Le Nazaréen - Nombres 6

 ME 1883 page 231

 

On trouve dans le livre des Nombres le grand principe de l'énergie de l'Esprit de Dieu en nous, tandis que nous traversons le désert. L'Exode nous fait connaître la rédemption et la relation; le Lévitique, le moyen pour un pécheur de s'approcher de Dieu; les Nombres, la sacrificature dans le tabernacle au désert. Jusqu'à Sinaï, tout avait été grâce de la part de Dieu envers le peuple. Ici (dans les Nombres), se trouve la communion de Dieu avec le peuple dans le tabernacle d'assignation au désert de Sinaï (chapitre 1: 1). Le principe que nous trouvons dans le type de la génisse rousse (chapitre 19) est la base sur laquelle sont pris tous les sacrifices dans ce livre, — l'énergie de l'Esprit qui soulage et relève l'âme, qui prend les cendres de la victime brûlée depuis longtemps et l'applique avec une efficacité actuelle à la conscience quand une souillure a été contractée dans la marche à travers le désert.

Au chapitre 6, nous avons la séparation positive pour Dieu dans l'énergie du Saint Esprit (verset 2), «pour se séparer à l'Eternel». Ainsi a fait le Seigneur Jésus, particulièrement après son ascension, comme, il le dit: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux,» afin que nous, par l'énergie de l'Esprit en nous, nous soyons séparés maintenant dans le désert, marchant en vêtements blancs, et les gardant à l'abri de la souillure de la chair. Le Seigneur s'était séparé afin d'être aux affaires de son Père, et c'est pour cela qu'il se séparait des enfants de sa mère (voyez Psaumes 69: 8) — la chair, qui par le péché était sous la puissance de la mort. Il conserve encore maintenant le caractère de Nazaréen, parce que tous ses disciples ne sont pas encore rassemblés près de lui; et, dans un certain sens, pour nous aussi il y a une séparation d'avec la joie, «le fruit de la vigne;» nous ne devons pas laisser aller nos coeurs.

Dans la gloire sera le grand repos; il n'y aura pas besoin alors que le coeur soit tenu en bride. Maintenant l'effet de l'énergie de l'Esprit est de ceindre les reins de notre entendement, de peur que nous ne contractions quelque souillure; dans la gloire nous laisserons flotter nos vêtements, car là nous n'aurons aucune souillure à craindre. Dans la cité de refuge un homme était à l'abri, mais il ne pouvait pas en sortir, ni jouir de ses possessions.

(Verset 3). «Il s'abstiendra (ou se séparera) de vin,» c'est-à-dire de joie. Le Seigneur vint dans un caractère tel qu'il pouvait s'attendre à trouver de la joie parmi les hommes, une réponse à son amour dans leurs coeurs, mais il n'en trouva point, et ainsi devint Nazaréen dès le commencement. Etre un Nazaréen, c'est être séparé de toute affection naturelle qui peut être affectée par la mort; c'est être séparé à l'Eternel. Le miel ne pouvait pas être offert à l'Eternel, et maintenant l'Esprit est une puissance nouvelle, venue pour nous détacher de tout ce qui tient à la nature. Le Seigneur, rempli du Saint Esprit pour son ministère, disait: «Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi?» Tout ce qui est de la nature est placé par le péché sous la puissance de la mort, de sorte que le Nazaréen «ne se souillera point pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère, ni pour sa soeur, quand ils seront morts; car le nazaréat de son Dieu est sur sa tête» (verset 7; voyez aussi Luc 14: 26). Le lien du Seigneur selon la nature était avec les Juifs comme Fils de David; mais il abandonna tout ce qui était lien naturel, car «quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles». Les affections naturelles viennent de Dieu, et, par conséquent, sont bonnes en elles-mêmes, mais, se portant sur leur objet, elles ne tendent pas à Dieu. Jean fut Nazaréen dès le sein de sa mère. Paul et Jérémie étaient aussi des Nazaréens. Ainsi nous le sommes. Notre joie propre, celle qui appartient à notre caractère de chrétiens, est au delà de la mort; c'est pourquoi, dans ce passage, laisser tout ce qui a, pour ainsi dire, l'odeur de la mort, c'est abandonner ce qui empêche de saisir plus profondément la joie et la bénédiction de cette vie qui est au delà de la puissance de la mort. Le Seigneur à la croix a brisé le lien. «Par ces choses-là on a la vie, et dans toutes ces choses est la vie de mon esprit» (Esaïe 38: 16).

(Verset 8). «Pendant tous les jours de son nazaréat, il est consacré à l'Eternel». C'est là le grand principe du Nazaréen; il est consacré à Dieu, et, en quelque faible degré que ce soit, nous pouvons atteindre ce caractère que nous voyons en Christ dans sa perfection. Tout cela est distinct de l'état d'innocence. Adam était innocent, mais non pas séparé (*) pour Dieu. Etre séparé pour Dieu suppose la connaissance du bien et du mal, et de plus la séparation d'avec le mal. Adam acquit par la chute la connaissance du bien et du mal; le Saint Esprit est venu pour nous tirer hors de ce mal. L'Esprit est une puissance tout à fait nouvelle, nous séparant pour Christ dans la gloire, maintenant que le mal et la propre volonté ont été introduits. C'est quelque chose de très éprouvant que de connaître le bien et le mal, car par nature nous sommes dans le mal, aimant le mal et haïssant le bien. Le Saint Esprit maintenant nous tire hors du mal, et c'est là qu'est la douleur — savoir, son énergie en nous nous gardant du mal, tandis que nous passons à travers un monde de péché et de mort. Nous ne pouvons être innocents, maintenant que le péché a été introduit, mais nous sommes saints en Christ.

(*) Séparé, consacré, saint, mis à part pour Dieu, ces expressions sont synonymes. (Note du traducteur)

 (Verset 9). «Et si quelqu'un vient à mourir subitement auprès de lui, d'une manière imprévue». La mort est venue dans tout ce qui est de la nature comme le signe de la haine de Dieu contre le péché. L'esprit de réel dévouement à Dieu fut toujours dans sa perfection en Christ, mais il défaut en nous. Partout où le vieil homme agit, là se trouve le principe de mort, ainsi nous allons dans la mort tandis que le vieil homme est à l'oeuvre. C'est pourquoi la parole qui nous est adressée est: «Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec ses affections et ses convoitises,» et encore: «Ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions, et ayant revêtu le nouvel homme» (Galates 5: 24; Colossiens 3: 9, 10). Tout cela est solennel. Non seulement nous avons la paix, mais tandis que nous passons à travers cette scène de péché, nous avons besoin d'être gardés saints et dévoués à Dieu par l'énergie du Saint Esprit en nous.

(Versets 9-12). Si je me détourne de mon dévouement à Dieu, il est vrai que mes cheveux pourront recroître (*), mais la tête doit être rasée entièrement, et le temps est perdu. Ce n'est pas ici une question de péché, mais de perte quant à l'énergie de la vie. Un arbre qui a été mutilé et brisé peut recroître; il n'était pas mort, mais blessé seulement; cependant sa stature ne sera pas celle d'un arbre qui n'a souffert aucune injure. Cela a lieu quand on laisse Satan endommager et entraver l'oeuvre de l'Esprit. Samson laissa son coeur s'abandonner à la faiblesse de la nature, et quand nous faisons ainsi, c'en est fait de notre force. Samson, comme Nazaréen, était un type de l'énergie de l'Esprit; il trahit le secret de sa force, et elle le quitta, et il devint faible comme les autres hommes. Il est vrai qu'en son temps sa force revint, et avec une puissante énergie il renversa les appuis du temple. Si nous ne sommes pas soigneux et vigilants pour garder le secret de notre force en communion avec Dieu, et que la mondanité et le péché se glissent en nous, nous pourrons peut-être n'en avoir pas la conscience, mais la réalité apparaîtra quand nous nous lèverons pour agir, — ce peut être dans le service, — et nous nous trouverons faibles comme les autres hommes; et quand nous serons dans notre faiblesse, comme Samson, le diable nous crèvera les yeux. Le Seigneur était le vrai Nazaréen; jamais dans le cours entier de sa marche ici-bas, il ne se départit de son nazaréat. Ce n'était pas pour lui une chose aisée de fouler le sentier de la souffrance; mais il priait. Dans le jardin de Gethsémané, «étant dans l'angoisse du combat, il priait plus instamment» (Luc 22: 44), avant que la tentation vint, et alors nous voyons qu'il n'hésita point; il ne le pouvait pas (**). Ainsi, si nous devons d'abord passer à travers l'épreuve avec Dieu, alors Dieu sera avec nous dans l'épreuve. Pierre s'endormit et ne pria point, et quand l'épreuve vint, il la rencontra dans la chair et tira son épée. Jésus avait prié pour que la coupe passât loin de Lui, mais quand les principaux sacrificateurs et les soldats vinrent, quoique Satan fut en tout cela, cependant Jésus vit la main de Dieu et put dire: «La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas?» et alors ce n'était plus du tout une tentation, mais un acte d'obéissance.

(*) On peut revenir au nazaréat. (Note du traducteur)

(**) Il alla jusqu'au bout dans la souffrance, le jugement et la mort. (Note du traducteur)

 (Verset 9). «Mourir subitement,» une pensée légère, et la communion est perdue pour le moment.

Les offrandes qui devaient être présentées. Tout ce qui était en Christ est offert à Dieu (verset 20); ainsi nous venons réellement dans la puissance de ces sacrifices offerts à Dieu; mais jusqu'à ce que l'Eglise soit rassemblée, le Seigneur garde son caractère de Nazaréen.