Tu m'as sondé et tu m'as connu - Psaume 139

 ME 1876 page 327

 

La grâce, et la grâce seule, peut produire l'intégrité du coeur. Au commencement du Psaume que nous avons devant nous, le psalmiste se confie en Dieu; à la fin, après qu'il a été amené à connaître Dieu, après qu'il s'est considéré lui-même comme fait et formé par Dieu, tout son désir, c'est que Dieu le sonde.

La grâce souveraine régnant par la justice, produit seule l'intégrité du coeur. Il y a des hommes dont la conscience n'est pas réveillée du tout, des hommes insouciants, éloignés de Dieu, qui se vantent de trouver leur plaisir à satisfaire leurs passions; ils sont aussi fous que pervers. Il n'y a que la folie du coeur de l'homme, qui puisse le faire s'avancer au devant de l'éternité, espérant tirer quelque chose de bon des vanités de ce monde, n'aimant pas à penser à ce qui est devant lui, parce qu'il sait ce qui l'attend infailliblement, — savoir le jugement, parce qu'il est coupable. «Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse», dit l'Ecclésiaste, «et que ton coeur se réjouisse aux jours de ta jeunesse, et marche selon que ton coeur te mène et selon le regard de tes yeux; mais sache que, pour tout cela, Dieu t'amènera en jugement». Voilà où en est le jeune homme insouciant qui hait la lumière: il est enivré comme de vin. Il ne connaît pas le souci de la misère: il est enivré, moralement ivre.

Le monde nous dit: «Si vous pensez à Dieu, cela vous rendra triste». Pourquoi donc la pensée de Dieu vous attriste-t-elle? Parce que vous avez une mauvaise conscience. Si je voyais un enfant toujours triste en présence de son père et de sa mère, je dirais qu'il se passe chez lui quelque chose de très mauvais. Si la présence de Dieu rendait le ciel triste, quelle sorte de ciel serait-ce?

Les versets 4-12 de notre Psaume nous décrivent, d'une manière saisissante, ce que l'Apôtre exprime dans l'épître aux Hébreux: «Toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire». — «Où irai-je loin de ton Esprit; et où fuirai-je loin de ta face?» Pourquoi les hommes pensent-ils à fuir? — Il y a là une âme devant Dieu, et qui tremble devant Lui. C'est une chose terrible, parce qu'elle est vraie. Comment fuirai-je et me cacherai-je de devant la face de Dieu? Quel état d'âme effrayant, et pourtant bien meilleur que celui de l'homme insouciant dont j'ai parlé plus haut, parce qu'on peut espérer que l'âme en sortira. Que seraient les cieux pour une telle âme? «Tu y es!» Cela suffit pour que l'âme qui est dans cet état ne désire pas se trouver là.

Nous savons que nous sommes dans la présence de Dieu, parce que notre conscience nous le dit. Nous pouvons le nier; mais si notre conscience est réveillée, quelque peu que ce soit, elle sait qu'il en est ainsi: elle sait qu'elle a affaire avec Dieu, avec un Dieu qui connaît le bien et le mal. J'ai un sentiment du bien et du mal, et Dieu a voulu qu'il en fût ainsi. L'homme, quand il fut chassé du paradis, acquit un sentiment du bien et du mal, peut-être très vague; mais, lorsque la vérité introduit la lumière, les choses se dessinent nettement, et je sais alors ce que je suis, et ce que sont toutes choses, «nues et découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire». Il n'y a pas un seul homme autour de nous qui ne serait pas plus heureux maintenant s'il savait qu'il sera heureux pour l'éternité.

Ici, dans notre Psaume, l'âme sent qu'elle ne peut se tenir en présence de Dieu, et que cependant elle ne peut s'y soustraire. Il y a néanmoins chez elle, comme il arrive toutes les fois que Dieu agit, un sentiment, faible peut-être, de la bonté de Dieu, parce que Dieu est amour. Il y a toujours quelque espérance dans une âme où les choses se passent ainsi.

Or, malheureusement, l'homme veut toujours s'excuser. Vous n'aimez pas les excuses quand vos enfants vous en présentent, et cependant vous voulez les faire accepter à Dieu. Le coeur humain, toutes les fois qu'il n'est pas foncièrement brisé, s'excuse toujours: vous pouvez voir cela chez le chrétien qui s'est laissé surprendre par quelque faute, et qui n'est pas réellement humilié de son péché; il cherche à s'excuser, et quand ce serait auprès de lui-même. L'excuse d'Eve était sa condamnation. Il n'y a rien de bon dans une excuse, parce qu'elle admet le mal. Nous sommes induits à la fausseté, dès que nous cherchons à nous excuser. Avez-vous jamais trouvé un enfant qui eût l'habitude de s'excuser et qui ne tombât pas dans le mensonge? Non jamais! Aucun de nous ne voudrait que ses enfants agissent envers lui comme nous agissons envers Dieu. Nous cherchons à tromper Dieu, et pourtant nous savons bien que nous ne pouvons y réussir, et que nous n'y sommes jamais parvenus. Chacun veut avoir sa religion dans le monde; mais s'agit-il de Dieu, on n'en veut pas. La peur peut rendre les hommes religieux: on ne peut arracher du coeur de l'homme la pensée qu'il y a un être supérieur au-dessus de lui, bien que cette pensée aussi, puisse être pervertie. Il n'y a pas de vérité dans le coeur tant que la conscience n'est pas foncièrement jugée.

«Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur» (verset 23). Pensez-vous qu'une personne pourrait parler ainsi, si elle savait qu'elle aura affaire à Dieu comme juge? Nous ne le pourrions certes pas, si nous avions l'idée que nous serons immanquablement condamnés. Vous pouvez trouver l'insouciance, l'oubli de Dieu; ou bien aussi un coeur honnête qui hait la présence de Dieu, et qui ne peut pas s'y soustraire; ou enfin le coeur religieux qui s'excuse toujours. Quelle idée avez-vous de Dieu quand vous vous excusez? Vous ne pourriez pas même, avec vos excuses, vous débarrasser d'un homme sensé.

Mais, qu'est-ce qui donne l'intégrité du coeur? Si un médecin venait pour vous guérir ne lui diriez-vous pas tous les symptômes de votre mal? C'est là le principe qui produit l'intégrité de coeur: rien d'autre n'en est capable. «Oh! que bienheureux est l'homme à qui Jéhovah n'impute pas son iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a pas de fraude!» Point d'iniquité! point de fraude! Je n'ai pas besoin d'excuser ce qui est complètement ôté. Si j'ai une dette, je n'aime pas que personne voie mes livres; je n'aime pas à les repasser moi-même; il n'y a pas d'intégrité chez moi. Mais, lorsque les dettes sont acquittées, j'aime à les considérer et à voir combien l'on m'a pardonné. Je me condamnerai, sans doute, pour m'être endetté; mais je n'ai pas à cacher une dette pardonnée. La pauvre femme pécheresse de Luc 7, se confiait en l'amour du Sauveur: l'amour de Dieu manifesté en Christ, attirait son coeur vers Lui.

Le fardeau du péché non confessé, pèse d'un poids terrible sur le coeur. Un secret est pénible à garder; mais un péché est terrible à garder. Celui qui a péché a toujours peur que son péché ne se découvre, et cependant nous savons que Dieu sait tout. La vérité dans le coeur apporte de la consolation; et le Seigneur a-t-il jamais fait un reproche au pauvre pécheur qui reconnaissait son péché? Jamais! Quoiqu'il vînt d'être insulté par les malfaiteurs crucifiés avec lui, avec quelle grâce il répond à celui qui s'est tourné vers lui? Oh! quelle consolation pour moi quand je découvre que je peux me confier parfaitement en Christ! Le coeur s'irritait sous le fardeau; maintenant il peut s'ouvrir entièrement et tout confesser à Celui qui est digne de toute notre confiance! Le malfaiteur dit, en parlant du jugement qui l'a placé sur la croix: «Pour nous, nous y sommes justement». Il le confesse, parce qu'il peut se confier au Seigneur. Nous pouvons aller à lui et trouver le soulagement parfait de notre conscience. Nous confessons notre péché, et nous ne trouvons rien en lui que l'amour. Il vient, se présente à nous, et dit: «Vous pouvez vous confier en moi!» Vous dites: «Non, j'ai trop péché!» Mais lui dit: «C'est précisément pour cela que je suis venu. Vous ne pouvez échapper au jugement; c'est pourquoi je suis venu en grâce». Dieu est parfaitement révélé, un Dieu qui est lumière, qui est amour; et, lorsque tout est parfaitement manifesté, nous rencontrons l'amour parfait. Dieu est lumière, et en lui il n'y a nulles ténèbres. Je suis dans la lumière, et dans la lumière tel que je suis. Comment cela? Parce qu'il est amour. L'Evangile ne souffre pas qu'un seul péché subsiste dans la présence de Dieu, mais il nous les montre tous ôtés en grâce. Voilà ce qui rend le coeur vrai, et le fait pleurer sur son péché. Je pleure là: c'est un immense soulagement (Comparez Luc 7: 38), mais ce n'est pas la paix. Alors un autre fait se présente: vous savez que le Seigneur mourut pour nos péchés, afin de les ôter tous. La personne du Seigneur Jésus, descendu vers les hommes, en grâce élevé sur la croix, a fait la propitiation pour nos péchés. Quand je sais qu'il est venu en grâce, je puis dire: «Oui, mais il a porté mes péchés sur le bois». Cela n'a rien à faire avec l'oeuvre qu'il fait dans nos coeurs; et ce point, comme je l'ai souvent dit, est de la plus haute importance. Il n'y a absolument rien de moi qui soit mêlé avec l'oeuvre de propitiation, sinon mes péchés; et Christ a accompli l'oeuvre selon la perfection de Dieu, quand je n'en avais pas la moindre idée dans mon coeur. Dieu me fait découvrir que, lorsque j'étais un ennemi, l'oeuvre a été faite pour moi. Toutes les fois qu'une personne croit en Dieu, cette personne a part à toute la plénitude de l'oeuvre. Mais le coeur mauvais de l'homme ne veut pas se soumettre à la justice de Dieu, à une oeuvre, accomplie entièrement en dehors de nous: cela est trop humiliant! Nous confondons l'oeuvre pour nous, et l'oeuvre en nous. Nous devrions avoir de bons sentiments et, par conséquent, nous devrions y marcher; mais Dieu veut, chez nous, un sentiment juste pour Christ; non pas Christ et de bons sentiments par dessus.

Vous dites: Je n'ai pas le bonheur de savoir mes dettes payées. Vous en êtes là, parce que vous ne croyez pas que votre dette est payée; quand vous le croirez, vous serez heureux. Si vous ne croyez pas ce que Dieu dit, vous ne pouvez pas être heureux. Il est bon d'avoir des sentiments, car ils sont l'oeuvre de l'Esprit en nous, mais ce n'est pas l'oeuvre de Dieu pour nous. Il nous faut Christ, et son oeuvre, et rien d'autre. «Ceux qui rendent le culte, étant une fois purifiés, ne devraient plus avoir aucune conscience de péchés» (Hébreux 10: 2). La crainte des conséquences n'est pas le mobile de la marche du chrétien. Vous ne pouvez pas connaître l'amour de Dieu et ne pas aimer Dieu. Le véritable amour pour Dieu, c'est le sentiment de son amour dans l'âme. L'amour se manifeste dans le sentiment qu'a un enfant de l'amour qu'ont ses parents pour lui. Du moment que ma conscience a été purifiée pour toujours, — à perpétuité, parce que le sang est toujours sous l'oeil de Dieu, — je trouve Christ, qui a ôté mes péchés. Alors je prends le parti de Dieu contre moi-même.

Versets 23-24: «Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur; éprouve-moi, et connais mes pensées, et regarde s'il y a en moi aucune voie perverse». Je peux dire à Dieu: «. Je désire que ton oeil sonde mon coeur». Là se trouve l'intégrité du saint. L'intégrité du pécheur consiste à tout confesser devant Dieu; l'intégrité du saint, c'est: «O Dieu, sonde-moi!» Il ne dit pas: «Et vois s'il y a en moi quelque bonté?» La bonté, il l'a trouvée en Dieu; il ne cherche aucune bonté en lui-même; mais Dieu en cherche, car il a mis Christ dans le coeur du saint. Plus nous devenons spirituels, plus nous découvrons ce que nous sommes.

Et maintenant, chers amis, pouvez-vous dire sincèrement: «Sonde-moi, ô Dieu?» Vos coeurs sont-ils ainsi, devant Dieu, en intégrité? Avez-vous vu l'amour de Dieu, manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur, de telle manière que, comme pécheurs, vous pouvez lui ouvrir votre coeur? Lui, voit votre coeur. Le jour du jugement le manifestera, s'il n'est pas maintenant manifesté à votre conscience. Dieu veut nous exercer TOUS, au sujet de cette pensée: «Nul oeil ne me voit». Un homme s'inquiétera de sa réputation devant les hommes, qui ne s'inquiétera pas de ce que Dieu pense. Un homme qui ne voudrait pas tromper ses semblables, use continuellement de fraude envers Dieu; bien que, — nous le savons, — en réalité la chose soit impossible, car Dieu sait tout.

Avez-vous assez de confiance en Dieu, je vous le demande encore, pour lui dire tout ce qui vous concerne? Pouvez-vous lui dire comme chrétiens: «Regarde s'il y a en moi aucune voie perverse?» Je ne crains pas qu'il vous l'impute; mais vous, craignez-vous qu'il vous en délivre? Vous n'osez peut-être pas lui parler comme le psalmiste ici, parce qu'il pourrait vous délivrer de votre voie perverse. Il y a des chrétiens qui tiennent leur volonté sous clé, enfermée dans un lieu secret: ils prient, et reçoivent jusqu'à un certain point, des réponses à leurs prières, mais il y a un interdit et ils ne font jamais de progrès; ils se préparent une déchéance pour leur âme, si ce n'est un châtiment. Aussi souvent que le moi est à l'oeuvre, en quoi que ce soit, Christ n'est pas tout; et tout ce qui est un obstacle à Christ, est une voie perverse. Je ne parle pas ici de ce qui est positivement mauvais.

Lorsque vous vous occupez de votre coeur, désirez-vous que Dieu mette à découvert tout ce qui s'y trouve, et dise: «Voilà ce que j'y vois; voilà ce que j'en pense? Pourriez-vous dire que vous désirez que Dieu vous communique ses pensées sur tout ce qui est dans votre coeur? Que le Seigneur nous donne, de marcher de telle sorte sous le regard de Celui dont les yeux ne se retirent jamais de dessus le juste, que nous puissions jouir de Lui sans entrave! Tout chrétien, au fond du coeur, a ce désir; mais si, en pratique, dans votre vie, vous faites sciemment une réserve quelconque, vous semez pour vous-même quelque chose que l'amour devra visiter par la discipline. Du moment que je puis voir de la bénédiction dans le jour du jugement, je puis dire à Dieu: «Délivre-moi de tout ce qui est une entrave».

Il n'y a pas d'intégrité de coeur sans une connaissance parfaite de la grâce. Le coeur ne peut aimer à se trouver devant Dieu, à moins qu'il ne connaisse l'oeuvre de Christ. Que le Seigneur nous donne d'avoir la vérité dans le coeur (Voyez Psaumes 51: 6); — et nous pouvons l'avoir, parce que Dieu nous visite en grâce parfaite — afin que nous croissions sans entraves, comme un jardin que le Seigneur a planté!