Méditations sur les premiers chapitres du Lévitique

 Darby J.N. -  ME 1881 page 241

 

Méditations sur les premiers chapitres du Lévitique. 1

L'holocauste (Lévitique 1) 1

L'offrande du gâteau (Lévitique 2) 6

Le sacrifice de prospérités (Lévitique 3) 13

 

L'holocauste (Lévitique 1)

Il faut distinguer les deux premiers sacrifices, et le troisième qui en est comme l'appendice, des deux autres mentionnés ensuite. L'holocauste et l'offrande du gâteau sont à part, le sacrifice de prospérités en dépend, puis viennent les sacrifices pour le péché et pour le délit qui ont un autre caractère.

Dans la pratique, lorsqu'il s'agit de leur application, les sacrifices se présentent à nous dans un ordre opposé à celui où ils nous sont révélés ici. Dans leur révélation, nous les voyons comme Dieu nous les présente, comme il voit Christ; mais dès que nous avons à en faire usage, c'est notre besoin qui vient le premier. Ici c'est le côté de Dieu, un sacrifice fait par feu en bonne odeur à l'Eternel, expression qui n'est jamais employée quand il s'agit du sacrifice pour le péché, sauf dans un seul passage.

Ce qui donne un caractère tout particulier aux deux premiers sacrifices, c'est leur aspect du côté de Dieu, selon Son caractère et Sa nature.

Lorsque nous venons à Dieu comme pécheurs, c'est au sujet de nos péchés, mais la signification et la valeur de la mort de Christ ont une tout autre importance à nos yeux, lorsque nous voyons la part que Dieu y trouve. J'ai à confesser mes péchés, ce qui est la seule manière vraie de me présenter devant Dieu; je trouve alors qu'il y a propitiation par la foi en son sang; je trouve enfin tout ce qui est essentiel par rapport à Dieu dans ces sacrifices.

Dans l'holocauste, il ne s'agit pas d'un péché particulier, quoique ce soit bien pour le péché; mais ce n'est pas la confession individuelle d'un péché particulier.

Il est assez frappant que, jusqu'à l'institution de la loi, nous ne trouvons pas de sacrifices pour le péché, sauf dans l'histoire de Caïn, où, je n'en doute pas (quoique ce soit une question d'interprétation), le passage signifie: «le sacrifice pour le péché est à la porte». Péché et sacrifice pour le péché sont le même mot, qui, jusqu'à la loi, n'est plus jamais employé dans ce sens, tandis que nous rencontrons souvent l'holocauste et le sacrifice de prospérités.

L'holocauste est le grand sacrifice, parce qu'il s'agit ici de la gloire de Dieu dans ce qui a été fait pour le péché. Nous devons nous approcher, comme je l'ai dit, avec le sacrifice pour le péché: «Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés;» mais c'est autre chose, chers amis, de considérer l'offrande et le sacrifice de Christ, glorifiant parfaitement Dieu dans tout ce qu'il est, et cela par rapport au péché. Il dit: «A cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie», parole bien remarquable, car personne ne pourrait alléguer devant Dieu une cause à son amour; Christ pouvait le faire. La différence entre l'amour divin et l'amour humain, c'est que Dieu constate son amour à lui, envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs Christ est mort pour nous. Pour des motifs suffisants, l'homme sacrifiera sa vie, mais, sans aucun motif, Christ s'est donné lui-même et Dieu a donné son Fils. Cela caractérise l'amour. En Jean 10: 11, il met sa vie «pour ses brebis», mais au verset 17, il ne dit pas que ce soit pour les brebis. Il a glorifié Dieu dans la mort, dans le lieu même du péché, et maintenant il est glorifié comme homme à la droite de Dieu. Il monte à la place où moralement nous trouvons ce qu'était le sacrifice aux yeux de Dieu.

Il n'est rien dit du péché dans le chapitre premier du Lévitique, bien que le péché y fût, et le sang versé, et la mort, montrant ainsi que c'était bien du péché qu'il était question; et cependant le sacrifice était entièrement en bonne odeur, caractère précieux du sacrifice de Christ, qui règle toute la question du bien et du mal devant Dieu. Il y avait un fait terrible: le péché était entré dans la créature privilégiée de Dieu. On dit qu'Adam apprit à connaître le mal, tandis qu'il n'avait jusqu'alors connu que le bien; mais ce n'est pas du tout cela: «l'homme est devenu comme l'un de nous sachant le bien et le mal;» c'est-à-dire qu'il connaissait la différence entre le bien et le mal.

C'était dans l'homme que Dieu voulait être parfaitement glorifié. Ses délices étaient avec les fils des hommes; il n'a pas pris les anges, mais la semence d'Abraham; nous devons être éternellement conformes à l'image du Fils de Dieu. Mais, dans l'intervalle, Satan a eu le dessus sur le premier homme; après la convoitise vint la transgression, et quant à sa responsabilité, tout fut perdu. Sa position dépendait d'une seule petite chose qui exigeait l'obéissance; il aurait pu manger de tout arbre du jardin, si Dieu ne lui avait pas dit de ne pas le faire; il ne s'agissait point d'un péché positif, mais Dieu réclamait l'obéissance. Il y avait de quoi rendre confus les anges, quand ils virent l'oeuvre magnifique de Dieu ruinée. La convoitise et la violence remplirent la terre, tellement que Dieu détruisit le tout. Chacun sait ce qu'est le mal; vous ne pouvez entrer dans une grande ville, sans voir que le mal est tel, que nul, si ce n'est Dieu lui-même, ne pourrait avoir la patience de le supporter; on a dit avec raison que si le monde tel qu'il est était remis aux mains de l'un de nous, il ne se passerait pas une heure sans que nous l'eussions détruit. L'homme, sous la main de Satan, s'est dégradé et a tout tourné à confusion.

Mais voici un autre point, chers amis: Dieu a mis l'homme à l'épreuve de toute manière. Y avait-il un remède à son état? D'abord il les détruit par le jugement, puis il appelle Abraham; vient ensuite l'épreuve de la loi. Toutes les choses exigées par la loi étaient déjà auparavant des devoirs — la loi n'en faisait pas des devoirs, mais elle en établissait l'obligation, et Dieu exigeait que l'homme les accomplit. L'introduction des sacrifices en fut la conséquence. Quant à l'état du coeur de l'homme, rien ne pouvait être plus décisif que de rejeter Dieu pour le remplacer par le veau d'or, la chose qu'il lui était défendu de faire. — C'est alors que survient une chose entièrement distincte. L'homme étant non plus un pécheur seulement, mais un transgresseur, Dieu vient en bonté, réconciliant le monde avec lui-même, n'imputant pas les transgressions. Il vient en bonté parfaite, s'approche de l'homme, le touche, pour ainsi dire, parfait en sainteté dans toute Sa marche, mais manifestant l'amour divin dans toutes ses actions; fait chair, il demeure parmi nous: il ne vient pas nous visiter comme il visitait Abraham, mais il demeure ici-bas comme homme, manifestant ce qu'il est envers les hommes. Ce fut la dernière épreuve à laquelle Dieu soumit l'homme, pour voir s'il pouvait réveiller en lui quelque sentiment pour Dieu. Venu en bonté de la part de son Père, marchant au milieu des hommes en grâce, de telle manière qu'il n'y avait pas d'affliction à laquelle il ne répondît, nous savons comment, pour un temps, tout cela prit fin; il fut totalement rejeté, et cela clôt l'histoire de l'homme, son histoire morale. Non seulement l'homme avait péché de manière à être chassé d'un paradis innocent, parce que lui n'était plus innocent, mais il avait rejeté le Fils de Dieu, venu en amour.

Et maintenant vient l'accomplissement de l'oeuvre divine de la rédemption: il y a eu un sacrifice. Le Fils béni de Dieu se donne lui-même; il est fait péché aux yeux de Dieu, complètement seul, et, quant à la souffrance de son âme, abandonné de Dieu. La question du péché est résolue. Il faut, sans doute, que je m'approche avec ma culpabilité, mais ici la question est présentée du côté de Dieu. Je trouve le mal absolu dans l'homme, mais Christ vient rencontrer l'homme avec la révélation parfaite du bien. Cela ne lui attira que de la haine, car la pensée de la chair est inimitié contre Dieu; que haine contre un Dieu manifesté en bonté. Je trouve aussi la puissance complète de Satan sur l'homme; les disciples même de Christ l'abandonnent, la foule branle la tête sur lui, heureuse d'être débarrassée à la fin de Dieu et du bien. Il était descendu si bas pour nos péchés et pour la gloire de Dieu, que même le brigand crucifié avec lui pouvait l'insulter!

Dans la personne du Seigneur, je trouve tout le contraire. Il est l'homme parfait en bonté, en amour pour le Père, obéissant à tout prix. «Afin que le monde connaisse que j'aime le Père; et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais». Parfait dans le lieu même du péché, au lieu où cette question a été réglée, fait péché devant Dieu, dans un amour parfait pour son Père et dans une parfaite obéissance, tel est Christ.

Mais encore, à la croix, je vois Dieu qui agit en justice absolue contre le péché, en amour parfait pour le pécheur; l'homme dans son absolue méchanceté; la puissance complète de Satan; l'homme dans une obéissance absolue.

La croix de Christ établit la base de tout cela; les anges ont désiré considérer ces choses jusqu'au fond, quand ils ont vu le Juste souffrant pour les injustes! Ce n'était pas une miséricorde qui par faiblesse ne tenait compte ni de la sainteté, ni de la justice, mais c'était l'expression absolue de la majesté et de la justice. «Il convenait pour lui» que si le Fils de Dieu était fait péché, il fut traité comme tel, sans aucun moyen d'échapper! Il s'est donné lui-même pour cela: «Tu m'as formé un corps». Là il était complètement seul; personne pour le consoler; des puissants taureaux de Basan l'environnaient; il dit: «Ne t'éloigne point de moi, ô Eternel!» et il est abandonné de Dieu. Tel était l'état de l'homme, qu'il était enchanté de se débarrasser de Dieu, d'un Dieu venu non pas pour le juger, mais pour le réconcilier avec lui-même.

Mais il s'agissait des conseils éternels de Dieu, et Christ s'est livré lui-même. Et quand il se donnait ainsi, tout ce que Dieu est fut manifesté et glorifié dans le lieu même où l'homme, sous la puissance de Satan, avait réussi à se défaire de Christ, et où Dieu a été glorifié en lui. C'était là le secret de Dieu, il se servait, pour l'accomplir, de la chose même que Satan employait pour l'empêcher. La puissance de Satan semblait triompher en ôtant Christ du monde, mais c'est alors que la solution de tout avait lieu, et que Dieu établissait une bénédiction immuable. Tout ce sur quoi la justice éternelle est fondée était désormais accompli. Il ne s'agissait pas d'un état d'innocence dont la durée dépendit d'une responsabilité à laquelle on n'avait pas encore satisfait: la bénédiction invariable des nouveaux cieux et de la nouvelle terre dépend d'une oeuvre dont la valeur ne peut changer.

Moralement parlant, c'est la croix qui maintient tout. C'est à la croix que la question du bien et du mal, soulevée dans le jardin d'Eden a été résolue. J'y trouve le Fils de Dieu, n'usant jamais de sa puissance divine pour se soustraire aux douleurs, ou pour les empêcher, mais s'en servant pour être soutenu au milieu de la souffrance, et pour porter ce que personne sans cette puissance n'aurait jamais pu traverser. Lorsque je viens à Dieu par la croix, je comprends ce qu'est le péché, non seulement mes péchés actuels, mais j'apprends qu'en moi, il n'existe aucun bien.

A la croix quelqu'un a été cloué, a été fait péché devant Dieu, au moment même où le péché manifestait pleinement son caractère dans le rejet de Christ. Et là même où l'homme ayant été démontré comme entièrement pécheur, Christ a pris sa place, tout ce que Dieu est a été mis en évidence. Où pourriez-vous trouver l'entière justice à l'égard du péché? Nulle autre part qu'à la croix qui établit la justice parfaite contre le péché, et l'amour pour le pécheur, dans une seule et même oeuvre, dans un homme, lorsque le péché éclatait sous son caractère le plus odieux.

Considérez Christ au tombeau de Lazare; quelle scène remarquable! Le Seigneur était là dans la plus parfaite obéissance, car lorsqu'il reçoit cet affectueux message: «Seigneur, celui que tu aimes est malade», il reste encore deux jours au lieu où il était. La mort pesait sur tous leurs esprits; mais lui, qu'est-ce qui le faisait pleurer? Il ne pleurait pas sur Lazare. La mort était là, c'était la fin de tout; mais non: «Je suis la résurrection et la vie». Je suis entré dans cette scène où la mort pèse sur vos coeurs, et là même je suis la résurrection et la vie. Et, lorsque la chose eût été démontrée, il se rend à la mort, que l'oeil même de Thomas voyait au bout de son chemin. Il ne reste pas une flétrissure, pas une tache, sur ce que Dieu est. Non seulement son juste jugement est manifesté à l'égard du péché, comme il ne pouvait l'être nulle part ailleurs, mais son amour, en ce qu'il n'a pas épargné son propre Fils. Cette oeuvre et cet acte de Christ sont montés en parfum de bonne odeur devant Dieu: il s'est livré lui-même, dans un parfait dévouement d'amour à son Père; ainsi l'amour parfait a été manifesté, avec tout ce que Dieu est. «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui». Extérieurement, le déshonneur, mais une gloire morale resplendissante. Ce qu'il y avait dans la nature de Dieu, et ce qui était dans l'homme, la haine ouverte contre Dieu, tout cela a été mis en lumière; Christ s'est donné entièrement et volontairement, afin que Dieu fût parfaitement glorifié, de sorte que, en ce sens, Dieu était le débiteur de l'homme pour la gloire infinie qui lui a été rendue, là où le péché, là où la mort étaient entrés. Il fut cloué à la croix, comme fait péché, et Dieu est bien plus glorifié que si le péché n'eût jamais existé. C'est une chose merveilleuse; jamais il n'y eut rien de semblable! Il a porté nos péchés, son Nom en soit béni; mais y a-t-il rien de comparable au Fils de Dieu fait péché? Nul de nous ne peut en parler comme il le faudrait, mais j'espère que nos coeurs en sont occupés et s'en nourrissent.

Je n'ai pas encore fait remarquer que celui qui offrait le sacrifice le faisait pour être accepté. Je laisse maintenant l'offrande, pour m'occuper de l'homme qui s'approchait par elle. «Par la foi Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce sacrifice, il a reçu le témoignage d'être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons». En me présentant avec ce sacrifice (il est important que nos coeurs le retiennent), je suis accepté dans le Bien-aimé, selon la valeur de ce parfum de bonne odeur. Je vais à Dieu avec la bonne odeur de tout ce que Christ est; ce n'est pas seulement que mes péchés sont ôtés et que je puis me tenir devant Dieu en justice, mais, allant à lui par ce en quoi Dieu trouve ses délices, il les trouve nécessairement aussi en moi, et je suis aimé comme Christ est aimé. Cela me met en relation et en communion avec Dieu, touchant la valeur de la place de Christ. Je sais qu'il prend un plaisir parfait en moi, créature de nulle valeur en elle-même, et plus je saurai cela, mieux cela vaudra; mais il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. En lui je vais à Dieu, dans la perfection de la bonne odeur de Christ. Il n'est pas question d'un péché spécial, mais je vais à Dieu dans la conscience d'être accepté comme objet de son bon plaisir; je vais comme étant le fruit du travail de son âme, Dieu voit en moi la perfection de l'oeuvre de Christ, et cette oeuvre est pour toute l'éternité, mais actuellement elle remplit nos coeurs de paix et de joie.

Nous devons nous présenter avec le sacrifice pour le péché; mais nous y trouvons bien plus encore: nos péchés actuels ne sont pas même mentionnés, mais nous nous approchons dans le sentiment de ce que sa gloire exige, accomplis en Christ là où était le péché, et aussi avec la certitude qu'il n'y a rien dans le caractère de Dieu qui n'ait été parfaitement glorifié, et cela en amour envers nous. Non seulement mes péchés sont ôtés, mais je m'approche, offrant Christ, pour ainsi dire. Je présente Christ, et Dieu rend témoignage à mon don. Quelle est la mesure de ma justice? Christ; et à cause de cela nous sommes reçus à la gloire de Dieu. Et maintenant, quoique faible et infirme ici-bas, lorsque je parle de ma position devant Dieu, c'est selon tout le bon plaisir qu'il avait, non seulement en Christ homme vivant ici-bas, mais selon toute la perfection de son oeuvre dans l'endroit même du péché, où tout ce que Dieu est a été glorifié, lorsqu'Il fut obéissant jusqu'à la mort.

Je ne veux pas vous demander: A quoi en sont vos coeurs à cet égard? j'aime mieux vous dire ce que je désire pour chacun de nous; c'est que notre âme aille à Dieu, reconnaissant la justice de Dieu, l'amour de Dieu, le don de Dieu en lui, et qu'il rend témoignage aux dons eux-mêmes.

Qu'il nous donne de voir ce que nous ne pouvons sonder jusqu'au fond, ce que c'était pour cet Etre saint que d'être fait péché, lui qui était dans le sein du Père, ses délices. Puissent nos âmes se nourrir de lui, manger sa chair et boire son sang, et ne pas se contenter de savoir que nous sommes lavés de nos péchés dans son sang.

L'offrande du gâteau (Lévitique 2)

Dans l'holocauste, nous avons vu la manière dont Christ, alors que le péché était dans le monde, s'est offert lui-même sans tache à Dieu. Ici, nous le voyons descendre jusqu'à nous, dans les détails de sa perfection. Les sacrificateurs mangeaient une partie de l'offrande du gâteau, mais ils ne mangeaient aucune partie de l'holocauste. Ici nous trouvons Christ dans sa perfection ici-bas, tous les caractères, tous les traits de cette perfection, mais apportés jusqu'à nous; tandis que l'holocauste ne nous était pas adressé, mais était consumé entièrement devant Dieu. Le péché était là (non pas les péchés, mais le péché); la propitiation était faite: et c'était un parfum de bonne odeur à l'Eternel. Au chapitre 2, c'est plutôt le détail de ce qu'Il était comme homme, mais une offrande faite par le feu qui éprouvait sa perfection.

(Verset 1). Je trouve ici le caractère général du Seigneur. La fleur de farine, c'est l'humanité parfaite: «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire», dit le pauvre brigand sur la croix. L'huile, c'est le Saint Esprit; puis de l'encens est mis sur le gâteau. Christ était parfait en lui-même, absolument sans péché, puis le Saint Esprit fut envoyé sous une forme corporelle, comme une colombe, et demeura sur lui. Christ ne pouvait s'allier à Israël, car ils étaient pécheurs et incrédules, mais il y avait un résidu, appelé de Dieu par le ministère de Jean Baptiste, et le Seigneur marche avec eux dès le premier pas qu'ils font dans le chemin de la justice. Lorsqu'il commença ainsi à se montrer publiquement, le Saint Esprit descendit sur lui. Il prend sa place en public parmi le résidu qui entrait, en suite du témoignage de Jean Baptiste, dans un chemin approuvé de Dieu, et aussi, béni soit son nom, il marche avec nous dès que nous y faisons le premier pas. Nous avons besoin de la rédemption pour être mis dans la position qu'il occupait, lui, en raison de sa propre perfection. Il fut scellé du Saint Esprit; nous recevons ce dernier en vertu de son sang; le lépreux était premièrement lavé, puis aspergé de sang, et ensuite oint d'huile. Lui-même a, pour ainsi dire, fait la place dans laquelle nous sommes introduits par la rédemption. Les cieux sont ouverts sur un homme ici-bas, sur lequel le Saint Esprit descend et demeure; alors la voix du Père se fait entendre, disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir». Mais il lui faut mourir, afin de nous amener aussi dans cette position. Le don du Saint Esprit, jusqu'à l'accomplissement de la rédemption, ne s'étendait pas au delà de sa personne; il devait auparavant achever l'oeuvre et avoir pris sa place dans le ciel.

Nous trouvons donc en Christ la fleur de farine, l'huile, puis l'encens répandu sur le gâteau, image de la parfaite bonne odeur de sa vie pour Dieu; non la bonne odeur du sacrifice, mais toute la vie, les paroles, les actions, de l'homme sans péché qui a traversé le monde; tout ce qu'il disait et faisait était par le Saint Esprit. Il était l'homme oint; c'est ce que signifie le nom de Messie ou de Christ. «Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu; car Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure».

(Verset 2). Ici nous trouvons ce qui a été si précieux dans le chemin de Christ, ce en quoi nous avons à chercher à le suivre. La poignée que prenait le sacrificateur devait être brûlée tout entière devant Dieu. Christ, considéré comme homme, était consumé pour Dieu; la fleur de farine, l'huile et tout l'encens. Je trouve ici la perfection de Christ dans sa marche. Il ne fit jamais rien pour être vu des hommes; tout s'élevait entièrement à Dieu. Le parfum était de bonne odeur aux sacrificateurs, mais il s'adressait tout entier à Dieu. Le Saint Esprit était dans toutes ses voies lorsqu'il servait l'homme, mais tout l'effet de la grâce qui était en lui, avait toujours, dans sa pensée, Dieu en vue; même ce qu'il faisait pour l'homme, il le faisait envers Dieu. Ainsi doit-il en être de nous; rien ne devrait paraître en nous, nul motif, qui ne fût pour Dieu. En Ephésiens 4: 32; 5: 1, 2, nous voyons la grâce envers l'homme, et la perfection de l'homme envers Dieu, comme objet: «Soyez des imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants». Dans tout notre service, comme suivant Christ ici-bas, nous avons ces deux principes: nos affections envers notre Dieu et Père, et l'opération de son amour dans nos coeurs envers ceux qui sont dans le besoin; et plus, dans ce dernier cas, l'objet du service est misérable, plus sincère sera l'amour, et plus aussi nous n'aurons que Dieu pour motif.

Nous pouvons aimer de haut en bas ou de bas en haut: plus infime ou indigne est la personne pour laquelle je me dépense dans le désir de lui être en bénédiction, plus il y aura de grâce dans mon acte. «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous». Mais s'il en est ainsi, cependant il reste vrai, quant à l'état de mon coeur, que plus l'objet est élevé, plus élevées seront mes affections. En Christ tout cela était parfait. Comment une pauvre créature comme moi peut-elle être imitateur de Dieu? Christ n'en est-il pas l'exemple, Dieu vu dans un homme? Et nous devons «marcher dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu». Il s'est livré lui-même pour nous, mais à Dieu; c'était la grâce de Dieu envers de pauvres, misérables pécheurs.

Si nous regardons à nous-mêmes, nous verrons bientôt combien nos motifs sont mélangés, combien de choses s'introduisent, alors même qu'il y a une intention droite et sincère; et c'est à cela que nous avons à veiller. En Christ, tout était parfait; quant à l'intention et aux motifs, tout était pour la gloire de Dieu dans ce monde. Rien en vue des hommes, ni pour leur plaire, mais cet oeil simple qui regarde à Dieu seul, quoique le coeur fût plein de bienveillance pour l'homme, aimant de haut en bas dans ce sens, mais regardant toujours en haut, ayant son Dieu et Père toujours devant les yeux, ce qui le rendait parfait en toutes choses. Mais il était parfait et ne pouvait être autre chose.

Tout cela ne fait pas que les sacrificateurs ne pussent sentir la bonne odeur du sacrifice, mais il ne leur était pas offert, il était brûlé tout entier, offert par feu à Dieu. Quant à sa marche, aucun sentiment qui ne fût entièrement envers Dieu; pour nous, mais envers lui. C'est là cette offrande qui était parfaitement agréable à Dieu.

Au verset 3, nous trouvons notre part comme sacrificateurs. Le gâteau était l'offrande de Jéhovah, mais c'est aussi notre nourriture; il faut être sacrificateur pour y participer; c'est une chose très sainte à l'Eternel. Je puis voir les beautés extérieures de Christ, je pourrais écrire un livre sur les traits admirables de son caractère; ce n'est pas encore la vie de Christ. C'est tout autre chose, quand le sacrificateur le reçoit comme la nourriture de Dieu (j'ose me servir de ce mot, car l'Ecriture l'emploie) (Lévitique 21: 6, 21, etc.).

Les sacrificateurs en mangeaient, mais l'encens était entièrement brûlé à Dieu; ils ne mangeaient rien de l'holocauste, car il était l'offrande absolue de Lui-même à Dieu. Il y avait en Christ une puissance qui le soutenait, puissance parfaitement sainte, parfaitement agréable à Dieu, mais en même temps c'est ce dont nous pouvons nous nourrir comme sacrificateurs. Nous sommes ainsi amenés à trouver nos délices en Christ, en réalisant dans notre esprit ce qui fait les délices du Père lui-même. Quelle position bénie! nous avons besoin de discernement spirituel et devons le rechercher, pour trouver ce qui fait de Christ les délices du Père, et quelle était l'expression de cette grâce qui était toujours parfaitement agréable à Dieu.

Quand nous suivons ses traces dans l'évangile, nous le voyons toujours agissant dans un amour parfait envers nous, pauvres misérables, mais en même temps faisant absolument tout pour le Père. Lisez en Matthieu 17: vous y trouverez un frappant exemple de cette grâce qui condescend à nous associer avec lui-même, tout en nous montrant qu'il est le Fils du Père, en connaissance et en puissance divines. C'était immédiatement après la transfiguration, où fut révélée la gloire céleste du royaume. Son ministère, en tant que venu au milieu d'Israël, selon la promesse, était au moment de finir, en sorte qu'il leur défend formellement de dire qu'il était le Christ. Mais qu'allait-il leur donner, en attendant qu'ils entrassent dans la gloire révélée sur la montagne? Le tribut n'était pas destiné à l'empereur païen, mais avait été établi au temps d'Esdras pour couvrir les frais du service du temple. Les receveurs viennent demander à Pierre si son Maître ne le paie pas. Etait-il un bon Juif, oui ou non? Pierre répond oui, sans autre réflexion. Mais lorsqu'il entre dans la maison, le Seigneur le prévient; il fait voir ce qu'Il est; il sait divinement toutes choses, lui, le Fils du grand roi, Jéhovah; et il associe Pierre à lui-même: tu es un enfant du grand roi du temple. Il montre alors sa puissance divine sur la création, et le poisson lui apporte deux didrachmes, la somme exacte, et de nouveau Il associe Pierre avec lui: «Prends-le», dit-il, «et donne-le-leur pour moi et pour toi».

Il a pris une place d'humiliation ici-bas, mais en s'abaissant ainsi, il nous introduit dans la place la plus élevée avec lui. Nous sommes transformés de gloire en gloire en le contemplant, mais c'est le côté de son humiliation qui, comme en Philippiens 3, gagne nos affections.

Satan a cherché à le détourner de cette simplicité absolue de foi dans laquelle il était parfait: «Commande, afin que ces pierres deviennent des pains». Mais il n'avait nul ordre de le faire, nulle parole de la bouche de Dieu; c'était là sa manne, et il venait comme serviteur. En Philippiens 3, vous trouvez l'autre côté: Christ glorifié, et Paul courant droit au but afin de gagner Christ. C'est l'énergie qui empêche toute autre chose de prendre possession du coeur; mais ici, c'est le côté de l'humiliation qui est en avant; Christ s'humiliant, s'abaissant lui-même, afin que je puisse courir dans le même chemin, dans le même esprit, à la gloire du Père. Fut-il jamais impatient? Fit-il jamais la moindre chose pour lui-même? Il ne s'agissait jamais pour lui que de Dieu, son Père, d'un côté, des disciples et des pauvres, de l'autre, et dès que les affections sont attirées à lui, c'est toujours par le côté humble qu'il gagne le coeur. Il est touchant, en parcourant les évangiles, d'entrer assez dans l'intimité de Christ, pour découvrir ses motifs en toute chose; c'est beaucoup dire, et cela suppose qu'on vit beaucoup avec lui, mais c'est la bénédiction. Quand je lis: «toi et moi», n'est-ce pas un singulier rapprochement? Il en agit de même envers nous: sachant ce qu'il est, le Fils du Père ici-bas, il dit: «toi et moi». Observez-le tout le long du chemin, vous ne verrez en lui que perfection absolue.

Lorsque je pense à la mort de Christ, à son amour pour le Père, quand il prit la coupe que le Père lui donnait, mon âme se réjouit et s'incline devant la pensée de tout l'amour, de toute l'obéissance, qui sont renfermés dans cette mort. Il dit: «A cause de cela le Père m'aime». C'est aussi la viande de Dieu! Nous verrons bientôt combien il est au-dessus de nos pensées.

(Verset 4). Ici nous avons quelques détails qui font ressortir Christ d'une manière plus parfaite. D'abord les «gâteaux sans levain». La vérité générale a été exprimée dans les premiers versets, mais ici nous ne trouvons ni trace, ni forme de péché en lui, nul emploi de l'amabilité naturelle ou de ce qui est un rafraîchissement pour la nature, car ces choses ne peuvent entrer dans une offrande. Les gâteaux devaient être sans levain ni miel (verset 11). Le levain ne se trouve pas dans les offrandes, si ce n'est au jour de la Pentecôte, où il est question de nous; et le levain s'y trouve par conséquent. Les gâteaux étaient offerts à Dieu; mais ils n'étaient pas brûlés sur l'autel en offrande de bonne odeur, et un sacrifice pour le péché était offert en même temps. Nous trouvons ici deux caractères du Seigneur: d'abord Christ, vu comme homme, né du Saint Esprit, sans péché. Nous sommes nés dans le péché et nous recevons une nouvelle nature, mais lui était personnellement parfait, il n'y avait aucun levain en lui. Au lieu de levain, c'était de la fleur de farine pétrie avec de l'huile; quant à sa chair, il était né de l'Esprit. Ensuite la Parole ajoute: «des beignets sans levain oints d'huile». Christ, comme homme, a reçu le Saint Esprit ici-bas, pour marcher, comme homme, dans la puissance du Saint Esprit, en obéissance; puis, étant monté en haut auprès du Père, il envoie l'Esprit sur nous. Le Père l'envoie (Jean 14), afin que nous puissions crier: Abba, et d'autre part, Christ l'envoie d'auprès du Père, comme témoignage qu'il est à la droite de Dieu. Nous ne pouvons avoir l'Esprit Saint comme onction et sceau, sans avoir été lavés d'eau, et sans la foi dans l'efficace du sang de Christ.

(Verset 6). «Tu la mettras par morceaux». Chaque morceau de Christ (en figure), chaque mot qu'il a dit, chacun de ses actes, tout a été parfait, tout a été l'expression de ce qui était divin dans un homme sur la terre. Non seulement sa vie générale était l'expression des fruits de l'Esprit, mais chaque mot, chaque acte, étaient absolument parfaits. Nous pouvons, d'une manière générale, marcher par l'Esprit, mais nous manquons souvent; quant à lui, je puis le suivre jour après jour, moment après moment, et je trouve invariablement «qu'il n'a rien fait qui ne se dût faire». C'est une chose merveilleuse, quand on regarde autour de soi dans ce monde de péché et de misère, de pouvoir trouver une personne qui, en tout et partout, n'a rien en elle qui ne soit parfait. Que ce fût l'obéissance, ou l'amour, ou la grâce, ou la fermeté, tout chez lui était l'expression de sa perfection pour la circonstance qu'il traversait, et dans la position où il se trouvait. Bien-aimés, je ne doute pas que vous ne vous nourrissiez de Christ; mais je voudrais vous exhorter à vous en nourrir selon cette parole: «Celui qui me mangera, celui-là vivra à cause de moi». En l'étudiant comme homme ici-bas, l'âme entre dans son intimité; nous nous nourrissons de ce dont Dieu, notre Père, se nourrit.

(Versets 7-9). Je trouve ici un élément nouveau. Lorsque le feu du jugement de Dieu mit Christ à l'épreuve, il n'y eut qu'agréable odeur. Si nous sommes mis à l'épreuve, hélas! la chair se montre souvent, je ne dis pas toujours. Il a été éprouvé par le péché de l'homme, par les terreurs de la mort, par la puissance de Satan, et finalement par le jugement de Dieu (c'est la signification propre du feu comme figure) et rien n'est sorti de lui qui ne fût absolument de bonne odeur. Dieu dit: Il est la pierre élue et précieuse, et pour le croyant elle a aussi ce prix.

(Verset 11). «Quelque gâteau que vous offriez à l'Eternel…» C'est là le point. Il faut que j'aie un Christ s'offrant complètement, entièrement à Dieu. «Ni de miel»: la douceur naturelle ne peut y entrer pour rien. Il y a des choses douces et aimables que Dieu lui-même a établies; Christ était entièrement en dehors de toutes ces choses; non qu'il les condamnât: son oeuvre achevée, il pouvait remettre sa mère à Jean. Dieu dans sa grâce nous donne ici-bas beaucoup de choses, mais nous ne pouvons les faire servir au sacrifice. En elles-mêmes elles sont de Dieu, mais le péché étant entré a tout gâté. Le miel n'était pas mauvais en lui-même. L'arrivée de Tite a consolé Paul; au milieu du combat, il prend, comme Jonathan, pour ainsi dire, un peu de miel au bout de son bâton, et le goûte. Cette consolation était de Dieu, qui console ceux qui sont abattus. La pauvre femme au puits de Sychar, le brigand sur la croix, furent les consolations de Christ. Ni levain, ni miel, ne peuvent faire partie du sacrifice: ni la nature pécheresse, ni la joie selon la nature, ne peuvent entrer dans le sacrifice de Christ. Condamner les liens naturels serait une complète erreur; Christ maintint soigneusement tout ce que Dieu avait établi; mais maintenant nous voyons un mari ivrogne qui bat sa femme, des enfants qui font le tourment de leurs parents, parce que le péché est entré dans le monde, quoique ces relations soient de Dieu. Mais lorsque nous en venons à ce qui est pour Dieu, il ne peut y avoir là ni miel ni levain.

(Verset 13). Nous trouvons ici un autre principe: c'est non pas la douceur, mais le sel. C'est la séparation complète du coeur pour Dieu, le sel de l'alliance de notre Dieu. Dieu, dans sa grâce souveraine, m'a pris et m'a mis à part pour lui-même; c'est le côté positif qui me garde pour Dieu et avec Dieu. Voilà, chers amis, ce que nous devons désirer: ce n'est pas seulement «ni miel, ni levain», c'est-à-dire le côté négatif. Il n'y a pas en nous de mise à part par nous-mêmes, nous ne pouvons faire la sainteté; c'est la sainteté à l'Eternel, le coeur mis à part pour Dieu en toutes choses, une séparation de coeur et d'esprit, sans aucune prétention, car nous avons été achetés à prix; c'est pourquoi glorifiez Dieu dans votre corps. Par l'oeuvre du Seigneur Jésus Christ, par l'alliance éternelle, nous avons été amenés à Dieu. M'en irai-je, et laisserai-je Dieu pour quelque vanité? je ne parle pas de péché. N'importe quoi, la saveur de Christ, de Dieu, est partie! Mais en Christ, et quand mon coeur marche avec lui, je vois un homme toujours séparé dans son coeur pour Dieu. Chez lui, le sel caractérisait tout.

Cela ne signifie pas que nous devions être des héros chaque jour. Telle personne aura de l'énergie dans son service, sans que cela vienne directement de Dieu; lorsque cela vient de lui, notre service prend un caractère tout autre (Voyez 1 Thessaloniciens 1: 3 Apocalypse 2: 1, etc.). Nous y trouvons les trois choses rapportées dans 1 Corinthiens 13, la foi, l'espérance et l'amour. En 1 Thessaloniciens 1, c'est le principe de l'association directe avec Dieu dans chacune des opérations de la grâce, qui donne au service sa puissance et son caractère. C'est l'oeuvre, le travail et la patience, mais c'est l'oeuvre de foi, le travail d'amour et la patience d'espérance. J'irai servir les pauvres, cela est excellent et très doux en soi; mais l'amour de Dieu y est-il? La patience est une fort bonne chose, mais est-ce que j'attends patiemment la venue de Christ? En Apocalypse 2, il y avait l'oeuvre, le travail et la patience, mais ils avaient abandonné leur premier amour; la fraîcheur, le motif n'étaient plus ce qu'ils avaient été, ne procédaient plus de la communion immédiate avec Dieu, apportée à l'âme dans la puissance de Dieu. Il faut le sel de l'alliance de notre Dieu; notre obligation c'est que notre service soit bien réglé, quoiqu'il dépende de la grâce souveraine; et ce service doit toujours provenir d'une communion immédiate avec Dieu. Il ne suffit pas qu'il n'y ait pas de péché, pas de miel, ni de levain, mais il faut l'énergie positive de l'Esprit, qui associe mon coeur à Dieu dans tout ce que je fais. Qu'il vous souvienne que vous ne pouvez avoir de sainteté sans objet, qu'il vous faut être transformés à la même image de gloire en gloire. Nous ne pouvons avoir de sainteté en nous-mêmes; c'est la prérogative de Dieu; nous ne pouvons réaliser la sainteté sans avoir devant nos yeux un objet parfait; seulement Dieu nous a liés à Christ de telle manière que, tandis qu'il est la puissance de la vie dans laquelle nous marchons, il est aussi l'expression de la vie divine en un homme ici-bas, et quand nous le contemplons dans la gloire, nous sommes délivrés des motifs qui nous auraient empêchés de marcher comme lui, et nous possédons ceux qui nous transforment à son image.

(Verset 14). Ici nous trouvons Christ comme premiers fruits à Dieu, puis, seconde chose, il a été dans le feu. Toute la grâce qui resplendissait dans sa vie a été entièrement et parfaitement mise à l'épreuve, jusqu'à la mort même et au jugement. Non pas ici la mort comme expiation, mais la mort comme affliction et comme épreuve, pour voir s'il en sortirait autre chose qu'un parfum d'agréable odeur. La seule fois qu'il demanda que la coupe passât loin de lui, c'était de la piété. Du moment qu'elle était la terrible coupe de la colère de Dieu, il ne pouvait la prendre sans sentir ce qu'elle était; c'était la piété qui reculait devant l'abandon de Dieu; c'était la chose qui mettait à l'épreuve son obéissance absolue. Il a été mis à l'épreuve par la haine de l'homme, par la puissance de Satan dans la mort et la terreur du jugement; mais c'était bien autre chose encore, lorsqu'il lui fallut boire cette coupe, lorsque le Saint de Dieu fut fait péché et fut placé devant Dieu dans cette qualité; lui, de toute éternité, dans le sein du Père, obligé de dire: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» Mais c'est là que se montre sa perfection. «La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas?» Il a été éprouvé et trouvé parfait. Supposons qu'il eût été possible qu'il n'allât pas jusqu'au bout, cela aurait fait voir que toute son obéissance était imparfaite, qu'étant mise parfaitement à l'épreuve, elle n'avait pu résister. Le fait est que rien ne put tenir bon, sauf sa propre perfection absolue et divine! Ses disciples l'abandonnent; tout est contre lui; il s'adresse à Dieu pour dire: «Pourquoi m'as-tu abandonné?» Il fut mis à l'épreuve d'une manière absolue, et il passa par le feu comme un parfum de bonne odeur. «A cause de ceci le Père m'aime». Le péché, la mort, la puissance de Satan, étaient entrés; il traverse tout cela, dans l'énergie d'une entière obéissance, d'un amour absolu pour son Père; il va jusqu'au bout de l'épreuve. Nous venons de le voir parfait dès l'origine, parfait comme scellé du Saint Esprit, et maintenant, le voici parfait, lorsque, mis à l'épreuve jusqu'au bout, il fut obéissant jusqu'à la mort. C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Il est retourné là haut comme homme, en vertu de ce qu'il était ici-bas.

C'est à quoi, chers frères, il nous faut toujours penser; considérons toute la perfection de Christ dans sa vie, et d'autre part, sa perfection dans la mort, selon le sel de l'alliance. Dans ce moment-là, il ne disait pas: «Je sais que tu m'exauces toujours», mais, quoique faisant ce qui plaisait parfaitement au Père, en sorte qu'il pouvait dire: «A cause de ceci le Père m'aime», il n'avait dans ce moment-là ni relâche, ni consolation, de la part de l'homme, il ne pouvait en avoir aucune de la part de Satan, il n'en avait point de la part de Dieu! Mais dans ce moment-là, le fondement de la bénédiction éternelle était posé selon la gloire divine. Il est ainsi pour moi, tout le long de sa vie, comme l'offrande du gâteau, dont je puis manger, que je puis étudier et connaître, me nourrissant de ce qui a été parfaitement offert à Dieu.

Le Seigneur veuille nous donner de le faire, afin qu'il y ait de la joie pour nous à sa venue.

Le sacrifice de prospérités (Lévitique 3)

Ce chapitre a un caractère différent de ceux que nous avons examinés jusqu'ici, et clôt cette classe spéciale de sacrifices.

L'holocauste n'était pas offert pour des péchés particuliers, il était l'expiation: Christ fait péché pour nous (la différence se voit clairement en Hébreux 9. Cf. Jean 1), s'offrant entièrement à Dieu; en sorte que, dans le fait même d'être fait péché, se trouvait la plus haute perfection d'amour et d'obéissance; toute la perfection de Christ lui-même envers Dieu; toute celle de son amour pour nous et, plus encore, Dieu, dans tout ce qu'il est, parfaitement glorifié.

Le chapitre 2 nous a présenté Christ, homme sur la terre, et son caractère comme tel; Christ passant par le feu, mis à l'épreuve sous la perfection du jugement divin, et ne donnant qu'un parfum de bonne odeur, car tout l'encens montait devant Dieu. Ce chapitre est la description merveilleuse du détail de ce que Christ a été dans toute sa marche: ni levain, ni miel, pas d'affection terrestre, pas de consolation dans son sacrifice (il était un homme de douleurs, sachant ce que c'est que la langueur), aucune de ces choses, mais le sel et le parfum d'agréable odeur à l'Eternel. Dans une occasion le gâteau était coupé en morceaux et chaque morceau était oint, pour signifier que chacun de ses actes, chacune de ses paroles procédait de la puissance du Saint Esprit.

Le chapitre 3 nous parle non seulement de l'offrande, mais de la communion des saints dans cette offrande. Dans les sacrifices précédents Christ lui-même était présenté, mais ici c'est à la fois lui-même et notre participation au sacrifice: on en mangeait; le sang et la graisse étaient offerts à l'Eternel, et celui qui présentait l'offrande participait à ce qui était offert. D'autres principes s'ajoutaient à celui-ci, mais dans tout cela il n'était pas question du péché, principe très important quant à la signification du culte proprement dit.

Dans l'holocauste, il n'était nullement question d'actes positifs de péché, mais bien du fait que le péché est dans le monde, et du moyen de s'approcher de Dieu en rapport avec l'existence du péché, et enfin de Christ, glorifiant Dieu comme victime pour le péché, et accomplissant son service de telle manière qu'il a pu dire: «A cause de cela le Père m'aime». Mais l'oeuvre en elle-même était la glorification parfaite de Dieu, qui n'aurait pu être glorifié autrement. «Afin que le monde connaisse que j'aime le Père; et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais». Il y avait chez lui un amour parfait pour le Père, outre la question de nos péchés, et une parfaite obéissance; un amour parfait lorsqu'il était abandonné, et une obéissance consommée au moment même où elle le menait à l'abandon de Dieu. Ses motifs aussi étaient parfaits; c'était son amour pour nous, sans nul doute, mais bien plus, c'était son amour pour son Père, son obéissance lorsque Dieu l'abandonnait. Plus les souffrances étaient terribles et la coupe effrayante, plus le sacrifice était grand. C'est une immense bénédiction pour nous, que la question du péché devant Dieu ait été parfaitement sondée et réglée. Question solennelle, que Christ a résolue lorsqu'il s'est présenté en grâce, pour glorifier Dieu au sujet du péché et par le péché. Il avait l'homme, le diable, le monde tout entier contre lui; ses disciples s'étaient enfuis; il n'avait aucune consolation, et dans la mort Dieu lui-même l'abandonnait. Lorsque extérieurement toutes les choses humaines et diaboliques étaient contre lui, il crie à Dieu, et alors il est abandonné de Dieu. C'était le juste jugement de Dieu contre lui, parce qu'il était fait péché pour nous. Alors il monte au ciel comme homme et s'assied à la droite de Dieu; tout est réglé, et je puis contempler Christ, sacrifice d'agréable odeur, dans la perfection absolue selon laquelle il s'est offert lui-même à Dieu, et fut éprouvé dans son obéissance. Ensuite, au chapitre 2, toute la perfection bénie de Christ dans sa vie, se manifeste, éprouvée, mise au creuset, coupée en morceaux, pour ainsi dire.

Au chapitre 3, nous trouvons le culte: on se nourrit de la nourriture même de Dieu. Dans notre association avec Dieu, et nos relations avec lui dans le culte, il n'est pas fait mention du péché, car il a été entièrement ôté, par l'offrande de lui-même que Christ a faite pour nous. Alors je viens à Dieu apportant Christ, pour ainsi dire; je le présente à Dieu et je m'en nourris. Je viens avec ce qui est parfaitement agréé de Dieu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait en nous ni fautes, ni manquements, mais je parle ici de l'offrande elle-même; c'était un holocauste parfait, un sacrifice par feu à l'Eternel. Toutes les parties intérieures de la bête du sacrifice, tout ce qui était en Christ a été entièrement offert à Dieu. Le sang, c'est-à-dire la vie; la graisse, type de l'énergie de la nature, tout fut donné à Dieu; en Christ, nulle pensée, nul acte, nul objet que son Père. Cela fut fait pour nous, Dieu en soit béni, mais en même temps absolument pour Dieu. Chez lui, pas une infirmité, pas une inattention; tout était entièrement offert à Dieu, toute la graisse intérieure était brûlée pour l'Eternel. Remarquez bien qu'il ne s'agit pas du fait de porter nos péchés; dans ce cas-là, il n'est jamais parlé de bonne odeur, sauf dans une occasion particulière. Il a été fait péché, ce qui n'est pas un sacrifice d'agréable odeur, quoiqu'il ne fût jamais plus saint et plus parfait qu'alors.

Lorsque nous venons rendre culte, notre sujet n'est pas même Christ, comme Celui qui a ôté nos péchés; c'est en vertu de cela que je m'approche pour adorer, ma conscience étant purifiée; mais le culte signifie que je me nourris de l'objet qui est d'agréable odeur à Dieu. L'adorateur est en rapport avec le sacrifice, et la question du péché n'y est pas touchée, quoique le sang suppose toujours qu'il a été là; c'est la nourriture de Dieu devenue la mienne. Quelle chose précieuse de considérer la perfection de Christ; de voir que chaque pensée, chaque sentiment, chaque motif, tout ce qu'il était, chaque mouvement de son coeur, était absolument pour Dieu. «En ce qu'il vit, il vit à Dieu» (je ne cite ce passage que pour le principe). Partout où il y avait chez lui de l'énergie, ce n'était jamais l'énergie de la propre volonté; c'était une parfaite consécration de soi-même à Dieu, qui jamais ne s'est trouvée aussi parfaite en aucun autre. «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous» (1 Jean 3: 16). Nous devons marcher comme Lui, aimer les frères, laisser notre vie pour eux, mais cela doit être fait à Dieu.

Je bénis Dieu de ce que, dans sa grâce souveraine, son Fils bien-aimé a pris mes péchés et les a portés sur la croix; mais lorsque je vais à Dieu pour l'adorer, je suis occupé de Celui qui est parfaitement agréé de Dieu. Abel vint avec la graisse de ses agneaux et Dieu rendit témoignage à ses dons. Ici l'adorateur vient, il s'en nourrit, et le Seigneur a aussi sa portion dans le sacrifice; c'est ce qui caractérise ce dernier. Voyez dans quelle proximité de Dieu cela nous amène; comment, pour ainsi dire, je suis assis à la même table que Dieu, me nourrissant de la même chose que lui (seulement, tout lui ayant été offert, c'est ainsi que j'en mange), de la portion de l'Eternel. Je m'assieds et mange; il ne s'agit pas de mes péchés, mais de l'excellence de Christ. J'en puis parler à Dieu; notre communion avec Dieu n'est pas autre chose. «Celui qui me mange etc.». Je trouve ici que la chose même dont mon âme se nourrit et dont je jouis, est la nourriture et les délices de Dieu; nous sommes dans une telle proximité de Dieu, que notre âme jouit de ce qui fait ses délices; l'adorateur s'approche de Dieu par le sacrifice; il a communion avec Dieu à son sujet. Ce n'est pas la prière; le sacrifice de prospérités n'était jamais la prière. Lorsque je prie, je vais à Dieu avec mes besoins, et la prière aura lieu même dans la position la plus élevée; car lorsque je pense à la valeur de Christ, je dis: Plût à Dieu que je fusse tel que lui! et cela devient une prière, mais c'est autre chose que le culte, quoique la prière l'accompagne d'habitude. Je prie en vue de mes besoins; je rends culte selon ce que j'ai obtenu. Dieu trouve ses délices en Christ, d'une manière inexprimable; mon âme s'approche, l'apportant pour offrande, et je me trouve être ainsi avec Dieu. Le sacrifice de prospérités était mis par-dessus l'holocauste, était identifié avec lui. Mais ce culte rendu à Dieu suppose qu'on n'a plus aucune conscience de péchés. «Je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités». Il n'est pas question ici de savoir si je puis être accepté ou non, mais, m'approchant avec Christ, mon offrande, je viens par lui, comme s'étant offert lui-même, et avec la conscience que mon âme est occupée de ce qui fait par excellence les délices de Dieu. Pensée merveilleuse, qui montre ce que nous devrions être, ce que devrait être notre culte; car ce que nous mangeons devient partie de nous-mêmes.

Le caractère du sacrifice de prospérités était d'être présenté au Seigneur, et non pas de porter nos péchés; tout vrai culte rendu à Dieu suppose que la question du péché est totalement et pour toujours réglée. Peut-être trouverons-nous des châtiments en traversant le désert, mais la question d'imputation, d'avoir des péchés sur nous, devant Dieu, est réglée pour toujours. Le péché est une chose affreuse, mais le compte en a été réglé entre Dieu et Christ, lorsqu'il fut fait péché pour nous.

Mais le coeur est enclin à s'arrêter au pardon sans aller plus loin. Certainement, sans lui nous ne pourrions entrer dans le ciel; mais le culte céleste proprement dit consiste à se réjouir en ce que Dieu est, en ce que fut Christ, lorsqu'il s'offrit lui-même en bonne odeur à Dieu. Nous ne pouvons nullement nous approcher, sinon par ce sacrifice: nous regardons à Dieu et nous trouvons que Christ a porté nos péchés; mais j'insiste sur ce que la question du péché est entièrement réglée. «Là où il y a rémission de ces choses, il n'y a plus d'offrande pour le péché». «Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s'est assis». Nous ne sommes pas comme les pauvres Juifs, nous entrons dans le lieu très saint, mais plus encore n'ai-je rien à apporter? mon coeur n'a-t-il pas d'offrande à présenter à Dieu? Oui, en Christ j'ai ce qui est agréable à Dieu, et je viens le lui offrir.

Au chapitre 7: 13, avec les pains sans levain, on offrait aussi des pains levés; ici il est question de nous-mêmes. Je viens avec la victime qui a été égorgée, je viens apportant Christ, et je trouve en même temps toute la perfection bénie de l'offrande du gâteau, sa perfection comme homme, la fleur de farine, sans aucun levain: Dieu a pris son plaisir en lui comme homme vivant. Il est oint d'huile, pétri d'huile, la perfection de son humanité, et de plus, je m'approche avec du pain levé, qui me représente, moi, l'adorateur. Lorsque je viens à Dieu, je reconnais le péché, le levain en moi, mais cela ne peut être brûlé à Dieu en bonne odeur. Je viens avec du levain; je ne puis dire que je sois sans péché comme Christ; je ne puis être «cette sainte chose», mais je viens apportant Christ. Je viens avec la connaissance de mon imperfection, mais avec ce en quoi je suis parfaitement accepté. Dieu prend connaissance de ce par quoi je viens; tous mes péchés sont effacés et pardonnés, mais je ne puis dire que je n'aie pas de péché, ce serait une terrible méprise: c'est du pain levé, du pain qui contient le levain, et nous ne pouvons faire qu'il n'y soit pas, bien que ne lui permettant pas d'agir. Je viens avec le sentiment qu'il y a du levain en moi: si je dis que je n'ai pas de péché, je me séduis moi-même et la vérité n'est pas en moi. Il n'y a pas de pardon pour le péché, mais pour les péchés; mais ce que la loi ne pouvait faire, Dieu a condamné le péché dans la chair. Je suis délivré de toute pensée que ce levain soit un empêchement pour moi, car je trouve que Dieu l'a condamné lorsque Christ mourût. Je ne dis pas que le péché a été pardonné, car il était entièrement passé lorsque Christ mourût. Je ne puis dire que je n'en aie pas en moi, mais je puis dire que je suis mort avec Christ, et que je ne suis plus dans le péché. «Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom» (1 Jean 2: 12). Il ne peut y avoir un seul chrétien qui ne soit pas pardonné. Sans doute, il est très intéressant de voir l'oeuvre de Dieu dans une âme qui est en chemin pour trouver la paix; mais cela précède la connaissance du sang qui purifie entièrement, et celle de cette précieuse vérité que l'acte qui a déchiré le voile et ouvert pour moi le lieu très saint, m'y présente sans voile, et propre à me tenir devant Dieu. Un chrétien est un homme pardonné, mais le péché est toujours en lui. Lorsque je vois le péché, je dis: Dieu doit me condamner pour cela! et dans un sens cela est très vrai, il doit le faire; mais pourquoi me condamner, s'il a déjà condamné le péché en Christ?

Je ne viens pas en niant le levain; je le reconnais: mais ce n'est pas moi que je présente à Dieu, cela ne pourrait être brûlé en bonne odeur, et j'ai le droit, dans un sens, de l'oublier, parce que Dieu s'en est occupé en Christ, et alors je fais la fête avec des pains sans levain.

Si l'offrande était un voeu (Lévitique 7: 15-17), on pouvait en manger deux jours; si c'était une action de grâce, on n'en mangeait que le jour où elle était offerte. Si mon coeur est plein de Christ, dans la puissance de l'Esprit de Dieu, tout mon culte est en rapport avec la valeur de l'offrande de Christ à Dieu: il s'y associe devant Dieu; j'ai communion avec lui à cet égard. Mais supposez que je me mette à chanter un hymne, et qu'au lieu de penser à la bénédiction qui est en Christ et à l'amour du Père, je jouisse de la musique; immédiatement je sépare le culte de Christ. Prenez notre culte en commun; est-il en rapport avec l'acceptation de Christ devant Dieu? Sinon, il a perdu sa saveur; sans ce sacrifice, quelle valeur peut avoir le culte? Peut-être jouira-t-on des idées qui y sont émises, mais le culte a perdu sa saveur, et cela nous arrive très facilement. Je ne puis être avec Dieu pour connaître la bénédiction de ce que je possède, si je n'associe pas cette bénédiction au sacrifice présenté à Dieu. Quelle pensée, mes chers amis! lorsque je viens à Dieu, c'est dans l'acceptation de Christ, de Celui en qui Dieu prend ses délices! Que je m'approche pour prier, rien de mieux; je suis une pauvre créature sans ressources, et j'ai besoin que Dieu me donne tout, mais le culte est autre chose; je me présente ayant en mains ce que je sais être les délices de Dieu. Dans le culte, Christ étant mort pour moi, je m'approche ayant dans mon âme la conscience des délices que Dieu prend dans le sacrifice de Christ, et si quelque partie de mon culte s'en sépare, elle a perdu son agréable odeur.

Une chose encore. Le sacrificateur qui offrait le sacrifice en mangeait une portion. C'était une joie pour tous, mais Christ en prend sa part, y trouve aussi sa joie. Dieu y a sa nourriture, j'y ai la mienne, mais le sacrificateur y avait aussi part. C'est la plus complète association de Dieu avec Christ et avec l'adorateur. Le sacrifice était aussi pour tous les invités, type de l'amour pour tous les saints, dans lequel nos coeurs participent à la fête. Tel est le vrai culte: ce n'est pas seulement, je le répète, que mes péchés ont été portés; mais je trouve mes délices dans ce que je sais être, dans ce qui doit être les délices de Dieu. C'est aussi ce qui doit être les délices de l'ensemble des saints, ce qui Lui fait dire: «Je te louerai au milieu de l'assemblée».

Mais notre culte ne trouvera sa pleine bénédiction que dans la gloire. Ayant du levain en nous, nous anticipons, au milieu de notre état de faiblesse actuelle, le culte des saints dans les âges éternels.

Je désire que les deux grands principes et la substance de ce qui a été dit demeurent dans nos coeurs. Dans le culte nous sommes avec Dieu, le coeur s'élevant à Dieu avec des actions de grâce, nous allons à Dieu avec cette offrande de Christ, et nous savons qu'il ne nous impute aucune chose; quand nous regardons à Dieu, nous savons qu'il ne le peut.

Ici, Dieu a trouvé en Christ ce dont son âme se nourrit, — ce qui fait ses délices, — je parle avec respect. J'y trouve mes délices, moi pauvre et faible créature, et Dieu y trouve aussi les siennes. Il me reçoit comme adorateur selon sa propre appréciation de Christ.

Nos âmes entrent-elles assez dans les pensées de Dieu, pour que, lorsque nous venons lui rendre culte (toute notre vie devrait être dans l'esprit de culte), ce dernier soit en rapport dans nos pensées avec la valeur de l'offrande de Christ, telle que Dieu l'estime? Ne perdons jamais de vue, dans notre marche journalière, ce que le parfum de cette offrande est pour Dieu.

Que le Seigneur nous donne d'associer le culte dans nos murs avec ce que Christ était envers son Père.