L'exercice

 ME 1876 page 217

 

Si je suis en Christ, Christ est en moi. Alors surgit la question, si ma chair est brisée de telle manière que je sois pratiquement à la hauteur d'une telle position. La chair ne change jamais; nous avons à veiller sur elle et à nous en défier continuellement.

L'apôtre Paul fut ravi dans le paradis, comme nous lisons en 2 Corinthiens 12. Vous penserez peut-être qu'il ne restait dès lors en lui aucun atome de la chair. Mais non: il eut besoin d'un messager de Satan pour qu'il ne s'élevât pas; il eut besoin de quelque chose qui le tînt dans l'humilité. Le Seigneur fit jouir son serviteur de ce qui l'exposait au danger; mais ce qui garantissait le serviteur du danger était quelque chose de foncièrement humiliant pour Paul. Le Seigneur ne le prive pas de la révélation qu'il avait eue, mais il ne lui ôte pas non plus l'écharde: il le met dans ta poussière; il le rend «méprisable» dans la chose même dans laquelle toute son âme était engagée, — dans son ministère.

Il en est de même pour Job. Dieu peut dire de lui à Satan: «As-tu considéré mon serviteur Job, qui n'a point d'égal sur la terre…» Dieu avait entouré Job de toute bénédiction, et Job dit: «Quand l'oeil me voyait, il déposait en ma faveur». Mais Dieu dit: Tu as besoin d'être dépouillé de toi. En un sens tout ce que Job disait était vrai, et Dieu lui-même rend témoignage de lui qu'il n'avait point d'égal sur la terre: — «un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal». Mais Job commençait à s'en enorgueillir, et le Seigneur le livre à Satan pour le briser; alors Job ne dit plus: «Quand l'oeil me voyait il déposait en ma faveur», mais: «Maintenant mon oeil t'a vu, c'est pourquoi j'ai horreur de moi» (42: 5, 6).

C'est là ce dont nous avons tous besoin. Nous avons besoin de nous connaître nous-mêmes à fond, mais, en même temps, de ne pas laisser faiblir en nous la conscience de ce que nous sommes en Christ. J'apprends d'abord que je suis un homme en Christ. Que Dieu nous garde de le perdre de vue et d'en laisser affaiblir en nous le sentiment! Mais, ensuite, j'ai à apprendre que Dieu a placé le trésor dans un vase de terre. La chair est une entrave à ce que je réalise cela, et il faut que la chair soit brisée. Il faut que j'apprenne que la chair n'a aucun droit quelconque à élever sa voix ou à avoir une volonté, et alors je crois dans la connaissance des richesses insondables de Christ. Je trouve d'abord la place que Dieu me donne en lui, et je reconnais qu'elle m'est donnée toute entière par pure grâce; ensuite j'ai affaire avec les voies de Dieu et avec les exercices d'âme par lesquels il me fait passer ici-bas. J'apprends ainsi la dépendance et ma complète faiblesse; mais, comme Paul, j'ai Christ avec moi, et j'aime être faible afin que sa puissance repose sur moi. Le secret de toute puissance pour moi, c'est le sentiment que je ne puis rien, absolument rien, mais que la puissance de Christ s'accomplit dans cette infirmité dans laquelle je me trouve.

Nous sommes laissés ici-bas pour manifester la vie de Christ sur la terre, là où Christ n'est pas. Est-ce notre seul et unique désir de manifester cette vie de Jésus dans notre chair mortelle? Ne cherchons-nous qu'une chose, — de posséder Christ dans la gloire? Si Dieu a donné son Fils afin d'avoir nos âmes, celles-ci ne devraient-elles pas jouir de lui, de telle sorte que nous dépensions nos vies ici-bas pour Celui qui mourut pour nous? Il est mort, «afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui, pour eux, est mort et a été ressuscité». Est-ce l'ardent et sérieux désir de nos coeurs d'être des épîtres de Christ, connues et lues de tous les hommes? Si nous sommes à lui, ce que nous avons à chercher, c'est cette seule et unique chose, — de manifester Christ, de servir Christ, et ensuite d'attendre du ciel le Fils de Dieu; d'être comme des hommes qui attendent leur Seigneur. Dieu a donné son Fils, non pas pour que nous vivions dans la chair, mais afin que nous soyons à lui, de coeur comme de droit.

Puissions-nous avoir joyeusement conscience du droit de Christ sur nous, ses rachetés, afin que nous tenions ferme pour lui ici-bas, jusqu'à ce qu'il revienne et nous prenne auprès de lui dans la gloire.