Réflexions sur 1 Corinthiens 2

ME 1876 page 356

 

Cette portion de l'Ecriture nous présente très distinctement deux choses. La première, c'est la sagesse de Dieu dans un mystère, la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée avant les siècles pour notre gloire (et cela dans la personne de Christ), qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car s'ils l'eussent connue ils n'eussent pas crucifié le Seigneur de gloire. La seconde, c'est que, si nul des hommes ne connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui, ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n'est l'Esprit de Dieu. — C'est pourquoi le monde est dans l'ignorance absolue des choses de Dieu.

Les hommes du monde peuvent être très savants et très intelligents, mais ils ne connaissent pas les choses de Dieu. Ils se vantent eux-mêmes volontiers de ce que l'homme ne peut rien connaître que ce qu'il voit, sauf quelques conclusions qu'il peut tirer de là; et la chose est aussi parfaitement vraie, et pour cette raison même, l'une des formes le plus en vogue de l'incrédulité de nos jours. Tout ce qui dépasse les sens, les hommes l'ignorent absolument; et il doit en être ainsi. Avec toute la science et toutes les capacités qui sont en lui, l'homme, s'il se mêle des choses qui sont au-delà de ce qui se perçoit par les sens, se perd fatalement dans les nuages: il en vient à dire qu'il n'y a point de Dieu; ou bien, s'il y a un Dieu, il ne sait pas ce que Dieu est, semblable ainsi à Pilate quand il demandait: «Qu'est-ce que la vérité?» — Il fera toutes sortes de spéculations et des spéculations fort ingénieuses, mais il ne peut aller plus loin. Cependant l'homme a une conscience; il a le sentiment qu'il est responsable envers quelqu'un; il a connaissance du jugement de Dieu, quoiqu'il cherche à en rejeter la pensée aussi loin que possible. Mais Dieu a pris soin, quand l'homme tomba, qu'il emportât avec lui, après qu'il eut mangé du fruit défendu, une certaine connaissance du bien et du mal. L'homme porte donc avec lui une conscience, pervertie peut-être, mais une conscience qui est là, puisqu'elle est devenue endurcie et pervertie. L'histoire de la femme adultère nous le dit assez: tous ses accusateurs s'en vont l'un après l'autre, convaincus de péché par leurs propres consciences.

Il en a été ainsi dans tous les temps. Que Dieu donne une loi à l'homme, ou bien que l'homme soit sans loi, il y a eu toujours une connaissance du bien et du mal; et ainsi il y a chez l'homme un sentiment instinctif qu'il y a un jugement, mais, avec cela, une ignorance absolue de ce que Dieu est, si ce n'est qu'il tient compte de ce que l'homme fait. Il y a aussi, parfois, un sentiment que Dieu est bon et qu'il faut qu'il soit bon; mais aucune connaissance qu'il y ait un Esprit de Dieu, aucune connaissance de ses intentions.

Sans doute, il y a au-delà le christianisme, dans ses vérités générales, flottant autour de nous. Mais le christianisme nous est présenté ici, d'une manière admirable, dans cette expression: «La sagesse de Dieu en mystère, la sagesse cachée…, qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue» (verset 7). Il n'est pas possible qu'il y ait une expression plus merveilleuse que celle-là; car Christ est la sagesse de Dieu, comme il est la puissance de Dieu; et ce Christ ils l'ont crucifié.

La première chose que nous apprenons par ces paroles de l'Apôtre, c'est que ces conseils de Dieu étaient «avant les siècles». Je parle maintenant, non de l'élection, mais des plans et des pensées de Dieu avant que le monde fût. L'Apôtre fait ressortir ces deux choses, savoir que les pensées et les conseils de Dieu, préordonnés pour notre gloire, étaient avant le monde dans lequel nous vivons maintenant avec toutes ses responsabilités, et puis que ces conseils, qui étaient avant le monde, ont été révélés maintenant à la suite et comme conséquence de la mort de Christ.

Je voudrais insister un moment sur ce point, qu'il y a un monde qui a ses propres pensées et ses propres objets; mais ce monde crucifia le Seigneur de gloire. Tout ce qui avait la sagesse de ce monde et sa puissance, se trouva opposé à Christ. Le gouverneur Pilate, les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple, les Juifs et les gentils, le pouvoir séculier et le pouvoir religieux, tous d'un commun accord rejetèrent le Seigneur de gloire. Il y a aussi un monde, dans lequel nous vivons aujourd'hui, qui, par l'intelligence et l'habileté de l'homme, conduit par Satan, a formé autour de l'homme une scène extraordinaire, en tant qu'il s'agit des pensées de l'homme, une scène où brillent de toutes parts les plaisirs, les sciences et le développement des choses données dans la création, une scène qui développe encore les talents de l'homme au milieu de ces choses. On voit de merveilleuses combinaisons, l'homme montrant son habileté à faire servir les choses à son usage; de belles musiques avec de riches harmonies, — en un mot, tout ce qui reconstitue à nouveau l'histoire de Caïn. Nous lisons en effet que Caïn avait bâti sa ville; il avait ses ouvriers, habiles en toute sorte de travail d'airain et de fer; il avait ses harpes et ses orgues, il se complaisait à lui-même sans se soucier de Dieu, excluant Dieu, s'arrangeant de son mieux dans le monde, rendant celui-ci agréable à ses sentiments naturels, sans Dieu: tel était le monde alors, et tel il est aujourd'hui.

Or les chrétiens sont exposés à marcher avec ce monde et avec toutes ces choses, parce qu'ils ont des capacités naturelles pour les apprécier. Ce n'est pas qu'il y ait quelque chose de mauvais dans ces choses du monde en elles-mêmes; mais c'est dans l'usage que l'homme fait de ces choses que se trouvent le bien et le mal. Il n'y a dans ces choses, toutes créées de Dieu, sans doute, ni conscience, ni affections spirituelles, ni bien moral; il n'y a pas de mal non plus en elles; dans le ciel même nous voyons qu'il y aura des joueurs de harpe jouant de leurs harpes. C'est l'usage qu'on fait de ces choses qui est mauvais; et les chrétiens sont très exposés à glisser dans le chemin du monde et à ne pas voir la gravité de ce qu'ils font, parce qu'ils ne font que jouir naturellement des choses d'ici-bas. Le monde qui nous entoure est un monde qui se forme pour lui-même des plaisirs avec ce que Dieu a créé, mais qui ne se soucie pas de Dieu, car il l'a rejeté. Il n'a pas connu le Seigneur de gloire; car c'est un monde à la façon de Caïn, plein des accords de sa propre musique; et les chrétiens le regardent comme quelque chose de bon, à quoi ils peuvent participer, tandis que ce n'a été qu'un monde à la façon de Caïn pour s'y associer au commencement, et un monde à la façon de Caïn pour y demeurer attaché et marcher avec lui.

Mais il y a une autre chose, absolument différente, dont l'Apôtre nous parle, une réalité qui était «avant les siècles», et qui n'est connue que de la foi: vérité d'autant plus solennelle, que la responsabilité de l'homme ne commença évidemment qu'avec ce monde. Le premier Adam était l'homme responsable; il faillit, et, dès lors, tous les hommes sont des pécheurs. Ce qui arriva ainsi n'était pas le conseil de Dieu, un dessein déterminé, bien que, en un sens sans doute, ce fut un conseil connu de Lui. Ma responsabilité n'est pas les conseils de Dieu, et cette responsabilité vint en scène alors que ces conseils étaient déjà formés. Telles sont les voies de Dieu, ses voies invariables: Dieu a une pensée qu'il accomplira; mais, en attendant, il confie les choses aux mains de l'homme, comme il le fit pour Adam. Le dessein de Dieu, c'était le second homme, et l'établissement de toute sa gloire en lui. Voilà ce que Dieu s'était proposé, ce qu'il a établi en Christ avant que le monde existât. Après cela, Dieu introduisit le premier homme, Adam, l'homme responsable, — non pas l'homme des conseils de Dieu.

Ces deux grands principes dont je parle, on les trouve déjà au commencement dans les deux arbres qui étaient au milieu du jardin d'Eden, — la grâce qui donnait la vie, et la responsabilité d'obéir ou de désobéir. On retrouve ces deux mêmes principes dans la loi; mais la responsabilité y venait la première: «Fais cela, et tu vivras». Nouvelle chute!… l'homme fait aussitôt le veau d'or. Plus tard, quand Dieu eût établi l'Eglise, tous s'endormirent, — les vierges sages comme les vierges folles, — en disant: «Mon maître tarde à venir». — Alors Dieu révèle son conseil, préordonné avant les siècles, savoir: qu'il veut amener l'homme dans sa propre gloire aussi bien que sans péché dans sa présence en Christ; il forme l'Eglise pour régner avec Christ dans cette gloire. Dieu ne laissera rien de tout cela inaccompli en résultat; mais auparavant il place l'homme sous la responsabilité, et ce dernier doit apprendre, par l'opération puissante de l'Esprit de Dieu et de la parole de Dieu, sa chute complète, en lui-même, pour être rejeté sur la grâce et pour trouver la gloire.

Je désire considérer de plus près cette place qui devient notre part en Christ. Vous pouvez la trouver dans le plan de Dieu; néanmoins il faut qu'une âme passe par la position de responsabilité pour elle-même; il lui faut reconnaître qu'elle a manqué, et la manière dont elle a manqué; il faut que l'homme reconnaisse qu'en lui, en sa chair, il n'y a point du tout de bien, et alors, rejeté entièrement sur la grâce, il trouve Christ. Or Christ, comme Sauveur, vient répondre et satisfaire à cette position et à ce besoin en entreprenant, Lui, de glorifier Dieu à l'égard de toute la responsabilité. Il vient en ressemblance de chair de péché, et pour le péché; il satisfait complètement, parfaitement, à la responsabilité en ce qui concerne soit nos péchés, soit la gloire de Dieu, car il est écrit «qu'il a porté nos péchés en son corps sur le bois», — et que «maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui» (1 Pierre 2: 24; Jean 13: 31). Christ a achevé l'oeuvre; les péchés sont ôtés, et la gloire de Dieu est parfaitement accomplie, en sorte que tout est achevé et que le fondement est posé, non sur la responsabilité du premier homme, mais sur l'accomplissement de l'oeuvre de Dieu par le second homme, toute la question étant ainsi vidée pour toujours. Voilà le côté de la responsabilité. Mais Christ est aussi la vie: il est le premier arbre, et en même temps le second arbre. Christ sur la croix répond et satisfait à toute la responsabilité qui pèse sur nous par la chute, et il fait infiniment plus en devenant notre vie. Il a satisfait à toute la responsabilité, avant que les choses soient accomplies dans la gloire; en même temps, pour ce qui regarde la paix de l'âme et la rédemption du pécheur, ainsi que sa capacité à participer au lot des saints dans la lumière, tout est réglé, parfaitement et fermement établi maintenant, car celui qui croit a maintenant la vie, non du premier, mais du second Adam. Dans son corps mortel, il est appelé maintenant à manifester la vie de Jésus: c'est Christ qui est notre vie. Ceci montre que le premier homme et tout ce qui s'y rattache est une chose complètement jugée: si quelqu'un est en Christ, il n'est pas seulement lui-même une nouvelle créature, mais toutes choses sont faites nouvelles: «c'est une nouvelle création» (2 Corinthiens 5: 17, 18).

On retrouve cette grande vérité à travers toute l'Ecriture. Dans l'épître aux Ephésiens, l'homme ne nous est pas présenté comme vivant dans les péchés, mais comme mort dans ses péchés; aussi, dans cette épître, Dieu n'intervient pas en faveur de pécheurs, dans leur condition de pécheurs, mais il les a créés en Jésus Christ, en sorte qu'ils sont l'ouvrage de Dieu. L'Apôtre nous présente par conséquent aussi, dans l'épître aux Ephésiens, le plein et complet résultat de l'intervention de Dieu pour l'accomplissement de ses conseils, et nous montre les saints assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Dans l'épître aux Romains, Dieu envisage la condition tout entière du pécheur, et il y porte complètement et absolument remède. Toute la question de notre position devant Dieu est ainsi foncièrement vidée. Il y a un monde que Satan a formé autour du premier homme, et il s'agit de savoir si un croyant doit marcher avec ce monde-là. Nous avons à le traverser, étant mis à l'épreuve par cette question: Qu'est-ce qui possédera nos coeurs? Sera-ce la gloire révélée par l'Esprit de Dieu, ou le monde que Satan a formé autour de nous dans la nature? Je ne parle pas maintenant de péchés; mais c'est une question bien solennelle que celle de savoir si ce monde possède nos coeurs, oui ou non? Actuellement l'état extérieur des choses sur la terre n'est pas la grossière immoralité des païens; mais est-ce le premier homme qui doit être glorifié, ou le second homme? Il n'est pas besoin de dire qu'il y a de l'immoralité; mais vous trouvez une foule de gens qui vantent beaucoup le progrès général qu'a fait la société, et, en un certain sens, ils peuvent avoir raison, mais toujours en dehors du point qui nous occupe ici. Extérieurement, l'immoralité peut être un peu moins grossière que dans les temps passés; mais la grande question est ailleurs: Lequel des deux hommes est glorifié dans vos coeurs, du premier ou du second?

Or la pensée et les conseils de Dieu, en Christ d'abord comme centre, sont ordonnés pour notre gloire, afin que nous soyons entièrement retirés du monde en esprit. Dieu nous a appelés en Christ et par Christ, et nous a rendus propres à participer au lot des saints dans la lumière. Nos coeurs sont-ils là? Nos corps, sans doute, n'y sont pas encore; mais nos coeurs? «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu…; et nous savons que, lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est» (1 Jean 3: 1, 2). «Si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui», c'est-à-dire, si nous souffrons réellement quant à ce monde, quoique l'ayant, en même temps, lui, tout à nous, tandis que ce que nous serons n'est pas encore manifesté. Ensuite, jusqu'à quel point nos coeurs sont-ils attachés et fixés sur ce que nous allons être? Il est remarquable combien l'Ecriture insiste là dessus auprès des chrétiens. Voyez, par exemple, l'épître aux Colossiens: elle déclare que nous sommes morts, et que notre vie est cachée avec Christ en Dieu; que nous avons une même part avec Lui. Dieu a associé le chrétien à Christ; mais vos coeurs, chers amis, sont-ils ainsi associés à Christ? Ou bien le monde et sa figure se sont-ils emparés de vous? Cela nous regarde tous: nous avons tous à passer à travers ce monde, et c'est l'intention de Dieu que nous y marchions par la foi et non par la vue. Si un homme, fût-il le plus grand pécheur de la ville, voyait Dieu, il n'irait pas pécher dans sa présence. Les hommes sont comme les petits enfants à l'école: c'est quand le maître a tourné le dos qu'ils font toute sorte de mal.

Mais ne perdez pas de vue que Dieu commence par une parfaite rédemption: il ne faut pas qu'il reste pour vous le moindre nuage sur ce côté de la vérité. Votre épreuve et votre responsabilité n'ont rien à faire avec le jugement et avec votre acceptation devant Dieu, sur ce point, il n'y a pas de question. «Il n'y a pas de juste, non pas même un seul»; et si Dieu entrait en jugement avec nous, nulle chair ne serait sauvée; aucun d'entre vous n'échapperait. Si vous avez quoi que ce soit à faire avec le jugement, vous en remporterez certainement la condamnation, et rien de moins; et cependant nous serons tous manifestés devant le tribunal de Christ; cela demeure également parfaitement vrai.

Or Dieu, anticipant tout cela, révèle que vous êtes des pécheurs, et que dans votre chair il n'habite aucun bien; Dieu vous le montrera clairement afin que vous le sachiez, par vos craintes même, à la pensée de la venue de Christ, car vous ne vous sentiriez pas à votre aise s'il venait. Dieu vous amènera là, si vous devez trouver la paix. Il en a fini avec la chair, il l'a condamnée; et ainsi il ne peut vous profiter de rien d'en attendre quoi que ce soit de bon, car Dieu l'a condamnée. Le corps est mort à cause du péché (Romains 8: 10). S'il est vivant, il est vivant dans le péché. Je ne parle pas ici de qualités aimables, de ce qu'on peut trouver dans une créature, — dans un chien même; mais je demande si vous aimez faire votre propre volonté; car si vous l'aimez, vous êtes en rébellion contre Dieu. Or Dieu a racheté parfaitement le croyant de tout cela: il a passé à travers toute la scène de la responsabilité de l'homme, sans loi, sous la loi, puis, à la fin, il a envoyé son Fils qui a été rejeté, et qui dit alors: «Maintenant est le jugement de ce monde» (Jean 12: 31). est votre jugement: comme pécheurs, vous êtes de ce monde; vous lui appartenez, et vous avez été jugés dans son jugement à la croix. Etienne reproche aux Juifs qu'ils avaient reçu la loi par la disposition des anges et qu'ils ne l'avaient pas gardée: Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Vous résistez toujours à l'Esprit Saint, comme vos pères, vous aussi; vous avez tué les prophètes; vous avez rejeté le Fils de Dieu; vous avez résisté à l'Esprit Saint! Et toutes ces choses Etienne les dit du peuple de Dieu sur la terre. Tout cela, Dieu l'a jugé: et si, par la grâce, nous en avons été individuellement convaincus dans nos propres âmes, alors nous n'avons plus d'autre refuge que Christ; et la question n'est pas si vous avez failli dans votre responsabilité, mais si Dieu a failli dans son oeuvre. Là est toute la question; là aussi est la vérité de l'évangile.

Ce qui a ruiné l'Eglise (envisagée comme chose confiée à l'homme, et non pas comme l'oeuvre de Dieu), c'est qu'on a perdu la plénitude de la rédemption, je veux dire, le fait que l'homme n'est point maintenant devant Dieu dans sa condition d'enfant d'Adam, mais en Christ, Christ ayant achevé l'oeuvre de Dieu pour l'homme. Il faut que chacun apprenne cette leçon pour soi-même et en ait conscience dans sa propre âme pour soi-même. Les choses pour lesquelles il aurait fallu que Dieu jugeât l'homme, Christ les a portées; et plus que cela: Christ est devenu notre vie. En vertu de cette oeuvre qu'il a accomplie, nous pouvons dire que nous sommes morts avec lui, et qu'il est notre vie. Le premier arbre a pris fin, l'arbre aussi bien que ses fruits. Pour la foi, l'arbre tout entier a pris fin; et, par conséquent, celui qui croit peut dire: «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». Voilà le «moi» maintenant. Je n'admets pas que la chair soit encore «moi»: Christ est ma vie, «Christ vit en moi». C'est ici la délivrance, — je ne parle pas du pardon seulement. La délivrance, c'est que nous ne sommes nullement dans la chair, dans ce qui a la responsabilité de l'homme devant Dieu. La question de notre capacité est, par conséquent, absolument écartée. Christ est propre pour le ciel: quiconque est en Christ est aussi propre pour le ciel. Il faudrait que vous ajoutiez quelque chose à la valeur de l'oeuvre de Christ, avant que vous puissiez ajouter quelque chose à cette incontestable, précieuse vérité, que vous êtes «propre» pour le ciel.

Ensuite, il y a une autre chose. Dès que le chrétien est vu en Christ (il ne s'agit plus seulement de la vérité que Christ a porté mes péchés, mais du fait que je suis en Christ), il y a là une personne qui peut être scellée par l'Esprit de Dieu. Dès que l'homme est lavé par le sang de Christ, le Saint Esprit peut demeurer en lui. Il ne faut jamais confondre la vivification d'une âme avec la présence du Saint Esprit qui scelle l'oeuvre de Christ. Le Saint Esprit vivifie mon âme, et m'amène sous le sang d'aspersion par lequel je suis aussi blanc que la neige; — ensuite, le Saint Esprit vient pour habiter en moi qui suis ainsi lavé. Dieu me voit sans tache, parfaitement purifié, et le Saint Esprit est le sceau de cela et le sceau de Dieu sur moi, — et tout cela en vertu de la valeur du sang de Christ.

La présence du Saint Esprit est une conséquence de la rédemption. Lorsque Christ eut fait par lui-même la purification de nos péchés, il s'assit à la droite de la majesté dans les hauts lieux (Hébreux 1: 3). «Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 2: 33); et encore: «Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant: Abba, Père»; et ainsi nous avons la capacité de jouir de tout ce que Dieu nous révèle. Mais Paul dit: «Nous parlons la sagesse de Dieu en mystère»; mais même un Christ crucifié était une pierre d'achoppement pour un Juif, et une folie pour un Grec. Eh bien! vous pouvez être un Juif ou un philosophe, mais vous êtes un pécheur; et c'est là tout ce que Dieu sait de vous. Il faut que tous vous rencontriez Dieu à la croix de Christ.

L'Apôtre, ayant introduit la croix, poursuit en disant: «Nous parlons la sagesse de Dieu en mystère, la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée avant les siècles pour notre gloire, qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car s'ils l'eussent connue, ils n'eussent pas crucifié le Seigneur de gloire». Ici, il ne s'agit pas seulement de Christ crucifié, mais de Christ dans la gloire, d'un homme dans la gloire; et, en relation avec lui, Dieu peut révéler tous ses conseils. Christ, qui en est le centre, est actuellement un homme dans la gloire céleste; et puis, comme conséquence de cela, le Saint Esprit a pu venir ici-bas et révéler toutes ces choses. L'homme est dans la gloire de Dieu, là où le vit Etienne, au moment où l'homme comblait ses péchés en résistant à l'Esprit Saint. Alors le mystère est révélé. Le Saint Esprit, envoyé du ciel, nous associe à ce mystère sur le principe d'une place en Christ (le vieil homme étant mis de côté, «car vous êtes morts», dit l'Apôtre). L'homme n'ayant point de justice, nous sommes devant Dieu, en Christ, dans une justice qui est celle de Dieu. Maintenant le Saint Esprit peut révéler toute la gloire céleste; et c'est là ce qu'il fait pour le chrétien. Nous avons la vie, et nous avons la justice.

Permettez-moi de vous le demander, à vous qui professez de croire au Seigneur: Êtes-vous si fidèles à juger tout ce qui est de la nature, que ceci soit vrai pour vous. Il y a beaucoup à apprendre, je le sais; nous avons besoin d'être humiliés et éprouvés pour que Dieu nous fasse du bien à la fin; mais pourquoi? Parce que nous avons été rachetés d'Egypte. Il n'est question de rien de pareil à l'égard d'Israël jusqu'à ce que ce peuple ait été racheté d'Egypte. Votre coeur a-t-il pris sa place en dehors de ce présent siècle mauvais dont l'âme est délivrée; a-t-il pris cette place dans laquelle le second Adam vous a introduits?

Mais vous dites: Je ne connais pas les choses qui sont là. Et pourquoi ne les connaissez-vous pas? Ces choses n'ont-elles pas été révélées? On sait bien citer le passage: «Ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas ouï, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme; ce que Dieu a préparé pour ceux qu'il aime» (verset 9), pour montrer combien sont glorieuses ces choses de Dieu. Elles ne sont pas montées dans le coeur de l'homme: on s'arrête là; mais Dieu, dit l'Apôtre, «nous les a révélées par son Esprit». Ainsi l'Ecriture dit tout juste le contraire de ce qu'on veut lui faire dire. Dieu, vous le voyez bien, veut que nous connaissions ces choses. Nous pouvons avoir été de très mauvais écoliers, avoir très mal appris notre leçon, mais Dieu nous a donné un droit. — A quoi? — Simplement à être sauvés. — Est-ce là tout? — N'est-ce rien que de pouvoir dire: Je suis venu à Dieu, le juge de tous; je peux porter mes regards en bas sur les choses qui sont pour le jugement; — l'opprobre d'Egypte est ôté; — je suis en Christ; je vois la gloire du Fils de Dieu, du Fils de l'homme; du Fils, qui mérita l'amour de Dieu? Oui, Christ mérita l'amour de Dieu, car il dit: «A cause de ceci le Père m'aime, c'est que je laisse ma vie» (Jean 10: 17). N'est-ce rien que de voir l'Agneau immolé?

Où sera votre place? Avez-vous jamais pensé que nous allons lui être rendus semblables? «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste» (1 Corinthiens 15: 49). «Et nous avons reçu, non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu» (verset 12). Ce n'est pas la rédemption, quoiqu'il faille que nous la connaissions véritablement et que nous soyons au clair à son égard; c'est bien plus. Ici je vous demande de nouveau si vos âmes ont jamais goûté ce que c'est que d'être là où il n'y a que sainteté, où rien n'est en désaccord avec la nature de Dieu? Quelle joie! Il n'y a là rien absolument qui ne réponde à la gloire de Dieu comme Dieu, et à l'amour de Dieu comme amour! Christ est le centre de tout, et, en un certain sens, nous aussi, comme étant en lui. Nos âmes vivent-elles là? Vous recevrez «un caillou blanc»; mais vous dites: Aurai-je donc la joie de l'approbation de Dieu sur moi? — Oui, et «son nouveau nom» qui sera un secret entre vous et Christ. Est-ce peu de chose? N'y a-t-il rien dans l'approbation de Christ ainsi placée sur nous? Ne descend-elle pas dans votre coeur comme une joie inexprimable? — Et puis, n'avez-vous pas lu: «Et la gloire de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau est sa lampe» (Apocalypse 21: 23). Ah! si moi je vois l'Agneau au milieu du trône, je puis dire: Maintenant je suis réellement chez moi! Lui, dans sa gloire, efface tout le reste; le voir ainsi, comme il est, c'est le bonheur qui m'était préparé: Dieu le Tout-Puissant et l'Agneau sont le temple, là. Nous serons assis sur un trône avec Christ; — gloire conférée sans doute, mais qui n'en est pas moins réelle. Sera-ce peu de chose? Il n'y aura pas une pensée dans le coeur de Christ qui ne soit pas satisfaite à notre égard. Cela n'est-il rien pour nous? N'est-ce rien non plus, de voir l'Homme qui a souffert pour nous, maintenant glorifié? Or l'Esprit de Dieu a pris ces choses et nous les a révélées, afin que nous y vivions.

Remarquez aussi l'ordre des communications divines, à la fin du chapitre: «Qui des hommes connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui; ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Mais nous, nous avons reçu, non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données par Dieu, desquelles aussi nous parlons, non pas en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit» (versets 11-13). C'était une lampe allumée dans le coeur de Paul pour y briller comme une lumière brille à travers le verre de la lanterne. Les choses qui lui ont été révélées, l'Apôtre les communique maintenant par inspiration. Il les reçoit par révélation; il les communique par inspiration. Après cela, j'entends des hommes déraisonnant sur les Ecritures, et prétendant y discerner ce qui est juste et vrai, d'avec ce qui est faux! Je trouve tant de choses glorieuses dans la révélation donnée par inspiration, et voici les hommes qui viennent et contestent, et trouvent à redire! Quelle activité pour chercher des taches dans le soleil, et mesurer leurs protubérances, si possible, quand, depuis la création, le soleil a été la lumière du monde! Il y a donc eu d'abord la révélation des choses, puis leur communication par inspiration. Mais ensuite nous lisons: «L'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie; et il ne peut les connaître, parce qu'elles se discernent spirituellement; mais celui qui est spirituel discerne toutes choses» (versets 14, 15). Voici maintenant la réception de ce qui est révélé et inspiré. Il y a donc trois choses:

D'abord la révélation; — quelques-uns la nient absolument.

Ensuite la communication par le Saint Esprit, — quelques-uns ne nient pas que la parole de Dieu soit dans les Ecritures, mais ils ne veulent pas que l'Ecriture soit la parole de Dieu. Je réponds: l'Ecriture était une révélation de la part de Dieu à l'homme, sortie de l'homme aussi pure qu'elle y est entrée, selon qu'il est écrit: «Desquelles aussi nous parlons, non pas en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit», et ailleurs: «Nous ne sommes pas comme plusieurs qui frelatent la parole de Dieu», et nous avons donné les choses par inspiration, comme nous les avons reçues par révélation.

Enfin la réception. C'est le troisième pas qui explique l'incrédulité quant au premier: «L'homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu» (verset 14). Là est le secret de l'énigme. L'homme est un homme naturel, et il ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu; elles ne sont reçues que par la puissance de l'Esprit. «Car qui a connu la pensée du Seigneur pour qu'il l'instruise; mais nous, nous avons la pensée de Christ» (verset 16).

Quelle chose merveilleuse! Nous avons beaucoup de choses à apprendre encore, sans doute, mais la pensée de Christ nous a été donnée. Nous connaissons «en partie», pour ce qui est des détails; mais toutefois le conseil de Dieu en Christ, qui est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu, a été révélé; révélé par la croix, dans laquelle l'homme naturel a été foncièrement jugé, et en même temps comme conséquence de l'élévation du second homme à la droite de Dieu. Ce conseil de Dieu nous a été révélé par le Saint Esprit. Notre Seigneur a dit après sa résurrection: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu», c'est-à-dire: Si j'entre dans la gloire, j'y monte comme votre précurseur, car je vous place dans la même relation que moi. Dieu l'avait préordonnée pour votre gloire. Bien-aimés, croyez-vous que tous ces merveilleux conseils de Dieu sont préordonnés pour votre gloire?

Merveilleuse pensée de Dieu! Dieu nous montre les immenses richesses de sa grâce par sa bonté envers nous par Jésus Christ. Vos coeurs en sont-ils touchés? Ou bien, ce pauvre monde qui a rejeté Christ, vous enlace-t-il encore comme peuvent le faire les ronces quand nous traversons un champ. La puissance de l'Esprit divin a-t-elle séparé vos coeurs de ce monde, et fixé vos affections sur les choses qui sont en haut, et non sur celles qui sont sur la terre? Pensez-y! Si Christ est mort en amour et nous a donné cette place là où il est, vos coeurs vivent-ils avec ce à quoi il vous a amenés ou avec ce dont il vous a retirés? «L'amitié du monde», souvenez-vous-en, «est inimitié contre Dieu» (Jacques 4: 4). Que le Seigneur nous accorde de connaître l'amour inexprimable qui nous a donné de telles choses. C'est de la présomption, dit-on! Mais n'est-ce pas comme si le prodigue eût dit: «La meilleure robe» est trop bonne pour moi? Trop bonne! Qu'aviez-vous donc à faire dans la maison, à quelque titre que ce soit? Dieu s'est glorifié lui-même dans cette oeuvre merveilleuse de grâce; il faut que je sache prendre ma place selon que Dieu me l'a faite, et ne pas craindre de le faire. D'un autre côté, notre gloire est pauvre en un certain sens, comparée au privilège de le voir, Lui, glorifié.

Que le Seigneur vous donne de vivre de cette vie intérieure avec Christ, qui est pratiquement morte au monde et vivante à Dieu en Jésus Christ, afin de trouver le bonheur de son amour dans ces choses dont le Saint Esprit remplit nos coeurs.