Qu'est-ce que le Dieu fort a fait? - Nombres 23: 23

 ME 1881 page 75

 

La pensée suggérée par ce passage, c'est que notre état spirituel doit correspondre à la position dans laquelle nous avons été placés. Il en est toujours ainsi lorsque notre conscience est bonne: nous jouissons de la position à laquelle nous avons été amenés, selon la mesure dans laquelle nous y entrons pratiquement. Mais, pour accepter cette position, il faut que le coeur soit brisé, que l'orgueil de l'homme qui voudrait se tenir la tête haute devant Dieu soit mis en pièces, cet orgueil, la pire chose de toutes, car je ne parle pas ici des péchés grossiers.

L'homme, dans le cours de sa vie ordinaire, n'a pas l'idée que le péché le sépare de Dieu; mais c'est autre chose si nous en venons à la question de la justice. Nous savons tous que nous avons péché, que le ciel est un lieu saint, et cependant nous espérons y entrer, que ce soit par le moyen de la miséricorde divine ou de ce que vous voudrez. L'homme désirerait être autrement qu'il n'est, s'il lui fallait être jugé tout à l'heure. Il faut que la conscience soit réveillée directement par une révélation divine; la lumière se fait alors pour nous, rend toutes choses manifestes et nous place tels que nous sommes dans la présence de Dieu. Du moment que nous y sommes, l'orgueil de notre coeur disparaît, car il ne se trouve que là où Dieu n'est pas. De qui l'homme aurait-il peur si ce n'est de Dieu? Ayant affaire à Dieu, il aura de la crainte, une juste crainte qui est le commencement de la sagesse; mais l'orgueil de sa conscience a disparu désormais.

Dans les versets que nous avons lus, nous trouvons la justification absolue; Dieu ne voit point du tout de péché dans les siens. Considérez comment cela nous est présenté ici. C'est Dieu, déclarant d'une manière absolue ce que nous sommes, entièrement en dehors de ce que nous avons fait. Or, qu'est-ce que Dieu a fait? Pour en jouir il n'est pas besoin d'expérience, mais il faut que l'orgueil du coeur ne soit plus.

Avant ce chapitre 23, tous les manquements, toutes les fautes du désert avaient déjà en lieu. L'ennemi, l'accusateur des frères, pouvait-il relever toutes ces fautes et en faire une barrière qui empêchât Israël d'entrer dans le pays de la promesse, qui nous empêche d'entrer au ciel, car pour nous, Canaan, c'est le ciel. Non! Satan lui-même ne le peut pas (Deutéronome 9). Dans ce moment-là, c'était comme si l'accusateur avait posé cette question: Pourrez-vous entrer, oui ou non? Qu'avait dit Moïse de ce peuple? Il avait rappelé leurs murmures incessants. «Vous avez été rebelles à l'Eternel, dès le jour que je vous ai connus» (Deutéronome 9: 24). Et Dieu, que dit-il? «Je n'ai point aperçu d'iniquité en Jacob, ni vu de perversité en Israël».

Chers amis, il nous faut être devant Dieu dans l'humilité que donne le sentiment de sa grâce, ou bien, il nous faut rencontrer un Dieu qui nous brise. Quelle place appartient à l'homme devant Dieu? L'humilité; et, s'il est humble, ses délices sont de n'être rien, et de recevoir tout de Lui. Une fois là, l'état normal du chrétien, le chemin qu'il doit suivre, est de vivre à la hauteur de ses privilèges. Christ est sa vie; il est accepté en lui; il marche désormais par l'Esprit, ce qui n'exclut pas le jugement continuel de lui-même; mais le jugement de l'Esprit dans un saint est autre chose que le jugement que Dieu porte sur lui. Par l'Esprit de Dieu, je vois en moi telle chose qui n'est ni de la douceur, ni de la bonté l'Esprit de Dieu me juge d'après ce que je suis, ce qui est juste; mais quand Dieu me juge, c'est d'après ce que Christ est.

L'Esprit de Dieu juge chaque chose en nous qui n'est pas selon Dieu, mais lorsque Dieu répond à l'accusateur, son jugement actuel, absolu, sur moi, est selon ce que Christ est, selon l'œuvre qu'il a accomplie. «Dieu n'est point homme pour mentir»: toute accusation est condamnée au silence; toute l'hostilité de l'ennemi est réduite à néant; et pourquoi cela? c'est qu'elle a rencontré Dieu (verset 21). «Il n'a point aperçu d'iniquité en Jacob, ni vu de perversité en Israël». Et Moïse, je le répète, n'avait-il pas vu autre chose? En un sens, Dieu avait tout vu. Mais pourquoi donc ne le voit-il plus? c'est qu'il l'a ôté lui-même. Ces choses-là ne se voient plus jamais, lorsque c'est Dieu qui prononce son jugement sur nous. Ce n'est pas qu'il tolère le mal; il avait humilié le peuple; il l'avait éprouvé, pour connaître ce qui était en leur coeur; Israël avait ainsi traversé le désert; il les avait châtiés à cause de leurs péchés. Au chapitre 8 du Deutéronome, vous trouvez toutes les voies de Dieu en grâce envers eux; mais, dans notre passage, tout repose sur Dieu lui-même; ici, je trouve Christ, l'Agneau immolé, dans la présence de Dieu. Supposez que je sois brisé, humilié, et que je m'adresse à Dieu; que trouverai-je auprès de lui? J'y trouve l'Agneau immolé, un homme, et cela me prouve que Christ a accompli l'oeuvre, qu'il est ressuscité, qu'il a ôté mes péchés. «En la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par le sacrifice de lui-même». A quelque moment que je vienne, je trouve Christ là. Dieu ne voit point d'iniquité en moi, parce que Christ l'a ôtée. C'est là ce que Dieu a fait, non pas ce que j'ai fait. Il a entrepris l'oeuvre, et j'apprends que, «par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés». Christ ne pouvait tolérer le péché; qu'a-t-il fait? m'a-t-il ôté de devant lui? Non, mais il a ôté mon péché.

Nous ne saurions nous juger assez ni trop sérieusement. L'homme converti aime la sainteté; mais la question que je pose est celle-ci: Le Dieu fort est-il satisfait de ce qu'il a fait? c'est fort simple et cela dépasse toute expérience. L'expérience est l'oeuvre du Saint Esprit en nous, mais c'est l'oeuvre du désert: «Tu as conduit le peuple que tu as racheté». L'expérience est bonne, mais lorsqu'on est arrivé au bout de toute expérience, on ne trouve plus que ceci: «Qu'est-ce que le Dieu fort a fait?»

«Ils sont étendus comme des torrents, comme des jardins près d'un fleuve, comme des arbres d'aloës que l'Eternel a plantés, comme des cèdres auprès de l'eau» (Nombres 24: 6). Son oeuvre dans nos coeurs, c'est que nous le suivions en justice et en vraie sainteté. Tel est le résultat, après que le Dieu fort a agi. Il m'a pris par la main et m'a tiré hors d'Egypte. Qui condamnera? Condamnez-vous vous-mêmes, lorsque vous avez tort. Mais n'importe celui qui condamne, puisque Dieu justifie; c'est là le grand point. Etes-vous content de vous-mêmes? Dans ce cas, vous ne connaissez pas Dieu du tout. Satan peut vous accuser de manière à attirer sur vous un châtiment pour votre bien, mais jamais le jugement.

(verset 24). «Voici ce peuple se lèvera comme un vieux lion». Nous arrivons maintenant à la force. «La loi de l'Esprit de vie m'a affranchi de la loi du péché et de la mort», et la conséquence c'est que je trouve de la puissance contre le mal.

Lecteur, votre coeur et votre conscience ont-ils trouvé ce fondement-là? Lorsque votre conscience vous place devant le siège judiciaire du Christ, votre coeur peut-il s'y tenir, fondé sur ce que le Dieu fort a fait? ou bien, cherchez-vous un fondement pour votre acceptation dans ce que vous avez fait vous-même? Vous jugez-vous selon votre propre appréciation dans le désert ici-bas, ou selon l'appréciation de Dieu, en haut, sur la montagne? C'est Dieu qui justifie, l'oeuvre tout entière est de Dieu et c'est là une chose précieuse entre toutes!

Ah! maintenant nos coeurs peuvent se reposer, et voir la fin, l'entière condamnation de tout ce qui appartient au vieil homme. Le coeur ne peut se reposer que sur ce que le Dieu fort a fait. Le coeur humain regimbe contre cela, car l'homme aime à être quelque chose; mais plus nous approfondissons cette oeuvre, plus nous en voyons la valeur. Jugeons-nous nous-mêmes et marchons en sainteté pratique, selon ce que le Dieu fort a fait. Je vais lui être rendu semblable. Eh bien! il me faut lui ressembler déjà ici-bas, portant partout dans le corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans mon corps.

Que le Seigneur nous brise complètement, qu'il nous vide de nous-mêmes, de toute pensée que nous pouvons faire quelque chose, et qu'il nous garde en sa présence, afin que nous goûtions dès maintenant la joie de cette présence, et que nous puissions y demeurer dans la paix!