La fidélité de Dieu considérée dans ses voies envers Balaam

ME 1879 page 412

 

La fidélité de Dieu considérée dans ses voies envers Balaam.. 1

Nombres 22. 1

Nombres 23. 5

Nombres 24. 7

 

Nombres 22

Le but de l'ennemi était d'empêcher le peuple d'Israël d'entrer en possession du pays que Dieu lui avait promis. Il ne s'agissait plus de l'empêcher de sortir d'Egypte: il en était sorti et était déjà presque arrivé au terme de son voyage — mais serait-il encore possible de l'empêcher d'entrer dans le pays? Cela, sans doute, aurait été facile, si cette entrée avait été subordonnée à l'état du peuple; de même aussi, Satan, l'accusateur des saints, pourrait à cause de nos péchés, nous empêcher d'entrer dans le ciel, si c'était notre propre mérite qui dût nous en ouvrir la porte.

Les Israélites avaient été rebelles et de col roide tout le long du chemin, quoique Dieu eût fait sortir l'eau du rocher pour les désaltérer, et descendre du ciel la manne pour leur nourriture. Et maintenant l'ennemi pourra-t-il, soit par force, soit par ruse, les empêcher d'entrer en Canaan? C'est la question qui se présente ici, et nous verrons de quelle manière Dieu exprime ses pensées à l'égard de son peuple et comment l'ennemi perd toute sa puissance, du moment où Dieu prend la chose en main.

Moab représente la puissance de ce monde — «il a été à son aise depuis sa jeunesse, il a reposé sur sa lie; il n'a point été vidé de vaisseau en vaisseau, etc.» (Jérémie 48). — En outre, Moab fait offrir au prophète la récompense du devin, s'il veut agir en sa faveur. Balak avait l'autorité civile; mais il sentait que, dans le cas présent, il avait besoin, pour réussir, d'un pouvoir supérieur au sien. Les «autorités qui existent sont ordonnées de Dieu».

Si donc tout avait été dans l'ordre, il n'y eût pas eu besoin d'un pouvoir supérieur pour agir sur l'esprit des hommes et les conduire. Mais Balak, n'ayant aucune connaissance de l'autorité et de la puissance de Dieu, la cherche ailleurs. Les Israélites sont campés justement aux frontières du pays promis, lorsque l'ennemi tente ce dernier effort pour les empêcher d'y entrer. Ceci est d'un exemple très pratique pour nous; car, trop souvent, des âmes qui connaissent l'oeuvre de la rédemption, commencent, en sentant leur faiblesse et leurs nombreuses chutes, à douter, vers la fin, de pouvoir jamais entrer dans le ciel.

Il est bon de nous juger nous-mêmes à cause du mal qui est en nous, mais nous devons à Christ d'avoir une confiance pleine et entière dans la miséricorde de Dieu, qui ne nous laissera pas en chemin.

Lorsque les enfants d'Israël eurent passé la mer Rouge, ils chantèrent pleins de confiance dans la puissance de Dieu qui les amènerait jusqu'au bout: «Tu nous as conduits, par La force, à la demeure de ta sainteté». Moab et tous leurs ennemis ne leur paraissaient point à craindre, car ils avaient la conscience du pouvoir que Dieu déployait en leur faveur, et pourtant le désert était tout entier devant eux! Ils savaient qu'ils étaient sortis sains et saufs du pays d'Egypte et tout le reste leur paraissait facile. Mais ils ne se connaissaient point eux-mêmes, et c'est pourquoi Dieu les laisse pendant 40 ans dans le désert «pour les humilier et les éprouver et pour connaître ce qui était en leur coeur» (Deutéronome 8). Nous voyons dans le chapitre suivant que c'était aussi pour montrer quelle était la bonté de Dieu envers eux dans toute cette discipline.

Le peuple est donc maintenant aux frontières du pays, tout près de Jéricho. La promesse qui lui a été faite, a-t-elle la même valeur au bord du Jourdain qu'au bord de la mer Rouge?

Voilà la question, non pas individuelle, mais à l'égard du peuple tout entier; et c'est un type de ce que sont pour nous les choses spirituelles.

La foi nous transporte au delà des circonstances dans lesquelles nous pouvons nous trouver; elle ne nous bande pas les yeux pour nous faire marcher en aveugles jusqu'au ciel, mais, acceptant le jugement de Dieu sur le péché, elle nous fait connaître aussi la grâce de Dieu à salut et nous fait comprendre que les difficultés du chemin sont placées là pour nous humilier, pour nous éprouver et pour nous faire du bien.

La foi ne méprise jamais le jugement de Dieu sur le péché, mais elle a pleine confiance en la grâce. Dieu veut châtier son peuple, mais il ne l'accusera jamais, quoiqu'il puisse permettre à Satan de le faire.

Moab aurait pu être sans inquiétude, car Israël avait reçu le commandement exprès de ne pas le toucher, mais Moab n'avait aucune foi aux paroles de Dieu; Satan, malgré sa finesse, ne peut comprendre ce que connaît la foi la plus simple: la puissance de la grâce de Dieu pour sauver.

Ainsi Moab est un exemple de l'ignorance complète du monde à l'égard des pensées et des voies de Dieu. Il est bon de se le rappeler. Les Moabites sentaient en quelque sorte la mystérieuse influence de Dieu, et cependant ils l'ignoraient et même ils s'y opposaient.

Qu'est-ce que Dieu avait dit à Abram? «Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront». Et voilà Balak qui va justement se mettre dans une position qui attirera sur lui la malédiction de Dieu. Tel est l'aveuglement de la chair; elle se place toujours sous le jugement de Dieu. Non seulement Balak était dans le péché, mais il fermait les yeux pour ne rien connaître des desseins de Dieu. C'est une chose terrible que d'être en dehors de la lumière de Dieu, et c'est là que se trouve le pauvre monde. Si les barrières de la moralité extérieure sont enlevées et que les hommes se laissent aller à leurs passions, nous ne voyons plus que misère et dégradation. Et même, sans cette misère extérieure, y a-t-il rien de plus triste à considérer, qu'une personne qui traverse le monde sans Dieu? Cette personne peut être respectable et respectée de tous, mais ce respect lui aidera-t-il à passer, sans Dieu, à travers la mort et le jugement?

Si Dieu nous jugeait d'après nos oeuvres, que ferait-il des meilleurs d'entre nous? Il dit qu'il n'y a pas un juste, non, pas même un seul; et que tous sont coupables devant Dieu. Et l'homme poursuit son chemin et croit que tout finira bien pour lui! il fait ce que faisait Balak: il cherche la bénédiction là où Dieu a envoyé la malédiction, et il croit voir la malédiction là où Dieu a mis sa bénédiction. Un âne est aussi capable de comprendre les voies de Dieu, que l'est un homme qui marche sans Dieu.

Deux choses préoccupent Balaam. D'abord il a peur de Dieu. C'est ainsi que le monde a peur de ce qui se passe au milieu des enfants de Dieu, ne comprenant pas les motifs qui les font agir et n'ayant aucun contrôle sur eux. Un père n'a aucune puissance pour empêcher la subite conversion de son enfant. Le monde ne peut contrôler, ni comprendre l'oeuvre de Dieu. Voyez comment Dieu met la main sur Balaam; celui-ci n'a pas le temps de venir à Dieu (versets 20, etc).

Dans son coeur, Dieu est toujours pour son peuple. Israël ignorait ce qui se passait, mais Dieu le savait. Il avait embrassé la cause de son peuple à cause de l'amour qu'il avait pour lui; c'est pourquoi tout en l'avertissant et le châtiant, il ne veut pas que Satan ait rien à faire avec lui. Nous pouvons comprendre la méchanceté du coeur de Balak, lorsque nous voyons qu'il essaie de renverser la parole de Dieu à Balaam.

En Zacharie 3, nous avons la même chose. Satan essaie là de faire prononcer le jugement de Dieu sur le souverain sacrificateur. Jéhosuah n'avait rien à dire pour sa propre défense; mais Dieu dit: «J'ai fait passer de dessus toi ton iniquité». Il ne dit pas: «Peu importent tes sales vêtements», non, mais il agit en amour et en grâce comme envers Israël. «Je t'ai vêtu de nouveaux vêtements». Dieu avait dit à Balaam: «Tu n'iras point avec eux, et tu ne maudiras point ce peuple». Après cela, Balaam n'aurait-il pas dû dire: C'est fini, puisque Dieu dit non. Mais Balaam se montre aussi pervers que possible.

Le peuple de Dieu, s'il marche fidèlement, est un véritable fléau pour le monde. Si on met à mort les enfants de Dieu, ils se multiplient d'autant plus; il n'y a aucun moyen de s'en débarrasser, ni d'en rien faire. Il y a, au milieu d'eux, des principes et des doctrines dont le monde ne sait que faire. Balaam dit à Balak: «Quand tu me donnerais ta maison pleine d'or et d'argent, je ne pourrais point transgresser le commandement de l'Eternel». Comme il est devenu pieux tout à coup! Il serait allé s'il l'avait pu; mais, ne pouvant faire ce qu'il aurait désiré faire pour Balak, il veut du moins conserver son crédit comme prophète de Dieu. Il dit donc, absolument comme s'il était dans les conseils de Dieu: «Je saurai ce que l'Eternel aura de plus à me dire» (verset 19). Balaam avait permis qu'on lui offrit de l'argent pour maudire le peuple de Dieu, et cependant il parle comme s'il était en relation avec Dieu et connaissait ses desseins.

C'est souvent ainsi qu'agissent les hommes. Ils se réclament du nom de Dieu, mais ne veulent rien avoir de commun avec le peuple de Dieu. Il ne peut en être ainsi. Nous ne trouvons la croix que dans les relations qui existent entre Dieu et son peuple, — voilà la pierre de touche pour l'homme.

Maintenant Dieu laisse aller Balaam, et celui-ci en est enchanté; ou plutôt Dieu veut qu'il aille pour bénir le peuple au lieu de le maudire. Moralement, quant à ce qui regarde Balaam, il commet une mauvaise action en allant, mais Dieu se sert de cette mauvaise action pour l'accomplissement de ses propres desseins; Balaam n'est ici qu'une verge dans la main de Dieu.

Il va, et l'Eternel vient à sa rencontre sous la figure d'un ange. Il censure les voies et la sagesse de l'homme, en mettant dans la bouche d'un animal plus de bon sens que l'homme n'en avait montré; car l'homme emploie son intelligence à s'opposer à Dieu, ce que l'animal ne peut faire.

L'homme est, dans un sens, bien plus aveugle que Satan, puisque Satan croit et tremble, Dieu peut, si cela lui semble bon, se montrer aussi bien à un animal qu'à un homme.

Alors Balaam, dans sa colère, voudrait pouvoir tuer l'ânesse (verset 29). Lorsque Dieu lui ouvre les yeux, et lui montre que le chemin qu'il suit est celui de la folie et de l'aveuglement, Balaam comprend qu'il a péché et que c'est Dieu qui l'a arrêté (verset 34). Mais c'est la terreur seulement qui le fait parler ainsi, et il continue à aller en avant, sans comprendre qu'au lieu de maudire le peuple, il doit le bénir (verset 39). Balaam va vers les idoles de Balak pour offrir un sacrifice; il aimait à se couvrir du manteau de la religion, mais son coeur n'était pas avec Dieu; il aimait l'argent et les honneurs de ce monde. Quelle image de la misérable faiblesse du péché!

Remarquez, dans cette histoire de Balaam, de quelle manière Dieu agit envers son peuple. L'homme pense qu'il pourra empêcher ou détourner la bénédiction que Dieu a en réserve pour son peuple, et Satan essaie d'entraver les desseins de Dieu, toujours pleins de grâce et d'amour. Mais, tout en les laissant suivre leur propre chemin, Dieu permet aux hommes de faire les choses mêmes qui aident à l'accomplissement de ces desseins. C'est ce que nous voyons au crucifiement de Christ; les Juifs disaient: Pas le jour de la fête, etc.; mais Christ, notre Pâque, devait être sacrifié, et ce sacrifice devait avoir lieu au moment de la fête.

Qu'il est doux et consolant de savoir que Dieu pense à nous et qu'il arrange toutes choses pour nous, quoique nous pensions si peu à Lui! Chaque jour, à chaque instant, Dieu s'occupe de nous, et il est au-dessus de tous les artifices de Satan. Il prend soin de son peuple: Ce peuple a-t-il besoin de nourriture? — Il lui envoie la manne du ciel. — Est-ce un guide qu'il lui faut? — Voilà la colonne de nuée qui marche devant lui. — Arrivé au Jourdain, il y trouve l'arche, et il a Josué pour combattre et pour vaincre les ennemis qu'il rencontre. Dieu le discipline quand il en a besoin, comme il l'a fait avec Jacob qu'il humilia, mais auquel il donna la bénédiction.

Quand nous voyons cette activité pleine de grâce de Dieu envers nous, tout le long du chemin, ne devrions-nous pas comprendre quel est son amour infini? Et quel bonheur de savoir qu'il est pour nous à cause justement de cet amour; que sa grâce et sa justice s'accordent à la croix pour ôter de dessus nous notre iniquité. Nous ne connaîtrons jamais véritablement Dieu avant d'avoir compris qu'il est amour; il a tant aimé le monde qu'il a envoyé son Fils unique. Le monde n'avait pas demandé à Dieu d'envoyer Christ, il n'avait pas demandé à Christ de venir, mais Dieu aimait le monde et lui a envoyé son Fils.

Quel bonheur, je le répète, de savoir que Dieu est pour nous, quand nous nous voyons entourés de tant d'ennemis: nos propres coeurs, le monde et Satan! La foi traverse et surmonte tout, en regardant à ce que Dieu est.

Nombres 23

Nous avons vu comment Dieu se saisit de Balaam en mettant au jour sa méchanceté. Lorsqu'il l'a dans sa main, il le force à avoir affaire avec lui-même au sujet de Son peuple. Il est bien remarquable qu'Israël ne paraisse absolument pas dans toute cette scène; tout se passe entre Dieu et Balaam. C'est ainsi que Dieu, lorsqu'il considère son peuple, ne permet aucune attaque contre lui, parce que son peuple est à Lui. Lorsqu'Il marchait au milieu d'eux, il tenait compte de toute leur méchanceté (voyez Deutéronome 9: 24, qui parle du peuple comme rebelle à l'Eternel, dans ce même temps de Balaam, au milieu des plaines de Moab).

Il en est de même quant au jugement de Dieu sur nous, ses saints, à l'égard de notre marche; et les péchés que nous commettons contre Lui, depuis que nous sommes des saints, devraient nous affliger bien plus que ceux que nous avons sentis comme pécheurs.

Quand Dieu juge les siens dans leur marche, il tient compte de tout, car il ne peut «tenir le coupable pour innocent». Malgré toutes les richesses de sa grâce, il ne peut jamais supporter ou excuser le péché: il peut le couvrir par l'expiation; il peut l'ôter à la croix, au lieu de l'imputer; mais il ne saurait le supporter, puisqu'il faudrait pour cela mettre de côté les exigences de sa sainteté.

Toute la question est donc ici entre Dieu et son ennemi et elle se règle sur le sommet de la colline, sans que le peuple sache rien de ce qui se passe. Balaam, quand il voit qu'il ne peut rien obtenir de Dieu contre le peuple, se met, plus tard, à séduire Israël et le fait tomber dans le péché, en sorte que Dieu est obligé de les châtier. Tout ceci n'est qu'une occasion pour Dieu de révéler, une fois de plus, sa grâce infinie. Dieu ne pouvait pas maudire son peuple, mais, quoiqu'il ne puisse laisser passer aucune inconséquence chez les siens, il fera concourir toutes choses à l'accomplissement de ses propres pensées et de ses propres desseins.

Il est d'une grande importance de comprendre combien le jugement de Dieu sur nous est différent, lorsqu'il nous considère dans notre position en Christ, ou lorsque c'est notre marche comme saints dans le monde qui est jugée.

Le jugement que nous portons sur nous-mêmes n'est jamais le même que celui de Dieu, le Saint Esprit tenant compte en nous de tout ce qui est contraire à la sainteté de Dieu. En me jugeant moi-même, je dois nécessairement voir tout le mal qui est en moi et être prêt à reconnaître que telle chose n'est pas de la charité, ou que telle autre n'est pas de la sainteté. J'ai à juger mon propre coeur d'après ce que je suis moi-même; tandis que le jugement que Dieu porte sur moi répond au fait que devant ses yeux je suis en Christ. Si je ne pouvais croire que tel est le jugement de Dieu, jamais je n'aurais le courage de me juger moi-même. Comment oserais-je considérer le mal qui est en moi, si je croyais que Dieu va me l'imputer et par conséquent me condamner?

C'est là que se trouve toute la différence entre l'expérience et la foi. C'est par la foi que nous devons saisir le témoignage du Saint Esprit dans Hébreux 10, au sujet de ce que Dieu dit de nous: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités».

Balaam n'a aucune foi en Dieu et il monte aux hauts lieux pour savoir ce que Dieu lui dira. «Peut-être que l'Eternel viendra là à sa rencontre». Nous voyons dans le chapitre suivant que l'Eternel ne le fit pas. Balaam prend ici le caractère d'un homme très pieux (verset 9). C'est du haut des rochers, avec Dieu, qu'il contemple Israël, et non point du milieu du camp, avec le peuple. Le peuple continuait à marcher selon sa folie ou selon sa piété (il avait, sans doute, des Josués et des Calebs), mais Dieu ne tient aucun compte de tout cela; c'est des sources d'amour de son propre coeur que jaillit l'intérêt qu'il porte à Israël. «Voilà, ce peuple habitera à part, et il ne sera point mis entre les nations». Dieu est aussi absolu dans son adoption du peuple, que dans sa mise à part.

Nous sommes «achetés à prix» et nous ne nous appartenons plus. Nous avons été retirés de la condamnation, du péché et de la misère, et nous ne devons plus être comme ceux qui sont de ce monde. Nous sommes rachetés du monde, et le résultat de ce principe est que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes. La place où nous nous appartenions était dans le premier Adam. Mais si Dieu nous a retirés du monde, c'est pour que nous Lui appartenions. Il a amené son peuple hors d'Egypte pour faire de lui sa propre habitation (Exode 15-18).

Dieu habite maintenant sur la terre en nous comme en sa demeure, — plus tard, nous trouverons notre demeure dans le ciel. Nous sommes un peuple céleste et, par conséquent, on est en droit d'attendre de nous la vie d'une personne qui sait que Dieu habite en elle, ici-bas.

Satan travaille incessamment à faire prononcer une malédiction sur nous, comme les ennemis du peuple de Dieu l'essayaient autrefois à l'égard d'Israël. Nous devons lui résister en tenant ferme par la foi. Les accusations de Satan contre nous sont adressées à Dieu, et c'est Dieu qui répond pour nous. La foi nous donne la réponse de Dieu, comme en Zacharie 3, et il est très important pour notre paix, et aussi pour notre sainteté, de bien comprendre cela. Jéhosuah n'avait rien à répondre au sujet des vêtements sales dont il n'aurait certainement pas dû être couvert, mais Dieu parle pour lui: «N'est-ce pas ici ce tison qui a été arraché du feu?» Et tu voudrais l'y repousser? Puis il dit à l'ange: «Ote de dessus lui ces vêtements sales, etc.», et à Jéhosuah: «Regarde, j'ai fait passer de dessus toi ton iniquité».

Ainsi Dieu fait connaître au pauvre pécheur toute la perfection de son oeuvre et le grand amour qui a agi en sa faveur. Il ne dit pas: «J'ôterai», mais: «J'ai ôté».

(Verset 19). Balaam est obligé de rendre témoignage au caractère de Dieu: «Le Dieu fort n'est point homme pour mentir, ni fils d'homme pour se repentir». Non seulement il est un Dieu de vérité, mais il ne change point. Il dit: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités». Ceci nous prouve que Dieu ne saurait se repentir. La vérité qu'il nous dit est une vérité éternelle, et la voici maintenant dans la bouche de l'ennemi: «Je ne la révoquerai point». Ce n'est pas: «Je ne veux pas la révoquer», mais: «Je ne puis pas».

Ce que nous avons à faire individuellement, comme saints, en traversant le désert, c'est de voir d'une manière pratique le mal qui est en nous, et de le juger complètement. Alors nous ne serons jamais jugés à cause de ce mal. Dieu ne peut pas permettre que le péché demeure en nous et sa manière de l'ôter n'est point de le supporter; c'est de ne pas l'imputer.

 (Verset 23). «Car il n'y a point d'enchantement, contre Jacob; en pareille saison, il sera dit de Jacob et d'Israël: Qu'est-ce que le Dieu fort a fait?»

Si une âme ne considère que ce qu'elle a fait, elle reste éloignée de Dieu; mais si elle comprend ce que Dieu a fait, elle est heureuse en Lui. Nous ne saurions prononcer un juste jugement sur nous-mêmes, si nous ne nous plaçons d'abord en la présence de Dieu. Tout reste vague et incertain, aussi longtemps que nous ne savons ce que Dieu dit. Nous aurons, Jésus d'un côté et des espérances seulement de l'autre, la lumière à notre droite et des brouillards à notre gauche. Ce n'est que lorsque nous connaissons notre position dans le second Adam, ressuscité devant Dieu, que nous avons la paix, la joie et la confiance.

Nombres 24

L'attaque de l'ennemi, non seulement fournit à Dieu l'occasion de la bénédiction déjà prononcée, mais encore elle excite son activité, si l'on peut parler ainsi, et lui fait déployer toutes les immenses richesses de sa grâce. Il exécute ses desseins selon sa volonté et selon ses pensées.

Nous avons vu comment Dieu déclara d'abord qu'Israël était son peuple; et ensuite que ce peuple était complètement justifié. «Je n'ai point aperçu d'iniquité en Jacob, ni vu de perversité en Israël».

Dieu vint au-devant de Balaam qui comprit enfin qu'il n'y avait aucune possibilité qu'il réussit contre Dieu; c'est pourquoi, au lieu de chercher comme les autres fois des enchantements, il tourna son visage vers le désert.

Verset 2. «Balaam, élevant les yeux, vit Israël qui se tenait rangé…» Nous n'avons pas ici une image des saints dans la gloire céleste, car Balaam ne voit pas Israël installé dans le pays de la promesse, mais encore dans le désert. C'est ainsi que nous arrivons, par Balaam, à la connaissance des pensées de Dieu au sujet de son peuple ici-bas (versets. 3-5).

Aussitôt que je regarde à ce qui est lié de Dieu, je trouve un tout nouvel ordre de choses; nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l'Esprit. Le chrétien est justifié en Christ, et en outre il est né de l'Esprit. Balaam considère le peuple avec les yeux de Dieu: l'Esprit lui fait comprendre quelles sont les pensées de l'Eternel à l'égard de son peuple.

C'est ainsi que la foi nous fait voir toutes choses avec les yeux de Dieu: «Que tes tabernacles sont beaux». «Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché», et «il ne peut pas pécher parce qu'il est né de Dieu». Il, l'homme tout entier, est de Dieu. Balaam vit Israël sous ses tentes: c'était le désert.

Ici il n'est plus question de la justification du peuple; c'est sa beauté et sa grâce aux yeux de Dieu, non seulement comme accepté en justice, mais aussi comme marchant dans l'Esprit. Il est dit d'Abel: «Il a reçu le témoignage d'être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons». Il est d'abord accepté en personne, puis Dieu rend témoignage à ses dons. Enoch aussi ne fut pas seulement justifié, mais il put aussi jouir ici-bas de la faveur de Dieu. «Avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu». Il marchait pour ainsi dire dans la joie du sourire du Père.

Verset 5. «Que tes tabernacles sont beaux». Ceci nous est une image de l'aspect qu'offre maintenant l'Eglise de Dieu, vue par l'Esprit (Ephésiens 2: 22).

C'est plus que n'était l'homme dans le paradis. Alors il n'y avait ni habitation, ni tabernacle de Dieu. Plus tard, son tabernacle sera avec les hommes. Mais, comme Eglise, nous sommes, pour ainsi dire, amenés, dès à présent, dans le paradis de Dieu. Nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit.

L'Eglise peut être divisée et dispersée, mais Dieu la tient dans sa main. «Le loup ravit et disperse les brebis», mais il est dit aussi: «Nul ne les ravira de ma main».

Nous sommes la demeure de Dieu, et ceci est bien différent de la simple régénération. Le fait d'être régénérés ne révèle pas les choses à notre âme; mais Dieu nous révèle les choses par son Esprit qui habite en nous.

La beauté visible et manifestée de la vie spirituelle, soit dans L'Eglise, soit dans un individu, est autre chose et dépend, naturellement, de la fidélité de la marche; mais c'est Dieu qui soutient la vie spirituelle, et elle ne faillira jamais.

«Ils sont étendus comme des torrents». Voilà la puissance rafraîchissante de l'évangile. «Que tes tabernacles sont beaux». Ils étaient en faveur auprès de tout le peuple; et le secret de cette beauté, c'est qu'ils étaient arrosés par le fleuve de Dieu «comme des jardins près d'un fleuve».

Quelle que soit l'incrédulité générale, il est impossible que Christ ne satisfasse aux besoins de la foi. Souvent même, et c'est humiliant pour nous c'est lorsque l'incrédulité générale est la plus profonde, que la foi individuelle brille avec le plus d'éclat. Il en fut ainsi dans le cas de Paul: il persévéra au milieu de toutes les difficultés, lorsque «tous cherchaient leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ». La foi ne recherche pas seulement la bénédiction qu'il y a en Dieu, mais elle la cherche là où Dieu l'a donnée: c'est-à-dire au milieu de son peuple. Le peuple est identifié avec Dieu en haut; c'est pourquoi il est béni, pourquoi Dieu ne peut voir aucun mal en lui.

La foi reconnaît le lieu où se trouve la bénédiction et s'en abreuve; «comme des arbres d'aloès, que l'Eternel a plantés…» alors on devient soi-même une source de bénédictions pour d'autres: «L'eau distillera de ses seaux» (verset 7). L'Epouse elle-même dit à son Seigneur: «Viens», et elle dit à ceux qui ont soif de prendre «gratuitement de l'eau de la vie».

Je ne possède pas encore Christ; mais j'ai l'eau de la vie, c'est pourquoi je puis dire: Viens et bois.

Nous ne sommes pas encore dans la gloire et nous ne sommes pas avec le monde; mais nous avons l'Esprit, et il est dit: «Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son ventre».

En ayant Christ, nous avons la sève de l'arbre de la vie, et il ne saurait y avoir aucune limite quant à la croissance. Il y a une abondance illimitée de sève, mais nous avons peu de pouvoir pour l'utiliser.

«Sa semence sera parmi de grandes eaux». Ceci montre l'étendue de la bénédiction.

A côté de cela il y a la force. «Son roi sera élevé par-dessus Agag, et son royaume sera haut élevé». Israël aura un roi en Sion, mais, comme Epouse, nos relations avec l'Epoux sont bien plus intimes. Nous paraîtrons dans le royaume plus tard. Remarquez qu'il est dit: «Que tes tabernacles sont beaux», et «ton roi sera…» Le peuple n'avait pas encore un roi; leur bénédiction en puissance ne se montrait pas encore, leur élévation dans le pays était une chose à venir.

Pour nous, ce n'est pas le royaume qui est notre espérance; nous sommes même, dans un sens, déjà maintenant dans le royaume: c'est «le royaume et la patience» (Apocalypse 1: 9); car Christ est rejeté et a disparu. Nous avons été appelés à partager sa réjection, et, plus tard, sa gloire: «nous régnerons avec Lui», Il est Roi, et nous sommes rois. Il est Sacrificateur, et nous sommes sacrificateurs. Si nous souffrons avec Lui, nous serons aussi glorifiés avec Lui. Il est notre Tête, et, en toutes choses, il doit avoir la prééminence. Non seulement la bénédiction existe, mais cette bénédiction est liée au peuple de Dieu.