L'amitié du monde

 ME 1880 page 137

 

«L'amitié du monde est inimitié contre Dieu; quiconque donc voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu» (Jacques 4: 4). Témoignage plein de puissance, qui juge la marche et sonde le coeur. Le vrai caractère du monde a été maintenant manifesté, en ce qu'il a rejeté et crucifié le Fils de Dieu. L'homme avait déjà été éprouvé sans la loi et sous la loi; mais après qu'il se fut montré entièrement méchant sans la loi, et qu'il eut violé la loi après l'avoir reçue, Dieu lui-même vint vers lui en grâce. Dieu devint un homme afin d'apporter son amour tout près du coeur de l'homme, ayant pris sa nature. C'était l'épreuve finale du coeur de l'homme. Il ne vint pas pour leur imputer leurs péchés, mais pour réconcilier le monde avec lui-même (2 Corinthiens 5: 19). Mais le monde n'a pas voulu le recevoir, et a montré ainsi qu'il est sous la puissance de Satan et des ténèbres. «Ils ont, et vu, et haï, et moi et mon Père» (Jean 15: 24).

Le monde est toujours le même monde; Satan en est le prince, et «tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde» (1 Jean 3: 16). Le coeur de l'homme, la chair, depuis la chute, a toujours été inimitié contre Dieu. On a souvent pensé et dit que depuis la mort de Christ, Satan n'est plus le prince de ce monde; mais c'est précisément alors qu'il s'est déclaré tel, en conduisant tous les hommes, et Juifs et gentils, à crucifier le Sauveur. Et quoique les hommes portent maintenant le nom de chrétiens, l'opposition du monde à l'autorité de Christ reste toujours la même.

Observez seulement et voyez si le nom de Christ n'est pas déshonoré. A la vérité, l'homme peut être instruit à l'honorer, mais il n'en est pas moins vrai que là où il trouve à jouir, où sa volonté est libre, il exclut Christ, de peur que Christ ne gâte ses plaisirs. Si l'homme est laissé à lui-même, il ne pense pas à Christ, il n'aime pas qu'on lui parle du Sauveur; il ne voit en lui aucune beauté qui le lui fasse désirer. L'homme aime à faire sa propre volonté, et il ne désire pas que le Seigneur vienne s'y opposer; il préfère la vanité et les plaisirs.

Nous avons en Caïn la vraie histoire du monde et de ses principes pratiques. Il avait tué son frère et avait été banni de la présence de Dieu, désespérant de la grâce et refusant de s'humilier lui-même. Par le jugement de Dieu, il était devenu vagabond sur la terre, mais cette condition ne lui convenait pas. Il s'établit là où Dieu l'avait envoyé pour être fugitif et vagabond, et il bâtit une cité qu'il appela du nom de son fils afin de perpétuer la grandeur de sa famille. Il n'aurait pas été supportable que cette cité fût privée de toutes les délices de la vie; en conséquence, il multiplia les richesses pour son fils. Ensuite, un autre membre de la famille inventa les instruments de musique, un second fut le père de tous les artisans en fer et en airain. Le monde étant chassé loin de Dieu, a cherché à rendre sa position agréable sans Dieu, à être heureux dans l'éloignement de Dieu. Par la venue de Christ, l'état du coeur de l'homme a été manifesté, non seulement comme cherchant les plaisirs de la chair, mais comme étant inimitié contre Dieu. Quelque grande que soit la bonté de Dieu, le coeur de l'homme ne veut pas être troublé dans la jouissance des plaisirs du monde, ni se soumettre à l'autorité d'un autre; il veut avoir le monde pour lui-même, il lutte pour l'obtenir, et cherche à l'arracher des mains de ceux qui le possèdent. Maintenant, il est évident que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu. Autant que cela dépend des hommes, Dieu est banni du monde; ils ne veulent pas de Lui. L'homme veut être grand dans ce monde; nous savons que le monde a crucifié le Fils de Dieu, et qu'il n'a vu aucune beauté dans Celui en qui Dieu trouve toutes ses délices.