La paix, la grâce et la gloire - Romains 5: 1-11

 ME 1880 page 150

 

Les vérités exposées au commencement de ce chapitre sont basées sur les derniers versets de celui qui précède. Dieu appelle nos coeurs à reprendre confiance en lui, cette confiance que l'homme dans le jardin d'Eden avait perdue. Eve s'est confiée en Satan, elle a cru que Dieu voulait garder pour lui la chose qui devait la rendre heureuse. Quel que soit le degré de méchanceté où l'homme est arrivé, et son éloignement de Dieu, il peut néanmoins se confier en lui. Une personne qui n'oserait regarder qui que ce soit en face, peut encore aller à Dieu avec confiance. L'évangile ramène le coeur à Dieu, «car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu» (1 Pierre 3: 18). Ce que Dieu fait en Christ, c'est d'être venu comme Sauveur, avant de venir comme juge; il a anticipé en Christ le jour du jugement, afin de gagner nos coeurs pour Lui. En négligeant ce salut, nous sommes doublement coupables. Avant le jour du jugement, Dieu a envoyé son Fils pour nous faire connaître sa grâce parfaite; et cela, par une oeuvre qui est le jugement le plus terrible qui ait pu tomber sur le péché.

Après avoir parcouru dans les trois premiers chapitres l'histoire de la culpabilité tant des gentils que des Juifs, et présenté dans le quatrième la mort et la résurrection, l'application en est faite dans les onze premiers versets du chapitre 5. Ce passage nous parle de la riche et abondante grâce de Dieu, puis au verset 11, nous sommes invités à nous réjouir non seulement dans le salut, mais en Dieu lui-même. Je puis donc faire mes délices de mon père; quant au passé j'ai la paix parfaite, quant au présent je suis dans la faveur et la grâce de Dieu, pour l'avenir j'ai la gloire. Dire qu'en partie nos péchés sont couverts, ce n'est pas l'évangile; ils sont tous ôtés, et je suis en paix à leur égard, parce que Christ a été livré pour mes fautes. Il se peut que nous ayons oublié maintes choses que nous avons faites, mais Dieu les connaît toutes et a donné son Fils pour moi, et c'est par le sang de sa croix que j'ai la paix.

La paix, c'est un mot puissant; je puis avoir la joie et cependant il me reste encore quelque inquiétude, mais quand j'ai la paix, rien ne peut plus me troubler. Christ a tout seul rencontré Dieu à la croix; en bavant la terrible coupe, il a fait la paix pour nous. Je vois Christ descendu là pour mes péchés, je vois la sainteté et la justice de Dieu réglant avec lui à la croix tout ce qui concerne mon état, et par cela j'ai la paix avec Dieu. Ce sont les péchés qui nous rendent coupables, l'existence de la chair en moi ne me donne pas une mauvaise conscience; elle ne devient telle que lorsque je laisse agir la chair. Je suis justifié de ma culpabilité, justifié de la souillure, et pardonné quant à mes offenses. Si je suis né de Dieu, je vois ce que sont mes péchés, car ce n'est que dans la lumière que nous voyons combien nous sommes sales. La sainteté accompagne la justification, mais ce n'est pas le sujet de ce chapitre. Du moment que je suis né de Dieu, le désir de la sainteté se trouve en moi, et c'est alors que vient ce beau chapitre, où je suis non seulement justifié, mais où j'ai trouvé la puissance. Je suis devant Dieu, non pas selon mes péchés, mais selon la valeur du sang de Christ. Personne n'ayant jamais mis au coeur de Dieu d'envoyer son Fils, je trouve donc l'amour parfait dans le coeur du Père. Je suis entré dans la grâce parfaite de Dieu, dans cette «faveur dans laquelle nous sommes». Il m'aime comme il aime Jésus; il ne change jamais; non seulement la grâce ne peut changer, mais je m'y tiens présentement, et en regardant à lui, j'ai dans mon âme la conscience d'une faveur infinie. En pensant à la croix de Christ, je vois que l'amour infini de Dieu qui surpasse toute connaissance, l'a livré dans la mort pour nous. Je connais ainsi le coeur de Dieu bien mieux que le mien propre, car je ne puis me fier même pour un moment à mon coeur et à mes sentiments, mais Dieu s'étant révélé à moi, je sais qui il est. Je ne puis compter sur moi, mais ayant appris quel est l'amour de Dieu, je puis dire: Il n'est pas comme moi une pauvre créature, car je le connais, et je sais ce qu'il est. Dans l'oeuvre de la croix, je n'ai point de part sauf mes péchés, la haine qui a crucifie Christ et le péché qu'il a porté. Il était l'amour parfait, et c'est pourquoi je me prosterne dans la poussière en pensant aux péchés qu'il eut à porter, Lui, l'amour infini. Non seulement les péchés sont ôtés, mais j'ai dans mon âme le sentiment de la faveur divine; c'est la position dans laquelle je suis actuellement devant Dieu. Pauvres vers de terre que nous sommes, pourrions-nous parler d'être dans la gloire de Dieu, si lui-même n'avait produit ce résultat pour nous? C'est une chose merveilleuse! Dieu, après avoir ôté tous nos péchés, nous donne encore la gloire.

Je sens vivement l'importance de cette «grâce dans laquelle nous sommes» (Romains 5: 2); car l'état actuel de mon âme consiste en ceci, que je suis dans la faveur de Dieu. Quand j'élève mes yeux vers Dieu, je ne vois que la lumière de sa face; ma seule pensée est celle de son amour parfait et de sa faveur; cet amour dont Jésus a dit: «Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux» (Jean 17: 26). D'abord nous sommes mis en présence de Dieu, et là nous trouvons que nous sommes dans sa faveur. Et maintenant qu'aurons-nous encore? La gloire de Dieu. «Nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu». «Et non seulement cela mais aussi nous nous glorifions dans les tribulations» (verset 3). Il se peut qu'il y ait dans mon coeur plus de mal que je n'en ai découvert jusqu'ici. «Il ne retire point ses yeux de dessus le juste». Il me considère sans cesse, pour me corriger peut-être ou pour m'aider. Job se laissait aller à un genre de propre justice très subtil; c'est Dieu et non Satan qui engage la lutte avec lui. Dieu le corrige, le discipline, et lui envoie toutes ces afflictions pour l'aider, jusqu'à ce qu'au lieu de dire: «L'oeil qui me voyait déposait en ma faveur» (Job 29: 11), il dise: «Maintenant mes yeux t'ont vu, j'ai horreur de moi-même» (Job 42: 5, 6). Ah! dit le Seigneur: «Maintenant tu te connais toi-même, c'est là tout ce que j'avais à t'apprendre, je puis à présent te bénir». C'est la fin de la discipline; dès que nous avons dans le coeur cet amour parfait, nous avons la clef de toutes nos tribulations.

«La patience produit l'expérience» (verset 5). Ma volonté propre étant brisée, je me connais mieux moi-même, et Dieu aussi. L'effet de tout cela est de briser ma volonté et de me purifier des choses dont j'avais à être dépouillé. Je suis brisé, exercé, en même temps que j'apprends à connaître la grâce, l'amour et la fidélité de Dieu.

J'en reviens à l'espérance. J'ai dans l'amour parfait la clef de tout ce qui peut m'arriver, et je me dis: Dieu a pensé en ceci à moi, pour me faire du bien; j'ai la certitude de l'amour de Dieu, car il a donné son Fils pour moi, et si je lui demandais de me donner encore une preuve de son amour, il me répondrait qu'il lui faut m'en donner une inférieure, puisqu'il m'a déjà donné la plus grande de toutes: la preuve de l'amour c'est qu'il a donné, son Fils. L'Esprit Saint est la puissance, il nous est donné, et par lui la révélation de l'amour de Dieu; je suis dans la vraie liberté.

En vertu du sang de Christ, le Saint Esprit est descendu du ciel et habite en moi. «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit?» (1 Corinthiens 6: 19). Comment pouvez-vous employer vos corps pour le péché, s'ils sont des temples du Saint Esprit? Le Saint Esprit me fait savoir que je suis enfant. L'amour de Dieu est répandu dans mon coeur par le Saint Esprit; il est le sceau et les arrhes de notre héritage.

La tribulation produit la patience, parce qu'elle brise la volonté. Je regimbe contre la tribulation, si je n'en ai pas la clef. Mettez au coin un méchant enfant, il sait fort bien que son père ne l'y mettrait pas s'il n'en avait pas besoin. Il en est de même avec nous: le Seigneur nous met au coin, et nous devons y rester jusqu'à ce qu'il nous en fasse sortir; je fais là l'expérience de l'amour fidèle de Dieu, car je sais qu'il ne m'y mettrait pas si je n'en avais pas besoin. «Il ne retire point ses yeux de dessus les justes». Il veille constamment et incessamment sur eux pour leur bien. Au chapitre 33 de Job, ce sont les choses intérieures qui ont besoin d'être corrigées; il corrige une disposition du coeur, afin de détourner l'homme de son dessein. Au chapitre 36, il s'agit de discipline pour une faute actuelle, pour un manquement positif. «Dieu châtie celui qu'il aime». Le Seigneur a mis sa main sur moi, je dois me soumettre. Peut-être n'est-ce pas à cause d'une transgression positive, mais pour une disposition qui doit être réprimée. Il a telle chose à m'apprendre, telle autre ne va pas; alors il met sa main sur moi en discipline. Par le Saint Esprit qui m'a été donné, j'ai la clef de tout cela dans l'amour de Dieu et j'ai confiance en cet amour. Plusieurs des choses qui sont à corriger en moi m'empêchent de le sentir; je le connaîtrai mieux à mesure que je serai discipliné davantage, mais j'ai appris à le connaître, en ce que Dieu a donné son Fils.

Nous avons une triple bénédiction: la paix, la faveur de Dieu et la gloire; avec cela des tribulations. Comment puis-je savoir qu'il m'aime? «Car Christ, alors que nous étions encore sans force, est mort pour des impies» (verset 6). Dieu a donné son Fils pour moi. Si j'ai le Saint Esprit, je jouis de l'amour, quoique cette jouissance ne soit pas la preuve de sa présence; mais je sais que Dieu m'aime, puisqu'il a donné son Fils pour moi lorsque j'étais éloigné de lui: «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous» (verset 8). Ici le terme «son amour» est emphatique; Dieu a aimé ces pécheurs impies qui, dans un sens, lui étaient en horreur. Il a donné ce qu'il y avait de plus précieux au ciel pour ce qu'il y a de plus vil sur la terre. Ainsi nous nous réjouissons en Dieu. J'ai d'abord appris à connaître les bénédictions, puis la patience et la bonté de Dieu; alors je m'écrie: Quel Dieu est le mien! et c'est la bénédiction éternelle. Ainsi je jouis de Dieu même; en cela j'ai appris à le connaître. J'ai trouvé un père. Quelle pensée! Ma joie est en lui, et si je ne l'ai que dans un vaisseau de terre, néanmoins je la possède. Tout le long du chemin qui aboutit à la gloire, il ne détourne jamais ses yeux de dessus moi. Mon Dieu est un Dieu admirable. Je ne me glorifie pas en moi-même, mais dans la tribulation, parce qu'elle est pour moi la preuve que Dieu pense à moi.

«Nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle» (2 Corinthiens 4: 11). C'est dire beaucoup que de dire comme Paul: Je souffre continuellement pour le Seigneur; nous souffrons souvent pour notre propre compte. L'écharde dont Paul souffrait en sa chair était pour l'amour de Christ, mais aussi pour lui-même. La tribulation de l'ordre le plus élevé est celle qui est pour Christ; seulement il nous en faut d'une autre sorte. Le principe de péché qui agit en nous, nous trouble souvent à un haut degré. Le remède à cet état, c'est: je suis crucifié avec Christ, je me tiens moi-même pour mort. Je vis à Dieu en Christ et non en Adam, et pour ce qui est du vieil homme, je suis autorisé à lui dire: je ne te reconnais pas. Non seulement Christ est ma vie, mais encore je suis crucifié avec lui. Je suis cette personne qui vit, non de sa vie propre, mais de la vie de Christ. Comme enfant d'Adam, je me reconnais entièrement perdu. Dieu vient me donner une nouvelle vie en Christ. La mort de Christ tout entière m'appartient; je me tiens donc pour crucifié avec Christ, et non seulement j'ai une nouvelle vie, mais de plus je tiens l'ancienne pour morte. Je dis à la chair: tu as été jugée à la croix, je n'ai plus rien à faire avec toi. Dès lors je devrais porter «toujours partout dans le corps la mort de Jésus» (2 Corinthiens 4: 10), en vivant toujours de cette manière. Devant Dieu, je ne suis pas en la chair, je suis en Christ, et je le sais par le Saint Esprit, Colossiens 3: 3, est la déclaration de Dieu quant à la mort. Dans Romains 5, je crois cela et je le tiens pour vrai. En 2 Corinthiens 4, je le mets en pratique.