La double victoire d'Abraham

ME 1879 page 399

 

Deux victoires distinguèrent Abraham: il remporta la première sur les armées des rois, la seconde sur les séductions du prince de Sodome. Il gagna la première parce qu'il frappa l'ennemi au moment exact fixé par Dieu. Il ne sortit pour la bataille ni plus tôt, ni plus tard que Dieu ne le voulut; il attendit jusqu'à ce qu'il eût entendu le rapport, comme David plus tard fut attentif au bruit «sur le sommet des mûriers». Ainsi la victoire fut assurée, car c'était la bataille du Tout-puissant et non celle d'Abraham. Son bras fut fortifié par le Seigneur; cette victoire ressemble à celles du jeune David contre Goliath avec sa fronde et son caillou, de Jonathan contre les Philistins avec le garçon qui portait ses armes, car les forces d'Abraham consistaient en une troupe de serviteurs nés dans sa maison, et qu'il menait au combat contre les armées de quatre rois confédérés.

La seconde victoire, plus brillante encore que la première, fut remportée en vertu de la communion avec les sources mêmes de la puissance divine. Ici l'esprit du patriarche fut victorieux, comme son bras l'avait été auparavant. Il était entré en rapport si intime avec le roi de Salem, il s'était si bien nourri et abreuvé du pain et du vin que lui apportait cet étranger, roi et sacrificateur à la fois, que le roi de Sodome lui offrit en vain les biens dont il disposait. L'âme du patriarche avait été dans le ciel, et il ne pouvait pas retourner au monde. Telle fut la bienheureuse expérience d'Abraham en la vallée royale. Ame heureuse en effet! Puissions-nous faire plus que de retracer son image, telle qu'elle nous apparaît dans ce livre!

Bien-aimés, ce chemin d'Abraham est aussi celui de la victoire pour tous les saints. On trouve en Jésus les sources de la force et de la joie. Puissions-nous, vous et moi, dire en regardant à Lui: «Toutes mes sources sont en toi». «C'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi». Et de toutes les conquêtes, Dieu n'enregistre que celles-là!