Le Seigneur Jésus – son abaissement et son service

Notes d'une méditation sur l'épître aux Philippiens - Darby J.N.

ME 1880 page 32

 

Le sujet de cette épître est l'expérience chrétienne, et cette expérience s'accomplit si entièrement dans la puissance de l'Esprit de Dieu, que, du commencement à la fin de l'épître, il n'est pas question une seule fois du péché, ni même de la chair, en tant que chair de péché, si ce n'est pour dire que l'apôtre n'a pas confiance en elle. Paul, ici, ne sait ce qu'il doit choisir: de vivre ou de mourir. Si je déloge, dit-il, «je suis avec Christ, et cela est de beaucoup meilleur, mais je ne pourrais alors plus travailler pour les saints». S'il vit, il continue à s'occuper d'eux dans l'activité de son amour, aussi ne sait-il que choisir. Quelle complète abnégation et quelle puissance aussi! «Mais», dit-il, «il est plus nécessaire à cause de vous que je demeure dans la chair. Et ayant cette confiance, je sais que je demeurerai» (1: 24, 25). Ceci pour lui décide la question, — c'est la puissance de l'Esprit de Dieu conduisant une personne hors de l'atteinte du péché.

Si vous examinez en détail les versets 15 et 16 du chapitre 2, vous verrez que l'apôtre, dans les exhortations qu'il adresse aux Philippiens, donne une image exacte de ce qu'était la vie de Christ. «Sans reproche et purs», voilà ce qu'était Christ. «Des enfants de Dieu», Christ était Fils de Dieu. «Irréprochables au milieu d'une génération tortue et perverse», c'est encore ainsi qu'était Jésus. «Vous reluisez comme des luminaires dans le monde», quand Jésus était sur la terre, il était la lumière du monde. «Présentant la parole de vie», il était la parole de vie. Cette exhortation est le détail de ce qu'a été la vie de Christ dans le monde, et c'est dans ce détail que se montre cette même puissance du Saint Esprit qui était en Lui.

Nous trouvons dans cette épître deux grands principes de la vie chrétienne (dans le dernier chapitre, le chrétien est au-dessus de toutes les difficultés et de toutes les circonstances). Dans le troisième chapitre, c'est l'énergie qui pousse un homme en avant, si bien que tout ce qui pourrait l'arrêter n'est regardé par lui que comme des «ordures», son but étant Christ dans la gloire. L'apôtre le voit là, en haut, et il dit: Il faut que j'y arrive. — Il y a des obstacles sur la route. — Je les surmonterai, dit-il, — Mais tu perdras toutes choses. — Peu m'importe, pourvu que je le gagne, Lui. — Mais tu mourras. — Eh bien, je n'en serai que plus semblable à lui; il faut que j'arrive à lui, à Celui qui est là-haut dans la gloire et que j'ai vu (chapitre 3: 11). «Si en quelque manière que ce soit», c'est-à-dire: quoi que cela puisse me coûter; dussé-je même perdre la vie, «je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts». C'est le caractère de la résurrection de Christ. La résurrection des saints n'a rien de commun avec la résurrection des pécheurs. Christ est les prémices, puis viennent ceux qui sont de Christ à sa venue. Christ n'est pas les prémices des pécheurs qui vont être jugés. Nous ne trouvons pas dans les Ecritures un seul mot qui puisse faire croire que les saints et les pécheurs ressuscitent ensemble. «Si je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts» (l'apôtre emploie ici un mot tout particulier et emphatique pour exprimer sa pensée). Qu'y aurait-il donc là de bien particulier à atteindre, si le plus grand pêcheur du monde devait ressusciter en même temps que moi et de la même manière? «Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection» (Apocalypse 20: 6) Si toits ressuscitent ensemble, quelle est la signification de ce passage? Le caractère particulier de la résurrection de Christ, c'est qu'elle est le sceau positif de l'approbation complète de Dieu sur Lui et sur son oeuvre parfaitement accomplie. Il a été sorti d'entre les morts, et cette résurrection est de toute importance quant à la justification — elle est le sceau qui montre que tout est accompli, comme notre résurrection à nous est le sceau de notre acceptation. C'est parce que Dieu prend son bon plaisir en nous que, comme Christ, nous ressuscitons d'entre les morts. L'apôtre poursuit donc sa course jusqu'à ce qu'il arrive à cette résurrection. Il a devant ses yeux Christ dans la gloire et il estime tout le reste comme des «ordures». Il veut avoir Christ au lieu de Paul, et tout ce qui lui arrive le long du chemin n'a aucune importance: si même il perdait la vie, il n'en serait que plus semblable à Christ.

Dans le chapitre 2, ce n'est pas Christ dans la gloire que l'apôtre veut suivre; ce n'est pas Christ élevé en haut, mais Christ en bas, sur la terre: Celui dont la marche terrestre, pleine de grâce, doit être mon modèle et cette marche le conduisit toujours plus bas car elle a amené Celui qui était en forme de Dieu, à la mort. Où trouverai-je la pleine manifestation de ce que Dieu est? Dans la mort! C'est une merveilleuse énigme: le Saint s'abaissant; le Prince de la vie marchant à la mort. Ce n'est qu'en le voyant là que nous pouvons apprendre ces choses, «que les anges désirent regarder de près». Personne ne connaît le Fils que le Père. Nous connaissons le Père, mais personne ne connaît le Fils; la divinité de Christ est maintenue par l'inscrutabilité de l'incarnation. Dieu devenant homme! et l'homme le plus doux, le plus humble de cœur qui ait marché sur la terre: c'est insondable! Paul veut montrer aux Philippiens ce qu'est la vraie humilité, etc., mais à peine commence-t-il ce sujet que c'est Christ lui-même qu'il présente. Le motif de ses exhortations n'est rien moins que l'étendue tout entière du christianisme: Dieu descendu pour apporter le salut, et remonté comme homme. Prenez les exhortations les plus ordinaires: leur but et leur motif sont toujours l'obéissance à la parole de Dieu lui-même. L'action même de manger et de boire est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière. Je mangerais comme un animal s'il n'en était pas ainsi.

L'apôtre exhorte les Philippiens à marcher dans l'humilité, et dans l'amour (il y avait eu, sans doute, quelques petites querelles entre eux). Ils avaient envoyé de bien loin des secours à Paul qui ne veut pas leur faire des reproches; il dit seulement: Je vois que vous m'aimez, que vous pensez à moi, et maintenant «rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour» (Philippiens 2: 1). C'est un reproche si délicatement introduit qu'il est impossible que le coeur des Philippiens y ait résisté. «Et que l'un estime l'autre supérieur à lui-même» (verset 3). Ceci paraît impossible en pratique, mais si c'est avec l'Esprit de Dieu que je pense à moi, je vois le mal et le péché qui sont en moi-même. Si, rempli de Christ, je pense à un autre, je ne vois en lui que la valeur du sang de Christ; je le regarde avec le coeur de Christ et je puis l'estimer meilleur que moi-même, puisque je vois le mal qui est en moi, tandis que c'est Christ que je vois en lui.

«Qu'il y ait donc en vous cette pensée, etc»., c'est-à-dire la pensée qui était en Christ: de s'abaisser toujours. D'abord, étant en forme de Dieu et dans la gloire, il prend la forme d'un homme; puis il s'abaisse lui-même jusqu'à la mort. Il est le premier grand exemple de ceci: «Celui qui s'abaisse sera élevé» (Luc 14: 11), et ce que nous avons à faire, c'est de nous abaisser. Nous avons ici le principe de toute la conduite personnelle de Christ; et nous y trouvons non seulement ce qu'il était, mais encore le «bon plaisir» qu'il a trouvé en nous. Il s'est occupé de nous. Il prend intérêt à nous, il met en nous ses délices, et il le montre non seulement en ce qu'il agit en grâce envers les hommes, mais en ce que lui-même devient l'un d'entre eux. Il s'est abaissé jusqu'à la mort! Nous arrivons à la mort par le péché, Lui y arrive par la grâce; nous y sommes conduits par la désobéissance, Lui par l'obéissance. Ainsi il atteint par l'obéissance et la grâce, ce que nous atteignons par la désobéissance et le péché. Depuis notre premier pas, il s'occupe de nous jusqu'à ce qu'il nous amène là où il est lui-même.

Parlant d'une manière générale, je puis dire qu'il m'est impossible de considérer Christ dans sa vie et dans sa marche, avant que mon âme ait trouvé la paix. Si une âme manque d'assurance et de paix, elle a d'abord besoin des épîtres plutôt que des évangiles, les épîtres contenant les raisonnements du Saint Esprit sur la valeur du sang de Christ. Les écrits de Jean nous montrent Dieu descendant ici-bas en grâce pour les pécheurs. Paul amène l'homme à Dieu, en justice. Paul place l'homme auprès de Dieu dans la lumière; Jean fait descendre Dieu auprès de l'homme. Dans l'évangile de Jean, nous voyons Dieu s'abaissant jusqu'à nous pour répondre à nos besoins; Dieu parlant à la femme auprès du puits, au grand étonnement de ses disciples, et la femme découvrant que, lorsqu'elle parlait près de la fontaine à cet homme fatigué, c'était au Seigneur de gloire qu'elle parlait. «Je pensais», dit-elle, «que c'était un pauvre Juif fatigué qui me demandait à boire». «Oh», dit-il, «si tu comprenais comment Dieu s'est abaissé jusqu'à dépendre de toi pour une goutte d'eau à boire, tu aurais bien vite confiance en lui».

Ce pauvre homme fatigué du chemin était le Prince de vie et le Seigneur de gloire qui, non seulement pouvait lui montrer qu'il connaissait toute sa vie de honte et de péché, mais qui peut aussi atteindre son coeur, comprendre ses besoins et l'attirer à lui, si bien qu'elle perd tout sentiment de crainte et de honte dans son grand désir d'amener aussi d'autres âmes à Lui. Quand nos consciences sont éveillées, nous désirons savoir comment un pécheur peut être justifié devant Dieu et nous avons recours aux Romains et aux raisonnements des épîtres; mais, lorsque mon coeur a compris que je suis un enfant de Dieu, objet de la faveur divine qui repose sur Jésus, je retourne aux évangiles parce qu'il faut que le voie Lui, que je contemple mon Sauveur! J'ai besoin d'être près, tout près de Lui, de l'avoir devant mes yeux, et je considère l'évangile de Jean, qui me montre Dieu descendu ici-bas dans sa personne. Je trouve en lui Celui qui, au lieu d'éloigner le lépreux, éloigne la lèpre et garde près de Lui le pauvre lépreux purifié. Où voyons-nous notre bien-aimé Sauveur se rendre en premier lieu lorsqu'il est appelé à son ministère public? Au baptême de repentance. Pourquoi y va-t-il? «Oh!» dit-il, «les pauvres gens qui vont là sont ceux dans l'âme desquels Dieu opère; ils font leur premier pas dans la bonne direction et je dois aller avec eux». Quelle perfection, quel amour je trouve en Lui! «Je ne puis les laisser faire seuls ce premier pas», dit-il «je veux aller avec eux». Il est superflu de dire qu'il n'avait pas besoin de repentance; mais la repentance étant le premier pas de ce pauvre résidu, Jésus veut s'associer à eux. «Ce n'est pas ta place», dit Jean; et Jésus répond: «Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d'accomplir toute justice» (Matthieu 3: 15). Il ne dit pas avec hauteur: «Il m'est convenable…» mais: «Il nous est convenable», prenant ainsi, en grâce, sa place avec nous (ici c'était avec les Juifs). Alors les cieux lui sont ouverts, l'Esprit de Dieu descend sur lui, et la voix du Père proclame qu'il est son Fils; c'est le modèle de notre position en grâce par la rédemption. Nous voyons, dans le Nouveau Testament, le ciel ouvert quatre fois. Au baptême du Seigneur, quand le Saint Esprit descend sur lui. Puis quand les anges de Dieu montent et descendent sur le Fils de l'homme; c'est-à-dire que les anges les plus haut élevés deviennent ses serviteurs. Puis lorsqu'il sort sur le cheval blanc pour juger (Apocalypse 19: 11). Et, entre ces deux occasions, le ciel est ouvert pour qu'Etienne voie le Fils de l'homme (Actes des Apôtres 7: 56). Il est ouvert à Etienne comme à Christ; mais remarquez comment la gloire de la personne de Christ est toujours maintenue. Quand le ciel s'ouvre pour Etienne, c'est afin qu'il puisse y voir Jésus; mais lorsqu'au baptême de Jésus, le ciel est ouvert, c'est pour que le ciel puisse le contempler. Ce n'est pas Jésus qui regarde un objet dans le ciel, c'est le ciel qui le regarde, lui. Jamais il ne s'était ouvert pour regarder quoi que ce soit sur cette terre, avant le moment où notre divin Sauveur s'y trouve. La plénitude de la divinité est en lui, mais il est scellé comme homme. Le Père dit: «J'ai trouvé en lui mon plaisir». L'homme le plus méprisé sur la terre, est Celui sur lequel le ciel doit s'ouvrir, et le Père ne peut garder le silence à propos de lui: Dieu trouve son plaisir en un homme! Le ciel est ouvert pour lui, le Saint Esprit descend sur lui, et la voix du Père proclame qu'il est son Fils. Il est très intéressant de remarquer que c'est ici que se révèle pour la première fois dans sa plénitude, la Trinité tout entière: le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Nous voyons donc premièrement la place de Jésus, comme la manifestation de l'homme accepté, bien établie. Aussitôt qu'elle est établie: «Oui», dit-il, «mais ces gens sont au milieu des combats et des difficultés, ils ont affaire à un tyran terrible; il faut que je le combatte à leur place». Il rencontre Satan, et naturellement remporte sur lui la victoire. Le diable voudrait le faire renoncer à son oeuvre, lui faire abandonner son premier état; il voudrait qu'il quittât sa place d'obéissance et de service, sous prétexte qu'il est Fils. La Parole écrite était une arme suffisante pour vaincre le diable, et le Fils de Dieu n'en veut pas d'autre. Tout salut possible dépendait de sa victoire; et cette victoire dépendait de la parole de Dieu écrite. Jamais, si ce n'est à la mort de Christ, aucun moment n'a été plus solennel que celui-là. Ce que Jésus tenait pour suffisant, ce que Satan lui-même tenait pour tel, était la parole de Dieu écrite. Il lie l'homme fort par ce moyen et se met à partager ses dépouilles. Il y a un homme qui connaît la vérité parce qu'il est lui-même la vérité, qui est satisfait par la parole de Dieu, et cet homme c'est le Seigneur. Il n'y a aucun artifice de Satan que la parole de Dieu ne suffise à vaincre. Il y en avait Un qui, comme homme, possédait un pouvoir suffisant pour délivrer l'homme de toutes les suites du péché: si c'était la maladie, la maladie était guérie. Il délivrait tous ceux qui étaient opprimés par le diable, car Dieu était avec lui, la puissance de Dieu se déployant en bonté. Et quel est l'effet de tout cela sur les hommes? C'est qu'ils ne veulent pas de Lui! Le Seigneur, sur la terre, a le pouvoir de détruire les effets de la puissance de Satan, mais, derrière ces effets, il y a le coeur de l'homme qui ose lui demander de s'en aller! Lorsque Jésus chasse une légion de démons et les envoie dans un troupeau de pourceaux, les gens de la contrée le prient de s'en aller de chez eux; ils n'avaient pas besoin de lui. Le démon silencieux, qui influençait leurs coeurs, était bien plus dangereux que tous ceux qui se ruèrent à grand bruit, du haut de la côte dans le lac (Luc 8: 27-38).

Satan dit: «Si tu délivres ce peuple, tu le fais à tes dépens; j'ai pouvoir de mort sur lui». Mais le Seigneur ne se laisse pas arrêter. Alors Satan, le prince de ce monde, soulève le monde contre lui; les disciples s'effraient et le quittent; l'un d'eux, même, le trahit, et les autres prennent la fuite. «Puisque cette haine de Satan est si profonde», dit le Seigneur, «il faut que je donne ma vie pour en retirer l'homme et le racheter; il faut que, par la mort, je rende impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable; et que je délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude» (Hébreux 2: 14, 15).

On demande à Pierre: «Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes?» Pierre vient à Jésus, et Jésus lui montre qu'il est Dieu, puisqu'il connaît tout ce qui se passe dans le coeur de son disciple; il lui demande: «Les rois de la terre, de qui reçoivent-ils des tributs ou des impôts, de leurs fils ou des étrangers?» Pierre lui dit: «Des étrangers». — «Les fils en sont donc exempts». Il était le Fils du grand Roi du temple, par conséquent exempt du tribut; Pierre de même, car Jésus prend place avec lui. «Mais afin que nous ne les scandalisions pas…», le voilà de nouveau avec Pierre; puis il montre qu'il est Dieu au-dessus de tout et Seigneur de la création, puisqu'il dispose en maître de cette dernière en commandant aux poissons de la mer d'apporter le tribut, — «et donne-le-leur pour moi et pour toi» (Matthieu 17: 24-27). Le voilà encore avec Pierre. Que c'est admirable!

Tout en étant Dieu en toutes choses, il était l'homme le plus humble et le plus affable qui ait jamais marché sur la terre. Mais, à la mort, il se trouve seul. Il cherche la sympathie et n'en trouve pas. «Demeurez ici et veillez avec moi». Au moment de l'épreuve, à Gethsémané, il demande à ses disciples de veiller avec lui et ils ne le peuvent; — c'est un ange du ciel qui lui apparaît pour le fortifier. Cessera-t-il jamais de servir? Non, jamais il ne quittera cette forme de serviteur. L'égoïsme aime à être servi, mais l'amour aime à servir; tel est l'amour que nous trouvons en Christ.

Ce n'est jamais par l'intelligence que l'on connaît Dieu. Nous ne le connaissons que par nos besoins. Les incrédules disent que l'homme ne pourrait avoir un pouvoir plus grand que celui de son propre esprit. Mais si une femme âgée et décrépite s'appuie sur le bras d'un homme robuste qui la soutient, ce n'est pas en elle-même qu'elle trouve et comprend ce qu'est la force. Or c'est ainsi que nous connaissons Dieu. Aucun homme ne peut connaître Dieu par son savoir; s'il le pouvait, il ne serait pas un homme et Dieu ne serait pas Dieu. C'est la conscience, qui est le moyen par lequel Dieu nous amène à Lui; elle produit des besoins en moi. Voyez quelle différence il y a entre Simon le pharisien et la femme pécheresse. Simon ne connaissait pas Christ et croyait n'avoir aucun besoin de Lui; il pensait l'honorer en l'invitant, par curiosité seulement, à venir manger dans sa maison, et il ne lui témoigne pas même la politesse qu'on doit à un hôte, et Jésus n'est pas indifférent à cet oubli. Il le voit et le sent. Quand je lui montre de la froideur et de l'indifférence, il la sent, elle atteint son coeur.

Les noms essentiels de Dieu sont: lumière et amour. Voyez la pauvre femme: la lumière fait qu'elle se connaît elle-même, et l'amour fait qu'elle connaît Christ et met sa confiance en lui. Christ connaissait à fond le coeur de cette femme, et elle connaissait aussi le coeur de Christ. Tandis que Simon ne trouve pas Jésus digne des plus simples actes de courtoisie, la pécheresse trouve en Lui une plénitude de grâce, de lumière et d'amour, qui peut suffire à tous ses besoins. Ses péchés, qui étaient nombreux (il les connaissait tous), lui sont tous pardonnés, car elle a beaucoup aimé. Le coeur de Dieu et le mur de l'homme se rencontrent, par la grâce, dans une bénédiction à laquelle le pharisien reste totalement étranger (Luc 7: 36-50).

Je trouve encore un enseignement dans ce passage, c'est que la personne du Seigneur Jésus peut avoir plein pouvoir dans mon coeur, avant que je connaisse que je suis pardonné. Ces noms essentiels de Dieu, lumière et amour, sont parfaitement manifestés en Christ: la lumière qui révèle tout ce qui est en moi, et l'amour qui l'ôte entièrement. Quand arrive la lumière manifestant ce que je suis devant Dieu, je me trouve en présence de l'amour qui a tout accompli pour moi. Si j'avais la lumière sans l'amour, je m'enfuirais pour me cacher; et, d'autre part, l'amour sans la lumière ne serait pas l'amour. Mais je trouve à la fois en Christ la lumière divine qui découvre toutes choses, et l'amour divin qui me fait connaître que tout cela est entièrement ôté.

Quand la lumière entre, la conscience est droite. Ecoutez le brigand.: «Nous sommes ici justement», dit-il; la lumière lui avait fait comprendre cela, «mais celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire». Comment cet homme avait-il appris cela? Par l'enseignement divin. Nos coeurs ne disent-ils pas tous aussi: «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire?» Puis le brigand dit encore: «Seigneur», il reçoit l'enseignement divin quant à la personne de Jésus. Tous les disciples s'étaient enfuis; le brigand seul, reconnaissant la souveraineté de Jésus là, sur la croix, réjouit ainsi le coeur du Sauveur à cette heure suprême. Et que demandera-t-il à Jésus? De soulager ses souffrances? Non; au milieu des agonies de la croix, il demande à Celui qui est crucifié à ses côtés et dont il reconnaît la puissance, de vouloir bien se souvenir de lui quand il viendra dans son royaume; or il reçoit ces mots en réponse: «Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». Voilà un coeur qui avait compris ce qu'était le Seigneur. Un pharisien est un pharisien: un sépulcre blanchi; mais un coeur brisé est ce qu'il faut au Dieu qui guérit les coeurs.

Christ dans la gloire est-il encore un serviteur? Oui, certes. Il dit à ses disciples: «Je m'en vais au Père; je ne puis plus être votre compagnon sur la terre, mais je ne vous abandonnerai pas. Dans ce but, il faut que je vous mette en état d'être avec moi; que je vous donne «une part avec moi». Vous êtes nets, mais, dans votre marche à travers le monde, vous amasserez des souillures que vous ne pouvez introduire auprès de moi dans la gloire; il faut que je vous lave les pieds».

Et c'est ce qu'il fait maintenant: il est serviteur pour nous laver les pieds (*). Il s'adonne lui-même à ce service. Quant à notre position devant Dieu, nous ne cessons jamais d'être nets, mais nous nous souillons en traversant le monde, et Christ est serviteur pour nous laver. En Luc 12, nous voyons qu'il sera notre serviteur dans la gloire, «il se ceindra et, s'avançant, il les servira» (verset 37). C'est l'amour divin d'un prix inestimable; Jésus ne cessera jamais d'être un homme.

(*) Dans Jean 13: 10, «lavé» se rapporte à tout le corps, et «laver» aux pieds et aux mains seulement; les deux mots sont différents en grec.

 «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées». Il faut que je professe Christ d'une manière complète, voilà ce que signifie ma lampe allumée. Ayez les reins ceints pour le service en mon absence, dit-il; quand je reviendrai, voici comment je vous témoignerai ma satisfaction: je vous ferai mettre à table, et, m'avançant, je vous servirai.

Oublierai-je jamais l'abaissement de Christ?

Oublierai-je qu'il s'est fait homme afin de se donner lui-même pour moi et de m'introduire, avec Lui, là où, pendant toute l'éternité, il restera un homme pour moi? Serait-il donc possible de l'oublier? Non, je me souviendrai éternellement de son humiliation sur la terre. Tandis qu'en le contemplant dans la gloire, je suis poussé à courir pour l'atteindre, mon âme se nourrit du pain qui est descendu ici-bas, et cela produit en nous le contraire de l'esprit qui ne pense qu'à lui-même.

Sans entrer dans les détails, nous trouvons, dans le reste de ce second chapitre aux Philippiens, toute la délicatesse de sentiment qui découle de l'absence de soi-même et de l'amour pour les autres, qualités que l'on rencontre dans l'âme qui se nourrit de Christ et finit par lui ressembler sans s'en douter, parce qu'elle n'est occupée que de Lui. Il me faut le second chapitre des Philippiens aussi bien que le troisième. Ayez toute l'énergie possible, mais n'oubliez pas d'étudier Christ, vivez de Lui, et alors vous arriverez à lui ressembler, dans toute sa grâce, son humilité et sa douceur. Oh! quelle position est la nôtre! rachetés par Lui, sur le point d'être avec Lui dans la gloire, et, dans l'intervalle, appelés à le manifester sur la terre!

Que le Seigneur nous donne d'être tellement occupés de Celui qui était plein d'amour, de douceur et d'humilité, que nous puissions reproduire ces même choses! Le premier péché de l'homme a été de perdre confiance en Dieu; Dieu revient à nous, au milieu de tant de péchés accumulés, et nous dit: «Maintenant vous pouvez avoir confiance en moi». Dieu regagne la confiance de nos coeurs, — une confiance sans bornes en un amour sans bornes, — non point par des exhortations adressées du ciel, mais par sa présence sur la terre. — Es-tu une pauvre misérable pécheresse, indigne de te montrer au milieu des hommes? Viens à moi; aie confiance, je veux te recevoir. — Es-tu pendu au bois à cause de tes crimes? «Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». Mon sang est suffisant pour laver tous tes péchés; mon coeur est ouvert pour te recevoir.

Que le Seigneur nous accorde de connaître toujours mieux Celui qui «lorsqu'il a mis dehors toutes ses propres brebis, va devant elles», qui a combattu le lion pour elles et les a délivrées! Que le Seigneur nous donne de réaliser ce qu'il était!