Je voudrais avoir cette vérité»; revêtez-vous en plutôt. Si elle vous a saisi, si elle a réellement pris possession de votre âme, vous ne pouvez retourner à aucune des choses du premier Adam sans faire violence à votre conscience et à la vérité; et dans la mesure selon laquelle vous marcherez en bonne conscience devant Dieu, cette dernière sera gardée en activité et sera prompte à vous enseigner en quel lieu et à quelle occasion vous abandonnez votre position.

C'est ici que l'on commet souvent une grande méprise. On s'agite beaucoup pour arriver à saisir des vérités, et l'on ne se trouve pas assez dans le calme de la présence de Dieu pour que la vérité puisse nous saisir et prendre possession de nous. Il faut que ce soit la vérité qui opère et non pas nous. Naturellement, cela nous déplaît et nous humilie, parce que nous préférons faire quelque chose. Nous aimons à faire de la vérité un objet de travail et d'activité; mais voici ce que Dieu fait: il nous place dans le repos de sa présence, de manière à assurer à l'action de la vérité toute son efficace par l'Esprit sur nos consciences. Je vous en donnerai un exemple. Lorsque Moïse monta pour la seconde fois sur la montagne pour y recevoir les tables de la loi, se mit-il à travailler pour obtenir le reflet de la gloire sur son visage? Non; Moïse se tenait tranquille devant Jéhovah, et la gloire de Dieu laissa son empreinte et son reflet sur la face du serviteur de Dieu; puis, lorsqu'il descendit de la montagne, le seul homme dans toute l'assemblée du peuple qui ne s'aperçut pas de ce qui s'était passé, ce fut Moïse lui-même. Tous les autres voyaient que Moïse avait été en la présence de Dieu, car ils en pouvaient constater les résultats. Je sens que, dans ces jours-ci, nous avons un besoin extrême de cette tranquillité de l'âme devant Dieu; de ce repos du coeur, qui permet à la vérité de nous former et de nous façonner pour elle-même. Du moment que votre esprit s'occupe de la vérité comme d'un objet de travail, vous introduisez l'un des plus grands obstacles à sa réception. Votre intelligence peut être occupée de la vérité, et cependant, par le fait même de votre travail, le diable prendra avantage sur vous, et finira par s'emparer de vous, votre conscience n'ayant pas été assez exercée devant Dieu pour que la vérité agisse sur elle.

Du moment où j'accepte ma vraie position devant Dieu, en dehors du premier Adam et en Christ ressuscité d'entre les morts; du moment où cette pensée a agi sur ma conscience, il faut nécessairement que je mette tout ce qui me concerne en accord avec cette position. Chercher à adapter la vérité à nos circonstances, c'est tout autre chose que d'être façonnés par la vérité pour nous rendre propres à la présence de Dieu. Il prend plaisir à nous rendre tels que nous soyons en accord avec la place dans laquelle il nous a introduits. Il ne nous appartient pas d'arranger les choses à notre convenance; nous sommes placés devant Dieu dans la position la plus merveilleuse qu'il soit possible à un coeur d'homme de concevoir, et Dieu dit: Je vais mettre tout ce qui vous concerne en accord parfait avec cette position; il faut donc que j'ôte tout ce qui n'y appartient pas. Plus mon coeur se trouvera en communion avec les affections de mon Dieu, plus je serai disposé à faire la perte de tout, afin que ce résultat soit atteint.

La seconde vérité, bien moins connue par l'intelligence ou par les affections, par la conscience ou par l'âme, c'est que non seulement je n'appartiens plus du tout au premier homme, mais que je n'appartiens pas davantage à la terre. Cette vérité vous déplaît-elle? Chacun est heureux de pouvoir dire: «Dieu merci! je n'appartiens plus au premier homme; j'ai reçu une nouvelle position en Christ ressuscité d'entre les morts; j'appartiens à la gloire, à Christ»; mais êtes-vous prêts à dire: «Je n'appartiens pas à cette terre?» non point: «La terre ne m'appartient pas»; car elle n'a jamais été à vous. Si elle vous a jamais appartenu, produisez vos titres. Dieu ne vous l'a jamais donnée. Mais il est une vérité plus profonde; c'est que les chrétiens n'appartiennent pas à la terre. Vous trouverez ces deux choses dans les deux premiers chapitres de l'épître aux Ephésiens. Vous y verrez qu'un chrétien est hors de l'homme, hors de la terre. Nous n'appartenons pas au premier homme quant à notre position, et nous n'appartenons pas à la terre quant à notre place. Nous sommes ici-bas dans le corps, je ne le nie pas; mais c'est une chose immense que de savoir que nous n'avons pas de place sur la terre. La terre nous est fermée; si Christ n'y a pas eu de place, nous n'en avons pas non plus. Quelle chose précieuse et solennelle à la fois! Lorsque vous vous demandez en soupirant: Où est ma place? où est mon chez-moi? En quel lieu mon coeur est-il libre d'entrer et de sortir? la vérité dont je parle exercera sur vous une action toute puissante; or, c'est elle qui nous est présentée en premier lieu au chapitre 14 de l'évangile de Jean. Jésus dit aux siens: J'ai une place pour vous en dehors de cette terre ruinée. Il y a une grande précision dans ces mots: «auprès de moi». Il en est de même en Colossiens 3: «Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu». N'est-ce pas là une localité précise, définie, que le coeur du croyant peut reconnaître? En dehors de la ruine et de la misère qui m'entourent, le Seigneur a pour moi une place distincte, une maison. «Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit: car je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi».

Avant d'aller plus loin, remarquez comment la vérité de Colossiens 3 et celle de Jean 14 se rencontrent. L'Apôtre, après avoir placé les Colossiens hors de l'homme au chapitre 2 et leur avoir montré leur nouvelle place au verset 1 du chapitre 3, ajoute: «Cherchez les choses qui sont en haut», et pour leur donner plus de précision il ajoute encore: « Christ est assis». Bien-aimés! ces quatre petits mots correspondent exactement pour l'étendue et la signification à ces trois mots de Jean 14: «où je suis». Ils fournissent tout ce qui est nécessaire à un coeur qui a Christ pour objet. Je n'ai aucun désir d'accepter les définitions et les descriptions du ciel, plus ou moins poétiques, que j'ai entendu faire. Je n'y crois pas, et ce qui me frappe, c'est le silence de l'Ecriture à ce sujet. La Parole parle fort peu du ciel; l'imagination de l'homme s'en occupe beaucoup; mais, ce que la Parole dit, c'est que nous serons là où est Jésus. Le lieu est caractérisé par la personne. Le fait précieux, c'est qu'il veut vous avoir avec lui; il suffit, au coeur qui a Christ pour objet, de savoir qu'il se trouve là. Sa présence est la définition du lieu; elle répond à tout. Avec lui, disons-nous, car c'est là qu'il se trouve! N'importe où: avec Lui!

Remarquez encore un autre point: La position de Christ, quelle qu'elle soit, détermine la nôtre. Impossible qu'il soit quelque part, sans qu'il veuille nous avoir avec lui. Quelle chose merveilleuse! Nous connaissons si bien les affections de son coeur, que nous pouvons dire hardiment: Il ne serait pas satisfait s'il ne nous avait pas là où il est! Ainsi donc, dès que je découvre la position de Christ, j'ai trouvé la mienne. Afin que là où je suis, vous y soyez aussi!

Le chapitre 13 de l'épître aux Hébreux nous présente un autre côté, de cette même vérité. Nous lisons au verset 12: «C'est pourquoi aussi, Jésus, afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte: sortons donc vers lui, hors du camp, portant son opprobre». Remarquez-le bien: Nous avons vu qu'il a une place là-haut dans les cieux — des demeures — la meilleure place que l'on puisse concevoir ou que le coeur puisse souhaiter; nous venons de voir que sa présence caractérise cette place et la distingue, et qu'il veut nous y avoir avec lui.

N'y a-t-il pas là de quoi faire les délices de nos coeurs? Mais maintenant, laissons ce passage d'Hébreux 13 parler à nos consciences.

«Sortons donc vers lui, hors du camp, portant son opprobre». Remarquez la sagesse de l'Esprit de Dieu: Si vous demeurez dans le camp, vous échappez à l'opprobre; si vous en sortez vers Jésus, vous trouvez l'opprobre. Qu'y a-t-il pour l'adoucir? Ah! c'est que nous sortons vers lui! Ce n'est pas tout de sortir et de protester ainsi contre toutes les choses qui sont dedans; il y a davantage: Je sors par affection pour Christ. Je sors, il est vrai, parce que ma conscience, divinement exercée, ne me permet pas de rester dedans; mais je sors, attiré par une personne vivante qui est dehors. Je lève les yeux au ciel et je demande: Où est Jésus? Il est là-haut dans le sanctuaire. Moi, j'y entre aussi! Et sur la terre? Il reste dehors. Moi, je n'ai pas autre chose à faire qu'à sortir. Cela constitue les deux parties de mon histoire. J'entre pour jouir des délices de la maison et pour y prendre part; je sors pour être en compagnie de celui qui m'a préparé là-haut une demeure. Bien-aimés, cette vérité parle-t-elle à vos consciences? Vous convient-elle? Sans doute, elle est comme un couteau affilé qui tranche dans le vif et qui nous atteint aux endroits les plus sensibles. Quelques-uns de ceux qui sont ici présents pourraient vous dire comment, quand et ils ont senti le tranchant de la lame. Mais où est la douleur, du moment où le Saint Esprit nous a montré Jésus dans les demeures qu'il nous prépare en dehors des ruines de ce monde et où notre coeur, attiré vers ce lieu, a compris qu'il y prépare une place pour nous? Alors nous supportons facilement l'enlèvement des choses d'ici-bas, le vent desséchant de l'affliction, les vagues impétueuses de l'épreuve! La connaissance de cette place nous rend capables de nous tenir debout en face des flèches acérées de la mort, qui n'épargnent pas une seule place de la terre. L'insatiable archer lance partout ses flèches dans ce pauvre monde; rien ne peut échapper à leurs ravages. Mais Jésus monte au ciel et dit: «Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai». Non seulement il la garde pour nous, sa présence même nous la prépare, mais encore (et c'est la force du passage) il reviendra nous prendre et nous y introduire.

Je ne crois pas que l'activité de Jésus soit employée à nous préparer cette place; c'est sa présence là-haut qui la prépare. Son activité dans le ciel s'exerce envers nous ici-bas pour nous garder propres à sa présence, son sang nous ayant déjà rendus tels. Son sang est le fondement sur lequel nous sommes devant lui; sa grâce est le principe qui nous maintient en accord avec sa présence; mais c'est sa présence elle-même qui prépare la place. Une seule chose nous manque encore: la personne qui doit nous y introduire. Non seulement, dit-il, je vais vous préparer une place; non seulement je veux vous garder purs de toute séparation morale d'avec moi, pendant que vous êtes ici-bas et moi là-haut, mais il faut que la première parole de bienvenue qui vous accueille dans ce lieu sorte de ma propre bouche. «Si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi». — «Auprès de moi», ce n'est ni le ciel, ni la gloire, c'est Sa personne. «Afin que là où je suis, vous y soyez aussi». Quelle joie!

Avant d'aller plus loin, mes chers amis, je vous demanderai quelle influence tout cela exerce sur nos coeurs? La tendance actuelle c'est de profiter de Christ autant que possible, puis de l'oublier. Il en est exactement comme de cet homme qui était heureux d'avoir Joseph pour être réconforté par lui dans la prison, par la perspective de sa prospérité et de son bonheur futurs, et qui ensuite l'oublia. Chacun cherche à soulager sa conscience ou son coeur, car nous sommes des êtres complexes. Nous avons une conscience et nous avons un coeur, bien que plusieurs semblent n'en point avoir. Un homme qui n'aurait que la conscience et pas de coeur, ou vice-versa, ne serait que la moitié d'un homme. Eh bien! nous avons une conscience qui doit être purifiée, et un coeur qui doit être satisfait. Le sang de Christ met notre conscience en parfaite liberté, la personne de Christ satisfait aux affections du coeur. Or, je dis que souvent nous nous servons de Christ pour nos besoins, quitte à l'oublier ensuite. Si Christ a une place pour nous en dehors de la terre, une place où nos coeurs peuvent se tenir lorsque le souffle de la mort passe sur les choses d'ici-bas, qu'en faisons-nous, lorsque la tempête s'est calmée? Hélas! le plus souvent cette place n'est pour nous qu'un refuge pendant l'orage: nous en sortons dès que l'orage a passé.

Christ, lui, nous parle d'une demeure. Sans doute, nous y trouvons aussi un soulagement, un refuge, un abri, le seul ombrage contre les atteintes de la chaleur du désert, mais nous en sortirons bien vite, si nous n'y avons pas trouvé le «home», l'attraction, la joie, la bénédiction du chez-soi en compagnie de celui qui sait y mettre le coeur parfaitement à l'aise. Or tel est l'esprit de ce qui nous entoure. La pensée d'avoir une demeure avec Christ en dehors de cette scène est absente; on pense que le monde est une demeure particulièrement agréable; on y fait descendre la grâce de Christ, l'amour, le secours, la rédemption de Christ, afin de s'y trouver plus à l'aise.

Dieu veut que l'oeuvre de la rédemption en Christ, son sang, sa grâce, aient pour effet de nous ôter toute idée de repos quant au monde, et de nous établir fermement là-haut. Du moment que nous avons fait notre demeure de cette place merveilleuse où il se trouve, nous ne songeons pas à faire d'ici-bas un lieu de repos. Supposez qu'un homme soit tout à coup transporté dans une contrée étrangère. Il n'aura nul besoin de s'y faire étranger, d'y prendre l'esprit ou les sentiments d'un étranger: il l'est. Qu'est-ce qui le rend tel? le simple fait qu'il vient d'un endroit où il est chez lui. Il n'est pas étranger dans son pays; c'est là que son coeur est resté, là que se trouvent ses intérêts, ses désirs; — il est étranger partout où ces choses ne se trouvent pas. La marque la plus sûre que l'on n'est pas réellement un pèlerin, c'est l'effort pour le devenir. L'on cherche toujours à être ce qu'on n'est pas; mais celui qui est véritablement un pèlerin, n'a besoin d'aucun effort; son caractère est le résultat de sa vie et de sa nature. La plante, l'herbe, l'arbre ne font pas d'efforts pour croître. Tout ce qu'il leur faut, c'est la chaleur du soleil et la lumière du soleil qui les font grandir, en sorte que leur nature puisse s'affirmer. Il y a deux choses que vous ne pourrez jamais faire. Vous ne pouvez ni acquérir la qualité d'étranger, ni, en tant que pécheurs, vous rendre propres à la présence de Dieu; mais du moment où votre coeur a trouvé le repos auprès de Christ, là où il est, vous êtes hors du courant des choses d'ici-bas; elles vous deviennent étrangères; elles cessent d'être l'objet de votre intérêt ou de votre poursuite.

Il n'est pas un d'entre nous qui ne doive confesser combien il se trouve encore à l'aise dans ce monde, combien peu il s'y trouve déplacé. Si nous vivions là-haut, notre esprit ne serait-il pas plus affligé de tout ce qui nous entoure? Comme une plante transportée hors de sa zone, ne sentirions-nous pas que cette atmosphère ne convient pas à notre nature? Hélas! nous nous sommes acclimatés, endurcis, à force de vivre dans l'esprit des choses qui nous entourent. Nous pouvons affronter maintenant la froidure et les frimas du monde; nous préférons y habiter que d'y être en voyage. Or le dessein de Dieu, c'est que nous demeurions en haut, afin que, trouvant les joies attrayantes de la famille autour de Christ et en communion avec lui, nous ne soyons plus ici-bas que comme des visiteurs chargés d'apporter avec eux toute la grâce, toute la bénédiction, toute l'humilité, toute la force et toute la puissance du Seigneur Jésus.

On trouve le même esprit dont je viens de parler dans la manière dont on cherche à affronter les choses d'ici-bas. On prévoit la difficulté, on l'examine, on la mesure et l'on tâche de s'y préparer. Mais la chose est impossible. Le moment venu vous éprouvez une amère déception. Pourquoi? Parce que Dieu donne, selon les richesses de sa gloire, une force nouvelle lorsque le besoin est là. Ce n'est pas une force qui se puisse accumuler. Il ne donne jamais de provision. Il vous accorde selon le besoin de chaque instant. Quelle bonté! quelle sagesse! Il sait très bien que nous emploierions les provisions qu'il nous donnerait à devenir indépendants. Dans son infinie miséricorde, il garde les choses en main et il tient ainsi nos coeurs dans sa dépendance pour tout ce dont nous avons besoin. Nous n'avons rien à faire que d'aller à Dieu chaque jour. Plus nos coeurs jouissent des joies de la famille avec Christ, là où il est, plus nous affrontons simplement, naturellement, sans effort, saris chercher à nous fortifier à l'avance, les difficultés de chaque jour. Marchons journellement dans la patience, la tranquillité, la joie de Christ, et lorsque les difficultés surviendront, nous les traverserons avec sa grâce et sa puissance. En proportion de notre jouissance de la place où le Seigneur se trouve, nous serons capables de supporter l'adversité. Nous ne pouvons affronter les difficultés qu'au retour de ce lieu. Revenons en, avec toute la dignité naturelle, la tranquillité paisible et la puissance de Christ, pour affronter toutes les choses d'ici-bas, où nous ne sommes que des visiteurs célestes. Puissions-nous habiter davantage dans notre patrie, n'en sortir que pour combattre dans un pays ennemi. La grâce de Christ qui a été manifestée en nous donnant une place avec lui, est maintenant glorifiée en nous rendant capables de surmonter les difficultés qui nous environnent.

Je désire maintenant attirer votre attention sur un second point contenu dans ce chapitre 14 de l'évangile de Jean. Le Seigneur dit au verset 23: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui». — Etes-vous prêts à témoigner de cette manière votre affection pour Christ? Il ne dit pas: «Si quelqu'un m'aime, il travaillera». Dans ce temps d'évangélisation où nous vivons, les hommes voudraient bien qu'il en fût ainsi. Loin de ma pensée, de médire de ce que Dieu dans sa souveraineté et sa miséricorde trouve bon de faire par le moyen d'instruments quelconques pour accomplir ses desseins — mais ce n'est pas tout, de rendre témoignage; il faut garder la parole de Jésus. Le faites-vous? «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole?»

Il est très solennel de penser qu'il peut y avoir une activité incessante, du zèle, du travail, sans qu'il y ait, au fond de tout cela, une seule parcelle de vraie affection pour Christ. Lisez au second chapitre de l'Apocalypse: Jésus, avec des yeux comme une flamme de feu, marche au milieu des chandeliers; il entend tout, découvre tout, juge tout. Il dit: «Ecris à l'ange de l'assemblée qui est à Ephèse… Je connais tes oeuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants, et que tu as éprouvé ceux qui se disent être apôtres et ne le sont pas et tu les as trouvés menteurs; et tu as eu patience et tu as supporté des afflictions pour mon nom et tu ne t'es pas lassé». Où trouver aujourd'hui une condition plus favorable que celle-là, en présence du regard pénétrant du Seigneur? Bien plus, il mentionne en premier lieu tout ce travail comme une chose qu'il peut reconnaître; mais il ajoute: «J'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour». Je ne sais si nous tenons assez compte de la possibilité solennelle, très solennelle, de faire des oeuvres lorsque l'amour n'y est pas. Il est évident que le Seigneur apprécie l'amour bien plus que les oeuvres; et, d'autre part, il est possible qu'il y ait du travail, même un travail reconnu de lui, sans que le coeur soit vraiment, sincèrement à lui. Prenons bien garde de ne pas faire des oeuvres lorsque l'amour, qui est leur mobile, ne s'y trouve pas. En regard des choses qui se passent sous nos yeux, je place cette simple parole du Seigneur Jésus: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole». — Avez-vous de l'affection pour Christ? Je vous parle au nom du Seigneur: L'aimez-vous? Votre coeur est-il avec lui? Avez-vous rendu témoignage de votre affection pour lui? Dites-vous, oui je l'aime? Nous vivons dans un jour où l'on aime à parler beaucoup de ses sentiments. Eh bien! «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole». Et si vous ne gardez pas sa parole, son conseil, sa volonté révélée, n'est-il pas faux de dire que vous l'aimez? Vous vous rappelez ce que Délila dit à Samson. Cette misérable femme, coupable, dépravée, comprenait quelque chose de la nature d'une sincère affection. Elle disait: «Comment dis-tu: je t'aime; puisque ton coeur n'est point avec moi?» — «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole».

Considérons maintenant, en contraste avec l'église d'Ephèse, ce que le Seigneur dit à Philadelphie. Pas un mot des oeuvres, sinon qu'il les connaît. C'est que, je n'en doute pas, personne d'autre ne les reconnaissait. Les oeuvres de Philadelphie étaient de telle nature, qu'il fallait l'oeil de Jésus pour les discerner, ou comprendre leur caractère. Elles étaient trop insignifiantes, trop en dessous de la surface; elles avaient un caractère, un motif, un objet trop étranges, pour être appréciées des regards du monde. «Je connais tes oeuvres». Puis il ajoute: «Tu as peu de force et tu as gardé ma parole». En voici la récompense telle qu'elle est présentée en Jean 14: «Mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». C'est exactement le même mot qu'au verset 2 du même chapitre. Il a une demeure pour moi là-haut, c'est merveilleux; mais il est plus merveilleux encore de penser, qu'en attendant, il veut descendre et faire sa demeure, Lui et le Père y ici-bas dans mon pauvre coeur! Combien peu on y pense aujourd'hui! Où sont des coeurs qui souhaitent ardemment sa présence, qui fassent leurs délices d'être la demeure de Jésus? Mes amis, jouissez-vous d'une telle chose? Ce pauvre coeur faible, inconstant, peut devenir la demeure du Père et du Fils! Après avoir vu la première place, nous trouvons ici la meilleure compagnie. Pensez-vous que l'on puisse avoir un sentiment de solitude avec la conscience d'une compagnie pareille? Le Père et le Fils venant, non pas nous rendre visite, mais demeurer ici-bas dans des coeurs où, peut-être, le monde, la chair, le diable ont régné auparavant. Que le Seigneur par son Esprit nous sonde, afin que nous nous posions cette question: Désires-tu qu'il fasse chez toi sa demeure?

Avez-vous été exercés à ce propos? Avez-vous jamais passé une nuit d'angoisses ou de méditation en face de ce fait, que partout la parole de Jésus est mise de côté? Nous parlons de notre amour pour Christ, de nos désirs et de notre affection pour la parole de Jésus; eh bien! je vous le demande, nos coeurs sont-ils affligés, brisés, de voir que tous, de propos délibéré, systématiquement, cherchent leur propre intérêt, et non pas les intérêts de Jésus Christ?

Nous parlons de notre amour, de notre affection, — quelle chose pauvre, chétive, misérable, souillée, égoïste! Si nos coeurs et nos pensées étaient sincèrement, réellement occupés des affections de Christ, pourrions-nous prendre si facilement notre parti de tant d'indifférence à ses désirs? Ne serions-nous pas affligés de voir combien peu on estime le besoin de son coeur: «Que tous soient un, comme toi Père es en moi, et moi en toi; afin qu'eux aussi soient un comme nous»; le but pour lequel il mourut et qui était de «rassembler en un les enfants de Dieu dispersés?» La chrétienté professante a-t-elle égard à ce dessein, à cette prière de Jésus, ou n'en fait-elle aucun cas? «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole».

Mon troisième point est contenu dans les versets 26-28 de notre chapitre. Nous avons parlé de la meilleure place et de la meilleure compagnie; parlons maintenant des meilleures circonstances. La meilleure place est dans les cieux avec Christ; la meilleure compagnie c'est d'être ici-bas, «hors du camp» avec lui, et de l'avoir, lui, faisant sa demeure chez nous. Et les meilleures circonstances? C'est d'abord une double paix. La première est la paix qu'il a faite par le sang de sa croix, la seconde celle dont il a joui comme homme obéissant et dépendant, comme Fils envers son Père. Il nous laisse la première, il nous donne la seconde. Quelqu'un de vous possède-t-il cette double paix? Chose affligeante à constater! il est très commun de trouver parmi la profession du peuple de Dieu des personnes qui n'ont pas même la première. Elle signifie simplement ceci, qu'il n'y a plus d'ennemis. Aucun ennemi ne lève plus la tête. Si vous voyez que tous les ennemis sont vaincus, vous avez la paix que Jésus a faite par le sang de sa croix. Reste-t-il un seul ennemi que Christ n'ait pas vaincu? Le péché? «Il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par son sacrifice». Satan? «Il rendit impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable». La mort? «O mort! où est ton aiguillon?» Le sépulcre? «O sépulcre! où est ta victoire?» Si votre coeur se soumet à celui qui a tout accompli sur la croix, et si vous mettez votre confiance en lui, vous avez cette paix; et, avec elle, aucun ennemi ne peut lever la tête.

La seconde paix est celle qui provient de la simple soumission du coeur à Jésus; la soumission et la dépendance. Cette paix est mienne, lorsque je prends son joug sur moi et que j'apprends de lui. Généralement on est sous le joug pour travailler; le joug de Christ se prend pour trouver le repos. «Prenez mon joug sur vous… et vous trouverez le repos de vos âmes». Aussitôt que je prends simplement ma place devant Dieu, me reconnaissant comme mis entièrement de côté quant à ce que j'étais dans la chair; aussitôt que je reconnais être, ce que je suis en effet devant Dieu, un homme mort, la volonté n'est plus en exercice; aussitôt que, par la puissance de la vie en Christ, je me tiens pour mort, que par la foi je reconnais ce fait, alors j'ai cette seconde paix. Voici, je crois, ce qui trouble si souvent: On ne fait pas son compte avec Dieu. La foi fait son compte et le réalise. Si vous ne vous tenez pas pour morts, c'est votre volonté qui vous gouverne, et si elle n'est pas gouvernée, vous ne pouvez avoir cette seconde paix; mais si vous avez fait votre compte avec Dieu, vous avez placé la croix sur votre volonté, et vous avez la paix d'un homme dépendant et soumis. C'est notre volonté qui nous sort de la dépendance, de la soumission, et nous ne pouvons, je le dis hautement, abdiquer la volonté par sa propre force. Des souverains ont pu abdiquer, mais la volonté ne l'a jamais fait ni ne le fera jamais. Une seule chose peut disposer entièrement de nous, et c'est la croix! J'ai à faire mon compte avec Dieu; Dieu en a fini avec moi; Dieu a renfermé sous la mort tout ce que j'étais; et la seule chose que j'aie à faire, c'est de «me tenir moi-même pour mort au péché».

Dans ce chapitre 14 de Jean, je trouve encore une chose précieuse qui a trait à mon sujet. «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père». Nous semblons connaître bien peu ce sentiment, mes chers amis. C'est comme s'il disait: «Je vous ai si parfaitement associés à moi, je vous ai établis dans une telle plénitude en moi-même, que je compte sur vous pour partager ma propre joie. Est-ce beaucoup d'oublier votre tristesse à cause de ma joie?» — «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père». — Combien peu ils entrent dans sa joie, ces coeurs égoïstes, misérables, qui se meuvent sans cesse dans le cercle étroit du moi! Sommes-nous occupés exclusivement de Christ, nous qui trouvons si peu notre joie dans le fait qu'il est entré dans la sienne? «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi».

Chers amis, les vérités dont nous venons de parler sont capitales. Dieu les place devant nous pour les jours que nous traversons. Je sais qu'il y a, parmi les enfants de Dieu, de l'énergie pour le service, mais y a-t-il assez de repos pour la communion? Je suis persuadé que personne ne peut prendre place dans le témoignage que Dieu a suscité pour le temps actuel, s'il ne connaît assez le repos pour avoir communion avec le Seigneur. Je ne puis être en communion si mon coeur n'est pas en repos, si je n'ai pas le repos, celui du coeur aussi bien que celui de la conscience, je ne suis pas affranchi. Je crois aussi, comme je l'ai dit précédemment, que l'état dans lequel se trouvent plusieurs enfants de Dieu en ce moment doit les disposer à faire l'épreuve des mille choses qui les entourent, afin de bannir, si possible, le vide affreux qui provient de ce qu'ils n'ont pas le repos du coeur devant Dieu.

Que le Seigneur nous donne, quand il n'y a que faiblesse au dedans, ruines au dehors, de connaître si bien la précieuse place où Jésus est entré, qu'elle soit dès maintenant l'habitation de nos âmes. Puissions-nous jouir de sa compagnie tandis que nous sommes ici-bas, et savourer la paix, la joie qu'il donne, jusqu'au moment où nous entendrons sa voix et où nous serons enlevés pour être toujours avec lui!