La prière

 ME 1877 page 21

 

Plus nous sommes soumis à l'enseignement divin, plus la parole de Christ habite en nous, plus aussi nous apprécions le bonheur d'être dans la dépendance de Dieu et d'y demeurer. Si j'ai conscience que tout ce que je suis et tout ce que je possède vient de Dieu (et c'est là ce qu'une véritable intelligence spirituelle peut seule nous donner), il me sera naturel de dépendre du Seigneur, et je serai heureux de cette dépendance. M'y soustraire ne peut être ni convenable, ni conforme au respect que je lui dois.

Sachant que je tiens tout de lui et qu'il prend intérêt à tout ce qui me concerne, je dois reconnaître cette position de dépendance; mon bonheur et ma force seront en proportion du sérieux et de la persévérance avec lesquels je regarderai à lui pour tout ce qui, à quelque degré que ce soit, me concerne ou m'intéresse. C'est là la prière, qui peut être divisée en plusieurs catégories, ainsi que je me propose de le faire dans ce traité.

La prière en elle-même est le privilège merveilleux et naturel du nouvel homme. Elle est l'expression de ma dépendance de Celui dont je tiens toutes choses. Il n'est que juste et raisonnable que je lui rapporte tout, et c'est une bénédiction d'avoir la certitude que non seulement c'est de lui que je tiens tout ce que je possède, mais de savoir que son intérêt pour moi me donne la liberté de m'adresser à lui en quelque moment et à quelque sujet que ce soit.

La dépendance et la confiance étant les éléments combinés que réunit la prière, celle-ci sera mieux connue, dans la mesure où ces deux sentiments augmenteront en nous. Si je dépends en toutes choses de Dieu, je dois regarder à lui pour toutes choses. Ma confiance s'accroît dès qu'en pratique je me tiens sous sa dépendance, car si je sens que je dépends de lui pour tout, je puis, bien plus, je dois lui remettre tout. Je ne puis me confier en nul autre, et si je sais que je puis avoir confiance en lui, je dois demeurer sous sa dépendance puisque tout provient de lui. Ma confiance provient en outre de ce que je sais que son amour est aussi grand que sa puissance, et que sa volonté de me venir en aide est aussi efficace que sa puissance est grande. Ainsi la prière est l'expression de la dépendance et de la confiance réunies, et l'absence de l'un ou l'autre de ces deux éléments doit nécessairement la rendre défectueuse.

La prière naît de la certitude que Dieu dispose de toutes choses, et du sentiment qu'il est si près de moi et d'un accès si facile, que je puis lui parler. C'est pour nous qu'il est fait mention de la prière d'Abraham quand il est appelé d'une manière spéciale «l'ami de Dieu». Le Seigneur lui communique sa pensée de la manière la plus intime, et c'est alors qu'Abraham intercède en toute confiance pour Sodome. Il en est de même de David, qui apprenant par Nathan ce que Dieu se proposait de faire pour lui et sa maison (1 Chroniques 17) «entre et se tient devant l'Eternel», et constate que c'est parce qu'il a reçu communication de la pensée du Seigneur, qu'il a pris la hardiesse de lui faire sa prière. La prière doit nécessairement exprimer la mesure de ma dépendance et de ma confiance. Si je ne suis pas dépendant, pourquoi prier? et si je n'ai pas de confiance, quelle est l'utilité de la prière? Je puis savoir que la puissance est là, mais si cette puissance ne m'est pas profitable, si elle ne peut pas s'exercer en ma faveur, à quoi bon en appeler à elle? La prière est l'expression de la vie dans une âme nouvellement née, son instinct, pour ainsi dire, car elle a le sentiment de sa nouvelle relation avec Dieu, qui est celle de dépendance et de confiance, en opposition à l'état d'éloignement et de défiance qui l'animait auparavant. Aussi la preuve que le Seigneur donne à Ananias de la conversion de Saul, c'est: «Voici il prie» (Actes des Apôtres 9: 11).

Il se peut que l'on crie à Dieu sans croire qu'il nous entend; ce n'est là qu'un acte superstitieux accompli dans l'espoir de recevoir la réponse désirée. En agissant ainsi on tente Dieu; il n'y a là ni foi, ni prière; cette dernière ne peut exister à moins que l'âme n'ait quelque sentiment de dépendance de Dieu et quelque foi en lui comme étant Celui qui écoute sa supplication. Plus nous considérons la prière et plus nous devons être frappés de la grâce et de la miséricorde de Dieu qui a établi un tel lien entre nous et lui; plus nous ferons usage de ce privilège, plus le sentiment de dépendance et de confiance nous sera accordé. Je puis avoir la plus entière conviction de la toute science et de la toute-puissance de Dieu, et cependant ne pas saisir le but et le prix de la prière.

Par la prière j'assure mon coeur, non seulement dans le sentiment de ma dépendance de Dieu, mais encore dans celui de ma confiance en lui; ce sont là les deux caractères de la vraie connaissance de ce qu'il est dans sa relation avec moi. Ce n'est pas tant Dieu se communiquant à moi, que l'expression de mon état, de mes circonstances, s'élevant de mon coeur à lui. Le fait que la prière nous est non seulement permise, mais ordonnée, caractérise la relation toute spéciale dans laquelle nous sommes vis-à-vis de Dieu, relation du moins qu'il voudrait voir exister entre lui et nous. Cette relation est maintenue par la prière, et tandis que la permission qu'il nous donne de prier est une merveilleuse expression de sa grâce, elle est, quant à nous, la véritable expression de notre position de dépendance. L'homme n'aurait jamais dû abandonner cette position.

Le Seigneur Jésus s'y est soumis ici-bas sans aucune réserve, car il a été entièrement dépendant de la volonté de son Père. Il ne s'agit pas de savoir si mes prières feront agir Dieu ou changeront ses desseins; mon simple devoir, aussi bien que mon bonheur, consiste à lui exposer toutes choses dans le sentiment de ma dépendance, et à avoir la confiance que dans son amour il fortifiera mon coeur, quelles que soient les circonstances que j'aie à traverser, assuré que je suis, que sa sagesse infinie et ses soins incessants ne me feront pas défaut. L'âme qui prie dans ces dispositions est certaine d'obtenir en tout temps.

Examinons maintenant ce qu'enseigne le Nouveau Testament sur la prière. Afin de jeter du jour sur le sujet, je distinguerai trois sortes ou catégories de prières.

 

J'appellerai la première catégorie, celle de la prière persistante et importune. Nous la trouvons dans Luc 11.

Les disciples demandent au Seigneur de leur enseigner à prier, aussi possédons-nous ici les premiers rudiments de la prière. Pour comprendre l'enseignement de cette portion de l'Ecriture, il est nécessaire de tenir compte de l'état d'âme des disciples. — Ayant vu prier leur Maître, ils avaient été rendus attentifs à l'importance de la prière et lui demandent de leur enseigner à prier, ce que le Seigneur fait en se mettant, selon sa manière divine, à la portée de leur intelligence spirituelle. Il leur indique les sujets qui doivent entrer dans leurs prières, sujets qui sont en rapport étroit avec la connaissance qu'ils avaient alors de leur relation avec Dieu. Autrement ce n'aurait pas été la prière. Pour moi, en effet, ce ne serait pas prier que de m'adresser à Dieu dans des termes qui indiqueraient une relation autre que la mienne au moment où je prie. La prière que le Seigneur enseigne à ses disciples leur était exactement appropriée, et ne peut convenir qu'à ceux dont l'état spirituel est celui des disciples à ce moment-là.

Le Seigneur s'étend ensuite sur la nature intime de la prière, montrant la disposition d'âme dans laquelle nous devons être quand nous prions. Nous apprenons par la parabole de l'homme qui se rend à minuit chez son ami, qu'il ne suffit pas d'être dans le besoin, mais qu'il faut encore savoir qu'il n'y en a qu'un seul qui peut secourir, et que ce seul, c'est Dieu. Tel est le sentiment d'une entière dépendance de lui sans aucune autre ressource; aussi l'indigent de la parabole persiste-t-il dans sa requête, même après qu'il n'a obtenu aucune réponse au nom de l'amitié. Le sentiment de la nécessité d'un côté, et de l'autre, la conviction que son ami peut le secourir, voilà ce que la similitude nous présente. C'est là la première catégorie ou le premier degré, la plus simple expression de la prière.

J'éprouve le besoin, et je sais que Dieu seul peut y subvenir; plus ces deux convictions domineront dans mon coeur, plus aussi je persévérerai dans la prière et m'attendrai à Dieu simplement et entièrement. Au lieu de me tourner de côté et d'autre, emporté par mon inquiétude naturelle, je regarderai constamment à lui dans une conviction arrêtée qu'aucun autre ne peut me secourir. Les angoisses par lesquelles nous passons et l'extrémité à laquelle nous sommes parfois réduits, ont pour but de nous faire sentir cette entière dépendance de Dieu.

Le Seigneur nous fait voir ensuite que si ma persistance montre que je n'ai pas d'autre ressource — car je ne persévérerais pas dans mon importunité si je n'avais pas la conviction d'être secouru, — cependant, outre cette importunité qui témoigne de ma sincérité, je dois savoir que j'en appelle à un Père de qui vient toute grâce excellente et tout don parfait. Le Seigneur appuie sur ce que nous avons affaire à quelqu'un qui est plus pour nous qu'un père selon la nature. Si nous demandons, nous recevrons; si nous cherchons, nous trouverons; si nous heurtons, on nous ouvrira; mais il faut nous rappeler quelle est la nature de la relation de Dieu envers nous: si un père ne donne pas une pierre à son fils quand celui-ci demande du pain, on un serpent au lieu d'un poisson, ou un scorpion pour un oeuf; si quelqu'un de mauvais en lui-même sait donner de bonnes choses à ses enfants, combien plus notre Père céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent? Le don est en rapport avec la bonté du donateur et selon la relation dans laquelle il s'est placé vis-à-vis de nous. Plus une personne sera près de moi et bien disposée à mon égard, plus aussi ses dons seront excellents. Si je fais une demande à Dieu, ayant conscience des rapports que, dans sa grâce, il a établis entre lui et moi, je sais qu'il ne me donnera pas une chose inférieure à celle que j'ai demandée, mais qu'au contraire, il m'accordera, selon la nature et la mesure de son Saint Esprit, quelque chose de supérieur et bien meilleur: quelque chose qui assurera mon coeur, en le faisant participer à sa sainteté. — Il ne me donnera pas ce qui ne se trouverait n'être qu'une pierre au lieu de pain. Il sait juger de ce qui est vraiment du pain, et le pain de l'affliction donné par lui est bien réellement du pain et non une pierre. Si je demande un poisson, c'est-à-dire quelque chose de plus excellent que du pain, il a soin que ce qu'il me donne ne soit pas un serpent, c'est-à-dire un don qui me serait nuisible. Combien n'arrive-t-il pas souvent que ce poisson, cet objet qui plaît à mes sens, se change en un reptile venimeux! Ce qu'il me donnera ne sera jamais de cette nature, et si je demande un oeuf, un objet de luxe, il ne me donnera pas un scorpion qui me blesserait et serait pour moi une occasion de tourment, comme sera toujours, en fin de compte, ce qui plaît à la chair. Il nous donnera, il nous répondra, mais toujours selon sa sainteté et ses compassions de Père.

Dans cette première catégorie de prières, ainsi que je l'ai appelée, nous sommes dans un si pressant besoin, que nous allons succomber si le secours n'arrive pas; quelquefois ce sera par suite de notre imprudence ou d'un simple accident, comme, par exemple, dans le fait d'emprunter une hache et d'en perdre le fer (2 Rois 6). Ainsi la position difficile dans laquelle nous nous trouvons peut être attribuée à notre manque de foi ou de sagesse; cependant, à quelque degré et dans quelque mesure que nous soyons fautifs, nous n'avons d'autre ressource qu'en Dieu, nous n'avons qu'à nous tourner vers lui, qu'à nous attendre à lui, l'importunant d'autant plus que nous sommes pressés par le besoin et que personne d'autre ne peut nous porter secours; et, si nous dépendons simplement et entièrement de lui, il vient à notre aide, non pas toujours comme nous le lui avions demandé, mais toujours de manière à mieux assurer nos coeurs de la grandeur de son amour et de la profondeur de ses compassions.

Nous trouvons dans Philippiens 4: 7, la seconde catégorie de prières. Dans ce passage, il nous est recommandé d'exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces, et il nous est promis que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos coeurs et nos pensées dans le Christ Jésus. Ici, toutes nos requêtes se font connaître par la prière, simple expansion du coeur, et par la supplication qui exprime davantage le besoin, le tout accompagné d'actions de grâces, car le sentiment d'avoir déjà reçu encourage grandement nos coeurs à faire appel à l'amour et à la bonté de Dieu, ainsi qu'à la fidélité avec laquelle il a agi envers nous dans le passé. Dans cet état d'âme, nous lui présentons toutes nos prières, mais ce n'est pas tant la réponse qui nous soulage, que le sentiment de l'intérêt que Dieu prend à nous, et la confiance en Celui dont la paix surpasse toute intelligence et garde nos coeurs et nos esprits dans le Christ Jésus. Etes-vous dans la nécessité? répandez vos coeurs devant Dieu; faites-lui tout connaître, et si votre conscience se refuse à lui soumettre quelqu'un de vos désirs, soyez convaincus que vous ne devez pas le nourrir. Mais quant à tout ce que vous pouvez en conscience lui présenter, la chose une fois mise devant lui, vous vous sentez dans une telle communion avec lui que toute angoisse a disparu; une déclaration formelle ne nous satisferait pas davantage. — Vous sentez qu'il vous est favorable, et au lieu de l'angoisse qui vous tourmentait et vous accablait, vous goûtez et savourez la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, vos cœurs et vos pensées étant gardés dans le Christ Jésus. Il n'est pas question ici du résultat ou de la réponse. L'âme est assurée de l'intervention divine, elle en est consciente, et la paix qui demeure dans le coeur, bien meilleure que quelque réponse que ce soit, la maintient en communion avec Jésus notre Seigneur et notre Vie.

Heureuse et bénie l'âme qui peut prier ainsi! Oui, car la paix de Dieu éloigne d'elle toute angoisse et la garde de toute inquiétude, et comme Jésus est la source de cette paix si excellente qu'elle surpasse toute intelligence, elle est par là même aussi inépuisable. La connaître, n'est-ce pas le plus grand privilège? Si ces vérités étaient mieux connues et que l'on s'en occupât davantage, il y aurait plus de bonheur et de joie pour le chrétien en traversant les circonstances pénibles et douloureuses de ce monde mauvais. Le sentiment que j'ai fait connaître à Dieu toute l'angoisse de mon coeur et tout ce qui peut le préoccuper, que j'ai sa paix et son approbation, me rend courageux et joyeux en toute occasion, et me donne, pour parler avec l'Ecriture, des pieds semblables à ceux des biches.

Dans Ephésiens 6, nous trouvons la description d'une âme qui jouit pleinement de ce genre de prière. Lorsque, revêtus de toute l'armure de Dieu, vous priez avec toute sorte de requêtes et de supplications par l'Esprit, et que vous veillez à cela avec toute persévérance et supplications pour tous les saints, le sentiment que vous êtes à l'abri de toutes les machinations de l'Ennemi, vous enlève à vos propres besoins pour vous faire entrer dans les circonstances et dans les nécessités de tous les saints; et vous êtes ainsi veillant à cela, obéissant à l'exhortation apostolique, remettant à Dieu toutes choses, même le témoignage de sa Parole (verset 19).

La troisième catégorie de prières diffère de la seconde: celle-ci nous conduisait à cette heureuse confiance en Dieu, qui n'est plus mise en doute, et l'âme se reposait simplement en lui pour tout ce qui lui avait été exposé; mais, dans la troisième catégorie (1 Jean 5: 15), le coeur est si positivement assuré que l'objet de la demande est conforme à sa volonté, qu'il possède une confiance parfaite quant à la réponse. L'Ecriture nous apprend ici que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute, et que s'il nous écoute, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées. Pratiquement, le point essentiel est que nous savons «qu'il nous écoute». Quand nous le savons, nous sommes assurés que nous recevons ce que nous avons demandé. Dans la seconde catégorie, Philippiens 4, nous lui exposons nos requêtes et cela nous suffit. Autre chose est d'avoir exposé mes requêtes à Dieu et de me reposer dans la certitude et la confiance que, puisqu'il les connaît, tout sera bien dirigé; autre chose, d'avoir l'assurance qu'il m'exauce, parce que j'ai demandé des choses conformes à sa volonté. Notre Seigneur pouvait dire: «Je sais que tu m'exauces toujours». Exaucer implique l'acceptation de ma requête; j'ai le sentiment d'avoir demandé ce qui pouvait être accepté, et par conséquent je sais que j'aurai l'objet de ma demande. En lui exposant simplement ma requête, connaissant ce qu'il est pour moi, je sais qu'il s'occupera de ma demande; mais quand je sais qu'il m'exauce, j'ai l'assurance que les choses que je lui ai demandées sont selon sa volonté et par conséquent me seront accordées; et je sens qu'elles le seront.

Dans les prières dont j'ai parlé en premier lieu, je suis occupé de mes besoins et de Dieu comme mon unique recours, et plus je le connaîtrai comme mon Père, plus il en sera ainsi. Dans celles que j'ai mentionnées en second lieu, je cherche plutôt du soulagement au poids qui m'oppresse, et je trouve, en répandant mon coeur devant Dieu, l'assurance, non pas que tout arrivera comme je le désire, mais qu'Il est mon tout; et il me donne alors une telle confiance en son amour, que sa paix garde mon coeur et mes pensées dans le Christ Jésus. Enfin, dans les prières dont j'ai parlé en dernier lieu, il y a plus: mon coeur est assuré que ma requête est selon sa volonté, et sachant qu'il m'écoute, je suis certain d'obtenir tout ce que j'ai demandé. Quand je lui ai fait connaître et lui ai remis tout ce qui me concerne, je suis en repos, et mon coeur et mon esprit sont gardés en paix dans le Christ Jésus; mais si je sais qu'il m'écoute quand je lui fais ma requête, je puis me reposer dans l'assurance que je suis exaucé. Toutefois je puis l'être d'une tout autre manière que je ne m'y attendais, mais ce sera toujours selon son conseil divin.

Par la prière Paul avait acquis la certitude qu'il pourrait encore servir l'Eglise, même après avoir été fait prisonnier à Jérusalem, mais il est peu probable qu'il se soit attendu à ce qu'il la servirait en écrivant ses épîtres. Cependant, c'est par le moyen de ces dernières qu'il devait surtout être utile à l'Eglise, et qu'il l'a encore plus servie que par ses travaux antérieurs. La demande est accordée, non selon l'étroitesse de nos vues égoïstes, mais selon la mesure de la grâce infinie et de la grandeur incommensurable de Dieu, qui se plaît à confondre toutes nos petitesses par sa générosité sans bornes.

Les chapitres 14, 15 et 16 de Jean appartiennent, me semble-t-il, à cette troisième catégorie de prières. Au chapitre 14: 13, 14, le coeur troublé en l'absence de Christ prie en son nom; il est consolé et fortifié par le Seigneur lui-même, afin que le Père soit glorifié dans le Fils, c'est-à-dire que la bonté du Père se manifeste en ce que le Fils nous assiste. En répondant à la prière faite au nom de son Fils, le Père glorifie le Fils en ce que nous faisons tellement l'expérience de ce que le Fils est, que nous pouvons rendre témoignage à sa personne, le représenter, pour ainsi dire, et par conséquent prier toujours en son nom, dans son Esprit; dans ces conditions nous ne pouvons pas n'être pas exaucés; nous le sommes toujours.

Le verset 7 du chapitre 15 rentre dans la même catégorie, mais s'occupe des fruits et du service; tandis que le verset 24 du chapitre 16 s'applique à notre position dans le monde durant l'absence du Seigneur; c'est pourquoi ces mots sont ajoutés: «Afin que votre joie soit accomplie». Nous demandons au nom du Seigneur, dont nous sommes les représentants dans ce monde qui ne le connaît pas: notre joie est accomplie, car nous recevons de Dieu quoi que ce soit que nous demandions, et nous demandons ce qui nous convient comme représentant Christ ici-bas, c'est-à-dire les seules choses que nous apprécions, en tant que nous sommes dans cette position. Enfin, Jude, verset 20, nous parle de «prier par le Saint Esprit».

J'ajouterai ici un mot sur Matthieu 18: 19. «Si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux». Ici tout dépend de l'accord: «Si deux sont d'accord». La puissance de l'Esprit de Dieu s'élevant au-dessus de l'égoïsme individuel, donne à chacun un désir commun, qui est reconnu par le Père céleste.

J'ai à peine besoin, vu ce qui précède, de citer Marc 11: 24: «Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera fait». C'est tout simplement faire l'expérience qu'il nous écoute, et dès lors être assurés que nous sommes exaucés.

Que le Seigneur nous maintienne toujours plus dans sa dépendance et dans sa paix, ayant habituellement la conscience que nous lui avons fait connaître toutes nos requêtes, et heureux lorsque, dans sa bonté envers nous, il nous fait savoir qu'il nous écoute au sujet de tout ce que nous pouvons avoir à lui présenter. Que la confiance en lui croisse et s'enracine toujours plus profondément dans nos coeurs; puissions-nous connaître toujours mieux son coeur et ce qu'il est envers nous pour l'amour du nom de Christ.