Dieu était en Christ - 2 Corinthiens 5

 ME 1880 page 173

 

L'évangile, dans ce chapitre, est présenté sous deux points de vue importants: 1° ce à quoi nous sommes appelés et ce qui nous rend propres à cet appel; 2° le témoignage que Dieu rend du péché qui est en nous et l'oeuvre de Christ par laquelle il y est pourvu.

Il est bon de comprendre ce que c'est que l'appel de Dieu, afin de savoir ce qu'il faut pour y avoir part. La vieille nature, comme telle, ne peut être réconciliée, mais il y a une réconciliation complète dans l'homme nouveau. Le jugement de l'homme est prononcé: «Maintenant est le jugement de ce monde» (Jean 12: 31). Les voies de Dieu envers l'homme dans la chair ont pris fin, la chair est mise de côté pour toujours. Dans le nouvel état de choses introduit par un Christ ressuscité, toutes choses sont faites nouvelles et toutes sont de Dieu (verset 18). Quant à notre corps glorifié nous ne l'avons pas encore revêtu, c'est pourquoi il est bon d'être: «absent du corps et présent avec le Seigneur» (verset 8). Du moment que nous avons saisi notre appel «à son royaume et à sa gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12), nous sommes amenés en la présence de Dieu. Il rend notre âme capable de saisir la gloire et d'en jouir; elle comprend qu'il faut une oeuvre toute de Dieu pour que l'homme puisse entrer dans la gloire. Pourriez-vous de vous-mêmes entrer dans la gloire de Christ? «Celui qui nous a formés à cela même c'est Dieu» (verset 5). La présence de Dieu révélée à l'âme donne une vraie et entière conviction de péché. On n'a pas besoin de savoir ce que l'homme pense quand on a la pensée de Dieu. Le péché est une chose honteuse, mais la présence de Dieu produit des pensées qui nous mettent au-dessus de la honte. Du moment où l'âme est devant Dieu, elle hait et juge le péché, et ne peut supporter la pensée de le cacher, car elle veut être devant Dieu selon la vérité; il y a la «vérité dans le coeur» (Psaumes 51: 8). La honte que l'on a du péché engage à cacher celui-ci devant l'homme. La vraie lumière de Dieu manifeste toutes choses; lorsque le coeur est droit, il se range du côté de Dieu contre le péché et trouve le pardon; tout est réglé dès que nous reconnaissons notre état en présence de Dieu.

Nous sommes appelés «au royaume de Dieu et à sa gloire», à être rendus conformes à l'image de son Fils; nous avons une vie à laquelle appartient la gloire divine. C'est Dieu qui justifie: il dit: Voilà ce qui est juste à mes yeux; et c'est lui-même qui prononce. C'est là ce dont j'ai besoin. Cette entière justification est liée avec la gloire: «Ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés» (Romains 8: 30). «Nous attendons l'espérance de la justice» (Galates 5: 5). Voilà ce à quoi Dieu nous appelle en Christ; ce que l'évangile annonce, c'est que Christ, comme homme, est entré dans la gloire divine. C'est là «l'évangile de la gloire de Christ». L'oeuvre qui pouvait introduire l'homme dans la gloire de Dieu a été faite; chose toute nouvelle, l'homme centre de toute la gloire de Dieu; chose qui attend encore son plein accomplissement en Christ, selon qu'il est dit: «Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre» (Ephésiens 1: 10), ou comme nous lisons dans l'Apocalypse: «la gloire de Dieu l'a illuminée et l'Agneau est sa lampe» (Apocalypse 21: 23).

Nous sommes appelés à cette gloire de Christ elle reluit dans notre âme. Etes-vous préparé pour cette gloire? sinon à quoi êtes-vous propres? Vous ne pouvez demeurer toujours sur la terre. Où allez-vous? Si ce n'est pas dans la lumière, vous allez dans les ténèbres qui en sont l'opposé. Il n'y a pas de milieu. C'est ce que nous enseigne la parabole du fils du roi. — Jésus avait parlé de chercher du fruit; ensuite il parle de la grâce qui ne demande rien: la fête est préparée. Les invités sont pris sur les chemins et le long des haies; peu importe ce qu'ils ont été auparavant, ils doivent seulement avoir une robe de noce. L'enfant prodigue doit avoir la plus belle robe pour entrer dans la maison, il faut qu'il soit en harmonie avec elle. Lecteur, avez-vous cette robe? Vous connaissez l'appel; pouvez-vous dire: «J'ai reçu ce qui convient à la gloire dans laquelle je dois entrer?»

Vous pouvez recevoir cette robe, le Seigneur veut vous la donner, mais si vous ne la possédez pas, à quoi êtes-vous propre? Ou vous êtes dehors, ou bien vous êtes dedans avec la robe de noce. «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même» (verset 19). Le Seigneur ne s'est-il pas soumis à tout pour gagner vos coeurs? Il est venu inviter les hommes à se tourner vers Dieu; mais ils ne l'ont pas voulu: pour son amour il a trouvé la haine, — témoignage terrible de la ruine entière de l'homme. L'homme est mort; il vit pour lui-même et pour ses semblables, sans aucun mouvement du coeur vers Dieu. «Il vint chez soi et les siens ne l'ont pas reçu» (Jean 1: 11). — En Christ est l'amour parfait, sans reproche. Paul a reconnu toute l'horreur du jugement et s'est mis à persuader les hommes d'y échapper. L'amour de Christ s'efforce de leur faire connaître cette vérité qu'ils sont morts; le lien existant entre Dieu et l'homme est rompu, il ne peut être renoué. La croix nous dit-elle que Christ a mis le monde en ordre? «Un est mort pour tous», amour inexprimable, donc «tous étaient morts». Votre âme a-t-elle été amenée à cette conviction: «En moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien?» (Romains 7: 18). Pourriez-vous dire que vous n'auriez pas mis Christ à mort? Direz-vous peut-être: Il n'aurait pas eu besoin de mourir pour moi; il m'aurait aidé, il m'aurait purifié? Sinon il vous faut dire: Je suis mort, perdu, je n'ai dans mon coeur aucun lien avec Dieu. L'ancienne création est chose jugée, condamnée; comme enfant d'Adam vous lui appartenez; il s'agit de savoir si vous en êtes sorti. L'homme s'est émancipé, a voulu se passer de Dieu; l'incrédulité justifie et proclame ce fait, établit et cultive la volonté de l'homme. Caïn a commencé ce monde sans Dieu; il alla, bâtit une cité et l'appela du nom de son fils; ils avaient des instruments de musique, des arts, tout ce qu'il faut pour faire du monde un endroit agréable sans Dieu, et c'est ce que l'homme fait encore aujourd'hui, disant qu'il se sert des facultés que Dieu lui a données. Sans doute, mais quel est l'état moral du coeur de l'homme? N'est-il pas éloigné de Dieu? «Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19: 10). Je ne vous demande pas si vous vous reconnaissez mauvais, mais perdu, mort? Par nature nous rejetons Christ; toutes nos pensées se concentrent sur nous-mêmes; nous préférons à Christ le plaisir, tout au monde, notre volonté propre: telle est la condition naturelle de tout homme, de chacun de nous, sauf de Celui qui n'était pas mort, qui était l'objet du bon plaisir de Dieu, le seul qui pouvait l'être, lui qui a été fait péché pour nous. Il a pris notre place; lui, le saint, béni éternellement, a été fait péché. La puissance vivifiante de Dieu nous montre le péché, mais tout est terminé à la croix je vois ce qu'est la chair, elle a crucifié Christ je ne suis plus en elle maintenant, j'appartiens à une nouvelle création; je suis en Christ qui est ma justice et qui me donne le droit d'entrer. Nous avons l'appel de Dieu à son royaume et à sa gloire; le voile est déchiré, Christ y est entré comme homme, et en y entrant, il a mis de côté ce que nous étions dans la chair; nous avons journellement à combattre la chair comme ennemi, mais pour ce qui concerne notre position devant Dieu, nous en avons fini avec la chair; nous sommes dans une nouvelle position en Christ. «Il vous a maintenant réconciliés» (Colossiens 1: 21).

Il n'y a plus maintenant la moindre chose entre Dieu et nous; nous sommes venus à la gloire de Dieu, mais nous l'attendons encore quant à notre corps, et en l'attendant il nous a donné les arrhes de l'Esprit. Nous avons la réconciliation, nous l'avons avec Dieu. Christ l'a faite selon le caractère de Dieu, et nous devons aussi juger le péché selon ce caractère. Comment connaissons-nous cette oeuvre? par la foi; mais nous ne la recevons que lorsque nous avons jugé les ténèbres comme étant en effet ténèbres. Dieu dit: Où est mon Fils? le monde devra se reconnaître coupable de sa mort; il n'a point vu de beauté en Christ, il préfère maintenant le plaisir, la toilette, l'argent, la science, tout enfin, à Lui. J'ai encore beaucoup à apprendre, j'ai à passer par bien des combats, mais si j'appartiens à Christ, je suis réconcilié avec Dieu. «L'amour de Christ nous presse». C'est le motif de toute notre marche. Vous avez pu vivre pour vous-mêmes, très décemment peut-être, sans commettre aucun de ces actes que le monde appelle de grands péchés, mais il y a bon nombre d'honorables ennemis de Dieu, et la bonne réputation pourra-t-elle subsister en jugement? Un chrétien ne peut pas se proposer de vivre pour lui-même, mais vous, en pratique, vivez-vous pour vous-mêmes? Vous me direz que vous êtes occupés de choses innocentes: rien de ce qui est éloigné de Dieu n'est innocent. Vous êtes-vous jugés comme appartenant à un monde qui a rejeté Christ? Nous avons à abandonner le monde en détail, car la chair se montre sans cesse à l'improviste. Dieu a condamné le péché dans la chair. Il pardonne les péchés, mais le péché, l'état de péché, il le condamne il ne le pardonne pas. Connaissez-vous Christ, fait péché, et vous-mêmes justice de Dieu en lui? Pouvez-vous dire: Je suis réconcilié avec Dieu, j'ai été ramené à lui? Pouvez-vous dire: Je suis heureux de connaître à fond mon péché? «Sonde-moi, ô Dieu, et considère mon coeur».