Méditation sur Actes 7

 ME 1880 page 441

 

Ce chapitre est remarquable en ceci, que le Saint Esprit y donne le résumé de l'histoire de l'homme jusqu'au moment où Etienne fut mis à mort. Nous y trouvons le rejet du dernier témoignage de Dieu, toutes ses voies envers l'homme, leur résultat récapitulé par le Saint Esprit, quelle était la condition de l'homme, objet de ces voies, enfin la précieuse vérité que le chrétien, à son délogement, s'en va tout droit en paradis. Ce qui rend ce chapitre frappant, c'est qu'on y voit Etienne, le premier après Christ, qui entre dans le ciel par le même chemin que lui; en y entrant, il termine ainsi le témoignage tel qu'il était donné alors à l'homme sur la terre. C'est ici le moment où tout change dans l'histoire de l'homme, objet des voies de Dieu; où tout change dans ces voies elles-mêmes. Etienne va rejoindre Christ au ciel, et voilà ce qui met le sceau à son témoignage. Il raconte tout ce qui s'est passé depuis Abraham jusqu'à la mort de Christ, et puis il monte au ciel.

La grâce de Dieu apporte le salut. Le salut suppose quelque chose de perdu; si l'on est perdu, il faut nécessairement être sauvé; nous n'avons pas besoin d'être aidés, mais d'être sauvés, parce que nous sommes perdus: «Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut?» Il ne s'agit pas seulement d'un changement chez l'individu, bien que, en effet, un changement ait lieu dans toute sa marche, dans ses habitudes et dans son esprit. Dieu, descendant ici-bas, venait rencontrer l'homme dans la position où il était, et où, en aucune façon, il ne pouvait rencontrer Dieu, mais il venait le sortir de cette condition. Christ est mort, «le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu»; nous étions donc alors éloignés de Dieu, et il agit envers nous pour nous amener à Lui, parce que nous n'étions pas du tout en sa présence. La mort de Christ n'est nullement pour nous une aide; s'il n'avait pas été le Fils de Dieu, il n'aurait pu faire cette oeuvre. Le témoignage que nous avons du Seigneur Jésus, c'est «qu'il est venu chercher et sauver ce qui était perdu».

Le résumé qu'Etienne nous présente le démontre clairement et définitivement. L'homme est chassé du paradis, — le déluge vient, — la loi est donnée, — et nous savons tous ce qu'est le monde actuel. Ces voies de Dieu envers des pécheurs, et les épreuves diverses sous lesquelles il a placé l'homme sont importantes, parce que l'homme s'imagine qu'il peut remédier au mal. Eh bien! Dieu a fait tout ce qu'il pouvait faire, et le résultat, c'est que l'homme est déclaré perdu; je ne dis pas finalement perdu, car Dieu peut le sauver; mais dans son état actuel, il est entièrement éloigné de Dieu. Il n'a pas reçu la vie; par qui l'aurait-il? La vie est en son Fils: «Celui qui a le Fils a la vie»; si vous n'avez pas le Fils, vous n'avez pas la vie; il n'y a pas de milieu. Vous ne possédez pas ce qui vous met en relation avec Dieu. Il peut y avoir une conviction naturelle de péché; la loi peut être appliquée à la conscience; ou bien encore la grâce parfaite de l'évangile peut vous rendre confus à la pensée d'avoir vécu jusqu'ici sans aucun souci de ces choses. D'un côté, l'homme est coupable, de l'autre, il est perdu. Quant à sa position et à son état, il n'a point de justice. «Il n'y a pas un juste, non pas même un seul». Peut-être êtes-vous très aimable, agréable, d'un naturel doux, comme le jeune homme de Marc 10; le Seigneur le met à l'épreuve et aussitôt il s'éloigne de Christ, parce qu'il aimait l'argent. Il est très agréable de rencontrer chez les autres de l'amabilité, de la bienveillance, etc.; mais elles peuvent être naturelles dans l'homme, aussi bien que dans un animal quelconque; l'un est vicieux, l'autre a d'heureuses dispositions.

Remarquez le calme parfait d'Etienne devant le sanhédrin, comment il parcourt toute l'histoire dont les Juifs se glorifiaient (comme aussi Dieu pourrait vous retracer la vôtre et tout ce que vous avez fait), plaçant devant eux leur conduite, leurs actes, pour leur montrer à quoi ils en étaient venus et l'état auquel cela avait abouti. Il débute par l'histoire d'Abraham, en qui tout recommençait à nouveau. Les hommes avaient construit Babel, non comme quelques-uns l'ont imaginé, pour élever une tour si haute que les eaux n'y pussent atteindre, mais pour se faire un nom afin de ne pas être dispersés. Une fois dispersés, ils deviennent idolâtres, adorent les démons. Alors Dieu appelle Abraham. Il lui faut quitter son pays, sa famille, la maison de son père; la grâce vient le sortir entièrement de tout cela. Premièrement il ne sort qu'à moitié, et ne reçoit rien; mais lorsque Taré meurt, Abraham entre dans le pays. La position d'Abraham n'est nullement conditionnelle: «Et toutes les familles de la terre seront bénies en toi», c'est la bénédiction des gentils; Dieu vient en grâce et promet son Fils, ensuite il se met à agir envers l'homme de diverses manières, sous quatre dispensations différentes: la loi, les prophètes, son Fils, et l'action du Saint Esprit. Nous pécheurs, nous ne sommes pas dans le paradis, pas même dans un paradis terrestre; l'homme en a été chassé, car vous ne pouvez avoir en vous la corruption, les passions, les convoitises, et marcher avec un Dieu saint; cela ne peut et ne doit pas être; et si vous pouviez prendre l'homme tel qu'il est et le placer dans le ciel, il en sortirait aussi vite que possible.

Que va faire l'homme sous ces quatre dispensations de Dieu? Dieu donne la loi: «ils ne l'ont pas gardée»; les prophètes: «lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté?» son Fils: «lequel maintenant, vous avez livré et mis à mort»; le Saint Esprit: «vous résistez toujours à l'Esprit Saint». Tout ce que Dieu pouvait faire pour les hommes a été essayé, et voilà quel en est le résultat. Cette grâce, cette miséricorde spéciale qui les épargne en suite de l'intercession de Jésus, puis le témoignage d'un Christ glorifié s'ils veulent le recevoir, tout est inutile; ils renvoient le messager, et disent: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». Ils mettent à mort un Christ humilié et refusent le témoignage d'un Christ glorifié. Ici nous trouvons l'histoire de l'homme et celle de nos coeurs.

Qui n'a pas été en pratique sous la loi, et ne l'a pas enfreinte? Qui n'a pas entendu le témoignage et ne l'a pas rejeté? Christ n'a-t-il pas été présenté à tous et ne lui a-t-on pas préféré l'argent, la vanité, la toilette, et mille autres choses? Et enfin, le témoignage du Saint Esprit lui-même reste sans effet. Telle est la vraie histoire du monde, et celle du petit monde de votre coeur. Je vois que je suis un pêcheur; c'est le jugement que Dieu porte sur mon état, mais il y a un salut pour le plus indigne; s'il n'en était pas ainsi, je ne serais pas ici. Bien plus, lorsque «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes», lorsqu'il était venu en grâce dans ce monde ruiné, ils n'ont pas voulu de lui. Nous oublions facilement que nous sommes dans un monde où le Fils de Dieu a été, et où il n'est plus. Comment cela se fait-il? Dieu dit au monde: Qu'avez-vous fait de mon Fils? Que peut répondre le monde, sinon: Nous l'avons crucifié? Quelle raison avait-il pour cela? Jésus était-il vraiment un malfaiteur? Etait-il même sévère comme Jean-Baptiste? Il guérissait ici-bas tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance; il éloignait toutes les afflictions, même celle de la mort, manifestant Dieu, car Dieu était avec lui. Eh bien! dit le monde, nous ne voulons pas de Dieu, et comme Jésus se donnait volontairement, le monde a réussi à se défaire facilement de lui. Voilà ce qu'est l'homme! Dieu est venu en grâce au milieu du monde, l'homme n'a pas voulu de lui; seulement il y a ce fait additionnel, qu'il est mort pour nous.

Introduisez Christ là où les hommes s'amusent, dans une société aimable et paisible, ou bien dans une société grossière, quel en est l'effet? Immédiatement tout est arrêté. Voyez un homme restant seul pour quelques heures; il pensera à ses plaisirs ou à ses embarras, mais vous n'entendrez jamais que l'homme naturel pense à Christ, car Jésus n'est jamais dans son coeur, et si on le lui présente, sa disposition naturelle est de le rejeter. C'est là ce que Dieu dit de nous tous.

Que fait la sagesse? Elle ne nous justifie pas; elle justifie Dieu. Je justifie Dieu, là où je reçois le témoignage de ma condamnation. Je dis: Dieu a raison, il faut me repentir; mais aussi je justifie Dieu dans le témoignage de sa grâce souveraine en son Fils; je baisse la tête, mais dans un sentiment de reconnaissance. Lorsqu'un homme est vraiment enseigné de Dieu, il justifie Dieu.

Ensuite nous pouvons voir comment Dieu répond à cet état; c'est par l'évangile, caractérisé non pas par ce que j'ai pu faire, mais par ce que Dieu a fait. «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique»; «en ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés». Il sauve ce qui était perdu, il fait la propitiation pour nos péchés, il donne la vie à ceux qui n'en ont point en eux-mêmes. Christ est venu dans le monde pour montrer aux pécheurs ce que Dieu est pour eux, ce fait inexplicable, digne d'admiration, c'est que «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même»; Dieu lui-même est venu comme homme, manifester l'intérêt qu'il avait pour l'homme; il a tout traversé, lui, le saint, que le péché ne pouvait souiller, pour apporter la bénédiction de tout l'amour de Dieu à celui qui est dans le besoin. Qu'est-ce qui l'a donc amené ici-bas? Lui avais-je demandé de venir? C'est son propre amour, c'est l'amour parfait qui l'a fait descendre parmi nous. Je ne connais pas Dieu en raisonnant sur ce qu'il pourrait être, mais j'ai la bienheureuse connaissance de ce qu'il est. Du moment qu'il m'a fait voir tous mes péchés, je puis dire: Je connais mon coeur, mais je connais aussi le coeur de Dieu.

Les hommes disent que Dieu est miséricordieux cela signifie qu'ils espèrent que Dieu pensera aussi peu a leurs péchés qu'ils y pensent eux-mêmes; il est effrayant de voir combien l'homme fait peu de cas du péché. On trouve affreux de faire du tort à son prochain, mais on peut calomnier Dieu autant que l'on voudra; Dieu ne peut et ne veut pas être indifférent au péché; s'il l'était, il ne serait plus le Dieu saint. Peut-on songer à entrer souillé dans le ciel, à profaner le ciel même? L'amour qui ne se montre pas est un amour inutile; là où l'amour est profond et réel, il prend connaissance de mes besoins, pour y répondre complètement. En portant mes péchés dans son corps sur le bois, Christ a été fait péché pour moi; pour ce qui me concerne, tant l'arbre que les fruits, Christ est devant Dieu; la question du péché et des péchés a été parfaitement réglée. Je n'ai pas à attendre le jour du jugement pour reconnaître mes péchés ou pour savoir qu'ils sont ôtés. Quand nous avons la foi, «nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ»; et nous sommes, comme Dieu l'a dit, aussi blancs que la neige en sa présence.

Plus nous contemplons et sondons la croix, et plus nous voyons comment Dieu y a été parfaitement glorifié. Je reconnais que mes péchés y ont amené Christ. La seule part que j'aie à la croix, ce sont les péchés qu'il y a portés et la haine qui l'a mis à mort. Tant mieux pour moi, si j'en suis humilié jusque dans la poussière. Entre Dieu et Christ, l'oeuvre est divinement parfaite. La colère divine était telle, qu'à la pensée seule d'avoir à la porter, Jésus suait des grumeaux de sang, et tandis que mon coeur et ma conscience s'inclinent devant son oeuvre, je vois que Dieu s'est déjà occupé de mes péchés selon cette grâce qui les a tous ôtés, de manière à me mettre pour toujours à l'abri du jugement.

On peut être attiré par la grâce, ou bien alarmé par la frayeur de rencontrer le Seigneur; dans le premier cas, c'est l'amour qui entre dans mon coeur; dans l'autre, c'est la lumière qui pénètre dans ma conscience; or Dieu est lumière et amour. L'oeuvre par laquelle Christ porta et ôta mes péchés est parfaitement accomplie; c'est en vertu de cette oeuvre que Dieu l'a placé comme homme à sa droite; c'est là que je trouve le salut.

L'oeuvre est achevée, je l'accepte; je suis trop heureux de la posséder; mais ce qui me donne la paix, c'est que Dieu l'ait acceptée, car il a ressuscité Christ d'entre les morts. La gloire de Dieu lui-même, qui resplendit maintenant dans la face de Jésus Christ, témoigne que les péchés du croyant ne pourront jamais être remis en mémoire.

Tandis que jadis la gloire de Dieu nous alarmait et nous effrayait, maintenant Dieu a placé Christ à sa droite, afin que nous puissions contempler cette gloire en parfaite paix. Comment puis-je marcher avec Dieu, quand je ne sais s'il va me condamner ou non; je ne le puis si j'ai peur de lui mais je sais que je suis justice de Dieu en Christ.

Il est dans la gloire comme Sauveur. Oh! quelle pensée! Dieu s'est fait homme, il n'est plus voilé, il est venu ici-bas dans un amour sans bornes; il fait du jour du jugement un jour de triomphe pour le croyant! oui, de triomphe, mes bien-aimés. Le croyant sera parfaitement tel que Christ, «qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire».

«Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Je suis en Christ. Non seulement je suis purifié de tout le mal qui est en moi et délivré de tout ce que je suis dans le premier Adam, mais Dieu m'a introduit en Christ dans toute la bénédiction du second Adam. Je sais que, devant Dieu, je suis tel que Christ. C'est ce que les hommes appellent de la présomption; non, la présomption c'est de penser pouvoir se tenir devant Dieu sans être comme Christ. Dans la chair vous ne pouvez plaire à Dieu. Le Seigneur Jésus dit du jour où le Consolateur sera venu: «En ce jour-là vous connaîtrez que moi, je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous».

Il est beau de voir comment cela se réalise en Etienne; il était plein du Saint Esprit, et l'on ne saurait dire que chaque croyant le soit, bien que tous aient le Saint Esprit. L'effet que produit la contemplation de Christ dans la gloire, c'est d'être changés en la même image de gloire en gloire. Ce Christ qui est dans la gloire est celui qui a porté mes péchés. Puissé-je contempler cette gloire, y penser et la célébrer! «Il m'a aimé et s'est donné lui-même pour moi»; mon coeur fait de lui ses délices. En le contemplant, je suis «transformé en la même image»; mon coeur est rempli de lui. Dans un certain sens, Etienne est rendu parfaitement semblable à Christ; il dit: «Seigneur, ne leur impute point ce péché». Le Seigneur Jésus dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font». Etienne dit: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit». Le Seigneur dit: «Père, entre tes mains, je remets mon esprit».

Lorsque l'âme a réellement vu et connu Christ par la foi, comme étant celui qui l'a sauvée, elle devient telle que lui, mais il faut veiller chaque jour contre les tentations. Ce qui est très difficile pour nous dans ce monde, c'est d'avoir entièrement le dessus sur toutes les circonstances. Les Juifs, pleins de rage envers Etienne, le tiraient de force hors de la ville; mais, lorsque les pierres tombent sur lui, il se met à genoux et prie pour eux. Par la grâce du Seigneur, Etienne est l'homme paisible entièrement au-dessus des circonstances, toujours de sang froid, avec le coeur en haut, C'est ici que je vois l'effet produit par la réalisation de la présence de Christ. Selon la mesure dont nous vivons en haut, nous traversons les circonstances dans un calme parfait. Je conviens que cela est difficile, que cela demande la communion avec le Seigneur, et un coeur diligent à le chercher par la prière. Supposons que le monde nous fasse mourir; eh bien! nous allons directement au ciel, vers Christ, comme Etienne, témoin de Christ ici-bas et là-haut compagnon du Christ, auprès duquel il allait dans la joie de son coeur.

Maintenant, mes chers amis, à quoi en sommes-nous? Vos âmes se confient-elles en cette grâce dans laquelle le Seigneur est venu, en attendant son retour pour venir prendre ceux qui ont cru en lui?

Que le Seigneur nous donne d'avoir les yeux ouverts sur lui, pour connaître et goûter toute sa grâce. Alors nous serons capables d'attendre son Fils du ciel et de n'avoir nulle autre pensée que celle de lui plaire, tandis que nous sommes ici-bas. Que nos yeux soient attachés sur lui, là où il est, dans la gloire, afin que nous puissions lui ressembler, et nous réjouir d'une joie ineffable et glorieuse.