Notes sur Matthieu 13

ME 1878 page 321

 

Les paraboles que nous lisons dans ce chapitre nous présentent le caractère et les effets de la Parole.

Dans sa réponse à ses disciples qui l'avaient interrogé à ce sujet, le Seigneur nous fait connaître pourquoi il parle en cette manière, en paraboles. Il leur dit: «C'est parce que, à vous, il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux; mais, à eux, il n'est pas donné» (verset 11). Les paraboles donc, nous l'apprenons, exposent la Parole à ceux qui connaissent déjà Jésus, et le Seigneur les a dites à la suite de l'incrédulité du peuple juif, au milieu duquel il avait passé auparavant comme serviteur, chassant les démons et guérissant les malades, et qui, alors, dans le principe même de l'apostasie, avait demandé un signe. (Voyez 12: 38). Cette «génération méchante et adultère» nous est présentée comme une race de gens qui s'étaient corrompus eux-mêmes: leur lieu n'est pas le lieu des enfants de Dieu; ils sont une génération perverse, des enfants dans lesquels il n'y a point de foi; et nous sommes arrivés ici au moment même où, pour ainsi dire, le Seigneur déclare: «Je cacherai d'eux ma face, et je verrai quelle sera leur fin». Voilà pourquoi le Seigneur parle en paraboles: l'esprit d'incrédulité se montrait au grand jour dans les Juifs, après que le Seigneur s'était donné toutes les peines possibles avec eux; alors il cache d'eux sa face, et leur déclare quel était leur état: «Quand l'esprit immonde est sorti d'un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos; et il n'en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti; et y étant venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il va et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même; et, étant entrés, ils habitent là, et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Ainsi en sera-t-il de cette génération méchante» (Matthieu 12: 34, 43-45). D'après tout cela, nous voyons donc que les paraboles sont l'exposition de mystères, à ceux qui croient.

Le Seigneur, comme apôtre de notre profession, lors de sa première venue, a parlé la parole de Dieu; et quand il reviendra pour juger le monde, il le jugera par la parole qu'il a dite. «La parole que j'ai dite, celle-là vous jugera au dernier jour» (Jean 12: 48).

Le témoignage du Seigneur était un témoignage de grâce, l'expression de tout ce que Dieu était en grâce pour les pécheurs; et quand il reviendra, il viendra pour juger par cette même parole: après avoir fait connaître la pensée de Dieu, il retourne au ciel, et puis il en revient comme Roi, pour juger par la parole qu'il a dite.

Dans la première des sept paraboles qui font le sujet de ce chapitre, nous voyons le Seigneur, sortant de la maison pour semer la semence. C'est de l'effet et de l'opération de ces semailles que je voudrais parler ici.

Les six autres paraboles ont un caractère très différent: elles sont des similitudes du royaume.

Les trois premières de ces six paraboles nous montrent ce qui arrive dans le monde après que la semence a été semée; les trois dernières, la pensée de Christ, intérieurement, quant à l'effet.

Dans la première des six, nous voyons la semence semée dans le champ; et, parallèlement avec elle, nous trouvons, plus loin, celle du champ acheté pour l'amour du trésor que Christ savait être là.

Ensuite, vient le grain de moutarde qui devient un grand arbre, dans les branches duquel demeurent les oiseaux du ciel, comme sous un abri ouvert indistinctement à tous, par l'organisation d'une doctrine professée; et, de l'autre côté, de nouveau parallèlement, nous trouvons la perle de grand prix dont un marchand connaît la valeur, autrement dit le discernement ou la connaissance spirituelle de Christ et ce que chaque chrétien a selon sa mesure.

Enfin vient la parabole du levain. Le levain, une chose corrompue et cachée, fait lever toute la pâte des trois mesures de farine; il remplit une certaine partie déterminée. Tout ce qui couvre le champ est cueilli, et tout ce qui remplit le filet est tiré sur le rivage, et alors vient la séparation.

Nous trouvons toujours, dans l'interprétation des paraboles ou des symboles, plus que ce qui était donné dans la parabole ou dans le symbole lui-même. Ainsi, ici encore, l'interprétation nous dit ce que le Fils de l'homme ferait lorsqu'il enverrait ses anges. Et ici, nous trouvons le jugement du Seigneur qui résulte de l'effet des semailles, et ce qui suit, savoir que tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité seront cueillis de son royaume et jetés dans la fournaise de feu, là où sont les pleurs et les grincements de dents; et alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. L'interprétation, ici, embrasse davantage, et nous conduit plus loin que la parabole elle-même. Il en est de même en Daniel 7: le prophète nous donne d'abord une vision qui révèle le pouvoir des quatre bêtes et d'une petite corne qui s'élèverait d'entre elles; — ensuite, leur destruction, et l'établissement d'un nouveau royaume; mais c'est dans l'interprétation, dans les versets 18 et 22, que nous apprenons que les saints du Très-Haut posséderont le royaume.

Ces interprétations amènent l'enfant de Dieu jusque dans la dispensation future.

Dans la parabole de l'ivraie, les serviteurs demandent s'ils doivent cueillir l'ivraie, c'est-à-dire s'ils doivent la cueillir maintenant, dans le temps présent; mais l'interprétation nous montre ce qui arrivera à la suite du temps que la parabole décrit. Christ vint dans le monde, et sema du bon grain; le diable sema de l'ivraie. L'ivraie, ce n'est pas seulement des hommes inconvertis; mais c'est l'opération de Satan, qui voulait endommager et gâter l'oeuvre de Dieu. Il y a eu des hommes inconvertis avant que Christ vînt, et Satan présentait une tentation propre à satisfaire l'orgueil de l'homme, ses convoitises, et sa bonne opinion de lui-même, pour amener les hommes à ses principes; et c'est là l'homme sage de ce monde. Il y a autre chose maintenant: Satan vient pour introduire le mal, là où Dieu avait introduit ce qui est bon. Le monde n'est pas maintenant dans son état naturel: Jésus, comme l'apôtre de notre profession, est venu et a semé de la bonne semence; mais, pendant que les hommes dormaient, l'ennemi est venu ensuite et a semé de l'ivraie, pour endommager et corrompre la profession de l'Eglise. Elle peut être grande et florissante, en apparence, comme le grand arbre; elle peut remplir les trois mesures de farine, comme le levain; — mais elle est une chose corrompue.

Mais restons-en à la parabole de l'ivraie. Il n'y est pas question seulement des mauvaises herbes du champ, c'est-à-dire du mal naturel, mais du mal subtil, de l'ivraie qui croît pour une moisson de jugement, c'est-à-dire l'Eglise nominalement. Mais où devait-on laisser croître ensemble le bon grain et l'ivraie? — Dans le monde. Les disciples n'ont pas à s'occuper ici d'une oeuvre judiciaire de retranchement. Le Fils de l'homme sème; le Fils de l'homme, comme roi, cueille de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité; mais n'est-ce pas là la condamnation d'un travail actuel judiciaire de retranchement, dans le monde, par les saints? Ce retranchement ne sera pas exécuté avant qu'Il vienne.

Je ferai remarquer, en passant, que cela n'a rien à faire avec la discipline, parce que celle-ci est exercée dans l'Eglise sur les enfants de Dieu, ou sur ceux que nous espérons être tels, tandis que l'excision dont il est question ici, devait être exercée sur l'ivraie, sur ceux qui étaient connus comme ivraie, savoir l'iniquité manifeste.

La parabole du filet jeté dans la mer est comprise dans la série qui forme le sujet réservé à l'intelligence spirituelle des disciples seuls, et qui n'est adressée qu'à eux; le sujet lui-même ne pouvant être discerné que par eux seuls. D'un autre côté, elle nous présente un rassemblement de personnes tirées de ce monde, dans lequel on trouve également des bons et des mauvais; le travail qui fait le sujet de l'occupation et de la pensée des pêcheurs qui tirent le filet, et qu'eux poursuivent, et non les anges.

Remarquez ici, que les serviteurs ou les pêcheurs ne sont pas occupés des mauvais: exterminer de ce monde, n'était pas leur affaire. Etre occupés des bons est le sujet de la parabole; l'explication nous montre la part des mauvais.

Ainsi, l'ivraie est liée en faisceaux pour être brûlée, et, avant qu'elle soit jetée dans la fournaise de feu, le froment est recueilli dans le grenier.

C'est ici la séparation des saints du milieu du mal, et non la mise à exécution du jugement des méchants: les bons sont recueillis avant l'exécution du jugement sur les méchants. Nous lisons dans la parabole que les moissonneurs, les anges, cueillent premièrement l'ivraie et la lient en bottes prêtes pour le feu, mais non pas jetées déjà dans le feu; ensuite le froment est recueilli dans le grenier, là où il est en sûreté. Mais, dans l'explication de la parabole, nous trouvons les anges cueillant du royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, et les jetant dans la fournaise de feu; et alors les justes, précédemment recueillis dans le grenier, resplendissent comme le soleil dans le royaume de leur Père.

Les principes de l'iniquité et la providence de Dieu sont maintenant à la fois en activité. Premièrement l'ivraie est cueillie, et ensuite le bon grain; puis l'ivraie est jugée, et les justes resplendissent; autrement dit, nous trouvons tout d'abord la séparation pratique, le rassemblement providentiel du bon grain, qui est recueilli de devant le jugement dans le grenier, et ensuite l'exécution du jugement de l'ivraie; et après lui, le bon grain resplendit. Quand les poissons sont séparés, dans la parabole du filet, nous avons, non pas les bons qui resplendissent dans la gloire, mais les bons mis ensemble dans des vaisseaux, et puis les méchants jetés dans la fournaise de feu, là où sont les pleurs et les grincements de dents.

Dans la parabole de l'ivraie, nous voyons Satan éveillé, et les hommes dormant; et l'effet produit, c'est le mélange des bons et des méchants. C'est ici l'oeuvre actuelle du diable, de mêler du mal avec le bien dans ce monde; et nous pouvons toujours dire: «Un ennemi a fait cela». La compétence pour remédier au mal ainsi fait, est une autre chose. Mais établissons bien ceci comme premier principe, que, si nous voyons le bien et le mal mêlés dans la profession du christianisme, c'est là l'oeuvre de Satan; et souvenons-nous que «l'ivraie», ce ne sont pas seulement des hommes inconvertis (ceux-ci abondaient avant que le Seigneur vînt), mais l'oeuvre de Satan après la venue du Seigneur.

Est-ce que le Seigneur, en semant la semence, a l'intention de mettre le monde en ordre? Non; car les serviteurs demandent: «Veux-tu que nous allions et que nous cueillions l'ivraie?» Et le Seigneur répond: «Non… laissez-les croître toutes deux ensemble, jusqu'à la moisson». Dans le monde, le travail du mélange continuera jusqu'alors, quand le Seigneur lui-même interviendra. Dieu nous révèle donc ici expressément que l'idée de mettre l'ordre dans le monde par le moyen de la Parole, n'est pas de l'intelligence spirituelle; mais le Seigneur, quand on l'interroge et qu'on lui demande d'où viennent ces choses, et qu'en adviendra-t-il, —répond: «J'ai acheté le monde pour l'amour du trésor qui y est»; et les saints apprennent, pour leur consolation, que les bons sont mis dans des vaisseaux, pendant qu'ils sont sur le rivage, pendant qu'ils sont pratiquement ensemble, et que, sans doute, ils ont à combattre avec le mal manifeste ou subtil, et cela dans ce monde, jusqu'à ce que le Seigneur vienne et qu'il cueille de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité.

Pour l'application pratique de ce qui précède, il est très important de bien reconnaître que, mêler quoi que ce soit au froment de Dieu, c'est sanctionner l'iniquité du monde. Si je vois quelque chose qui est empreint de l'esprit du monde, ou de sa puissance, je vois une plante qui n'est pas celle que Dieu a plantée; et, si je vois cette chose mêlée avec le christianisme, — ce qui est de Christ et ce qui n'est pas de Christ, — je dis: «Un ennemi a fait cela». Nous avons dormi, et l'ennemi était éveillé. L'esprit d'un croyant implique nécessairement une complète séparation du monde, car là où il y a un esprit disposé à s'associer au monde, là il n'y a pas l'Esprit de Dieu, mais il y a l'esprit du monde. Mais cet état de choses mélangé ne durera pas toujours.

Je voudrais vous demander, chers amis, si vous reconnaissez cette entière séparation en esprit que font ressortir pour nous ces choses que nous venons de voir? S'il n'en est pas ainsi, nous sommes, ou bien les mauvaises herbes naturelles du champ, ou bien ce que Satan a semé pour faire du mal. Vous pouvez être de ceux que Dieu convertira, mais vous êtes dans l'une ou l'autre de ces classes, ou bien vous avez, dans vos coeurs, le principe que l'amour du monde est inimitié contre Dieu.

Ce qui a du prix pour moi, c'est que Christ vient. La beauté et la gloire de Christ sont manifestement opposées aux choses du monde. Est-ce que vos coeurs sont sous l'empire de l'esprit de désobéissance, ou bien, si le Seigneur était manifesté, est-ce en cela que vous prenez plaisir? — car il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent. Et vous qui aimez Christ, vous ne pourriez pas distinguer entre Christ et ce monde mauvais et égoïste? Avez-vous abandonné les intérêts du monde et votre commerce avec lui, sauf pour faire ce qui est bon? Est-il possible que les choses par lesquelles Satan gouverne les coeurs, soient des sujets d'intérêt commun pour les chrétiens et pour le monde? Non, assurément. Tout ce qui est du monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais du monde. Le monde est aliéné, de Dieu; et si le monde et les saints sont mêlés ensemble, c'est: «Un ennemi a fait cela»; — les saints de Dieu, que Christ a enseignés par l'Esprit, savent que c'est un ennemi.

Que le Seigneur vous fasse sentir dans vos coeurs la vérité de cela, chers amis, afin que vous soyez séparés du monde. Qu'il vous montre qu'il est impossible de mêler ces choses; et qu'il vous garde du désir de le faire!