Notes d'une méditation sur 2 Corinthiens 5

 ME 1882 page 361

 

Sur des sujets aussi importants que ceux de la vie et de l'éternité, chers amis, il s'agit d'avoir une certitude. Si une personne a cru jusqu'à présent que telle autre était son père, et qu'il lui vienne des doutes à cet égard, c'est un sujet d'angoisse pour elle. Plus la chose en question est importante, plus il nous faut une certitude, qu'il s'agisse du salut ou qu'il s'agisse des affections. S'agit-il de Dieu, il faut savoir si l'on est, oui ou non, réconcilié avec lui. Quand il sait qu'il est réconcilié, le coeur est en repos avec Dieu; autrement tout est vague. Et qu'est-ce que la vie? Une peine continuelle. Voilà un homme qui passe sa vie à travailler pour ne pas mourir de faim. La plupart mènent une vie plus pénible que celle des brutes, car au moins celles-ci n'ont point de souci, tandis qu'il n'en est pas ainsi des hommes qui s'agitent pour la vie présente. Mais une fois qu'on connaît Dieu (il faut travailler, sans doute, car il est écrit: Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front), on sait ce qu'on deviendra après cette vie, et au moins la relation avec Dieu n'est pas incertaine: le coeur a une base et un appui en Dieu.

Les affections chrétiennes sont une chose qui ne change jamais, qui ne se dément jamais: elles ont un cachet d'éternité. Sans doute le coeur est éprouvé; il est impossible qu'il en soit autrement dans un monde où le péché a tout gâté; mais au moins le coeur est en repos, et les affections possèdent ce qui est nécessaire pour le bonheur: autrement, on n'a que malaise, agitation. Il faut posséder quelque chose d'assez puissant pour nous faire aller en avant.

Quand on est en Christ, on trouve un repos parfait et en même temps une énergie qui nous fait aller en avant. Mais pour cela, il faut être réconcilié avec Dieu, et n'avoir aucun doute sur notre relation avec lui. Si nous gardons quelque chose sur notre conscience, l'effet en est de nous chasser de la présence de Dieu et de nous rendre malheureux, parce que nous savons bien que nous ne pouvons être heureux loin de lui. Une seule tache sur la conscience, nous rend incapables de rester en la présence de Dieu. Un homme qui n'est pas réconcilié avec Dieu, ne peut rester en Sa présence, et il sent en même temps qu'il n'en pourrait sortir. «Où irai-je loin de ton Esprit: et où fuirai-je loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es, et si je me couche au sépulcre, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aube du jour, et que je me loge au bout de la mer; là même ta main me conduira, etc.…» On ne peut éviter le Dieu en la présence duquel on ne peut rester.

Il faut pouvoir se tenir devant Dieu, sans que sa présence réveille en nous la moindre inquiétude. Eh bien! chers amis, en êtes-vous là?

Quand vous êtes manifestés à Dieu dans vos consciences, cela ne produit-il aucun trouble? Alors vous serez portés à avertir les autres, à solliciter les hommes à la foi. Voilà où nous amène la paix avec Dieu: nous somme pressés de faire connaître aux pauvres pécheurs l'amour de Dieu pour eux. Etant réconcilié avec Dieu, on pense à ceux qui ne le sont pas, et on les invite de sa part à l'être. Pour cela, il faut que la conscience soit nette, parfaitement purifiée. Il n'y a pas dans le monde un seul homme qui ne donnerait tout pour avoir la paix avec Dieu, car cet homme sait qu'après tout, cela lui vaudrait mieux que tout le reste. Eh bien! voilà où l'évangile nous place; il rend notre conscience parfaitement pure: c'est ce que ne pouvaient faire les offrandes juives.

Quel état horrible que celui d'une âme pour laquelle la sainteté de Dieu, au lieu d'être un sujet de joie, devient un sujet d'effroi! Non seulement c'est une chose affreuse en elle-même, mais elle est affreuse par l'état moral qu'elle révèle. Il faut avoir la conscience purifiée; alors on jouit de tout ce qui est en Dieu. Une fois que mon âme est réconciliée avec lui, tout ce qu'il est, et tout ce qu'il me donne sera la mesure de mon bonheur. Eh bien! nous allons voir dans ce chapitre comment l'apôtre exprime cette certitude. «Nous savons que si notre habitation terrestre, qui n'est qu'une tente, est détruite, nous avons dans le ciel, etc.…» Je sais, comme une chose certaine, que le ciel est mon partage. «C'est aussi, pour cela que nous gémissons étant chargés». Voilà les saints désirs, les affections célestes. Mon coeur est occupé des choses qui ne se voient pas, et dans la certitude de les posséder, je gémis dans cette tente qui m'empêche de les saisir. «Nous gémissons», cela révèle une puissante énergie. D'où proviennent les gémissements du chrétien? Ils ont leur source dans la certitude, et non dans l'incertitude, de sa relation avec Dieu. Si je suis dans la misère, avec des biens dont je n'ai pas encore la disposition, alors je gémis. Je gémis, non parce que je ne sais pas si le ciel est à moi, mais parce que j'ai la certitude de le posséder et d'être aimé de Dieu. «Si toutefois nous sommes trouvés vêtus». Si, en reprenant mon corps, je ne me trouve pas revêtu de Christ, malheur à moi! Comme Adam se sentit confus d'être nu, et ne sut où se cacher, ainsi en sera-t-il de celui qui n'est pas revêtu de Christ. «Nous désirons, non d'être dépouillés, mais d'être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Ah! ce qui est mortel n'est pas encore absorbé, mais il y a en moi une vie qui est capable d'absorber ce qui est mortel. Il y a assez de puissance dans cette vie, pour que ce qui est mortel soit absorbé par elle: Christ en moi est cette vie qui triomphe de la mort. Si le temps n'est pas encore arrivé pour cela, on meurt: mais si le temps est là, on peut ne pas mourir du tout; et la vie, dans tous les cas, peut absorber ce qui est mortel.

La vie est venue dans le monde et a été communiquée à ceux qui croient: «Ce que nous avons ouï, vu et contemplé, et que nos mains ont touché», disait Jean, «a été manifesté».

Vous faites des efforts pour avoir la vie éternelle; vous la désirez sans savoir où la trouver? La loi vous dit: «Tu n'as qu'à m'accomplir et tu l'auras;» y a-t-il donc ici quelqu'un qui aime son prochain comme soi-même? Non, personne. Mais Dieu nous dit que le Fils est descendu ici-bas, afin que nous ayons la vie. Jésus disait aux Juifs: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie!» Ah! la vie était là, quand Jésus y était. Qu'est devenue la mort? Elle n'a plus de puissance; la résurrection est venue. Quant à mon âme, je possède une vie que la mort ne peut toucher; Christ lui-même a voulu passer par la mort, afin de remporter pour nous la victoire sur elle, et lors même qu'elle est là, elle ne peut anéantir la vie.

Qu'est-ce que la mort pour celui qui a déjà la vie éternelle? Il a des peines, des maladies, il est vrai, mais rien d'autre. Etait-ce une mort, pour Etienne, que de dire: «Reçois mon esprit?» La vie était dans cette mort. Qu'était la mort pour Jésus, quand il disait: «Je remets mon esprit entre tes mains?» C'était la fin de ses peines.

Est-ce que Satan, qui a l'empire de la mort, a puissance sur moi quant à la mort? Non, car je suis racheté. Christ s'est placé sous la mort, considérée comme jugement de Dieu, et le rachat de mon âme ayant été accompli, la chose que je n'ai plus, c'est mes péchés, parce qu'il les a ôtés.

L'apôtre dit: «Je ne désire pas d'être dépouillé».

Ah! cela ne me suffit pas, et à lui non plus. Il désire être revêtu, et moi je le désire aussi. Je possède cette vie donnée en Christ, et arrivée à nous quand nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés. C'est une vie que la grâce nous confère. «C'est ici son témoignage, que celui qui a le Fils a la vie». En ceci on voit l'amour de Dieu: quand je n'étais qu'un pauvre pécheur, il s'est approché et m'a dit: Tu es pauvre, mais je donne en mon Fils une vie toute nouvelle, parce que l'autre vie est mauvaise. C'est là ce qui nous est donné en Christ, une vie pure, sainte, divine, pleine de grâce, et plus tard de gloire.

«Nous avons donc toujours confiance». Il s'exprime ainsi pour faire ressortir jusqu'à quel point il était un nouvel homme. J'aime mieux, dit-il, être hors de ce corps, car c'est seulement un embarras. S'il faut y rester encore, je suis soumis, mais j'aime mieux le quitter, car c'est un pauvre vase qui entrave tous les mouvements de la vie divine.

On peut dire: C'est très bien pour ceux qui en sont là; mais remarquez que nous parlons de tous ceux qui ont la vie. Un enfant de cinq ans a la vie comme un homme, et, de la même manière que cet enfant, vous avez la vie dès que vous avez cru, et à quelque degré que vous soyez. Ah! maintenant je sais que si Dieu a donné son Fils pour être ma vie, je peux compter sur cette bonté, sur ces affections de Dieu qui me donneront tout le reste. Si j'ai reconnu que je n'arriverai jamais par moi-même au salut, que je n'y ai aucun droit quelconque, j'ai recours à la grâce, et je sais que mon sort ne dépend pas de ce que je suis pour Dieu, mais de ce que Dieu est pour moi. Vous dites: Mais est-ce que cela ne dépend pas de ma conduite? Oui, vous êtes responsable; Adam l'était aussi, c'est pourquoi il a été chassé d'Eden. Nous sommes perdus quant à notre responsabilité; mais parce qu'on est perdu, on a recours à la grâce, Je sais que, si j'ai recours à mes oeuvres, je suis perdu, et mon sort dépend maintenant de ce que Dieu est pour moi. Or il est un Sauveur. Et si ce Dieu veut me donner la gloire, dois-je m'y opposer? «Celui qui nous a formés pour cela même, c'est Dieu». C'est Dieu. Il m'a formé pour cette gloire même; non seulement il a formé l'apôtre pour cela, mais aussi tous ceux qui croient.

Quelles sont nos jouissances si nous avons cru? Christ m'a été donné pour que j'en jouisse; et pour me rendre capable d'en jouir, il m'a aussi donné les arrhes de l'Esprit. L'âme peut s'appuyer sur l'oeuvre de Christ, parce que Dieu y trouve sa satisfaction. Qui est-ce qui a été offensé? C'est Dieu; c'est donc à lui que la satisfaction doit être offerte et non à vous. Dieu a accepté le sang de son Fils comme satisfaction pour couvrir votre offense: la foi saisit cela, et nous trouvons le repos.

«Il nous a formés pour cela même». Eh bien! la chose après laquelle je gémis, c'est la gloire même, et au cas où je doive mourir je dis: Tant mieux, je serai débarrassé de ce corps et présent avec le Seigneur. Que je meure ou que je ne meure pas, soit présent soit absent, je désire lui être agréable.

 «Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ». Comment est-ce que le chrétien arrivera à ce tribunal? L'âme tremble un peu à cette pensée du tribunal. Ceux qui sont vraiment chrétiens y arriveront glorifiés. Christ a dit: «Je vais vous préparer une place,… et je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi». Ah! si j'arrive entre les mains de Christ qui sera venu me chercher pour me conduire à ce tribunal, je ne crains pas d'y paraître. Il est dit en Philippiens 3: 20: «Notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où nous attendons comme Sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transformera notre corps vil afin qu'il soit rendu conforme à son corps glorieux». C'est donc glorifié que j'arriverai devant le tribunal. Il nous prendra et nous présentera glorifiés, et nous paraîtrons tels que le juge lui-même. Il est dit que lorsque le Fils «sera manifesté, nous lui serons semblables». Comment se pourrait-il que je craigne le juge, quand je serai semblable à lui? Comment pourrais-je aimer Dieu, si je dois encore craindre qu'il me condamne demain? Impossible. Il faut que Dieu nous purifie de tout ce qui est contraire à sa sainteté pour que nous n'ayons rien à craindre. Eh bien! c'est ce qu'il a fait. Parce qu'il est un Dieu de sainteté, il faut qu'il n'ait devant lui que ce qui convient à cette sainteté.

J'arriverai au tribunal sans crainte: c'est à la fois le résultat de son oeuvre d'expiation, et de ce qu'il est venu me chercher pour me placer où il est. Si, comme spectateur, je vais assister au jugement d'un homme qui doit être condamné à mort, je ne tremble pas pour moi, je ne suis pas le coupable. Eh bien! Christ a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui.

Le chrétien, ici-bas, voit la solennité de ce tribunal de Dieu et de la condamnation qui pèse sur les hommes, et il les sollicite à la foi, parce qu'il ne craint pas pour lui-même: toute culpabilité étant ôtée de dessus lui. Le juge qui est là, est son Sauveur. Il est dit: «Nous sommes manifestés à Dieu», et non pas «nous serons». Ayant la conscience que le juge qui est là est ma justice, au lieu de craindre, je juge tout ce qui, en moi, n'est pas conforme à sa sainteté.

Il est dit, à la fin du chapitre, que Dieu était en Christ… et qu'il a fait celui qui n'avait point connu le péché être péché pour nous. Voilà le fondement: Dieu réconciliant les hommes avec lui-même. Celui qui méprise un tel Dieu, trouvera certainement en lui un juge.

Avant que le jugement arrive, Dieu s'est fait Sauveur. Il s'est occupé du péché, mais pour l'ôter. Est-ce que vous en avez profité, ou dites-vous: j'aime mieux le gain, le plaisir? Vous avez des péchés, mais Dieu n'est pas venu vous les imputer, il est venu vous réconcilier. Est-ce qu'il est indifférent au péché? Non; il ne peut le supporter, mais il est venu l'ôter. La source de mon salut, c'est l'amour de Dieu: le moyen, c'est le sang de Jésus. Il a été fait péché pour nous; il est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Vous ne pouvez trouver un motif pour ne pas aller à lui, car il est venu à vous. Voilà le Dieu avec qui nous avons a faire: c'est un Dieu qui a pensé à nos péchés pour en faire l'expiation. Quelle iniquité, que de mépriser un tel appel, un tel salut, une telle invitation: «Nous vous supplions», etc.!!! Peut-on s'étonner qu'après cela vienne un jugement? Fussiez-vous les plus grands pécheurs de la ville, il est glorifié, en vous sauvant par Christ.

Que Dieu vous donne, chers amis, d'être dans cet état de réconciliation avec Dieu, fondée sur la révélation de l'oeuvre de Jésus. Il nous a formés pour la gloire, par cette oeuvre, afin que nous jouissions pleinement de son amour gratuit.