«Venez à moi» (Matthieu 11: 25-30) - Darby J.N.

ME 1877 page 220

 

Le Seigneur, quoiqu'il fût profondément et parfaitement sensible à sa réjection par Israël, se soumet complètement à la volonté et à la sagesse de Dieu à cet égard (voyez Esaïe 49): «Je te loue ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants». Sa suprématie bénie a été ainsi pleinement manifestée. «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi». La connaissance de Dieu tourne tout, nécessairement, en bénédiction pour nous, car tout vient de lui. Les choses qui nous sont dispensées peuvent être très opposées à notre nature. Pour Jésus, la réjection de son message par les hommes était assurément douloureuse elle le rejetait sur la souveraineté de Dieu son Père qu'il connaissait, dans le fait que son Père avait caché ces choses aux sages de ce monde et les révélait à ceux qui étaient faibles et méprisés. Il reconnaissait le Père en ce qu'il faisait et dans la manière dont ce qu'il faisait convenait à l'ordre tout entier des voies de Dieu dans un monde comme celui-ci. C'était là, sans doute, tout ce que le Fils de Dieu pouvait désirer (ou nous-mêmes, enseignés de l'Esprit); mais les circonstances étaient telles qu'il fallait pour cela une soumission parfaite de coeur et de marche.

Mais cette soumission parfaite du Fils donnait du repos et mettait la gloire de sa personne en évidence. S'il était rejeté entièrement sur le Père, c'est parce qu'il était Fils, et parce qu'il était rejeté absolument dans ce caractère, dans lequel, en même temps qu'il était parfait et montrait qui il était, il n'avait pas revêtu sa gloire et n'eût pris possession que de son règne terrestre. Le secret, c'était que ce n'était là pour lui qu'une «chose légère». Toutes choses lui étaient livrées par son Père; et, à cause de la gloire même de sa personne, car il était le Fils de Dieu, personne ne connaissait le Fils si ce n'est le Père. Son service, maintenant, était de révéler le Père dans son droit souverain de faire grâce; car personne ne connaissait le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler. «Venez à moi», dit-il, lui, ce seul patient témoin de l'amour, «venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et je vous donnerai du repos». Me voici, moi, le rejeté, à qui toutes choses ont été livrées par mon Père; mais Celui dont le coeur s'est soumis à tout dans la longue patience de l'amour, Celui qui a appris l'obéissance, qui a appris ce que c'est que d'être affligé, et honni et de ne trouver extérieurement d'autre refuge que la soumission. «Venez à moi». Les hommes peuvent m'avoir rejeté, mais je suis le Fils, et personne ne connaît le Père à moins que moi je ne le révèle. Quiconque est chargé et ne s'associe pas au train de ce monde orgueilleux, quiconque se fatigue et est chargé, pour celui-là j'exerce mon amour. «Venez à moi, et je vous donnerai du repos». J'ai appris à assaisonner la parole à celui qui est las. (Comparez Esaïe 50, et la fin de Romains 8 dans toute sa bienheureuse portée pour nous).

C'est la soumission du Seigneur en de pareilles circonstances qui apportait à son âme le sentiment d'une part bien meilleure que celle du Messie selon la loi et les prophètes, et qui en apportait la révélation à d'autres. Il avait été rejeté et amené là, pour ainsi dire; et, que Dieu en soit béni! il avait manifesté envers la nation un amour patient et plein de grâce; mais ils ne se repentirent point, là même où il avait accompli ses oeuvres de puissance. La dispensation, quoique le Messie fût venu en personne, finit par la ruine. «Alors moi j'ai dit: J'ai travaillé en vain, j'ai usé de ma force pour néant et sans fruit» (Esaïe 49: 4). Il avait étendu ses mains vers un peuple rebelle et contredisant. Quand il vint, il ne se trouva point d'homme. Pour son amour, il trouva la haine. L'opprobre lui brisa le coeur. Ses espérances pour la nation, le droit qu'il avait, le droit de son amour, furent méconnus et rejetés. Néanmoins il y avait de petits enfants qui voyaient ce qui était caché aux sages. «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi», était le principe de la consolation du Seigneur. Il ne lui fallait pas autre chose. Mais quelle est la conséquence de cette réjection dont il était l'objet? «Toutes choses m'ont été livrées par mon Père;» — une scène plus vaste et une gloire plus haute et plus réelle. Toutefois, quelque glorieux qu'il soit, il appelle à lui tous ceux qui se fatiguent et qui sont chargés, et leur annonce qu'il leur donnera du repos, le repos de l'amour révélé du Père.

Il n'y en a aucun autre à qui nous puissions aller. Tous se sont montrés trompeurs. «Venez à moi!» Qui, sauf le Fils de Dieu, pouvait parler ainsi? Qui pouvait donner du repos à tous ceux qui viennent, sinon le Fils, Jéhovah lui-même? Mais lui, le Fils de Dieu, humble et débonnaire, lui, donne le repos, gratuitement, libéralement. Il donne le repos suprême, celui qui savait ce que c'était que la paix au milieu de l'affliction et des peines, comme aucun autre ne l'éprouva jamais. Il en communique le secret à d'autres: «Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes». Ce n'est plus: «Je vous donnerai;» — cela, il pouvait le faire comme Jéhovah et Dieu le Seigneur, et il le ferait; mais il dit ici: «Vous trouverez». Moi j'en ai appris le chemin: «Voici je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté». Le repos se trouve dans le sentier que Christ a suivi; lui seul y marcha, pouvait y marcher, parfaitement, dans ce monde.

Cependant ce n'est pas un joug dur et imposé, laborieux. En un sens, il est aisé, comme le Seigneur le dit. Soumettez-vous! Dites: Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi. Tel est son joug; et ainsi nous apprenons de lui, car il attribuait tout au Père, non aux circonstances. C'est pourquoi il rendait grâces au Père, toujours, pour toutes choses, comme nous pouvons et devrions le faire en son nom. «Tu as trouvé bon devant toi»: il ne fallait pas davantage. C'était la soumission parfaite, et le Père y était révélé. Sa valeur tient à la parfaite connaissance de la position et de la relation de Fils. Le tout est infiniment précieux, et ne s'apprend qu'en Christ. L'infini de la divinité du Fils était maintenu dans son humanité, et en conséquence l'humiliation apparente et l'infériorité présente étaient ainsi maintenues d'une manière particulière et signalée par l'inscrutabilité absolue de son être dans cette position, en même temps que son unité avec le Père était manifestée, par sa compétence à révéler le Père et sa suprématie de volonté en le révélant. La personne du Fils dans la gloire de la communion avec son Père d'un côté, et de l'autre l'inscrutabilité de Dieu ainsi manifestée tandis que le Père était révélé, sont ainsi maintenues et apparaissent dans toute leur beauté.

Combien l'Ecriture n'est-elle pas sage, parfaite, singulièrement divine! Il n'y a rien qui lui ressemble. Aucun savoir humain ne sut jamais donner des paroles comme celles-ci.