ME 1878 page 341
Courte
esquisse d'Esaïe - Darby J.N.
Il y a deux catégories de prophètes: les premiers, parmi lesquels se place Esaïe, prophétisent lorsqu'Israël est encore reconnu de Dieu comme son peuple; les seconds quand il ne l'est plus. L'Assyrien est le grand ennemi mentionné dans la première catégorie, tandis que Babylone et les Bêtes remplissent la seconde. (Voyez, par exemple, Daniel, Zacharie). Alors, on ne trouve plus qu'Israël soit appelé son peuple, sauf prophétiquement, quand il s'agit du millénium, et néanmoins, les prophètes sont toujours suscités pour ramener le peuple lorsqu'il s'est éloigné de l'Eternel.
Le livre d'Esaïe se divise en deux grandes parties très distinctes, la première, 1-35, qui précède l'histoire d'Ezéchias (36-39), la seconde, 40-66, qui la suit. Ces deux parties diffèrent entièrement de caractère. Dans la première nous trouvons une histoire étendue des gentils, jugés prochainement par le moyen de Nebucadnetsar, et, dans l'avenir, d'un jugement beaucoup plus terrible; la seconde est une longue discussion avec Israël au sujet de ses péchés, avec l'affirmation que la bonté de l'Eternel les recevrait à la fin malgré tout.
Ces deux parties présentent chacune des subdivisions que nous allons indiquer à leur place.
Les chapitres 1-4 sont une préface, dans laquelle l'Eternel reproche à Israël de l'avoir oublié; seulement le chapitre 1 contient en même temps une promesse de délivrance; les rebelles et les pécheurs sont froissés ensemble, mais il y a un résidu. — 2. Dieu exaltera la maison de Jacob et Jérusalem aux derniers jours; les peuples monteront là; le jugement sera le moyen d'exécuter cette promesse. Le pays est rempli d'argent, d'or, d'idoles. Dieu jugera tout; il commencera par son propre peuple, preuve qu'il jugera les nations. — 3 entre dans le détail de toute la vanité, du luxe, des iniquités, qui amènent le jugement. — 4 introduit Christ et la bénédiction finale.
5 et 6. Nous trouvons ici deux principes selon lesquels Dieu juge son peuple, principes aussi vrais pour les gentils et pour l'église extérieure, que pour Israël, auquel ils s'appliquent directement. — 5 nous présente d'abord ce que Dieu avait établi lui-même (ce qu'il avait fait pour Israël, sa vigne), puis en 6, nous trouvons un autre principe de jugement. Ce n'est plus la première bénédiction dont on est déchu; mais, est-on préparé à rencontrer l'Eternel, le Seigneur? L'Eternel des armées se manifeste aux yeux d'Esaïe, et le prophète dit: «Malheur à moi». Ce Jéhovah était Christ lui-même. Un des séraphins purifie la bouche du prophète; alors il dit: «Me voici»; et il prononce le jugement sur Israël. Il est dit au Psaume 74: «Il n'y a personne qui sache jusques à quand», personne pour compter sur la fidélité de Dieu envers son peuple. Le prophète dit ici: «Jusques à quand, Seigneur?» Il est la bouche de l'Eternel pour prononcer le jugement, mais on trouve en même temps chez lui la foi qui compte sur Sa fidélité, Dieu répond en annonçant qu'il y aura un résidu.
7 à 9: 7. Au chapitre 7 il est question de la venue de Christ. Dans les jours d'Achaz, le roi de Syrie et le fils de Rémalia montent contre Jérusalem. Le peuple s'en émeut, et le Seigneur les renseigne sur ce qui allait arriver. Il annonce l'Assyrien, qui va tout détruire, et la Syrie, et Jérusalem. Esaïe sort au devant d'Achaz avec Searjasub (le résidu retournera), encourage le peuple au sujet de la Syrie et d'Ephraïm, et, en même temps, ordonne à Achaz de demander un signe. Sur le refus de ce dernier, le prophète donne le signe de la vierge enfantant un fils. C'est la réponse de Dieu. La prophétie déclare que l'Assyrien viendra détruire Israël, mais elle annonce en même temps la présence du Christ, affirmation qu'Israël sera relevé. Emmanuel, Dieu avec nous, est là, tandis que l'Assyrien renverse tout dans le pays. C'est ce que dépeint le chapitre 8. Une fois le Christ introduit, c'est lui qui est la ressource. Versets 11-15 parlent de sa première venue.
Le jugement vient sur Israël, mais, l'Eternel est un sanctuaire, l'Eternel est une pierre d'achoppement. Alors (17, 18) il ajoute: «Me voici, avec les enfants que l'Eternel m'a donnés», tandis que «l'Eternel cache sa face à la maison de Jacob». Il en est de même aujourd'hui (Hébreux 2). Ensuite la misère d'Israël nous est présentée, mais Christ est toujours devant l'oeil de la foi. — 9: 1-7. Le prophète prend pour point de départ le temps où le Christ était présent dans le pays, pour arriver au temps de son retour. Il introduit la délivrance des derniers jours et encourage le résidu. Ce dernier avait le Christ (1, 2), mais il l'aura à la fin, rétablissant le peuple dans la jouissance de toutes les promesses.
9: 8 à 12. Le prophète revient aux circonstances d'Israël, à son orgueil qui résiste aux jugements de Dieu. Il mentionne de nouveau Retsin, comme au chapitre 7, et reprend l'histoire générale de ce temps-là. Les jugements se succèdent, et, «malgré tout cela, il ne fera point cesser sa colère, mais sa main sera encore étendue» (versets 12, 17, 21; 10: 4). — 10: 5-34, va jusqu'au jugement du dernier jour. Il commence par un appel à l'Assyrien. (Ho! Assur!) Celui-ci se vante de tout ce qu'il a fait, mais le Seigneur dit: «Encore un peu de temps, un peu de temps, et mon indignation sera consommée, et ma colère sera à leur destruction» (verset 25). Ce sera la fin de l'Assyrien, mais, pour le peuple, c'est la délivrance (verset 27). Il y a eu quelque chose d'analogue dans la destruction de Sanchérib, et, au commencement de l'histoire du peuple, dans celle des Egyptiens (*). Dans les derniers versets tout est consommé l'Assyrien (littéralement Sanchérib) est détruit (versets 28-32) — 11 nous présente toutes les bénédictions qui découlent de l'exécution du jugement; c'est la bénédiction d'Israël sous le règne de Christ. — 12. Israël chante la délivrance.
(*) «La consomption» (verset 22) est une expression remarquable que l'on rencontre aussi en Daniel et en Aggée; ce mot signifie le dernier jugement de Dieu pour introduire le règne de Christ, le temps où la justice régnera.
Ici se termine la première subdivision de notre prophète. Je la résume: Après les quatre premiers chapitres, Dieu parle de l'iniquité d'Israël, sa vigne (5). Israël sera dévasté, un petit résidu sauvé (6). Puis Christ est introduit; l'Assyrien entre en scène; le peuple est rejeté; Christ revient en puissance et en jugement, jusqu'à ce que la destruction de l'Assyrien mette fin à l'indignation (7-10). Enfin la joie d'Israël est proclamée (11 ; 12). — Jusqu'ici nous avons eu l'histoire d'Israël.
Cette section nous présente le jugement des gentils.
13 à 14: 27, charge de Babylone. 14: 28-32, charge de la Philistie. 15 et 16, jugement de Moab. 17, celui de Damas. 12-14, l'assemblée de toutes les nations, à la fin, accompagne le jugement de Damas (et aussi d'Edom).
18. Ce chapitre est très remarquable. Israël se trouve au milieu de toutes ces nations qui sont l'objet du jugement. Alors entre en scène le pays qui se trouve au delà de l'Euphrate et du Nil (les fleuves de Cus), c'est-à-dire une nation qui habite plus loin que l'Egypte et l'Assyrie, ces deux contrées ennemies d'Israël. Cette nation ramène le peuple juif dans sa terre. Il a l'air de pousser des rejetons; il rentre, en apparence, en possession de la Palestine, mais tout à coup le jugement tombe sur lui; et ces Juifs, revenus chez eux, sont tous ensemble abandonnés aux gentils qui viennent les butiner. Après l'exécution de ce jugement, Israël devient le peuple de l'Eternel.
19 et 20, jugement de l'Egypte. 21, un caractère spécial de Babylone, jugé. 22, charge de Jérusalem (non pas du peuple juif), quand l'antichrist en aura pris possession. 23, charge de Tyr. 24, la terre d'Israël est complètement bouleversée. Toutes les nations s'assemblent contre Jérusalem, et Dieu les juge là, mais alors la bénédiction est introduite. Il visite (verset 21) les démons en haut, les rois sur la terre, et (verset 23) nous présente la conséquence de ce jugement.
25 célèbre, comme aux chapitres 11 et 12, les effets du règne de Christ, mentionné au verset 23 du chapitre précédent. Nous trouvons ici la bénédiction des Juifs, des gentils, et la résurrection des saint (versets 6-8). Les nations sont dans la lumière les saints ressuscitent; l'opprobre des Juifs est ôté.
26, chant de délivrance. 27, destruction de Satan.
L'Assyrien arrive depuis le nord. Chapitre 28, il traverse Ephraïm, le pays des dix tribus, puis, 29, Jérusalem (sous le nom d'Ariel), et (30 ; 31) châtie le peuple qui s'en est allé en Egypte. Dans chacun de ces cas, le Seigneur intervient. 32, Dieu va établir une dispensation toute nouvelle sur la terre: le règne de Christ. 33, l'Assyrien est frappé. 34, l'indignation de l'Eternel est sur toutes les nations. Détails de ce jugement. 35, la bénédiction d'Israël.
C'est ainsi que se termine la première partie d'Esaïe.
Histoire d'Ezéchias. Nous trouvons dans ces chapitres deux principes: la résurrection et la délivrance des mains de l'Assyrien. C'est un Christ ressuscité qui effectue la délivrance.
Controverse de Jéhovah avec les Juifs (après l'éloignement des dix tribus), à cause de leur idolâtrie, dont Babylone est la source. Au 40, il console son peuple, et la controverse se termine au 48 par ces mots: «Il n'y a point de paix pour les méchants, a dit l'Eternel». Il y aura un résidu (48: 20. 21), mais s'il y a des méchants en Israël, ils seront punis comme les autres hommes. — Avant l'exécution du jugement sur l'idolâtrie, le Christ est introduit. (Fin de 44).
Controverse de Dieu avec les Juifs à cause du rejet de son Fils.
49. L'Eternel a pris Israël comme sujet de son témoignage. (1-3). «Et moi», dit Christ (verset 4), les Juifs n'ont point voulu de moi. Il prend la place d'Israël. Israël était celui en qui l'Eternel voulait se glorifier, mais il rejette Christ; alors ce dernier le remplace et sera glorifié.
50. Le divorce d'Israël, fruit de ce rejet de Christ. — Jéhovah était venu. Il n'avait pas cessé d'être l'Eternel, quand même il était devenu un pauvre homme humble, pour faire la volonté de Dieu.
51. Il reprend ses voies envers Israël. La progression, dans ce chapitre, est bien remarquable. Au verset 1, nous trouvons ceux qui poursuivent la justice et qui cherchent l'Eternel. C'est le résidu. Au verset 4, il y a progrès: Dieu les appelle de nouveau son peuple. Au verset 7, ils ne poursuivent plus la justice, mais ils savent ce que c'est. Au verset 9, Israël dit: «Réveille-toi, bras de l'Eternel», confessant ainsi qu'il est au dernier degré de l'abaissement. Au verset 17, l'Eternel prend la cause d'Israël en main. «C'est toi dit-il, toi Jérusalem, qui dois te réveiller».
52. Un troisième «Réveille-toi». Nous avons ainsi, dans ces deux chapitres, le progrès d'un résidu, tout petit à l'origine, jusqu'à la gloire milléniale de Sion. Au verset 13 de ce chapitre, nous trouvons Christ; aux chapitres 53-54, les Juifs reconnaissent qu'ils l'ont méprisé. C'est leur repentance, que nous avons anticipée. Alors il jouira du travail de son âme et en sera rassasié.
55-57. Christ ayant été introduit dans son rejet et dans ses souffrances, nous trouvons ici un appel adressé à tous (les nations y sont comprises), à croire en lui. Cette sixième partie se termine par ces mots: «Il n'y a point de paix pour les méchants, a dit mon Dieu».
58-60. Bénédiction d'Israël dans les derniers jours, accompagnée du jugement du mal au milieu d'eux, mais avec la promesse d'une entière délivrance. Aux chapitres 59 et 60, le développement de la bénédiction terrestre. Quand il n'y a personne pour délivrer, lui se lève (59: 17) en jugement, mais pour la bénédiction d'Israël.
61-63: 6. Présentation complète et développée de Christ. Le chapitre commence avec son humiliation, puis omet toute la période de l'Eglise, pour arriver à Sa venue en gloire à la fin. 62, Dieu se réjouit en bénissant Israël. 63: 1-6, jugement spécial des méchants dans la terre d'Idumée, jugement qui est la délivrance du peuple.
63: 7 ; 64. Prière du prophète ou du résidu, pour que le Seigneur intervienne de cette manière.
65. Dieu répond en parlant de l'évangile porté aux nations en suite du refus d'Israël de le recevoir. Verset 13, distingue très nettement un résidu qui reconnaît l'Eternel; ses serviteurs entrent dans la pleine bénédiction milléniale. Le mot «serviteur» est une clef pour la seconde partie d'Esaïe; Israël a été établi pour être serviteur de Dieu, Christ remplace Israël sous ce titre-là; enfin le résidu devient les «serviteurs».
66 continue à parler du résidu. C'est en vue de lui que le terrible jugement de la fin tombe sur les Juifs infidèles et sur toutes les nations idolâtres. Les fidèles d'entre les Juifs seront ramenés, tandis que les rebelles seront dans la géhenne en abomination perpétuelle.