Le désert - Deutéronome 8

 ME 1880 page 461

 

Ce chapitre nous présente le désert, chose à laquelle en pratique nous avons à penser. Le désert n'était pas le dessein de Dieu. Son dessein était d'amener son peuple d'Egypte en Canaan; mais nous sommes conduits dans le désert, afin d'y apprendre à connaître les voies et le gouvernement de Dieu, pour que notre foi et notre espérance y soient exercées. Nous avons à apprendre dans le désert ce que sont ses voies envers nous. En Exode 3: 4, 5 et 6: 2-8, il n'est pas dit un mot du désert, non plus qu'en Exode 15. Mais de fait, le résultat de la sortie d'Egypte était d'amener le peuple dans le désert. Le résultat de la rédemption est que, dans le désert, nous avons beaucoup à apprendre touchant Dieu et nous-mêmes. Dieu a pris le croyant, l'a tiré d'où il était, et l'a amené à lui-même. C'est une complète délivrance de l'Egypte, et Canaan est là comme le dessein de Dieu envers lui, mais entre deux se trouve le désert. Le chrétien ne peut être dans une difficulté pour laquelle Christ ne serait pas suffisant, ni sur une route trop longue et trop sombre où il ne le puisse trouver.

Le repos de Dieu est là où Il peut trouver un repos parfait. Nous n'y sommes pas encore: en effet, pensez-vous que Dieu puisse trouver un repos dans ce monde? Y avez-vous trouvé le repos? Christ l'y a-t-il trouvé? Non, jamais. Bien qu'il fût l'amour parfait et au-dessus de tout mal, il ne pouvait se reposer dans ce monde. Quand les Juifs l'accusent d'avoir violé le sabbat, il dit: «Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille». Il travaille en grâce. L'amour pourrait-il trouver le repos au milieu de la douleur? Quand tout sera en harmonie avec sa pensée, quand tous les saints seront rendus parfaitement conformes à Christ en gloire, quand Christ sera glorifié, quand tout son dessein sera accompli, alors, comme il est écrit dans Sophonie, Dieu se reposera dans son amour: Il verra du travail de son âme et sera satisfait. Ce sera aussi notre repos. Il n'y aura plus rien qui s'oppose à ce que nous jouissions de l'amour et de la gloire de Dieu. La rédemption aura son plein résultat, et Dieu se reposera, parce que son amour n'aura plus rien à faire pour se satisfaire. Quant à notre conscience, elle est en repos maintenant; or cela n'a pas pour effet de nous introduire dans le repos, mais là où nous pouvons nous appliquer «à entrer dans ce repos».

Quant au présent, Dieu veut que nos coeurs soient en harmonie avec le sien, et cela dans notre vie de chaque jour; c'est pourquoi nous lisons ici: «Qu'il te souvienne de tout le chemin par lequel l'Eternel, ton Dieu, t'a fait marcher durant ces quarante ans dans ce désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour connaître ce qui était en ton coeur». Maintenant, dit Dieu, votre coeur et le mien ont besoin de s'entretenir un peu ensemble. Je vais vous montrer ce qu'il y a dans votre coeur, et vous faire voir que je le connais. Il nous a amenés à lui-même, et pensez-vous que si tout dans votre coeur ne lui est pas amené, les choses soient en règle entre nous et lui? Croyez-vous qu'un père aime à voir le coeur de son enfant tout différent du sien? Dieu aime que l'esprit, la pensée, tout le ton de la vie soit chez son enfant en accord avec Lui. C'est pour nous apprendre cela, qu'il nous fait passer à travers le désert. Il n'est pas question de l'imputation du péché, mais des voies de Dieu envers l'âme. On voit souvent un vrai chrétien ne pas savoir, sur son lit de mort, où il en est, parce que, jour après jour, il n'a pas tout réglé avec Dieu. Paul disait: «A cause de cela, moi aussi je m'exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes». Cet exercice avait pour but d'avoir en toutes choses son coeur en harmonie avec le coeur de Dieu. Tel était le coeur de Christ. Il pouvait dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent». Enoc marcha avec Dieu, et il reçut le témoignage d'avoir plu à Dieu. Il marchait dans la présence de Dieu et le résultat en était qu'il plaisait à Dieu. Marchons-nous avec Dieu? On ne peut marcher avec lui, sans que toutes choses soient mises à découvert devant lui. Si l'on a quoi que ce soit sur la conscience, on ne saurait être heureux. A chaque pas que nous faisons avec lui, nous le voyons mieux, la lumière devient plus vive, et nous avons à juger des choses qu'auparavant nous ne savions pas qu'il fallût juger.

Nos coeurs sont-ils à la hauteur de ce que nous connaissons de la gloire de Dieu? Et supposons qu'ils ne le soient pas, quel est l'effet de la présence de Dieu? C'est de mettre la conscience en activité, afin de nous amener dans la communion de Dieu. «Mon fils, donne-moi ton coeur». Nos coeurs sont-ils absolument, entièrement donnés à Dieu?

«Il t'a humilié», il nous amène à voir ce que nous valons; «il t'a fait avoir faim», il nous fait vivre d'une vie de foi; «il t'a nourri de manne». Ne faisons-nous pas souvent comme les Israélites qui disaient: Nos âmes sont ennuyées de ce pain si léger? N'est-il pas vrai que quelquefois Christ ne satisfait pas le coeur? «Celui qui vient à moi, n'aura jamais faim», dit-il; «et celui qui croit en moi, n'aura jamais soif». Il est tout naturel que si nos coeurs sont attachés à quelque chose d'autre, Christ ne nous satisfasse pas.

«Afin de te faire connaître que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l'homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu». Christ dans le désert cita au diable ces paroles. Il avait pris la forme de serviteur pour être obéissant, et il n'avait point reçu de Dieu l'ordre de changer les pierres en pain. Il restait tranquille jusqu'à ce que la volonté de Dieu le fît agir. La parole du Seigneur demeure éternellement; elle vient de Dieu, elle est céleste, et celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

Remarquez encore une autre chose, c'est que, tandis que Dieu garde les Israélites dans la dépendance de sa parole pour les guider, il ne permet pas que leurs vêtements s'envieillissent sur eux: il pense à tout pour eux. «Il ne retire point ses yeux de dessus le juste». Il ne cesse pas un moment de penser aux siens.

Nous trouvons ensuite un autre caractère de ces soins: «L'Eternel ton Dieu, te châtie, comme un homme châtie son enfant». En premier lieu, Dieu nous fait passer au travers de circonstances qui nous exercent, nous nourrissant et prenant de nous un soin qui ne manque jamais. Mais à côté de cela, il y a la discipline positive, le brisement de la volonté; et ainsi nous nous glorifions dans les tribulations, parce qu'elles produisent la patience. Dieu nous place dans le désert pour briser notre volonté. Chaque jour on voit Dieu agir ainsi, et au lieu de le reconnaître, on ne sait plus où l'on en est, et l'on met en question son amour. Arrêtons-nous un moment sur Romains 5. Dieu nous aime comme il aime Christ, et nous nous réjouissons dans l'espérance de la gloire où Christ est entré. Quant au passé, pas un péché n'est laissé sur moi; dans le présent, je jouis de la parfaite faveur de Dieu; l'avenir me présente la gloire où est Christ. «Et non seulement cela». Après avoir tout parcouru, ce n'est pas tout. Non seulement je me réjouis dans l'espérance de la gloire de Dieu, mais je me glorifie aussi dans les tribulations, parce que, tandis que je m'y trouve, Dieu ne retire pas ses yeux de dessus moi. «L'espérance» alors devient d'autant plus brillante; en effet, je dis: «Ah! mon repos n'est pas ici: c'est une chose évidente». Et l'espérance ne rend pas honteux, parce que j'ai la clef de tout dans l'amour de Dieu qui est versé dans nos coeurs. Les voies et l'opération de Dieu ont pour but de faire que nous nous connaissions nous-mêmes. L'amour ne peut être mis en question, puisque c'est lui qui est la clef de tout. Comment Dieu a-t-il constaté son amour? Le verset suivant le dit: «Christ est mort pour des impies». Ensuite l'apôtre dit de nouveau: «Et non seulement cela». Quoi donc? Ce n'est pas tout? Non. «Nous nous glorifions en Dieu»; nous ne nous réjouissons pas seulement d'avoir part au salut, et d'être dans sa faveur, mais nous nous réjouissons en Dieu. J'ai appris à me connaître moi-même, j'ai vu combien j'oubliais Dieu, mais dans ce jugement même du moi, j'ai appris à me glorifier en Dieu. C'est pour amener le coeur dans cet accord avec lui-même, que Dieu doit le briser et l'humilier, mais jamais cet accord n'est obtenu, jamais on n'arrive à avoir d'une manière bien établie la conscience de cette association avec Dieu, à moins que ses voies et son opération n'aient atteint le fond même du moi. Ce n'est pas que plus tard nous n'ayons encore à lutter avec le moi, mais il est brisé, et nous n'avons pas de confiance en nous-mêmes.

L'homme naturel dit: «Où fuirai-je loin de ta face?» Mais à la fin du Psaume 139, nous lisons: «Sonde-moi, et considère mon coeur». Jusqu'au point où vous en êtes de la connaissance des choses divines, votre coeur est-il en harmonie avec elles? Pouvez-vous dire: «Sonde-moi, ô Dieu?» C'est quelquefois une chose pénible. Ce qu'il y avait de mal en Job, c'est qu'il se complaisait en lui-même. Il avait dit: «L'oeil qui me voyait déposait en ma faveur»; mais il apprend à dire: «Maintenant mon oeil t'a vu. C'est pourquoi j'ai horreur de moi-même». Quant à l'expérience que j'ai faite du moi, je m'abhorre moi-même. «Conduis-moi par la voie éternelle» (Psaumes 139), disait David. Chers amis, il y a une voie éternelle, et c'est dans cette voie que Dieu vient et sonde le coeur. Etes-vous satisfaits de voir sonder chacun de vos motifs? Il faut qu'il en soit ainsi, pour que votre communion avec Dieu et votre joie en lui soient complètes et ininterrompues.

Il y a ces trois choses: l'épreuve de nos coeurs, le châtiment et le conflit avec Satan (verset 15), «pour te faire enfin du bien». Si nos âmes désirent marcher dans la communion et la paix de Dieu, nous devons l'apprendre dans le désert où nous faisons l'expérience qu'il n'y a aucun bien en nous, mais où nous apprenons aussi à connaître Dieu dans la perfection de son amour. C'est la joie et la communion actuelles avec Dieu, et si nous y marchons, si le moi a été connu, quand la mort arrive, tout va bien: «Absent du corps, présent avec le Seigneur». C'est le plus beau moment de la vie. Quelques-uns ont à apprendre sur leur lit de mort à s'abhorrer eux-mêmes, de là beaucoup d'exercices d'âme. Il faut passer par tous ces exercices qui conduisent à la connaissance de soi-même. Il ne s'agit pas de savoir si Dieu nous a rachetés ou non, mais c'est Dieu agissant envers nous comme étant rachetés afin que nous nous glorifiions en lui. «Parce que ta faveur est meilleure que la vie, à cause de cela mes lèvres te loueront». Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse». Si nous désirons marcher en glorifiant Dieu dans la communion du Père et du Fils, il nous faut passer par ceci: «avoir la conscience exercée pour être sans reproche», afin que nous puissions marcher avec Dieu. Et quant aux affections du coeur, il peut y avoir Christ au fond, et à l'extérieur une marche que personne ne peut blâmer. Mais entre deux il y a une autre chose — toutes les pensées et les intentions du coeur; ce que nous sommes pratiquement dans nos pensées et notre vie intérieure. Notre âme doit être pratiquement exercée; il nous faut apprendre les voies de Dieu envers nous, afin que nous puissions être en harmonie avec Lui.

Que le Seigneur nous donne de connaître mieux ce que c'est que de marcher avec Dieu, afin que nous possédions ce genre de paix que Christ avait dans sa marche ici-bas: cette paix du coeur que l'âme connaît en marchant avec Dieu, en communion avec le Père et le Fils. Que le Seigneur nous donne de savoir ce que c'est que d'avoir tout dans le coeur à découvert devant Dieu.