Je n'ai pas honte de l'évangile - Romains 1: 16

ME 1877 page 461

 

L'Apôtre avait rencontré bien des épreuves et des difficultés: «Dans les travaux surabondamment, sous les coups excessivement, dans les prisons surabondamment, dans les morts souvent, etc.». — Il avait connu les privations plus que beaucoup d'autres; cependant il dit: «Je n'ai pas honte de l'évangile». Il y avait dans sa propre âme une énergie et une puissance qui remplissaient sa conscience du sentiment de la vérité qui l'occupait. «Après avoir été outragé à Philippes, dit-il, nous avons eu toute hardiesse en notre Dieu pour vous annoncer l'évangile de Dieu avec beaucoup de combats». Au sens de l'homme, il n'y a rien de plus honteux que d'être battu et fouetté; mais l'Apôtre dit: «Je n'ai pas honte», et il en donne la raison: «il (l'évangile) est la puissance de Dieu».

Le message dont il était porteur est ce dont les âmes ont besoin, — savoir d'être pardonnées de leurs péchés, et d'être délivrées du péché. C'est une chose amère et mauvaise que d'oublier le Dieu vivant et vrai; cependant l'homme a fait, et fait encore ainsi: il se creuse des citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d'eau; il cherche le bonheur, et quand il en aperçoit quelque trace, il met tout dans une cruche cassée. Mais le péché tourmente, à la fin, comme la morsure de la vipère. On peut en faire la découverte avec chagrin, avec des regrets; mais la puissance contre lui, manque. C'est une chose affligeante de voir le péché dominant une âme! L'homme est l'esclave de ses propres convoitises, aussi bien que de Satan. Le péché dégrade, cependant il n'y a point de puissance contre tout cela. L'homme est sous le péché. Un enfant peut avoir été préservé par la tendre et vigilante sollicitude de ses parents des entraînements de son caractère naturel; mais quelle douleur pour les parents quand l'enfant, se trouvant libre de leur tutelle, s'abandonne à toute la fougue de ses passions, sa volonté étant à l'oeuvre, et toute puissance contre le mal faisant défaut. Les hommes inconvertis savent qu'ils aiment les choses qui ne sont pas de Dieu. D'où cela vient-il? — D'un coeur qui est opposé à Dieu, d'une nature qui est inimitié contre Dieu. Le coeur aime les choses qui répondent à ses convoitises. Par nature nous nous détournons tous de Dieu; et il n'y a point de différence à cet égard entre ceux dont les penchants ont été le plus contenus par les circonstances ou la main des hommes, et les hommes les plus vicieux; ceux qui sont le moins vicieux s'en préoccupent peut-être moins, parce qu'un homme très vicieux serait heureux d'être hors de ses difficultés.

Quand le fils prodigue quittait la maison de son père, il était aussi mauvais que plus tard; il était content d'être délivré de son père, pour faire maintenant sa propre volonté. Il peut y avoir chez un homme un désir de plaire à son père par un sentiment d'affection naturelle: mais on aime trouver l'occasion de faire sa propre volonté; et c'était là tout ce que désirait le fils prodigue. Que pouvons-nous dire d'un coeur comme celui-là? Le fils prodigue, lorsqu'il franchissait le seuil de la maison paternelle, était aussi coupable, quoique pas aussi dépravé, que lorsqu'il mangeait des gousses dans le pays éloigné.

Une autre chose apparaît, lorsque Christ est annoncé au pécheur. Présentez Christ au coeur, — y trouve-t-il quelque entrée? Non, le fait seul de son éloignement de Dieu élève un homme à ses propres yeux, et lui fait croire qu'il est capable de quelque chose; quand il est dans la présence de Dieu, il craint, et voudrait se cacher derrière un arbre, comme fit Adam. Trouver miséricorde par la grâce d'un Sauveur, ne lui convient pas. «Je n'ai jamais transgressé ton commandement». Il y a l'homme à propre justice, auquel son orgueil fait rejeter la présence du père, en sorte qu'il en est plus éloigné que l'homme vicieux, quoique tous les deux également seraient très heureux de n'avoir rien a faire avec Dieu. Ne doit-il jamais y avoir de remède à cela? Nous le savons bien, maintenant: oui, il y a un remède donné de Dieu qui met fin au péché: c'est la croix de Christ. Le temps se hâte où il viendra, pour ainsi dire, afin de voir, et ensuite d'exécuter le jugement. Quand Dieu abandonna l'homme à lui-même, il fallait que le déluge vint. Plus tard aussi le pays dut vomir ses habitants. Dites-vous que la loi de Dieu est violée et que c'est peu de chose? L'autorité de Dieu peu de chose! Son pouvoir en gouvernement peu de chose! Il faut que sa colère vienne. Le péché doit-il continuer et la colère ne pas venir de la part de Dieu? La loi être violée, et la colère ne pas venir? Le Fils de l'homme être frappé et mis à mort, et la colère ne pas venir? C'est impossible! Il faut que la colère vienne contre toute impiété et toute iniquité des hommes. Tout avait été fait pour éprouver l'homme lorsque Christ mourut. «Maintenant, est le jugement de ce monde». Le fait même de la croix clôt la scène, pour ce qui est des voies de Dieu envers l'homme comme pécheur. «La colère est révélée du ciel», non pas comme sous la loi, car Dieu n'est pas maintenant sorti de son lieu pour punir; — la révélation même de la colère ainsi à l'avance, est la grâce. La colère n'est pas venue, mais elle est révélée comme devant venir. Méprisez-vous donc l'avertissement de Dieu quant à cette colère qui vient? Ne savez-vous pas qu'en faisant ainsi, vous amassez la colère pour le jour de la colère, non en commettant le péché, mais parce que vous rejetez le témoignage du Fils de Dieu?

Vous savez tous (je parle aux inconvertis) si vous avez la paix avec Dieu, si vous êtes dans l'état du fils prodigue ou dans celui du frère aîné, si vous êtes dedans ou dehors. Dieu ne recevra pas vos pensées sur vous-même, mais il vous jugera par ses pensées sur vous, — par la parole que Christ a dite. Vous pouvez avoir bonne opinion de vous-même et penser que tout va bien chez vous, comme le fils aîné; mais Dieu ne le pense pas, à moins que vous ne soyez entré et que vous n'ayez la paix avec lui.

Voyez l'activité de l'amour envers ceux à qui la colère est révélée. Ils sont des enfants de colère, des héritiers naturels de la colère; cependant, quoique la colère soit pleinement démontrée comme étant due, et que la vigne soit rejetée, Dieu envoie son Fils, et de la grâce au pécheur; il cesse de chercher du fruit, et prépare le festin de noces pour son Fils, fournissant lui-même tout ce qu'il fallait. Le prodigue périssait de faim. Il n'y avait pas seulement une famine: l'homme la ressent, la famine, et il cherche à se tirer d'affaire comme il peut; mais il périt, et ne peut rien obtenir de personne. Satan n'a pas la vie à donner dans son pays, quoiqu'il puisse vendre, pour empêcher de mourir. Le monde peut trouver des plaisirs et des vanités pour satisfaire ses convoitises, mais rien de plus.

Vous qui n'êtes pas converti, vous qui n'avez pas la vie éternelle et qui ne vous en inquiétez pas, vous êtes entièrement loin de Dieu. Vous devez être ou indifférent ou misérable, parce que vous ne savez pas que vous l'avez. Dans quelqu'état que vous soyez, vous parlez de quelque chose que nous avons et que vous vous n'avez pas. Cependant l'évangile de Dieu est envoyé pour vous. L'activité de l'amour de Dieu vous a été montrée quand vous ne vous en souciiez pas. Si vous faites des efforts pour le gagner, vous trouverez l'oeuvre difficile. La conscience ne peut pas se dominer. La conscience parle beaucoup, et elle se parle à elle-même. Quand la conscience est en activité, elle fait sentir à l'homme qu'il devrait confesser son péché, se juger lui-même, non seulement son péché, mais sa culpabilité. La conscience dira: Je ne puis me débarrasser de ceci; elle fera plus, elle dira: Je ne désire pas en être délivré. La conscience sait qu'elle devrait être dans la présence de Dieu, bien que, plus elle en approche, plus son état devient terrible.

L'évangile que Dieu fait prêcher est la bonne nouvelle de ce que Dieu a fait pour vous. Quelqu'un dira: Il faut que je trouve une puissance par laquelle je domine mon péché; mais il ne réussit pas. Il peut chercher la puissance; mais il ne trouve pas de force en lui-même. Que pouvez-vous donc faire? Il faut que vous arriviez à ceci, c'est que vous ne pouvez rien faire. La vérité met en évidence ce que vous êtes; et ce que vous ne pouvez pas faire. Nous lisons au chapitre 7 de l'épître aux Romains, non pas: Comment puis-je trouver de la force contre moi-même, — ce misérable homme, mais: «Qui me délivrera?» Il me faut un libérateur, non de la force pour demain, mais le pardon pour aujourd'hui, bien que j'aie aussi besoin de celle-là, Vous avez besoin de miséricorde; et si vous avez besoin de quelque chose d'autre, vous n'avez pas encore été amené à reconnaître ce que vous êtes. L'évangile donnera de la puissance; mais ce qu'il faut avant tout, c'est la justice de Dieu, et c'est elle que l'évangile révèle. Voulez-vous ajouter quelque chose à la justice de Dieu? Dieu n'a-t-il satisfait qu'à moitié à vos besoins? Il place une âme comme un pécheur dans sa présence, mais il révèle sa justice dans l'évangile à celui qui croit. Il a rencontré le pauvre prodigue quand il n'avait que ses haillons, et il l'a vêtu en Christ. Je n'ai rien moins que la justice de Dieu. En apprenant cela, j'ai trouvé Dieu pour moi.

Ainsi, un autre fait précieux en Christ se présente à nous: il faut que Dieu soit, et il est, amour, pour avoir fait cela. Je suis rendu agréable dans le bien-aimé. Dieu donne abondance de secours pour que nous vivions la vie d'un chrétien; mais nous parlons maintenant de la place qui nous est faite dans la présence de Dieu, sans aucun péché sur nous pour troubler son oeil; c'est pourquoi je peux me tenir devant lui en parfait repos. Son oeil repose sur Christ, qui l'a parfaitement glorifié, et il est parfaitement satisfait! Sa gloire ne peut rien demander de plus. Dieu glorifie Christ maintenant, et, comme croyant, ma conscience est en repos dans sa présence. L'oeuvre est accomplie, et acceptée; et, comme telle, elle est révélée sur le principe de la foi. Ainsi ont cru, depuis Abel, tous ceux qui sont nés de Dieu, et moi aussi, je crois. Puis-je ajouter quelque chose à Christ? — Non, je fléchis, je m'incline devant lui. Je crois en lui, et je me repose en lui. Je ne puis pas croire l'évangile si la justice de Dieu n'est pas révélée en Lui. Mais comme la bonne nouvelle est vraie, ainsi aussi la justice de Dieu est parfaite; et la foi la saisit comme lui la donne, en pleine grâce. C'est pourquoi «le juste vivra de foi».

Dieu donc est pour moi; et qu'est-ce qui me séparera de l'amour de Dieu? J'ai besoin de force spirituelle; j'ai besoin de grâces temporelles; — comment les trouverai-je? — Parce que Dieu est pour moi. Il me scelle du Saint Esprit. Le Saint Esprit ne peut sceller les fruits sans les avoir produits. Nous sommes scellés après que nous avons cru. Ceux-là sont scellés qui se sont soumis à Christ dans la présence de Dieu, et auxquels cette justice a été révélée. Vous dites peut-être que vous faites des efforts? Vos efforts n'aboutiront à rien pour vous, à moins que ce ne soit de vous amener à connaître votre impuissance. Vous êtes à moitié dans le chemin et à moitié dehors, jusqu'à ce que vous vous soyez reconnu absolument impuissant et sans ressource. Il n'y a que Dieu qui puisse attirer le coeur et l'amener à recevoir ce que son amour a préparé.