Quelques mots sur Hébreux 11: 2-14

 ME 1877 page 318

 

Après les grands traits de la foi, présentés dans le sacrifice d'Abel, la vie d'Enoch, et la connaissance de l'avenir en Noé, nous voyons (versets 8 et suivants). Abraham attendant la cité qui a les fondements; car l'accomplissement final des pensées de Dieu peut seul satisfaire l'attente de la foi.

Nous trouvons ensuite des traits plus particuliers de la foi: elle compte sur Dieu, non seulement malgré les difficultés, mais malgré l'impossibilité. La foi dit à la montagne de se jeter dans la mer, et cela s'accomplit. Elle ne s'informe pas des moyens, n'y pense même pas, mais compte sur la promesse de Dieu. Du moment qu'il s'agit de moyens qui rendent la chose possible à l'homme, ce n'est plus l'oeuvre de Dieu; ce n'est plus la puissance de Dieu sur laquelle on s'assure. Quand il n'y a point de possibilité, il faut que Dieu intervienne. La foi ne regarde pas aux circonstances, mais à Dieu et à la volonté de Dieu. L'Eglise est faible en la foi; c'est pourquoi nous la voyons compter d'avance sur des moyens extérieurs, pour faire l'oeuvre de Dieu. Souvenez-vous que, du moment que les choses sont faisables selon l'homme, il n'y a pas besoin de foi et il n'y a pas l'énergie du Saint Esprit. On voit des chrétiens travailler beaucoup et produire fort peu de chose, mais là où la foi agit, les résultats sont selon la puissance de Dieu (verset 12). Il est évident que pour avoir de grands résultats, il faut que la puissance de Dieu agisse. Dieu choisit les choses faibles pour anéantir les fortes; il veut se glorifier, et non pas que l'homme soit glorifié. N'oublions pas que c'est avec larmes que l'on sème, et que partout où il y a une oeuvre bénie, il y a d'abord les angoisses et les douleurs de l'enfantement. L'âme sentira les difficultés, et Dieu veut que nous comprenions que nous sommes sans force contre quoi que ce soit. Il faut semer avec larmes pour moissonner avec chants de triomphe.

Tous ceux-ci sont morts dans la foi (verset 13). Les Juifs attendaient le Messie selon la promesse de Dieu; nous, nous avons la promesse du retour de Christ. Les apôtres sont morts dans la foi sans avoir l'accomplissement de cette promesse. C'est cette attente de la foi qui rend la vie du chrétien en même temps heureuse et difficile, parce qu'on ne jouit jamais ici-bas des choses que Dieu a promises. Si un homme met beaucoup d'ardeur à poursuivre quelque chose, c'est qu'il espère; c'est la vie de la foi. Celui qui possède, ne déploie plus d'énergie pour obtenir. Ce n'est qu'ici-bas, que nous avons le privilège de pouvoir glorifier Dieu, en étant fidèles au milieu des difficultés; dans le ciel nous jouirons sans difficultés de la présence de Dieu. C'est un grand privilège de pouvoir être fidèle au milieu des ennemis et des infidèles. Que Dieu nous donne de profiter du temps pendant lequel nous pouvons user de ce privilège! Toutes les affections sont alors en plein exercice. Non seulement ces hommes de foi étaient étrangers et voyageurs, mais «ils ont confessé» qu'ils l'étaient. On veut quelquefois être religieux dans son coeur, et n'en pas parler: ce n'est pas l'énergie de la foi. L'effet que produit la vue du monde perdu et condamné, lorsque l'on a toute son espérance dans le ciel, est de nous faire agir et parler comme étant étrangers. Cela doit se montrer dans toute la vie. Le coeur est déjà loin, il a pris possession de son domicile du ciel; il ne reste plus qu'à «déménager», si j'ose m'exprimer ainsi.

«Ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu'ils recherchent une patrie» (verset 14). C'est une profession ouverte, publique; c'est un témoignage rendu à Christ, au milieu des difficultés et du mépris du monde. Nous ne serions pas contents d'un ami qui nous désavouerait, lorsque les circonstances sont difficiles et que notre caractère est méconnu; aussi un chrétien qui se tient caché est-il un mauvais chrétien.