Sur la sanctification

Notes prises aux conférences de Lausanne – Juin 1878

ME 1879 page 110

 

Dans le passage 1 Thessaloniciens 3: 13, il est question de la responsabilité en vue de la venue du Seigneur Jésus avec tous ses saints. Le conseil de Dieu est de nous avoir semblables à Christ, et cela aura lieu à sa venue; alors la sainteté sera manifestée, et nos coeurs seront affermis sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père. Ces derniers mots nous montrent que c'est une sainteté qui convient à la nature de Dieu et à la relation d'enfants, et de plus remarquons que bien que cela existe déjà maintenant en un certain sens, ce ne sera manifesté qu'à «la venue du Seigneur Jésus». La sainteté se rattache toujours à la gloire. Nous sommes bien toujours devant notre Dieu et Père, mais nous devrions le réaliser. Quand Il viendra, cela sera pleinement manifesté.

Il y a trois choses d'où découle la sainteté et qui lui donnent son caractère. Le point de départ se trouve en Romains 8: 29. Dieu nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, dans la gloire, comme cela ressort du verset 30; c'est donc selon les conseils de Dieu qu'aura lieu cette conformité à son Fils. Comme nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons l'image du céleste; nous serons comme fils devant Dieu le Père; ce sera en la venue du Seigneur.

Le second point se trouve au commencement du premier chapitre aux Ephésiens: «Pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour». Nous avons là le caractère de Dieu. Remarquons en passant que, par rapport à Christ comme homme, c'est Dieu; s'il s'agit de Christ comme Fils, c'est le Père. Nous avons donc dans ce verset le caractère de Dieu. Il est «saint et irréprochable» dans ses voies en amour, et il nous veut ainsi devant Lui. Christ, comme homme, a toujours été tel devant Dieu, et nous sommes dans la même position. Au verset 5, «nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ». Christ est Fils, Dieu est le Père, et nous sommes placés dans la relation d'enfants, dès maintenant, en attendant le résultat dans sa perfection quand nous serons glorifiés.

En troisième lieu, le Saint Esprit est présent, et la sanctification dans le sens pratique est la réalisation de cette position en regardant à l'objet placé devant Dieu lui-même, par la puissance du Saint Esprit en nous. En pratique, nous sommes (ou nous devrions être) «la lettre de Christ, écrite par l'Esprit du Dieu vivant, sur les tables de chair du coeur» (2 Corinthiens 3: 3). Christ gravé sur nos coeurs par l'Esprit de Dieu, tel est le vrai fondement de la sanctification.

Nous voyons à la fin du même chapitre comment s'en opère la réalisation: — nous contemplons à face découverte la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit (2 Corinthiens 3: 18).

Cette gloire nous est présentée de trois manières: premièrement, c'est le Seigneur Jésus en gloire; ensuite, c'est la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ (4: 6); et, enfin, c'est la gloire du Christ qui est l'image de Dieu (verset 4). On contemple la gloire à face découverte; on contemple Christ, homme dans la gloire; ce n'est pas le reflet de Dieu dans la loi pour convaincre de péché et condamner l'homme (verset 7, 9), c'est Christ dans la gloire, preuve que mes péchés sont effacés; je vois cette gloire où il est, je m'occupe de Christ, de sa personne, de son oeuvre, de la place où il est, et je suis transformé à son image.

La sanctification s'opère par la parole (Jean 17: 14, 17, 19). Le Seigneur commence par placer les siens dans la même position qu'il occupe lui-même: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». Puis il se met à part comme homme glorifié — «je me sanctifie moi-même», — afin que nous aussi, nous soyons «sanctifiés par la vérité», par la connaissance que nous avons de ce qu'il est, c'est-à-dire, un Christ glorifié.

En 1 Jean 3: 1-3, nous avons trois choses: d'abord notre relation d'enfants, ensuite notre espérance: le voir tel qu'il est, lui être rendus semblables; et enfin la conséquence, qui est la sanctification pratique. L'Esprit prend de ce qui est à Christ, les choses qui sont en haut, et nous les communique; le coeur s'y attache, et la sanctification s'ensuit. J'entends la sanctification pratique, qui est la ressemblance à Christ dans la gloire comme motif et comme but. On n'est pas du monde, et on le réalise quand on a dans le coeur Christ tel qu'il est. On a porté l'image du terrestre, bientôt on portera celle du céleste; en attendant, on marche d'une manière qui est en harmonie avec ce but. La sanctification provient de l'affection pour les choses d'en haut, qui met à part, qui sépare de celles de la terre, et l'on est ainsi transformé à l'image de Christ.

En revenant encore à 1 Thessaloniciens 3: «Sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père)» nous voyons que tout en ayant l'Esprit d'adoption, nous avons affaire avec un Père qui est saint. C'est ce que nous lisons en Jean 17: 11: «Père saint, garde-les en ton nom». Quand il s'agit du monde, quand il en appelle au Père contre le monde, le Seigneur emploie l'expression «Père juste». Mais pour les siens, il dit: «Père saint», et ils ont à se le rappeler. Dans le même passage de 1 Thessaloniciens 3, il est dit: «Sa venue avec tous ses saints»; ils ne sont pas nommés ceux qu'il a «aimés», et aussi n'est-il pas parlé là de l'enlèvement des siens pour être avec Lui, parce qu'il est question de sainteté et de responsabilité. La chose commence dès maintenant et a sa manifestation parfaite, quand il vient avec tous ses saints depuis la création.

En 2 Corinthiens 6: 16-18; 7: 1; les chrétiens sont vus dans la relation de fils et de filles, et c'est toujours devant le Dieu et Père qu'ils ont à achever la sainteté dans la crainte de Dieu. On a confiance par l'Esprit d'adoption, mais le Père devant lequel on se tient est saint. Dieu habite au milieu de son peuple sur le fondement de la rédemption. Il n'habita ni avec Abel, ni avec Abraham, mais aussitôt qu'Israël est racheté, Dieu dit: «J'habiterai au milieu des enfants d'Israël et je leur serai Dieu». Mais ce qu'il demande de ce peuple racheté, c'est: «Sortez du milieu d'eux et soyez séparés». Ce qu'il faut encore remarquer dans ce passage, c'est que nous y trouvons tous les noms de relation de Dieu, Eternel ou Seigneur, Tout-Puissant et Père; mais la sanctification n'y est pas en rapport avec Jéhovah, qui habite au milieu de son peuple; elle l'est avec le Père lui-même. «Je vous serai Père», donne maintenant son caractère à la sanctification.

Il faut distinguer entre la venue et l'apparition du Seigneur. Dans la première, il prend les siens pour être avec Lui. Quelquefois cependant la venue est prise d'une manière générale. Quand il est parlé de notre manifestation, c'est en rapport avec notre responsabilité; il y a le tribunal qui met chacun à sa propre place.

«Il ressuscite en gloire», est-il dit de notre corps; cette gloire n'a rien à faire avec le tribunal: nous sommes prédestinés à être conformes à l'image de son Fils. Ainsi, bien qu'il y ait des récompenses diverses, il y a une gloire commune que Christ nous a acquise. Le plus faible chrétien aura la même gloire que Paul. Mais s'il s'agit du travail, Paul sera le capitaine de tous les gentils, nous serons pour ainsi dire les soldats; les Thessaloniciens seront la couronne de Paul.

Il y a donc certainement une récompense selon le travail de chacun, ainsi qu'il est dit: «Aie autorité sur dix villes» «sois établi sur cinq villes»; mais qui appréciera ce travail? Le Seigneur seul, car maintenant l'un moissonne ce que l'autre a semé. On dit à ce sujet: En effet, il est parlé de couronne de vie, de justice, de gloire, et l'on pense que ce sont divers degrés de récompense. Je ne le crois pas: vie, justice et gloire indiquent le principe sur lequel la couronne est donnée, mais c'est une seule et même couronne. Ainsi «sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie» (Apocalypse 2: 10); la vie est en contraste avec la mort qu'il doit souffrir en étant fidèle. «La couronne de justice» (2 Timothée 4: 8) est en rapport avec le «Seigneur, juste juge», qui récompense justement celui qui a combattu, achevé la course et gardé la foi. Quant à «la couronne inflétrissable de gloire» (1 Pierre 5: 4), c'est l'expression générale; elle est en rapport avec la gloire; elle est donnée «quand le souverain pasteur sera manifesté».

Les Thessaloniciens, comme couronne de Paul au jour de la venue de Christ, sont une récompense de son travail; ainsi, chaque chrétien, pour chaque oeuvre, a sa récompense. «Quiconque aura donné à boire, seulement une coupe d'eau froide… ne perdra pas sa récompense» (Matthieu 10: 42); «abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur» (1 Corinthiens 15: 58). Combien n'est-il pas touchant de voir en Colossiens 3: 24, ces pauvres esclaves qui n'avaient rien sur la terre, recevoir la récompense de l'héritage (héritage pris ici dans un sens général). Dans leurs relations avec leurs maîtres, ils servaient de bon coeur, non pour les hommes, mais pour le Seigneur. C'est Lui qu'il avaient en vue. Mais ce n'est pas pour la récompense que l'on sert. La récompense nous est présentée pour nous encourager dans les difficultés où l'amour nous a engagés, de même que Christ qui, venu ici-bas par amour, méprise la honte, l'ignominie, souffre la croix, en vue de la joie qui Lui était proposée (Hébreux 12: 1-3).

En 1 Pierre 1: 14-18, nous sommes en relation comme enfants avec le Père, mais c'est un Dieu saint. Or, se trouver en relation avec un Etre parfaitement saint, comme c'était le cas en Israël (mais connaissant Dieu comme Père maintenant), exige que tout en nous réponde à sa nature. De là l'exhortation: «Soyez saints, car moi, je suis saint». Il s'agit d'être des enfants obéissants. Au verset 17, nous voyons le Père qui prend connaissance de la conduite de chacun; c'est un jugement ici-bas, où le Père châtie ses enfants (Hébreux 12: 7-11).

Quant au jugement final, nous savons qu'il est confié au Fils (Jean 5: 23, 27). Ainsi, dans ce passage, le premier motif à la sainteté, c'est la sainteté de Dieu, et Il juge comment marchent ses enfants à cet égard, les châtiant pour leur bien; mais il y en a un autre: c'est que l'on est racheté (verset 18). La sainteté est délicieuse en elle-même, c'est un repos pour le coeur, mais il s'agit du moyen de s'y trouver. Or c'est voir Christ dans la gloire, et, sachant que je lui serai semblable, je tâche de lui être semblable ici-bas; mon désir est de plaire à Celui qui nous a tant aimés; ma crainte est de lui déplaire. «Conduisez-vous avec crainte», est-il dit: la crainte est le commencement de la sagesse; dans ce sens, craindre toujours est bon, et c'est une chose qui, hélas! manque souvent. «Bienheureux est l'homme qui est continuellement dans la crainte» (Proverbes 28: 14).

Mais rappelons-nous encore une chose. C'est que, si, engagé dans la lice, il faut courir de telle manière que l'on remporte le prix, toutefois on n'y entre pas pour la course et le prix. Le Seigneur n'aura qu'un regard bien froid pour celui qu'un tel mobile fait agir. Voyez, en Matthieu 25: 35, etc.: ce qu'ils ignorent, c'est qu'en faisant du bien à l'un des plus petits, ils le faisaient à Jésus lui-même. On ne fait pas des contrats avec Dieu pour Lui plaire. On a la confiance que le Maître demandait des ouvriers envoyés pour travailler dans sa vigne: «Je vous donnerai ce qui sera juste» (Matthieu 20: 4, 7).

Si nous passons à 1 Corinthiens 13, nous trouvons l'amour en rapport avec la sainteté, mais ce que nous pouvons remarquer et ce qui m'a beaucoup frappé, c'est que, dans les caractères de l'amour, nous ne voyons aucune activité; tout y est subjectif.

Prenons encore 1 Thessaloniciens 5: 23, 24. «Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entier, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera». Il s'agit ici d'être sanctifié entièrement, qu'il n'y ait rien en moi qui ne soit selon la sainteté de Dieu. Quant à ma position, je suis sanctifié pour Dieu, mais il veut que cela soit conservé pratiquement. Remarquons que l'existence de la chair en nous ne souille pas, mais bien l'activité de la chair; d'un autre côté, nous avons tout ce qu'il nous faut pour marcher de manière à ce qu'elle ne se montre pas, ainsi que nous lisons en 1 Corinthiens 10: 13: «Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été une tentation humaine, et Dieu est fidèle qui ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de ce que vous pouvez supporter». Ainsi que le dit le passage aux Thessaloniciens: «Qui aussi le fera». Je suis responsable d'obéir, et si je regarde à Dieu, je serai gardé sans faute. Si je marche selon la lumière que j'ai, ma conscience n'est pas mauvaise; mais il faut être complètement à Dieu. Peut-être n'est-on pas assez dans la lumière pour être tel; voilà pourquoi Paul demande pour les Colossiens qu'ils soient «remplis de la connaissance de sa volonté (la volonté de Dieu), en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d'une manière digne du Seigneur, pour lui plaire à tous égards» (Colossiens 1: 9, 10). On a ainsi l'intelligence et la puissance, ainsi que nous lisons plus loin: «Fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire» (verset 11). Quand j'ai Christ, j'ai la force. Dieu peut faire passer par diverses circonstances pour mettre l'âme à l'épreuve, mais il n'est jamais nécessaire de tomber; on ne peut s'excuser si l'on manque; c'est notre faute, parce que la force est là, toujours la même. Même l'ignorance n'excuse pas, parce que si je ne lis pas la Parole et si je ne prie pas, la lumière me manque et je suis coupable. Remarquons encore que nous n'avons pas en Colossiens 1: 9, 10, des sentiments, ou un directeur pour nous montrer la volonté de Dieu; c'est l'état de l'âme. Autre chose: c'est dans la patience (verset 11): il faut savoir attendre même pour le bien. La mesure de la marche est: «pour marcher d'une manière digne du Seigneur», «digne de Dieu qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire», «digne de l'appel dont vous avez été appelés» (1 Thessaloniciens 2: 12; Ephésiens 4: 1). Le fondement est en Colossiens 1: 11, 12: on a l'intelligence, la force, on est rendu «capable», et nous voyons par Ephésiens 3: 14, 15, que la puissance pour marcher est en rapport avec la gloire.

 «Le Seigneur de paix, lui-même, vous donne toujours la paix», dit Paul (2 Thessaloniciens 3: 16); nous sommes appelés à la paix, et c'est dans la paix que la sanctification s'opère, ainsi que nous lisons: «Le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement» (1 Thessaloniciens 5: 23). Rien ne trouble Dieu; pour nous, nous pouvons être troublés par une mauvaise conscience, par les circonstances, mais Lui demeure dans une paix absolue que rien n'altère, et, en sa présence, rien non plus ne devrait nous troubler. Dans sa communion, nous jouissons de cet état de paix, mais la moindre chose qui n'est pas selon la nature de Dieu, vanité, insouciance, recherche de ce qui amuse ou distrait, tend à troubler: il faut que Christ remplisse le coeur. La paix de Dieu dans le coeur, le garde; je dépose mon fardeau sur Lui, et mon coeur est ainsi tranquille dans la paix où il est Lui-même. Il est doux de réaliser cette paix où Dieu demeure, bien que ce soit au-dessus de l'intelligence, et de n'avoir en soi que ce qui est en harmonie avec sa présence, là où toutes les notes forment un accord parfait. On rend grâces en toutes choses sans exception; la volonté est soumise, brisée; il y a confiance en son amour.

«Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos coeurs» (Colossiens 3: 15). Le Seigneur dit aussi: «Je vous donne ma paix; je ne donne pas, moi, comme le monde donne» (Jean 14: 27). Le monde ne donne pas du tout la paix; Christ donne sa paix, celle dont il jouit en la présence de Dieu, la même dans laquelle il marchait dans ce monde et que rien ne pouvait troubler. Il ne donne pas comme le monde donne; celui-ci donne et n'a plus; Christ donne et a toujours. Il nous introduit dans la jouissance de tout ce dont il jouit Lui-même.

Le caractère dans lequel Dieu opère la sanctification, c'est l'amour: «Que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres et envers tous… pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté» (1 Thessaloniciens 3: 12). Dieu lui-même est amour, et son amour est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit. En marchant dans cet amour, rien ne le contriste, rien ne froisse Dieu, pour ainsi dire. En même temps Dieu est le Dieu de paix, et je jouis de cette paix. Je pense à Christ, je fais des progrès dans sa connaissance, dans l'intelligence de ce qu'il est; je suis transformé à son image. Je sais aussi quel est le caractère de Dieu en soi, — amour et paix, — et le coeur le réalise. Il faut que nous soyons sanctifiés à quelque chose; il faut qu'il y ait un objet pour lequel nous et notre coeur, nous soyons mis à part. Cet objet, c'est Christ glorifié, c'est Dieu. Participants de la nature divine, nous sommes saints et irrépréhensibles devant Dieu en amour.

En Romains 6: 22, se trouve le principe pratique de la sanctification. «Mais maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté, et pour fin la vie éternelle». L'obstacle à la sanctification, c'est la volonté propre; ici, nous avons le principe d'obéissance, en contraste avec la volonté propre. «La fin de ces choses», qui se font selon la volonté propre, «est la mort», il n'y a pas de fruit; mais si je marche dans l'obéissance, j'ai mon fruit dans la sainteté. Moïse disait: «Si j'ai trouvé grâce, montre-moi ton chemin (non pas mon chemin) et je te connaîtrai». Obéir, voilà ce qui est nécessaire; dans l'obéissance, on connaît mieux Dieu. C'est la vraie sanctification. Un chemin dans le désert, où il n'y en a pas, ce ne peut être que le chemin de Dieu. Dans la communion avec Lui, on réalise ce qu'il est. L'Eternel avait dit à Moïse: «Tu as trouvé grâce devant mes yeux», et Moïse dit: «Si j'ai trouvé grâce» (Exode 33: 12, 13); trouver grâce est une chose très importante. Si l'on ne marche pas dans les voies de Dieu, Dieu châtie, on ne trouve pas grâce. Là où il n'y a pas de chemin, si l'on connaît Dieu, on a un chemin, c'est le Sien. Mais il n'y a pas seulement l'obéissance. En marchant dans cette connaissance de Dieu, sa faveur, sa grâce reposent sur nous.

La grande affaire, c'est que «quelque chose que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus» (Colossiens 3: 17). Dans ce que l'on appelle choses indifférentes, on n'a qu'à se demander: «Est-ce pour le Seigneur?» et tout est décidé. Si je veux acheter une maison, je dis: «Je l'achèterai bon marché», et je calcule et pense: «Eh bien, dans trois ans, elle sera à meilleur compte; j'attendrai». Ai-je consulté le Seigneur? Est-ce en son nom que j'agis? Si je ne mange que parce que j'ai faim, je mange comme une bête (1 Corinthiens 10: 31). La faim était-elle pour Christ un motif suffisant pour manger? (Matthieu 4: 3, 4). C'est dans ces choses qu'il faut introduire le Seigneur, afin d'avoir l'intelligence pour agir, et pour que la communion ne soit pas interrompue. Pour les choses grossières, la conscience naturelle et la loi humaine en décident. Mais si l'on demande: «Y a-t-il du mal à aller à un concert?» je dis: «Y allez-vous au nom du Seigneur Jésus? Est-ce pour sa gloire?» Non; alors tout est dit. Si l'on est spirituel, on en vient à être étonné de ce que l'on a pu faire trois années auparavant. Introduisez le nom de Christ et tout sera jugé beaucoup plus complètement, que si vous dites: «Y a-t-il du mal ou du bien en cela?»

Quel bel et remarquable exemple donne Eliézer! Il veut d'abord être bien sûr que la jeune fille est de la famille d'Abraham. Puis il ne veut pas manger, qu'il n'ait déclaré l'objet de son voyage. Enfin il ne veut pas être retenu. La volonté de son maître passe avant tout. Mais aussi il a ses consultations avec le Seigneur. Combien d'âmes faibles, languissantes, quant à leur état spirituel! Pourquoi? Elles ne font pas de mal, mais elles n'ont pas ces entretiens avec le Seigneur, elles ne le consultent pas.

Christ doit être au fond de mon coeur, sans quoi je ne suis pas chrétien. Mais est-ce que je passe ma vie avec le Seigneur? On peut marcher honorablement comme chrétien, n'avoir rien à se reprocher extérieurement, et cependant ne point passer sa vie avec Lui. Quand on arrive à la fin de la journée, à peine a-t-on pensé à Lui. Le coeur a été (il l'est trop souvent), comme un trottoir foulé par la multitude des circonstances, des imaginations et des préoccupations, au lieu d'être tout à Christ. La politique, la littérature, les allants et venants, les châteaux en Espagne, voilà ce qui remplit la pensée. Nous pouvons cependant arriver à ce que Christ occupe tout, et à n'être pas distraits de Lui. Il le faudrait, bien que je ne dise pas que cela soit; car, historiquement, nous manquons tous. Mais la conscience ni le coeur, ne doivent jamais accepter que nous manquions. Il ne faut pas que nous cédions à cette lâcheté morale. Nous sommes exhortés à être remplis de l'Esprit (Ephésiens 5: 18), et celui qui est né de Dieu, ne pèche pas (1 Jean 5: 18).

L'état normal du chrétien est donc: ne pas pécher et être rempli de l'Esprit.