Notes sur l'épître aux Ephésiens

Conférences de Lausanne en juin 1878

 ME 1879 page 321

 

Notes sur l'épître aux Ephésiens. 1

Chapitre 1. 2

Chapitre 2. 7

Chapitre 3. 9

Chapitre 4. 12

Chapitre 5. 13

Chapitre 6. 16

 

Cette épître nous donne les conseils de Dieu à l'égard de l'homme, et non la responsabilité de l'homme devant Dieu; mais elle présente celle du chrétien.

En premier lieu, nous y trouvons les conseils de Dieu relativement aux individus, et cela en relation avec le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ; secondement, relativement à leur union comme corps avec Christ homme (chapitre 1 et 2).

Pour pouvoir développer ces relations, il y a le fait que Christ comme homme est ressuscité, glorifié et placé à la droite de Dieu au-dessus de tout, et nous, chrétiens, nous sommes aussi là en vertu de la même puissance.

Ensuite nous voyons l'administration de ces choses confiée à Paul (chapitre 3); puis, ce qui convient à une telle position: 1° comme formant un corps (c'est la position ecclésiastique), la présence du Saint Esprit nous unissant à Christ dans le ciel, et ce qui est en rapport avec cette relation; 2° nos devoirs personnels en relation avec Dieu notre Père.

Paul ajoute deux choses comme supplément à cet ensemble; d'abord la pensée divine de Christ à l'égard de l'Eglise, — de Christ homme, second Adam; en second lieu, nos combats spirituels avec les méchants esprits dans les lieux célestes, — nous-mêmes étant là.

Telle est l'idée générale, le sommaire de l'épître. Entrons maintenant dans quelques détails relatifs à sa structure.

Chapitre 1

Versets 1-7. — L'épître aux Romains commence par la responsabilité de l'homme; ici, ce sont les conseils de Dieu; dans les Psaumes, on a le gouvernement de Dieu dans le monde, ici ses conseils pour le ciel. Du verset 1 au verset 7, nous avons notre position, ensuite, verset 8 à 10, les conseils de Dieu à l'égard de Christ lui-même; sa grâce nous rendant capables de connaître le mystère, le secret de sa volonté; et enfin, Christ étant en sa place (verset 10), au verset 11, l'apôtre nous présente notre héritage. Nous ne sommes pas l'héritage de Dieu, nous sommes héritiers en Christ, et le Saint Esprit qui nous scelle, est les arrhes de notre héritage (verset 14).

Au verset 15 commence la prière de Paul. Elle est adressée au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, — celui-ci envisagé comme homme, — et renferme deux parties: 1° que nous comprenions, que nous saisissions quel est l'appel et l'héritage de Dieu; 2° que nous comprenions quelle est l'excellente grandeur de la puissance qui nous place dans la position où nous sommes devant Lui, puissance qui a placé Christ dans la gloire.

Cela donne lieu au commencement du chapitre 2. La même puissance qui a ressuscité Christ, nous a pris quand nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, nous a vivifiés et nous a placés en Lui.

Revenons un moment au verset 17, où nous voyons l'apôtre adresser sa prière au «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ». Nous trouvons au commencement de cette épître, comme dans toutes celles de Paul: «Grâce et paix de la part de Dieu notre Père, et de la part du Seigneur Jésus Christ». Ces deux noms «notre Père» et «le Seigneur Jésus Christ», sont très importants à considérer. Ce sont des noms de relation. Il y a la relation d'enfants avec le Père, puis l'administration des choses divines sur la terre, placée entre les mains de Christ, comme Seigneur. Mais toutes ces choses étaient des réalités pour l'apôtre, et pas seulement des noms. Aussi quand il demande que l'écharde lui soit ôtée, ce n'est pas au Père qu'il s'adresse; ce n'est pas le Père qui met l'écharde; c'est le Seigneur qu'il supplie, parce qu'il s'agit de l'administration des choses ici-bas. Pour nous, chrétiens, il y a donc un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ. Dieu l'a fait Seigneur et Christ (voyez 2 Corinthiens 12: 7, 8; 1 Corinthiens 8: 6; Actes des Apôtres 2: 36).

Au verset 3, il y a d'autres noms à remarquer: «le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ». Cela se rapporte aux deux positions de Christ à l'égard de Dieu. Il est homme, et Dieu est son Dieu; il est Fils, Dieu est son Père; c'est le nom de la relation (Père) et le nom de la nature (Dieu), si l'on peut dire ainsi. C'est ce que nous trouvons en Jean 20: 17; «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». C'est ainsi qu'un enfant dira: Mon père (relation) est un homme sage (caractère on nature). Si la vie est là, on comprend pratiquement ces relations. — Il est beaucoup plus facile de prier le Père comme enfant que de prier Dieu comme homme. Un enfant va facilement vers son Père, mais Dieu est saint, voilà ce qui arrête. Dieu est esprit, c'est sa nature; il faut l'adorer selon cette nature, en esprit et en vérité. On va à lui comme homme. Mais le Père cherche de tels adorateurs; c'est l'activité de la grâce. Dieu, c'est sa nature; cela n'implique aucune relation. C'est l'Etre existant par lui-même, sans avoir de cause. A cela se rattache notre responsabilité, quoiqu'il soit amour. Et ce que nous venons de dire de Dieu envisagé dans sa nature et dans sa relation avec nous, se réalise ou devrait se réaliser dans la vie, dans les prières. Quelquefois comme créature, on s'adresse à Dieu; d'autres fois, comme enfant, on va au Père.

Par la rédemption, nous sommes placés dans les deux mêmes relations où Christ se trouve, et la position chrétienne, dont il est parlé ensuite, dépend de ces deux noms «Dieu» et «Père».

Jésus avait bien révélé le nom du Père à ses disciples dès le commencement (voyez Jean 17: 26), mais c'est seulement quand la rédemption est accomplie qu'il dit: «Je monte vers mon Père et votre Père», les plaçant ainsi de fait dans cette relation.

Dans ce même verset 3 du chapitre 1er, nous sommes «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». C'est un contraste avec les Juifs, qui seront bénis de toutes bénédictions temporelles, sur la terre (Ezéchiel 36: 24), sous Christ. Pour nous, ce sont des bénédictions célestes, spirituelles, en Christ. Rien n'y manque: c'est toutes, elles sont du meilleur genre, — spirituelles; dans le meilleur endroit, — les lieux célestes, et enfin en Christ, c'est la meilleure et plus parfaite manière.

Le verset 4 est fondé sur le nom de «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ», et le verset 5, sur celui de «Père de notre Seigneur Jésus Christ».

«Saints et irrépréhensibles», c'est le caractère de Dieu. Il est tel dans toutes ses voies. Il nous fait participer moralement à sa nature divine (2 Pierre 1), et nous sommes devant lui pour jouir de lui selon son caractère. Christ ici-bas, comme homme, était tel, saint et irrépréhensible en amour, et vivant toujours en la présence de Dieu. Nous de même, c'est ce que nous sommes en Lui.

«Elus en lui, avant la fondation du monde». Ce n'est pas la souveraineté de la grâce. Si Dieu venait sauver maintenant quatre d'entre nous, il serait aussi souverain que si c'eût été avant la fondation du monde. L'idée est qu'il nous a pris dans sa grâce souveraine, avant que le monde fût fait, c'est-à-dire, tout à fait en dehors du monde. C'est pour notre gloire avant les siècles; c'est éternel (1 Corinthiens 2: 7).

Verset 5. — Ce qui y est dit est fondé sur le nom de «Père de notre Seigneur Jésus Christ». Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté. Lorsqu'il est dit: «pour que nous fussions saints», ce n'est pas selon le bon plaisir de sa volonté, c'est selon sa nature; dans ce caractère de «saint», Dieu pouvait avoir des serviteurs. Comme tels, on est devant lui. Combien la Parole est d'une exactitude parfaite! Mais comme Père, il veut avoir des fils, et il trouve là son bon plaisir. Nous le trouvons aussi, et c'est une chose pratiquement bien précieuse. Il n'y a pas seulement l'affection de Dieu selon sa nature, mais aussi son affection de prédilection comme Père, et j'en jouis.

«Elus» veut dire choisis entre d'autres, mais on est «prédestinés» à quelque chose qui est dans la pensée de Dieu, et cette pensée ici est: «Je veux avoir devant moi des êtres semblables à mon Fils, adoptés pour mes enfants».

Alors, comme il est question de ses conseils, c'est à «la louange de la gloire de sa grâce» (verset 6). «Nous sommes rendus agréables dans le Bien-Aimé»; que cela est précieux! C'est Celui qui fait ses délices, c'est en lui que nous sommes agréables: cela est parfait.

Comme on le voit, les conseils de Dieu précèdent la rédemption et la responsabilité. Pour nous introduire là où Dieu voulait nous avoir selon ses conseils, il fallait la rédemption; alors nous remarquons que, lorsqu'il s'agit de la rédemption, ce n'est plus «la gloire de sa grâce» comme dans les conseils, mais ce sont «les richesses de sa grâce». Quand nous venons à Christ pour être sauvés, pour la rémission des fautes, nous mesurons la grâce d'après nos propres besoins, mais quand nous pensons aux voies de Dieu pour que le salut nous appartienne, nous voyons que toutes les richesses de sa grâce s'y trouvent.

Quand il nous a placés dans cette position parfaite en Christ (son bien-aimé est là, devant lui, saint et irréprochable en amour, et nous y sommes en lui), alors nous sommes capables de comprendre toutes ses intentions d'une manière complète. «Il a fait abonder «sa grâce» envers nous, en toute sagesse et intelligence» (versets 8 et suivants). Quand nous avons compris notre position devant Dieu, alors se trouve introduit le fait que, étant en Christ, nous sommes héritiers.

Les versets 10 et suivants entrent dans le détail: «L'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir toutes choses dans le Christ, etc». Christ administre et règle toutes les choses qu'il a créées. Il y prend part comme homme. Nous, étant en lui, nous sommes héritiers avec lui. Pendant le millénium, Christ administre médiatorialement le royaume qu'il remettra à la fin à Dieu le Père (1 Corinthiens 15: 24), et nous serons associés à cette administration sous les ordres de Christ. C'est ce que nous voyons en Hébreux 2: 5: «Ce n'est point aux anges qu'il a assujetti le monde habité à venir dont nous parlons». Quand ce monde sera là, les anges ne seront pas les administrateurs. Nous voyons qu'ils le sont en Apocalypse 4, mais au chapitre 5, Christ étant introduit, ils ne le sont plus. Avec cela s'accorde encore ce qui est dit aux apôtres: «Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël» (Matthieu 19: 28).

Au verset 11, nous sommes héritiers avec Christ, «à la louange de sa gloire», la gloire de Christ; les Juifs sont au verset 12, les gentils au verset 13. C'est comme les rayons du soleil; Lui en est la source, et il sera glorifié en tous ceux qui croient. La chose sera manifestée dans les siècles à venir, quand on verra des brigands, des femmes de mauvaise vie, etc., dans la même gloire que Christ.

Nous, est-il dit, le coeur réalise les choses. Maintenant on comprend que c'est tous, Juifs et gentils, mais dans le temps où Paul écrivait, il était nécessaire d'une part de distinguer «nous», les Juifs, qui avons préespéré, et «vous», en qui vous aussi les gentils, et d'un autre côté d'affirmer que les arrhes de l'héritage, le Saint Esprit, étaient pour les gentils, aussi bien que pour les Juifs. Les Juifs l'avaient bien, mais on pensait que les gentils ne pouvaient pas entrer dans cette bénédiction; le cas de Corneille avait montré le contraire (Actes des Apôtres 10; 11).

Préespéré, ce sont ceux d'entre les Juifs qui ont cru avant de voir, et bienheureux ceux-là (Jean 20: 29). Les Juifs qui croiront quand ils verront, n'auront pas cette gloire avec Christ. Ils seront bénis sous le règne de Christ, mais ne seront pas glorifiés avec lui.

Le Saint Esprit est «les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise». La possession acquise sont les choses; les personnes sont les héritiers, sur lesquels il met son sceau. Le chrétien actuellement se trouve entre la rédemption par son sang, fait accompli, ainsi que la glorification du chef, et la gloire quand Christ reviendra. En attendant, il a le Saint Esprit.

«La possession acquise», c'est quand Satan sera lié. Ces choses ne sont pas encore arrivées; par conséquent nous ne saurions encore les avoir, mais en attendant les cohéritiers sont scellés. Il est bon de répéter ces choses. Il en est des chrétiens comme des enfants, qui ont besoin de chercher dix fois un mot dans le dictionnaire avant qu'il ne reste dans leur mémoire. Ainsi l'on croit, on est fils, et l'on est scellé. Il est évident que Dieu ne scelle pas un incrédule, ce serait sceller le péché.

Christ est maintenant assis à la droite de Dieu sur le trône du Père, non pas encore sur le sien. Ce qu'il fait entre la rédemption par son sang et la possession acquise, c'est de sceller les cohéritiers. Le Saint Esprit vient prendre possession du croyant, parce qu'il a cru l'évangile du salut. Ce qu'il y a de plus simple, c'est de croire cela, de recevoir ce témoignage de Dieu. En général ceux qui croient sont scellés; mais il faut croire à l'oeuvre aussi bien qu'à la personne de Jésus. Or de nos jours on passe souvent trop légèrement sur la croix (1 Corinthiens 2). Comme nous le voyons en Romains 5: 1-11; Actes des Apôtres 2: 37-40; et dans le cas de Corneille (Actes des Apôtres 10: 43, 44), c'est la foi à la valeur du sang de Christ qui est scellée, bien qu'il soit très vrai que c'est la personne qui accomplit l'oeuvre et qui lui donne son prix.

C'est par le Saint Esprit que l'on crie: «Abba, Père!» Et si l'on n'a pas l'Esprit de Christ, on n'est pas de Lui. Mais actuellement la chose a été tellement perdue de vue, que l'on scrute son coeur pour savoir si le Saint Esprit y est, tandis que c'est un fait. Ainsi les Galates déchéaient du fondement, et cependant, quel que fût leur état, l'apôtre leur dit: «Avez-vous reçu l'Esprit sur le principe des oeuvres de loi?» (Galates 3: 2). C'était clair pour eux qu'ils l'avaient reçu.

Mais remarquons aussi que l'on peut être participant du Saint Esprit (Hébreux 6: 4, 5), sans être scellé, même sans être converti, témoin Balaam et d'autres. Le terrain avait bien reçu la pluie, mais ne produisait que des épines. Tout ce dont il est question dans ces versets 4, 5, sont des choses accordées, des privilèges dont on jouit, au milieu desquels on se trouve, mais ce n'est pas la nouvelle vie. Il faut plus que de parler des langues, que d'avoir la connaissance et toute la foi jusqu'à transporter des montagnes (1 Corinthiens 13). Ces versets montrent jusqu'à quel point on peut jouir des privilèges extérieurs, sans être sauvé. Goûter la bonne parole, c'est beaucoup; le Seigneur dit aussi qu'il y en a qui la reçoivent avec joie (Marc 4: 16), mais il n'y a pas de racines jetées dans le coeur, il n'y a pas de réalité, et l'on se retire. Il est dit de Balaam que l'Esprit de l'Eternel fut sur lui (Nombres 24), et nous savons par d'autres passages de la Parole quelle était la méchanceté de son coeur, de sorte que la plus belle prophétie de la Bible est du plus méchant homme qui ait existé. Judas aussi avait joui des privilèges les plus grands; il avait été envoyé comme les autres pour prêcher et faire des miracles, et cependant il était un démon. Ainsi le Saint Esprit peut agir par un homme, sans que cet homme soit sauvé, et quant à ceux qui ayant crut ont été scellés, ce sceau doit être réalisé dans la conscience.

Au verset 15, commence la prière de Paul, comme nous l'avons vu. Les Ephésiens avaient de «l'amour pour tous les saints»; cela est nécessaire pour comprendre la vérité qu'il leur présente, selon ce qui est dit au chapitre 3: «comprendre avec tous les saints».

«L'espérance de son appel» (verset 18), non de notre appel, parce que tout est ici de la part de Dieu, et il faut bien saisir cela. C'est l'appel de Dieu lui-même (versets 3, 4, 5); c'est «son héritage» (verset 11, etc). Mais pour bien comprendre cette expression: «les richesses de la gloire de son héritage dans les saints», il faut se rappeler que pour Israël, Jéhovah avait dit: «Le pays est à moi». A cause de cela même ils ne pouvaient vendre leurs possessions pour plus de cinquante ans (Lévitique 25: 23). Le pays était donc à l'Eternel, mais il en jouissait dans les Israélites son peuple. Il en est de même pour nous. Les saints héritent, et Dieu jouit de l'héritage en eux.

Nous trouvons au verset 19 la seconde requête de Paul pour les saints, savoir qu'ils comprennent cette puissance qui les concerne personnellement; cette puissance qui a pris un homme (Christ) mort, l'a ressuscité et l'a placé dans les lieux célestes, sur le trône de Dieu, au-dessus de tout. Ainsi voilà Christ mort, et Christ à la droite de Dieu; c'est le fait, et c'est la puissance de Dieu qui a agi. Cela s'applique à nous, mais voilà la différence: nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés (chapitre 2), tandis que Christ était dans la mort à cause de nos fautes et de nos péchés, et c'est alors qu'il a été élevé à la droite de Dieu. Mais la même puissance qui a opéré envers lui, a agi pour nous vivifier, nous ressusciter, et nous sommes assis en lui dans les lieux célestes.

Il est important de remarquer que Paul ne connaît pas Christ, si ce n'est après la mort. Le point de départ de son témoignage, c'est Christ ressuscité et placé à la droite de Dieu, sans parler de sa vie sur la terre. Cela n'est pas purement en conseil; il faut que ce soit accompli de fait pour que nous y soyons en lui. Ainsi la position actuelle de Christ, c'est d'être place à la droite, et nous y sommes en Lui. Or cela tient à la nature de Dieu et à ses conseils, de sorte que nous avons ainsi les intentions de Dieu et la position actuelle du croyant.

Nous passons maintenant au chapitre 2

Chapitre 2

 «Nous étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres» (verset 3). «Nous», c'est-à-dire les Juifs qui, dispensationnellement étaient près de Dieu (verset 17), mais qui, par nature, étaient enfants de colère. Il est beau de voir comment l'apôtre passe de là à «Dieu qui est riche en miséricorde». C'est le caractère de l'épître. Il ne s'agit pas de quelque chose qui a lieu en l'homme; l'apôtre va droit à la source, à Dieu qui, riche en miséricorde, tire de la misère et de la ruine ce qui était complètement perdu.

 «Vous êtes sauvés par grâce» (verset 5); c'est un fait accompli et qui dure; ce n'est pas un principe, mais un fait; nous le retrouvons au verset 8. Aux versets 5 et 6, nous lisons «ensemble», cela veut dire Juifs et gentils. Comment cela peut avoir lieu, nous le voyons au verset 7; c'est la grâce toute pure dont Dieu déploie les richesses dans le Christ Jésus.

 «Vivifiés ensemble avec lui», c'est un seul acte avec «vous êtes sauvés».

Au verset 8, nous est présentée une nouvelle idée: «Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi». Il semblerait que cela vient de l'homme, que c'est quelque chose qu'il doive faire; mais non, cela aussi vient de Dieu. La foi, c'est l'état de l'âme pour recevoir le salut que Dieu donne. Mais la foi est le don de Dieu, comme nous lisons: «Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu». Remarquez que ce n'est pas la grâce qui est le don; la grâce donne, ainsi le don de Dieu, c'est bien la foi. Tout est par la foi; par elle nous avons part aux bénédictions de Dieu; mais si cela vient de moi, la chose la plus excellente provient de mon propre fonds. Au contraire, nous voyons que c'est Dieu qui agit ici. On dit: «Il n'y a qu'à vouloir». Très bien; mais d'où vient le vouloir? Ah! sans doute, l'homme voudrait avoir au moins ce petit coin pour y introduire sa personne et son action, mais «cela ne vient pas de vous». Mais, dit-on encore, il est écrit: «A tous ceux qui l'ont reçu…» Voilà la part de l'homme. Non, car si vous continuez le passage vous verrez que ceux-là sont «nés de Dieu»; or je ne puis m'engendrer moi-même.

Bien loin que la foi soit une chose qui provienne de l'homme, l'Ecriture établit tout le contraire: «Personne ne reçoit son témoignage» (Jean 3: 11, 32). «J'ai crié et il n'y a personne qui ait répondu» (Esaïe 50: 2). La foi est ce qui saisit pour l'âme, Dieu, Christ, le salut, tout en un mot; si elle vient de moi, tout ce qui concerne mon salut vient de moi. L'état du coeur est caractérisé par ces paroles: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie» (Jean 5: 40). Aussi est-il dit: «C'est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire» (Philippiens 2: 13). Mais on insiste avec ces paroles: «Luttez pour entrer par la porte étroite» (Luc 13: 24), et moi je répète: «D'où vient la volonté?» Jean 1: 10-13, nous dit d'une part que le monde ne l'a pas connu et que les siens ne l'ont pas reçu, et de l'autre qu'à ceux qui l'ont reçu, c'est-à-dire, qui ont cru en son nom il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, mais n'oublions pas que ceux-là sont «nés de Dieu»; cela ne vient donc pas d'eux.

On dit encore qu'il faut qu'il y ait en l'homme quelque bien, quelque chose par où Dieu puisse le prendre, et l'on ajoute: «S'il n'y a pas de pouvoir, où est la responsabilité?» On ne fait pas attention à ceci: c'est que la responsabilité ne dépend pas du pouvoir, mais des droits de Dieu sur nous. Voilà, par exemple, un homme à qui j'ai prêté 50 000 francs, mais quand il s'agit de les rendre, il me dit: «Je n'ai pas de quoi vous payer, par conséquent je ne suis pas responsable». Est-ce que son impuissance pour payer anéantit sa responsabilité? Non, celle-ci dépend de mes droits sur lui.

Verset 10. «Nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres». Nous sommes son ouvrage, grâces à Dieu, parce que la foi est un don de Dieu; c'est, comme nous le voyons, une autre création, une création toute nouvelle, qui ne tient en rien à notre ancienne position en Adam. J'étais mort; Christ est descendu là où j'étais, dans la mort avec moi et pour moi. Il a effacé mes péchés, et Dieu nous prend tous ensemble avec lui pour nous placer dans la même position que lui. C'est un fait, — une nouvelle création. Mais c'est quand nous sommes chrétiens que nous apprenons cela. A un pécheur, je parle de sa responsabilité; je lui dis: «Vous ne voulez pas venir à Christ pour avoir la vie».

Versets 9, 10. Les épîtres aux Romains, aux Colossiens et aux Ephésiens diffèrent essentiellement dans leur caractère. Dans les deux premières, l'homme est considéré comme un homme responsable sur la terre; dès lors il faut que la mort intervienne, ou bien que l'homme soit ressuscité. La première chose est l'enseignement de l'épître aux Romains; la seconde caractérise l'épître aux Colossiens. Dans l'épître aux Ephésiens, il n'en est pas ainsi: l'homme est déjà mort dans ses fautes et dans ses péchés; il n'y a dans son coeur aucun mouvement vers Dieu. Il n'est pas endormi, mais mort, et l'on ne réveille pas un mort. L'apôtre commence au moment où Christ étant déjà entré dans cette mort où nous étions, Dieu l'a vivifié et nous avec Lui. On comprend donc que c'est une création tout à fait nouvelle, «afin que personne ne se glorifie», et quant aux oeuvres accomplies dans cette position, elles ont un caractère qui y convient. Dieu les a préparées à l'avance dans leur caractère. Dieu m'ayant fait cette nouvelle position où il me place, a aussi de bonnes oeuvres prêtes et en rapport avec cette position.

A partir du verset 11, nous trouvons l'application pratique ici-bas. Ce n'est pas le rétablissement d'une chose ancienne, mais, pour ceux qui étaient sous la loi, les Juifs, comme pour ceux qui étaient sans loi, les gentils, c'est quelque chose de tout nouveau; un ordre de choses entièrement différent. Ce qui est présenté est plus général que dans le premier chapitre. Les Juifs et les gentils sont unis en un. Dieu les prend pour en faire une seule et même chose, un seul homme nouveau. Les deux viennent ensemble comme de pauvres créatures placées sur le même pied (verset 3) pour recevoir le salut. Dieu, des deux en fait un, un seul corps; mais ici le corps n'est pas exactement la même chose que dans le premier chapitre, ce corps dont Christ est la tête. Ici, c'est le fait que les Juifs et les gentils sont unis ensemble. Au verset 16, nous lisons: «afin qu'il les réconciliât», ce n'est pas la même chose que réunir. Ils étaient, les uns Juifs, les autres gentils, séparés et ennemis; Christ les réconcilie en un pour les amener à Dieu, et alors il n'y a plus ni Juif, ni gentil; les deux sont faits un; il y a un seul homme nouveau. Dans la croix, c'en était fait de la circoncision et de l'incirconcision; l'inimitié qui séparait les uns des autres est détruite. Pris au même point, amenés dans la même position, ils jouissent des mêmes privilèges.

Verset 18. «Par un même Esprit»; la loi est en quelque sorte remplacée par l'Esprit dans les voies dispensationnelles de Dieu. On va au Père par Christ et par un seul Esprit.

Verset 20. Les prophètes dans ce verset sont ceux du Nouveau Testament, comme nous le voyons aussi au chapitre 3: 5. Ce sont les premières pierres du fondement, Jésus Christ étant lui-même la maîtresse pierre du coin.

Dans l'épître aux Corinthiens, Christ est le fondement, parce qu'il s'agit de bâtir l'Eglise sur la terre. Ici, il est la maîtresse pierre du coin, qui unit et consolide le tout; sans elle tout se disjoindrait. Nous trouvons dans ces derniers versets les deux caractères de l'Eglise comme maison, mais non pas L'Eglise envisagée comme corps. Ici nous avons l'édifice qui croit pour être un temple; ce n'est pas encore achevé, mais cependant c'est déjà maintenant «une habitation de Dieu par l'Esprit». Ce n'est qu'après la rédemption accomplie que Dieu peut habiter au milieu des hommes, comme nous le voyons déjà à l'égard d'Israël (Exode 29: 45). Dieu était venu habiter au milieu de son peuple (Exode 40: 34, 35; 2 Chroniques 7: 1, 2); mais à cause des péchés d'Israël et de Juda, la gloire quitta le temple, qui fut détruit (Ezéchiel 10; 11; 2 Chroniques 36), et le peuple fut emmené captif. Maintenant, après la rédemption accomplie par Christ, Dieu a une autre habitation. «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu». Le Saint Esprit habite là.

La présence du Saint Esprit ici-bas forme le corps en unissant tous les vrais chrétiens à Christ qui est la tête. Mais en même temps, il habite dans la maison.

Nous en venons maintenant au chapitre 3

Chapitre 3

Nous avons eu jusqu'à présent l'expression des pensées de Dieu nous présentant l'exposé de toutes nos relations: 1° avec le Père comme ses enfants et nous les héritiers; la gloire de Christ étant le centre du système; 2° avec Christ glorifié, tête du corps qui est l'assemblée et nous membres de son corps — puis enfin, la maison sur la terre, où Dieu habite par son Esprit, ce qui est autre chose que l'union des croyants. Dans ce chapitre qui, à partir du verset 2, n'est qu'une parenthèse, se trouve développé le ministère confié à Paul à l'égard de l'Eglise.

Aucun écrivain du Nouveau Testament, excepté Paul, ne parle de l'Eglise comme corps, et même, sauf un seul passage, il n'y a point d'autre épître que celle-ci où il en fasse mention. Nulle part non plus, si ce n'est ici, il n'est parlé de l'assemblée comme maison en tant qu'elle est l'habitation de Dieu ici-bas. Pierre parle bien de la maison, mais au point de vue des pierres vivantes qui viennent pour la constituer. Mais le fait de l'union des Juifs et des gentils en un corps ne se trouve que dans cette épître de Paul.

Paul parle de ce ministère qui lui est confié à l'égard de l'Eglise, comme entièrement distinct de celui de l'évangile (voir Colossiens 1: 23-25, où nous trouvons les deux ministères).

Nous ne trouvons aucune révélation de l'Eglise dans l'Ancien Testament; c'était un mystère caché en Dieu (verset 9). Les nations devaient être «coparticipantes de sa promesse»; il y avait une promesse en Christ. Les Juifs ayant rejeté Celui en qui elle s'accomplissait ont perdu tout droit à la promesse, et ils ont dû entrer comme les gentils pour lesquels il n'y avait pas de promesse (2: 12).

Aussi longtemps que les Juifs sont un peuple, l'Eglise ne peut exister. Les Juifs et les nations sont distincts comme nous le voyons par ces passages: «J'appellerai mon peuple ce qui n'était pas un peuple», et «Nations, réjouissez-vous avec son peuple». Il était impossible que l'Eglise fût révélée tant que le judaïsme subsistait, car ils sont l'opposé l'un de l'autre. La responsabilité des Juifs, c'était de maintenir ferme la paroi mitoyenne qui les séparait des nations; l'Eglise est fondée au contraire sur la destruction de cette séparation. La prédication de l'évangile détruit le judaïsme.

Si on parle de l'Eglise comme subsistant avant la croix, on détruit la vraie notion de l'Eglise. Avant la rédemption et la glorification de Christ, il n'y avait point de tête pour le corps; ainsi le corps ne pouvait pas exister. Avant l'ascension, le Saint Esprit n'était pas encore venu, parce que Jésus n'avait pas été glorifié (voyez Jean 7: 39). Ainsi les saints n'étaient pas baptisés d'un même Esprit pour être un seul corps. L'Eglise était dans la pensée de Dieu, elle faisait partie de ses plans, mais c'était une chose jusqu'alors entièrement inconnue; un mystère caché en Dieu dès les siècles.

Parler d'une église juive, c'est en fait nier l'Eglise. On cherche à détruire la force de la descente du Saint Esprit, ou à en affaiblir la portée parce que l'une appuie l'autre. C'est ainsi que l'on voit Abram reniant devant Pharaon son union avec Saraï, et il est enrichi par Pharaon, bien qu'ensuite renvoyé avec honte.

L'Eglise est en témoignage aux puissances dans les cieux, mais ni les anges, ni les hommes, n'en connaissaient rien avant la révélation du mystère. C'est ce que nous trouvons encore en Colossiens 1: 26 et Romains 16: 25. Mais elle comprend toute l'économie actuelle.

Pour ce qui concerne les saints de l'Ancien Testament, Dieu en a pris soin. Tout ce qui concerne les souffrances et les gloires de Christ s'y trouve, mais l'Eglise n'y est pas révélée: c'était le trésor caché dans le champ. Maintenant on a réduit le christianisme à un judaïsme un peu poli et développé, mais on abaisse ainsi le christianisme. Sous l'Ancien Testament, le voile était dans le tabernacle, «l'Esprit Saint indiquant ceci: que le chemin des lieux saints n'était pas encore manifesté». Par Christ, le voile a été déchiré et nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints. Ce n'est pas l'Eglise, mais cela montre combien tout était à faire.

Verset 13. «Ce qui est votre gloire»; c'était la gloire des gentils que Dieu pensât tellement à eux.

Verset 14. Maintenant vient la prière de Paul fondée sur le nom de «Père de notre Seigneur Jésus Christ». Ici l'apôtre ne demande pas que l'on connaisse quelque chose, comme au chapitre 1er, mais que l'on ait quelque chose; que l'on possède tellement «Christ, qu'il habite dans vos coeurs par la foi». C'est quelque chose en eux, ce n'est pas objectif. Christ habitant ainsi en nous, nous sommes fondés dans l'amour. Quand l'apôtre parle de la largeur, de la longueur, de la profondeur et de la hauteur, il ne dit pas de quoi; il désire que Christ demeure en eux, et Christ est le centre de toute la gloire.

Verset 15. «Duquel (le Père de notre Seigneur Jésus Christ) toute famille est nommée». Il n'y avait autrefois qu'une famille qui pût se réclamer du nom de Jéhovah, c'est le peuple qu'il a connu (Amos 3: 2); il avait appelé Abraham afin d'avoir, dans sa postérité, un peuple qui conservât la connaissance du vrai Dieu. Mais quand il s'agit du Père de notre Seigneur Jésus Christ, alors toutes les familles bénies, anges, etc., se rangent sous ce nom, Christ étant le centre de tout.

Or moi, j'ai ce Christ dans mon coeur, le saisissant par la foi. Je suis ainsi au centre de toute la gloire qui l'entoure. Je me perds dans cette étendue immense, mais j'y trouve Christ qui m'a sauvé et je suis à mon aise. Si j'allais à la cour de quelque puissant monarque, je m'y sentirais comme perdu, mais si le prince impérial est mon plus grand ami et que je l'y trouve, je suis à l'aise: il en est ainsi de Christ. Il est dans mon coeur; il me fait voir toute cette gloire et je connais l'immensité de son amour; l'amour de Celui qui s'est fait homme demeure dans mon coeur. Etre chef sur toutes choses, c'est différent, mais quand il est envisagé comme tête de l'Eglise, il remplit tout de sa gloire et nous rend capables d'y être, «étant fortifiés» comme le demande Paul, «en puissance par son Esprit, quant à l'homme intérieur».

Ainsi Christ est en moi, dans mon coeur, mais ce n'est pas pour en jouir seul. C'est pour «comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur», et Christ étant là, je connais cet amour dont l'étendue surpasse toute connaissance. Alors je ne pense pas à ma petitesse, point du tout à moi-même; je vois et réalise toute cette scène de gloire et d'amour au centre de laquelle je me trouve. Christ en nous, nous rend capables d'en jouir; c'est l'état de l'âme. Il n'y a pas de limites (verset 19); impossible d'en trouver, c'est de toutes parts infini, et le bonheur est que je n'en puis sortir: je trouve Christ partout. C'est «jusqu'à toute la plénitude de Dieu». Tout ici est subjectif, remarquons-le. C'est «la puissance qui opère en nous» (verset 20), non pas pour nous, comme on le dit souvent. Par cette puissance qui opère en nous à présent, qu'il soit glorifié à jamais dans l'Eglise.

Ici se termine, à proprement parler, l'épître. Il y a encore deux sujets supplémentaires: la relation de Christ avec l'assemblée comme épouse, et le combat contre Satan, puis aussi les exhortions, mais celles-ci en rapport avec la position du chrétien.

Chapitre 4

Verset 1. Nous avons ici un principe général, tandis qu'au verset 17 il s'agit des individus: «Marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés». Ils devaient marcher d'une manière digne de l'appel de l'Eglise, et spécialement de la présence du Saint Esprit.

On trouve quatre fois cette expression: marcher d'une manière digne:de Dieu qui nous «a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12); 2° «digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards» (Colossiens 1: 10), c'est-à-dire digne de Christ, selon la position où nous sommes; 3° digne de l'Evangile du Christ (Philippiens 1: 27), et 4° ici «digne de l'appel»; cela nous montre ce que doit être notre marche en rapport avec la gloire, la grâce et la sainteté de Dieu.

Verset 2. «Avec toute humilité et douceur». Marcher dans l'amour, être patients, humbles, c'est le grand secret. Si l'on est humble, patient, on supporte les autres, et c'est le moyen pratique de garder l'unité de l'Esprit. La première chose c'est de ne penser rien de soi-même; de s'estimer petit. Si l'on n'est pas dans la présence de Dieu, le moi se manifeste tout de suite; dans cette présence, on ne pense rien de soi-même, ni pour soi-même. Dans la connaissance de Dieu, il y a une sagesse de Dieu. Un chrétien ne doit penser à lui-même que pour s'humilier; on en a besoin quelquefois. Il faut qu'il n'y ait point de «moi» pour agir, point de «moi» pour ne pas agir (*). Voyez dans 1 Corinthiens 13, il n'y a pas un mot qui marque l'activité du «moi». La fin du «moi», voilà le vrai progrès. L'amour ne pense jamais à soi, et c'est le caractère de celui qui est rempli du Saint Esprit.

(*) Voyez pour les deux cas, l'exemple de Moïse; son «moi» agit pour tuer l'Egyptien; son «moi» ne veut pas agir quand Dieu l'envoie.

Versets 4-6. Nous avons là trois cercles concentriques: premièrement une unité intérieure (verset 4), chose très réelle; ensuite une unité extérieure (verset 5); c'est la profession, on invoque le nom du Seigneur; et enfin un cercle plus étendu (verset 6), une unité universelle, mais l'apôtre revient à ce qui est subjectif: «en nous tous». D'abord l'unité du corps, puis celle de la profession, en dernier lieu, un seul Dieu et Père de tous, ce qui est beaucoup plus large, et cela en nous tous.

Maintenant vient le sujet du ministère qui a déjà été traité en détail (*) et sur lequel nous ne reviendrons pas. Je rappellerai seulement que le but du ministère est individuel: c'est le perfectionnement des saints. Ses deux sources sont Satan vaincu et Christ remplissant toutes choses. Il descend jusqu'au hadès, et monte jusqu'au trône de Dieu, remplissant tout de la rédemption qu'il a accomplie. Alors il emploie ceux qu'il a délivrés pour être serviteurs dans l'oeuvre, et c'est là le ministère.

(*) Voyez page 161. [ page 165 l’original voir « sur le Ministère », article 16 ]

Au verset 17, commencent les exhortations pratiques, mais non pas en rapport avec la position ecclésiastiques ou collective; c'est plutôt individuel.

Versets 20-24. La vérité en Jésus, c'est que j'ai dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau. Je ne suis pas dans la chair. Le second homme est ma vie, et non pas le premier. «Vous n'avez pas ainsi appris le Christ», le Messie connu, non comme tel, mais comme celui qui est mort. Ayant été «fait péché», il en a fini avec le péché à sa mort. Pendant sa vie sur la terre, quant à tout ce qui l'entourait, il avait toujours affaire avec le péché, mais maintenant il est quitte du péché. J'en ai fini avec lui aussi; j'ai dépouillé le vieil homme, et revêtu l'homme nouveau.

«Et d'être renouvelés dans l'esprit de votre entendement» (verset 22); c'est une autre série de pensées, dans laquelle nous entrons quand nous sommes à Christ. La source est autre, le courant doit l'être aussi. La source de nos pensées devrait toujours être l'Esprit de Dieu. Le renouvellement est une chose présente, qui continue, qui est toujours dans sa fraîcheur, comme le Saint Esprit qui le produit. Comme chrétien, je ne devrais donc avoir aucune pensée qui ne fût de l'Esprit de Dieu, bien que je ne veuille pas dire que tout ce dont j'ai à m'occuper soit essentiellement céleste: Jésus était charpentier.

Verset 24. La sainteté est produite par la vérité. «Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité» (Jean 17).

Verset 32. «Comme Dieu aussi vous a pardonnés en Christ». Le caractère de Dieu envers nous, doit être ce qui détermine notre caractère devant le monde. Il y a deux choses qui, dans la pratique, caractérisent le chrétien: la première, c'est que le vieil homme est loin et que le nouvel homme est là; la seconde, que le Saint Esprit demeure en moi. Je ne dois pas le contrister, mais cela introduit le caractère de Dieu lui-même.

Chapitre 5

Ainsi deux choses constituent le caractère subjectif de notre marche; c'est d'avoir revêtu le nouvel homme, et d'avoir présent en nous le Saint Esprit que nous ne devons pas contrister. Cette dernière chose introduit Dieu comme Père: «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants». C'est là ce que nous avons déjà trouvé plus haut: faire «comme Dieu en Christ». C'est son caractère, non pour ou à cause de Christ, mais comme manifesté en Christ. Dieu nous pardonne aussi pour l'amour de Christ, et c'est la justification; ici, il s'agit de revêtir le même caractère que Dieu a montré en Christ. Ainsi être «imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants», est le point de départ de l'exhortation; et l'esprit dans lequel nous marchons, c'est d'imiter Dieu. Il nous a pardonnés en Christ; nous avons à revêtir ce caractère.

Nous retrouvons dans ce chapitre les deux caractères essentiels de Dieu: Il est amour et il est lumière. C'est là son essence. Nous trouvons des attributs de Dieu il est saint, il est juste; mais il n'est jamais dit Dieu est sainteté, Dieu est justice. Il est amour et lumière, et, comme ses enfants, nous sommes appelés à marcher dans l'amour et comme des enfants de lumière. Bien plus, nous sommes «lumière dans le Seigneur».

Nous sommes, quant à notre position, assis dans les lieux célestes en Christ, et nous sommes envoyés dans le monde pour manifester le caractère de Dieu.

Verset. 2. «Marchez dans l'amour comme aussi le Christ nous a aimés». Voilà donc l'expression de l'amour dans un homme, et cela nous est proposé comme exemple. C'est une règle bien autrement élevée que la loi. Nous voyons en Christ un homme dont l'amour va jusqu'à se donner pour nous; c'est un amour absolu qui s'oublie et se sacrifie pour le bien d'autrui. Je trouve deux grands principes caractérisant l'amour: on aime de bas en haut, comme, par exemple, nous aimons Dieu; ou bien de haut en bas, comme Dieu aime les pécheurs. Le caractère de l'amour est différent dans ces deux cas.

Si j'aime de bas en haut, plus l'objet est excellent, plus l'amour est excellent aussi. Si au contraire j'aime de haut en bas, plus l'objet est misérable et vil, plus l'amour est grand. Or Christ s'est donné pour ce qu'il y avait de plus misérable, et en même temps, il s'est offert à Dieu. La même chose doit se trouver en nous, et c'est bien plus qu'aimer son prochain comme soi-même, car dans ce cas, mon amour est la mesure et il y a mutualité, tandis que, dans l'amour de Christ, on voit que c'est l'être le plus misérable qui en est l'objet.

Verset 3 et suivants. Tout est contraste ici, le vieil état et le nouveau, comme on le voit en comparant les versets 2 et 3.

Au verset 6, nous voyons que le jugement n'est pas sur l'incrédulité seulement, mais aussi à cause des choses commises.

Au verset 8 et 9, nous avons le second caractère de Dieu: la lumière. Ce caractère est aussi le mien. Nous sommes lumière dans le Seigneur, mais remarquons qu'il n'est jamais dit que nous sommes amour. L'amour en Dieu est souverain; Dieu aime ainsi, en souverain; il n'est lié à personne pour l'aimer; nous ne pouvons aimer de cette manière, bien que nous aimions et que nous soyons tenus d'aimer. Mais étant participants de la nature divine, nous avons une nature pure, et nous sommes lumière. La vie et la lumière sont identiques, comme nous le voyons en Jean 1: 4; or nous avons la vie, nous sommes lumière.

Le verset 14 parle d'un chrétien qui est lumière, puisqu'il est chrétien; mais il dort, de sorte qu'il ne pense pas, n'entend point, ne voit pas; peut-être rêve-t-il un peu, et bien qu'il ait la vie, il est comme un mort. Il n'est pas mort, car lorsqu'on dit: «Toi qui dors», la vie est là; mais il doit se réveiller pour sortir d'entre les morts auxquels il est semblable tant qu'il dort. Tel est le chrétien mondanisé. Ce passage fait allusion à l'état d'Israël qui dort au milieu des nations, tout en étant le peuple de Dieu (Esaïe 60: 1). Quand la gloire se lève sur Sion, Israël est converti (comparez Esaïe 51; 52, avec 60: 1; vous trouvez d'abord trois fois écoutez-moi, c'est l'exhortation de l'Eternel; puis, trois fois, réveille-toi, s'adressant la première fois à l'Eternel pour qu'il déploie sa puissance, puis Dieu répond à Jérusalem pour la relever, et enfin à Sion pour la glorifier. Ensuite vient le passage du chapitre 60, quand Jérusalem est convertie).

Verset 15. Nous traversons un monde méchant; il faut être sage et prudent et non pas seulement droit de coeur.

Verset 16. Il faut saisir les occasions (Daniel 2: 8); or quand on est près de Dieu, on les trouve plus facilement. Il y a aussi (verset 18) une énergie spirituelle, l'opposé de l'ivresse, qui élève au-dessus des circonstances qui nous entourent.

Verset 20. Rendant grâces pour toutes choses; cela suppose une volonté entièrement brisée et une complète confiance en Dieu. On peut le faire si l'on croit que Dieu conduit toutes choses, et il y aura même plus de reconnaissance pour les peines que pour les joies.

Verset 22 et suivants. Maintenant vient une chose à part. Ce ne sont pas les conseils éternels de Dieu, mais l'amour spécial de Christ pour l'Eglise, — ce qui dépend d'une relation spéciale. Nous voyons, en Matthieu 13, un marchand qui cherche de belles perles. Il a en lui-même la pensée de cette beauté, il s'y connaît, il sait apprécier les belles perles. Il en est ainsi de Christ à l'égard de l'Eglise; il a apprécié sa valeur, il l'a aimée et, pour l'acquérir, il s'est livré lui-même. Remarquons ici qu'il n'est jamais dit que Dieu a aimé l'Eglise, ni que Christ a aimé le monde; ce serait aimer ce qui est mondain. Dieu aime le monde dans son amour souverain. Il n'aime pas la chose mauvaise, mais ceux qui sont dans le monde. Le caractère du monde et celui de Dieu sont tout opposés (Jacques 4: 4), cependant Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Dans ce sens-là je dois aussi aimer le monde. Comme étant Dieu, Christ a aussi aimé le monde, mais non en vertu d'une relation spéciale. Dieu aime le monde, mais il n'est pas dit que le Père aime le monde. Il y a un amour qui est un effet de bonté, de caractère, de nature, qui se rapporte aux conseils de Dieu; il y a un amour qui résulte de relations spéciales, tel est l'amour de Christ pour l'Eglise. Moi, par exemple, je dois aimer tout le monde, mais aimer ma femme est une tout autre chose. On perd la portée des choses en les confondant et en voulant donner un caractère moral à une relation du coeur. Christ homme fait entrer dans une certaine relation ceux qu'il a acquis pour Lui-même, et ainsi il a, avec l'Eglise, des relations de coeur. «Il a aimé l'Eglise».

Ici l'ordre est important. D'abord Christ l'a aimée; c'est l'origine, le fondement de tout. Ensuite, il s'est livré pour elle, c'est le commencement de l'activité de son amour. Mais elle n'était pas telle qu'il la voulait, cela produit de sa part la sanctification et comme suite la glorification. Il s'est donné tout entier pour l'avoir; c'est une affection parfaite, une affection qui se donne pour son objet. Le point de départ est là. Quand il la possède ainsi, s'étant livré pour l'acquérir, il la sanctifie, la nettoyant par le lavage d'eau, par la Parole (comparez Jean 17: 17 et 13: 1-11).

Il s'approprie l'Eglise en deux sens. Il se donne pour elle, et la rend propre pour Lui. Elle est l'objet, lui l'affection absolue, aussi n'est-il pas dit: l'Eglise aime Christ, mais elle est «soumise» à Celui qui l'a aimée. L'amour du croyant pour Christ est sans doute une réalité (Jean 14: 15, 21, 23; 21: 15; 1 Jean 4: 19), mais c'est dans son obéissance qu'il montre son amour. L'amour de Christ pour l'Eglise, bien qu'amour de relation, n'en est pas moins souverain.

Le troisième fait, c'est que Christ se présente l'Eglise à lui-même. Nous avons donc le passé, — Il s'est livré; le présent — Il la sanctifie; l'avenir — Il se la présente, et tout a son fondement dans l'amour. Dans cette parole «afin qu'il se la présentât», il y a une allusion à Eve que Dieu présente à Adam, après l'avoir formée (Genèse 2: 22). Ici, Christ se présente l'Eglise à lui-même, parce qu'il est Dieu en même temps que second Adam.

Une autre vérité importante, c'est que la sanctification est en rapport avec la gloire et s'y rattache. C'est ce que nous trouvons partout. Christ lave l'Eglise par la parole pour se la présenter glorieuse, sans tache. Le caractère de la sainteté se rattache directement à la gloire de Christ (2 Corinthiens 3: 18), mais ce n'est pas dans ce monde que nous atteignons le but. Les Wesleyens disent: «Soyez saints, comme je suis saint», de même qu'il est écrit «soyez parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait» (Matthieu 5: 48), et ils ajoutent qu'il s'agit d'une sainteté relative. Mais je demanderai: «Etes-vous parfaits, comme Christ dans la gloire est parfait?» C'est là le point. La vérité est ceci: la Parole révèle ce qui se rapporte à la gloire où Christ se trouve, et nous avons l'exhortation: «Quiconque a cette espérance en lui, se purifie, comme lui est pur»; pur, où? Dans la gloire, pas dans ce monde; mais nous nous purifions ici-bas, en rapport avec cette gloire. Si j'ai toujours à me purifier, c'est que je ne suis pas pur.

Une dernière chose que nous trouvons, ce sont les soins de Christ pour l'Eglise. L'aimant comme lui-même, il la nourrit, et ces soins s'exercent par le ministère, quelque faible que soit d'ailleurs l'instrument employé.

Au verset 23, le corps doit être pris au sens naturel, car il est le Sauveur du corps aussi bien que de l'âme, mais au verset 30, c'est «le corps», dans le sens du premier chapitre.

Chapitre 6

Maintenant le chrétien est présenté comme ayant affaire avec Satan. La place du combat, il faut le remarquer, ce sont les lieux célestes. La «lutte n'est pas contre le sang et la chair», c'est-à-dire contre les hommes; c'est une allusion à Josué et aux Israélites quand ils furent entrés en Canaan. Dans cette épître nous sommes en Canaan, non dans le désert, car il ne s'agit pas des voies de Dieu. Tout — le témoignage et les puissances de méchanceté — est dans les lieux célestes.

Il y a deux choses dans la vie chrétienne, le désert et Canaan. Pour être en Canaan, il faut avoir traversé le Jourdain, être mort et ressuscité avec Christ. La mer Rouge et le Jourdain, sont les types de deux choses qui se réunissent et se touchent au fond. L'une est la mort et la résurrection de Christ, réalisées par la foi comme apportant une parfaite délivrance de tous nos ennemis. Dans le Jourdain, j'ai le type de ma mort et de ma résurrection avec Christ, et voilà pourquoi nous y trouvons l'arche. Dans le premier cas typifié par la mer Rouge, on sort de l'état de péché, on est affranchi par le Jourdain, en figure, on entre dans le ciel. Mais là se trouve le combat. Les choses célestes sont administrées; c'est notre privilège d'en jouir, mais Satan s'y oppose. Si l'on examine le livre de Josué, on voit que c'est après Guilgal, quand «l'opprobre d'Egypte» a été roulé de dessus les Israélites, que le combat commence. La manne a cessé, on mange les bonnes choses du pays et l'on est alors l'armée de Dieu; le service est celui des hommes célestes.

Quant au désert, il n'entre pas dans les conseils de Dieu, mais bien dans ses voies pour mettre le peuple à l'épreuve. Ainsi le brigand entre dans le paradis sans avoir à traverser le désert. Mais il y a pour traverser le désert toutes les ressources nécessaires; on y est l'objet des soins de Dieu, comme on le voit pour Israël en Deutéronome 8. De sorte que l'on peut dire: on est avec Dieu dans le désert, on est avec Satan dans les lieux célestes, ce qui, tout en semblant paradoxal, est cependant un fait réel. Le livre des Nombres nous présente tout ce qui est arrivé dans le désert, l'ordre de la marche, les épreuves et les murmures, hélas! mais aussi, au chapitre 19, ce qu'il faut pour purifier les pieds dans la marche à travers le désert; au 20e, la traversée sous la verge d'Aaron, le grand sacrificateur, c'est-à-dire la grâce et l'intercession, et à la fin, au chapitre 23, Dieu ne voit pas d'iniquité en Israël.

Ce qui est décrit au chapitre 8 du Deutéronome, n'est pas ce que nous trouvons dans les Ephésiens. On est sauvé, amené à Dieu; on fait ses expériences: c'est le désert; mais, pour entrer dans les lieux célestes, il faut traverser le Jourdain, il faut la mort et la résurrection avec Christ. Si le Jourdain figure la mort au sens littéral, comment y a-t-il encore à combattre? On ne combat pas avec une épée dans le ciel. Mais on réalise d'avance par la foi la mort et la résurrection avec Christ. Dans la mer Rouge, on a une figure de la rédemption; c'est ce que nous trouvons dans l'épître aux Romains; on se tient pour mort. Mais, ayant traversé le Jourdain, je suis ressuscité avec Christ. C'est ce que présente l'épître aux Colossiens; là aussi, faisant un pas de plus, je trouve Guilgal et la circoncision. J'en ai fini pratiquement avec la chair, seulement il faut toujours y retourner, comme les Israélites après leurs victoires. Les succès réveillent la chair; c'est pourquoi bien des âmes qui ont été des moyens de bénédiction, se perdent quant au témoignage, parce qu'elles ne sont pas revenues à Guilgal, la mort de la chair. Dans l'épître aux Ephésiens, il y a encore un pas de plus, on est dans les lieux célestes, mais là se trouve le combat.

Une autre chose qui fait la différence entre le désert et le pays, c'est la manne. Une fois en Canaan, elle cesse. La manne est bonne, mais elle est pour le désert et non pour Canaan. En traversant ce monde, je trouve des peines, des difficultés, et la grâce de Christ est là pour y faire face, mais ces difficultés et ces peines ne constituent pas le combat dans les lieux célestes. La manne, c'est Christ pour la position du chrétien dans le monde. Christ a passé dans ce monde à travers tout ce que je puis y rencontrer, et sa sympathie, sa grâce, son intercession sont là pour soutenir, fortifier, encourager mon âme. Mais je suis aussi ressuscité avec Christ, et même en Lui dans les lieux célestes. Comme ressuscité, je me nourris de Christ, j'affectionne les choses qui sont en haut où il se trouve, et c'est là le blé, les choses excellentes du pays. Trop souvent, hélas! on se contente de rester dans le désert et l'on n'a que la manne, chose précieuse, mais on peut jouir de plus. Ainsi, dans le culte, les âmes rendent grâces de ce qu'elles sont sorties d'Egypte, de ce qu'elles sont lavées de leurs péchés, sauvées. C'est une bonne chose; mais n'a-t-on rien à dire du lieu où Dieu nous a conduits et introduits?

Dans l'épître aux Ephésiens, introduits en Christ dans les lieux célestes, nous sommes l'armée de Dieu, pour combattre pour Lui. Ce sont ses affaires, peut-on dire. Comment le réaliser? Comment livrer ce combat? La première chose, c'est: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force»; cette puissance qui autrefois fit tomber les murailles de Jéricho, avec le moyen le plus insignifiant, le moins propre assurément à faire tomber une muraille.

La seconde chose, c'est, «Revêtez-vous de l'armure complète de Dieu». Les armes de l'homme dans cette guerre ne sont rien. Il s'agit des artifices du diable, non de sa puissance, car il a été vaincu et il faut lui résister (Jacques 4: 7). Mais il y a ses ruses, par lesquelles il s'efforce de détourner, de corrompre, de séduire, comme dans le cas d'Hacan et des Gabaonites. Il faut donc, pour tenir ferme, avoir revêtu l'armure complète de Dieu, pour ne laisser aucune partie faible, rien d'ouvert à ses attaques subtiles. Ayant ainsi revêtu l'armure complète, on tient ferme contre les artifices du diable, et au mauvais jour, quand la malice de Satan est plus évidente, on peut résister, et avant tout surmonter et tenir ferme. Dans les deux cas, le mot «complète» est important.

«Ayant ceint vos reins de vérité»; ce n'est pas tant la connaissance que l'état de l'âme et du coeur, où tout est en bon ordre par la puissance active de la vérité. Les pensées, les mouvements du coeur, les paroles, la conduite, tout est réglé par elle.

Remarquons ensuite qu'on est complètement revêtu des armes défensives, avant de prendre aucune arme offensive. Souvent on veut agir avec l'épée de la Parole sans que tout soit bien réglé dans la marche, et de terribles chutes en sont le résultat.

«La cuirasse de la justice», dans la conduite, car tout est pratique dans ce passage. Il s'agit donc de conserver une bonne conscience par une conduite sans reproche (Actes des Apôtres 24: 16).

«Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l'évangile de paix:» on traverse le monde en ayant conscience de la paix de Dieu dans le coeur; on marche dans un esprit de paix, en aimant les âmes. On combat les artifices de Satan, mais en conservant un esprit paisible; «la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu». C'est souvent très difficile de ne pas s'indigner, quand on voit toute la fausseté qui se trouve dans les esprits, mais la paix de Dieu régnant dans l'âme, on reste paisible au milieu de tout.

Ces trois premières choses que nous venons de voir expriment l'état de l'âme. Nous sommes exhortés ensuite à prendre, par-dessus tout, «le bouclier de la foi», c'est-à-dire une entière confiance en Dieu, dans son amour, sa puissance et sa fidélité envers nous. C'est ainsi que les traits enflammés du malin sont sans aucun effet. Ensuite, étant sauvés, en ayant l'heureuse certitude, nous pouvons marcher la tête haute, ayant la confiance que nous sommes réconciliés avec Dieu et jouissant du salut.

Alors on peut prendre l'épée, manier la Parole pour attaquer. Mais il faut savoir s'en servir, et pour cela nous sommes guidés par l'Esprit dont elle est l'épée.

Puis vient (verset 18) la dépendance complète de Dieu. Quelles que soient les armes défensives et l'épée, j'ai besoin de rester toujours dans cette dépendance, d'y marcher constamment.

Enfin l'apôtre recommande l'activité de l'amour envers «tous les saints». C'est ce qu'il faisait lui-même; nous trouvons fréquemment cette mention des saints dans ses épîtres et nous savons que le coeur de Christ les embrasse tous.