Lettre sur cette question: qui doit prendre place à la table du Seigneur?

 ME 1882 page 377

 

Cher frère,

… Vous parlez du droit de prendre place à la table du Seigneur. Je n'ai droit à rien, sinon aux flammes éternelles de l'enfer. S'agit-il de la réception à la table du Seigneur, il faut se souvenir que cette question a deux côtés: l'un divin, et l'autre humain. Quant au premier, tout membre du corps de Christ a place à la table du Seigneur; mais quant au côté humain, n'oublions pas que nous ne sommes pas dans le second chapitre des Actes, mais dans la seconde épître à Timothée. En Actes 2, le Seigneur ajoutait à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés. Tout était clair, et il n'y avait pas à s'y méprendre. Mais en 2 Timothée, nous trouvons une grande maison, des vases à déshonneur, de faux professants, toute sorte d'erreurs, de mal, de difficultés. Aussi, si nous voulons être propres au service du maître, nous devons nous purifier des vases à déshonneur; fuir les convoitises de la jeunesse, nous détourner des faux professants. Tout cela exige un exercice continuel de coeur et de conscience, comme aussi une extrême vigilance et les plus grandes précautions pour recevoir à la table du Seigneur.

L'étude de 1 Corinthiens 11 a été dernièrement pour moi d'un intérêt particulier. Il y avait des divisions (des schismes) dans l'assemblée de Corinthe, et l'apôtre dit: «Car il faut aussi qu'il y ait des sectes (des hérésies) parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient manifestes parmi vous». Il ne dit pas: «afin que ceux qui sont des chrétiens soient manifestes». Je crois que ceux qui sont «approuvés» sont en contraste avec les «hérétiques». La signification du mot «hérésie» a´resiv, a³ret°zw, est proprement choix, option, mais ici dans le mauvais sens, qui est la racine du schisme. C'est pourquoi il dit (verset 28): «Que chacun s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange». Ce n'est pas: «Que chacun s'examine», mais «qu'il s'éprouve» (ou plutôt s'approuve, car c'est le même mot grec qu'au verset 19). Il ne dit pas: «Que chacun soit un chrétien, et qu'ainsi il mange».

Quand l'hérésie, résultat de la propre volonté, est à l'oeuvre, et que les schismes (ou divisions) qui en résultent sont apparents, nous avons à nous éprouver nous-mêmes quant à notre état moral et spirituel, et ainsi à prendre place à la table du Seigneur, où le point capital n'est pas nos droits et nos privilèges ou ceux des autres, mais les droits de Christ comme Chef de l'assemblée et tête du corps. Lorsqu'une maison est en désordre, par suite de volonté propre et d'insubordination, ceux qui désirent être «approuvés» du maître doivent maintenir son autorité envers et contre tout…

Je ne pourrai jamais, grâce à Dieu, accepter aucune autre base de communion que la vérité glorieuse présentée en Ephésiens 4: «Il y a un seul corps». La table du Seigneur n'est pas la place où nous avons à montrer nos principes libéraux, notre largeur de coeur, notre esprit qui embrasse tous les chrétiens. Non: C'est le lieu où les droits de Christ doivent être maintenus; un endroit caractérisé par la vérité, la sainteté, et la justice pratique.

Cette table n'est pas notre table, la table des enfants de Dieu, mais celle du Seigneur. C'est un fait important qui demande à être sérieusement considéré. C'est sa prérogative à lui, non pas la nôtre, de proclamer ce qui doit caractériser ceux qui s'asseyent à sa table.

A en juger par le ton et le caractère de votre lettre, cher ami, il me semble que vous avez besoin de considérer plus à fond et avec prières le sujet tout entier de l'Eglise de Dieu et de la table du Seigneur. Hélas! nous manquons tous misérablement quant à l'intelligence de ces réalités divines. Nous sommes plus occupés de nos privilèges et de nos bénédictions que de ce qui est dû à notre Seigneur Jésus Christ. Qu'il vous aide à considérer ces choses importantes en sa présence et à la lumière de sa Parole.

Votre dévoué et affectionné.