L'attente de Christ et le travail pour Christ

ME 1876 page 408 - Matthieu 25: 1-30

 

Dans les deux paraboles que nous avons ici devant nous, le Seigneur est occupé de la responsabilité de ceux qui sont appelés pour être à lui, quelques-uns d'entre eux n'étant pas seulement appelés, mais appelés à agir, soit en pensée, soit dans les sentiments du coeur, soit par des actes extérieurs, en vue de son retour vers eux.

La venue du Seigneur n'est pas seulement une certaine doctrine particulière, elle n'est pas seulement le fait que Jésus reviendra, ce qu'admet tout homme qui s'appelle chrétien; mais elle est ce qui devrait caractériser, et ce qui, au commencement, caractérisait le chrétien. L'attente présente du Seigneur caractérise les chrétien. Les vierges, au chapitre 25 de Matthieu, étaient sorties à la rencontre de l'Epoux; les Thessaloniciens pareillement, selon le dire de l'Apôtre, avaient été convertis pour attendre du ciel le Fils de Dieu (1 Thessaloniciens 1: 10): ils avaient été convertis pour attendre. Ainsi, au chapitre 24 de Matthieu, l'esclave ne nie pas que son Seigneur doive venir; mais ce méchant esclave dit en son coeur: «Mon maître tarde à venir»; il en est de même pour les vierges: «Elles s'assoupirent toutes et s'endormirent». La venue du Seigneur n'était pas niée, comme vérité, quoique de fait elle l'ait été en grande mesure, mais elle avait cessé d'être une attente présente. C'est pourquoi le Seigneur, quand il exhorte ses disciples, leur dit (Luc 12: 35): «Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur Seigneur…»; puis il ajoute: «En vérité, je vous dis qu'il se ceindra et les fera mettre à table, et s'avançant, il les servira». Il se fait serviteur, pour les faire jouir de ce que son amour a préparé pour eux.

J'insiste donc sur ce point que, plus nous étudions les Ecritures, plus nous voyons que l'attente du Seigneur était continuellement, comme un principe élémentaire, devant les coeurs des saints. Les Thessaloniciens n'étaient guère convertis que depuis un mois; Paul n'avait passé auprès d'eux que quelques semaines une persécution s'était élevée, et avait amené son renvoi; toutefois, il avait placé la venue du Seigneur comme vrai objet d'attente devant les Thessaloniciens. Aucune épître n'est aussi pleine de la venue du Seigneur que les épîtres aux Thessaloniciens, — dans la première, pour la joie des saints, le Seigneur venant pour les prendre à lui; — dans la seconde, selon toute la solennité de sa venue en jugement. Les Thessaloniciens, comme je viens de dire, étaient tout nouvellement convertis; cependant ils avaient appris tout cela: la venue du Seigneur était pour eux un objet de présente et actuelle attente. «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu», leur écrit l'Apôtre, «pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils». Deux choses les caractérisaient: ils étaient sortis à la rencontre de l'Epoux, et ils le servaient en attendant qu'il vînt. Ils étaient semblables à des hommes qui attendent leur maître. Comme nous, même les hommes inconvertis savent parfaitement que, si les saints attendaient Christ, leurs vies tout entières seraient changées. Il n'est pas un homme qui ne sache cela. Pensez-vous que les hommes s'occuperaient à amasser des richesses, ou à se parer d'élégants vêtements, pour s'en aller au devant du Seigneur? Sa venue, si elle était devant l'âme comme une chose présente, changerait tout dans notre vie; et c'est à cette fin que le Seigneur appelle les siens à l'attendre. «Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées»; autrement dit, que tout dans votre coeur soit en ordre, que vos âmes soient toujours dans cet état d'attente, comme un portier à la porte, «afin que, quand il viendra et qu'il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt» (Luc 12: 36).

C'est là ce que le Seigneur aime à voir dans ses saints.

Cette grande vérité de la venue du Seigneur, nous la retrouvons vivement accentuée tout le long de la première épître aux Thessaloniciens. Ce qui caractérisait ces saints, c'est qu'ils attendaient le Seigneur: leur foi envers Dieu se répandait, et le monde disait: Quelles singulières gens! Ils ont abandonné toutes leurs idoles (et vous pouvez avoir des idoles, sans être des païens); ils ont trouvé un Dieu vivant et vrai, et attendent son Fils du ciel pour être introduits là, et y être toujours avec lui! Le monde en un sens prêchait l'évangile en disant ces choses. Parce que les Thessaloniciens attendaient du ciel le Fils de Dieu, leur marche et leur conduite, en vue de cette venue, devenaient un témoignage dont tout le monde s'entretenait; ce témoignage attirait sur eux la persécution, mais c'est là une autre chose. Au second chapitre, l'Apôtre parle de la venue de Jésus en rapport avec la joie dans le service: «Vous êtes notre espérance, notre couronne et notre joie!» Il se réjouit de ce qu'il aura cette couronne et cette joie quand le Seigneur viendra, «car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions? N'est-ce pas bien vous qui l'êtes devant notre Seigneur Jésus, à sa venue?» Au troisième chapitre, la même vérité nous est présentée, en rapport avec la sainteté: «Pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père, en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints: l'Apôtre cherche l'effet pratique de l'attente sur leur conduite. Ensuite, au chapitre 4, il explique comment les saints s'en iront dans le ciel: «Les morts en Christ ressusciteront premièrement, puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées, au devant du Seigneur, en l'air; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». Si Christ doit venir pour exercer le jugement (je parle du jugement des vivants), lorsqu'il viendra ainsi pour juger le monde, nous viendrons avec lui: c'est un autre côté de la même grande vérité, et un côté très précieux, qui fait ressortir combien nous sommes entièrement associés avec Christ. Au chapitre 5, le Seigneur parle de la même manière: il y présente plutôt le jugement et le jour du Seigneur, avec quelques traits remarquables: «Car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront paix et sûreté, alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs à celle qui est enceinte; et ils n'échapperont point». Les éléments de la chose sont manifestes déjà maintenant, quoique le vrai temps de son accomplissement ne soit pas encore venu; mais c'est quelque chose de bien solennel. Il y a une apparence de contradiction, puisque d'un côté les hommes disent: «Paix et sûreté», tandis qu'en même temps «ils rendent l'âme de peur et à cause de l'attente des choses qui viennent sur toute la terre habitée» (Luc 21: 25-27). C'est précisément ce que nous voyons maintenant autour de nous: tout le monde parle de civilisation et de progrès, et cependant tout est confusion, et les hommes ne savent pas ce qui va arriver!

Mais je désire considérer ici la venue du Seigneur en rapport avec les saints. Toutes les épîtres, sauf celles aux Galates et aux Ephésiens, s'occupent de ce grand sujet, comme aussi les évangiles. Lorsque le Seigneur console et encourage ses disciples, quelles sont ses premières paroles? «Que votre coeur ne soit pas troublé…; je vais vous préparer une place; et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai». C'est la chose que le Seigneur met en avant tout premièrement; et je désire montrer ici, comment la parole de Dieu la maintenait devant les coeurs des saints, afin qu'ils vécussent dans cette attente de sa venue. Au chapitre 1 du livre des Actes, lorsque le Seigneur est élevé dans le ciel, les anges disent: «Pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel? Ce Jésus qui a été enlevé d'avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel». Le Seigneur lui-même, en quittant ce monde, laisse aux disciples cette consolation: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi»; et quand les anges consolent ces mêmes disciples, ils disent: «Il reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel». Dieu veut faire ainsi de l'attente du Seigneur une réalité pratique dans le coeur des disciples; et à la dernière ligne de l'Ecriture, nous lisons: «Je viens bientôt. — Amen, viens Seigneur Jésus!»

Plus l'Ecriture vous deviendra familière, plus vous verrez que la venue du Seigneur n'est pas seulement une vérité enseignée, mais une vérité que l'Esprit place devant les coeurs et les pensées des disciples, afin qu'ils attendent habituellement le Seigneur. Cette attente, si elle était réelle, changerait toute la vie, quoiqu'on en dise: tout homme inconverti même le sait très bien. — On accomplirait, cela va sans dire, ses devoirs journaliers et on y vaquerait avec d'autant plus de diligence. Le Seigneur (Luc 12: 37) dit: «Bienheureux ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant»; il est là pour les rassasier de bénédiction céleste. Ensuite, quand il s'agit de leur service, il dit: «Qui donc est l'économe fidèle et prudent que le maître établira sur tous ses serviteurs, pour leur donner leur ration de blé au temps convenable? Bienheureux est cet esclave-là que son maître, quand il viendra, trouvera faisant ainsi». S'il s'agit de l'état du coeur, attendre Christ c'est la félicité céleste avec lui; s'il s'agit du service, c'est une part au royaume.

Dans tous ces passages, et ailleurs dans l'Ecriture, la venue du Seigneur est tenue comme une chose présente devant le coeur. Pour un inconverti, rien ne peut être plus solennel que d'être tenu dans une continuelle attente, car il ne peut pas dire que le Seigneur ne vienne pas cette nuit. Le Seigneur seul sait quand il viendra. Il voulait que les siens l'attendissent; et, s'ils l'attendaient, le témoignage serait rendu, et un témoignage que le monde discernerait très bien. Le monde pourrait les haïr et les persécuter, mais il verrait que les saints ont quelque chose que lui n'a pas, quelque chose qui les caractérise dans toute leur marche et dans toutes leurs affections.

La venue du Seigneur se présente à nous sous deux faces: Jésus vient prendre les siens auprès de lui pour qu'ils soient avec lui, et puis il vient en jugement. Ainsi donc, il faut d'abord que le jugement ne m'inspire plus aucune sorte de crainte, ni de terreur; mais il faut aussi, pour que j'attende le Seigneur réellement, que Celui qui vient soit l'objet de mes affections et de ma joie. Si vous me disiez que quelque étranger va venir, je ne m'en mettrais pas en souci; mais si vous me disiez que ma mère ou ma femme va venir, quelle différence! Il faut donc, pour que l'attente du Seigneur soit réellement notre désir, que toutes les questions relatives au jugement aient été vidées, et que nos affections soient fixées sur le Seigneur. La première venue du Seigneur nous donne cela: «Nous attendons des cieux son Fils…, Jésus qui nous délivre de la colère qui vient». La colère vient; mais nous savons que le Seigneur viendra avant la scène du jugement, et sa venue est celle de Celui qui a accompli l'oeuvre de la rédemption: nous attendons Celui qui nous a délivrés. Le jugement n'est pas pour nous un objet de crainte.

Un mot sur ce point. A la première venue du Seigneur Jésus, lorsqu'il est venu dans le monde, tout ce dont Dieu aurait dû s'occuper en jugement à sa seconde venue, Dieu, pour le croyant, s'en est occupé à la croix. Celui qui doit venir comme juge est venu comme le Sauveur. L'évangile me le présente ainsi. Celui qui doit venir comme juge est venu d'une manière et sous un caractère absolument différent; il est venu comme un Sauveur. «Dieu était en Christ réconciliant le monde avec lui-même»; «Il a fait péché pour nous Celui qui n'a pas connu le péché». Si je crois le témoignage que le Seigneur vient, mais que je ne sois pas prêt à le voir venir, je craindrai le jugement; alors je regarde vers Jésus à sa première venue et je vois qu'il m'a délivré de la colère qui vient. Dieu s'est occupé des hommes, quant à leurs péchés, en grâce, avant de s'occuper d'eux en jugement; il s'occupe d'eux, comme pécheurs responsables et perdus, mais non pas en jugement: — «Il est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu». C'est ainsi que Christ s'est présenté à sa première venue.

En supposant donc que mon coeur regarde vers Jésus, je demande (et le point est de toute importance): Comment Christ est-il venu dans le monde? C'est pour vos péchés qu'il est venu. Mais quel a été le motif qui l'a amené ici-bas? Qui est-ce qui a mis dans le coeur de Dieu de l'envoyer? Sont ce mes désirs qui l'ont appelé, ou mes soupirs? Nullement. Quand il est venu, les hommes l'ont rejeté! Je suis amené ainsi à cette simple et bienheureuse vérité: «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique» (Jean 3: 16); je suis amené à la connaissance de ce qui était dans le coeur de Dieu, de ce qui a été démontré par ses actes. Dieu a pensé à ce que j'étais quand je n'étais qu'un pécheur et que j'avais besoin de son amour, et, comme dit l'Apôtre: «Dieu a constaté son amour à lui envers nous en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous». Dieu me révèle ainsi la vraie source de la venue de son Fils en grâce: cette source, elle est dans son coeur. C'est à cause de son amour que son propre Fils est devenu homme et a ôté le péché, pour lequel il aurait fallu qu'il me jugeât s'il ne l'avait pas ôté ainsi. Je trouve donc le Fils de Dieu comme Sauveur, avant qu'il devienne un Juge. Voyez dans quelle position nous sommes placés: Dieu a été occupé déjà de mes péchés à la croix; et quand cela? Il y a bien des siècles. J'apprends ce fait précieux que D'eu s'est occupé ainsi de mes péchés. Il sait tout ce qui me concerne. Je vois, à la croix, le Fils de Dieu portant mes péchés en son corps sur le bois, et la foi dit: «Jéhovah a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous». Le Fils de Dieu a porté mes péchés; il a sué des grumeaux de sang à la pensée de ces péchés, mais il les a portés; dans son immense amour il a été fait malédiction; il a courbé sa tête sous ce poids terrible et il en a été chargé. Tout était contre lui. La puissance de Satan était là, brisée par lui, mais présente cependant, — et puis tout ce que Dieu est contre le péché. Il descend ainsi dans la mort et dans le sépulcre; mais Dieu l'a ressuscité et glorifié maintenant. Où sont tous les péchés qu'il porta? Les porte-t-il encore dans la gloire?

J'apprends donc cette grande et précieuse vérité que le Sauveur s'est donné lui-même pour moi, et que Dieu s'est occupé de mes péchés avant la venue de Christ comme juge — ce que l'Apôtre appelle «la frayeur du Seigneur» (2 Corinthiens 5: 10, 11). Mais lorsque le croyant arrive devant le tribunal, il y trouve Celui qui a ôté tous ses péchés, et il a la ferme et paisible conscience que ses péchés ne sont plus; car «Il a fait la paix par le sang de sa croix». Dieu a attesté la valeur de ce sang en ressuscitant Christ d'entre les morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans la gloire; et il vous a donné la paix, afin que vous connaissiez et que vous croyiez l'amour que Dieu a pour vous. «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous». Dieu a présenté Christ pour propitiatoire (Romains 3: 25); et au lieu de craindre la venue de Christ, elle est pour moi un sujet de joie. Je ne pourrais pas désirer qu'il vienne s'il était un étranger pour moi; mais voici comment Christ a lié et ramené nos coeurs à lui: «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2: 20). Christ s'est donné lui-même pour nous, sans réserve, absolument. Il n'a pas donné seulement sa vie, son précieux sang, mais il s'est donné Lui-même. Il est pour moi Celui qui m'a aimé et qui a purifié ma conscience (Hébreux 9: 14); et il n'a pas seulement parfaitement purifié ma conscience, mais mon coeur est libre auprès de lui, parce que j'ai appris l'amour parfait de Celui qui s'est livré pour moi.

Maintenant j'entre dans le courant des affections divines: le Seigneur Jésus vient, et je m'en réjouis! Celui dont le visage a été défait plus que celui d'aucun homme, Celui qui nous a aimés, qui s'est chargé lui-même d'ôter nos péchés, qui but la coupe amère, qui a ôté ma frayeur, et l'a ôtée justement, je l'attends maintenant! Dieu m'a placé là. Je dis: Oh! que ne donnerais-je pas pour le voir, lui qui a enduré pour moi la croix, où était la puissance de Satan et la colère de Dieu! Mais son amour était plus fort que la mort! Rien ne l'arrêta. L'amour dont il nous aima traversa ce qu'aucun coeur ne peut sonder, l'amertume de la mort et de la croix; l'oeuvre est achevée et accomplie; Celui qui m'aime ainsi devient l'objet d'une affection qui possède et gouverne entièrement le coeur. Ce dernier soupire après lui, désire de le voir, tandis qu'Il nous donne la bienheureuse assurance que nous le verrons, plus encore, que nous lui serons semblables. «Nous savons que lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est» (1 Jean 3: 2).

Ainsi, ce que Dieu place devant le chrétien, c'est que Christ lui-même viendra. Il attend maintenant; mais il viendra et nous prendra auprès de lui, afin que là où il est, nous y soyons aussi (Jean 14: 3). Le coeur l'attend donc; Christ attend aussi; il attend jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds. Le Seigneur ne tarde pas, pour ce qui concerne sa promesse. Quant aux désirs de mon coeur, j'attends de voir Christ, d'être semblable à Christ, et je sais que je le verrai et que je lui serai semblable, parce que j'ai sa Parole qui me dit: «Nous savons que, lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est».

(A suivre)

 

Deux choses rendent le coeur propre pour attendre: la première venue du Sauveur, en grâce, «la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue», — et sa seconde venue, en gloire «attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s'est donné lui-même pour nous». La grâce de Dieu a apporté le salut, puis elle nous enseigne, en résumant toute la vie chrétienne, que, reniant l'impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle, sobrement, justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance (Tite 2: 11-14). La grâce est apparue apportant le salut et nous attendons la gloire. Ces paroles de l'Apôtre résument la condition tout entière du chrétien, sauf que nous n'y trouvons pas le Saint Esprit qui nous a été donné pour être «les arrhes de l'héritage». Le chrétien est un homme qui

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se trouve placé, entre la première venue de Christ, le Saint Esprit demeurant en lui, et la seconde venue de Christ. Il regarde en arrière vers la perfection de ce que Christ a fait; il regarde en avant, attendant d'être avec Christ et semblable à lui, faisant comme une mère qui attendrait son enfant d'un pays éloigné, attendant toujours, parce que son coeur est attaché à celui qui vient. Ce qui forme les affections, c'est d'attendre ainsi Christ pour nous retirer de ce monde auprès de lui. L'amitié du monde est inimitié contre Dieu; mais, si nos coeurs sont avec le Seigneur, nous l'attendons pour qu'il nous retire de ce monde. Il faut que nous sachions attendre le temps de Dieu; mais, connaissant la valeur de la première venue de Christ, comme des hommes enseignés de Dieu et dans lesquels le Saint Esprit demeure, nous avons appris à aimer ce Sauveur béni, et nous l'attendons. Le salut est accompli, et l'espérance est certaine parce que Christ l'a accompli; car le précieux fondement sur lequel repose l'espérance du chrétien, c'est la première venue de Christ comme Sauveur. L'objet tout entier de sa venue en jugement a déjà trouvé sa réponse pour le croyant par sa venue en grâce. Maintenant la venue du Sauveur est, pour nous tous, joie et félicité: il vient pour nous ressusciter ou nous changer, et nous rendre semblables à lui dans la gloire, et sa première venue en fournit le fondement.

La parabole des vierges vient se placer ici. Nous y trouvons l'avertissement spirituel de l'apparition

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de Christ. «Comme l'Epoux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent». Remarquez, et j'insiste sur ce point, le Saint Esprit prenant un soin tout particulier de garder l'attente de la venue de Jésus comme chose présente dans nos coeurs, que ni dans cette parabole, ni ailleurs dans les Ecritures, aucune circonstance quelconque n'autorise quelqu'un à renvoyer cette venue au delà de la durée de sa propre vie. Ainsi, dans la parabole qui nous occupe, les vierges qui s'endormirent sont les mêmes vierges qui se réveillent. Il en est de même dans la parabole du serviteur. Le Saint Esprit ne veut jamais donner aucun signe précurseur positif de la venue du Seigneur, de peur d'affaiblir l'attente présente: c'est un point moral qui affecte la condition de l'âme. Le méchant serviteur dit: «Mon maître tarde à venir». C'est là le jugement de l'église professante.

Mais revenons à la parabole des vierges et à son application individuelle: «Elles sortirent à la rencontre de l'Epoux». Elles sortirent pour cela; c'était ce qui les caractérisait. Toutes portaient leurs lampes; c'était leur profession: seulement les folles n'avaient point d'huile. «L'Epoux tardait»; alors nous trouvons, non pas ce qui aurait dû être, mais ce qui était le fait, que toutes s'endormirent. Comment se fait-il, dit-on, que depuis dix-huit cents ans tout cela soit demeuré caché aux hommes et que tous se soient endormis, les vierges sages aussi bien que les folles? «Comme l'Epoux tardait, elles s'assoupirent

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toutes, et s'endormirent». Pourquoi les aurait-on séparées pendant qu'elles dormaient? Mais, dès qu'elles se réveillent au cri: «Voici l'Epoux, sortez à sa rencontre», elles sont ramenées à leur point d'origine: «Alors toutes ces vierges se levèrent et apprêtèrent leurs lampes»; immédiatement, elles ont quelque chose à faire. Puis vient la séparation: «Et les folles dirent aux prudentes: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent». Après le cri: «Voici l'Epoux», qui réveille les vierges, l'Epoux tarde assez longtemps pour mettre les coeurs à l'épreuve, et pour manifester s'ils possèdent la vraie grâce qui les tient dans son attente. C'est maintenant le temps du jugement, non pas le temps pour s'en aller chercher de l'huile: celles qui n'avaient point d'huile ne purent entrer; la porte avait été fermée. C'est un solennel avertissement: les vierges se sont assoupies toutes ensemble, mais, dès que les folles réveillées au sentiment de leur état, reconnaissant qu'elles manquent de la grâce, c'en est fait d'elles! Il ne peut y avoir d'avertissement plus solennel que celui-là.

«Bienheureux est cet esclave-là que son maître, quand il viendra, trouvera faisant ainsi». «Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l'heure». Laissez-moi vous demander si vous en êtes là, cher lecteur, si vous faites ainsi? Vos affections sont-elles assez fixées sur le Seigneur pour que, sans interruption, vous veilliez et l'attendiez, ne sachant ni le jour ni l'heure, et que, s'il venait,

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vous qui ne vous endormirez pas, puissiez dire: C'est ici le Seigneur, nous l'avons attendu? Vos coeurs l'attendent-ils réellement, et soupirent-ils après sa venue? Soumis aux voies de Dieu, pour ce qui concerne le temps, attendez-vous toujours Christ, avec vos reins ceints et vos lampes allumées, de sorte que vous pourriez lui ouvrir immédiatement s'il venait à cet instant? Je pense à l'état de votre coeur, et je me demande si, au cas où Christ viendrait en ce moment, c'est bien Lui que vous attendiez? Quand il viendra, tous ses saints seront avec lui, et tous seront glorifiés.

Passons maintenant à la seconde partie de notre sujet, le service. Comme au chapitre 12 de Luc qui nous parle non seulement de l'attente, mais aussi du service, nous trouvons aussi, au chapitre 25 de Matthieu, après la parabole des vierges, les versets 14 à 30 qui nous parlent du serviteur. Matthieu traite plus de la souveraineté de Dieu que la parabole correspondante de Luc (chapitre 19: 11-27), où il est davantage question de la responsabilité de l'homme. Le Seigneur, dans Matthieu, donne à chacun selon sa propre capacité; à l'un cinq talents, à un autre deux, etc. Chacun sera responsable pour ses biens temporels, mais ce n'est pas là un talent. Les talents sont ce que Christ donna quand il s'en est allé: «Il a donné des dons, — des apôtres, des prophètes, des évangélistes», etc. (Ephésiens 4). Il n'a pas donné des richesses! J'admets parfaitement que celui qui en possède en est responsable; mais ce n'est pas le sujet dont il est ici question.

Ainsi donc, lorsque Christ s'en alla, il appela ses propres esclaves et donna à chacun selon sa propre capacité; puis, quand il revient, il règle compte avec eux. Celui qui avait reçu les cinq talents, par son trafic en avait acquis cinq autres; celui qui en avait reçu deux, en avait acquis deux; mais le Seigneur de ces esclaves, dans ses voies de grâce et de sagesse, dit à tous les deux également: «Entre dans la joie de ton Seigneur». Ensuite vient le troisième esclave. Ce qui le caractérise c'est le manque de confiance dans le caractère de son maître. Ce n'est pas l'huile dans sa lampe qui manque; ici la question est autre; l'esclave dit: «Seigneur, je te connaissais, et je savais que tu es un homme dur, etc». Il ne connaissait pas le prix de la grâce qui était dans le coeur de Christ. Les autres esclaves avaient la pensée de Christ; ils avaient confiance en son amour; ils étaient par conséquent de bons et fidèles esclaves. La responsabilité du service dépend donc de la connaissance du coeur de Christ. Le méchant esclave disait: «J'ai craint, et je m'en suis allé et j'ai caché ton talent dans la terre»; il jugeait d'après son propre coeur égoïste; les autres se confiaient au coeur de leur Seigneur et agissaient en conséquence. Christ compte sur nous, qu'il s'agisse simplement d'une coupe d'eau froide ou du don d'un apôtre; il compte sur son serviteur et s'attend à ce qu'il soit fidèle! Si vous avez cinq talents, faites-les valoir; si vous avez une coupe d'eau froide, faites-la valoir. Nous apprenons ainsi ce précieux principe que, la grâce parfaite ayant été exercée (et nous avons vu comment elle l'a été), le coeur se confie joyeusement, en toute simplicité, à cette grâce, — se confie au Seigneur lui-même.

Voyez maintenant, dans l'histoire de Pierre, comment tout ceci se lie à la conscience. Il fallait que Pierre apprit à se connaître: il avait confiance en lui-même, et sa confiance fut anéantie; il connaissait peu Christ. Voyez maintenant les voies du Seigneur envers lui. Jésus dit: «Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé, mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas». Et la foi de Pierre ne défaillit pas; Pierre avait besoin d'être criblé; cela était bon pour lui, et pour nous il est souvent bon d'être criblés et humiliés. Si le Seigneur l'avait laissé à lui-même, c'en eût été fait de Pierre. Le Seigneur était sur le point d'être crucifié, faisant face aux assauts de ses ennemis acharnés; mais jamais vous ne le voyez dans une position ou dans des circonstances, quelles qu'elles soient, où, si quelqu'un avait besoin de Lui, son coeur ne fût pas libre de s'épancher pour pourvoir à ce besoin. Il regarde Pierre, et le coeur de Pierre est brisé, car il a saisi le regard du Seigneur juste au moment convenable, et il pleure amèrement sur son péché. Ensuite, quand le Seigneur revient à Pierre, il lui donne une autre leçon. Jésus dit: «Eh bien, Pierre, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?» C'est ce dont Pierre s'était vanté, Jésus ne dit pas: «Pourquoi m'as-tu renié?» mais: «M'aimes-tu, etc.?» Il sonde, il éprouve le coeur de Pierre, afin de le placer dans la vérité devant lui. «Seigneur, tu connais toutes choses», dit Pierre, tu sais ce qui est au fond de mon coeur. Puis, lorsque Pierre est foncièrement humilié, dans la poussière au sujet de son péché, le Seigneur lui confie ce qui lui est le plus cher. Dès qu'il a entièrement brisé Pierre et lui a appris à ne pas se confier en lui-même, Jésus dit: «Si tu m'aimes, pais mes brebis». Dans l'exercice de la grâce parfaite il a confiance en Pierre, parce qu'il avait appris à Pierre à ne pas se confier en lui-même. Voyez maintenant comment Pierre se lève et dit aux Juifs: «Vous avez renié le Saint et le Juste!» Est-ce que Pierre rougit? Il reproche aux Juifs et place sur leurs consciences les mêmes choses que lui avait faites. Et comment? Parce que maintenant sa conscience est aussi blanche que la neige. Il avait appris à se confier en l'amour de Christ. Il peut reprocher aux Juifs les péchés qu'il avait commis lui-même; sa conscience est purifiée. Il a été foncièrement éprouvé; mais, par l'oeuvre de Christ et la puissance du Saint Esprit, il peut se lever et parler de son propre et terrible péché, exactement comme je puis m'adresser à un pécheur et lui dire: «Tu es perdu dans tes péchés; c'est ce que j'étais moi-même».

Cette confiance dans le Seigneur est la source de tout vrai service, confiance pleine et bienheureuse dans la grâce de Christ, dans son cœur pour nous, qui sommes indignes de tout. Il a eu confiance en nous, et le coeur se confie en lui; le serviteur s'en va, dans le sentiment de son amour, pour le servir et faire valoir les talents qu'il a reçus de lui, ce qui en découle, c'est que nous entrons dans la joie de notre Seigneur, avec lui et semblables à lui. Il n'y aura pas une âme que mon coeur ne jouira pas de voir là. Après la gloire de Christ lui-même, la chose la plus précieuse est certainement de voir ses saints avec lui, semblables à lui. Quel est maintenant le grand désir du coeur, si ce n'est de les voir semblables à Christ autant qu'il est possible? Alors, ils le seront parfaitement. Christ va venir et nous prendre auprès de lui pour nous faire entrer dans sa joie. «Entre dans la joie de ton Seigneur».

Si donc vous désirez bien marcher et être heureux, reposez-vous sur l'oeuvre parfaite de Christ à sa première venue (le Saint Esprit demeurant en nous), et attendez la bienheureuse espérance dans la vraie liberté du service, et dans la confiance que, lorsque Christ viendra, ce sera pour nous faire entrer dans ce lieu bienheureux de joie avec lui. C'est sa propre joie qu'il donne. La joie de nos coeurs est de nous dire que le Fils de Dieu vient, qu'il vient bientôt, pour nous prendre auprès de lui.

Que le Seigneur vous donne de comprendre que l'âme est placée devant Dieu sous l'efficace de l'oeuvre qu'il a accomplie à sa première venue, en sorte que, avec une invariable confiance, vous attendiez sa seconde venue, disant: «Amen, viens Seigneur Jésus!» L'état d'une âme, dans l'Eglise, dépend réellement de la sainte, continuelle, et bienheureuse attente de Christ venant pour nous.