Quelques mots sur Romains 6

 ME 1876 page 341

 

La parole de Dieu nous entretient de deux points importants: d'abord elle place certains objets devant nous; puis elle s'occupe de l'état dans lequel une personne se trouve quant à sa capacité de jouir de ces objets. L'Esprit de Dieu place devant nous ces objets bien plus richement que nous ne le pensons; et, pour ce qui est de nous-mêmes, il nous montre quels sont la condition et l'état dans lesquels nous sommes capables d'en jouir: — la vérité objective et la vérité subjective, comme on dit.

On a beaucoup fait pour mettre en lumière les objets que la parole de Dieu place devant nous; mais, si nous ne sommes pas en état d'en jouir, la connaissance que nous pouvons acquérir ainsi sera une connaissance qui enfle. Si l'on se contente de placer ces choses objectivement devant nous, l'état de l'âme laisse quelque chose d'essentiel à désirer.

Le monde qui nous entoure faisant extérieurement profession de christianisme, plusieurs se sont demandé s'ils étaient de vrais chrétiens, se disant que, si Christ a accompli l'oeuvre, eux devaient savoir s'ils y avaient une part. Il est évident que ces personnes ne trouvaient pas la paix de cette manière: elles poursuivaient une justification par expérience. Au lieu de la simple foi en la vertu de la personne et de l'oeuvre de Christ, elles tiraient une conclusion de l'état dans lequel leur âme se trouvait. De fait nous passons tous par là; mais ce n'est pas l'état chrétien.

Mon oeil naturel voit des objets, et alors je sais que je vois. Mais est-ce que je pense jamais à examiner mon oeil pour voir si je vois? «Examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes», dit l'Apôtre. «Ne reconnaissez-vous pas à l'égard de vous-mêmes que Jésus Christ est en vous?…» Comment Christ est-il venu là?

Il ne s'agit pas de savoir si moi j'ai accepté l'oeuvre, mais si Dieu l'a acceptée. On dit: «Tout cela est à vous si vous l'acceptez»; mais là n'est pas la question, car, si vous parlez de la vraie valeur de la chose, aucun de nous ne l'a apprise. Si j'ai offensé Dieu, la question est celle-ci: «Dieu est-il satisfait?» Alors, si j'écoute Dieu, je découvre que toute la question a été vidée parfaitement et justement.

Un autre danger s'élève ensuite: c'est de recevoir ces objets sans que nous sondions nous-mêmes assez réellement le sujet.

L'Ecriture ne fait pas comme nous. Elle nous montre la rédemption tout entière accomplie en dehors de nous, accomplie complètement et pour toujours; car Christ ne peut pas mourir une seconde fois, et ainsi «ceux qui rendent le culte», étant une fois purifiés, n'ont «plus aucune conscience de péchés» (Hébreux 10: 2).

Dès que j'ai saisi la vérité que la rédemption a été accomplie par Christ tout seul avec Dieu, alors, regardant à Dieu et sachant que Christ paraît pour moi devant Lui, je vois que rien ne peut m'être imputé. Si Dieu voit le sang, il faut qu'il passe par-dessus moi; autrement il faudrait qu'il ne fît point cas du sang, pensée qui serait un blasphème. L'oeuvre est parfaitement accomplie; rien ne peut jamais en affaiblir, ou en altérer la valeur. Mon âme, si je suis un croyant, regarde à cela, et Dieu aussi, — et mon âme a du repos. Tout a sa source dans l'amour infini de Dieu, et moi j'ai maintenant trouvé accès à sa faveur: nous sommes là devant Lui, blancs comme la neige, reposant dans la faveur de Dieu. Ensuite, sur la base de cette oeuvre — jamais auparavant — les conseils et les desseins de Dieu avant la fondation du monde furent révélés, pour nous introduire dans la même gloire à laquelle a été élevé le Fils de Dieu. Dieu, ayant été parfaitement glorifié par l'homme (quoique Christ fût plus qu'un homme, il n'est pas besoin de le dire), élève l'homme dans sa propre gloire. — Le Saint Esprit est les arrhes de l'héritage.

Lorsque l'âme n'a pas compris cela, elle est ramenée, en un certain sens, sur un terrain juif: quand ils verront, ils croiront; lorsque Christ sera manifesté, on verra aussi pleinement que son oeuvre a été acceptée de Dieu. Nous chrétiens, nous sommes dans une position différente: le Saint Esprit est venu; et, avant que le Seigneur revienne, nous savons que son oeuvre a été acceptée. «Car et Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d'un; c'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères» (Hébreux 2: 11). Je connais ma place en Christ, comme le Seigneur l'a dit en Jean 14: 20: «En ce jour-là vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous». Tout cela est fondé sur cette vérité, que Christ «est sur toutes choses Dieu béni éternellement»; mais, quant à la place qu'il avait prise comme homme, tout est fondé sur la croix. Avant que Christ revienne, l'essence même de la position chrétienne, c'est que le Saint Esprit est venu, et nous savons que Christ a été accepté de Dieu. La position du chrétien est donc très simple, on le voit: «Il nous sauva, non sur le principe d'oeuvres accomplies en justice que nous nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde» (Tite 3: 5). Le jugement est selon nos oeuvres; le salut ne l'est pas. Dieu nous amène à sentir que nous sommes coupables par nos oeuvres, et perdus à cause de ce que nous sommes. La loi me dit ce qu'un homme, enfant d'Adam, devrait être; mais elle ne me dit pas un mot de ce que Dieu est. La loi de Dieu, dans ses rapports avec moi, prend pour mesure ce que l'homme devrait être. Christ satisfait à cela; mais il y a autre chose: le voile est déchiré, et Dieu est révélé. La chose même que la loi enseignait, c'est que l'homme ne pouvait pas avoir affaire avec Dieu; mais nous, nous avons «pleine liberté d'entrer dans les lieux saints» (Hébreux 10: 19). Quand l'homme était sous la loi, il y avait des barrières autour de la montagne; maintenant Christ est entré dans le lieu très saint, le voile est déchiré, et nous sommes appelés à marcher dans la lumière. Ce dont il s'agit pour nous, c'est de savoir, non pas si nous nous sommes conduits comme des hommes devraient se conduire, mais si nous sommes propres pour la présence de Dieu. La loi prend les relations de l'homme, scellées et sanctionnées de Dieu, et maudit l'homme s'il ne les maintient pas. Tous ont failli: tous sont pécheurs et coupables. Mais il s'agit de bien plus que cela. Pour être bénis, il nous faut être introduits par Dieu dans sa maison; et il s'agit de savoir si je peux me tenir dans la lumière comme Dieu est dans la lumière. Une religion mondaine devient impossible du moment que vous avez affaire avec les lieux saints; car votre place est alors au dedans du voile, — et hors du camp. Une religion adaptée à l'homme en la chair, dans ce monde, n'a rien de commun avec le christianisme. La chrétienté prétend que la vérité vint et s'accommoda à la terre; aussi, lorsque ce principe est pleinement réalisé, trouvons-nous la tète de tout le corps sur la terre.

Comment marcherons-nous dans la lumière comme Dieu est dans la lumière?

Si je considère ma responsabilité, Christ a porté mes péchés et a fait ma paix; par conséquent (Romains 5) je peux me glorifier dans les tribulations, et me glorifier en Dieu. Toute cette partie de l'oeuvre de Christ se liait à ma responsabilité comme homme, et se rapportait à ma culpabilité: «Tout le monde est coupable devant Dieu». Jusque-là il n'est en aucune manière question de mon état, ni d'entrée au-delà du voile. La chair ne change jamais: lorsque Dieu laissa l'homme sans loi, ce dernier devint si méchant que Dieu dut amener le déluge; puis Noé s'enivra; puis les Israélites firent le veau d'or; puis les sacrificateurs offrirent un feu étranger. L'iniquité sans loi, la violation de la loi, puis toute l'inimitié contre Dieu lui-même, furent successivement mises en évidence. Aussitôt que nous sommes nés de Dieu, la chair convoite contre l'Esprit; quand nous sommes élevés dans le troisième ciel, elle n'en vaut pas mieux. En supposant donc que je suis né de Dieu, ma chair est là, convoitant contre l'Esprit; or il y a, pour répondre à mon besoin, un autre côté de la rédemption, savoir que, Christ étant mort, sa mort s'applique autant à la chair qu'aux péchés. Mes oeuvres et ma conduite sont effacées pour toujours, mais je trouve une autre chose: c'est que Dieu s'est occupé non seulement du fruit, mais aussi de l'arbre.

On tombe ici dans une double erreur: les uns prétendent que le chrétien doit cheminer, comme au chapitre 7 de l'épître aux Romains, dans une sorte de continuelle alternative entre des hauts et des bas; les autres veulent que la chair ait complètement disparu. Mais l'Ecriture nous apprend que la mort de Christ s'applique à la chair aussi bien qu'à mes péchés: «Dieu a condamné le péché dans la chair». — Où cela? — A la croix de Christ. «Ce qui était impossible à la loi, en ce qu'elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché (non pas les péchés, remarquez-le bien), a condamné le péché dans la chair». A la croix du Seigneur Jésus Christ, je trouve le péché en la chair condamné. Quand, et comment? — Lorsque Christ devint, dans la mort, un sacrifice pour le péché. Je trouve la mort de Christ appliquée, pour la foi, à ma mauvaise nature, exactement comme je trouve cette mort appliquée aux péchés qui sont ôtés. «Moi, par la loi, je suis mort à la loi» (Galates 2: 19). La loi lie le péché sur la conscience, parce qu'elle maudit le péché; elle fait plus que cela — elle provoque le péché, — non que ce soit sa faute à elle, car la loi est sainte, juste et bonne; mais, «quand le commandement vint, le péché reprit vie et moi je mourus». La condamnation est loin pour jamais, la condamnation pour le péché dans la chair: elle a été exécutée. Le Christ, qui est mort, étant ma vie, je dis que je suis mort en Christ, — quant à la chair, mais je suis vivant, quant à l'Esprit. Je n'ai pas seulement une nouvelle nature, mais, ayant été vivifié et Christ étant devenu ma vie, je suis mort avec Lui. La seule chose qui me délivre, c'est que, dans la mort de Christ, Dieu a eu affaire avec ma chair; et, pour la foi, je suis un homme mort. Nous ne sommes jamais appelés à mourir au péché: la nouvelle nature n'a pas de péché. Je n'ai pas besoin que le nouvel homme meure; et, quant au vieil homme, le persuaderez-vous de mourir? Mais le «second homme» étant mort avant qu'il devînt ma vie, j'ai le droit, et je suis tenu, de dire que moi je suis mort.

L'expérience contredit cette vérité; et il est plus difficile de la saisir clairement, que de recevoir le pardon des péchés. En effet, si je dis à un homme: «Vos dettes sont toutes payées», et que je sois une personne digne de foi, l'homme croit ce que je lui annonce, et se le tient pour dit. Mais si je dis: «Vous êtes mort au péché», l'homme me répondra: «Je n'y suis pas mort du tout, car je me suis fâché ce matin»; sa conscience se refuse à ce que je lui dis. Mais, dès que je vois que je suis mort avec Christ, toute la question est vidée. C'est pour cela que nous avons été baptisés, pour cette chose-là, savoir, que le vieil homme est une chose entièrement jugée, et que Dieu n'aura plus rien à faire avec lui, pour s'en occuper ou raisonner avec lui. Toute relation présente de Dieu avec ce monde a pris fin à la croix. Ce monde-ci, comme tel, est le monde du premier Adam; Satan est son dieu et son prince. Le monde auquel nous chrétiens, nous appartenons, est le monde du second Adam.

Au verset 12 du chapitre 5 de l'épître aux Romains, l'Apôtre abandonne la question de la culpabilité pour s'occuper de celle de l'état. Christ, étant mort, a satisfait à toute cette responsabilité qui pesait sur moi; j'apprends que le péché en la chair a été condamné, et que, pour ce qui est de ma place, de ma condition et de ma position, j'en ai fini avec lui: «Ayant donc été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice» (Romains 6). «Affranchi», ce n'est pas être «exempt», mais c'est être affranchi comme un homme qui a été esclave et qui est libre maintenant: nous sommes «affranchis du péché», dans ce sens-là. L'Apôtre ne dit pas à des pécheurs inconvertis: «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu», mais il dit: «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts étant faits vivants». Vous êtes morts en Christ; et maintenant, comme vivants d'entre les morts, qu'allez-vous faire de vous-mêmes? Livrez-vous vous-mêmes à Dieu sans réserve. Allez-vous faire cela, — vous livrer vous-mêmes à Dieu comme ayant été affranchis? Dieu entre sur la scène; la grâce efface notre culpabilité: alors Dieu dit: «Maintenant vous êtes affranchis, et vous avez acquis le privilège et le droit de vous livrer vous-mêmes».

C'est à cela que vous êtes appelés; — vos péchés sont ôtés entièrement et pour toujours: «Par une seule offrande il a rendus parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés». Il n'y a pas de question quant à cela. Mais «tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché»: — c'est ici la délivrance. Dans la mort du Seigneur Jésus Christ, la mort est venue à moi et je suis vivant à Dieu en Lui, avec un droit parfait à me tenir pour mort. «Mais maintenant, ayant été affranchis du péché, et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté» (Romains 6: 22). Il y a du fruit alors. Vous n'aviez point de fruit de tout ce péché, point de vrai fruit; mais maintenant vous avez un fruit positif en marchant dans le sentier de l'obéissance. Je marche avec Dieu, je le connais mieux, je connais mieux Christ, j'apprends à connaître les richesses insondables du Christ, mon coeur est rendu capable de vivre dans les choses qui nous sont révélées, qui sont dans notre monde, et de les comprendre. Quand je parle de marcher dans les rues d'or de la cité, tout cela est-il un obscur mystère? Ce n'est pas la pensée de Dieu qu'il en soit ainsi. S'il s'agit de la gloire, — elle est révélée, selon qu'il est écrit: «Mais Dieu nous l'a révélée par son Esprit» (1 Corinthiens 2: 10). Nous étant livrés nous-mêmes à Dieu, nous avons donc du fruit. Nous avons été opérés de la cataracte, et nos yeux ont commencé à savoir supporter la lumière. Nous sommes faits participants de sa sainteté.

Ce sentier est un chemin d'obéissance, de mort à la chair et à tout ce qui est en elle: «A celui qui a, il sera encore donné».

C'est là que Dieu nous a amenés en nous affranchissant.

Nous avions offensé Dieu, — nous sommes pardonnés; nous étions souillés, — nous sommes lavés; nous étions coupables, — nous sommes justifiés; mais ensuite, nous sommes délivrés. La chair n'a aucun droit sur moi.

Vous êtes-vous livrés vous-mêmes à Dieu?

C'est une vraie, réelle délivrance que Dieu nous a donnée, en sorte que nous croissons jusqu'à Celui qui est le Chef sur toutes choses. Quelle bénédiction que Dieu nous rende participants de sa sainteté! Vos coeurs croient-ils à une telle délivrance? Dieu peut nous avoir révélé la bénédiction, sans que la chair soit pratiquement subjuguée selon la mesure de ce qui a été révélé. Celui à qui le Seigneur avait dit: «Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux», dut entendre la même bouche lui dire: «Va arrière de moi, Satan…», car sa chair n'était pas assez mortifiée pour qu'il suivît le chemin qui appartenait à cette vérité.

Vous êtes appelés à marcher dans la lumière comme Dieu est dans la lumière. Si le coeur est droit, si le vouloir est avec vous, il y aura la puissance. Christ est-il votre seul objet? Ce n'est pas que nous n'ayons pas des distractions; les distractions sont quelque chose de différent: elles ne sont pas des objets.

Que le Seigneur nous donne de savoir ce que c'est que de marcher par la foi, et non par la vue.