La sanctification - Jean 17 (Darby J.N.)

ME 1878 page 181 

 

J'ai à coeur de dire quelques mots sur ce chapitre, particulièrement en rapport avec le caractère de la sanctification.

Nous savons tous, qu'au moment où il nous est présenté ici, le Seigneur était rejeté. A partir du chapitre 13, il se place lui-même sur ce terrain dans ses discours. «Jésus savait que son heure était venue pour passer de ce monde au Père…» Tout le long de l'évangile de Jean, depuis le premier chapitre déjà, le monde ne l'a pas connu, et il est rejeté par les Juifs, car «il vint chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu». Mais, depuis le chapitre 13, il parle comme s'en allant de ce monde, et montant là d'où il était venu.

Ici, au chapitre 17, Jean nous le présente comme étant sorti d'auprès du Père, non pas d'auprès de Dieu seulement, et ceci implique la «vie éternelle»; car «c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent (toi, le Père) seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ». — C'est ici que la vie éternelle est introduite: le caractère de cette vie, c'est qu'elle est la connaissance du Père, car le Père a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Sans doute, nous connaissons ainsi Dieu aussi, comme dit Pierre: «Qui par lui, croyez en Dieu»; mais la vie éternelle est dans la connaissance du Père, et de Jésus qu'il a envoyé. Ainsi, le caractère sous lequel nous le connaissons, est celui de «Père saint», et c'est là la sanctification. Quand il est question du monde, Jésus dit: «Père juste», non pas que la grâce n'aille pas dans le monde à la recherche des pauvres pécheurs, pour les délivrer du monde, mais parce que les saints ne sont pas du monde, et en ont fini avec lui.

Plusieurs disent volontiers que Christ vint dans le monde pour s'associer à l'humanité, et qu'il s'unit à l'homme dans l'incarnation, ce qui est absolument faux. Il était un vrai homme, et en un sens plus homme que nous ne le sommes, car une chose parfaite est plus qu'une chose corrompue; mais l'union de Dieu avec l'homme, avec l'humanité telle qu'elle était, est absolument antiscripturaire: il n'y a pas d'union avant la rédemption. Il n'est jamais dit non plus, que Dieu, ou une personne divine, se soit uni à nous. Le Verbe devint chair, et habita au milieu de nous, vrai homme dans la chair, mais sans union avec nous, quoiqu'en disent beaucoup de chrétiens de toutes nuances et de toutes dénominations. L'Ecriture nous enseigne que nous sommes unis à Christ, après que la rédemption est accomplie, — unis à un Christ glorifié. — «A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul», — entièrement et absolument seul.

C'est ici un point de la plus haute importance, au point de vue pratique, parce que «l'amitié du monde est inimitié contre Dieu». Toutes les fois que nous donnons entrée à l'esprit et aux associations du monde, nous nous associons nous-mêmes à ce qui a rejeté Christ. Cela peut paraître dur, mais ce n'est pas aussi dur que le monde, rejetant Christ quand il était venu ici-bas en grâce. C'est pourquoi le jugement de Dieu est lié à cet acte d'inimitié du monde contre Christ. Jésus dit: Père juste, je t'ai manifesté, et le monde ne t'a pas connu. Ainsi, quand nous en venons au Saint Esprit, nous lisons: «L'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le connaît pas». Le croyant seul peut le connaître. Le monde est un système jugé: «Maintenant est le jugement de ce monde, maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors». Le Seigneur posait le fondement d'un état de choses absolument nouveau, au sujet duquel il dit: «Père saint». Quant au monde, il dit: «Le monde ne t'a pas connu»; et vous ne pouvez pas présenter Dieu au monde mieux que Christ ne l'a fait.

Vous verrez qu'à mesure que le temps avance, dans ces derniers jours, cette question surgira. La foi voit par le Saint Esprit quelles sont les pensée, de Dieu à cet égard; et notre part est de les saisir. Quand le Seigneur viendra, il sera trop tard pour le monde, ce sera le jour du jugement.

«Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui». Le Père a un monde à lui, qu'il nous a donné, et auquel il a donné Christ pour centre: — c'est la nouvelle création. Le monde, tel qu'il est, a rejeté Christ, quand il est venu; maintenant, c'en est fait de tout cela. Le Fils de Dieu est venu en grâce: «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même»; «il vint chez soi, les siens ne l'ont pas reçu»; et maintenant nous sommes appelés à marcher par la foi à l'égard de ces choses, non par la vue, car ce à quoi nous appartenons, est une nouvelle création. «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures». Voilà ce qu'est un chrétien; et nous avons à ne pas perdre cela de vue, dans notre marche et dans notre témoignage. Je ne comprends pas à quoi nous sommes bons si nous marchons avec le monde qui a rejeté Christ. Nous avons, sans doute, le trésor dans des vases de terre, mais nous appartenons à une création absolument nouvelle: dans ses associations naturelles, quant à ses entourages, le trésor ne se trouve pas ici-bas.

C'est une chose bien solennelle de dire que nous sommes engendrés par la parole de Dieu, mais c'est la vérité. Dieu avait créé d'innombrables créatures avant nous; on pourrait appeler peut-être Adam, une sorte de prémices; — mais les saints maintenant, sont les prémices d'une création qui n'est pas manifestée du tout, si ce n'est en tant qu'ils vivent ici-bas d'une manière conforme à cette création nouvelle, à laquelle ils appartiennent; nous avons à la manifester dans nos corps, jusqu'à ce que Christ vienne.

Nous lisons aussi, dans l'épître aux Hébreux: «C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes». Dans cette épître il s'agit toujours de sanctification par le sang, — sur la croix. Là, à la croix de Jésus, il y eut rupture complète entre Dieu et le monde, et le croyant fut mis à part pour Dieu, ou sanctifié, sur un double principe, savoir la volonté de Dieu, et l'offrande de Jésus Christ.

En troisième lieu, enfin, et c'est ici le côté pratique, le Saint Esprit nous est présenté comme celui qui effectue la sanctification; l'agent immédiat de l'oeuvre en nous: «Elus», dit Pierre, «…en sainteté de l'Esprit, pour l'obéissance et l'aspersion du sang de Jésus Christ». Il y a communication d'une vie nouvelle en Christ: «Celui qui a le Fils, a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie». L'apôtre, je n'ai pas besoin de le dire, parle de la vie spirituelle: un homme n'a pas la vie du tout, s'il n'a pas le Fils.

Mais vous dites: Tous ne savent-ils pas ces choses? — Non; on admet bien, généralement, la doctrine que, si quelqu'un croit au Fils de Dieu, il est né de nouveau; mais cette nouvelle naissance, on l'envisage comme un changement du vieil homme. On dit que vous étiez corps, âme, et esprit, auparavant, et que vous n'êtes que corps, âme, et esprit, après; — seulement dans un état différent; et si on parle de quelque chose de plus, de deux natures, d'une nouvelle nature qui est ajoutée, on est taxé d'exagération. Or il s'agit d'une chose toute nouvelle, — Christ notre vie, une vie que même Adam innocent n'avait pas; et c'est ici, proprement, le principe de la sainteté. Ce qui est né de Dieu est une chose sainte: nous sommes nés par la parole de Dieu, qui est vivante et permanente, car la parole de Dieu demeure éternellement. Il s'agit, je le répète, d'une chose absolument nouvelle, qui ne se trouve absolument pas dans le monde inconverti. C'est pourquoi le Seigneur arrête Nicodème en disant: «Si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu»; il faut qu'il naisse d'eau et de l'Esprit. Beaucoup d'entre mes lecteurs, j'en ai la confiance, savent cela; mais là où il y a de l'ignorance sur ce point, cette ignorance opérera peu à peu, sous une forme ou sous une autre. Il importe au plus haut point que je reconnaisse qu'il y a un nouvel homme, — Christ vivant en moi, — par lequel je vis à Dieu.

Christ est cette vie éternelle qui était auprès du Père, et qui devient spirituellement notre vie: ce n'est rien qui soit dans l'homme, ou de l'homme. Tel est le vrai caractère de cette vie. «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché, concernant la Parole de la vie; et la vie a été manifestée, et nous avons vu, et nous déclarons, et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée». Nous avons vu la vie éternelle dans la personne du Fils venu du ciel. Il devint homme, et nous lisons dans Jean: «La vie était la lumière des hommes («des hommes» est emphatique ici: ce n'est pas la vie des anges). La déclaration de l'apôtre est ce qu'on appelle une proposition réciproque; autrement dit, la vie et la lumière des hommes répondent complètement l'une à l'autre, et on peut affirmer l'une de l'autre réciproquement.

Tout ce qui était simple désobéissance, au commencement, se montra être inimitié contre le propre Fils de Dieu, quand Christ était dans le monde. Il manifestait la bonté et la puissance divines, tout ce que la grâce divine pouvait être; mais Dieu était ainsi manifesté; et l'homme ne voulait à aucun prix de Dieu. Jésus dit: «Ils ont et vu, et haï, et moi et mon Père». Il a été rejeté dans sa parole et dans ses oeuvres, comme nous le voyons dans les chapitres 8 et 9 de Jean. Il ne s'agissait donc pas simplement de désobéissance et de péché; le monde en avait été rempli avant que Jésus vint; mais Dieu lui-même, en Christ, avait été manifesté en bonté devant les hommes, et, parce qu'il était Dieu, les hommes n'ont pas voulu de lui. Le monde a été mis à l'épreuve de cette manière; et le résultat a été celui-ci, que l'homme pécheur, ayant été chassé du paradis, Dieu, pour autant que l'homme en avait le pouvoir, a été rejeté hors du monde dans lequel il était venu en grâce quand ce monde gisait dans le péché et la ruine, où l'homme chassé du paradis se trouvait; et, de même maintenant, le monde ne supporte pas un homme qui ressemble à Christ. Le monde supportera une foule de chrétiens; il s'accordera avec un aimable chrétien: — mais un chrétien est appelé à être fidèle. Souvenez-vous que le chrétien a deux natures, et que toutes les fois qu'il marche avec le monde, c'est le chrétien qui s'en va vers le monde, car le monde, vu qu'il a une seule nature, ne peut pas aller vers le chrétien.

«La pensée de la chair est inimitié contre Dieu». Si le monde dit: Nous ne voulons pas de Lui; alors, «il s'est donné Lui-même pour nous délivrer de ce présent siècle mauvais». Je trouve ainsi Celui que le monde a rejeté, l'Homme dans lequel Dieu trouvait son plaisir; et Dieu dit: Il faut que j'accomplisse mes desseins de grâce, et il fait asseoir Christ à sa droite, jusqu'à ce qu'il les accomplisse. C'est donc là que Christ est allé; le monde ne le voit plus.

Quelques mots sur le caractère de la sanctification, en rapport avec ce qui précède, ne seront pas hors de place ici.

En Israël la chose était un peu différente: Dieu demeurait au milieu d'Israël, comme d'un peuple qu'il avait délivré. Il leur disait: «Soyez saints, car moi je suis saint»; je ne veux pas de vous, dans mon camp, sans sainteté. Dieu était là, au dedans du voile, sans doute, toutefois présent au milieu de son peuple, qu'il dit lui-même avoir amené à Lui, et dont la conduite par conséquent devait répondre à une telle position. Le voile, nous le savons, demeurait non déchiré, l'Esprit Saint indiquant ceci, «que le chemin des lieux saints n'avait pas encore été manifesté,» ce trait caractérisant toutes les voies de Dieu envers l'homme dans ce temps-là, quant à la révélation de Lui-même. Dieu était assis entre les chérubins au dedans du voile: quiconque approchait était frappé de mort; même si une bête touchait la montagne, elle était lapidée. Dieu disait: Je suis si saint que je ne puis permettre à personne de s'approcher de moi; je vous donnerai des lois et des promesses, mais vous ne pouvez entrer dans ma présence.

Il n'en est pas ainsi maintenant. Lorsque Christ mourut, le voile se déchira depuis le haut jusqu'en bas, et nous avons pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint. Ce qui était, c'est que Dieu ne sortait pas vers l'homme et que l'homme ne pouvait pas entrer vers Dieu, Dieu disant: Gardez la loi, ayez la justice de l'homme, et ne vous approchez pas de moi. Tout cela finit dans la réjection de Christ. Ce qui est, c'est que le voile est déchiré depuis le haut jusqu'en bas, et que la seule place dans laquelle j'aie à marcher comme chrétien est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière: et si je ne peux pas marcher dans la lumière, je ne peux pas marcher avec Dieu du tout. La position du chrétien n'est pas qu'il devrait marcher, mais qu'il faut qu'il marche dans la lumière; autrement il ne peut pas marcher avec Dieu, ou être en quelque manière que ce soit en rapport avec Lui, car maintenant il n'y a point de voile. Nous avons un droit à être dans le lieu très saint, ou les lieux saints, par le sang qui nous a introduit là; nous pouvons y demeurer, étant lavés de tout péché, et il n'y a point d'autre place dans laquelle on puisse entrer pour y être avec Dieu. Mais nous nous tenons nous-mêmes aussi pour morts au péché, à tout ce qui est dehors: c'est là ce qui proprement nous délivre. Si je suis chrétien, je ne suis pas dans la chair; c'est pourquoi je puis entrer en la présence de Dieu, avec pleine liberté.

Ceci nous amène à ce qu'est la sanctification dans le sens positif. Dieu a personnellement accepté l'homme en Christ: le Fils de Dieu est dans la gloire. Dieu ne parle jamais de notre condition actuelle, si ce n'est comme étant en rapport avec le second Homme dans la gloire; notre seule relation avec Dieu est en Christ. Dieu nous a «prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères». Il ne s'agit pas ici de notre responsabilité: tout dépend de l'oeuvre achevée du second Homme, tout repose sur ce qui est accompli. Christ a obéi, même jusqu'à la mort, et il est glorifié. Comme résultat de l'oeuvre qu'il a accomplie, nous avons été régénérés par la parole de la vérité, nous sommes devenus fils de Dieu par la foi en Jésus Christ, et ainsi nous avons une nouvelle nature; nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ.

Cette nouvelle nature doit avoir un objet, et Dieu lui en a donné un, qui n'est pas de ce monde. Il n'y a pas une seule chose dans ce monde qui ne nous désanctifie, si nous la recherchons. La sanctification se rattache toute à Christ dans la gloire. La chose tout entière est nouvelle: la nature, le caractère, l'objet par lequel nous sommes sanctifiés par le Saint Esprit, ne sont absolument pas de ce monde. En vertu de la rédemption accomplie, le Saint Esprit vient ici-bas et dit: C'en est fait du monde; il faut que, si vous n'en sortez pas de corps, vous en ayez fini avec lui, et que vous soyez dans le ciel en esprit. Je suis descendu avec le but exprès de vous mettre en rapport avec Celui qui a laissé le monde et qui est monté plus haut que les cieux. L'objet placé devant nous est un Christ glorifié: il est notre vie; nous sommes «créés dans le Christ Jésus». Le chrétien a des devoirs ici-bas, il n'est pas ôté du monde; mais sa vie toute entière est liée à Christ à la droite de Dieu, et tout ce qui, en quelque manière, affaiblit la perception que nous avons de Lui là où il est, diminue notre sanctification pratique ici-bas.

Notre témoignage est que l'Homme que le monde a rejeté est à la droite de Dieu. L'Evangile ne commence pas avec Christ venu dans le monde, quelque grands qu'aient été la grâce et l'amour ainsi manifestés, pour gagner le coeur de l'homme à Celui vers qui, une fois qu'il est sauvé, il se tourne avec délices pour s'en nourrir: l'Evangile commence avec un Christ rejeté du monde.

Le monde l'a rejeté; Dieu l'a élevé dans le ciel; il l'a fait, là, le chef de la nouvelle création, et nous lui serons rendus conformes. «Et maintenant, enfants, demeurez en Lui, afin que, quand il sera manifesté, nous ayons de l'assurance, et que nous ne soyons pas couverts de honte, de par Lui à sa venue. Si vous savez qu'il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de Lui. Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu; c'est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu». Nous sommes des «fils de Dieu»; nous avons le titre de Christ: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Le Seigneur n'a jamais parlé ainsi avant la rédemption.

Voyez comment l'apôtre nous identifie avec Christ: «Le monde», dit-il, «ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu». Nous sommes associés entièrement à Christ, à un Christ rejeté ici-bas. «Nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté», — nous avons le trésor, maintenant, dans de pauvres vases de terre; «mais nous savons», — tant nous sommes identifiés avec Christ, — «que lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est», là-haut dans la gloire. Nous ne le verrons jamais comme il était, ici-bas, dans son humiliation; mais dans la gloire, nous le verrons comme il est.

Quel en est l'effet? «Quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme Lui est pur». Je vois l'oeuvre de la rédemption accomplie; je vois Christ à la droite de Dieu: voilà l'homme auquel je suis lié. Et quant à ce premier Adam, je dois le tenir pour mort; sa pensée est inimitié contre Dieu; et je ne suis pas dans la chair, quoique la chair soit en moi. Si nous considérons notre part, elle est que «nous sommes enfants de Dieu», comme dit l'apôtre: «Nous sommes maintenant enfants de Dieu»; et «lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables». Tel est le chrétien, chers amis, et telle est la seule chose qu'il y ait pour le coeur du chrétien.

«Quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme Lui est pur». Je ne puis jamais être tel qu'il était, car il n'eut jamais de péché dans sa nature; mais je sais que je lui serai rendu parfaitement semblable. Je puis ainsi me passer de toutes les notions des hommes quant à la perfection dans ce monde; elles ne sont que déceptions, depuis le commencement jusqu'à la fin, car c'est à un Christ glorifié que nous serons rendus semblables, et à nul autre Christ. L'apôtre ne dit pas que nous serons purs comme Adam l'était.

Et pourquoi me purifier moi-même Parce que je ne suis pas pur. C'est pour cela qu'il faut que je me purifie. Jean ne dit pas que je sois pur comme Lui est pur. Mais Christ est, Lui, la mesure et le modèle selon lequel je me purifie, — Christ, tel qu'il est dans la gloire. Je lui serai rendu semblable, et la vie que je tiens de lui, ne peut jamais, jusque-là, être satisfaite. J'ai toujours à me purifier.

Il y a d'autres passages qui se rapportent au même sujet; mais il n'y a pas d'autre manière d'envisager la sanctification dans l'Ecriture. Il n'y a point de mise à part pour Dieu, si ce n'est dans le second Homme, comme il est écrit: «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire». En quelle image? — l'image de Celui que je contemple, Christ dans la gloire. Cette vérité nous est présentée de trois manières dans l'Ecriture: «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur»; ensuite: «La gloire du Christ, qui est l'image de Dieu»; et enfin: «La gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ» (2 Corinthiens 3: 18; 4: 4, 6). Quand je veux associer cette gloire avec l'homme, il faut que ce soit en Lui, là où il est, dans le ciel. Si je dis: Où puis-je voir la sainteté de Dieu dans un homme? je réponds: En Christ dans la gloire. Il était le Saint, et il a marché selon l'Esprit de sainteté ici-bas sur la terre, et je dois marcher comme Lui a marché; mais ce par quoi le Saint Esprit opère cette oeuvre en nous, c'est en nous faisant regarder à Christ glorifié dans le ciel, en nous présentant là un objet et un motif qui élèvent notre coeur au-dessus de tout ce qui est ici-bas, comme était son coeur à lui, qui marcha à travers ce monde comme nous sommes appelés à le faire. Je vais être auprès de Lui, et semblable à Lui. — Etre, par le coeur, non seulement avec Dieu, et pour Dieu, mais même maintenant un imitateur de Dieu comme un enfant bien-aimé, c'est là la sanctification chrétienne.

Et comme lorsque Christ sera manifesté nous lui serons semblables, et nous nous purifions nous-mêmes maintenant comme lui est pur, ainsi notre sainteté, notre marche maintenant, est envisagée en rapport avec ce jour-là, dans la première épître aux Thessaloniciens. Sa venue pénètre toutes les relations spirituelles du coeur, se déploie dans toutes les circonstance de la vie chrétienne; et, pour ce qui est de la sainteté, nous lisons: «Le Seigneur nous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres, et envers tous, comme nous aussi envers vous, pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints». — Et où? Dans notre marche ici-bas, cela est évident, dit-on partout. Mais Dieu dit autrement: «En la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints». Il est très vrai que l'oeuvre en nous est pour nous purifier comme lui est pur; mais c'est afin que nous soyons «sans reproche en sainteté», lorsqu'il apparaît. Assurément, si nous sommes sincères, nous nous purifions maintenant comme lui est pur; mais Dieu a retiré l'homme entièrement de ce monde, quant à tout ce à quoi il est associé, et à toute sa conversation; et «quand le Christ qui est notre vie sera manifesté, nous serons manifestés avec lui en gloire»,

Quel glorieux appel que le nôtre, un appel tout entier lié à un Christ glorifié, à un Christ que le monde a rejeté! Avec une nature sainte, car vous êtes nés de Dieu, Dieu vous a donné comme objet pour cette vie, le Christ glorieux, le Fils de Dieu. Dieu, même de cette manière, vous rend participants de sa sainteté. Vous dites: Oui, mais il faut que je trouve cette sainteté formée parfaitement dans un homme, pour que je connaisse son vrai caractère. Eh bien, vous l'avez en Christ à la droite de Dieu; — et, si maintenant nous revenons au chapitre qui nous occupe, vous la trouverez là.

Dieu nous y place dans la position de Christ devant Dieu, ou, plus exactement, devant le Père, et dans la position de Christ devant le monde. Le premier verset commence par introduire le nom du Père, et Christ en haut, après qu'il a accompli l'oeuvre; ensuite les disciples sont placés aussi devant le Père, son nom leur ayant été manifesté. «Jésus leva ses yeux au ciel et dit: Père, l'heure est venue, glorifie ton Fils». Cette première partie du chapitre finit par le verset 13, qui commence par ces mots: «Et maintenant, je viens à toi». Ensuite Jésus dit: «Moi je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». C'est là notre place. Dans la pensée de Dieu, nous n'appartenons absolument pas au monde. Christ éprouva le monde de toutes manières, et n'y trouva jamais autour de lui, sauf dans une pauvre femme qui l'oignit à Béthanie, quelque consolateur que ce soit, quelque capacité pour sympathiser; non pas même dans ses disciples.

Comment donc serai-je mis à part dans le monde? — Si je n'ai pas quelque chose qui soit entièrement en dehors de lui, laisser certains péchés particuliers, n'est, après tout, que laisser une chose pour m'adonner à une autre; mais trouver quelque chose en dehors du monde, me délivre complètement du pouvoir de celui-ci.

Tenons-nous collés à la parole de Dieu. La parole de Dieu est la parole de Dieu: «elle discerne les pensées et les intentions du coeur». Les hommes, quand ils raisonnent contre la vérité, rejettent la parole de Dieu; ils rejetteront son autorité et diront: «Ne me citez pas la Bible». N'est-ce pas exactement comme si, quand j'ai une épée bien affilée dans ma main, ils me disaient de ne pas m'en servir. Quand vous avez à faire avec des gens qui contestent, la seule arme qui ait de la puissance, c'est la Parole; et vous trouverez qu'elle met à découvert. Servez-vous seulement de la Parole, et vous serez étonné de voir comme tout le rationalisme de ces hommes et leur incrédulité viendront au jour.

Revenons nous-mêmes à cette Parole. Le Seigneur dit: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». Et puis il ajoute: «Sanctifie-les par la vérité, ta parole est la vérité», — précisément ce que le Fils de Dieu était. Il était la vérité elle-même, et la vérité parfaitement adaptée au coeur et à la conscience de l'homme. Tel est l'effet de la parole de Dieu, si nous la considérons comme instrument: la parole du Père apporte la vérité dans mon coeur et le sonde, et met à découvert tout ce qui s'y trouve; elle vient comme une lumière, et met là en moi, en évidence, tout ce qui n'est pas de la nouvelle création. Elle le fait en révélant ce qui est en haut. La loi ne faisait pas ainsi. La loi venait et réclamait de l'homme ce que l'homme aurait dû être ici-bas; elle défendait le meurtre, le vol, et en outre elle condamnait la convoitise. Elle s'adresse à l'homme comme homme, et dit: «Voilà ce que l'homme devrait être». Mais ce n'est pas cela que nous avons en Christ. Ce que nous avons dans la vérité en lui, c'est la communication ici-bas de ce qui est céleste à une âme vivifiée, la communication à cette âme de tout ce qui est dans la pensée de Dieu à son sujet. Elle est mise à part pour Dieu par la révélation de ce qui est céleste, de ce qui est en Christ dans le ciel; et ainsi elle juge tout ce qui ne l'est pas. Les disciples étaient des croyants; et maintenant Jésus veut les voir sanctifiés; et il accomplit cette sanctification en leur révélant ce qui est céleste, en les associant à ce qui est en lui dans le ciel, par la parole du Père.

«Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde», — pour y porter, quoi? La manifestation de Christ révélé par la parole du Père. Je ne puis être envoyé dans le monde, si je suis dans le monde et du monde, ni y aller comme y étant envoyé par Christ, à moins que je ne sois pleinement associé avec Lui dans l'esprit de mon entendement. Il dit: Je les envoie dans le monde comme toi tu m'as envoyé. Qu'est-ce que cela nous dit de leur mission?

 «Et moi je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité». Il est mis à part, comme l'homme des conseils et du coeur de Dieu, comme homme dans la gloire. Il dit même: «Je me sanctifie moi-même»; et le Saint Esprit en apporte la connaissance ici-bas, et, par la communication de Christ dans la gloire, me rend plus semblable à lui chaque jour. Christ ne veut pas qu'il y ait chez vous aucun motif qui ne vienne de Lui, et de là où il se trouve, dans le ciel. Toute sanctification se rapporte à Lui et doit nous rendre semblables à Lui là où il est, nous qui sommes gardés par le Père saint, pour marcher comme Lui a marché ici-bas devant son Père.

Si, d'un côté, nous lisons: «Père saint, garde-les en ton nom, le nom que tu m'as donné», de l'autre, nous entendons Jésus, disant: «Père juste, le monde ne t'a pas connu». C'est très solennel: Jésus en appelle à son Père contre le monde. Le monde gît dans le méchant. En attendant, Christ nous est fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption. On ne peut pas dire de toutes ces choses, qu'elles nous soient «comptées» ou «imputées», et si même on peut le dire de quelqu'une, ce n'est pas le sujet de ce passage. On parle de sainteté ou de sanctification imputée, mais parlera-t-on aussi de rédemption imputée? Qu'est-ce que cela signifierait? J'espère que nous aurons autre chose qu'une rédemption imputée quand nous entrerons dans la gloire. Ce que le passage nous présente, c'est le genre et la mesure et le modèle de ces choses; et cette mesure, ce modèle, c'est Christ. Et par Lui, elles sont de la part de Dieu pour nous.

Il s'agit d'avoir part à la sainteté de Dieu. Le monde a rejeté le Fils de Dieu. Toute l'histoire de l'homme jusqu'à la croix a démontré que rien ne pouvait ramener à Dieu le coeur de l'homme. Il faut être «né de nouveau»; et alors, étant né de nouveau, je suis associé à Christ. Je vais être dans la même gloire dans laquelle il est entré lui-même, et je poursuis ma course jusqu'à ce que j'arrive là, me purifiant comme lui est pur: alors je le verrai comme il est, et je lui serai semblable. Le monde auquel nous appartenons naturellement, a rejeté le Fils de Dieu, et les associations des croyants sont avec un Christ glorifié, qu'ils attendent jusqu'à ce qu'il vienne les prendre pour qu'ils soient avec Lui, là où il est, dans la maison du Père. Dieu nous a sanctifiés pour lui-même par le sang de Christ.