Shadrac, Méshac, Abed-Nego et la fournaise de feu

ME 1876 page 474 - Daniel 3

 

Dieu nous présente dans sa Parole des exemples frappants de certains principes qui sont de tous les temps: la forme en peut varier, mais les principes restent les mêmes. Ainsi il est toujours vrai que, lorsque les circonstances ordinaires de la vie ne sont pas difficiles, nous sommes prompts à oublier Dieu et à nous appuyer sur l'homme. Tout péché, par sa nature, est toujours semblable à celui d'Adam, mais le péché d'Adam nous est rapporté comme exemple frappant dans ses conséquences.

Nebucadnetsar, dont le prophète nous parle dans le chapitre que nous avons devant nous, représente les principes de la puissance mondaine qui ne s'appuie pas sur Dieu. Dieu lui avait fait une place (voyez en particulier Daniel 2: 36-38) qui lui imposait une responsabilité d'autant plus grande de glorifier Dieu. Il avait reçu la domination sur toute la terre; il était très puissant: son coeur s'éleva, et il abandonna le vrai Dieu, quoiqu'il eût reconnu qu'il n'y en avait point de pareil à celui des Juifs (Daniel 2: 46, 47). Il voulut tout s'assujettir selon sa sagesse; il voulut avoir un Dieu à lui, un Dieu qui dépendît de la volonté de l'homme et de la volonté du dépositaire du pouvoir impérial. La providence de Dieu avait amené à sa cour quelques Juifs; et la question de savoir si le peuple de Dieu doit se soumettre à la volonté de l'homme est ainsi soulevée.

En principe, les Juifs devaient se soumettre à Nebucadnetsar. Mais il est un autre principe divin, c'est que chacun garde une bonne conscience devant Dieu; et, si l'autorité humaine demande une chose opposée à Dieu, le peuple de Dieu ne lui doit pas obéissance (Comparez Actes des Apôtres 4: 18-20; 5: 27-32). L'homme qui a la foi, qui croit à la vérité, soumis au roi, comme nous l'apprennent les chapitres précédents, puisque le roi est établi de Dieu (*), ne l'est pas au faux Dieu que le roi a établi, en reniant Celui de qui il tient l'autorité et que le fidèle reconnaît toujours. Ces cas sont très pénibles parce qu'il faut se soumettre alors pleinement aux conséquences de l'obéissance à Dieu et de la désobéissance à l'homme. Dieu veut souvent que nous ayons à souffrir ainsi à l'égard de la conscience, peut-être même de la part de ceux qui nous sont le plus proches, de la part d'un parent, d'un ami (**). Dans tous ces cas, l'appui de Dieu est caché et la puissance du monde est manifeste. Tous les satrapes et les gouverneurs entourent le roi (verset 3): c'est une gloire visible. La foi des Hébreux repose sur quelque chose qui ne s'est pas vu et ne se voit pas. De même maintenant tout chrétien a éprouvé qu'il faut s'appuyer sur Dieu seul.

(*) Comparez Romains 13; 1 Pierre 2: 13-17; etc.

(**) Voyez Matthieu 10: 24-42.

Dieu veut que notre foi soit mise à l'épreuve. Les trois Hébreux avaient été avancés dans le monde (chapitre 2: 49); dans leurs circonstances ils étaient, pour Dieu, trop près du monde. Plus un chrétien est lié avec le monde, plus il est en danger; plus il a à perdre et à souffrir, parce que Dieu veut que les liens qui le rattachent au monde soient rompus. Quoique Dieu se cache, les voies de l'homme ne lui sont pas cachées; il voit les circonstances dans lesquelles les siens se trouvent, et il demande la fidélité: il permet que cette dernière soit éprouvée, là où le mal subsiste; mais Dieu peut délivrer et délivrera, et à la fin il paraîtra comme Dieu.

Les trois Hébreux répondent avec calme et simplicité (versets 16-18). Dieu ne les délivre pas de l'épreuve et n'empêche pas qu'on les jette dans la fournaise; il permet à Nebucadnetsar de faire tout ce qu'il peut: le monde est le plus fort. C'est la manière de faire de Dieu, même lorsque Jésus est livré à la mort. C'est ainsi qu'il agit, parce qu'il y a une meilleure délivrance. Il n'empêche pas que nous souffrions, mais il manifeste sa puissance pour nous d'une manière tout à fait inattendue pour le monde (Lisez sur ce point 2 Chroniques 16: 8, 9). La délivrance peut ne pas être apparente au moment même; les trois Hébreux ont dû sentir la puissance du monde et sentir que sa fin est la fournaise. Le chapitre 1 du prophète Ezéchiel nous montre les yeux de la providence de Dieu se promenant sur la terre, et en Apocalypse 5: 6, nous voyons toute la providence de Dieu en Jésus, l'Agneau immolé qui est au milieu du trône et qui a les sept cornes et les sept yeux. Rien n'échappe à la vue et à la main de Celui qui est mort pour nous. Que notre oeil seulement s'attache à lui! Toutes nos souffrances, vues ainsi à sa lumière, nous conduisent vers la gloire. L'homme met en avant toute sa force et toute sa colère; Nebucadnetsar jette un défi à Dieu: «Qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main?» — Dieu laisse faire, et les fidèles sont jetés dans la fournaise. Ils ne résistent pas; ils ne veulent pas faire la volonté du roi en violant leur conscience et en méconnaissant les droits de Dieu; mais ils se soumettent complètement à la volonté de l'autorité humaine quant à leur corps. L'ardeur du feu détruit les instruments de la vengeance de l'homme. Dieu intervient en faveur des fidèles: l'effet de leurs souffrances, là où la providence de Dieu les a conduits pour leur fidélité, est de brûler leurs liens et de leur faire trouver la présence de Celui qui a la forme d'un Fils de Dieu (verset 25). Il en est de même pour nous. Si nous avons accepté quelque chose du monde, c'est quelque chose que Satan nous a vendu; cela doit être brûlé. Le feu consume les liens; et le Fils de Dieu, qui auparavant était caché, se montre dans la fournaise: «Je vois quatre hommes déliés qui marchent au milieu du feu… et la forme du quatrième est semblable à un Fils de Dieu». Les trois Hébreux ne s'y attendaient pas. Le seul effet de la fournaise pour eux, c'est que leurs liens sont brûlés et que la présence du Fils de Dieu leur est manifestée; le roi même en est témoin.

Nous voyons ainsi le sort qui est réservé aux instruments de la volonté insoumise de l'homme et de la puissance du monde qui rejette Dieu, et tout le bien que nous retirons de la fidélité à Dieu, malgré toutes les circonstances. Il faut seulement regarder à Christ, à Lui qui a été rejeté et qui est maintenant au milieu du trône. Celui qui est mort pour nous a toute la puissance, les sept cornes; il a aussi les sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre: les sept esprits de Dieu, c'est la toute sagesse en rapport avec la terre et son gouvernement; c'est la plénitude de l'intelligence qui prend connaissance de l'état des saints et s'en occupe pour manifester la puissance qui agit envers eux (Comparez 2 Chroniques 16: 9). Les sept esprits jugent, non pas le monde qui ne les connaît pas, mais toutes nos voies, toutes les choses en nous qui proviennent du monde et de la chair. Comme Esprit de providence, ils veillent sur nous et préparent toute chose pour l'épreuve de nos coeurs; ils préparent la fournaise et nous y font jeter par le monde, dont nous avions peut-être aimé la gloire et la puissance. Mais nous apprenons ainsi mieux ce que Dieu est pour nous. Par là Dieu est glorifié, et sa puissance est manifestée au monde. Quand il y a une persécution, les enfants de Dieu sont plus unis, plus joyeux. Quoiqu'il en soit, Dieu nous éprouvera de la sorte pour nous purifier et pour nous faire comprendre, à la suite de l'épreuve, qu'il est tout près de nous. Nous avons à compter uniquement sur Dieu, sans chercher comment il agira; nous devons compter sur lui, ne sachant pas ce qu'il fera, sachant seulement qu'il délivre (Comparez 2 Corinthiens 1: 8-10; 2 Timothée 4: 16-18).

Quand tout le monde se prosternait, les trois Hébreux seuls se tenaient debout, parce qu'ils connaissaient la puissance de Dieu que le monde ne voit pas, et qu'ils comptaient sur Lui. Dieu ne les perd pas de vue; il se montre pour eux. Rien n'échappe à Dieu, et il est pour nous; et nous pouvons nous glorifier dans les afflictions. Dieu fera tourner tout à sa gloire et à notre gloire, et nous fera trouver la présence du Fils de Dieu. Là est, pour nous, la récompense et la joie. Dans toutes nos afflictions, Christ a été affligé. Il est entré dans tous les détails de nos souffrances, et il marche devant ses brebis quand il les a mises dehors et qu'il a vaincu pour elles. Les sept cornes et les sept yeux, la toute-puissance de Dieu et sa surveillance providentielle envers les saints, se trouvent en Celui qui est l'Agneau immolé pour nous. Que nos coeurs ne l'oublient pas!