«Tu ne feras que te réjouir» - Deutéronome 16: 1-15

 ME 1879 page 3

 

Les trois grandes fêtes, dont nous entretient le passage que nous venons de lire, sont les fêtes de rassemblement «au lieu que l'Eternel aura choisi pour y faire habiter son nom». Trois fois l'an, tous les mâles d'entre les enfants d'Israël devaient se présenter dans ce lieu. Dieu rassemblait tout son peuple autour de Lui-même (Exode 23: 14-17; 34: 17-24). Il le faisait aux trois grandes fêtes, à la fête de la Pâque, à laquelle se rattachait celle des pains sans levain, à la fête des Semaines ou de la Pentecôte, et à celle des Tabernacles.

Nous savons tous quel est le sens de la première de ces fêtes. La Pâque, c'est la mort de Christ: «car aussi, notre Pâque, Christ a été sacrifié»; et, dans le même passage, nous voyons l'apôtre faire aux Corinthiens l'application des Pains sans levain: «Célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (1 Corinthiens 5: 7, 8).

Ensuite, au chapitre 2 des Actes, nous lisons: «Comme les jours de la Pentecôte s'accomplissaient…»; puis nous avons le récit de l'accomplissement de ce dont la Pentecôte était le type. Mais, pour la fête des Tabernacles, il n'y a pas d'accomplissement présent: elle vient après la moisson et la vendange; elle est la figure du temps de repos millénial, après le jugement séparatif de la moisson et après que la vendange a été foulée au pressoir. Alors seulement les Tabernacles ont leur place: c'est le repos qui reste pour le peuple de Dieu. Israël demeurait dans des tentes, en souvenir du temps où ils avaient été étrangers et pèlerins, lorsque le Seigneur les avait tirés hors d'Egypte.

Je rappellerai ici encore un point pour faire bien comprendre la signification de la Pentecôte; c'est que cette fête était liée au «lendemain du sabbat» (voyez Lévitique 23: 15). Elle est en dehors de l'ancienne création et de tout ce qui s'y rattache; elle n'a pas plus affaire avec Adam innocent qu'avec Adam pécheur; pouvoir de Satan, péché, mort, jugement, c'en est fait de tout cela, ce sont choses passées: l'homme, dans la personne de Christ, est entré au delà, identifié avec Christ devant Dieu dans la nouvelle création. C'est là la Pentecôte.

J'ai dit ces choses afin que nous comprenions mieux la portée de toutes ces fêtes. Abordons maintenant l'examen du chapitre que nous avons devant nous.

La première des fêtes, c'est la Pâque; nous le savons tous, c'est la mort de Christ. Les pains sans levain s'y rattachent: «Tu ne mangeras point avec la Pâque de pain levé; pendant sept jours, tu mangeras avec elle des pains sans levain; pain d'affliction…» (verset 3). Parfois, — je ne dis pas toujours, — nous demeurons dans cette fête des pains sans levain, et nous ne savons pas entrer et avancer dans la jouissance des autres fêtes. Il est très nécessaire que nous ayons affaire avec ces pains sans levain: il nous faut la sainteté, sans laquelle nul ne verra le Seigneur» (Hébreux 12: 14). «Tu es sorti du pays d'Egypte en hâte». Pharaon, autrement dit le diable, poursuivait les enfants d'Israël, et ils venaient à peine d'échapper au jugement. C'était simplement la délivrance. Vous sortez d'Egypte en hâte, il faut que vous preniez bien vite votre huche à pétrir sur vos épaules, afin que vous ne soyez pas saisis par le jugement: tels sont les sept jours des pains sans levain. C'est la délivrance, mais c'est être occupé de l'état dans lequel vous étiez quand vous fûtes délivrés: ainsi, ce sont des «pains d'affliction». Il faut la sainteté: sans elle, il est impossible que nous ayons des rapports avec Dieu; mais elle ne nous donne pas encore la plénitude de la communion et de la bénédiction. C'est pourquoi nous lisons qu'aussitôt que les enfants d'Israël avaient mangé la Pâque, ils devaient, au matin de ce jour, s'en retourner dans leurs tentes (verset 7).

Quand nous en venons au jour de la Pentecôte (verset 9 et suivants), Dieu dit: «Tu feras la fête solennelle des semaines à Jéhovah ton Dieu avec une offrande volontaire de ta main, laquelle tu donneras selon ce que Jéhovah ton Dieu t'aura béni». Il n'y a rien de cela dans la fête des Pains sans levain. Dans celle-ci, il s'agissait d'échapper, et c'était tout: mais ici, à la Pentecôte, le coeur est satisfait par le Saint Esprit. Israël jouissait maintenant des fruits du pays; il jouissait de ce à quoi il avait été amené, et non pas seulement de se trouver délivré de ce à quoi il avait échappé. Sans doute, ce dont nous avons été délivrés, nous ne devons pas l'oublier; nous ne l'oublierons pas dans le ciel: c'est l'Agneau immolé qui est le fondement de toutes choses. Mais nous avons davantage ici: nous avons l'offrande volontaire d'actions de grâce et de louange. Seulement tout est encore mesuré, «selon ce que Jéhovah ton Dieu t'aura béni»; et, en cela, «tu te réjouiras en la présence de Jéhovah ton Dieu». Ensuite, nous trouvons la plénitude de la grâce: «Tu te réjouiras… toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, et le lévite qui est dans tes portes, et l'étranger, l'orphelin, l'aveugle qui sont parmi toi». Je trouve donc ici ces deux choses avec joie: l'offrande volontaire à Dieu, et l'action de grâce et la louange; et, ayant ces choses dans nos coeurs, nous avons toutes choses, sauf la gloire. Nous avons la vie, nous avons la justice, nous avons Christ lui-même; nous avons tout ce que l'amour du Père et l'amour du Fils peuvent nous donner par le Saint Esprit. Je ne dis pas que nous jouissions de tout, mais Dieu, dans ce sens, nous a amenés à tout cela,— nous en avons la possession actuelle dans le ciel. «L'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné» (Romains 5: 5). Ainsi l'étranger, l'orphelin et la veuve, tous peuvent se réjouir.

«Alors tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte et tu prendras garde à observer ces statuts» (verset 13). Il faut l'obéissance présente, et le souvenir que nous étions esclaves; puis le coeur libre pour les choses qui sont de Dieu: nous jouissons par l'Esprit des choses qui nous ont été librement données par Dieu. «Ce que l'oeil n'a pas vu et que l'oreille n'a pas ouï, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment; — mais Dieu nous l'a révélé par son Esprit»; et, «là où est l'Esprit du Seigneur il y a la liberté». La justice de Dieu est établie, la conscience est parfaite, et nous sommes en esprit là où nous pouvons être occupés de Dieu lui-même, et non pas seulement de ce qu'il nous a donné.

Ensuite vient la fête des Tabernacles, «après que tu auras recueilli ton blé et ton vin», après le jugement, comme nous l'avons vu. C'est pour cette raison qu'au chapitre 7 de l'évangile de Jean, où il est question de cette fête, le Seigneur dit qu'il ne pouvait pas y monter. Quand elle sera accomplie, ce sera la gloire milléniale, et ce n'était pas là que Jésus voulait s'en aller. Mais après il monte à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret. Et en la huitième journée, «la grande journée de la fête, il cria, disant: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive découleront de son ventre». Christ nous introduit dans la nouvelle semaine de gloire céleste, que nous réalisons par le Saint Esprit dans nos âmes, quoique nous n'y soyons pas entrés encore maintenant.

Un autre trait caractéristique de la fête des Tabernacles, c'est qu'elle n'était pas «selon que l'Eternel ton Dieu t'aura béni», comme la fête de la Pentecôte, mais «parce que Jéhovah ton Dieu te bénira dans toute ta récolte et dans tout l'ouvrage de tes mains, et tu ne seras rien que joyeux» (versets 13-25). C'était très bien de s'en aller et de manger la Pâque, et de retourner dans ses tentes au matin, en disant quels pauvres misérables pécheurs en avait été; il est très juste de nous souvenir tous les jours de notre vie de l'Agneau immolé dont nous nous souviendrons dans la gloire. Je sens qu'il faut la sainteté, et, avec ce sentiment personnel, individuel, je vais et je m'assieds dans ma tente pour faire la fête des pains sans levain, et je bénis Dieu de ce qu'il m'a délivré de mon ancienne position. De plus, j'apprends que je suis entré dans une position entièrement nouvelle, dans une place où Dieu s'est fait une habitation pour lui-même. Je suis un homme ressuscité; je suis dans la nouvelle création: tout est absolument nouveau; les choses vieilles sont passées; je viens ainsi avec une offrande volontaire, et j'adore, et je réalise la descente d'auprès de Dieu de toutes les bénédictions qu'il nous a données par le Saint Esprit. Ainsi, à la Pentecôte, c'est selon ma spiritualité que je me réjouis. Ce n'est pas seulement que j'ai été délivré, mais le coeur de Dieu est là pour me donner, et Dieu voit s'élever de mon coeur l'action de grâce et la louange selon l'état spirituel de mon âme. Mais, dans les lieux célestes, je fais encore un pas en avant et je découvre ce que j'ai en Christ; je découvre que, en Lui, «toutes choses sont à moi», soit les «choses présentes», soit les «choses à venir»; en Lui je puis ainsi me réjouir toujours, — là, certainement, je pourrai n'être «rien que joyeux». Comment quelqu'un, s'il n'avait pas la puissance spirituelle, pourrait-il penser à des louanges éternelles? Maintenant nous offrons selon la mesure de notre spiritualité, mais alors, ce sera parce qu'il nous a bénis en toutes choses, le coeur de Dieu étant satisfait de nous voir dans la pleine jouissance de ce en quoi il nous a amenés, le coeur de Christ satisfait de voir du travail de son âme, le coeur du saint satisfait de se trouver pleinement semblable à Lui et avec Lui, et Lui pleinement glorifié.

C'est là que Dieu nous a placés; mais jusqu'à quel point, chers amis, vos coeurs en sont-ils pleins? Assurément Celui que nous verrons là-haut, ce sera l'Agneau qui a été immolé; mais en quelle mesure vos âmes saisissent-elles la seconde fête pour dire: «selon que le Seigneur mon Dieu m'a béni?» et ensuite, jusqu'à quel point vos âmes, même maintenant, savent-elles entrer dans la pleine jouissance de ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment, n'ayant d'autre présent que ce qui est futur? Nous sommes étrangers et pèlerins sur la terre, mais, si nous sommes là où nous devons être, notre conversation sera dans les cieux, «là où Christ est assis». Dieu veuille qu'il en soit ainsi dans nos coeurs!