L'union de l'humanité avec Christ dans l'incarnation est l'erreur fondamentale de la théologie moderne - Darby J.N.

 ME 1878 page 201

 

Le sujet que je désire traiter dans ces lignes est un de ceux qui affectent le caractère tout entier et la nature du christianisme. Il s'agit d'un principe qui donne naissance, d'un côté, à une réelle infidélité, et, de l'autre, à d'abominables hérésies, bien que plusieurs, tout en le retenant dans sa racine, en rejettent entièrement les conséquences. On peut dire que cette fatale doctrine est répandue et enseignée dans la plus grande partie du monde chrétien évangélique, et que, sous la forme qui lui est donnée, surtout par les théologiens de l'Allemagne, elle sert de base à la pire des infidélités.

La question, est celle-ci: «Christ, dans son incarnation, s'est-il uni à l'humanité pour la renouveler? ou bien la vie des croyants est-elle, dans chaque cas, une vie entièrement nouvelle, et dans le cas de l'Eglise, les croyants sont-ils unis par le Saint Esprit à Christ glorifié?» Ceux qui en somme sont orthodoxes, se contentent d'affirmer le renouvellement du premier homme; mais la doctrine dans son plein développement est l'union de Christ avec l'humanité déchue.

C'est une question de la plus haute importance.

En effet, l'une des doctrines fait de l'homme déchu, du premier Adam, celui que Dieu prend comme tel pour être l'objet de la bénédiction; celui à qui par conséquent la Parole s'est unie, et cela dans l'état de péché de l'homme, avant la rédemption (bien que l'on dise que Christ a été personnellement sans péché); tandis que l'autre regarde l'homme dans la chair comme entièrement rejeté et perdu, et maintient que Christ a été seul, quoique certainement et véritablement homme, jusqu'à ce qu'il eût accompli la rédemption; que, l'ayant accomplie d'une manière efficace pour la justification et la vie des croyants, avant comme après la croix, une nature entièrement nouvelle leur est donnée, dans laquelle ils ont part au bénéfice de cette rédemption; et que, de plus, pour ceux qui constituent l'Eglise, il y a une union effective par le Saint Esprit avec Christ glorifié, comme membres de son corps.

Les Wesleyens ne professent pas, que je sache, cette doctrine de l'union de Christ avec l'humanité déchue, mais, en pratique, ils en admettent l'effet, en affirmant qu'il y a dans l'homme déchu quelque chose de bon, et que l'oeuvre opérée dans le salut est la restauration du premier Adam, et non la communication d'une vie totalement nouvelle. Les docteurs de l'Allemagne sont d'accord avec eux sur ce point. Sans cela, disent-ils, il n'y aurait pas «d'Anknüpfungspunkt», aucun point en l'homme par où la grâce pourrait le saisir. Or la vérité est que Dieu agit au moyen de la connaissance que l'homme a du bien et du mal, c'est-à-dire sur la conscience; mais une nouvelle vie est donnée. Christ, le dernier Adam, devenant notre vie, en contraste avec le premier Adam, n'a pas besoin de ce point d'attache.

Sans m'arrêter à passer en revue les formes diverses sous lesquelles est présentée la doctrine antiscripturaire de l'union de Christ avec l'humanité déchue, dans l'incarnation, ou celle non moins contraire aux Ecritures, de la restauration du premier Adam, je m'attacherai à montrer quel est sur ces points l'enseignement de la parole de Dieu.

Quelle différence, quel contraste entre les spéculations des hommes, fruit des écarts de leur imagination, et la calme et belle simplicité du récit de la vie de Christ, tel que nous le donne l'Ecriture. Voyons d'abord de quelle manière elle présente l'incarnation. Après avoir établi (Jean 1) ce que Christ était (Qeèz Ön ç lçgoz), Jean nous dit (verset 14) ce qu'il devint: la Parole devint chair (srx gneto), et habita au milieu de nous. Et en Hébreux 2: 14, nous lisons: «Puis donc que les enfants ont eu part (cecoinðnjken) au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé (met™zcen) afin que, par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort». Il devint un homme, il fut fait un peu moindre que les anges, afin de pouvoir mourir (Hébreux 2: 9). Mais c'est par la puissance du Saint Esprit qu'il prend ainsi naissance, de manière à être saint, comme l'ange le dit à Marie: «L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre, c'est pourquoi aussi la sainte chose (gion) qui naîtra, sera appelée Fils de Dieu» (Luc 1: 35). Quant à la chair il était né de Dieu, saint, Fils de Dieu; ce qui était né de Marie était une sainte chose. Par la puissance divine et par l'opération du Saint Esprit agissant sur cette vierge obéissante et bénie du Seigneur, il était né saint; ce qu'il avait pris n'était pas la chair pécheresse. Il était «né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption» (Galates 4: 4, 5). Ainsi pour nous, être enfants de Dieu est le fruit de la rédemption. «A tous ceux qui ont cru en Lui» et à nuls autres il leur a donné le droit de prendre cette place. Nous ne voyons donc pas, dans les passages cités, qu'il y ait union de Christ avec l'humanité pécheresse, mais ce qui est tout à fait unique, ils nous montrent en Lui un homme sans péché, né saint d'une manière miraculeuse. La place de fils, pour d'autres, n'appartient qu'à ceux qui l'ont reçu.

Le chapitre 2 de l'épître aux Hébreux présente la même pensée. «Me voici», y est-il dit, «moi et les enfants que Dieu m'a donnés». Il n'est parlé que de ceux-là. Ces enfants avaient part au sang et à la chair, ainsi il y a participé lui-même; mais ceux dont il parle sont soigneusement distingués du reste de la race humaine. Je ne mets pas en question que Christ soit mort pour tous; je le crois. Mais quand il est dit qu'il attire tous les hommes à Lui, c'est par sa mort, et non par l'incarnation; c'est par ce qui a opéré la rédemption, après que l'homme l'eut méprisé et rejeté, que le monde eut été jugé et laissé gisant dans le méchant (1 Jean 5: 19). Il devait attirer (Jean 12: 32) ceux qui, au lieu d'être unis à Lui, en étaient au contraire éloignés. J'ai dit que ceux dont il est question en Hébreux 2: 13, sont soigneusement distingués, de manière à exclure l'idée d'union avec la race. En effet, ce sont les enfants que Dieu lui a donnés. Il prend (cela veut dire prendre la cause) non les anges, — quelle occasion de parler ici de sa relation avec la race, si cette relation existait, — mais il prend la semence d'Abraham. Comme ils étaient dans la chair, il la prend aussi, mais il n'y a pas un mot d'union avec l'humanité. Bien plus, il nous est dit positivement de qui sont ceux qui se trouvent avec Lui dans cette unité, «et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d'un» (x nçv). Ils sont tels comme sanctifié (*). Il est vrai qu'il goûte la mort pour chaque homme, mais il n'y a pas d'union avec l'homme; c'est une pensée étrangère à l'Ecriture. On parle de Lui comme étant chair de notre chair, os de nos os: cela est inexact; il est dit de nous (Ephésiens 5: 30) que nous sommes de sa chair et de ses os, mais c'est quand il est glorifié. Ainsi Adam disait d'Eve qu'elle était os de ses os et chair de sa chair; Eve ne pouvait le dire d'Adam. Sous toutes ses formes cette théorie est aussi fausse que pernicieuse.

 (*) Cela est limité à ceux qui sont sanctifiés. Ils sont xnçv.

Un autre verset du même chapitre confirme la même vérité: «J'annoncerai ton nom à mes frères». Cela n'eut lieu qu'après la résurrection du Seigneur, comme le Psaume 22 l'annonce clairement, et comme nous le voyons accompli et développé d'une manière si touchante dans le chapitre 20 de l'évangile de Jean. Ce qui suit établit pleinement ce point: «Au milieu de l'assemblée je chanterai tes louanges».

Ainsi la vérité c'est que nulle part nous ne trouvons dans l'Ecriture rien qui appuie la pensée que Christ se soit uni aux hommes ou à l'humanité. Il était véritablement homme, mais il n'y avait pas d'union entre Lui et d'autres hommes dans leurs péchés. La seule relation avec les hommes qui puisse en quelque manière être alléguée, se trouve dans ce passage: «Le chef de tout homme est Christ» (1 Corinthiens 11); mais ici c'est d'autorité, de dignité relative qu'il est question, et non pas d'union. Prétendre qu'il y a eu union avant l'oeuvre de la rédemption, est une pensée qui fausse le christianisme et l'état des hommes. Pour soutenir la doctrine en question, on a cité le passage que nous sommes «crucifiés avec Lui». Mais cela nous présente la manière dont Dieu nous voit en Christ, en tant qu'il mourut pour nous, et que nous saisissons cela par la foi. Cela d'ailleurs ne fait que confirmer la grande vérité que je cherche à établir. Qui est-ce qui est crucifié avec Christ? Le croyant, et le croyant seul. Tous les pécheurs impies qui sont morts dans leurs péchés, ou qui n'ont jamais rien entendu de Christ, étaient-ils crucifiés avec Christ? Qu'il ait été la propitiation pour le monde entier, nous le lisons en 1 Jean 2, mais alors il était seul pour d'autres. Cette propitiation fut faite à l'égard de Dieu: le sang placé sur le propitiatoire ouvre la porte de l'Evangile à tous les pécheurs. Mais cela ne suppose nullement l'union avec l'humanité. La propitiation fut faite pour les hommes, non avec eux.

Quand la Parole nous montre que le titre de Fils de l'homme appartient au Seigneur, nous voyons en même temps que c'est par la mort qu'il le prend. Toutefois, s'il est rejeté et méprisé, le Père veille toujours à ce qu'un témoignage soit rendu à ce qu'il est. La résurrection de Lazare démontrait qu'il était Fils de Dieu son entrée dans Jérusalem rendait témoignage à sa gloire comme Fils de David, mais quand les Grecs viennent demander à le voir, le Seigneur dit: «L'heure est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié» (Jean 12: 23). Ici l'humanité comme race est en question, mais que dit Jésus? «En vérité, en vérité, je vous dis, à moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul, mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit». Fils de Dieu et Roi d'Israël, il l'était, selon ce que dit le Psaume 2; mais, pour prendre sa place comme Fils de l'homme, dans la gloire qui lui appartenait en vertu de ce titre (voyez Psaumes 8), pour cela il devait mourir. Son esprit entre donc par anticipation dans cette scène, et il avertit ses disciples qu'ils ont à le suivre dans le même sentier. Mais lui s'incline avec une parfaite soumission devant la volonté du Père, cherchant uniquement sa gloire, et, comme toujours, cette abnégation entière lui ouvre la perspective de la gloire qui en découlait pour lui-même. «Moi», dit-il, «si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi», car, en réalité, ils étaient éloignés de lui. Il y a loin de cela à l'union avec l'humanité; en effet, c'était comme entièrement rejeté de la terre, élevé et séparé d'elle, qu'il devait attirer les hommes. Quand l'homme l'eut absolument repoussé, et qu'en conséquence le monde eut été jugé (Jean 12: 31), alors lui, Jésus le crucifié, ayant passé par la mort, devint par elle le centre vers lequel la grâce attire tous les hommes. Le péché de l'homme et son entière séparation d'avec Dieu, d'un côté, et, de l'autre, l'amour de Dieu agissant avec puissance pour la rédemption des pécheurs, devaient l'un et l'autre être pleinement manifestés dans la mort de l'Agneau de Dieu, avant qu'il pût y avoir aucun lien entre Dieu et l'homme. La rédemption est l'unique base de la bénédiction. Un Sauveur vivant dans le monde était, comme tel, le Fils de Dieu, le Messie ayant droit à être Roi d'Israël. Un Fils de l'homme mort et ressuscité a seul droit sur le monde comme Rédempteur et Sauveur. Celui qui est descendu dans les parties les plus basses de la terre, est aussi celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplit toutes choses (Ephésiens 4: 10), et, dans ce caractère, il prend la place de puissance et de gloire qui Lui appartient. Ainsi quand son heure est réellement venue (Luc 9: 51) après que les disciples l'ont reconnu comme le Christ de Dieu, s'adressant à eux avec force, «il leur commanda de ne dire ceci à personne, disant: Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, et qu'il soit rejeté des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu'il soit mis à mort, et qu'il soit ressuscité le troisième jour» (Luc 9: 20-22); après cela, il leur fait voir sa gloire.

Nul doute que, comme Fils, il ne vivifie qui il veut, et il l'a fait depuis Adam, mais il n'est pas pour nous la vie et la résurrection; il est «la résurrection et la vie» (Jean 11: 25). C'est pour cela qu'au chapitre 6 de Jean, où il se nomme le pain de vie, il insiste tellement sur la résurrection au dernier jour. C'était sur un terrain entièrement nouveau, fondé sur sa mort, que l'homme pouvait être béni (5: 39, 40, 44, 53). Il donne sa chair pour la vie du monde, et à moins que l'on ne mange la chair et que l'on ne boive le sang du Fils de l'homme, on n'a point la vie en soi. Quiconque mange sa chair et boit son sang, a la vie éternelle. L'union avec l'humanité, et avec l'humanité pécheresse, sans que la vie soit donnée ou que la rédemption soit accomplie, n'est qu'une erreur socinienne. On l'accepte souvent à son insu, je veux bien l'admettre, mais au fond, c'est ainsi.

«A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul». Christ a pris la chair et le sang, mais il est resté seul; il vivifiait, il est vrai, comme Fils de Dieu, qui il voulait; mais, comme homme dans la chair, il restait seul dans la position qu'il avait prise, jusqu'à ce que, par la mort, il pût, avec justice, en associer d'autres à Lui, et qu'il eût accompli la rédemption sans laquelle personne, sauf lui-même, ne pouvait subsister devant Dieu. L'Ecriture ne nous montre nulle part le Fils de l'homme vivant dans les jours de sa chair en union avec l'humanité, sans donner la vie, et sans qu'il y eût justification ou rédemption; elle ne nous enseigne pas davantage une union de Christ avec l'homme pécheur, lui donnant la vie et la rédemption ou la justification, avant que Christ n'eût passé par la mort. «Moi, si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi». Une union de Christ avec l'homme pécheur est totalement en dehors des enseignements de l'Ecriture.

Quelles étaient donc auparavant les voies de Dieu à l'égard de l'homme? Assurément, depuis Adam il vivifiait des âmes, mais, dans ses dispensations envers l'homme, il mettait à l'épreuve, pour son instruction, l'état dans lequel l'homme se trouvait. Dans le premier monde, il avait placé Adam innocent dans le jardin d'Eden. Adam tomba; depuis ce temps jusqu'au déluge, les hommes furent laissés sans institutions spéciales, mais non sans témoignage de la part de Dieu. Ce monde devint si méchant qu'il dut être détruit par le déluge. Dans le monde nouveau sorti des eaux, le gouvernement fut confié à Noé; puis la promesse fut donnée à Abraham, appelé à sortir hors de l'idolâtrie universelle; ensuite vint la loi, destinée à éprouver l'homme et introduisant la transgression; enfin les prophètes furent suscités, pour rappeler la loi et rendre témoignage à Christ. En dernier lieu Dieu dit: J'ai encore un Fils; ils auront peut-être du respect pour mon Fils. Et quand ils le virent, ils dirent: «C'est ici l'héritier, venez, tuons-le, et l'héritage sera à nous». Non seulement les hommes étaient iniques sans loi, et transgresseurs sous la loi, mais, quand la grâce vint dans la personne adorable du Fils de Dieu, ils ne voulurent point le recevoir. La présence d'une personne divine ne fit que rendre manifeste l'inimitié du coeur de l'homme contre Dieu. «Maintenant», dit le Seigneur Jésus, «ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père». Bien loin qu'il y eût un lien avec l'humanité ou avec l'homme comme race, ce fut là l'épreuve finale qui mit au jour son état. Dieu vint plein de grâce, comme un homme au milieu des hommes, et le résultat fut: «Maintenant est le jugement de ce monde».

Voilà pourquoi il est dit en parlant de la mort de Christ: «Maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois» (Hébreux 9: 26). Moralement, c'était la fin de l'histoire de l'homme. Ce n'était pas, même hypothétiquement, la communication de la vie à l'humanité comme race, ni son relèvement organique dans une union avec elle: quand il est manifesté, Lui qui était la vie, c'est pour être rejeté délibérément et complètement par les hommes. Cette vérité est établie en Jean 1: 5: «En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes»; c'est ce qu'elle était expressément, mais «la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas comprise… Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui, et le monde ne l'a pas connu. Il vint chez soi et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu»; or ceux-là «ne sont pas nés de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu». Christ n'avait rien à faire avec le premier Adam et sa nature; s'il était reçu, c'était par ceux qui étaient nés de Dieu. La lumière était venue dans le monde, et les hommes avaient mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Cette lumière était la vie, mais, malgré le témoignage de Jean le baptiseur et des oeuvres de Christ, malgré le témoignage du Père et celui des Ecritures, ils ne voulaient pas venir à Christ pour avoir la vie. Il n'y a donc aucun mélange du premier et du second Adam, aucun renouvellement de celui-là par celui-ci, mais l'entier et absolu rejet du second homme par le premier, et le jugement du monde, convaincu de péché pour avoir rejeté Christ. L'union de Christ avec l'humanité dans l'incarnation n'est qu'une erreur mystique: il faut que l'homme naisse de nouveau.

Ceci me conduit au second point que je désire examiner, — la forme que prend cette erreur, là où l'union de Christ avec l'homme pécheur dans l'incarnation n'est pas enseignée aussi formellement. Elle consiste à dire que rien de nouveau n'est donné à l'homme, que le vieil homme et le nouvel homme ne sont pas en constante opposition dans celui qui est renouvelé, mais qu'il y a simplement un renouvellement de l'homme tel qu'il est, dans ses affections, ses pensées et son âme entière. Telle est la doctrine wesleyenne, et tel aussi le fondement du perfectionnisme. C'est la doctrine courante parmi la foule des chrétiens et de ceux qui les enseignent; doctrine qui exalte le premier homme en laissant perdre la pleine et précieuse vérité de la grâce dans le second homme. Chez un grand nombre, les Wesleyens, par exemple, elle se présente de la manière suivante: l'homme, corps, âme et esprit, était dans un bon état avant la chute, et dans un mauvais état après; ensuite, par l'opération de l'Esprit, il se trouve de nouveau dans un bon état. D'après cela, comme conséquence rigoureuse, ils soutiennent qu'un homme peut naître plusieurs fois de nouveau dans une semaine, et aussi qu'il peut être parfait. Mais en disant cela, ils entendent la perfection du premier homme, et non pas celle de Christ dans la gloire; or la conformité à Christ glorifié est l'unique but que nous présente l'Ecriture. Pour tous ceux qui ont ces vues, tout en variant dans les détails, la convoitise n'est pas un péché, à moins que la volonté n'y consente; doctrine horrible et profane, qui nie que le péché dans la chair soit condamné, et qui détruit toute la vérité quant à l'état de chute de l'homme. Mais l'objet que je me propose est d'établir ce que les Ecritures disent sur ce point capital, et non de m'arrêter sur la fausse doctrine même.

L'Ecriture enseigne distinctement que la vie divine est une chose entièrement nouvelle donnée de Dieu, toujours en contraste absolu avec la chair qui ne peut être annulée que par la mort. Il y a lieu d'être surpris que cette vérité soit contestée.

Il est certain qu'il y a quelques années la lutte entre la chair et l'Esprit était reconnue par la généralité des chrétiens, sauf peut-être les Wesleyens. Mais venons-en à la parole de Dieu. Je citerai en premier lieu le passage bien connu (Jean 3): «Si quelqu'un n'est né de nouveau» (ˆnwqen), de nouveau dans son origine et sa source, car le mot grec signifie dès le commencement même, dès le point de départ, comme nous le trouvons en Luc 1: 3, où il est traduit «depuis le commencement». Par ces paroles, le Seigneur répondait à Nicodème qui estimait pouvoir être enseigné, et par là mettre tout en règle. Plus loin, en insistant sur cette vérité auprès de Nicodème, qui ne comprenait pas comment une vie si entièrement nouvelle était possible, et qui pensait à une nouvelle naissance naturelle, le Seigneur déclare que «ce qui est né de la chair est chair»; ce qui est né ainsi tient à la nature de la chair, comme chaque animal est de l'espèce qui lui a donné naissance; mais «ce qui est né de l'esprit est esprit», c'est-à-dire a la nature de l'Esprit. Or la pensée de la chair (Romains 8) (non la pensée charnelle comme état de l'âme, mais yrçnjma tÒv sarcçv) est inimitié contre Dieu, ne se soumet pas à la loi de Dieu et ne le peut pas; de sorte que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. «Ceux qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair»; «or», dit l'apôtre aux chrétiens, «vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous». N'est-ce pas là une chose entièrement nouvelle? «Et si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de Lui»; il est donc évident que tous n'ont pas cette chose nouvelle. «Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice». Que l'Esprit soit vie, que Christ soit en nous, n'est-ce pas une chose nouvelle?

Nous lisons encore en 1 Jean 5: 11, 12: «C'est ici le témoignage: que Dieu nous a donné la vie éternelle; et cette vie est dans son Fils: celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie». Avoir le Fils, n'est-ce pas une chose toute nouvelle pour le pécheur? Ce n'est pas simplement que les affections et les pensées soient changées; mais avoir le Fils, c'est avoir la vie; ne pas l'avoir, c'est ne pas avoir la vie. C'est pourquoi Christ dit: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14: 19). Il donne à ses brebis la vie éternelle (Jean 10). Il est lui-même cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée (1 Jean 1: 2). Le dernier Adam est un esprit vivifiant (1 Corinthiens 15: 45). «Quand le Christ, qui est votre vie», dit l'apôtre (Colossiens 3: 4), et encore: «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi» (Galates 2: 20). C'est une vie qui nous est donnée, une vie en Christ dans la puissance de l'Esprit. Sa nature et son caractère uniforme nous sont indiqués dans ces mots: «La loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus» (Romains 8: 2). «Nous sommes vivants à Dieu», non pas en Adam, mais «dans le Christ Jésus». Le don de Dieu en Christ est une source d'eau jaillissant en vie éternelle (Jean 4: 14), dans son plus haut état de gloire éternelle. Si l'on comprend la vraie et complète position chrétienne et si l'on en jouit, on voit que c'est une vie dont Dieu est la source. Nous sommes nés de Dieu par l'Esprit, et l'Esprit habite en nous, nous donnant puissance et liberté dans cette vie avec Dieu, nous affranchissant du péché, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Mais je ne puis m'étendre davantage sur ce sujet si précieux pour l'âme.

Ce qui est céleste et divin, et cependant approprié à l'homme et lui appartenant quand il est en Christ, est communiqué par la Parole (Jacques 1: 18) pour la sanctification des affections et des pensées; c'est une nature capable de jouir de ce qui est ainsi révélé et qui est communiquée quand on est né de Dieu. «De sa propre volonté», est-il écrit, «il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons une espèce de prémices de ses créatures». Nous sommes régénérés «par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu» (1 Pierre 1: 23). C'est ainsi que nous sommes fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus (Galates 3: 26). Les choses révélées par l'Esprit sont communiquées en paroles enseignées de l'Esprit (1 Corinthiens 2), et, pour autant qu'un homme vit réellement, il vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matthieu 4: 4). Cette vivification et cette formation des affections chrétiennes par la Parole révélant les choses d'en haut, est une vérité qui, j'en ai la confiance, est pleinement reconnue et chérie par mes lecteurs. Mais l'examen des Ecritures montre que la chair ou le vieil homme est une chose mauvaise, jugée et rejetée par Dieu et par la foi, tenue pour morte en raison de la mort de Christ, jamais renouvelée, jamais changée. L'histoire du vieil homme dans l'Ecriture nous le montre mauvais sans espoir; inique, quand il est laissé à lui-même, transgresseur de la loi quand elle lui est donnée, haïssant et rejetant Christ venu en grâce, convoitant contre l'Esprit quand l'Esprit habite en quelqu'un, et si un homme a été ravi au troisième ciel, cherchant, s'il lui était permis, à l'enorgueillir «à cause de l'extraordinaire des révélations». Nous ne sommes pas simplement des pécheurs, mais des pécheurs envers qui Dieu a agi avec la plus grande patience; patience qui a pleinement mis au jour l'état tout à fait mauvais de notre coeur; nous sommes par nature des enfants de colère.

Ainsi, en premier lieu, ce qui est né de la chair est chair (Jean 3); c'est une nature positive et spécifique, qui a ses convoitises et ses plaisirs propres, tels qu'ils sont. Ses oeuvres sont manifestes, — elles peuvent être vues (Galates 5: 19-21). La pensée de la chair est inimitié contre Dieu. Le langage de l'homme renouvelé est celui-ci: «Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien» (Romains 7: 18). Le fruit de l'Esprit est en contraste formel avec les oeuvres de la chair; non seulement cela, mais elle convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre elle, et ces choses sont opposées l'une à l'autre (Galates 5: 17). Ceux qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair; et si nous vivons selon la chair, nous mourrons. Mais si, par l'Esprit, nous faisons mourir les actions du corps, — car c'est une nature qui a ses actions, — nous vivrons (Romains 8). Y a-t-il quelque pardon, quelque amélioration, quelque remède qui lui soit applicable? Non, aucun.

Tous les péchés, sauf une seule exception, peuvent être pardonnés, mais il n'y a pas de pardon pour une nature mauvaise. «Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché dans la chair» (Romains 8: 3). «Le péché dans la chair», c'est la nature et la position du premier Adam, et quand nous sommes dans cette nature et cette position, nous sommes dans la chair. Y a-t-il donc quelque remède, et quel est-il? Il n'en est qu'un seul, si l'on peut lui donner ce nom, c'est la mort. Le péché dans la chair, comme nous l'avons vu (Romains 8: 3), a été condamné dans la mort de Christ, non qu'il y eût du péché en Lui, mais parce qu'il a été fait péché pour nous. Or si telle a été la condamnation, c'est encore la mort. Nombre de passages viennent à l'appui de cette vérité. «Celui qui est mort est justifié du péché» (Romains 6: 7). «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi» (Galates 2: 20). «Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises» (Galates 5: 24). «Sachant que notre vieil homme est crucifié avec lui» (Romains 6: 6). «Si nous sommes morts avec Christ» (verset 8). «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3: 3). Aussi pour la foi, notre vraie place est de nous tenir «pour morts au péché» (Romains 6: 11), et, comme la chair est encore en nous, convoitant contre l'Esprit, nous avons aussi à porter toujours, partout, «dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle» (2 Corinthiens 4: 10). Christ étant mort, c'est donc, pour la foi et quant à la vie de Christ en nous, comme si nous étions morts. Nous nous tenons nous-mêmes pour morts, crucifiés avec Lui, morts au péché, morts à la loi, crucifiés au monde et le monde à nous. Christ vit en nous, et nous sommes vivants à Dieu, — non en Adam, car notre vieil homme est crucifié avec Christ, — mais vivants à Dieu dans le Christ Jésus, notre Seigneur.

L'Ecriture est aussi claire et aussi uniforme que possible dans ses déclarations. La chair est là qui convoite contre l'Esprit, et ces choses sont opposées l'une à l'autre; mais nous avons le droit et l'obligation de nous tenir nous-mêmes pour morts, d'autant plus qu'en nous, c'est-à-dire en la chair, il n'habite point de bien. Mais Christ étant en nous, le corps est bien mort à cause du péché, — la mort est son unique fruit si nous sommes vivants dans la chair, — mais l'Esprit est vie à cause de la justice. C'est pourquoi nous pouvons dire que nous avons «dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses», et «revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité», «renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé». Et remarquez que ce ne sont pas seulement les actions, mais «le vieil homme avec ses actions» que nous avons dépouillé. (Ephésiens 4: 22-24; Colossiens 3: 9, 10). La vérité comme elle est en Jésus, c'est d'avoir fait ainsi, et d'avoir revêtu le nouvel homme.

Si nous prenons l'épître aux Romains, nous verrons que, tandis que la première partie traite de la culpabilité de l'homme et du pardon par le moyen de Christ mort pour nos péchés, la seconde s'occupe de notre mort avec Lui, de sorte que par lui nous vivions à Dieu. L'Ecriture est claire, quand elle montre le contraste entre la chair et l'Esprit, entre le vieil homme et le nouvel homme; mais nous avons le droit de tenir le premier pour mort, et nous avons pour notre vie Christ et non la chair. Ainsi, devant Dieu, nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en nous (Romains 8: 9).

Ainsi, nier qu'une nouvelle vie nous soit communiquée, et que le vieil homme, la chair, soit toujours contraire à l'Esprit, c'est nier les plus évidents témoignages de l'Ecriture. Notre privilège et notre devoir, si en vérité l'Esprit de Dieu demeure en nous, est de savoir que nous sommes en Christ, et non dans la chair, et de nous tenir nous-mêmes pour morts, le vieil homme étant crucifié avec Christ, sachant que c'est là aussi pour nous un des fruits de sa mort. Le résultat final et parfait, sera d'être semblables à Christ dans la gloire, ainsi que cela fut montré aux disciples lors de la transfiguration. Il n'y a point d'autre perfection pour le chrétien que celle-là, seulement nous devons le réaliser ici: Christ est en nous l'espérance de la gloire. Or, si Christ est en nous comme notre vie, cela n'est-il pas quelque chose d'entièrement nouveau, et tout à fait contraire à ce qu'est la chair? Nous sommes en Lui pour notre acceptation devant Dieu; il est en nous pour notre vie et notre marche. Pour connaître le plein développement de cette vie, lisez Colossiens 3: 5-17. Remarquez qu'au chapitre 2: 20, notre mort avec Christ est posée comme le principe d'après lequel, sous le rapport religieux, il ne nous est pas permis d'être vivants dans ce monde; et qu'au verset 1 du chapitre 3, c'est notre résurrection avec Christ qui est posée comme base de notre vie à cet égard. Nous sommes associés en vie avec Christ ressuscité, et maintenant qu'il est glorifié, notre vie est cachée avec lui en Dieu. L'Ecriture ne laisse aucunement penser que l'ancienne vie adamique soit maintenue, ni qu'elle soit prise en lui, ou qu'il infuse pour ainsi dire la sienne en nous par une sorte d'incorporation; au contraire, elle enseigne que nous sommes morts et que c'en est fait quant à notre ancienne vie. Christ est notre vie, et ainsi elle appartient au ciel où il est, quoique pour nous, nous n'y soyons pas encore.

Il me reste encore à mentionner le témoignage positif que, comme croyants, notre union est avec Christ dans la gloire. Nous avons déjà touché ce point, lorsqu'en parlant de l'union prétendue de Christ avec nous dans l'incarnation (Hébreux 2), nous avons fait remarquer que ceux-là seulement qui sont sanctifiés sont «d'un» avec Lui. Mais il y a encore quelques passages positifs à noter. En Jean 14-16, le Consolateur est promis, mais sa venue nous est montrée comme dépendant expressément du départ de Christ pour retourner auprès du Père. Au chapitre 7, l'Esprit n'était pas encore, est-il écrit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. Quand il serait venu, «en ce jour-là, dit Jésus, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). De qui est-il parlé? Est-ce de l'humanité? Non, des disciples seuls. Le Consolateur n'était pas pour le monde; «le monde ne peut le recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous» (Jean 14: 17). Cela est d'autant plus précis que, dans la première partie du chapitre, le Seigneur parle du Père comme étant en lui, et lui dans le Père, mais non des disciples étant en lui, et lui en eux. Ceci appartient au temps actuel, où Jésus est glorifié et le Saint Esprit venu.

La même grande vérité se trouve en Romains 8. «Il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus»; mais être dans le Christ Jésus a lieu par la présence du Saint Esprit, la loi de l'Esprit de vie, conséquence de la mort de Christ. «Vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous, mais si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de lui. Mais si Christ est en vous, etc.». Ici, il y a union, et cela par l'Esprit; Christ étant glorifié, nous sommes en lui et lui en nous. Ainsi est-il dit en 1 Corinthiens 6: 1: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui». Et encore: «Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c'est Dieu, qui aussi nous a scellés et nous a donné les arrhes de son Esprit dans nos coeurs» (2 Corinthiens 1: 21, 22). «En sorte que, si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Jésus Christ» (2 Corinthiens 5: 17).

Dans un caractère plus spécial de cette union, c'est-à-dire le fait d'être membres de son corps, nous sommes unis à Christ, ressuscité d'entre les morts par la puissance de Dieu, et placé à sa droite; nous, par la même puissance, nous sommes vivifiés avec lui, et ressuscités ensemble, et assis ensemble en lui dans les lieux célestes. Ainsi Dieu l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. Il en est de même dans le chapitre 2, versets 12-18, et dans le chapitre 5, où nous voyons cette union, comparée à celle du mari et de la femme, et à celle d'Eve avec Adam. La même chose est largement développée en 1 Corinthiens 12, comme un système établi sur la terre; «nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps», auquel corps sont comparés Christ et ceux qui lui sont unis par l'Esprit.

La doctrine fondamentale du Nouveau Testament, la vérité qui nous y est enseignée, c'est que Christ, quoique vrai homme, a été seul jusqu'à ce qu'il eût accompli la rédemption, et qu'alors, après qu'il eût été glorifié, les croyants sont en lui, unis à lui, par le Saint Esprit; lui, la Tête; eux les membres. Jean montre les croyants comme étant en lui individuellement; Paul, de plus, nous fait connaître notre union avec lui comme corps; nous sommes les membres vivants de son corps, lui étant la tête glorifiée dans le ciel.

En résumé, l'union de Christ avec une humanité pécheresse est une doctrine anti-scripturaire.

La vie que le chrétien a reçue, est une vie entièrement nouvelle; il est né de nouveau, ce qui est né de la chair étant chair, et ce qui est né de l'Esprit étant esprit. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Il n'y a ni renouvellement, ni amélioration de la chair; elle est inimitié contre Dieu et ne peut se soumettre à la loi de Dieu.

Notre union est avec Christ glorifié, dans la nouvelle vie en lui, par l'habitation du Saint Esprit en nous, duquel nos corps sont le temple et contre lequel la chair convoite toujours.

J'ajouterai que Dieu, dans l'histoire qu'il nous donne de l'homme, a montré ce qu'est la chair, et même la créature laissée à elle-même. L'homme a toujours gâté ce que Dieu avait établi et qui était bon. La première chose qui nous est rapportée de l'homme lui même, c'est qu'il mangea du fruit défendu. Noé, après avoir été préservé du déluge, et avoir rendu grâces pour sa délivrance, plante la vigne et s'enivre. Israël érige le veau d'or, avant même que Moïse soit descendu de la montagne. Nadab et Abihu offrent un feu étranger le premier jour après leur consécration, et Aaron n'entra jamais dans le lieu très saint revêtu de ses vêtements de gloire et de beauté. Le fils de David, Salomon, aima des femmes étrangères, et le royaume fut divisé. Nebucadnetsar, la tête d'or de la domination gentile, persécute les hommes pieux et devient une bête, caractérisant ainsi les empires qui suivirent durant les sept temps. Et que dirons-nous de l'Eglise? Tous se mirent bientôt à chercher leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus Christ, en abandonnant l'apôtre fidèle et dévoué. Jean pouvait dire: «Il y a déjà plusieurs antichrists, par où nous connaissons que c'est la dernière heure». Mais, en dépit de tout, Dieu a agi dans sa grâce pour montrer ce qu'il est, plein de support, de bonté et de patience. Toutes ces choses, l'homme, la loi, la sacrificature, la royauté dans le Fils de David, celui qui a été ressuscité pour régner sur les nations, celui qui sera glorifié dans ses saints, — tout trouve et trouvera sa réalisation en sa place dans le second Homme, le dernier Adam. Que son nom soit béni éternellement! Tel qu'est celui qui est poussière, tels aussi ceux qui sont poussière; tel qu'est le céleste, tels aussi sont les célestes. Et comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste… Et dans les siècles à venir, Dieu montrera les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus. Si j'ai parlé du mal qui est en l'homme, ce n'est assurément pas que j'y trouve mon plaisir, mais il faut que nous le connaissions tel qu'il est, et que nous puissions, par grâce, prendre Christ et non pas nous-mêmes, et être occupés de Lui seul.