L'expiation

ME 1883 page 188

 

Le chapitre 3 de l'évangile de Jean nous présente Christ, l'objet de notre foi, sous deux aspects différents, «afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle». En premier lieu, comme Fils de l'homme, il faut qu'il soit élevé (verset 15); puis, Fils unique de Dieu, il est donné par l'amour infini de Dieu (verset 16).

Plusieurs âmes s'arrêtent au premier point. Elles ne voient que le Fils de l'homme répondant aux besoins des hommes comme pécheurs devant Dieu, et ne considèrent pas cet amour infini de Dieu qui a donné son Fils unique, — l'amour qui s'est pourvu de la victime nécessaire, l'amour, vraie source de toute l'oeuvre de grâce, qui imprime sur elle son véritable caractère et son effet, et sans lequel elle ne pourrait exister.

Il en résulte que ces âmes n'ont ni vraie paix, ni liberté avec Dieu. Pour elles, en pratique, l'amour ne se trouve qu'en Christ, et Dieu reste un juge juste et inflexible. Elles ne le connaissent pas réellement, lui, le Dieu d'amour, notre Sauveur. D'autres, hélas! plongés dans une erreur plus fatale quant à leur propre état et à la sainteté de Dieu, et n'ayant pas un vrai ou complet sentiment du péché, rejettent toute vraie propitiation. Le «il faut que le Fils de l'homme soit élevé» n'a pour eux aucune force morale, rien de ce que demande une conscience qui a un juste sentiment du péché.

S'en tenir au premier point était le grand défaut de la Réformation; l'erreur dont j'ai parlé en second lieu, provient de l'incrédulité moderne; c'est ce qu'elle est en réalité. Ce défaut de la Réformation, comme système de doctrine, est, de nos jours, la cause de l'état habituel dans lequel se trouvent bien des âmes sincères. Cela est triste. Pour ces personnes, la justice peut régner avec l'espérance, mais ce n'est pas la grâce régnant par la justice. Je le répète, on ne connaît pas Dieu dans sa nature qui est amour, ni la plénitude et la perfection actuelles de la rédemption.

L'enseignement de Jean 3 commence, comme cela doit être, par ce qui est nécessaire à l'homme, en vue de ce que Dieu est; mais il fait connaître aussi comme la source et le résultat pour l'âme, sa mesure en grâce, ce qui était dans le coeur de Dieu envers un monde ruiné. De même, au chapitre 10 de l'épître aux Hébreux, l'origine de ce qui nous donne hardiesse pour entrer dans les lieux saints est: «Voici, je viens pour faire ta volonté; c'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes». L'offrande était le moyen, mais Christ accomplissait la volonté de Dieu en grâce, et par l'exercice de cette même grâce dans laquelle il venait pour l'accomplir, car «par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous». Et au chapitre 5 des Romains, nous lisons: «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous». Tout se résume dans la plénitude de cette parole: «La grâce règne par la justice, en vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur».

Ce point, qui est d'une importance majeure, étant d'abord établi, j'ajoute que l'on ne saurait présenter trop simplement la valeur du sang de Christ, ainsi que la rédemption et le pardon par ce sang, au pécheur réveillé que l'amour de Dieu aurait attiré et amené à sentir ses besoins; car c'est par besoin et à cause de son besoin que le pécheur doit venir; c'est sa seule vraie place devant Dieu. L'amour de Dieu, et même son amour proclamé dans le pardon des péchés par le moyen de l'oeuvre de Christ, peut, par la puissance du Saint Esprit, faire naître le sentiment du besoin; mais posséder le pardon est une tout autre chose. Cet amour, quand la grâce le fait sentir à l'âme, produit, non la paix, mais la confiance. Il la produit, et, de là, nous venons dans la lumière. Dieu est lumière, et Dieu est amour. Christ dans le monde était la lumière du monde, et il était là en amour divin. La grâce et la vérité vinrent (egeneto) par Jésus Christ. Quand Dieu se révèle lui-même, il doit être à la fois lumière et amour. L'amour attire l'âme et produit la confiance; nous le voyons chez la femme pécheresse, chez le fils prodigue, chez Pierre lors de la pêche miraculeuse. La lumière nous fait connaître notre état de péché. Elle nous place devant Dieu dans la réalité de ce qu'il est et de ce que nous sommes.

Mais l'expiation fait plus que montrer cela. Elle répond à ce que demande notre état, quand nous le connaissons. Elle est le fondement, par la foi, du pardon et de la paix (voyez Luc 7: 47-50). Christ pouvait anticiper son oeuvre, et l'enfant de la sagesse (verset 35) aller en paix. La loi peut, par grâce, atteindre la conscience et nous faire sentir notre culpabilité, mais elle ne révèle pas Dieu en amour. Or c'est cet amour qui a fait ce que nécessitait notre état de péché. «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous». «Il a été livré pour nos offenses;» «il est mort pour nos péchés, selon les Ecritures;» «il est la propitiation pour nos péchés;» «Dieu l'a présenté pour propitiatoire par la foi en son sang,» «qui purifie de tout péché;» «par ses meurtrissures nous avons la guérison». Je pourrais multiplier les passages; je cite seulement ceux-ci pour mettre clairement et d'une manière complète devant nous, d'un côté la base simple de l'évangile en amour divin et, de l'autre, l'oeuvre que cet amour a opérée pour nous laver de nos péchés et en même temps purifier nos consciences, de sorte que nous soyons en paix devant un Dieu saint dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, et qui ne peut supporter l'iniquité.

Il nous faut venir à Dieu comme pécheurs, parce que nous sommes tels, et nous ne pouvons venir à lui qu'en vertu de ce qui, tout en étant le fruit de son amour, répond, selon la sainteté de sa nature, à la culpabilité qui pèse sur nous à cause de nos péchés. Mais quoiqu'il soit vrai que nos péchés sont ôtés pour nous qui croyons par grâce, de même que ceux d'Israël étaient emportés dans une terre inhabitable par le bouc Hazazel, nous n'aurions cependant qu'une vue imparfaite de l'oeuvre accomplie, si nous nous bornions à cela. Dans le grand jour des propitiations, il était fait aspersion du sang sur le propitiatoire et devant le propitiatoire (*), précisément comme cela avait eu lieu sur le linteau et les poteaux des portes en Egypte, pour rencontrer l'oeil de Dieu. «Quand je verrai le sang,» dit l'Eternel, «je passerai outre». Le sang était là à cause du péché d'Israël, mais il était présenté à Dieu. Le bouc, dont le sang servait à l'aspersion, était nommé «le lot pour l'Eternel». Le sang était porté au dedans du voile, de même que celui du jeune taureau pour le péché, et c'était exclusivement ce qui avait lieu pour le sang de cette dernière offrande. Béni soit Dieu, il y avait là le témoignage que, comme habitant la terre, nos péchés ont été ôtés pour ne plus être trouvés, mais ce qui caractérisait ce jour des propitiations, c'était le sang mis sur le propitiatoire et ainsi présenté à Dieu. Cela n'avait lieu que ce jour-là. Quand l'assemblée ou le souverain sacrificateur avaient péché, on faisait aspersion du sang sur l'autel en dehors du voile, mais au grand jour des propitiations seulement, il était porté au dedans du voile sur le propitiatoire.

(*) «Il en fera aspersion sur le propitiatoire et devant le propitiatoire» (Lévitique 16: 15. Nouvelle version).

Or, bien que le pécheur doive venir comme coupable et à cause de ses besoins, et qu'il ne puisse venir d'aucune autre manière comme il convient, ainsi qu'on le voit dans l'exemple du fils prodigue et tant d'autres cas actuels, cependant cela ne comprend pas le plein caractère de la propitiation ou de l'expiation, quoique le renfermant en fait. La gloire et la nature divines sont en question. Quand nous venons, c'est à cause de nos besoins et de notre misère, mais si nous avons passé à travers le voile, nous pouvons contempler en paix l'oeuvre de Christ en rapport avec la nature de Dieu, quoique, pour tout ce qui nous concerne, elle se rapporte au péché. Ainsi les péchés étaient emportés au loin par le bouc Hazazel, mais le sang, porté au dedans du voile, répondait spécialement à ce que Dieu est. Les péchés étaient totalement et pour toujours ôtés de dessus les croyants, ils n'étaient plus jamais trouvés, mais dans ce qui accomplissait cette oeuvre, il y avait beaucoup plus, et beaucoup plus même pour nous. Le caractère et la nature de Dieu étaient satisfaits par l'expiation et, par là, nous avons hardiesse pour entrer dans les lieux saints. Cette distinction se fait voir dans les sacrifices ordinaires. On les offrait sur l'autel d'airain, et c'est là qu'il était fait aspersion du sang. La responsabilité de l'homme était la mesure de ce qui était requis. Il y avait là ce qui répond à culpabilité, mais pour qu'il pût venir en la présence de Dieu, il devait être rendu propre à la sainteté de cette présence.

Christ n'a pas seulement porté nos péchés sur la croix, mais là il a parfaitement glorifié Dieu; le voile est déchiré et nous avons la liberté d'entrer dans les lieux saints. Le sang du veau et du bouc — lot pour l'Eternel — était porté dans le lieu très-saint. L'autre bouc était le lot du peuple, celui-ci l'était de Jéhovah. Dieu avait été déshonoré par le péché, et Christ, le saint et le juste, fut fait péché pour nous; il fut devant Dieu selon ce que Dieu est dans sa nature sainte et juste.

«Maintenant,» dit le Seigneur, «le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et incontinent il le glorifiera» (Jean 13: 31, 32). L'homme en Christ est donc entré dans le lieu très-saint, dans le ciel même. Ayant glorifié Dieu dans la place même du péché, puisqu'il fut fait péché devant Dieu, le Fils de l'homme est entré dans la gloire, en haut. L'amour pour Dieu son Père, et l'obéissance absolue, quoi qu'elle dût lui coûter, furent consommés à la croix, lorsqu'il fut fait péché devant Dieu. Là, et là seulement, Dieu fut glorifié en tout ce qu'il est. Sa majesté a été glorifiée: il convenait pour lui que sa gloire fût maintenue dans l'univers moral, et, ainsi, qu'en amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances. Sa vérité fut démontrée dans ce jugement parfait et juste contre le péché, joint à un amour parfait pour le pécheur. Si Dieu avait retranché l'homme à cause du péché, où aurait été l'amour? S'il avait simplement pardonné en passant par-dessus tous les péchés, où aurait été la justice? On aurait continué à pécher sans y attacher d'importance; il n'y aurait pas eu de gouvernement moral. L'homme aurait dû rester loin de Dieu, et la misère et le péché toléré auraient eu leur cours; ou bien il aurait été admis en la présence de Dieu dans le péché, et ainsi le péché aurait été toléré là devant Dieu; l'homme y aurait été incapable de jouir de Dieu, et ayant le sentiment du bien et du mal, il aurait été plus misérable que jamais.

Mais dans la croix se trouvent déployés et exercés, d'une part, une justice parfaite à l'égard du péché, et, de l'autre, un amour infini envers le pécheur. Dieu est glorifié dans sa nature; en même temps, pour le plus vil des pécheurs, il y a un salut et l'accès auprès de Dieu selon la sainteté de cette nature, et cela dans la connaissance, dans la conscience de ce salut, de l'amour qui l'a opéré et qui a amené le pécheur à en jouir: oeuvre parfaite et purifiante dans laquelle cet amour est connu. Les péchés devant être ôtés, cela ne pouvait avoir lieu que par la croix, et là Dieu est révélé en amour, Dieu est montré saint et juste contre le péché, tandis que les péchés du coupable sont ôtés, sa conscience purifiée, et, par grâce, son coeur renouvelé, dans la connaissance d'un amour qui dépasse toutes ses pensées. Là encore, le pécheur est réconcilié avec Dieu, et Dieu est glorifié en tout ce qu'il est, comme il ne pouvait l'être nulle part ailleurs. Le pécheur trouve un parfait accès auprès de Dieu dans le lieu très-saint où le sang de Christ, témoignage à toute cette oeuvre, a été présenté à Dieu; et les péchés sont ôtés pour toujours selon la justice de Dieu. En même temps, le pécheur a la conscience d'être accepté selon la valeur de ce sacrifice dans lequel Dieu a été parfaitement glorifié, de sorte que la gloire de Dieu et la présence du pécheur dans le lieu très-saint, y sont identifiées. Aux anges, aux principautés et aux puissances, est ainsi donné à connaître ce qu'elles n'eussent jamais connu sans cela.

Et ceci marque les deux parties de la propitiation, — la responsabilité de l'homme et l'accès auprès de Dieu accordé selon sa nature et sa gloire: dans les péchés portés et ôtés (ce dont le bouc Hazazel est la figure), on voit Dieu jugeant le mal selon ce que l'homme devait être, puis nous avons l'accès auprès de lui selon ce qu'il est. C'est cette dernière chose qui caractérise d'une manière spéciale le chrétien, mais la première était nécessaire et a été accomplie pour chacun de ceux qui croient. Les deux ont été faites par la même oeuvre de la croix, mais elles sont distinctes; d'une part, c'est le jugement selon la responsabilité de l'homme, de l'autre, c'est l'accès auprès de Dieu selon sa nature et sa sainteté.

La loi en elle-même était la mesure de la première chose, elle était le devoir de l'homme, de l'enfant d'Adam. La nature de Dieu était la mesure de la seconde. Nous possédons donc l'infinie bénédiction d'être avec Dieu selon sa nature et sa perfection, participants de la nature divine, de manière à être capables d'en jouir, saints et irréprochables devant lui en amour. C'est de cela que Christ comme homme, et en même temps comme Fils, est la mesure et la perfection. Et que l'on ne dise pas que si nous sommes participants de cette nature, nous n'avons pas besoin de propitiation et de substitution. Cela ne peut être dit ou supposé que par ceux qui ne la possèdent pas, parce que si nous sommes participants de la nature divine, nous jugeons du péché en principe comme Dieu le fait, nous avons sa pensée quant au péché, et, nécessairement, sa pensée quant à nous-mêmes comme étant dans le péché. Ainsi, comme je l'ai dit, nous venons d'abord à la croix dans notre misère et nos besoins, puis, purifiés quant à la conscience, nous saisissons la gloire de Dieu déployée à la croix.

Ces deux points, dans leur aspect général, sont clairement présentés en Hébreux 9: 26-28. Christ a été manifesté une fois dans la consommation des siècles pour l'abolition du péché par le sacrifice de lui-même, et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs. L'application se trouve dans le chapitre 10, où nous voyons que le croyant n'a plus conscience de péchés, et qu'il a pleine liberté d'entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus.

Mais cela nous conduit à envisager que l'oeuvre de la croix a une portée encore plus vaste. Là a été vidée toute la question du bien et du mal; nous y voyons en effet l'homme dans son absolue méchanceté et sa haine contre Dieu, qui s'était manifesté en bonté et en amour; toute la puissance de Satan comme prince de ce monde et ayant le pouvoir de la mort; à côté de cela, en Christ, nous voyons l'homme en bonté parfaite, montrant son obéissance et son amour envers son Père, et cela lorsqu'il fut fait péché, car c'est là ce qu'il fallait pour la gloire de Dieu et pour l'éternelle rédemption; enfin, nous contemplons à la croix Dieu dans sa justice parfaite, dans sa majesté et dans son amour parfait. De sorte que, moralement, tout a été réglé là pour toujours. Les résultats ne seront complets que dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, bien que la valeur de cette oeuvre soit maintenant connue à la foi, mais ce qui est éternel est établi par elle pour toujours, car sa valeur est telle et ne saurait changer.

La propitiation satisfait donc, par grâce, à ce qu'exigent nos péchés, selon la nature sainte de Dieu à qui elle est présentée, et qui a été pleinement glorifié en elle. Elle répond aux exigences de cette nature. En même temps, elle fait voir un amour parfait envers nous; amour connu seulement ainsi, c'est que la propitiation a été opérée entre Christ et Dieu seul, la seule part que nous y eussions étant nos péchés et la haine envers Dieu, haine qui est allée jusqu'à faire mourir Christ.

Mais la propitiation étant accomplie selon la nature de Dieu, et selon tout ce qu'est cette nature, a fait plus. Elle ne répond pas seulement judiciairement à ce qui est exigé à cause de nos péchés, comme ayant failli à notre devoir, et ainsi à cause de notre culpabilité, mais elle ouvre l'accès à la présence de Dieu lui-même, de Dieu connu dans cette nature que l'oeuvre de la propitiation a glorifiée. L'amour, Dieu agissant en amour sans avoir été cherché, nous a fait connaître l'amour, et nous sommes réconciliés avec Dieu lui-même selon tout ce qu'il est, notre conscience ayant été purifiée selon sa gloire, de sorte que nous puissions jouir de l'amour dans une confiance sans entraves. En vertu de cette oeuvre, l'homme est assis à la droite de Dieu, et nos âmes peuvent se réjouir dans tout ce que Dieu est, notre conscience étant rendue parfaite par l'oeuvre qui a été accomplie. La sainteté de Dieu, dans son estimation judiciaire du péché et dans son action à son égard, n'est ni affaiblie, ni abaissée; au contraire, tout ce qu'il est a été glorifié, et il n'est pas besoin d'alléguer la miséricorde pour diminuer la gravité du péché. Dieu, dans son amour et dans sa volonté de sauver, réunit dans l'oeuvre accomplie le jugement et ce qui répond à sa sainteté; l'âme est amenée à marcher dans la lumière, comme lui est dans la lumière, et dans l'amour qui est son essence et sa nature. Nous sommes irréprochables devant lui, avec une conscience parfaite, de manière à être libres en sa présence, mais avec une conscience qui a jugé le péché comme lui-même le fait, et qui a appris ce qu'est le péché dans l'oeuvre même qui l'a ôté. Sans l'expiation ou la propitiation accomplie par Christ, cela est impossible. Sans elle, Dieu n'est pas introduit; ce n'est que de la bonté humaine qui met de côté la sainteté et passe par-dessus le péché, ou qui l'apprécie uniquement d'après la conscience naturelle. Christ est mort, le Juste pour des injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu.

Ce n'est pas l'innocence, car la connaissance du bien et du mal existe; ce n'est pas passer sur ce que Dieu est avec une conscience non purifiée; ce n'est pas même le retour au premier état d'Adam (innocent, sans la connaissance du bien et du mal); c'est Dieu pleinement révélé et connu en majesté, lumière et amour, et nous sommes amenés à lui selon cette révélation, dans une paix et une joie parfaites, par une oeuvre faite pour nous, oeuvre qui a rencontré et glorifié sa majesté, sa lumière et son amour dans la place du péché, oeuvre accomplie par Celui qui n'a point connu le péché et qui a été fait péché pour nous.

Le plein résultat de la propitiation se verra seulement dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, dans l'état éternel de bénédiction, condition de bonheur qui ne dépend pas pour celui qui en jouira de l'accomplissement de ce qui a été confié à sa responsabilité et en quoi il a manqué, mais qui est basée sur une oeuvre achevée, accomplie à la gloire de Dieu dans le lieu même de la ruine, et dont la valeur, selon la nature même des choses, ne peut jamais changer: elle est selon la nature et le caractère de Dieu; elle est faite et reste toujours ce qu'elle est, et tout est éternellement stable. La justice, non pas l'innocence, habite les nouveaux cieux et la nouvelle terre; ce n'est pas l'homme faible et responsable, mais Dieu glorifié pour toujours. Le résultat n'est pas complet maintenant, mais, par le Saint Esprit envoyé du ciel, nous savons que l'oeuvre est faite, et comme croyants agréés dans le Bien-aimé, nous attendons notre part dans le repos quand tout sera accompli.

Le jugement est selon la responsabilité de l'homme, placé judiciairement dans cet éloignement de Dieu où il s'est jeté lui-même; la bénédiction est selon les pensées, le dessein et la nature de Dieu, dans les immenses richesses de sa grâce, déployées dans notre salut par l'oeuvre du Seigneur Jésus Christ, venu pour nous amener comme fils en sa présence.

A la croix, le péché et les péchés sont devant Dieu et la propitiation est effectuée. Là le péché et les péchés rencontrent Dieu, mais c'est dans l'oeuvre d'amour et selon la sainteté et la justice, et cette oeuvre amène à Dieu d'une manière conforme à sa nature, purifiés pour toujours de tout péché, ceux qui viennent à lui par elle.