Fragments de lettres

 

Fragments de lettres. 1

ME 1883 page 119  - Darby J.N. 1

ME 1883 page 158. 2

ME 1883 page 199. 3

ME 1883 page 220. 3

ME 1883 page 238. 4

ME 1883 page 259. 5

ME 1883 page 259  -  Darby J.N. 6

ME 1883 page 319. 7

ME 1883 page 339. 7

ME 1883 page 372. 8

ME 1883 page 396. 12

ME 1883 page 416. 13

ME 1883 page 436. 15

ME 1883 page 472. 17

 

ME 1883 page 119  - Darby J.N.

Londres, 2 mai 1871

Mademoiselle et chère soeur,

Je me suis procuré les deux livres dont vous m'avez parlé. On y trouve un mélange d'anciennes idées religieuses et de nouvelles lumières reçues de seconde main. Je ne doute nullement de la bonne foi de Mlle Shipton, ni de son désir de servir le Seigneur, et il se peut bien que son livre soit utile à quelque âme. Mais il ne me semble pas que le ton du livre soit entièrement selon le Seigneur. Cela tient un peu à l'école à laquelle elle appartient; elle ne s'élève guère au-dessus de l'état de son âme et des circonstances dans lesquelles elle se trouve. Anna Shipton est la principale figure du tableau, et non pas le Seigneur Jésus. L'expérience tient la place que la rédemption et le Rédempteur devraient tenir. Jésus devient le serviteur de l'âme, au lieu que l'âme soit en paix, servant le Seigneur. C'est toujours le cas. Je n'ai jamais vu une âme vivant dans ses expériences et s'occupant d'elle-même, chez laquelle le moi n'eût pas une place à l'insu de l'individu qui ne s'en doutait même pas. Le Seigneur Jésus nous sert dans sa grâce infinie, mais il est mauvais d'être occupé de soi et non de Lui. On ne se connaît pas à force de penser à soi; car, en pensant à Lui, le moi disparaît; on est dans la lumière; on ne l'est pas quand on s'occupe de soi-même. Vous me croirez froid et dur, mais c'est tout une école que ce livre, et on n'écrit pas un livre où l'on est occupé de son histoire, sans que le moi ne paraisse beaucoup trop. J'accepte peu que toutes ces choses se passent chez le chrétien, mais quand on est occupé de Jésus, la petitesse de tout ce qu'on est et de tout ce qu'on a fait reste dans l'ombre, et Jésus lui-même est en relief… Ce n'est ni la sincérité ni la vérité chrétienne de ce livre, mais plutôt sa réalité chrétienne que je mets en doute; le mal que j'y vois, c'est d'attacher de l'importance à ce qu'on a fait soi-même, de faire de soi-même un livre pour le publier, sans nier que plus d'un détail puisse être utile aux autres chrétiens. Toutefois le système qui les engage à travailler parce que d'autres ont travaillé, au lieu de s'en rapporter au Seigneur, parce qu'il nous envoie et que son amour et son Esprit nous y poussent, est, selon mon expérience, un mauvais système. On travaille avec une certaine légèreté.

Votre dévoué frère en Christ.

ME 1883 page 158

 Canada, octobre 1876

Chère soeur,

J'écris quelques lignes pour vous exprimer ma cordiale sympathie, car en ce moment même je viens d'apprendre que vous avez perdu votre cher mari. Cette nouvelle m'a profondément remué et combien plus cela a-t-il eu lieu pour vous-même. Avant que vous le connussiez, je le connaissais depuis longtemps; il était tout jeune encore, dans la maison paternelle, et je me suis occupé d'un voyage qu'il fit en Allemagne pour chercher une place d'instituteur, ce qui ne lui réussit pas. Dieu avait préparé pour lui un meilleur travail. Rentré chez lui, il y eut combat dans son âme entre l'appel du Seigneur et son devoir envers ses parents qui avaient fait beaucoup de sacrifices pour son éducation. Enfin, pendant un orage sur le lac de N***, qu'il traversait pour se rendre auprès d'une de ses soeurs, étant sur le point de périr, il sentit qu'il devait se vouer à l'oeuvre du Seigneur. Rentré à la maison il le dit à sa mère. Ensuite il se rendit à Berne, puis à Zurich, et y travailla, parce qu'il savait l'allemand. Dès lors vous l'avez mieux connu que moi, quoique nos rapports aient été toujours pleins d'amour et que je fusse lié de coeur avec lui, en sorte que le coup de la main du Seigneur m'atteint profondément. L'oeuvre du Seigneur aussi, dans un champ où, à vue humaine, peu de personnes pourront le remplacer, est en apparence laissée sans secours. Pour l'oeuvre, pour vous-même, il faut regarder au Seigneur. Votre part maintenant est d'avoir une entière confiance en Lui, le père des orphelins et le mari des veuves. Votre grande famille vous fournit l'occasion de glorifier beaucoup le Seigneur, parce que vous avez tant de choses à lui confier. Il cherche cette confiance. Si le coeur des hommes aime la confiance, le coeur du Seigneur bien davantage, puisqu'il est la bonté même. Confiez-moi, dit il, vos veuves, vos orphelins. Et non seulement le Seigneur Jésus a compassion, mais les circonstances éveillent sa pitié, comme dans le cas du fils de la veuve de Naïn, et lorsqu'il voyait ces foules qui étaient comme des brebis sans berger. Votre tâche est grande, mais elle ne l'est pas trop pour la bonté du Seigneur. Il peut faire par ce coup de vos enfants mêmes, une consolation et un appui. Mais votre confiance doit être dans le Seigneur, pour vous-même et pour tout. Je ne pensais pas, chère soeur, vous en dire autant, étant en voyage, dans un village du Canada, mais je ne voulais ni ne pouvais recevoir la nouvelle du départ de votre mari sans exprimer la part que je prends à votre deuil et à votre perte. Pour lui c'est joie et paix, pour vous et vos enfants c'est la séparation de ce qui est le plus cher, mais pour trouver la solitude avec Dieu. Mais Dieu suffit à tout, et lorsque le péché a introduit la mort, l'épreuve et le deuil, le vainqueur de la mort et de l'ennemi est entré ensuite, est devenu homme pour prendre part à tout et pour nous donner une espérance qui a fait de la mort même un gain, une espérance parfaitement certaine, un amour dont rien ne peut nous séparer.

Votre frère dans le Seigneur ***

ME 1883 page 199

1er juillet 1847

… Il faut distinguer entre la responsabilité et la dépendance en reconnaissant pleinement la première, qu'il est, je crois, très important de maintenir dans son intégrité.

Mais si l'on prend ce principe seul, on se décourage nécessairement. La pensée de la dépendance de Dieu renferme en elle la force de celui de qui nous dépendons… Quoi qu'il en soit, Dieu est fidèle dans son amour; sa grâce ne se dément jamais. Oh! que nous ayons plus de foi, pour savoir faire intervenir son amour en toutes choses, pour le bonheur de son Eglise et de ses enfants.

Les frères d'ici avaient besoin d'être relevés, mais j'espère que Dieu leur fait du bien. Il est étonnant jusqu'à quel point on peut être près de la source, et ne pas la voir, comme la pauvre Agar. La bouteille ne dure pas dans le désert…

Il me semble, selon ma faible intelligence, que la responsabilité du chrétien le tient constamment sur le qui vive, comme une sentinelle à un poste avancé, et qu'il y a pour cette âme un travail, qui lui donne quelquefois la crainte d'y manquer, ce qui doit nécessairement lui ôter de la joie, du courage; toutefois nous avons besoin d'être rendus intelligents en toutes choses (2 Timothée 2: 7), afin de ne pas pencher trop d'un côté quant à la responsabilité; et afin que, tout en voulant être conduits par la grâce, nous ne retournions pas à la loi. D'autre part, la dépendance bien réalisée laisse à Dieu toute la gloire de son action dans l'âme du fidèle, selon ce qui est dit, et les résultats de cette dépendance honorent Celui qui donne le vouloir et le faire pour y marcher.

ME 1883 page 220

 29 août 1848

… La vérité de Dieu est toujours plus précieuse; elle donne de la force à l'âme et la nourrit, car elle demeure éternellement, car elle révèle Jésus et nous attache à lui, source et force de tout bien. La misère de l'homme se déroule toujours plus devant mes yeux dans la Parole, mais accompagnée de cette vérité, qu'elle est passagère. Je parle de l'histoire du monde. Sa bonté demeure à toujours. Quelle différence entre l'histoire des rois et celle d'Abraham! (ce n'est pas d'aujourd'hui que cela me frappe). Quelle fraîcheur dans les rapports du patriarche avec Dieu en comparaison de ce qui est montré plus tard! On y est fatigué de l'homme, mais, en revanche, quelle patience de Dieu! Car, heureusement, Lui n'a pas été fatigué de l'homme, alors même qu'un Elie l'a été. Seulement il a dû sauver les hommes par lui-même et à sa manière. Il ne leur a rien retranché de ce que ses conseils et son amour avaient déterminé de faire à leur égard.

Je crois que mon esprit prend un peu ce chemin. Seulement il faut s'élever au-dessus de tout, et travailler pendant qu'il fait jour, dans le témoignage de sa parfaite grâce. C'est à la hauteur de celle-ci qu'il faut chercher à s'élever et ce sera dans l'oubli de soi-même.

ME 1883 page 238

 5 mars 1845

Bien chère soeur,

On m'a dit qu'il y a eu des rêves de soeurs au sujet de la venue de Jésus. Cela m'a donné un peu d'inquiétude, car, quoique absent de corps je suis présent en esprit, désirant et cherchant le bien de vous tous, chers rachetés de notre précieux Sauveur. C'est à la parole de Dieu, notre règle et notre lumière dans ces derniers temps, qu'il faut s'en tenir. Je ne prétends pas dire que Dieu ne puisse pas avertir par un rêve, car la parole de Dieu dit qu'il peut le faire; mais il faut être bien sur ses gardes. Nous n'avons pas besoin d'un rêve au sujet des choses clairement révélées de Dieu. Il y a danger que l'imagination soit exaltée, que l'on se croie quelqu'un d'extraordinaire, et que la simple Parole n'ait plus sa vraie importance. Satan est extrêmement actif dans ce moment, pour troubler les esprits, les agiter, et nous faire sortir par ses ruses du calme où il est de toute importance de se trouver dans ces jours-ci. C'est à cela que l'apôtre fait allusion en 2 Thessaloniciens 2, où l'ennemi cherchait à les détourner de l'attente tranquille du Sauveur, dont la venue leur était promise dans les Ecritures, et par le témoignage de l'Esprit, déjà donné. Satan voulait les agiter par quelque moyen, et l'apôtre montre qu'en général les signes et les merveilles se trouvaient du côté de l'Ennemi. Il réussissait momentanément déjà s'il pouvait les détourner d'une attente biblique. «Pour ce qui est des temps et des saisons, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive; car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront: «Paix et sûreté,» alors une subite destruction viendra sur eux… Mais vous n'êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur». Vous êtes du jour. Voilà la position du chrétien. Il est tranquillement déjà du jour. Il n'a besoin ni de signes, ni de merveilles, ni de songes. Il a la Parole. Il doit posséder son âme par la patience, gardant sa place avec humilité. En général, vous trouverez que ce sont des soeurs qui ont vu ces choses, et je n'ai pas remarqué ailleurs que cela les ait rapprochées de Dieu, soit elles-mêmes, soit d'autres. Dieu peut se servir des soeurs, et les honorer souvent beaucoup dans leur service, mais il est bon que ce soit dans beaucoup de tranquillité et de modestie d'esprit, de peur que l'ennemi, qui cherche toujours, et plus que jamais dans ces temps-ci, à agiter et à égarer les âmes des croyants, de peur, dis-je, qu'il ne prenne occasion de la faiblesse du vase, faiblesse qui, de notre part, demande honneur, mais qui, de la part des soeurs elles-mêmes, exige la patience et la paix. Je prie donc ces soeurs de bien peser ces choses, et de ne pas se laisser facilement aller à ajouter foi à ces rêves, comme venant de Dieu. Qu'elles prennent garde de ne pas se laisser entraîner par leur imagination, de peur qu'elles ne tombent dans le piège de l'ennemi, et qu'il n'en profite pour ébranler la foi de quelques-uns. Nous sommes en des temps où l'ennemi cherche à nous surprendre; la Parole est notre grande affaire et notre force. «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai de l'heure de la tentation. Tu as peu de force… tiens ferme ce que tu as… je viens bientôt;» voilà la direction pour nos jours. Que Dieu vous garde tous, bien-aimés, sous sa sainte sauvegarde. Marchez humblement près de lui, et il ne vous manquera pas. Mon coeur est avec vous; mes prières montent vers Dieu pour vous, et si les temps sont difficiles, ce sont des temps qui occupent les enfants de Dieu plus que jamais.

Si nous marchons comme n'ayant que peu de force, il mettra devant nous une porte ouverte que personne ne fermera. Contentons-nous de petites choses, et nous aurons toute la bénédiction du Seigneur. Et vous, chère soeur, tenez vous près du Seigneur, et marchez tranquillement et humblement, vous appuyant avec actions de grâces sur lui. Les temps sont mauvais, mais le Seigneur est fidèle. Réjouissez-vous en lui.

 ME 1883 page 259

Montpellier, 20 février 1849

… Puissent les frères être fidèles, humbles, aimants, et de vrais porte-lumière, car Dieu sait qu'il y en a besoin dans ces jours-ci. Ce sont des jours de patience, mais où les pauvres âmes ont tant besoin de lumière, que cela fait du bien au coeur de leur fournir quelque chose de solide pour les soutenir dans ces derniers jours. Beaucoup des chrétiens qui sont maintenant à l'oeuvre au milieu du mouvement qui se produit, ont mal débuté. Toutefois ils ont dû suivre le mouvement, mais mal, en y mêlant beaucoup de ce qui n'est pas de Dieu.

Il y a eu cependant de la foi personnelle, mais on ne peut pas se défaire de l'idée de faire quelque chose de grand et d'ecclésiastique ici-bas. Dieu n'a pas besoin de tout cela maintenant; les choses sont allées trop loin. Il faut des fondements et des vérités plus réelles, plus en Dieu, pour les jours qui viennent et qui sont. Au reste, ce sont heureusement des vérités précieuses et éternelles pour tous les temps. — Ces Messieurs parlent beaucoup de l'Eglise, car on en parle, mais point de l'Esprit ni de la Parole; de sorte que l'Eglise est une affaire arrangée sur la terre, ou même dans un pays, au lieu d'être l'épouse de Christ et de relever ainsi les vérités éternelles de son amour. — On passe outre, et la conséquence en est que la Parole n'est pas d'une autorité réelle; l'homme est leur conseil; ils considèrent et voient les circonstances. Pourtant il y a de la foi personnelle, et Dieu les bénira en cela.


Vernoux, 10 mars 1849

… Dieu agit, cher frère, et voilà ce qui est évident et ce qui me console en pensant à beaucoup de faiblesse et de manque de foi. Mais nous savons qui nous suivons et en qui nous avons cru, et là il y a toujours de la joie, une joie ineffable et glorieuse, et qui ne nous confondra pas. Je sens que nous avons à bénir Dieu profondément et avec allégresse de coeur en même temps, d'avoir placé de pauvres, faibles instruments comme nous, dans ce que je crois, sans aucun doute, être le vrai témoignage de sa part en grâce dans ces derniers jours; jours solennels, il est vrai, mais heureux, très heureux, si nous réfléchissons que c'est la prochaine venue de notre bien-aimé Sauveur qui leur donne leur caractère spécial. Qu'il nous rende heureux et pleins de foi, et qu'il nous détache, en simplicité, du monde qu'il va juger…

ME 1883 page 259  -  Darby J.N.

Londres, février 1881

… Le mot «ami» a un double sens: mon ami est un homme auquel je puis ouvrir mon coeur, et aussi un homme qui est bon et amical pour moi; mais le terme indique toujours une certaine intimité. Les Juifs appelaient le Seigneur «un ami des pécheurs,» et il l'était en effet. Il appelait ses disciples ses amis, parce qu'il leur avait communiqué tout ce que le Père lui avait donné. Toute familiarité avec le Seigneur, comme on la trouve chez les Moraves, me fait une impression très désagréable et je la crois charnelle, même quand elle se lie à la piété. «Il n'a pas honte de nous appeler frères». Dans ce dernier sens, il est tout à fait inconvenant d'appliquer ce mot à Jésus et de l'appeler notre frère. Dans les exemples que vous me citez, je trouve le style trop familier. Mais si l'on dit: Quel merveilleux ami des pécheurs était Jésus, lorsqu'il se donna pour nous sur la croix! ou bien: Quel ami des siens est ce Jésus qui est toujours vivant pour intercéder pour nous! la pensée devient tout autre. Mais il faut éviter une liberté inconvenante.

L'assemblée pour rompre le pain est en principe la réunion de tous les chrétiens dans l'unité du corps de Christ. Tout chrétien a donc le droit d'y prendre part. Mais en même temps, dans l'état actuel de la chrétienté, nous sommes appelés à maintenir scrupuleusement, sûrement et avec zèle, la sainteté de la table du Seigneur (2 Timothée 2: 22). Or l'assemblée n'est nullement une réunion volontaire de chrétiens qui aurait choisi l'assemblée, car ainsi elle serait une secte. Elle est, en tant que la chose est possible maintenant, la réunion de tous les membres du corps de Christ. Il s'agit d'avoir un témoignage suffisant que ceux qui aimeraient à y prendre part sont de vrais chrétiens, que leur marche est morale, chrétienne. Or s'ils se réunissent d'habitude avec ceux qui nient des vérités chrétiennes, ils sont souillés; et de même s'ils se réunissent là où l'immoralité est permise.

La différence de vues ecclésiastiques n'est pas une raison suffisante pour exclure une âme. Mais si l'on voulait passer un jour parmi les frères, un autre avec les sectes, je ne le permettrais pas et ne recevrais pas une telle personne, car, au lieu d'employer la liberté qui lui appartient pour jouir de la communion spirituelle des enfants de Dieu, elle met au jour la prétention de changer l'ordre de la maison de Dieu et de perpétuer la séparation des chrétiens.

 ME 1883 page 319

 14 août 1848

… Soyons heureux dans la pensée qu'en nous attachant à Lui nous jouirons de toute la clarté et de la joie de sa lumière. Qu'on est heureux d'être à lui et de voir la lumière dans sa lumière! Que cette lumière est brillante et glorieuse sur ceux qui sont «à la belle étoile» attendant le lever de l'étoile matinière, et la venue de ce précieux Sauveur, qui les placera dans le ciel comme les rayons de sa gloire et les fleurons de sa couronne, comme les compagnons intelligents de sa gloire, comme l'épouse de son coeur.

Elle est déjà levée dans nos coeurs cette étoile; qu'elle n'y pâlisse pas!

Que les frères apprennent à sentir tout ce que Christ est dans la souffrance et dans la patience, afin qu'ils jouissent moralement de sa gloire quand elle arrivera.

Que la paix et la présence de notre précieux Jésus soient avec vous tous, chers frères. Il est pour nous, de toute manière, un bonheur infini!

J'ai été frappé dernièrement de voit combien David est plus intéressant que Salomon, car, si ce dernier nous montre davantage le temps de bénédiction et de paix sous le règne de Jésus, le premier nous présente la personne, les affections, les souffrances et le coeur de Jésus, et cela vaut pour nous tout le reste.

 ME 1883 page 339

Belfast, 7 janvier 1874

… Dans ce moment l'Esprit de Dieu agit évidemment dans sa grâce. Il est doux de penser que c'est lui qui tient les portes ouvertes, et que, s'il le fait, personne ne peut les fermer. Le mal avance à grands pas, soit la superstition, soit l'incrédulité. L'on est éhonté d'un côté, superficiel et sans aucun principe ferme de l'autre. La vérité, comme dit Jérémie, est tombée dans les rues; seulement, en même temps, il y a une grande activité de l'Esprit de Dieu sous toutes les formes extérieures, et tout présage la venue du Seigneur. Les choses vieilles, tout ce qui est établi, croule, est sans force…

En effet, depuis Luc 9: 51 à 18: 34, le Seigneur est en route pour Jérusalem. L'histoire de l'aveugle Bartimée forme, dans les trois synoptiques, le commencement des derniers jours à Jérusalem. Or ce voyage est entremêlé de discours qui toutefois se rapportent tous à l'introduction du nouveau système et à la mise de côté de l'ancien ordre de choses. Luc introduit le nouvel ordre, les choses dans lesquelles nous nous trouvons, plutôt que le royaume à venir… Pour ma part, je reviens beaucoup aux Evangiles pour étudier le précieux Sauveur lui-même. Ils sont remplis de la plus riche instruction. J'ai beaucoup joui de Matthieu et de Marc tous ces jours… Le Gethsémané de Matthieu m'a profondément intéressé ces temps-ci: Jésus, victime sans ressource humaine; l'homme lui fait totalement défaut. Voyez comme il se tourne, des douleurs profondes de sa prière, vers ses disciples qui dormaient. Sa douceur ne trahit d'autre émotion que l'amour pour eux. Quelle tranquillité! L'âme qui, au moment même, tremblait d'agonie à la pensée de la coupe qu'il avait à boire, ne montre que la douceur qui trouve une excuse pour ses pauvres disciples, en faisant à Pierre un reproche d'une tendresse plus douce que la louange. Mais je m'arrête…

ME 1883 page 372

1859 (*)

(*) Nous laissons telle quelle cette importante lettre sur l'humanité du Seigneur, préférant l'incorrection du style à des changements qui pourraient altérer la pensée en un sujet aussi délicat. (Ed.)

Les questions que vous m'adressez me font sentir profondément tout ce qu'il y a de fâcheux dans des questions subtiles sur la personne de Jésus; c'est ce qui tend à dessécher et troubler l'âme, à faire perdre l'esprit d'adoration et d'affection, et à lui substituer des questions épineuses, comme si l'esprit de l'homme pouvait résoudre la manière dont l'humanité et la divinité de Jésus s'unissent l'une à l'autre. C'est dans ce sens qu'il est dit: «Personne ne connaît le Fils sinon le Père» (Il va sans dire que je ne prétends pas le faire). L'humanité de Jésus ne se compare pas, elle était une vraie et réelle humanité, corps, âme, chair et sang, telle que la mienne, sauf le péché en tant qu'humanité, mais il a paru en des circonstances toutes différentes de celles où Adam se trouvait. Il est venu exprès pour porter nos peines et nos infirmités; Adam n'avait pas à en porter; ce n'est pas que sa nature n'en fût pas susceptible en soi, mais il n'était pas dans des circonstances qui en amènent; Dieu l'avait placé dans une position inaccessible au mal physique, jusqu'à ce qu'il soit tombé sous le mal moral.

D'un autre côté, Dieu n'était pas en Adam; Dieu était en Christ au milieu de toutes sortes de misères et d'afflictions, de fatigues et de peines. Christ y passait selon la puissance de Dieu et avec les pensées dont l'Esprit de Dieu était toujours la source, bien qu'elles fussent humaines dans leurs sympathies. Adam avant sa chute n'avait pas de peine; Dieu n'était pas en lui, ni le Saint Esprit la source de ses pensées; après sa chute, le péché était la source de ses pensées, jamais en Jésus. D'un autre côté, Jésus est fils de l'homme, Adam ne l'était pas; mais, en même temps, Jésus est né par la puissance divine, de sorte que cette chose sainte qui est née de Marie est appelée Fils de Dieu, ce qui n'est vrai d'aucun autre. Il est Christ né de l'homme, mais comme homme même né de Dieu, de sorte que l'état de l'humanité en lui n'est ce qu'était Adam, ni avant sa chute, ni après sa chute. Or l'humanité n'a pas changé en Adam par sa chute, mais l'état de l'humanité; il était autant homme avant qu'après, après qu'avant; le péché y est entré et l'humanité s'est éloignée de Dieu, elle est sans Dieu dans le monde. Or Christ n'était pas cela; il était toujours parfaitement avec Dieu (sauf à souffrir sur la croix l'abandon dans son âme), aussi la Parole a été faite chair, Dieu a été manifesté en chair. Ainsi agissant dans cette véritable humanité, sa présence était incompatible avec le péché dans l'unité d'une même personne. L'on se trompe si l'on croit qu'Adam avait de l'immortalité en lui-même; aucune créature ne la possède; elles sont toutes soutenues de Dieu qui seul a l'immortalité essentiellement. Quand Dieu n'a plus voulu la soutenir dans le monde, l'homme devient mortel et sa force s'épuise de fait selon les voies et la volonté de Dieu; il a près de mille années de vie quand Dieu le veut, soixante-dix seulement quand il le trouve bon. Dieu veut que cela se termine, qu'on meure tôt ou tard, sauf à transmuer ceux qui seront vivants à l'arrivée de Jésus, parce que le Seigneur a vaincu la mort.

Or Dieu était en Christ, ce qui changeait tout, mais non pas à l'égard de la réalité de son humanité, avec toutes ses affections, ses sentiments, ses besoins naturels d'âme et de corps qui étaient tous en Jésus, lequel subissait par conséquent l'effet de tout ce qui l'entourait, seulement selon l'Esprit et sans péché. Personne ne lui ôte sa vie, il la remet, mais quand le moment voulu de Dieu est arrivé. De fait il s'abandonne à l'effet de l'iniquité de l'homme, parce que c'était la volonté de Dieu qu'il venait accomplir; il se laisse crucifier et tuer, seulement il est maître du moment où il rend son esprit. Il ne fait aucun miracle pour empêcher l'effet des moyens cruels de mort que l'homme employait, ou pour en garantir son humanité. Il la laisse à l'effet de ces moyens; sa divinité ne s'emploie pas pour l'en garantir, pour le garantir de la mort, mais pour ajouter toute sa valeur morale, toute sa perfection à son obéissance; il ne fait pas de miracle pour ne pas mourir, mais il fait un miracle en mourant. Il agit selon ses droits divins en mourant, mais non pas en se garantissant de la mort, car il remet son âme à son Père aussitôt que tout est achevé. La différence donc de son humanité n'est pas en ce qu'elle n'était pas réellement et pleinement celle de Marie, elle l'était bien; mais en ce qu'elle l'était par un acte de puissance divine, de manière à être telle sans péché, et de plus, qu'au lieu d'être séparé de Dieu dans son âme comme tout homme pécheur, Dieu était en lui, il était de Dieu. Il pouvait dire: J'ai soif; mon âme est troublée, elle est fondue comme de la cire au dedans de mes entrailles; mais il pouvait dire: Le Fils de l'homme qui est dans le ciel; et: Avant qu'Abraham fût, je suis.

L'innocence d'Adam n'était pas Dieu manifesté en chair; elle n'était pas l'homme assujetti, quant aux circonstances dans lesquelles son humanité se trouvait, à toutes les conséquences du péché; d'un autre côté, l'humanité de l'homme déchu était tombée sous la puissance du péché, d'une volonté opposée à Dieu, de convoitises qui lui sont ennemies. Christ est venu pour faire la volonté de Dieu; en lui le péché n'était pas. C'était l'humanité en Christ où Dieu était, et non pas l'humanité séparée de Dieu en soi. Ce n'était pas l'humanité dans les circonstances où Dieu avait placé l'homme quand il l'a créé, mais dans les circonstances où le péché l'avait placé, mais dans ces circonstances sans péché; non pas tel que le péché le rendait en elles, mais tel que la puissance divine le rendait dans toutes ses voies, tel que le Saint Esprit se traduisait dans l'humanité au milieu de ces circonstances. Ce n'était pas l'homme où il n'y avait point de mal, comme Adam innocent, mais l'homme au milieu du mal; mais ce n'était pas l'homme mauvais, au milieu du mal, comme Adam déchu, mais l'homme parfait, et parfait selon Dieu, au milieu du mal; Dieu manifesté en chair, une humanité réelle et véritable, mais son âme ayant toujours les pensées que Dieu produit dans l'homme et en communion absolue avec Dieu, sauf lorsqu'il souffrit sur la croix, où il dut, quant aux souffrances de son âme, être abandonné de Dieu, plus parfait alors quant à l'étendue de la perfection et au degré d'obéissance, que partout ailleurs, parce qu'il accomplissait la volonté de Dieu en face de sa colère, au lieu de l'accomplir dans la jouissance de sa communion; et c'est pourquoi là seulement, et jamais ailleurs, il a demandé que cette coupe passât loin de lui. Il ne pouvait pas trouver sa nourriture dans la colère de Dieu.

Notre précieux Sauveur était tout aussi réellement homme que moi, quant à l'idée simple et abstraite de l'humanité, mais sans péché, né miraculeusement par la puissance divine, et de plus, il était Dieu manifesté en chair.

Maintenant, après avoir tant dit, je vous engage de toute mon âme à ne pas chercher à discuter et à définir la personne de notre précieux Sauveur; vous perdrez la saveur de Christ dans vos pensées et vous ne trouverez à sa place que la stérilité de l'esprit de l'homme dans les choses de Christ, et dans les affections qui s'y rapportent. J'ai engagé les frères ici à s'en abstenir, et ils s'en sont bien trouvés. C'est un dédale pour l'homme, parce qu'il y travaille de son propre fonds. C'est comme si quelqu'un disséquait le corps de son ami, au lieu de se nourrir de ses affections et de son caractère. C'est, pour l'Eglise, un des plus mauvais signes d'entre tous ceux que j'ai rencontrés. Il est bien triste d'entrer dans cette voie, et que cela soit présenté de cette manière devant l'Eglise de Dieu et devant le monde. J'ajouterai que j'ai si profondément la conviction de l'incapacité de l'homme à cet égard, et que c'est en dehors de l'enseignement de l'Esprit de vouloir définir le comment de l'union de la divinité et de l'humanité en Jésus, que je suis tout prêt à supposer que, tout en voulant l'éviter, j'ai pu y tomber, et en y tombant parler à faux en quelque chose dans ce que je vous ai dit.

Qu'il soit réellement homme, fils de l'homme, dépendant de Dieu comme tel, et sans péché dans cet état de dépendance, réellement Dieu dans toute sa perfection ineffable, voilà ce à quoi je tiens, je l'espère, plus qu'à ma vie. Définir tout, c'est ce que je ne prétends pas. Personne ne connaît le Fils sinon le Père; si je trouve quelque chose qui affaiblit l'une ou l'autre de ces vérités, ou qui déshonore Celui qu'elles ont pour objet, je m'y opposerai de toutes mes forces, Dieu m'y appelant.

Que Dieu vous donne de croire tout ce que la Parole enseigne à l'égard de Lui, Jésus. C'est notre pain et notre nourriture de comprendre tout ce que l'Esprit nous donne à comprendre, et de ne pas chercher à définir ce que Dieu ne nous appelle pas à définir, mais d'adorer d'un côté et de manger d'un autre, et d'aimer de toute manière selon la grâce du Saint Esprit.


Dublin, 19 décembre 1877

Bien cher frère,

J'ai été bien réjoui de recevoir ces bonnes nouvelles de X. Il faut se souvenir que le Seigneur est au-dessus de tous les éléments qui nous font la guerre dans la marche voulue de lui, et même qu'il fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment. Puis, ce n'est pas toujours en corrigeant les défauts qui se trouvent devant nous que les misères se guérissent; elles disparaissent quand on nourrit les âmes des richesses qui sont en Christ…

En se nourrissant soi-même de Christ, et il se communique très librement, il faut faire vivre les autres dans une autre atmosphère, où Christ se trouve, et, quand les âmes s'exercent devant Dieu, où elles se transforment à son image, en sorte que les affections coulent comme les siennes ont coulé dans ce monde.

C'est beaucoup dire, et sans doute nous nous trouvons loin de notre modèle, mais au fur et à mesure que nous réalisons Christ dans nos coeurs, nous le reflétons sans nous en apercevoir. Le «moi» disparaît comme principe moteur, et la vie de Christ se manifeste. Un vrai exercice d'âme est nécessaire pour produire cet effet: «Portant toujours, partout, dans le corps,» dit l'apôtre, «la mise à mort du Seigneur Jésus». «La mort opère en nous». Il y a toutefois ces trois choses: «Vous êtes morts» (Colossiens 3); voilà le jugement de Dieu. «Faites votre compte que vous êtes morts;» voilà ce que la foi fait, en réponse. C'est la liberté par la grâce du Saint Esprit. «Portant toujours dans le corps la mort de Jésus,» c'est la réalisation pratique. Si nous n'avions pas les deux premiers, le troisième ferait le moine; avec les deux premiers il fait le saint, où Christ est tout.

Souvenez-vous, cher frère, que c'est la rédemption qui nous introduit dans le désert; la mort avec Christ (le Jourdain) nous donne la circoncision et Canaan. Le désert ne fait pas partie du propos arrêté de Dieu, mais bien de ses voies. Aux chapitres 3, 6, 15 de l'Exode, il n'en est pas question. La rédemption et la gloire, voilà ce qui est dans le coeur de Dieu. Deutéronome 8 nous fournit ses voies. Le brigand est parti tout droit pour le paradis, propre à y entrer. En général, nous traversons le désert, mais Dieu nous a rendus capables de jouir de l'héritage des saints dans la lumière. Mais la patience doit avoir son oeuvre parfaite; puis il faut compter sur le Seigneur et lui remettre tout. Il accomplira tout pour sa gloire. C'est dans le désert et dans le combat que nous avons les «si», seulement il y a la sûre fidélité de Dieu pour nous garder jusqu'au bout, mais, en même temps, épreuve et dépendance. Avec la rédemption et notre place en Christ, il n'y a pas de «si;» l'une est accomplie, l'autre est notre position de fait…

Je me suis senti appelé à me mettre un peu à la brèche contre l'incrédulité qui se propage, et, je le crois, non sans le secours et l'approbation de Dieu. Paix vous soit.

ME 1883 page 396

 185…

… Il est clair que les afflictions sont des épreuves de la foi aussi bien que des châtiments; aussi ne doit-on pas supposer que des châtiments proprement dits soient toujours le sens de ce qui nous arrive. Il y a discipline aussi bien que châtiment, c'est-à-dire ce qui purifie, ce qui aide à mâter la chair, ce qui brise la volonté et aide, par une oeuvre intérieure, à nous mettre à l'abri, des tentations extérieures qui nous surprendraient sans cela, à cause de la légèreté innée du coeur qui s'adonne si facilement, hélas! sans le savoir, à la vanité, s'il n'y a pas quelque contrepoids. Je ne parle pas de la légèreté extérieure, mais de cette tendance à oublier la présence de Dieu, qui nous est si naturelle. Il y a donc châtiment, discipline, et l'épreuve de la foi. Le châtiment devrait avoir son effet sur la conscience, en la réveillant au sujet de quelque faute (au moins par l'opération du Saint Esprit qui l'accompagne); mais en même temps l'oeuvre n'est pas faite, tant que la racine de la faute n'est pas découverte à la conscience (et c'est ce qui s'applique à tous les genres de discipline). Le manque de dépendance de Dieu, l'orgueil, peut faire tomber dans bien des fautes; l'âme n'est pas restaurée avant que ce qui a donné lieu à ces fautes soit jugé dans le coeur. La discipline s'applique plutôt à l'état de l'âme. Il y a négligence, hauteur, oubli intérieur de Dieu, mille choses qui donnent lieu à l'emploi de la serpe du vigneron, et même il est nécessaire que des choses qui ne sont nullement découvertes dans la conscience, soient empêchées d'agir dans le coeur. La chair a besoin d'être ainsi tenue d'avance en échec. Mais il y a un perfectionnement de la nouvelle créature en soi, qui donne lieu à des épreuves. Christ y a passé. Quoique le nouvel homme soit parfait en soi, il y a cependant progrès. En nous, ces diverses choses se mêlent; en Christ, il n'y avait que ce dernier. Non pas qu'il ne fût pas parfait toujours, mais il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes; sa foi et son obéissance étaient mises à l'épreuve par des circonstances toujours plus difficiles, et cela jusqu'à la mort. Sa perfection n'était pas d'agir, mais de souffrir, il y avait dans la souffrance un renoncement plus total à lui-même. Il en était de même de l'apôtre Paul. C'est ce qui se trouve plus particulièrement dans l'épître aux Philippiens. Dieu permet que l'ennemi place des difficultés sur le chemin du nouvel homme. C'est une épreuve; l'énergie du nouvel homme y est exercée, elle y est fortifiée, et plus tard couronnée. Si l'on n'agit pas selon la foi on recule, on perd la joie, ou au moins la lumière du Saint Esprit. Le nouvel homme, tout en étant parfait dans sa nature, est un être dépendant. C'est la place que Christ a prise. Quelquefois les épreuves extérieures sont nécessaires, pour que nous démêlions ce qui est du vieux et du nouvel homme, qui restent confondus dans nos coeurs trompeurs… Lorsqu'il reste dans le coeur quelque plainte qui ne s'adresse pas à Dieu comme à un Dieu de grâce, quelque méfiance de Lui, c'est la chair et l'oeuvre de l'ennemi. Lorsqu'on ne marche pas en avant, quand Dieu nous a montré le chemin, à cause de quelque difficulté, la chair agit et l'Esprit est contristé. Ayez confiance en lui et jouissez de son amour. Nous pouvons être abattus quelquefois (quoique presque jamais sans quelque manque de foi), et tout va bien, si nous apportons tout cela à Dieu. Si c'est l'épreuve seulement, nous serons certainement consolés; s'il y a faute en nous, elle y sera découverte. Quoiqu'il en soit, allons vers lui, sa paix gardera nos coeurs


Ryde, 24 janvier 1873

… Il faut demander au maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. A cet égard nous n'avons jamais eu que tout juste la bouche au-dessus de l'eau. C'est plus de dévouement qu'il faudrait. Il y a, j'en connais même, des frères qui seraient plus utiles à l'oeuvre, si seulement ils étaient plus dévoués. Ils sont absorbés par autre chose, et ce n'est pas seulement une distraction, mais quand ils se mettent à l'oeuvre il n'y a pas cette maturité, cette fourniture d'âme, cette connaissance des coeurs, et la manière dont la Parole s'applique à leurs besoins, qui donnent leur prix à un ministère. Voyez 1 Timothée 4: 15. Ce n'est pas qu'on ne puisse, si l'on se tient tranquille dans un seul endroit, s'occuper d'un travail quelconque, manuel ou autre; Paul l'a bien fait; mais que le coeur soit à l'oeuvre, non à un but mondain.

… Partout, malgré le désordre général, on écoute là où un évangile positif et de pleine grâce est prêché. Nous avons un royaume qui ne s'ébranle pas. Les choses qui ne se voient pas me paraissent plus réelles qu'elles ne l'ont jamais été, comme aussi la révélation de grâce dans la vie du Seigneur ici-bas, la peine qu'il se donne pour nous persuader de son amour, la manière dont il nous place dans la même relation que lui avec son Père, tandis que le Saint Esprit nous le présente toujours en même temps comme Fils de Dieu, dans la dignité de sa personne. Connaissance divine, puissance divine sur la création (Matthieu 17: 24-27), mais «nous,» «moi et toi,» en même temps. En Matthieu 3, nous avons le modèle de notre position par la rédemption, mais est-ce que Jésus regarde en haut et se change dans l'image de ce qu'il voit, de gloire en gloire? Nullement. C'est le ciel qui s'ouvre sur lui pour le regarder; et maintenant: «Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu». — Voilà notre pain descendu du ciel, et maintenant il y est rentré pour nous préparer une place, et nous le verrons tel qu'il est, lui qui nous a tant aimés.

ME 1883 page 416

Février 1859

Bien cher frère,

J'ai appris indirectement que vos réunions ont été fermées, pour le moment du moins. Je n'ai guère besoin de vous dire que mon coeur est avec les frères, et combien je désire qu'ils soient de toute manière dirigés de Dieu dans ces circonstances.

Déjà nous avons prié pour eux ici, et Dieu, qui est au-dessus de tout et qui ne retire jamais ses yeux de dessus les siens, prendra soin de vous, j'en ai la confiance, et fera éclater sa grâce et ainsi sa gloire, en votre faveur. Tenez vous, je vous en supplie, tout près de Lui, afin que vous sachiez ce qu'il y a à faire en son nom, que vous soyez encouragés, et que la clarté de sa face soutienne votre foi. Son appui vaut tout le reste. Ces choses n'arrivent pas au hasard et rien ne lui échappe.

L'affliction, est-il dit, ne sort pas de la poussière (*), et, quels qu'en soient les instruments, ce ne sont pas les habitants de ce monde qui en dirigent le cours; pas même en premier lieu l'ennemi de nos âmes. C'est Dieu qui a dit à Satan: «As-tu considéré mon serviteur Job?» Dieu voyait que Job avait besoin du crible; l'ennemi lui-même n'en était qu'un instrument.

(*) Job 5: 6.

Les circonstances dans lesquelles les frères se trouvent seront sans doute une épreuve, mais où la grâce opère dans les coeurs (que ce soit en tous!) en bénédiction. On sent que l'on n'est pas de ce monde. Le coeur est mis en demeure de se demander: Est-ce que je marche après Christ pour l'amour de Christ, parce qu'il a les paroles de la vie éternelle, parce que, comme il l'a dit, le suivre c'est le servir? Ne suis-je pas disposé à accepter la marche du monde pour avoir du repos dans le monde? — Questions sérieuses pour le coeur!… Je n'ai pas besoin de dire que, sauf dans les choses où la parole de Dieu engage la conscience, on se soumet aux autorités, mais on ne transige pas avec le monde dans les choses de Dieu, pour rendre sa marche en apparence plus facile. Je dis: en apparence, car un pas en amène un autre, et on trouve toujours plus difficile de s'arrêter.

Que Dieu donne aux frères un esprit calme, patient; qu'ils s'attendent à Dieu et comptent sur lui, dans l'assurance qu'il ne retire jamais ses yeux de dessus les justes, et qu'il interviendra quand le moment opportun sera arrivé. Qu'ils aient toute douceur, mais aussi toute fermeté en s'attendant à Dieu, et qu'ils s'adonnent à la prière. Il est impossible que Dieu abandonne les siens, bien qu'il les éprouve. — Oh! que Dieu fasse tourner cette épreuve en bénédiction! qu'elle pousse les frères vers Dieu et les rapproche de lui, qu'elle rende leur vie spirituelle plus profonde, et les fasse s'entretenir davantage avec Dieu…

Je compte sur lui pour vous; je n'ai jamais trouvé qu'il ait manqué aux siens; jamais.

Saluez affectueusement tous les frères; qu'ils prient beaucoup Dieu; cela leur donnera de la douceur et du courage en même temps. Ce n'est pas une chose nouvelle que les chrétiens souffrent pour Celui qui les a tant aimés. Dieu a pris soin de ses chers enfants en France jusqu'à présent. Il ne change pas, et si les frères sont fermes et patients, ceci tournera en bénédiction positive. Que Dieu les garde. Il agit en France et ailleurs; je ne crois pas qu'il en retire son témoignage. Il peut discipliner pour que nous rendions un témoignage plus net, plus brillant, plus céleste, mais il ne délaissera pas et n'abandonnera pas les siens qui se confient en lui…


San-Francisco, 9 juillet 18…

… Je vous prie de saluer bien affectueusement les frères de ma part, et je désire ardemment, pour la gloire du Seigneur, qu'il vous bénisse abondamment, et que le fruit de vos entretiens et de sa présence soit permanent. Mon coeur soupire après la glorification du Seigneur dans la marche des siens. Qu'ils le glorifient, non seulement en évitant le mal, mais en maintenant une étroite communion avec lui; que, détachés du monde dans toutes leurs voies, ils Lui soient en témoignage, en témoignage aussi que leurs coeurs sont ailleurs, parce que leur trésor est ailleurs…

Je sympathise, cher frère, avec vous dans la perte de vos enfants, on me l'avait annoncée. C'est un coup douloureux pour le coeur des parents; cela se comprend, et je crois que ceux qui ne le sont pas, peuvent, selon la mesure de l'Esprit de Christ, le ressentir d'une manière non moins sensible.

Il a senti, d'une manière un peu différente il est vrai, la mort de Lazare, plus que ne l'ont fait ceux qui y assistaient. Mais tout cela appartient à ce qui est ici-bas, où tout passe et change. Toutefois il est toujours notre Dieu. Il a pleuré, mais il a ressuscité. Il sympathise avec nous, mais il a introduit la puissance du bien, de Dieu lui-même, au milieu du mal. Pour nous, le résultat est à attendre, mais il n'en est pas moins sûr. Je ne doute nullement que tous les enfants qui meurent ne soient avec Lui, et c'est là que se trouve ce qui dure, ce qui est parfait, ce qui est entièrement de lui. Nous attendons, mais lui aussi attend pour nous avoir. Nous attendons avec désir, mais Celui qui doit venir viendra, et ne tardera pas. Nous avons besoin de patience, afin qu'après avoir fait la volonté de Dieu, nous héritions de l'effet de la promesse. J'espère que, dans cette douleur, le coeur de Madame X. se repose dans le Seigneur. Il est doux de le faire; sa grâce est parfaite…

ME 1883 page 436

 Londres, 3 décembre 1863

Mes bien aimés frères,

… Je sens qu'il est de mon devoir de vous mettre au clair quant à la différence (ou plutôt quant à l'opposition) entre la doctrine que j'ai enseignée et celle à laquelle je me suis opposé. M. Newton maintenait que le Seigneur Jésus, étant né Juif et enfant d'Adam, était (tout en n'ayant pas de péché personnellement) aussi éloigné de Dieu que les Juifs et les autres pécheurs, qu'il était ainsi exposé à l'indignation et à la colère de Dieu dans son âme; ce que Dieu aussi lui a fait sentir, de sorte que son âme a subi la frayeur et la terreur de Sinaï, et d'une loi violée; — cela par sa naissance; il naquit ainsi; — qu'il a pu se soustraire plus ou moins à cela par la piété et la prière, qu'il a entendu Jean-Baptiste pour lui-même, a trouvé ainsi le soulagement de l'évangile, et est passé comme de dessous la loi sous la grâce, mais que, jusqu'à ce qu'il eût pris la place de la repentance sous cette prédication, il n'avait pas pu être oint du Saint Esprit; qu'après tout, il n'a pu se rencontrer avec Dieu que dans la mort, la mort de la croix.

Maintenant, ce qui se trouve dans mes écrits est ceci: qu'au contraire, étant né miraculeusement sans péché et Fils de Dieu, il jouissait de la clarté de la face de Dieu; qu'il a pu prévoir et pressentir la douleur de la mort par laquelle il devait passer, ainsi que l'on peut voir en Jean 12; qu'en souffrant ici-bas, il portait dans son coeur nos douleurs et nos peines, mais tout était joie dans son âme vis-à-vis de son Père, de qui il faisait les délices, sachant, en faisant toujours ce qui lui était agréable, que le Père l'exauçait toujours. Que, lors de son baptême par Jean, il accomplissait la justice (la volonté de Dieu), et, au lieu de sortir de ses angoisses légales, comme associé à la position des Juifs non convertis par sa naissance, lorsque le résidu faisait le premier pas de leur retour à Dieu sous l'influence de l'Esprit et de la Parole, il prenait part avec ce résidu, s'identifiant par la grâce avec lui dans sa marche selon Dieu, en confessant le mal dans lequel la nation se trouvait; que, dans son amour pour la nation, il a senti l'état dans lequel se trouvait celle-ci, qu'ainsi il a pleuré sur Jérusalem; qu'à la fin son heure est venue, ce qui a été autre chose, et qu'après la dernière pâque il a commencé à descendre dans la sombre vallée de ses souffrances, quoiqu'il n'ait bu la coupe de la colère que sur la croix; et qu'il a passé dans son âme par la conscience de ce qui attendait Israël sous le juste gouvernement de Dieu. Je crois que par grâce il est entré dans cette heure solennelle en esprit dans leur affliction, et qu'il le sentait comme venant sur Israël de la part de Dieu, ainsi qu'il est écrit: «Dans toute leur affliction il a été affligé».

Mais, dire qu'une doctrine qui enseigne qu'il est né lui-même dans cet état et qu'il s'est soustrait à cela, — et une autre doctrine qui enseigne qu'il ne l'était pas du tout, mais jouissait de la clarté de la face de Dieu et de la faveur sans nuage de son Père; qu'à la fin il s'est mis en grâce sous ce poids, et que, lorsque son heure est venue, il est entré en esprit dans tout ce que devait souffrir Israël; dire que, se soustraire à l'état dans lequel il est né, et prendre en grâce sur lui de sentir ces choses quand lui-même est né et a vécu dans un état exactement contraire, — dire que c'est la même doctrine, n'est que de la malice. Un autre docteur de cette école est allé jusqu'à dire que Christ a été le banni, que, étant envisagé comme un lépreux, Dieu ne lui a pas permis de visiter les lieux saints, ni de coucher dans Jérusalem, et que, au grand jour des expiations, s'il entrait dans le temple, il avait à se tenir dans la foule des pécheurs pour recevoir avec eux le bénéfice du sang que le souverain sacrificateur portait dans le temple.

Si Christ est né dans cet état, il ne pouvait pas y entrer par grâce, dans ses souffrances, dans son esprit. L'une de ces doctrines exclut l'autre. J'ai pensé devoir vous dire ce qui se trouve enseigné dans mes écrits, puisque vous êtes aux prises avec des adversaires là-dessus. Quant à mes expressions, ne prétendant pas à l'inspiration, il se peut bien que quelques-unes soient inexactes. Je reconnaîtrai ce qu'on voudra me montrer, mais je suis convaincu que la doctrine que j'ai enseignée est dans la parole de Dieu. En tout cas, elle est exactement l'opposé de celle de M. Newton. Je ne demande pas que qui que ce soit se rende responsable de ma doctrine. La position du résidu des Juifs est une chose que l'âme peut ignorer, en cheminant tout de même en paix avec Dieu. Si l'on touche à la prophétie, il est nécessaire de comprendre cette position; s'y méprendre même est autre chose que de dire (comme on l'a dit) que le Seigneur est né aussi éloigné de Dieu et davantage, qu'Israël lorsqu'il a fait le veau d'or.

Votre tout affectionné frère.

ME 1883 page 472

 Canada, 10 juillet 1876

… Il faut bénir Dieu pour cette bonté qui rétablit les choses après les avoir criblées. J'en ai vu maints exemples. Il humilie, fait sentir le mal, mais, s'il y a patience, il restaure. Il exerce la discipline sur ceux qui n'ont pas su l'exercer, puis il bénit. La patience joue un grand rôle dans l'oeuvre de Dieu, dans l"individu et dans les assemblées: «Fortifiés en toute force selon la puissance de sa gloire…» voilà quelque fruit extraordinaire qui va se produire: «pour toute patience» (Colossiens 1: 11). «Les signes d'un apôtre ont été opérés en toute patience» (2 Corinthiens 12: 12), et «la patience doit avoir son oeuvre parfaite afin que nous soyons parfaits et accomplis, ne manquant de rien» (Jacques 1: 4).

… L'oeuvre s'étend beaucoup et en général nous avons à bénir Dieu… La porte nous est ouverte auprès de ceux qui cherchent la vérité. C'est une nouvelle phase de notre vie spirituelle; une bénédiction, car beaucoup de personnes s'intéressent à la vérité comme on ne le faisait pas auparavant; un danger, car cela tend à placer ceux qui ne se connaissent pas, sur un piédestal, ce qui n'est que de l'orgueil; comme s'ils connaissaient beaucoup, ce qui n'est que de la folie. Si l'on se connaît, on comprend son néant et que Dieu fait tout, et qu'on n'a rien que l'on n'ait reçu.

Je me sens, cher frère, plus près du salut éternel; alors on ne manque pas de reconnaître son néant, d'être content que Christ soit tout. Au reste, c'est le désir de mon coeur. Je suis plus que jamais tout à lui; je ne dis pas cela dans le sens de bon propos du coeur, mais j'entends que Lui a tout droit sur moi, et qu'il est tout. Toute autre chose n'est que vanité; tout passe aussi, tout change. Mon coeur est content de le servir, comme un pauvre racheté qui se doit à lui aussi longtemps qu'il peut se servir de moi; content qu'il soit pleinement glorifié, et il le sera.


Dublin, 5 janvier 1878

… Le principe dont vous parlez dans le post-scriptum de votre lettre, est la moinerie là où elle est sincère. Je l'ai suivi au commencement de ma conversion. Je me suis dit: Si je jeûne deux jours, mieux vaut trois, mieux encore sept. Alors cela n'allait plus, mais j'ai poursuivi ce système assez longtemps. Cela n'aboutit à rien, sinon à découvrir son impuissance. Je prenais Romains 6 et l'admirais, mais je n'y comprenais rien. On ne peut pas mettre à mort sa chair, si ce n'est en se tuant. C'est comme mort et ressuscité avec Christ qu'on mortifie ses membres (l'apôtre ne veut pas accepter qu'on vive dans ces choses) qui sont sur la terre; et, pour le faire, il faut qu'il y ait non seulement la vie, mais la délivrance par la mort et la résurrection de Jésus Christ, et le Saint Esprit demeurant en nous — il faut être affranchi. «Si donc vous avez été ressuscités…» «mortifiez donc…» (Colossiens 3). En Romains 8: 3, nous en avons le secret: c'est que Dieu a condamné le péché dans la chair, lorsque Christ a été victime pour le péché. Lui a pris la condamnation, mais c'était dans la mort, en sorte qu'il n'y a plus de condamnation et nous sommes morts, crucifiés avec lui. Nous avons non seulement la vie (on la trouve en Romains 7), mais la résurrection de Christ, et la puissance du Saint Esprit demeurant en nous. La loi de l'Esprit de vie en Jésus Christ nous a délivrés.

Maintenant voici l'ordre de la réalisation de cela. En Colossiens 3, Dieu déclare: «Vous êtes morts». En Romains 6, c'est l'effet par la foi: «Faites votre compte que vous êtes morts et vivants à Dieu en Jésus Christ notre Seigneur». Puis en 2 Corinthiens 4, nous trouvons la chose mise en pratique: «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps».

Quelques-unes des phrases de X. ne vont peut-être pas plus loin que ce passage, [et je n'objecterais pas] pourvu qu'on suppose la possession de la vie déjà reconnue, comme le passage le suppose expressément. Mais ceci et le Saint Esprit sont absolument nécessaires, car on porte dans le corps la mort, afin que la vie de Jésus soit manifestée; il doit donc être là. Nous trouvons ainsi en Romains 8: «Si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, etc.». La différence ici, c'est que la mort de Christ est la cause efficace. Mais pour y avoir part, il faut que nous soyons vivifiés. La mer Rouge est avant, Guilgal après le passage du Jourdain. Ainsi Romains 6: 12, vient après le verset 11, comme Colossiens 3: 5, vient après 3: 1. Mais d'autre part, il ne faut pas prendre la vérité que nous sommes morts avec Christ et ressuscités avec lui pour affaiblir 2 Corinthiens 4, ou Colossiens 3: 5. Il y a diligence et réalisation en nous, aussi Dieu se sert de tribulations pour vérifier ou produire cette réalisation. La mort opère en nous; nous mortifions, etc., seulement il faut que la vie précède, et qu'on se reconnaisse mort avec Christ: Je suis crucifié avec Christ. Si nous l'avons compris, nous «mortifions» etc., ayant la vie pour pouvoir le faire, et ayant compris la délivrance. Ce qui précède [la délivrance] n'est que le chapitre 7 aux Romains, utile pour découvrir que nous n'avons pas de force. Nous ne sommes jamais appelés à mourir au péché, mais à nous tenir pour morts, parce que Christ est mort, et nous, croyants, sommes crucifiés avec Lui. Nous sommes appelés à mortifier nos membres, mais mortifier est l'opposé de mourir; c'est de la puissance qui agit contre un autre objet. La délivrance n'est pas seulement le sang de Christ, fondement de tout, mais la mort et la résurrection. Elle n'est pas le pardon de ce que le vieil homme produit, mais la jouissance de l'efficace de la mort et de la résurrection du Christ; c'est être passé du vieil homme («lorsque nous étions dans la chair») dans le second homme, Christ ressuscité («ceux qui sont en Jésus Christ»), où la loi de l'Esprit de vie m'a affranchi, le fondement étant que, dans la mort de Christ, Dieu a condamné le péché dans la chair. L'élément de puissance est la présence du Saint Esprit. «Vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Or si Christ est en vous, etc.».

Je crains que ma lettre ne soit un peu décousue, car je suis très occupé, mais je tenais à ce que nous n'affaiblissons pas 2 Corinthiens 4 parce qu'on ignore Colossiens 3 et Romains 6. Au reste votre post-scriptum montre que cette ignorance existe…