Marie Madeleine

ME 1883 page 3  -  Lisez Luc 8: 2; Marc 16: 9; Jean 20: 1-18

 

C'est dans le huitième chapitre de l'évangile de Luc, que nous trouvons la première mention de Marie Madeleine. Voici ce que l'Esprit de Dieu nous dit d'elle: «Et il arriva après cela, qu'il passait par toutes les villes et tous les villages, prêchant et annonçant le royaume de Dieu; et les douze étaient avec lui, et des femmes aussi qui avaient été guéries d'esprits malins et de maladies, Marie, qu'on appelait Magdeleine, de laquelle étaient sortis sept démons… et plusieurs autres qui l'assistaient de leurs biens». Le trait par lequel Marie est caractérisée ici, nous montre d'un côté l'affreuse condition dans laquelle elle s'était trouvée, et d'un autre, la puissance de la grâce du Seigneur Jésus, qui l'avait délivrée et avait fait d'elle une de ses servantes dévouées.

Qu'il est précieux de suivre le Seigneur Jésus dans son service ici-bas, et de le voir déployer sa puissance en grâce envers tant de pauvres misérables qu'il rencontrait. Pour chaque coeur brisé, il avait la parole qui s'adaptait parfaitement à son état; pour chaque affligé, il avait la vraie consolation; il pouvait dire: «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos». Sa puissance divine était au service de toutes les compassions de son coeur, pour délivrer ceux qui étaient dans la souffrance. «C'est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu'il détruisît les oeuvres du diable».

Marie Madeleine était une de ces captives prises par l'homme fort, mais un plus puissant, Jésus, était survenu, et l'avait arrachée à la puissance de Satan. Elle avait changé de maître; elle avait eu celui qui est menteur et meurtrier dès le commencement, elle avait maintenant celui qui est débonnaire et humble de coeur, le Fils de Dieu, celui qui est la vérité et la vie. Merveilleux changement! Le coeur de Marie avait été lié à la personne de Jésus, il était devenu son Seigneur, elle lui appartenait entièrement, elle lui devait tout, et elle le suivait l'assistant de ses biens.

Marie était attachée à Jésus par un lien puissant et divin, celui de l'amour. Elle l'aimait, parce que lui l'avait aimée le premier. Objet d'une merveilleuse délivrance, elle aimait comme celle de laquelle Jésus disait: «Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé».

Qu'elle est grande l'oeuvre de Dieu pour nous et en nous! Que son nom soit à jamais loué par ceux qui la connaissent et qui sont les objets de son amour, et puissions-nous suivre Jésus pas à pas, humblement, fidèlement, sous ce joug aisé à porter, parce qu'il est celui de l'amour.

Peu avant de les quitter, Jésus avait dit à ceux qui le suivaient: «En vérité, en vérité, je vous dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; et vous, vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie… Vous avez maintenant de la tristesse, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira, et personne ne vous ôte votre joie». C'est ce qui eut lieu pour tous les disciples, mais particulièrement pour Marie Madeleine. Elle aimait beaucoup, et sa douleur était mesurée par l'étendue de son affection pour le Seigneur, lorsqu'elle se vit privée de lui par la haine de l'homme qui l'avait fait disparaître de la scène de ce monde. Mais le Seigneur tient compte de cette affection. Il attache du prix à l'amour des siens pour lui. Aussi voyons-nous dans l'évangile de Marc, qu'après sa résurrection, c'est à Marie qu'il apparaît d'abord. Jésus, rejeté par les hommes, livré par eux à la honte et à la mort, était apprécié par Marie. Elle était ainsi, malgré son ignorance, en communion de pensées et de sentiments avec Dieu, pour qui le Seigneur était la pierre vivante, choisie et précieuse, son Fils bien-aimé, en qui il trouvait son plaisir. Oui, chers amis, nous pouvons être ignorants, mais si nos coeurs sont attachés au Seigneur Jésus, notre ignorance sera bientôt dissipée. En appréciant Jésus, nous avons pour nos affections le même objet que Dieu lui-même. N'est-ce pas une chose infiniment précieuse, que d'être occupé avec Dieu de Celui qui est le centre des pensées et des conseils de Dieu? Quelle place merveilleuse pour des êtres tels que nous! Et, en étant attachés à Jésus, nous jouissons de l'amour du Père, suivant ce que dit le Seigneur: «Celui qui m'aime, mon Père l'aimera».

Le coeur de Marie suivait le Seigneur, même lorsqu'on le déposait dans le sépulcre; elle regardait, avec les autres femmes, non seulement où on le mettait, mais comment on l'y plaçait. Ces détails nous font connaître l'attachement de ces femmes pour la personne de Christ. Leur coeur était là où était leur Seigneur, bien qu'elles fussent très ignorantes à beaucoup d'égards.

Comme il faisait encore nuit, Marie vint au sépulcre. Il ne lui était pas pénible d'aller où étaient ses affections; mais elle ne trouve pas le corps du Seigneur. Quelle déception et quelle douleur! Elle pense trouver de la sympathie auprès de Pierre et de Jean; dans son anxiété, elle court les trouver et leur fait part de sa douleur: «On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l'a mis». Les deux disciples aussitôt courent aussi au sépulcre. Ici je voudrais m'arrêter un moment, chers amis, et vous faire remarquer ces courses que faisaient Marie et les disciples. Quel était leur objet? Qu'est-ce qui les occupait? C'était la personne de Jésus. Et nous, dans nos allées et nos venues, quels sont nos motifs, quel est notre mobile? Est-ce sa personne et sa gloire qui sont nos motifs? est-ce l'amour pour lui qui est notre mobile? Ah! comme nous le chantons quelquefois:

Que son amour dirige tous nos pas.

Pierre et Jean arrivent et entrent dans le sépulcre. Jean voit, et il croit que Jésus est ressuscité, puis tous deux s'en retournent chez eux. «Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait». On voit ici la différence entre l'état du coeur des disciples et celui de Marie. Ils avaient plus de connaissance, mais elle avait un coeur plus affectionné au Seigneur. La connaissance que les disciples ont, ne fait pas d'eux des étrangers dans ce monde; ils avaient un chez eux dans le lieu où leur Seigneur avait été crucifié; mais l'affection de Marie pour Jésus l'isole de tout, et ce monde n'est pour elle qu'un sépulcre vide. Combien nous ressemblons aux disciples! Nous possédons une quantité de vérités précieuses. Nous savons que nous sommes morts avec Christ, ressuscités avec lui, et même assis en lui dans les lieux célestes; nous le disons, nous le répétons souvent, et cela est très vrai, grâces à Dieu. Mais hélas! combien peu ces vérités sont réalisées dans nos âmes par la puissance du Saint Esprit; combien peu nous en faisons l'expérience dans nos coeurs, les goûtant de manière à ce qu'elles produisent leur effet pratique dans notre marche. Tout en parlant de ces vérités, notre intelligence seule les possède, et notre coeur peut être étranger à leur puissance et n'en point jouir. C'est pour cela que notre marche répond si peu à ce que nous connaissons. Combien il importe pour nous que la vérité amène nos coeurs et nos consciences en la présence de Dieu, afin qu'ils soient exercés, et que nous jugions dans la clarté de sa face tout ce qui ôte la puissance à la vérité sur nos coeurs et nous empêche de réaliser dans notre marche la position qui nous a été faite par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Soyons vigilants pour réaliser les vérités que Dieu, dans sa grâce, a mises en lumière dans ces derniers temps, nous souvenant que la science enfle, mais que l'amour édifie. Si quelqu'un pense savoir quelque chose, il ne connaît rien encore comme il faut connaître, mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui.

Revenons à Marie. Elle se tenait près du sépulcre dehors et elle pleurait. Elle n'avait point de chez elle pour son coeur, point de lieu de repos. Son âme était comme la colombe de Noé, qui ne pouvait trouver sur les eaux du déluge aucun lieu pour poser son pied. Sans son Seigneur, il n'y avait aucune consolation pour elle; ses larmes coulaient en abondance. Elle se penche pour regarder dans le sépulcre et voit deux anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête et un autre aux pieds, là où Jésus avait été couché. Mais les anges ne sont pas les objets qui peuvent donner à Marie le repos après lequel elle soupire; elle ne se laisse pas distraire de sa recherche par la gloire de ces êtres célestes: rien ne pouvait remplacer son Seigneur, même pour un moment.

Quelle leçon pour nous! Même la gloire angélique ne pouvait détourner du Seigneur la pensée et le coeur de Marie. Et nous, combien souvent nous nous laissons distraire par les choses vaines et frivoles de la terre, par les soucis de la vie, la recherche de nos aises, la préoccupation de ce qui passe. Il y aurait souvent lieu de pleurer de ce que la personne de Jésus a si peu de prix pour nos âmes, et de ce que nous savons si peu ce que c'est que la communion avec lui. Nous aurions plus de raison que Marie pour pleurer, car, si elle était privée de son Seigneur, ce n'était pas sa faute, tandis que pour nous, ce qui nous prive de la jouissance de sa communion, c'est le manque de vigilance, de prière, et la négligence à nous nourrir de la parole de Dieu; et l'ennemi en profite pour placer quelque chose entre Jésus et nos coeurs. Et nous ne pleurerions pas! Combien nous devrions sentir la perte que nous faisons ainsi. Les anges disaient à Marie: «Pourquoi pleures-tu?» Ils pourraient dire à plus d'un chrétien: «Pourquoi ne pleures-tu pas?» Ils auraient bien sujet d'être étonnés, en voyant ceux qui sont les objets de cet amour ineffable qui a été montré à la croix, être si indifférents pour leur Seigneur et Maître, pour Celui qui a donné sa vie pour nous avoir tout à lui! Oh! qu'il est grand cet amour du Seigneur! Combien nous avons besoin d'en être pénétrés et de comprendre que nous sommes son salaire, sa propriété; qu'il nous a achetés à grand prix pour que nous ne soyons plus à nous-mêmes, et qu'ainsi nous n'avons pas le droit de faire notre propre volonté, non pas même un seul instant. Faire notre volonté en quoi que ce soit, c'est mépriser les droits du Seigneur, c'est nous soustraire à l'autorité de notre Maître. Qu'il nous soit donné, bien-aimés, de réaliser mieux les paroles de l'apôtre: «Car l'amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité».

A la question des anges: «Pourquoi pleures-tu?» Marie répète le sujet de sa douleur: «Parce que l'on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l'a mis». Il y a dans ce mot «mon quelque chose de très intime et de très personnel. Le Seigneur était son Seigneur. N'est-ce pas le même sentiment d'affection qu'exprime l'épouse du cantique de Salomon lorsqu'elle dit: «Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui?» Le Seigneur lui-même vient répondre au désir du coeur de sa servante. Après avoir répondu à la demande des anges, elle se retourne et voit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que ce fût Jésus. Non seulement les anges étaient occupés de cette servante du Seigneur et contemplaient les larmes qui tombaient de ses yeux, mais le Seigneur lui-même jouissait de cette scène et appréciait ces larmes à leur valeur: elles étaient de celles qu'il met «dans ses vaisseaux» et qu'il inscrit «dans ses registres».

Remarquez que Jésus n'appelle pas d'abord Marie par son nom, mais il lui dit comme les anges: «Femme, pourquoi pleures-tu?» Il voulait que tout ce qu'il y avait d'affection pour lui dans le coeur de Marie fût exprimé, afin de manifester complètement l'état de son âme. Combien il est précieux pour le Seigneur, de voir un coeur tout entier à lui, répandant le parfum de ses affections pour lui, dans ce lieu même où toute la haine de l'homme contre lui s'était montrée dans ce cri: «Crucifie, crucifie-le!» Jésus jouissait de cette affection comme d'un parfum de bonne odeur. Nous jouissons de son amour pour nous, et lui jouit de notre amour pour lui. C'est ce que nous voulons encore exprimer, d'une manière si touchante, dans le cantique de Salomon: «Combien sont belles tes amours, ma soeur, mon épouse! Combien elles sont meilleures que le vin (toutes les joies terrestres), et l'odeur de tes parfums plus qu'aucune drogue aromatique».

Voilà, chers amis, ce que le Seigneur désire des siens, ainsi qu'il le dit en Jean 15: «Demeurez dans mon amour». Pour aimer Jésus, pour pouvoir lui témoigner notre affection, il faut demeurer en lui. Que le besoin de nos coeurs soit de le glorifier ici-bas où il a été méprisé. Il va venir dans très peu de temps pour nous prendre avec lui: profitons de ce court moment pour répandre autour de nous la bonne odeur de Christ.

Marie de Béthanie, soeur de Marthe, avait bien compris ce qui était précieux au Seigneur. C'est quand on le couvre de mépris et qu'on veut le faire mourir, qu'elle lui donne le témoignage le plus touchant de son affection en répandant sur ses pieds le nard pur de grand prix. Ah! chers amis, c'est le moment aussi pour nous de témoigner de notre amour pour ce précieux Sauveur, qui est aussi notre Seigneur, en marchant dans l'obéissance à ses commandements et à sa Parole. Le Seigneur Jésus n'est pas moins méconnu et méprisé maintenant qu'alors. Il l'est peut-être plus que jamais. Qu'il nous soit donné de lui être attachés plus que jamais, à lui et à la parole de sa patience. Plus les temps sont mauvais, plus il lui est précieux que nous lui soyons fidèles.

Revenons encore à Marie. Le Seigneur se place maintenant devant l'âme fatiguée et altérée de sa servante, afin qu'elle se repose et s'abreuve dans son amour. «Marie!» lui dit-il. Elle se retourne et dit à son tour: «Maître!» Comment exprimer tout son bonheur! Elle a trouvé une demeure, un lieu de repos pour son âme; elle s'y établit, si j'ose dire ainsi. Elle a retrouvé celui sans lequel tout est vide, sans lequel la gloire même du ciel n'est rien, celui qui est tout pour elle, et elle le possède pour toujours; personne ne le lui enlèvera plus jamais. La mort, il l'a vaincue; il est ressuscité; Satan, il est rendu impuissant par sa mort; le monde, il l'a surmonté. Elle le possède dans la résurrection. Quelle demeure sûre, quel lieu de repos pour les rachetés du Seigneur! C'est Jésus, la personne bénie du Fils du Dieu vivant, le fils de l'homme, ressuscité d'entre les morts.

Chers amis, notre confiance est-elle dans le Seigneur ressuscité et glorifié? demeurons-nous en lui? Il nous le dit: «Croyez en moi». Et quel est le résultat de cette confiance? L'apôtre Pierre nous le dit: «Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez, et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse». Ah! certes, «celui qui croit en lui, ne sera pas confus».

Maintenant Marie, qui était plus ignorante que les disciples, est enseignée par le Seigneur lui-même. Elle apprend des choses toutes nouvelles, et devient la messagère du Seigneur auprès de ses disciples, pour leur faire connaître les plus précieux résultats de la mort et de la résurrection de Christ. Ils apprennent de lui, par elle, qu'ils sont maintenant enfants de Dieu, placés dans la même position et la même relation que lui-même devant Dieu et avec le Père. Elle dépasse en connaissance les disciples. «Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent,» et Jésus dit: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui». Et encore: «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui». Marie fit cette expérience bénie; puisse-t-elle être aussi celle de tous nos coeurs!