La seconde venue de Christ - Luc 12: 34-59

 ME 1883 page 241

 

La première partie de ce chapitre s'adresse au monde qui s'amasse «des trésors pour lui-même» (verset 21). Depuis le verset 22, le Seigneur s'adresse aux disciples.

Lorsqu'on y pense avec justesse, la venue du Seigneur ne se présente pas comme un objet de connaissance. Je vois dans l'Ecriture qu'elle est constamment identifiée avec tous les sentiments et le caractère du chrétien: «Soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître,» est-il dit, et non pas «semblables à des hommes qui croient à la venue du Seigneur». Le sentiment de ceux qui s'étaient refroidis n'était pas que leur Maître ne viendrait pas, mais qu'il tardait à venir (verset 45). Or dans le premier chapitre de la première épître aux Thessaloniciens, nous voyons que ces chrétiens avaient été convertis «pour attendre des cieux» le Fils de Dieu. Il était pour eux une personne vivante, réelle. Il y a beaucoup plus dans ce passage; mais la première chose, c'est qu'ils avaient été convertis pour cela. L'attendre est l'état qui convient à un chrétien. Je ne dis pas que le chrétien n'ait pas d'autres mobiles: l'amour que Christ nous a montré en mourant pour nous, devrait nous conduire à le suivre; mais cependant le chrétien se trouve placé entre la première venue de Christ pour le sauver, et sa seconde venue pour le prendre en dehors de la scène présente, et ce qui le caractérise (s'il s'attache à la parole de Dieu) c'est qu'il attend Christ.

Nous trouvons les caractères de cette attente dans Luc 12. Premièrement, nous avons le fait que le serviteur est «veillant» (verset 37), et secondement, qu'ils sont trouvés «faisant» ainsi (verset 43), c'est-à-dire servant le Maître pendant qu'il est loin. Ceux qu'il trouve «veillant,» ayant leurs coeurs et leurs pensées tournés vers lui, «il les fera mettre à table» (c'est une figure, sans doute), «il se ceindra» «et les servira». Mais quand il s'agit du service, nous voyons qu'il les établit sur tous ses biens. Nous avons là en premier lieu la bénédiction du ciel (verset 37), puis nous sommes cohéritiers avec lui (verset 44); deux choses distinctes, l'une se rapportant à «veillant,» l'autre à «faisant». Ainsi le chrétien sait (si vraiment il a saisi quelle est sa position) que le Saint Esprit habite en lui, comme sceau de la pleine efficace de l'oeuvre de Christ sur la croix (à laquelle nous avons part), et il attend Christ qui nous mettra en possession de l'héritage. Christ n'est pas entré maintenant en possession de toutes choses dans l'héritage, mais il est assis sur le trône du Père jusqu'à ce que ses cohéritiers soient rassemblés, et alors il viendra les prendre pour les placer dans la gloire.

Quant à la manière dont la venue du Seigneur se lie, non pas simplement comme une doctrine, mais s'entrelace pour ainsi dire avec toutes les pensées et tous les sentiments du chrétien, il n'y a que deux épîtres où elle ne soit pas placée devant nous. Dans l'une, celle aux Galates, l'état de ceux auxquels l'apôtre écrivait était trop bas: l'apôtre avait à reprendre avec eux les fondements mêmes du salut; dans l'autre, celle aux Ephésiens, les chrétiens sont envisagés comme déjà assis dans les lieux célestes.

Dans 1 Thessaloniciens 1: 10, la venue du Seigneur est présentée comme une partie de leur conversion. Christ avait souffert pour eux, et il allait revenir pour les prendre auprès de lui. Dans la même épître, chapitre 2: 19, cette venue est la joie du service de l'apôtre dans le ministère. Les Thessaloniciens étaient cruellement persécutés, et il désirait savoir dans quel état ils se trouvaient. En pensant à son service, ses labeurs et son ministère pour eux, il disait: «Quand le Seigneur viendra, ce sera le moment où j'aurai ma joie et ma couronne». Ensuite, au chapitre 3: 13, la venue du Seigneur est liée à la sainteté, autre grand élément de la vie chrétienne. Nous devons marcher dans la sainteté maintenant, si elle doit être manifestée «en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints,» et ce que l'apôtre attendait, était qu'ils fussent sans reproche en ce jour-là. Au chapitre 4, il est de nouveau question de cette venue (versets 13-18), car les Thessaloniciens avaient l'idée que les croyants qui étaient morts ne pourraient pas rencontrer le Seigneur. Ils attendaient tellement sa venue à chaque instant, qu'ils pensaient que ceux qui mouraient ne seraient pas là pour le rencontrer. Ils ne connaissaient pas toute chose clairement, car Paul n'avait été que peu de temps avec eux, mais ils avaient bien appris cela, — que Jésus allait revenir, et encore bien d'autres choses. Ainsi Paul leur dit que ceux qui étaient morts en Christ ne seraient pas laissés en dehors, car quand le Seigneur viendra du ciel, ils viendront avec lui. Si quelqu'un des saints venait à mourir, ils pouvaient se consoler par ces paroles: «Eh bien, le Seigneur les amènera avec lui quand il viendra». Cette épître nous montre donc comment la venue du Seigneur se lie avec la conversion, le ministère, la sainteté et les peines du chrétien; et, le passage du chapitre 5, est un avertissement où elle est présentée encore comme la fin qu'ils devaient attendre.

Ce que je trouve de plus précieux dans la venue du Seigneur, c'est que la personne du Seigneur s'y présente d'une manière si proéminente. Cela le rend plus précieux. Il vient me prendre pour que je sois avec lui, la personne qui est l'objet de nos affections comme chrétiens. Quelle grande chose quand nous serons avec lui; nous ne pourrons être séparés de lui. Ce n'est pas la gloire qui sera notre grande satisfaction, mais ce sera d'être avec lui. Dans sa venue, nous l'avons personnellement devant nos yeux.

Mais l'attente de Christ produit une autre chose. L'attendre à chaque moment détache du monde; si cette attente était réelle, la vie de chacun serait changée; toutes les pensées vaines, tous les plans que l'on forme, disparaîtraient. Deux choses sont nécessaires pour attendre le Seigneur de cette manière: la paix avec Dieu, et un amour assez grand pour lui pour que nous nous occupions de sa venue, et cela fait toute la différence. Si quelqu'un me disait qu'un vaisseau arrive des Indes orientales, cela ne produirait aucun effet sur moi; mais si l'on disait à une mère que ce vaisseau porte son fils, oh! comme elle surveillerait son arrivée! Evidemment pour être capables d'attendre la venue de Christ, nous devons avoir la paix avec Dieu, mais l'attendre effectivement dépend en grande partie de l'affection du coeur pour lui. «Pour vous qui croyez, il a ce prix». Il est merveilleux de voir de quelle manière distincte la Parole fait d'être avec Christ la chose à espérer. De fait c'est le ciel, parce qu'il y est, mais excepté le mot «paradis,» on ne trouve jamais le mot ciel dans l'Ecriture comme l'objet de notre espérance. Naturellement, si je vais près de Christ et que Christ soit au ciel, c'est au ciel que je vais, mais ce dont il est parlé, c'est d'aller où est Christ. Assurément le ciel lui-même est un paradis (lieu de délices), mais «déloger et être avec Christ, est de beaucoup meilleur». Ce qui est placé devant nous comme objet, c'est le Sauveur qui nous aime, qui va venir nous prendre pour que nous soyons avec lui. Cela exerce la conscience, il est vrai, parce que si j'attends le Seigneur, ma conscience sera nécessairement tenue en éveil, de peur que, lorsqu'il viendra, il n'y ait quelque chose de discordant dans mon coeur. Il y a, relativement à l'attente actuelle, une chose frappante dans toutes les paraboles et dans tous les passages où Christ lui-même, ou bien les apôtres par le Saint Esprit, parlent de sa venue. C'est que jamais il n'est supposé d'avance que sa venue doive arriver plus tard que la vie de ceux auxquels il parle. C'est une attente présente, actuelle. Les vierges qui s'étaient endormies sont les mêmes qui s'éveillent (Matthieu 25). Ceux qui reçoivent les talents sont aussi ceux qui rendent compte. Le Seigneur ne présente jamais d'avance à ceux qui l'écoutaient une chose qui était au delà d'une attente présente. Or il est évident que, soit absents ou présents, nous désirerions être agréables à Christ quand il viendra. Cela lui donne la vraie place. Pour nous, nous sommes des êtres pauvres et faibles, mais l'entendre dire: «Bien, bon et fidèle esclave», quelle chose précieuse pour nous! Non que je prétende à cela, — mais ce sont ses propres paroles.

Mais, dans ce chapitre, il y a quelque chose de plus que l'attente: «Que vos reins soient ceints». Les vêtements flottants doivent être relevés et maintenus, non pas relâchés, en allant à travers les choses telles qu'elles sont dans le monde; nos coeurs ont besoin d'être en ordre selon la parole de Dieu, ainsi que l'apôtre le dit: «Ayant ceint vos reins de la vérité» (Ephésiens 6); puis «vos lampes allumées,» une pleine profession de Christ. La première chose c'est que nos affections soient arrêtées sur Christ, la pensée de le voir étant notre délice, tandis que nous veillons en l'attendant.

Il y a une autre chose bien distincte, expression touchante et précieuse de l'amour du Sauveur. Ici, il nous faut avoir nos reins ceints (nos coeurs en ordre); c'est maintenant, tandis que le Seigneur n'est pas encore venu, mais est assis sur le trône du Père; mais alors, «il se ceindra et les fera mettre à table, et s'avançant, il les servira». C'est comme s'il disait: «Vous n'aurez pas besoin d'avoir vos reins ceints, quand vous serez dans ma maison. Je vous ferai asseoir à table et je vous servirai». Il nous fera asseoir, afin que nous soyons nourris à sa table des choses qui sont dans le ciel; lui-même nous administrera ces bénédictions: chose infiniment plus précieuse que les bénédictions elles-mêmes! Ce n'est pas simplement que nous serons nourris, mais Christ lui-même nous donnera ce qui rassasiera nos âmes. En ce sens, Christ n'abandonne jamais la forme de serviteur qu'il a daigné prendre. Et c'est le Fils de Dieu qui prend cette place, et il l'a prise pour ne jamais la laisser; quelle chose merveilleuse!

Dans le second chapitre de l'épître aux Philippiens, nous voyons le sentier qu'il a suivi. Ce chapitre et le troisième nous présentent les deux parties de la vie chrétienne: semblables à Christ dans son abaissement (chapitre 2); semblables à lui, en lui, maintenant qu'il est en haut (chapitre 3). Il s'est anéanti; il a été fait à la ressemblance des hommes; il a pris la forme d'esclave et il ne la laisse jamais. Il ne cesse jamais d'être un homme, et il s'abaisse toujours Son premier acte fut de s'abaisser de la «forme de Dieu» jusqu'à la croix. Au chapitre 13 de Jean, nous trouvons un pas dans son service, et notre chapitre (Luc 12) nous en montre un second. L'amour aime à servir, l'égoïsme à être servi. Jean 13 nous fait connaître le service actuel du Seigneur pour nous. Il ne pouvait pas demeurer plus longtemps avec ses disciples ici-bas, et qu'adviendrait-il d'eux lorsqu'il serait retourné au ciel? «Si je ne te lave, tu n'as point de part avec moi». Le temps était venu pour lui de remonter au ciel, mais il aima les siens jusqu'à la fin, et il voulait les avoir avec lui là où il allait, auprès de Dieu, et ils devaient être propres à sa présence. Il devait les rendre propres à avoir part avec lui là où il allait; ainsi il leur lave les pieds. Ils marchaient ici dans ce monde, où la boue et la souillure les atteignaient, et il leur lave les pieds. Il est notre serviteur maintenant, notre avocat, en vertu de cela, quand nous avons manqué, le Saint Esprit applique la Parole à nos âmes et nous sommes humiliés. En rapport avec notre état pratique, il y a cette purification journalière qui s'opère quand j'ai laissé échapper une parole inutile, ou quand je me suis permis une pensée mauvaise; j'ai alors besoin de purification. L'Esprit applique alors la Parole à notre conscience, et nous sommes humiliés et brisés.

Ici, dans le chapitre 12 de Luc, il s'agit de la bénédiction:  «Bienheureux sont ces esclaves, etc.» (verset 37). Il veut les faire jouir lui-même, car il prend son plaisir à les rendre heureux. Nous ne croyons pas assez à l'amour de Christ pour nous, à ce qu'est son coeur, et nous n'avons pas assez de coeur pour lui. Il attache de la valeur à nos affections: «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations», dit-il à ses disciples (Luc 22: 28). Quel Sauveur il est!

Ainsi, c'est une attente constante que celle du chrétien, et non pas simplement l'attente, mais la vigilance.

La seconde partie, c'est le service, chose inférieure en un certain sens. Il nous a confié des talents; peut-être ne sera-ce que de donner «une coupe d'eau froide,» mais à cela répond sa Parole: «Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu'il viendra, trouvera faisant ainsi». Le Seigneur nous a confié à tous un service. Que ce soit un apôtre, sans doute il est entièrement voué au service, mais le service va jusqu'à donner une coupe d'eau froide. Ici, la récompense n'est pas de se mettre à table et de jouir du ciel, mais c'est le royaume, ou plus que le royaume. Le Père a établi Christ sur toutes les oeuvres de ses mains, et nous fait cohéritiers de Christ. Mais il est beaucoup plus précieux d'être avec Dieu lui-même, de jouir de lui, que d'être héritiers avec Christ, bien que cela soit une chose merveilleuse. C'est spécialement dans le royaume qu'a lieu le fait de régner, «d'être établi sur les biens,» parce qu'ensuite Christ remet le royaume à Dieu le Père. Alors il n'y aura plus besoin de puissance pour assujettir un royaume; tout sera fait.

Il y a deux manières de considérer l'héritage. Dans l'épître de Pierre et celle aux Hébreux, on l'envisage comme un homme marchant dans ce monde au milieu des épreuves et des difficultés, et attendant un héritage réservé dans les cieux. Dans l'épître aux Ephésiens, nous avons l'héritage, nous le regardons comme étant nous-mêmes déjà assis dans les lieux célestes, et destinés à hériter de tout ce que Christ possède (voyez Psaumes 2). Dans ce Psaume, on voit les conseils de Dieu touchant Christ. Quoi que les nations fassent, Dieu l'établira Roi. C'est Christ, dont la royauté est établie sur la terre. Si l'on considère la promesse faite à Thyatire, on voit que le fidèle possède cela et de plus la partie céleste: un Christ céleste aussi bien qu'un Christ roi. Le royaume prend la place que l'Eglise avait sur la terre. L'étoile du matin, c'est Christ comme nous le connaissons; mais quand il est présenté comme le soleil levant, c'est le jugement. Un homme qui veille durant la nuit voit paraître l'aube du jour; mais quand le soleil est levé, l'étoile du matin ne se voit plus. Nous voyons en Malachie 4: 2, etc., que la délivrance s'opère par le jugement. Et c'est là la raison pour laquelle nous trouvons dans les Psaumes ces appels au jugement; c'est la part du royaume. Le Psaume 8 présente un résultat plus étendu que le Psaume 2. «Tu as mis ta majesté au-dessus des cieux». Christ est là, couronné de gloire et d'honneur, ainsi que nous le voyons en Hébreux 2: 5-8. C'est plus que le royaume, car le gouvernement du royaume a affaire avec cette terre. Mais dans ce merveilleux conseil de Dieu, Christ reçoit des cohéritiers, pour être dans la même gloire que lui. Quand Pierre marchait sur la terre, l'héritage était dans le ciel, mais lorsque je serai dans le ciel, l'héritage sera sur la terre. Nous savons qu'en nous-mêmes nous ne sommes rien, pires que rien, la méchanceté même, mais Dieu dit que dans les siècles à venir il montrera «les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2), mais tout cela suppose que nous sommes bien établis dans la rédemption. Quelle pensée remplie de bénédiction, que le Père nous a donnés à Christ! Le Père dit: «Maintenant je veux que mon coeur soit satisfait en ayant tous les miens autour de moi,» et ainsi il nous donne à Christ, afin que Christ nous amène à lui, propres pour sa présence. «Amenant plusieurs fils à la gloire»; pauvres, faibles, misérables créatures que nous sommes, il veut nous prendre ainsi, nous amener là! Mais cela montre toute la grandeur de son amour. Mais la meilleure part dans la bénédiction, c'est d'être assis à table, bien que la seconde soit merveilleuse aussi, — la souveraine grâce, prenant des vers de terre comme nous et nous associant à Christ.

Dans le récit de la transfiguration (Luc 9), nous voyons la part du royaume dans Moïse et Elie. C'était Christ avec les saints en gloire, manifestés sur la terre. Luc, plus que les autres évangiles, présente notre place actuelle, et dans ce chapitre, nous lisons: «Comme ils entraient dans la nuée». La nuée était ce qui séparait Pharaon des Israélites; elle les conduisait à travers le désert; elle demeurait sur le tabernacle; c'est là que Dieu se trouvait; et, sur la montagne, de cette «shekinah» qui, je peux le dire, était pratiquement la maison du Père, sort la voix: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». Et ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée. C'est uniquement en Luc que nous trouvons cette partie de la transfiguration.

Il y a donc ce qui nous appartient en Christ. Nous pouvons nous asseoir paisiblement au ciel, à la maison; Christ exerçant là l'hospitalité envers nous, nous servant, — chose merveilleuse assurément. Ah! quelles misérables petites choses nous détournent des pensées de Dieu! Nous avons cependant à traverser ces choses, car le Seigneur a dit: «Je ne te prie pas que tu les ôtes du monde,» — mais il a ajouté: «Que tu les gardes du mal».