Quelques miettes d'une méditation sur Ephésiens 5

 ME 1877 page 273

 

Une chose bien importante à comprendre, et qui fait mon bonheur dans mes relations avec Dieu, ce n'est pas seulement de me dire: Je ne serai pas perdu; je suis lavé par le sang (quelque important et précieux à sa place et même nécessaire que cela soit pour me trouver en la présence de Dieu), mais Dieu s'est mis dans des relations avec nous. Il est remarquable comment, dans la Parole, l'Esprit de Dieu entre dans les détails de notre position ici-bas, et comment il s'occupe de nos relations, comme nous le voyons dans ce chapitre où il parle de femmes, de maris, d'enfants, de pères, de serviteurs, de maîtres; et il se sert de ces choses pour nous faire comprendre nos relations avec Dieu.

Si je suis dans une maison, est-ce que je ne fais que d'y être? N'y a-t-il pas tout espèce de relations entre ceux qui l'habitent? Eh bien, nous retrouvons une foule de ces relations, une fois que nous sommes introduits dans la maison de Dieu. Celle d'enfants vis-à-vis d'un père, de serviteurs aussi, et d'époux et d'épouse, et de frères. Combien, si j'aime mon père, par exemple, ne chercherai-je pas à lui plaire, à satisfaire même ses petits caprices, si je sais qu'il en a? Nous sommes enfants de Dieu, et ainsi nous avons connaissance du coeur de Dieu comme de celui d'un père, et toute la nature de notre obéissance dépend de cette relation, comme aussi toutes les voies de Dieu envers nous dépendent de cette relation.

Il est difficile, quand on aborde la Parole, de saisir, même en bien minime partie, les choses qui s'y trouvent et de les décrire: les choses y sont grandes, parce que Dieu lui-même y est manifesté, et nous sommes si petits! Nos cœurs sont des vases trop étroits pour tant de richesses! Le contraire précisément a lieu quand il s'agit des choses de ce monde: nos coeurs et leurs besoins sont alors trop grands pour que tout ce qui est dans le monde puisse les satisfaire. Qui est-ce qui a jamais été satisfait de ce qu'il a trouvé dans ce monde, dès qu'il a donné essor aux désirs de son coeur? L'Ecclésiaste ne nous dit-il pas, que nous aurions tout ce qu'on peut désirer, que cependant nous ne serions jamais satisfaits? Il est remarquable que nous trouvions dans la Parole une telle universalité, et cependant une telle exactitude dans les détails. Il n'est pas dit, par exemple, que Christ a aimé, le monde, mais que Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Voilà ce que Dieu a fait, comme Dieu souverainement bon et comme Créateur, pour des créatures déchues, de pauvres pécheurs qu'il veut sauver. Je puis dire de moi personnellement, si je suis converti, que Christ m'a aimé, comme Paul dit au chapitre 2 de l'épître aux Galates; mais il est dit ici, dans le chapitre de l'épître aux Ephésiens qui nous occupe, que Christ a aimé l'Eglise, et de quel amour? Il n'a pas seulement donné sa vie, son sang; mais il est dit: «Il s'est donné lui-même». Il a tout donné, il n'a rien gardé! Je puis dire, comme membre de l'Eglise, qu'il n'y a pas une pensée, une affection en Christ, qui ne soit à moi: il est tout entier à moi! Et quel bonheur c'est pour moi, quel affranchissement, non seulement pour la conscience, mais pour le coeur, quand je peux connaître et croire qu'il en est ainsi du coeur de Jésus! S'agit-il du péché et de la mort comme conséquence, — puis-je compter sur l'amour de Christ? Oui, car il y est entré pour moi. Puis-je compter sur l'amour de Christ pour le présent, pour l'avenir? Oui, et pour toute chose!

Quand est-ce que Christ a aimé l'Eglise? Quand elle était dans le péché. C'est alors qu'il se l'est acquise en se donnant lui-même pour elle: son amour est donc un amour gratuit. J'ai été aimé d'un amour parfait, quand je n'étais que péché. Mais est-ce que Christ peut, pour son épouse céleste, tolérer la souillure? Non: c'est pourquoi une fois qu'il se l'est acquise, qu'elle lui appartient en propre, il veut l'avoir devant lui, avec lui, selon sa sainteté, selon ce qu'il aime. Voilà pourquoi, après se l'être purifiée une fois pour toutes, comme il dit (Jean 13) à Pierre, — celui qui a tout le corps lavé, ou qui est baigné, est tout net, — il lave cependant encore les pieds des siens; il sanctifie, purifie par le lavage d'eau, par la Parole (non plus par le sang, car cela il l'a fait une fois, ayant obtenu une rédemption éternelle). L'Eglise peut passer par des circonstances diverses, être bien misérable, surtout si je la compare à la manifestation qui en existait au commencement, à la Pentecôte (Actes des Apôtres 2); mais, quoiqu'il en soit, la tendresse de Christ n'a pas changé d'un atome; il chérit l'Eglise et la nourrit; toutes ses affections sont pour elle. Et quand est-ce qu'il la soigne et qu'il la nourrit, car il se la présentera plus tard glorieuse, sans tache ni ride? C'est maintenant, dans le temps du besoin; c'est pendant que nous sommes dans nos infirmités, nos luttes, quand nous manquons même, qu'il le fait. Et quel bonheur pour mon âme de le savoir; et, si même je ne le sais qu'imparfaitement, quel bonheur de savoir que lui le fait parfaitement, selon toute l'étendue et la portée de ces relations, et que je puis compter que j'arriverai à cette gloire, parce qu'il s'en occupe, lui, et selon cet amour qui ne se trahit pas un seul instant.

Il nous nourrit, nous entretient, parce que nous sommes «sa chair et ses os». Est-ce que je soigne ceux que j'aime ou mon propre corps seulement, comme je nourris mon chien, mon cheval, seulement pour conserver leurs forces, parce que j'aurai besoin de leurs services plus tard? Eh bien! Christ nous nourrit parce qu'il nous chérit, et parce que nous lui sommes unis d'une manière encore plus intime que ma main ne l'est à mon corps, et cela d'une manière plus réelle, plus ferme, parce qu'on pourrait bien couper ma main, tandis que les liens spirituels qui nous unissent à Christ ne pourront jamais être rompus.

Qu'est-ce qui peut me nourrir? Est-ce ce que je trouve dans le monde? Non, jamais ce monde ne pourra satisfaire une âme qui a savouré en quelque mesure ce qu'est Christ. Christ seul peut être ma nourriture. Si je ne me nourris pas de lui, ma vie spirituelle sera affaiblie; je serai maigre, étiolé. Combien de précieux instants je perds pour m'occuper de toute sorte de vanités, tandis que j'aurais pu profiter de ces moments pour me fortifier en Christ, me nourrir de lui. Si un frère qui se nourrit de Christ d'une manière suivie, se rencontre avec un de ses frères dont la vie spirituelle n'est pas entretenue, le dernier éprouvera de la gène: combien plus s'il devait se rencontrer avec Christ? Si je viens dans l'assemblée, non parce que je suis à sec et que j'ai des besoins, mais ayant le coeur rempli du bonheur qui est en Christ, et qu'un autre frère y vienne dans les mêmes dispositions; il y aura communion entre nous. Si l'un de nous est misérable, le bien qui est dans son frère pourra peut-être le relever, mais il n'y a pas communion.

On peut dire: telle semaine, tel culte; il ne s'agit pas ici de la souveraineté de la grâce qui peut agir et agit souvent d'une manière merveilleuse pour relever d'une profonde misère, mais de l'ordre habituel des choses.

Montrez-moi quelqu'un qui aura la doctrine de l'oeuvre de Christ et son application bien claire, qui saura qu'il est accepté en Christ, parce qu'il est ressuscité avec lui; eh bien! voilà une conscience tranquille, purifiée. Mais montrez-moi quelqu'un qui, après avoir eu la conscience purifiée, s'occupe de la personne de Christ comme objet d'affection, eh bien! voilà une âme heureuse.

Combien la conscience de l'amour parfait de Christ donne non seulement de repos, mais de fermeté. Je pourrai sans crainte traverser toutes les difficultés toutes les épreuves, si je me dis en simplicité, mais en réalité de foi: «Il est entièrement pour moi en toutes circonstances». Non seulement je sais que je suis purifié devant Dieu, mais que j'ai la vie éternelle, c'est-à-dire que je suis vivant d'une vie qui est capable de comprendre ce qu'est la nature divine, d'une vie qui aime la sainteté, la justice. Mais il y a encore plus que cela: dans cette vie divine, je suis aimé d'un amour parfait.

La satisfaction des convoitises de nos coeurs ne peut jamais nourrir l'âme: l'empoisonner, — oui. Et il y a tant de choses en nous et hors de nous qui font la guerre à notre âme! Ces choses peuvent bien procurer une espèce de jouissance momentanée, mais jamais nourrir: Christ seul peut le faire. Une fois que j'ai mangé du veau gras (Luc 15), je ne vais plus aux gousses. Ce n'est pas seulement que cela m'est défendu, car nous avons besoin de ces avertissements à cause de la dureté de nos coeurs, mais je ne recherche plus ces choses.

Dieu a présenté Eve à Adam; Christ, en qualité de Dieu, se présentera lui-même son Eglise, et cela non selon une vie qui peut faire défaut une fois mise à l'épreuve, mais selon la puissance de la rédemption.