La Pâque et la mer Rouge

 ME 1880 page 158

 

Il est bon de remarquer, pour le profit de nos âmes, la différence entre la Pâque et la mer Rouge. Une personne peut entendre l'évangile, le recevoir avec joie, et se réjouir du pardon de ses péchés; elle peut voir ce que Christ a d'aimable, et avoir son coeur attiré vers Lui; mais si elle ne connaît pas la pleine rédemption, dont la mer Rouge est le type, si elle ne se sait pas elle-même ressuscitée avec Christ et de l'autre côté de la mort et du jugement, elle est presque sûre de perdre sa joie quand la tentation viendra, et elle sentira sa faiblesse.

La joie que nous voyons chez le peuple d'Israël, dans le chapitre 15 de l'Exode, vient de ce que Dieu les a absolument délivrés de l'Egypte et conduits, par sa force, à la demeure de sa sainteté. C'est une chose très différente de la joie de la Pâque, qui provient de la délivrance d'un jugement juste et mérité. Dans la Pâque, l'Eternel se faisait connaître aux Israélites comme un Dieu de jugement. Le sang sur les poteaux de leurs portes les mettait à l'abri; il écartait, le destructeur qui n'entrait pas dans leurs maisons. Si l'Eternel y était entré, ç'aurait dû être pour le jugement. A la mer Rouge, la chose était tout autre; Dieu lui-même intervenait dans sa puissance pour leur salut. La Pâque les délivrait de son jugement, la mer Rouge de leurs ennemis. Au moment où son peuple est en danger de la part de Pharaon, Il intervient. La mer même qu'ils redoutaient et qui semblait les livrer aux mains de Pharaon, devient le moyen de leur salut. Ainsi, par la mort Dieu les délivra de la mort; de même aussi Christ est descendu dans la forteresse de Satan, il s'est placé sous la puissance de la mort, et ressuscitant d'entre les morts, il nous a délivrés de la mort. Pour les Israélites, c'en était fait pour toujours de Pharaon et de l'Egypte. La mer Rouge est leur délivrance de l'Egypte; Dieu lui-même est leur salut. Celui qu'ils avaient craint avec raison comme juge, est devenu leur rédempteur. Ils sont délivrés; ils ne sont plus dans l'attente de la miséricorde, ils peuvent maintenant se réjouir de ce que le jugement est passé, et chanter les louanges de l'Eternel qui les a amenés à la demeure de sa sainteté, à Dieu lui-même, dans la lumière comme lui est dans la lumière, et qui les a conduits là avant même qu'ils aient fait un pas dans le désert, ou livré un seul combat à leurs ennemis.

A proprement parler, il n'y a point de lutte jusqu'à ce que la rédemption soit connue. Les enfants d'Israël n'essaient pas de livrer combat à Pharaon, mais seulement de le fuir. Ils gémissaient sous son joug, mais ils ne combattent pas contre lui. Comment l'auraient-ils pu? Ils devaient d'abord être amenés à Dieu, devenir l'armée de l'Eternel avant de pouvoir combattre ses ennemis ou les leurs. Il en est ainsi de chaque âme. Je n'ai pas de puissance pour combattre Satan aussi longtemps que je suis son esclave. Je puis gémir sous son joug et soupirer après la délivrance, mais avant que mon bras puisse se lever contre lui, je dois connaître et posséder une pleine rédemption. Les Israélites ne sont pas seulement heureux d'échapper à leur persécuteur; ils jouissent d'une pleine et consciente rédemption de l'Egypte et de Pharaon, et ils peuvent compter sur la puissance de Dieu pour tout le reste. «Les peuples ont entendu, et ils en ont tremblé; tous les habitants de Canaan se fondront» (Exode 15: 14, 15). Leur joie ne provient pas de ce qu'ils n'ont point d'ennemis, mais de ce que Dieu, dans sa divine puissance, les prend et les place dans sa présence même.