L'Eglise et ses privilèges - Darby J.N.

 ME 1879 page 81

 

Les choses, les vérités, sont ce qui m'occupe, non les mots. C'est pourquoi je n'aime pas le mot «d'église», parce que personne ne sait ce qu'il signifie. Que veut dire, en effet, le mot «église?» On raconte qu'on a bâti pour monsieur un tel, une nouvelle église, et on entend par là un bâtiment. D'autre part, on nous dit que monsieur un tel est «membre de l'église de monsieur un tel»; alors on veut parler d'une assemblée présidée par monsieur un tel. On dit, aussi: «un tel entre dans l'église», pour dire qu'il entre dans les ordres ou le clergé ou bien, «il va à l'église», pour dire qu'un homme s'en va à un service religieux ou au culte public; ou bien, on pense au bâtiment dans lequel le service s'accomplit. On parle aussi de «l'église catholique», et de «l'église grecque», pour désigner de grandes sociétés professant le christianisme, et qui ont adopté ces noms; et on fait de même en disant «l'église presbytérienne», «anglicane», «réformée», et autres. Ou bien encore, on désigne par là la partie seulement de ces corps qui enseigne avec autorité. On fait ainsi, même au milieu des protestants. Les trente-neuf articles de l'église d'Angleterre, par exemple, nous disent que «l'église» peut décréter des rites et des cérémonies, et qu'elle a autorité en matière de foi.

De tout cela, il résulte que nous avons besoin de savoir ce qu'une personne entend par «l'église», avant que nous puissions répondre à une question qui touche à ce sujet. La première Bible populaire anglaise, due aux réfugiés de Genève du temps de la reine Marie, employait le mot «congrégation»; mais Jacques 1er, qui n'aimait guère les Ecossais et leur presbytérianisme, fit soigneusement remplacer partout l'expression par le mot «église», lorsque, sous lui, on traduisit de nouveau la Bible.

On voit par ce qui précède que le mot «église» n'a pas, dans notre langage, de sens déterminé du tout: mais, dès qu'on dit simplement «assemblée», ce qui est le sens du mot grec «ecclesia», toute ambiguïté disparaît. «Ecclesia» était l'assemblée de ceux qui, dans les petits états grecs, étaient citoyens, et avaient ainsi le droit de voter; et ensuite, on désigna ainsi d'autres corps ou réunions analogues. Nous savons tous ce que signifie une «assemblée». Seulement, ici, nous nous occupons de l'assemblée de Dieu. Quand nous lisons dans Matthieu, chapitre 18: «Prends avec toi encore une ou deux personnes…; et s'il ne veut pas les écouter, dis-le à l'assemblée», à qui le Seigneur entendait-il qu'on le dît? Serait-ce au ministre, ou au corps des anciens? Ou voudriez-vous donner à cette parole: «S'il ne veut pas écouter l'assemblée», les proportions effrayantes que lui donnent le romanisme?

Je le répète, dites seulement (et c'est la vérité): «l'assemblée», et tout devient simple. Si on vous a fait tort, vous irez d'abord vous-même, seul; si on ne vous écoute pas, vous prendrez deux ou trois autres personnes avec vous; et si encore vous n'obtenez rien, toutes choses étant bien établies, alors dites-le «à l'assemblée». Dans l'état de confusion présente des choses, cela peut paraître peu faisable; mais le sens des mots est suffisamment clair.

Appliquez maintenant ce que nous venons de dire à ce que nous lisons en Actes 7: «C'est lui qui fut dans l'assemblée au désert». Peut-il y avoir quelque chose de plus simple? Israël était une grande assemblée dans le désert. Les enfants d'Israël s'assemblaient à la porte du tabernacle «d'assignation»; car, quoique le terme soit différent dans l'hébreu, le tabernacle tira son nom de ce qu'il était le lieu de réunion. Il y avait en hébreu trois mots pour le désigner: Kahal, du verbe Kahal qui signifie «convoquer, faire assembler»; Moëd et Héda, ou Gnédah, ces deux derniers dérivant de Yaad qui signifie «assigner un lieu ou un temps de réunion». C'est pourquoi le tabernacle était appelé «Ohel Moéd,» la tente ou le tabernacle d'assignation. Cela étant, toute confusion entre l'assemblée d'Israël et l'Eglise dans le sens chrétien devient impossible. Qui est-ce qui nie, que les six cent mille hommes, qui se rassemblaient continuellement à l'entrée du parvis, étaient une assemblée?

Israël était une grande assemblée ou congrégation, personne ne le niera; mais il n'en résulte en aucune manière qu'Israël soit ce qu'est l'assemblée de Dieu, selon la Parole, maintenant. L'expression qui est employée en Actes 7, est «Ecclesia», une assemblée; et le mot signifie simplement une multitude assemblée, et pas autre chose. On retrouve le même mot en Actes 19, où il est dit du secrétaire de la ville, que: «Quand il eut dit ces choses, il congédia, l'assemblée» (verset 41). Traduisez «l'église» ici, et vous verrez quel sens vous aurez!

On dira: «Oui, mais les Israélites étaient l'assemblée de Dieu dans le désert». D'accord; mais la question tout entière demeure: Est-ce que l'assemblée de Dieu alors, et l'assemblée de Dieu maintenant, étaient établies sur les mêmes principes, sur la même base? Pour Israël, il ne s'agissait ni de conversion, ni de foi, ni de rien de pareil, ni même de profession: les Israélites étaient, selon l'expression de l'Ecriture, «de la source de Jacob», les descendants d'Israël selon la chair, et sous condition d'être circoncis le huitième jour (ce que, d'ailleurs, aucun de ceux qui étaient nés dans le désert n'étaient dans ce temps-là). Cette assemblée était une nation; l'assemblée de Dieu maintenant ne l'est pas. Le fait qu'Israël était une assemblée; autrement dit, l'expression elle-même d'assemblée, ne prouve absolument rien; et la question, je le rappelle, demeure tout entière: Est-ce que le peuple Israélite, et l'assemblée de Dieu appelée par grâce, sont la même chose, ou assemblés sur les mêmes principes?

On a été jusqu'à avancer l'énormité que «l'église de la Pentecôte était Israël». Or les Juifs avaient alors ouvertement rejeté le Seigneur, et Pierre, dans son discours à ceux qui avaient des oreilles pour entendre, dit: «Sauvez-vous de cette génération perverse!» Et le Seigneur lui-même avait dit: «Voici votre maison vous est laissée déserte; car je vous dis que vous ne me verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur». Les Juifs étaient un peuple judiciairement rejeté, quoique non pas pour toujours; et ils le sont jusqu'à aujourd'hui. Ils étaient des «hommes Israélites». Mais l'assertion que nous relevons ici, quelque inconcevable qu'elle soit, montre jusqu'où un faux principe peut mener quelqu'un. Dieu n'a pas dit, en Joël, comme on l'a avancé, qu'il répandrait de son Esprit sur Israël; il a dit qu'il répandrait de son Esprit sur toute chair. Dieu, dans ses voies, a usé de patience envers Israël, et a commencé à Jérusalem; mais c'est quand le Saint Esprit a été donné à Corneille, que les yeux de Pierre furent ouverts entièrement, comme aussi les yeux des chrétiens juifs.

Mais entrons un peu plus dans le fond du sujet. On nous dit, en parlant d'Israël, que «les oracles de Dieu leur ont été confiés»; que «à eux sont l'adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, le service divin, et les promesses» (Romains 9: 4); et on ajoute, «qu'on ne peut rien dire de plus de l'Eglise maintenant». C'est ici le vrai noeud de la question; on n'amène pas les saints de l'Ancien Testament à participer aux privilèges de l'Eglise, quelque contraire à l'Ecriture que cela soit; mais on réduit l'assemblée de Dieu et sa place devant Dieu, maintenant, au niveau de la mesure des privilèges juifs. La première de ces idées pourrait seule être traitée comme une erreur; la seconde, et c'est ce qui lui donne tant de gravité, prive l'assemblée de Dieu de sa vraie position divine. La loi fut donnée par Moïse; la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ.

Examinons donc ce que l'Ecriture dit sur ce sujet. Dans le tabernacle il y avait un voile derrière lequel Dieu était assis entre les chérubins; le Saint Esprit signifiant par là, que le chemin des lieux saints n'était pas encore manifesté, tandis que le premier tabernacle avait encore sa place (Hébreux 9: 8). Maintenant, par la mort de Christ, le voile est déchiré depuis le haut jusqu'en bas; nous avons pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le chemin nouveau et vivant qu'il nous a consacré à travers le voile, c'est-à-dire sa chair. Nous pouvons marcher, et sommes appelés à marcher, dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière. Mais n'est-ce là «rien de plus» que ce qu'on pouvait dire d'Israël, comme on a osé l'avancer? Je n'insisterai pas sur ce que la justice de Dieu est manifestée maintenant (la justice de Dieu étant révélée maintenant, non pas seulement prophétiquement annoncée), parce que je ne veux m'occuper que de ce qui est le plus positif, de ce que l'on trouve à la surface même de l'Ecriture. Voyez ce que nous lisons en Galates 4: «Or je dis qu'aussi longtemps que l'héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d'un esclave, quoiqu'il soit seigneur de tout; mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu'à l'époque fixée par le père. Ainsi aussi nous, lorsque nous étions en bas âge, nous étions asservis sous les éléments du monde; mais quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant: Abba, Père; de sorte que tu n'es plus esclave, mais fils». N'est-ce «rien de plus», d'être ainsi amenés à être les fils de Dieu, en vertu d'une rédemption connue et accomplie, et de le savoir, — de vivre dans la relation, au lieu d'être même un héritier, qui ne diffère en rien d'un esclave?

Je demande: Les Juifs, dans leur relation avec Dieu, étaient-ils sous la première alliance ou sous la seconde? Et nous, sommes-nous sous cette première alliance sous laquelle eux se trouvaient? Il y a plus: l'épître aux Hébreux ne met-elle pas clairement la différence en évidence? «Il ôte le premier afin d'établir le second» (chapitre 10: 9). On dira qu'il s'agit ici de cérémonies; mais de quelles cérémonies? La sacrificature est changée; est-ce seulement une cérémonie, — une meilleure espérance par laquelle nous nous approchons de Dieu? (Hébreux 7). Voyez la différence. Les sacrifices répétés de la loi ne pouvaient pas rendre ceux qui s'approchaient parfaits quant à la conscience; il y avait dans ces sacrifices un acte remémoratif de péchés chaque année (Hébreux 10: 3). Maintenant, nous qui sommes sanctifiés, nous sommes rendus «parfaits à perpétuité», de sorte que Christ, quand il eut fait par lui-même la purification de nos péchés, s'assit à la droite de la Majesté dans les cieux (Hébreux 10: 12). Il est assis là, parce que tout est accompli, jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds; et Dieu ne se souviendra plus jamais de nos péchés et de nos iniquités (Hébreux 10: 17). Ceux qui rendent le culte, une fois purifiés, le sont de telle manière, qu'ils ne devraient plus avoir «aucune conscience de péchés», au lieu d'avoir leurs péchés rappelés en mémoire chaque année. Nous chrétiens, nous avons une rédemption éternelle, une conscience purifiée, parce que la purification des péchés a été faite une fois pour toutes, et une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint, selon qu'il est dit aussi de nous: «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière» (Colossiens 1: 42), et encore: «Ayant donné la connaissance du salut à son peuple dans la rémission des péchés». N'est-ce là «rien de plus» que ce qu'Israël avait?

Ecoutez aussi ce que dit le Seigneur, et cela nous amènera à examiner la question du Saint Esprit: «D'entre tous les prophètes et tous ceux qui sont nés de femme, il n'en a été suscité aucun plus grand que Jean le Baptiseur; toutefois le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui». Plusieurs rois et plusieurs prophètes, et des justes, avaient désiré de voir les choses que les disciples voyaient, et ils ne les avaient pas vues; mais «bienheureux sont vos yeux, car ils voient» (Matthieu 11: 11; 13: 16, 17). Les disciples étaient plus bénis que les rois et les prophètes; — ils avaient le Messie avec eux. Cependant, si grand était le privilège et le bénéfice d'avoir le Saint Esprit, que Jésus dit: «Il vous est avantageux que je m'en aille»; car, s'il ne s'en allait pas, le Consolateur ne viendrait pas; au contraire, s'il s'en allait, il l'enverrait. Quelle chose n'était-ce pas que de perdre la présence personnelle de Christ en grâce! Cependant l'effet de la venue du Saint Esprit, devait être si grand, qu'il valait mieux que Jésus s'en allât! Et on voudrait nous persuader que le Saint Esprit était là durant tout le temps de l'Ancien Testament! Lisez au chapitre 1 de 1 Pierre: les prophètes sondaient leurs propres prophéties, et trouvaient que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu'ils administraient ces choses qui nous sont maintenant annoncées par l'Esprit Saint envoyé du ciel. La promesse de répandre l'Esprit, — la présence de l'Esprit, n'étaient-elles «rien?» Car elles n'étaient rien si le Saint Esprit était déjà toujours présent avant qu'il ait été répandu, aussi bien que lorsqu'il a été répandu.

Remarquez ici le fondement de cette immense vérité. Dieu n'habita jamais ni avec Adam innocent, ni avec Abraham ou d'autres comme lui; mais, aussitôt qu'une rédemption même extérieure fut accomplie, nous lisons en Exode 29: «Et ils sauront que moi, l'Eternel, leur Dieu, je les ai tirés du pays d'Egypte pour habiter au milieu d'eux»; et la nuée de gloire descendit et prit place entre les chérubins et conduisit le peuple par le désert. Il en fut ainsi aussi, quand une rédemption éternelle et parfaite ayant été accomplie, l'homme (quoiqu'il fût bien plus qu'un homme) s'assit, en vertu de cette rédemption, à la droite de Dieu, pour que le Saint Esprit vînt habiter dans les croyants, individuellement et collectivement.

Il ne faut pas confondre l'action divine du Saint Esprit, et sa venue en personne pour demeurer avec nous. Si nous interrogeons l'Ecriture, elle nous montrera que toute action directe de Dieu est par le Saint Esprit. Christ même pouvait dire: «Si je chasse les démons par l'Esprit de Dieu». Lors de la création, l'Esprit se mouvait sur la face des eaux. Par lui, Dieu a orné les cieux. C'est lui qui inspira les prophètes, et qui opéra tout le long de l'histoire divine. Mais ce n'était pas là sa venue personnelle; comme aussi le Fils créa toutes choses, mais ne vint pas avant l'incarnation: «Je suis sorti d'auprès du Père, et je suis venu dans le monde; et de nouveau je laisse le monde, et je m'en vais au Père». Mais Christ dit du Saint Esprit: «Si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais je vous l'enverrai. Et quand celui-là sera venu…» (Jean 16: 7, 8). C'était là une chose si distincte et spéciale, que l'Ecriture l'appelle «le Saint Esprit», sans ajouter «venu», ou «donné», ou quoi que ce soit d'autre. Nous lisons, en effet, en Jean 7: 39: «Car l'Esprit n'était pas encore» (on a ajouté «donné» dans quelques versions, mais le mot ne se trouve pas dans le texte grec), «parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié». C'est ainsi que les disciples, qui avaient été baptisés par Jean le Baptiseur, disent en Actes 19: 2: «Nous n'avons même pas ouï dire si l'Esprit Saint est».

Tous les Juifs savaient qu'il y avait un Esprit Saint; mais ici, il s'agissait de sa présence promise, et on comprend facilement le langage des disciples de Jean, parce que Jean avait parlé de Christ, en rapport avec son oeuvre, de deux manières: Il était «l'Agneau de Dieu», et il était «Celui qui baptise du Saint Esprit». C'était la seconde grande partie de son oeuvre de baptiser du Saint Esprit, et il ne pouvait pas l'accomplir avant d'être glorifié. C'est pourquoi il dit à ses disciples, après sa résurrection: «Vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours» (Actes des Apôtres 1: 5). Christ a été lui-même oint, et scellé du Saint Esprit, lorsqu'il était sur la terre, le premier homme pleinement et parfaitement agréable à Dieu depuis que le péché entra dans le monde, — parfait en lui-même. «Dieu a oint de l'Esprit Saint et de puissance Jésus de Nazareth…» (Actes des Apôtres 10: 38).

Quel est l'effet de la demeure du Saint Esprit en nous? L'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné (Romains 5: 5). Nous savons que nous sommes en Christ, et Christ en nous (Jean 14). Nous savons que nous sommes fils, et nous crions «Abba, Père», l'Esprit rendant témoignage avec notre esprit (Romains 8). L'Esprit prend les choses de Christ, l'homme glorifié à la droite de Dieu, et nous les annonce (Jean 16). Nos corps sont les temples du Saint Esprit que nous avons de Dieu (1 Corinthiens 6), en sorte que Dieu demeure en nous, et nous en Lui; et nous le savons par le Saint Esprit qui nous a été donné (Jean 14). Ce que l'oeil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas entendu, qui n'est pas monté dans le coeur de l'homme, Dieu nous l'a révélé par son Esprit (1 Corinthiens 2). Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté (2 Corinthiens 3); et Christ vivant ainsi en nous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice (Romains 8). L'homme à la droite de Dieu, en justice, et le Saint Esprit demeurant dans le croyant comme la conséquence de ce fait, caractérisent le christianisme.

Tout cela est perdu par ce système qui nous dit que l'église visible est identique sous l'ancienne et sous la nouvelle dispensation. On nous dit que ce qui faisait qu'il était avantageux que Christ quittât ses disciples, n'est pas autre chose que ce qu'ils avaient avant qu'il vint! L'onction du Saint Esprit n'est donc rien!

De plus: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit» (1 Corinthiens 6); et ce passage nous amène à la différence concernant «le corps». Jusqu'à ce que Christ montât dans le ciel, il n'y avait point d'homme à la droite de Dieu, il n'y avait personne avec qui le croyant pût, comme fait présent, être uni; et, par conséquent aussi, comme nous l'avons vu, le Saint Esprit ne pouvait pas descendre pour l'unir à Lui. Mais Christ est monté en haut, un Homme, en justice; et le Saint Esprit, en conséquence, descendit, non pour le monde, mais pour les croyants. Tenons ferme cette grande vérité qui est l'essence du christianisme, comme la croix et l'amour de Dieu en sont le fondement. Le Chef (la Tête) étant en haut, nous sommes vivifiés ensemble avec Lui, selon la puissance selon laquelle Dieu opéra en le ressuscitant d'entre les morts, et en l'élevant là; et nous avons été ressuscités ensemble, Juifs et gentils, et Dieu nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ (non pas encore avec Lui) (Ephésiens 1: 19-23; 2: 1-7). Aucune portion de ceci n'était vraie avant que Christ fût glorifié. Il n'y avait pas d'Homme ainsi glorifié, point de Saint Esprit descendu du ciel. L'Ecriture est aussi claire que possible sur ce point. Il y avait le Fils de Dieu qui pouvait vivifier, mais il n'y avait point d'Homme ressuscité et glorifié, dont l'élévation auprès du Père était le témoignage de la justice divine, comme aussi il n'y avait pas de Saint Esprit descendu pour en être le divin témoin. Nous chrétiens, nous sommes membres de son corps; Dieu l'a donné, ainsi exalté, pour être Chef (Tête) sur toutes choses à l'Eglise, qui est son corps. Ainsi «nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs» (1 Corinthiens 12: 13). Israël avait perdu ses privilèges comme tel; il n'y avait pas de différence, maintenant, de Juif et de Grec. A la croix, le mur mitoyen de clôture fut détruit, pour faire, des deux, un seul homme nouveau, les réconciliant tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix (Ephésiens 2: 11 et suivants). Le devoir et l'essence du Judaïsme, c'était le maintien du mur; le christianisme, au contraire, comme système sur la terre, est fondé sur la destruction du mur. Est-ce que les gentils dans L'Eglise étaient amenés dans l'état juif, comme on le prétend? Non, il fait des deux un seul homme nouveau, et les réconcilie tous les deux; et il est venu, et il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient loin, et à ceux qui étaient près, car ils ne l'avaient ni l'un ni l'autre. Les apôtres et prophètes (les prophètes du Nouveau Testament, bien entendu; voyez Ephésiens 3: 5) étaient le fondement d'un nouvel édifice, d'une «habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 20-22). Dieu n'avait jamais promis une telle chose; il ne l'avait jamais révélée, en aucune manière; et cela était impossible. Dire qu'il n'y avait pas de différence entre Juif et gentil, c'eût été la destruction immédiate du Judaïsme. L'Eglise n'était pas révélée du tout (Ephésiens 3: 1-12; Colossiens 1: 26; Romains 16: 25, 26. Dans ce dernier verset il ne faut pas lire: «les écritures des prophètes», mais: «a été manifesté maintenant, et, par des écrits prophétiques, a été donné à connaître».)

Le grand point, c'est la venue du Saint Esprit, en conséquence de l'exaltation de Christ, en justice, comme homme, à la droite de Dieu. Quel sens aurait la parole de Christ: «Je bâtirai mon Eglise» (sur la révélation faite à Pierre par le Père), si Christ avait bâti l'Eglise toujours, depuis Abel? L'Eglise donc, le corps de Christ, est formée par le baptême du Saint Esprit, descendu en conséquence de l'exaltation de Christ à la droite de Dieu (1 Corinthiens 12: 12, 13). Le Saint Esprit, ainsi venu, «n'était pas encore» quand Christ n'était pas encore glorifié; et ce «baptême,» comme nous lisons au premier chapitre du livre des Actes, eut lieu peu de jours après, savoir le jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 2).

Le chapitre 11 de l'épître aux Romains n'a rien à faire avec l'Eglise, «le corps de Christ». Il traite de l'olivier de la promesse (et l'Eglise n'a jamais même été promise), en y ajoutant une révélation qui nous apprend que, lorsque les Juifs seront de nouveau greffés sur leur propre olivier, les branches gentilles seront coupées. De toute manière, il y avait des promesses et des prophéties qui s'appliquaient aux gentils, telles que: «Nations, réjouissez-vous avec son peuple…» Mais si Israël est le peuple de Dieu, l'Eglise ne peut pas coexister avec lui, car, dans l'Eglise, il n'y a point de différence de Juif et de Grec, et Israël a été endurci partiellement, «jusqu'à ce que la plénitude des gentils soit entrée». Ils sont ennemis en ce qui concerne l'évangile, et «leur réjection est la réconciliation du monde». L'Eglise, au contraire, est le corps de Christ, formé par le Saint Esprit sur la terre pendant que Christ est assis à la droite de Dieu.

J'aurais bien d'autres remarques à faire sur le sujet qui nous occupe ici, si je voulais entrer dans plus de détails. Je relèverai seulement quelques points très brièvement. Appeler «maison de Dieu» le lieu où les hommes se réunissent, ou faire de cette expression quelque application que ce soit à ce lieu, est absolument sans fondement dans l'Ecriture. Il est également contraire à l'Ecriture de parler de «l'Eglise du désert». Le royaume des cieux n'est pas du tout l'Eglise. On est vraiment coupable quand on avance que les apôtres n'ont pas dit un seul mot au sujet d'une nouvelle organisation. Ne lisons-nous pas (Hébreux 7: 18) qu'il y a abrogation du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité? Est-ce que Paul n'a pas organisé l'Eglise? Les sacrificateurs et les Lévites étaient-ils sacrificateurs et Lévites, de l'Eglise chrétienne?

Nous pourrions faire une autre objection, dont on n'a tenu aucun compte: c'est qu'avant l'Exode, il n'y a eu d'assemblée d'aucune sorte. Il y a eu des saints isolés, des Enoc, des Noé, des Abraham; il n'y avait point d'assemblée. Mais je ne m'arrête pas ici sur ce point.

Ce sur quoi j'insiste, c'est que le Saint Esprit est venu, et que, lorsqu'il vint, le baptême, par lequel les saints furent unis en un seul corps, eut lieu. L'assemblée est le corps de Christ, et l'habitation du Saint Esprit sur la terre; elle n'a jamais existé avant ce baptême du jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 2), et elle ne le pouvait pas, parce que le Chef (la Tête) n'existait pas, et que le Saint Esprit n'était pas, en conséquence, descendu pour unir des hommes à Lui, de manière à former son «corps».

Christ ne devait pas mourir pour la nation, pour Israël, seulement, mais «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52).