«Les frères» leur origine, leur accroissement et leur témoignage

 ME 1879 page 292

 

Frères,

Supportez une parole d'exhortation. On a parlé de nous dans un livre; on y fait remonter notre origine à cinquante ans en arrière; — on y dit que nous nous sommes étonnamment accrus; — Puis, on y parle de notre témoignage.

Je désire, à ce propos, rappeler à votre souvenir notre véritable origine, que nous courons danger d'oublier. La voici: «Vous êtes de Lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption» (1 Corinthiens 1: 30). Nous ne sommes pas «les frères», — appelés de tel ou tel nom d'homme ou de localité, qui ont paru il y a cinquante ans: non, — mais nous sommes «des frères», entre les nombreux frères qui composent la grande famille de Dieu, dont les commencements remontent bien plus haut. Nous sommes «des frères» qui, par la grâce de Dieu, ont été délivrés de la longue captivité babylonienne de l'Eglise, et se sont replacés sur le terrain primitif de celle-ci, assis dans les lieux célestes en Christ, pour confesser le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, comme source d'unité, le Dieu et Père de la famille de Dieu tout entière, — dispersée ou rassemblée, — pour confesser Christ comme la Tête de son corps (Ephésiens 1: 19-23; 2: 1-18), et pour reconnaître le Saint Esprit comme Celui qui édifie et habite la Maison de Dieu (Ephésiens 2: 19-22). Notre origine n'est pas dans des docteurs puissants par Dieu, suscités de Lui il y a cinquante ans, pour faire revivre des vérités pendant longtemps ensevelies sous les décombres de l'église professante, quelque bénis et reconnus de Dieu qu'ils aient été. Cette origine est du Dieu qui, par sa grâce souveraine, appela Pierre, André et Jean, du Dieu qui a livré Christ à la mort pour nos offenses et l'a ressuscité pour notre justification (Romains 4: 25); qui, plus tard, du haut de la gloire, appela Saul de Tarse et le retira du monde, des Juifs, et des nations qui avaient rejeté Christ, et qui, de la gloire, l'envoya comme un homme uni à Christ, pour rendre témoignage à sa gloire et à l'union des saints avec Lui, comme son corps et son Epouse. Notre place n'est pas dans un corps dont l'origine date de cinquante ans; elle est dans le Christ, qui, après avoir révélé à Marie la nouvelle relation établie par ces paroles: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu», vint et se tint au milieu de ses frères rassemblés, et leur communiqua la paix qu'il avait faite pour eux en mourant sur la croix, leur en montrant les preuves dans ses mains et son côté percés. Nous sommes dans le Christ qui, une seconde fois, souffla en eux la paix, comme le Fils envoyé du Père, soufflant en eux sa propre vie de résurrection, les unissant ainsi à lui-même, le Chef ressuscité de la nouvelle création.

Nous sommes dans le Christ qui, après ces choses, monta en haut comme homme, et envoya le Saint Esprit promis du Père, pour demeurer dans les siens; en sorte que la nouvelle famille de Dieu, pleinement établie, a pu dès lors, individuellement et collectivement, crier: «Abba, Père!» (Jean 20: 19-22; Actes des Apôtres 1: 4).

En même temps, le Saint Esprit baptisa tous les croyants en un seul corps, et les édifia ensemble, pour être son habitation sur la terre. Telle est notre origine, et telle notre position! C'est à cette famille, et à ce corps, et à cette maison seule que nous appartenons; et c'est à cela que nous avons à rendre témoignage, aussi bien qu'à Celui qui est le Dieu et Père de tous ceux qui jouissent d'un tel privilège! Quelle noble origine! Quelle descendance glorieuse! Frères, ne l'oubliez pas. Que personne ne prenne votre couronne!

Ce qu'est devenue dès lors l'Eglise de Dieu, vous le savez, je n'en doute pas, et je n'ai pas besoin de m'y arrêter. L'Eglise s'étendit d'une manière étonnante, mais, hélas, en s'étendant, elle déclina. Zélée encore pour ôter le mal, elle abandonna le premier amour, et elle fut menacée de voir son chandelier ôté. Le mal, arrêté un moment dans son cours par la persécution, éclata de nouveau dans l'Eglise, associée au monde par les conducteurs salariés de la chrétienté.

Alors surgit, au milieu même de la Maison de Dieu, un système corrompu, enseignant l'idolâtrie; — la captivité babylonienne s'étendit sur toute l'Eglise. La vérité de l'unité réelle du corps de Christ et celle du retour du Seigneur, furent perdues, et tout fut ténèbres. Après des siècles, le cri de la Réformation se fit entendre, et beaucoup d'âmes y répondirent en sortant des ténèbres; mais se relâchant de nouveau, ce résidu devint ce qui «a le bruit de vivre», et qui, sous le manteau de la profession, était moralement mort. Alors la voix de Celui qui est le Saint et le Véritable se fit entendre, et un résidu fidèle le suivit, retournant à Christ seul. Mais souvenez-vous, frères, ce ne fut qu'un petit nombre des brebis du Seigneur, et non tout le troupeau, qui suivit cette voix. Nous ne sommes que «des frères», un résidu revenu à Christ; mais non «les frères», tout court, ni moins encore les frères portant le nom d'un homme ou d'une localité et formant un nouveau corps.

Telle a été l'histoire des «frères» et de la Maison de Dieu. Souvenons-nous aussi que l'Ecriture nous montre pour la Maison de Dieu un triste avenir: la tiédeur de Laodicée doit suivre, et accompagner déjà dans son cours, la fidélité de coeur à Christ de Philadelphie, jusqu'à ce que Jésus vienne. Quelle est la marque distinctive essentielle de ces deux cercles? Pour les Philadelphiens: Christ est tout, et sa Parole. Pour les Laodicéens: «Les frères» sont tout, et ils disent, «Je suis riche, et je suis dans l'abondance, et je n'ai besoin de rien». Il y a ce qui est un vilain «Je» collectif, qui a besoin d'être jugé selon 1 Corinthiens 1, aussi bien que le «Je» individuel, le vieil homme de l'épître aux Romains.

Que votre témoignage soit donc simplement Christ et sa Parole, sans en rien laisser de côté, ne négligeant pas le témoignage de Pierre, au sujet de Jésus rejeté, maintenant exalté et prêt à s'asseoir sur le trône de David, le témoignage d'un Jésus fait Seigneur et Christ en même temps qu'il donne le salut et la rémission des péchés (voyez Actes des Apôtres 2: 30-38; 4: 10-12; 5: 30-32), donnant lieu ainsi au royaume des cieux sous sa forme présente; — tenant ferme, comme font plusieurs parmi vous, le témoignage de Paul; proclamant les cieux ouverts, le second homme assis dans les lieux célestes, la justice et l'Esprit administrés d'en haut, et le Saint Esprit venu ici-bas, unissant les croyants à Christ dans le ciel, et les uns aux autres sur la terre, avec la bienheureuse espérance du retour du Fils de Dieu du ciel, l'Epoux de son Eglise, pour introduire tous les saints dans la maison du Père, avant qu'arrivent les jugements, et pour les ramener ensuite avec Lui pour régner sur la terre bénie. — Frères, ne parlons pas de notre témoignage, mais proclamons-le comme le témoignage de Dieu, et ainsi nous continuerons à jouir de l'approbation de Celui qui est «le Saint et le Véritable». L'amour des frères, Philadelphie, régnera réellement au milieu de nous, et envers tous les frères dispersés; la porte que nul ne peut fermer nous restera ouverte, et nous serons le seul cercle qui, comme chose corporative, échappera aux jugements. Philadelphie cessera d'exister sur la terre, quand le Seigneur Jésus reviendra (voyez Apocalypse 3: 10). Oh! tenez ferme le nom de Christ; n'acceptez aucune fausse et présomptueuse dénomination de la part des hommes. Le beau nom de Christ, le Saint et le Véritable, suffit, — le nom de Celui qui n'a pas honte de nous appeler «Ses frères»; mais — ne l'oubliez pas — c'est avec beaucoup d'autres frères dispersés, qui sont «Ses frères», aussi bien que nous-mêmes, quoiqu'ils ne le manifestent pas ensemble en commun.

Encore une fois: Supportez une parole d'exhortation, et que le Dieu fidèle fasse luire la lumière de sa face, Lui qui nous a appelés à la communion de son Fils. Telle est l'origine à laquelle, si nous sommes de fidèles témoins, nous rendrons témoignage; telle a été l'histoire de l'Eglise, à laquelle nous appartenons, et tel est son témoignage. Mais nous ne sommes que «des frères», parmi beaucoup d'autres qui sont dispersés; — nous sommes «des frères», qui sont retournés à Christ pour rendre témoignage à la grâce qui nous a fait revenir à Lui, — qui use de support envers tous, — et qui amènera chacun de tous «les frères», dispersés ou rassemblés, à la gloire.