Les temps du résidu mis en lumière par l'histoire d'Enoc, de David et de Daniel

 ME 1883 page 291

 

Les temps du résidu mis en lumière par l'histoire d'Enoc, de David et de Daniel 1

Chapitre 1 - Marche et espérance du chrétien. 1

Chapitre 2 - Le lieu d'habitation du chrétien. 10

Chapitre 3 - Séparation, dépendance, souffrance. 20

 

Chapitre 1 - Marche et espérance du chrétien

(Genèse 5: 18-24; Hébreux 11: 1-6)

Les principes en oeuvre dans les temps auxquels nous transporte l'Ancien Testament, sont bien différents de ceux qui caractérisent actuellement les voies de Dieu à l'égard de son peuple. Si vous considérez les hommes de renom de l'Ancien Testament, les saints de Dieu de ces jours-là, particulièrement ceux qui sont énumérés en Hébreux 11, il est très intéressant de voir comment Dieu s'est suscité des témoins indépendants, en faveur du grand principe qu'il y avait une promesse dont la réalisation aurait lieu aussitôt que son Fils, le Seigneur Jésus Christ, aurait terminé son oeuvre, et qu'il serait retourné dans le ciel. Ce que je veux dire, c'est que le judaïsme agissait en principe sur la vue et les sens des hommes tels qu'ils étaient. Tout cela avait son temps, son jour, son objet, et Dieu travaillait par ce moyen pour arriver à son but; mais au milieu de tout cela, et tandis que le judaïsme était en pleine vigueur, Dieu, comme je l'ai déjà fait observer, avait ses propres témoins, pris de cette nation qui était le peuple visible, témoins en relation avec ce qui devait arriver et qui s'est accompli de nos jours; c'est-à-dire avec le simple principe de la foi.

Aujourd'hui, telle est la position du chrétien, que dès que je suis dirigé par ce que je vois, je quitte le sentier de la foi. Je sais que c'est pour le coeur une question bien sérieuse; mais je le répète, du moment que je suis dirigé par ce que je vois autour de moi, que je regarde à tout ce qui m'entoure pour y trouver un motif d'action, une direction ou une lumière pour le chemin à suivre, j'ai quitté le chemin simple et béni de la foi que Dieu a tracé aux siens. Les actions des saints de Dieu, on doit le reconnaître, sont en mille occasions dirigées par ce qui se voit. Mais il est bien important, en constatant le mal, de ne pas en faire un principe qui justifie nos actes. C'est une disposition de nos coeurs à nous autoriser de ce qui n'est au fond plus ou moins qu'une déchéance de la position magnifique et bénie à laquelle Dieu nous a appelés. Ce à quoi il nous a réellement appelés, c'est à être des témoins du fait que nous avons affaire à un Dieu invisible, et la foi agit à son égard comme avec un Etre qui est au-dessus de la portée de notre intelligence. C'est ce qui fut bien remarquable en Moïse (je n'en parle ici qu'en passant); vous savez que l'Esprit de Dieu dit de lui dans Hébreux 11: 27, «qu'il tint ferme comme voyant celui qui est invisible».

Vous le voyez, les deux choses qui caractérisent un chrétien, c'est qu'il a un objet invisible dans les cieux, savoir Christ glorifié à la droite de Dieu; et ici-bas un pouvoir invisible, le Saint Esprit qui habite dans le croyant. En sorte que nous avons un objet entièrement en dehors de tout ce qui se voit dans ce monde, et un pouvoir qui habite dans nos corps (car mon corps est le temple du Saint Esprit); et ce pouvoir agit sur moi et en moi, me faisant trouver dans cet objet un mobile, la force, et tout ce dont j'ai besoin. Dès que nous quittons cette position, nous sommes infidèles à notre vocation; — ce n'est pas la foi, ce n'est pas le principe qui regarde à Dieu par-dessus tout, qui voit Dieu, qui agit simplement en vue de lui et reçoit tout pouvoir de lui. Je suis assuré que la moitié des difficultés par lesquelles nous passons maintenant, soit comme individus, soit comme corps, viennent du fait que nous n'avons pas agi simplement sur ce principe. La plupart des obstacles que les saints de Dieu rencontrent dans leur marche seraient évités, s'ils marchaient simplement par la foi.

Permettez-moi de le dire, et je le fais en toute humilité, je crois que nos difficultés collectives viennent de la misère de notre état individuel, du manque de fidélité, d'une faiblesse dans les individus. Le bon état du corps est le résultat de la fidélité de notre marche individuelle avec Dieu. La puissance collective est toujours en relation avec la fidélité individuelle. Je crois — et j'y pense souvent, je prie à ce sujet — que la raison de notre faiblesse collective en ce moment, c'est que nous avons négligé nos relations individuelles avec Dieu. L'état de nos âmes à chacun en particulier, a une immense influence sur l'ensemble des relations que nous avons à maintenir comme membres du corps de Christ. Supposez que je ne marche pas devant Dieu comme un de ses enfants, comme un héritier de Dieu et un cohéritier de Christ, comment pourrai-je me conduire comme un membre du corps de Christ? C'est impossible. Et vous pouvez en être sûrs, les infidélités d'un membre de la famille de Dieu apporteront toujours le trouble dans l'Eglise de Dieu. Une chose amène l'autre. Cette pensée remplit mon coeur au moment où j'entreprends de traiter ce sujet. Une raison pour laquelle l'Ancien Testament est si remarquablement beau, c'est que notre position individuelle devant Dieu y est constamment mise en saillie. Nous y trouvons une piété individuelle, une marche individuelle avec Dieu, quoique naturellement ce soit selon la mesure et les lumières de ces temps-là. La marche avec Dieu doit être au niveau de la révélation de Dieu pour le temps où celle-ci est donnée. Il est très important de maintenir ce principe. Ce ne serait pas marcher avec Dieu maintenant, que de marcher simplement dans la mesure de ce qu'Enoc connaissait. C'était pour Enoc, dans ce temps-là, marcher avec Dieu; mais il y a maintenant pour le peuple de Dieu une révélation et une communication de sa pensée bien supérieure à ce qu'Enoc connaissait.

C'est pourquoi, pour connaître cette marche avec Dieu, il faut que, individuellement, j'aie conscience devant Dieu de ses pensées à mon égard, telles qu'il nous les a révélées par son Esprit et par sa Parole.

Mais je veux vous faire remarquer où, selon moi, se trouve une intéressante analogie entre les temps d'Enoc et ceux dans lesquels nous vivons. On entend souvent dire: Il est vrai qu'Enoc a marché avec Dieu, mais il n'avait pas la moitié des épreuves et des difficultés qu'ont à subir les saints de nos jours. — Mais, chers amis, parler ainsi, c'est avoir une vue bien superficielle de l'histoire de ces temps, telle que Dieu nous l'a donnée dans sa Parole. Le milieu dans lequel vivait Enoc, c'était l'ensemble de choses dont Satan a tiré parti pour arriver à ses fins dans le temps actuel; ce n'était rien moins que le monde de Caïn. Enoc vivait au milieu du monde tel que Caïn l'avait fait. Je dis le monde de Caïn, et il faut bien l'appeler ainsi pour parler des choses comme elles sont. Dieu n'a jamais fait le monde tel que nous le voyons. Il a fait la terre, mais il n'a jamais fait le monde ou le siècle, selon la signification ordinaire du mot. Personne ne pourrait supposer que le monde soit sorti des mains de Dieu tel que nous le voyons. Satan en est le dieu, le prince et le chef. Dieu a fait la terre dans le sens littéral du terme, mais le vaste système au milieu duquel nous vivons et qui s'est si manifestement séparé de Dieu, ce n'est pas Dieu qui l'a fait. Comment pourrait-il en être l'auteur? C'est Satan qui, profitant de la complète révolte de l'homme, a organisé le système de choses actuel. C'est exactement ce qu'était le monde de Caïn en principe dans les jours d'Enoc. Deux choses le caractérisaient; j'y toucherai en passant. La religion et une cité, tels étaient les deux principes constitutifs de ce système.

Un grand fait est compris dans ces deux choses. Caïn était l'auteur d'une religion qui désavouait les droits de la justice de Dieu, puisque l'homme tombé était séparé de Dieu. Il méconnaissait aussi le fait de la malédiction qu'avait entraînée la chute. Dans le sacrifice de Caïn, l'homme apportait à Dieu des fruits de la terre. Ce n'est pas qu'il manquât d'énergie ni de sérieux, ou qu'il y eût quelque chose à reprocher à ses actes. Caïn cultivait la terre, et, quoique maudite, elle lui donnait son fruit qu'il offrit à Dieu, comme s'il n'y avait pas eu de malédiction du tout. Remarquez, chers amis, ce grand principe. Du moment que la chute existe comme un fait, et que l'homme s'est ainsi virtuellement et pratiquement séparé de Dieu, nous ne pouvons, sinon par la mort de Christ, rien offrir à Dieu qui lui soit agréable; dès que nous l'essayons, même sans y prendre garde nous tombons en principe dans la religion dont Caïn était l'inventeur et le fondateur. Le trait caractéristique de ce que j'appelle la religion de Caïn, c'est d'apporter à Dieu une offrande qui est la négation de ce grand principe, que, sans effusion de sang, il n'y a point de rémission des péchés. Vous pouvez retrouver cela vous-mêmes dans son histoire.

Ensuite, si vous voyez la cité, c'est exactement ce que nous avons autour de nous aujourd'hui. Il y avait des manufactures; les arts étaient poussés jusqu'à leurs dernières limites, l'habileté de l'homme s'ingéniait à rendre supportable ce monde d'où Dieu avait été rejeté. Tel était le monde de Caïn sous son aspect religieux, politique et moral.

C'est une chose infiniment précieuse de voir comment Dieu appelle un homme au milieu d'une scène pareille, entouré comme il l'était de tous côtés par ce qui reniait Dieu, et c'est bien consolant aussi pour nos coeurs d'avoir le récit que l'Esprit de Dieu nous fait dans les versets de la Genèse que nous avons lus. Dans cet état de choses, un homme est appelé comme témoin de la puissance de Dieu, autant du moins qu'elle était connue alors, étant gardé au milieu de tout cela, et, comme il est dit: «marchant avec Dieu». Bien aimés, c'est exactement ce à quoi nous sommes appelés: à marcher avec Dieu. Un fait m'a beaucoup frappé dernièrement. Un fidèle serviteur de Dieu disait que, se trouvant une fois dans un pays étranger, il y avait rencontré plusieurs chrétiens, ses compatriotes, qui s'y étaient établis. Il leur demanda ce qui les avait déterminés à émigrer. L'un lui répondit d'une manière, et l'autre d'une autre, mais pas un mot dans ces réponses n'indiquait qu'il y eût eu chez eux la moindre préoccupation de la volonté de Dieu ni le désir de lui être agréable. Il dit à l'un: Mais je vois dans l'Ecriture qu'Enoc marcha avec Dieu, et je lis aussi dans l'Ecriture que Dieu dit: «Je te guiderai de mon oeil». Que pensez-vous de cela? Ils ne lui répondirent que d'une manière évasive qui montrait leur désir d'échapper à cet appel direct fait à leur conscience. Chers amis, tout cela est très sérieux; ces chrétiens n'étaient point sans intelligence, ils avaient la connaissance de la vérité, ils comprenaient l'Ecriture telle que Dieu nous l'a donnée, extérieurement du moins; ils pouvaient dire ce que contenait telle ou telle partie; mais quand on en venait à cette question pratique et individuelle de la marche avec Dieu, de la communion avec lui, de l'abandon entier à sa direction, sur le principe de la foi qui nous transporte au delà des circonstances, en présence de la gloire de Dieu, ils étaient complètement dans le vague. Je dis que c'est très sérieux, et que vous et moi avons à nous tenir sur nos gardes pour que la mesure de notre intelligence ne dépasse pas celle de notre communion avec Dieu. Soyez-en sûrs, du moment qu'il en est ainsi, Satan a en main des armes avec lesquelles il pourra faire de terribles ravages. Il sèmera aussitôt des germes qui, si nous n'y veillons, ne manqueront pas de porter de tristes fruits.

Eh bien, maintenant, qu'est-ce que cette marche bénie avec Dieu? Qu'est-ce qu'elle suppose? La première chose qui doive être claire pour nos âmes, c'est de savoir si nos consciences comprennent nos relations avec Dieu. Puis-je vous le demander: vos âmes sont-elles avec Dieu dans les relations dans lesquelles il a placé son peuple, telles qu'il lui a plu de nous les révéler? Les ont-elles comprises? Tout est-il en règle entre vous et Dieu relativement à ces relations? Y a-til quelque nuage dans les relations, quelque question non résolue? Vous comprenez qu'il est impossible de marcher avec Dieu, si tout n'est pas clair à ce sujet. Il ne sert de rien de parler de cette marche, si l'on n'est pas entré complètement avec lui dans les relations qu'il lui a plu de former et de révéler, si on ne les a pas comprises, si l'on n'en jouit pas. Ou bien, supposez que j'aie sur la conscience un péché que je n'ai pas jugé, comment puis-je marcher avec Dieu? Ce serait folie d'en parler. Voyons au contraire ce qui en résulterait. Supposez qu'une personne, ayant sur la conscience un péché non jugé, prenne place dans l'assemblée; cette personne est un membre de l'Eglise de Dieu et marche extérieurement comme tel; mais voyez quel trouble elle y apporte, quel principe de faiblesse! Je ne crois pas que nous pensions assez à ces choses, et je suis persuadé qu'elles sont une des grandes causes de faiblesse parmi le peuple de Dieu. Vous le voyez, le Seigneur met clairement ce sujet devant nous: «Que chacun s'éprouve soi-même» (1 Corinthiens 11: 28). Vous ne pouvez rien avoir de plus individuel que cela. Il dit encore: «C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu'un assez grand nombre dorment» (1 Corinthiens 11: 30). Un péché non jugé, le péché toléré dans l'assemblée, voilà ce qui apporta le trouble à Corinthe. Sans doute, il s'agissait d'un cas spécial, mais le principe est le même; et si maintenant dans l'assemblée, quelqu'un de ceux qui la composent n'a pas la joie, la paix, s'il n'a pas la pleine jouissance de sa relation avec Dieu, s'il y a un péché non jugé ou toléré, ce sera infailliblement une cause de faiblesse et de difficultés.

C'est bien remarquable, qu'il y ait si peu de chrétiens qui connaissent vraiment leur relation avec Dieu, comme le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. La plupart ne vont pas au delà de la position de criminels graciés. Rien de plus. Ceci est bien sérieux. Comment puis-je marcher avec Dieu comme son enfant, si je ne connais pas ma relation d'enfant? Comment puis-je marcher avec lui comme un membre de Christ, si je ne connais pas cette relation de membre de Christ, et si tout ce qu'entraîne cette responsabilité n'est pas maintenu? Tout cela rentre dans cette question de la marche avec Dieu. Il ne faut pas que rien de mon côté compromette les relations de mon âme avec Dieu, sans quoi il y aura du trouble et des difficultés.

Se liant à cette marche avec Dieu, il y a maintenant une autre chose bien importante et précieuse à remarquer. Nous la trouvons en Enoc; je veux dire qu'il n'avait qu'un seul objet devant lui. Vous trouverez que, partout où il y a cette marche simple avec Dieu, il n'y a aussi qu'un seul objet. Cela est introduit d'une manière bien instructive pour nous en Hébreux 11, à la fin du verset 5. «Avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu». C'était la seule chose qu'il eût devant lui. Chers amis, puis-je vous le demander en toute affection, est-ce pour vous la seule chose? Considérez les circonstances de votre vie, les entreprises dans lesquelles vous êtes engagés, toutes vos relations d'affaires, les relations avec les personnes de votre maison ou celles de l'assemblée; dans toutes ces choses est-ce le seul objet de votre coeur, est-ce votre soin constant de plaire à Dieu? C'est très sérieux. Enoc, avant de quitter ce monde, le monde de Caïn qui renfermait à la fois tant de pièges et tant d'attraits, eut le plus précieux témoignage que nous puissions imaginer, celui d'avoir plu à Dieu. Ses yeux ne voyaient que Dieu et rien de ce qui n'était pas Lui; une pensée le gouvernait et dirigeait tous ses actes, le désir unique de plaire à Dieu.

Vous remarquerez un contraste bien intéressant avec ce qui nous est dit d'Abel. Dieu, nous est-il dit en Hébreux 11: 4, rendit témoignage à son sacrifice. C'était une question d'acceptation. Abel est un homme selon Dieu, il lui apporte le sang et la graisse d'un sacrifice, reconnaissant les droits d'un Dieu saint et la ruine dans laquelle Adam a entraîné le monde. Il met l'agneau entre lui et Dieu en justice, victime chargée pour ainsi dire de tout ce qui pouvait mériter le jugement; mais rien ne manquait pour rendre le sacrifice excellent, car il offrit aussi la graisse. Il offrit la graisse et le sang, et Dieu rendit justice à ses dons. Mais quand il est question de la marche avec Dieu, le témoignage est: Il a plu à Dieu. Quelle chose précieuse que d'avoir reçu un pareil témoignage pour soi-même, ce secret dont personne ne sait rien que Dieu!

Mais, remarquez-le, une âme qui a Dieu devant elle, qui agit en vue de Dieu, sera celle aussi, soyez-en sûrs, qui aura renoncé le plus complètement, le plus entièrement à elle-même. On souffre parfois d'entendre telle personne dire qu'elle a Dieu devant elle, quand il est manifeste qu'en toutes choses c'est elle-même qu'elle a devant les yeux. Si j'ai Dieu devant moi, si j'agis en vue de lui, si je vois Celui qui est invisible, si je pense à lui plaire, j'ai dans ma conscience le témoignage que je fais ce qui lui est agréable, et ce témoignage me garde. C'est au fond de mon coeur une secrète source de satisfaction et de joie de penser que personne n'en sait rien que Dieu. C'est une chose infiniment précieuse, parce qu'elle met les affections de notre âme à l'abri des mille motifs et des influences qui pourraient agir sur nous, et qu'elle la place devant Celui qui doit être le centre de nos pensées.

Ainsi vous le voyez, la marche avec Dieu, quels que soient les temps, aux jours d'Enoc comme aujourd'hui, a toujours à sa base comme puissant mobile cette pensée: Je n'ai à plaire qu'à Lui! Mon oeil est dirigé sur lui seul; je considère ce qui lui convient; je ne pense qu'à lui. Il n'est pas question de moi ou de ce que l'on dit de moi, mais de ce fait à la fois si simple et si merveilleux que j'ai à plaire à Dieu et à lui seul.

Voyez tout cela dans la carrière de l'homme parfait, du Seigneur Jésus Christ. Au Psaume 16, où nous le voyons comme homme dépendant, nous le trouvons disant: «Je me suis toujours proposé Jéhovah devant moi». Quelle grande chose ce serait pour votre coeur et pour le mien, si nous avions toujours le Seigneur devant nous! Pensez quel pouvoir, quel sujet constant de joie et de pleine satisfaction nous aurions! Quelle influence sanctifiante cela aurait sur nous, si tout en nous se rapportait à cet objet invisible, si nous le cherchions, lui, en tout. Il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. Ce qui signifie que Dieu est devant l'âme comme ce qui attire nos regards avant tout: la pensée de l'Esprit de Dieu, c'est: «Cherchez-le». C'est lui que vous avez devant les yeux, c'est lui que votre coeur aime par-dessus tout; et il est le rémunérateur; et la récompense sera la conscience bénie qu'il donne à votre coeur que vous avez fait ce qui lui est agréable. Que le Seigneur nous donne, chers amis, de savoir mieux ce que c'est que de chercher sa volonté, de lui plaire. Nous avons ainsi l'énergie divine, et en même temps la soumission et le repos; et c'est de quoi nous avons besoin. Il y a assez de force en nous tous pour le service, mais il n'y a pas le repos nécessaire à la communion. C'est un point bien sérieux. Il y a assez d'énergie pour nous porter à droite et à gauche, mais pour la communion il faut du repos. Dans cet état d'âme béni, j'ai affaire avec le Seigneur qui est dans les cieux, et mon coeur lui est agréable, gardé et soutenu par le fait que j'ai cherché à lui plaire.

Et maintenant, qu'est-ce que comprend cette marche avec Dieu qui caractérisait Enoc, et à laquelle vous et moi sommes appelés? Ici, j'ai besoin de vous adresser en toute affection une parole sérieuse. Cette marche avec Dieu peut être considérée quant au présent et quant à l'avenir. Quant an présent: souffrance, perte, honte, abaissement, voilà ce qui marque, notez-le, tous les pas de ce chemin! Voilà par où passe celui qui marche avec Dieu dans ces jours mauvais; parce que la marche avec Dieu ne consiste pas à suivre cette voie quand la piété est la règle, mais bien quand tout est en révolte contre lui. C'était le caractère des temps d'Enoc. C'est pourquoi il y avait la souffrance; et je vous dirai plus que cela, chers amis, il y avait le renoncement à soi-même. Croyez-moi, s'il y avait un peu plus de renoncement parmi nous, beaucoup de nos difficultés disparaîtraient. Le renoncement est la voie de Dieu au milieu des difficultés qui abondent autour de nous. D'où viennent-elles? Sans doute de ce qui est le contraire du renoncement. S'il ne s'agit que de Dieu, de ses droits, de ce qui lui est agréable, de ses intérêts, de ses pensées, les difficultés seront aussitôt surmontées.

Et si c'est la volonté de Dieu qui m'est chère par-dessus tout, si je veux son triomphe à tout prix, comme je sortirai promptement de toutes les difficultés! Vous connaissez la doctrine,… j'allais dire que vous la connaissez trop bien. Vous comprenez ma pensée. Je crois très sincèrement que beaucoup d'entre nous n'ont jamais réfléchi à ces choses à genoux devant Dieu. Nous sommes instruits, cela est vrai, mais c'est la chose la plus déplorable du monde que des gens instruits en certaines choses seulement. La tendance du siècle est de rendre toute chose facile, on veut éviter toute peine, et ce qui est pire, on essaye positivement de rendre les choses de Dieu attrayantes pour l'homme naturel, et nous recueillons les fruits amers de cette triste tentative, en ce que, au lieu d'une vérité qui comme une flèche pénètre tout droit dans nos consciences et laboure en quelque sorte nos âmes, au lieu d'une vérité qui, par sa grandeur, sa merveilleuse grandeur, nous mette en présence de Dieu, nous n'avons plus qu'une chose sans importance et sans valeur. En effet, si l'on reçoit la vérité comme une chose sans portée, comme un morceau d'histoire extrait d'un livre, on l'admet peut-être volontiers, on la croit, mais elle reste sans influence sur l'âme qui échappe à tout sentiment de responsabilité.

Quelle que soit la tendance du jour, elle est un danger pour l'Eglise de Dieu; quel que soit le caractère du temps, il est une tentation pour les saints de Dieu. Eh bien, le caractère des temps actuels est de rendre toute chose aussi facile, aussi douce pour l'homme que possible, de lui épargner toute peine, de manière à ce qu'il puisse avoir toute chose avec le moins de travail et de difficulté possible. Mais il n'y a pas de route royale pour ceux qui sont à l'école de Dieu. Du moment que j'y entre, l'instruction ne peut m'atteindre que par l'intermédiaire de ma conscience. Si ma conscience n'est pas atteinte, il n'y a pas de marche avec Dieu possible, pas de sentiment de la grandeur de ces choses. C'est ce que nous devrions avoir dans nos âmes, et Dieu n'a qu'un moyen d'atteindre le coeur de l'homme tombé, c'est par sa conscience, et si je ne suis pas atteint dans ma conscience, je ne suis pas atteint du tout selon Dieu. Cette pensée est solennelle assurément.

Permettez-moi maintenant de vous expliquer ce que j'entends par marcher avec Dieu maintenant. J'adresserai d'abord quelques mots à ceux qui sont jeunes dans les choses de Dieu. Je n'entends pas jeunes pour l'âge, mais parce qu'ils sont parvenus depuis peu seulement à la connaissance du Seigneur. Hélas! combien peu nous avons le sentiment de tout ce que l'acceptation des réalités divines nous impose! Vous ne pouvez manquer d'observer la tendance générale qu'on a, en s'occupant de la vérité divine, de vouloir être quelque chose au lieu de consentir à n'être rien, Quelle erreur! Il y aura une lacune dans l'âme et dans le coeur si c'est là l'objet auquel nous visons. Dès que la vérité divine s'est emparée de moi, elle me réduit à rien, non pas à peu de chose, mais à rien; bien plus, elle me familiarise avec la pensée que je dois souffrir ici au milieu du monde. Sans vouloir affliger ni offenser qui que ce soit, je vous demande sérieusement si, en pensant à la position merveilleuse à laquelle Dieu vous a appelés, vous vous êtes jamais adressé cette question: Si je marche avec Christ, est-ce que d'une façon ou de l'autre cela ne doit pas avoir pour conséquence le renoncement absolu? Y avez-vous pensé, chers amis? Je le dis avec révérence, car je ne voudrais pas nourrir dans mon coeur une pensée qui n'en fût pas empreinte, si nous regardons à la carrière terrestre de Jésus, pouvons-nous dire que, comme homme, il eut ce qu'on appelle du succès? Honte, privation, mépris, opprobre, n'est-ce pas là ce qui signala chacun de ses pas de la sainte montagne jusqu'au Calvaire? Son chemin n'alla-t-il pas toujours en descendant? Ne fut-il pas un renoncement à ses droits et à ses titres? Pour nous, quelle différence! Nous n'avons aucun droit à faire valoir, tout est pure grâce pour nous; mais pour lui c'était l'abandon complet de tout ce qui lui appartenait, du trône de Dieu jusqu'à la croix. Est-ce le chemin que nous avons à parcourir? Combien peu nous pesons toutes ces choses! Je doute, chers amis, que le plus âgé d'entre nous les ait jamais suffisamment pesées. Il fut un temps, au commencement du bienheureux réveil de la vérité divine, où il en coûtait de la recevoir et de la professer. Ce temps n'est plus; nous sommes plutôt dans une époque d'alanguissement et de faiblesse, car les saints n'ont pas le sentiment de la responsabilité que leur impose la profession de cette vérité.

Si je suis résolu à suivre Celui qui n'avait pas un lieu où reposer sa tête, je ne puis avancer en ayant pour principe de tirer le meilleur parti de tout ce qui m'entoure; au contraire, je cherche à y participer le moins possible; c'est à quoi je tends si je marche vraiment avec Dieu. Voilà donc ce qu'entraîne maintenant cette marche dont nous parlons; et je regarde comme très important de vous le déclarer aujourd'hui. Si je suis résolu à marcher avec Dieu, selon la révélation de ses pensées, telles qu'il me les a données dans sa Parole, je prends mon parti de n'avoir qu'un seul objet devant moi. C'est suffisant pour le serviteur d'être comme son maître. J'aime mieux qu'une personne se tienne en arrière et dise après avoir tout considéré: Cette première décision suppose bien des choses, en entraîne bien d'autres; donnez-moi un peu de temps pour réfléchir et pour peser devant Dieu ma détermination, ne me faites pas agir à la légère. J'aime à voir une telle personne qui regarde les choses en face, telles qu'elles sont, parce que je sais que si elle agit ainsi, si elle place les choses devant Dieu, s'attendant tranquillement à lui, avec sincérité et droiture, il se fera connaître à elle; et plus que cela, il récompense aussitôt une telle âme. Oui, c'est là ce qu'il fait, il la récompense. Est-ce que le sentiment que je lui ai été agréable n'est pas une récompense? Si j'ai ce sentiment, je suis récompensé tout d'abord, même avant que je souffre. Oui, Dieu prend plaisir à agir ainsi, quand il voit un coeur à la fois sincère et bien exercé devant lui.

Oh! je sens que, de nos jours, nos coeurs ne sont pas suffisamment pénétrés de la gravité de ces choses. Ce n'est pas une chose insignifiante, de sortir de tout ce qui m'entoure pour être en conformité de pensée avec mon Père céleste. Que Dieu vous garde de la prendre à la légère! Puissent nos coeurs être pénétrés du sérieux de la vocation à laquelle Dieu nous appelle, et ne jamais la rabaisser au pauvre et misérable niveau des choses d'ici-bas, en lui ôtant toute sève et toute réalité. C'est la tendance actuelle, nous n'échappons pas à ce danger. Notre travail n'est souvent que celui de l'intelligence; ce n'est pas Dieu agissant sur l'âme par la conscience. Que le Seigneur nous délivre de cet état; il est très dangereux.

Maintenant, quel sera le résultat de cette marche avec Dieu? J'ai parlé de notre marche dans le temps actuel, et de ce qui s'y rattache. Comme je l'ai dit, elle se résume dans ces mots: sacrifice et souffrance. Je pourrais parler de cette marche sous un autre aspect; je pourrais dire ce que c'est que de jouir de la bienheureuse présence de Christ, étant partout avec lui, faisant route avec lui. Je pourrais dire combien il est doux de se sentir soutenu et encouragé par son amour; mais j'aime mieux vous laisser en présence de ce grave sujet, et je n'envisagerai pas comme perdu le temps que j'aurai employé à vous en faire sentir le sérieux.

Quel sera le résultat de cette marche? Il est précisément le contraire de ce que recherchait un Juif dans les temps de l'Ancien Testament. Ce que le Juif voyait en toute chose et avant tout, c'était la prospérité terrestre, la huche et les provisions; il s'attendait à ce que tout dans la vie lui fût rendu facile. Il s'agissait pour lui d'abondance de blé et de vin, d'abondance de tout ce que cette terre peut donner, biens, dignités, honneurs, confort. Tout cela était très bien dans son temps; c'était ce à quoi regardait un Juif; c'était son droit de naissance, son héritage ici-bas, et il n'avait pas la moindre pensée d'en sortir; une longue vie, voilà ce que le Juif ambitionnait. Mais pour moi chrétien, qu'ai-je à attendre si je marche avec Dieu? D'être comme Enoc retiré de ce monde, peut-être aujourd'hui! Le croyez-vous? Croyez-vous que dans cet instant vous pouvez être enlevé sur la nuée glorieuse? C'est un sujet sur lequel nous sommes tous d'accord, la bienheureuse espérance de la venue du Seigneur, l'attente bénie de son retour. Mais combien peu c'est une réalité pour nous! Je me rappelle le temps où, pour la première fois, cette pensée de la venue de Christ, de son second avènement, se présenta clairement devant moi. Quelle merveilleuse clarté, quel rafraîchissement, quelle vie c'était pour moi! Puis-je vous demander où vous en êtes maintenant à cet égard? Est-ce que la joie avec laquelle vous avez accueilli cette pensée il y a vingt, trente, quarante ans ou plus, est encore bien vive dans vos âmes? Comptez-vous en quelque sorte les minutes qui vous séparent de cet événement? Est-ce la pensée immédiate de votre âme, l'attente de votre coeur, d'être enlevé sans voir la mort? Et Enoc ne fut plus, «car Dieu le prit». Il y avait en lui une puissance de vie qui surmonta complètement celle de la mort, ce lot commun de l'humanité depuis la chute.

Rien ne me montre mieux le pouvoir de l'oeuvre rédemptrice du Seigneur Jésus Christ, que ce fait qu'il y aura dans le monde un peuple vivant qui ne passera point par la mort, tant la croix a bien répondu à tout ce à quoi elle devait satisfaire. Croyez-vous, bien-aimés, qu'aujourd'hui vous pouvez être enlevés dans les nuées glorieuses pour aller à la rencontre du Seigneur dans les airs?

D'où vient que ces faits ont perdu en quelque sorte pour nous toute actualité? C'est qu'ils ont passé à l'état de doctrine. C'est un article de notre credo orthodoxe. J'espère que personne ne se sentira blessé parce que je dis, car je me regarde comme étant dans la même position que vous. Nous courons le danger de nous faire notre credo et nos trente-neuf articles, autant que qui que ce soit. Ne vous y trompez pas: du moment que ces vérités bénies ont perdu pour nos âmes leur vivante réalité, en sorte que nous ne pouvons rien en dire sinon: c'est ma doctrine à laquelle je tiens; si elles ont cessé d'être une puissance qui agit, sur nous d'une manière efficace et permanente, dès ce moment, je le dis, nous déclinons, nous sommes déchus de notre position bénie, nous avons perdu la puissance divine que ces vérités exercent sur l'âme. Nous sommes devenus, comme s'exprimait quelqu'un, aussi clairs, mais aussi froids que la lune. Quel triste tableau que celui-là! Que le Seigneur nous garde de le réaliser!

J'ai parlé comme Dieu voulait que je le fisse, quoique bien faiblement, je le sais. S'il y a quelque chose dont nous ayons besoin dans nos temps, c'est bien de marcher avec Dieu d'une manière individuelle. Si nous marchions ainsi, comprenant ce que cette marche nous impose et le terme auquel elle aboutit, savoir notre enlèvement pour aller à la rencontre du Seigneur en l'air et pour être avec lui, nous renoncerions à toute idée d'avancement dans le monde, en nous entourant de tout le confort possible. Comme tout cela nous deviendrait étranger!

Que le Seigneur nous aide à veiller sur nous-mêmes, à la lumière de sa présence et de sa vérité; que nous puissions la recevoir aujourd'hui, que nos coeurs puissent se l'approprier; que, dans le secret de sa présence, dans la solitude et la tranquillité de sa communion, nous puissions y réfléchir devant lui, en lui demandant: Seigneur, est-ce moi?

Puisse le Seigneur répandre sur nous sa bénédiction; puisse-t-il employer sa Parole, pour réveiller dans nos coeurs une marche et une communion avec lui plus personnelles, plus individuelles, et la bienheureuse espérance d'être bientôt enlevés de ce monde, de le voir lui, et d'être avec lui pour toujours!

Chapitre 2 - Le lieu d'habitation du chrétien

(Psaumes 27: 4-6)

Je prends ces versets, chers amis, simplement comme l'expression de la vie de Dieu dans l'âme. Il y a une chose que nous ne pesons pas suffisamment, c'est que (si nous sommes chrétiens) nous avons en nous un principe divin. Je ne crois pas que ce fait soit assez profondément gravé dans nos âmes. C'est une chose merveilleuse de penser que j'ai en moi la vie de Jésus. Y pensez-vous? L'apôtre dit en 2 Corinthiens 4: 4-11 (je cite ceci pour vous montrer le caractère scripturaire de l'expression): «Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps». Oui, c'est une chose merveilleuse de savoir que, comme chrétien, non seulement ma conscience est au clair et en repos devant Dieu, qu'elle ne me condamne point, mais que j'ai la vie, la vie de Jésus en moi. Et je puis dire que c'est un sujet bien sérieux et important pour nous tous (je ne le mentionne ici en passant que pour le mettre sur nos consciences), de savoir jusqu'à quel point cette vie est opérante en nous, jusqu'à quel point c'est la vie qui s'y voit. Je ne voudrais pas tourner vos regards en dedans, mais, chers amis, il est bien nécessaire de penser à cela dans ces jours où l'on ne s'occupe guère de la profondeur ni de la réalité, et où l'on comprend si peu combien il est doux et précieux d'être un vase dans lequel la vie est déposée. Je mentionne cette question en passant comme matière d'examen pour votre conscience et la mienne. Prenez, pour exemple, le jour où nous sommes, puisque nous avons affaire avec les choses de la vie ordinaire. Dans quelle mesure cette vie s'est-elle manifestée dans les petits détails de notre journée? Comme tout ceci est sérieux! Dans quelle mesure se manifeste la puissance de cette vie au milieu de toutes les circonstances dans lesquelles vous passez? N'est-ce pas plutôt votre énergie naturelle qui se montre? Je sens qu'il est bon pour nous d'être rendus attentifs à cette pensée. Souvent je suis frappé parce qu'elle a de sérieux, quand elle se présente à moi, et j'ai besoin d'en parler à Dieu.

Je prends donc ces versets simplement pour cette raison, que nous voyons ici mis en relief le caractère normal de la vie de Dieu en nous, ce principe béni et divin qui est exprimé dans ces paroles: «Il est une chose, une seule, que je demande à l'Eternel; je la recherche avec ardeur. C'est de demeurer dans la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie». C'est là, dis-je, la position simple et normale du chrétien, de celui qui a cette vie en lui.

Maintenant, je suppose et j'admets naturellement comme un fait, que nos âmes sont parfaitement en repos et établies sur le grand fondement qui est à la base du christianisme. Aussi longtemps qu'il y a des questions non réglées entre votre conscience et Dieu, aussi longtemps qu'elle n'est pas en repos, il est absolument inutile de parler de ces choses, vous n'êtes pas en position de le faire. Et c'est ce que l'on voit tous les jours. C'est étonnant combien peu de personnes ont leur conscience et leur âme réellement et parfaitement fondées et établies sur l'oeuvre qui est à la base du christianisme. Je ne veux pas dire qu'elles ne soient pas arrivées à ce point de savoir que si elles meurent, tout est réglé pour elles; mais ce n'est pas suffisant. Ce serait une grande chose, une chose merveilleuse, si c'était tout ce que Dieu a donné; mais si ce n'est que le commencement de ce que Dieu a fait pour nous, alors je dis que c'est une ruse de Satan qui nous retient aux préliminaires et sans nous laisser rien voir au delà.

C'est vraiment le cas pour un grand nombre de personnes qui s'en tiennent au simple point de départ du christianisme, à ce qui n'en est que le commencement, et qui font d'elles-mêmes le point autour duquel convergent leurs pensées, leurs affections, leurs sentiments, leurs désirs. Ce que je dis peut vous paraître exagéré, mais c'est la vérité. Que de personnes autour de nous qui ne voient rien au delà d'elles-mêmes, et ne franchissent pas le cercle dont elles se font le centre.

Maintenant je regarde comme admis, — et le Seigneur veuille que je ne me trompe pas, — que rien de tout cela n'existe ici. Comment pourrait-on s'y attendre? Vous devez savoir en quelque mesure ce que c'est que d'être amené à Dieu. Comment en serait-il autrement ici? Il ne s'agit pas seulement du fait que vous avez reçu certaines choses, ce n'est pas là la question, mais que vous avez été amenés et introduits dans la relation d'enfants que Dieu s'est plu à créer entre lui et nous par le Fils de son amour. C'est en lui qu'il nous voit dans la plénitude de la perfection en sa présence. Non, je ne pense pas que ce soit trop d'admettre que vos âmes savent tout cela. Je pars donc de ce point que je regarde comme un fait acquis, et je me demande quelle sera en conséquence ma vie ici-bas.

Vous voyez qu'il y a deux choses qui la caractérisent. Nous avons la première au verset 4; c'est que je n'aie qu'un objet qui absorbe et domine toutes mes affections: «Une chose». C'est la simple expression d'un coeur qui n'a qu'un motif, qu'un objet; en d'autres termes, c'est à quoi le Seigneur fait allusion quand il parle de l'oeil simple (Matthieu 6: 22). Si donc ton oeil est simple! Qu'est-ce à dire, sinon qu'il n'a qu'un objet en vue? Quel est cet objet vers lequel tendent toutes mes pensées? C'est que j'habite en la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie — c'est que j'habite. La tournure de la pensée est juive, comme c'est en général le cas dans les Psaumes. Tout y est lié avec le tabernacle, le temple, la place où Dieu manifeste immédiatement sa présence, la Shekinah; je ne m'y arrête pas, et je prends ceci simplement comme une pensée qui nous montre d'une manière claire et vivante comment la vie de Dieu, la nouvelle vie, ce principe divin dans l'âme, a toujours besoin de retourner à sa source. «J'ai demandé une chose à l'Eternel, et je la requerrai encore, c'est que j'habite en la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie». Puis-je vous demander si c'est là le suprême désir de votre coeur? Domine-t-il vos affections? Qu'est-ce que vous recherchez avant tout? Eh bien! dites-vous, je cherche le salut, la sûreté, la délivrance de la colère et du jugement, je cherche les choses de Dieu. Mais ce que vous désirez an fond de votre âme, est-ce vraiment d'habiter continuellement, de demeurer dans la maison de Dieu? Car, voyez, c'est le lieu où vous vivez qui vous caractérise.

Nous entendons souvent parler du ciel, mais personne ne peut être céleste à moins de vivre dans le ciel. Le fait est que nous avons tous, tant que nous sommes, la disposition de renvoyer le ciel à la mort. Nous y pensons comme à la demeure de Dieu, de Christ, et comme à une ressource pour le moment où nous quitterons ce monde et où nous laisserons nos corps derrière nous. Quand nous serons obligés de partir, pensons-nous, nous entrerons dans le ciel. On y songe aussi quand on a tout perdu ici-bas, que tout est ruiné. C'est comme quelqu'un qui se met à l'abri pendant un orage, et qui, la tempête passée, quitte ce lieu pour retourner à ses affaires. Est-ce le cas pour nous, chers amis? C'est la tendance naturelle de nos coeurs. Nous avons bien peu, si nous l'avons même en quelque mesure, la pensée d'une habitation continuelle dans ce lieu béni où Dieu peut se révéler à nous dans la plénitude infinie de son amour pour nous. Il nous donne ses soins, sa sympathie, son aide, ses encouragements, ses consolations; il nous prend par la main et nous conduit pas à pas tout le long du voyage, mais il ne se révèle pas à nous ici-bas. Il le fait là-haut, voilà la différence. Ce que je sens, chers amis, c'est que, dans ces jours-ci, nous avons tous besoin de demeurer plus habituellement dans la maison de Dieu. Soyez-en sûrs, nous serions de tout autres personnes si nous habitions là. Il n'est pas question d'y faire une visite seulement, de courir pour s'y mettre à l'abri de l'orage, mais bien, je vous le dis, d'y trouver notre home avec toutes ses joies. Les connaissez-vous? Il ne s'agit pas d'y être poussé par la nécessité, mais de s'y sentir attiré. Que connaissez-vous de l'attrait qu'exerce cet Etre béni qui siège là-haut? Vous le voyez, ce n'est pas une doctrine, une théorie, mais c'est une personne vivante, adorable et bénie, objet de nos affections. C'est une personne qui s'empare de toutes mes affections et m'enlace par les cordeaux de son amour. Ce n'est pas, comme je l'ai dit, que je sois simplement forcé de quitter toutes les choses qui m'entourent, mais je suis attiré par la beauté et la gloire de cette scène bénie où Christ est tout pour Dieu, et où Dieu prend plaisir à se révéler lui-même dans toute sa plénitude. C'est la place où je désire le plus demeurer, vivre, rester; c'est le lieu que je veux pour mon home, et c'est de cette seule chose que le psalmiste parle ici. Pour moi, ce passage est une belle expression de la vie de Dieu dans un homme: «J'ai demandé une chose à l'Eternel, et je la requerrai encore, c'est que j'habite en la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie».

Je vois tout cela dans sa perfection en Christ homme, et nous l'avons dans ce beau passage: «Personne n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel: le fils de l'homme…» qui était dans le ciel?… Y a-t-il ce mot? — Non — «qui est dans le ciel». Il était un homme (lui le Dieu puissant, le Créateur et le Conservateur de toutes choses); il était parfaitement homme, parcourant cette carrière bénie qui nous est retracée dans les évangiles, que par le Saint Esprit nous pouvons méditer, dans laquelle nous pouvons trouver nos délices. Les rapports continuels qu'il avait avec tout ce qui appartenait au ciel dont il venait, la communion bénie ininterrompue qui l'y rattachait, n'était-ce pas là ce qui caractérisait sa marche ici-bas? Comme il le dit: «Je sais d'où je suis venu et où je vais» (Jean 8: 14).

La conscience de son origine qu'il portait partout avec lui, le faisait marcher au milieu du monde dans une voie d'entière séparation. Est-ce que nous réalisons la chose dans notre mesure? Dans notre marche de tous les jours, montrons-nous que nous savons d'où nous venons et où nous allons? Est-ce cela que l'on voit dans vos affaires, dans votre maison, dans vos rapports avec les autres, dans vos familles? Je parle de ceci au point de vue pratique, car cette pensée doit entrer dans les plus petits détails de la vie de tous les jours. Ce bienheureux témoignage doit y être imprimé: «Je demeure dans la maison du Seigneur, je sais d'où je suis venu et où je vais». Que ne produirait pas cette pensée dans nos âmes! Ah! si nous étions vraiment un peuple à part, animé de la puissance divine, de la vie divine, un peuple sur qui repose le bon plaisir de Dieu!

Regardez encore au Seigneur Jésus Christ comme homme. On voyait en lui tous les sentiments naturels d'un homme, comme aussi la parfaite obéissance, la parfaite dépendance vis-à-vis de son Père, mais en même temps il y avait un parfait repos. Toutes les circonstances l'y trouvaient toujours établi. Nous en avons un exemple dans un bien beau passage de Matthieu 11, où, comme vous le savez, nous voyons que tout se tournait contre lui. Comme homme, il voyait tout lui manquer. Jean était dans le doute à son sujet, les villes où s'étaient accomplis ses plus grands miracles l'avaient rejeté. Son coeur d'homme ne pouvait se reposer nulle part. Que dit-il? «Je te loue, en te rendant témoignage, ô Père,» car telle est la vraie manière de rendre ce beau passage (Matthieu 11: 25). Nous voyons ici l'homme parfait aux prises avec toutes les difficultés qui se dressaient contre lui pendant sa carrière terrestre, et cependant portant avec lui ce caractère de séparation qui montrait d'où il venait et où il allait. Il était le Fils de l'homme qui est dans le ciel, mais tout cela se manifestait ici-bas.

Eh bien! chers frères, nous sommes appelés à la même chose, et quand cette vie divine agit dans nos âmes, nous pouvons aussi dire: «J'ai demandé une chose à l'Eternel, et je la requerrai encore, c'est que j'habite en la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie». Que le Seigneur réveille ce désir dans vos âmes! Nous en avons tous besoin. Quelle puissante et silencieuse influence nous exercerions dans ce monde, si nous étions maintenant sous cette impression bénie! On dirait de nous: C'est un peuple qui vit au milieu des épreuves, des peines, des difficultés de ce monde, mais toutes ces choses ne servent qu'à rendre manifeste la vie de Jésus dans leurs corps mortels. Ils vivent dans la maison de Dieu tous les jours de leur vie.

Eh bien! la chose essentielle, c'est la demeure habituelle de notre coeur, notre lieu de repos. Je vous le demande, je me le demande encore à moi-même, et que le Seigneur nous donne de le faire sérieusement: Dans quelle mesure nos coeurs ont-ils été là-haut aujourd'hui? Comme c'est sérieux! Quel défi porté à notre coeur! On entend souvent dire: Grâce à Dieu je vis en dehors de ces choses. Bien! — en dehors de ces choses, mais comment? Extérieurement peut-être, mais votre esprit, vos pensées y sont-elles? Ah! c'est une autre question! Vous le voyez, telle personne peut être en dehors du monde, dans ce sens seulement qu'elle en fait profession, mais si mon esprit et mes pensées y sont engagées, si mes affections y trouvent leur aliment, je n'ai pas mon habitation dans la maison de l'Eternel. Il m'est facile de dire: Je ne participe ni à ceci, ni à cela; mais mes pensées, où sont-elles? C'est là la question importante à laquelle il faut répondre. Vous le voyez, rien ne peut garder vos coeurs séparés, à moins que vous ne puisiez à la source qui alimente votre vie. Si cette vie n'y puise pas continuellement un renouvellement de force, si elle s'en éloigne, elle demeure faible et chétive. Je ne dis pas que la chose elle-même soit faible, mais il y a des obstacles de toute sorte qui en empêchent la manifestation.

Je suis frappé de cette expression de 2 Corinthiens 4: 7: «Nous avons ce trésor dans des vases de terre». Je ne doute pas que nous n'ayons ici une allusion à ce qui nous est dit de l'armée de Gédéon. Il y avait deux choses à considérer: d'abord le fait que la lumière fut mise dans les cruches, puis qu'elles furent brisées. Ce n'était pas seulement qu'elles fussent brisées, mais que la lumière y fût mise pour éclairer, quand elles le seraient. Il est bien remarquable que Dieu mette ce trésor dans un objet aussi fragile qu'une cruche de terre. Il met une lumière dans la cruche, mais voyez! il brise cette dernière, et la lumière resplendit. Ce n'est pas à moi à briser la cruche, que Dieu en soit béni! Cette oeuvre est la sienne. Mais quand il brise — et, soyez-en sûrs, il le fera — que votre volonté soit d'accord avec la sienne, et prenez garde d'empêcher la lumière de briller, en plaçant devant elle un objet quelconque. C'est là un grand danger.

Mais en tout cela, ce qui nous donnera la puissance et la vie, ce sera de demeurer dans la maison de l'Eternel. C'est en demeurant là que je suis soutenu, qualifié, rendu propre pour ce service. J'ai la puissance divine, la vie divine, le repos divin. Je puis faire face à tous les orages. Quel en sera l'effet? Ils ne feront que manifester la puissance de ce repos, du repos que nous avons dans ce lieu où Dieu prend plaisir à se manifester à nous. C'est le ciel déjà maintenant, non pas seulement au moment de ma mort. Et, chers amis, ne voudriez-vous pas le connaître un peu plus, pénétrer plus avant dans l'intimité de ce Jésus avec qui vous allez passer l'éternité? Ne voudriez-vous pas pouvoir dire: Je vis avec lui maintenant au milieu des difficultés et des épreuves inhérentes à ce pauvre monde, et elles servent à me rapprocher de lui; je le connais maintenant, j'ai communion et joie en lui dans ce lieu béni dont il est libre de sortir pour me recevoir et où j'ai la liberté d'entrer? Dieu peut sortir dans la perfection de son amour, et je puis entrer dans la perfection de sa justice. Dieu habite là, et j'y habite aussi. Comment exprimer mieux la joie d'une âme rachetée par Jésus Christ, que par ces mots: «Que je puisse habiter dans la maison du Seigneur!» Qu'il nous y fasse habiter, qu'elle soit notre maison, notre lieu de repos, la douce retraite où nous trouvons une vraie et réelle communion.

Voilà la première chose. Maintenant considérons un moment la seconde. Pourquoi devons-nous habiter là? Est-ce pour être à l'abri de l'orage? Non. — Pour être hors des difficultés? Non. — Hors des peines et des épreuves qui sont notre partage ici-bas? Pas du tout. — Et pourquoi donc? — Seulement pour contempler la beauté de l'Eternel. Pensez-y, je vais là pour contempler sa beauté! Un objet attire là tous les regards de mon âme, fixe les affections de mon coeur, sa beauté. J'aime à penser à cela, chers amis, parce qu'il est digne de Dieu de se présenter lui-même à moi pour motif, en dehors de toutes les choses misérables qui m'entourent, de tous les motifs égoïstes qui me sollicitent. C'est lui que je contemple dans le lieu où je demeure.

Maintenant pensez combien il est glorieux de contempler la beauté du Seigneur. Ce n'est pas seulement échapper aux difficultés et aux épreuves d'ici-bas, mais aller là pour l'amour de lui-même. Je ne connaîtrai réellement ce lieu qui renferme tant de beauté, d'excellence, d'attraits, de gloire, que quand je le contemplerai par la foi. Chers amis, comme un seul coup d'oeil sur ce lieu nous transporte loin de ce monde! En contemplant un moment seulement l'Etre béni qui habite ces merveilleuses régions, les scènes les plus brillantes de la terre perdent tout leur attrait et deviennent même pour nos coeurs un objet de dégoût. Vous le voyez, nous apprécions tout par le contraste. Celui qui voit Christ là où il est, estime peu la terre. Il peut lui tourner le dos, car il n'y trouve rien qui lui convienne ou lui soit sympathique. Il peut dire: Le lieu où Dieu lui-même se trouve est celui où je veux habiter et trouver tout mon plaisir.

Je désire vous faire une question. Supposez qu'un ange fût appelé à descendre dans ce monde; ne pensez-vous pas qu'il y agirait d'une autre manière que vous et moi? Ne pensez-vous pas (si vous pouvez imaginer une chose pareille) qu'un messager de Dieu, une de ces créatures bénies qui assistent devant Dieu, descendant ici-bas, y agirait (indépendamment de ce qu'il pourrait avoir à faire pour Dieu et de sa part), y agirait, dis-je, comme un être complètement en dehors des principes du monde, de ses maximes, de ses habitudes, de ses joies? Oui, sans doute. Mais, chers amis, un ange n'est pas ce que nous sommes vous et moi. Un ange n'est pas un enfant de Dieu, un héritier de Dieu, un cohéritier de Christ. Un ange ne pourrait pas dire: Il m'a aimé il a donné sa vie pour moi. Un ange n'appartient pas au corps qui est appelé celui de Christ, à l'épouse qui sera avec lui et contemplera sa gloire. N'y a-t-il rien en tout cela qui touche votre coeur? Quelle chose merveilleuse que Dieu, passant par-dessus les anges, soit venu dans notre petit monde, et qu'il s'y soit choisi un peuple méprisable, misérable, coupable, pour manifester en lui sa grâce et la vie de son Fils; que, dans sa grâce, il ait fait de nous des membres de Christ, nous unissant à lui dans la gloire, nous séparant ainsi en même temps de la scène de ce monde, et qu'il nous y renvoie, pour y manifester à notre tour les maximes et les principes du lieu auquel nous appartenons. Oui, voilà qui est merveilleux!

Agissons-nous ainsi? Et notre activité au milieu du monde montre-t-elle que nous ne sommes pas d'ici-bas? Communiquons-nous à tout ce qui nous entoure la bonne odeur du lieu auquel nous appartenons? Je sens combien peu, chers amis, nous manifestons cette vie d'en haut, et dans quelle large mesure nous participons au monde. Je suis humilié, quand je pense, comme cela m'arrive constamment, combien nous gardons de choses auxquelles nous faisons profession d'avoir entièrement renoncé, et combien peu nous manifestons les principes nouveaux de ce lieu de repos et de délices, que Dieu nous a révélé et où il nous a introduits. Que de jeunes gens, par exemple, des enfants de Dieu, se laissent entraîner par les choses les plus misérables, les plus méprisables de ce pauvre monde! S'ils avaient goûté, même dans la plus faible mesure, les joies, la beauté, la bénédiction, la gloire des scènes que Christ remplit de sa présence, ils auraient méprisé comme indignes de leur attention toutes ces choses fausses, ces joies éphémères ou coupables, que Satan étale devant nous comme ses marchandises pour nous attirer.

C'est une chose solennelle pour moi de penser que nous qui sommes âgés ne sommes pas plus fidèles. C'est facile de dire avec une expression de tristesse: Voyez les jeunes gens! Mais nous-mêmes, quel exemple leur donnons-nous? Pouvons-nous leur dire: Regardez à nous et faites comme nous? Vous me permettrez ce mot d'avertissement, chers amis. Dieu sait combien j'éprouve pour moi-même tout ce que je vous dis ce soir. Je sens combien peu nos âmes ont de disposition à vivre en haut, là où il est. Si vous ne venez pas de lui, et si vous n'êtes pas de lui, vous ne serez jamais pour lui. Béni soit son nom, nous sommes de lui et nous venons de lui. Que le Seigneur, par son Esprit, l'imprime dans nos coeurs!

Si le Seigneur me reprend par sa Parole, il me met toujours en sa présence. Nous pouvons nous reprendre l'un l'autre, et il pourra en résulter une séparation entre nous, mais il n'en est pas ainsi de lui. Il touche ma conscience, il me place en sa présence, et m'attire à lui. Puissions-nous l'éprouver tous maintenant!

 J'habite donc dans la maison du Seigneur et je contemple sa beauté. Il y a encore autre chose dans ce verset: «Pour visiter soigneusement son palais». Maintenant, sans avoir la moindre prétention à l'érudition, je me permettrai de dire que la signification exacte du texte hébreu est «pour méditer avec joie dans son temple». J'ai demandé une chose, que j'habite, que je contemple et que je médite avec joie.

J'ai à coeur de relever ces dernières paroles, car je ne pense pas que chez aucun d'entre nous la méditation occupe une assez large place. Nous lisons, c'est vrai; et bien des personnes (j'espère que vous ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles) croient avoir satisfait leur conscience, quand elles ont lu toutes les publications religieuses qui paraissent le premier de chaque mois. Je sais qu'il en est ainsi. Mais c'est bien regrettable, car notre niveau intellectuel ne manquera pas de baisser du moment que nous perdrons le sentiment de ce qu'est le livre précieux et infiniment béni que nous avons entre les mains en ce moment, je veux dire la parole de Dieu. Rien n'affaiblit l'âme des saints comme quand l'oeuvre de l'homme vient affaiblir ou effacer les bénédictions de Dieu. C'est là que les pièges de Satan sont particulièrement redoutables. Ceux qui marchent avec Dieu le savent bien. Le but de Satan est de détourner le tranchant et le pouvoir de la parole de Dieu. Ce n'est pas en jetant ouvertement le mépris sur l'Ecriture; il ne s'y prend pas de cette manière, mais s'il peut porter nos pensées et nos affections sur autre chose que la parole de Dieu, bien que la chose elle-même puisse y avoir trait, Satan a complètement réussi et nous a enlacés dans ses filets. Ce qu'un serviteur de Dieu, ce qu'un saint peut communiquer aux enfants de Dieu, au sujet de ce livre béni, n'est rien comparé avec les paroles elles-mêmes qu'il renferme; et, soyez-en sûrs, nous souffrirons dans nos âmes si nous n'apprenons pas à méditer sur la révélation de Dieu, et si nous ne savons rien de cet Etre béni qui est l'objet de Dieu et qui fait ses délices, dont le nom, la personne et les vertus, traversent comme un fil d'or toute la merveilleuse révélation de Dieu. Comment pourrions-nous marcher sans cela? Si nous n'apprenons pas ce que c'est que de méditer avec joie, de nous arrêter sur ce qu'il a plu à Dieu de nous révéler de Christ, alors qu'en résultera-t-il malheureusement pour nous? C'est que, tout en ayant peut-être la tête bien meublée de doctrines, nous ne serons que de l'argile sans vie. Nous pouvons avoir une intelligence parfaite de la doctrine, posséder un credo bien orthodoxe, sans avoir pour cela une seule étincelle de cette vie, de cette force, qui viennent de Dieu. Le Seigneur nous donne par son Saint Esprit de marcher plus seuls avec lui!

S'il y en a auxquels je pense plus particulièrement qu'à d'autres, c'est aux enfants de Dieu occupés des affaires, qui passent leur temps au milieu du bruit, de la fièvre et de l'excitation, sans pouvoir se procurer des moments de repos. Nous ne pensons pas assez les uns aux autres à ce sujet, chers amis. Ah! oui, combien peu nous le faisons! combien peu nous savons nous mettre dans leur position! Nous vivons pour nous, nous isolant pour ainsi dire. «Que personne ne cherche son propre intérêt, mais chacun l'intérêt d'autrui» (1 Corinthiens 10: 24); telle est la pensée de l'Ecriture là-dessus; mais dans quelle mesure le faisons-nous? Prions-nous l'un pour l'autre, nous portant mutuellement dans nos coeurs devant le Seigneur? Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui sont dans les affaires; nous devons nous sentir remplis de sympathie pour eux, chercher à les aider, à les fortifier, à les soutenir dans la presse et la confusion au milieu desquelles ils vivent tous les jours, parce qu'il y a une perte positive pour l'âme, quand nous n'avons pas de temps pour nous livrer dans la solitude à la méditation et à la communion avec Dieu, Je ne comprends pas comment il serait possible d'avancer sans cela. Que le Seigneur nous aide à comprendre la signification de cette parole: «méditer avec joie dans son temple». «J'ai demandé une chose à l'Eternel, et je la requerrai encore, c'est que j'habite en la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie, pour contempler la beauté de l'Eternel et méditer avec joie dans son temple». Telle est la vie normale du chrétien.

Seulement un mot sur ce qui suit. Vous voyez que nous arrivons au mot: mauvais jour: «Car il me cachera dans sa loge au mauvais jour». Vous le comprenez; tout ce qui précède est en rapport avec ce mauvais jour. Nous disons volontiers: Combien il est précieux d'habiter dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour méditer dans son temple, quand tout est desséché autour de nous. Mais ce n'est pas ainsi que Dieu nous présente la chose. Il nous la présente comme étant l'exercice normal de la vie de Dieu en nous. Eh bien! qu'est-ce donc que ce mauvais jour? Ah! nous n'avons pas à nous inquiéter à ce sujet. Il me cachera dans sa loge au mauvais jour. Si mon désir continuel est de demeurer dans la maison de l'Eternel, alors, au mauvais jour, je suis tranquille. «Il me cache». Comme chaque mot est précieux! Il me cache dans sa loge au mauvais jour. Que pourriez-vous avoir de mieux que cela? Il me tiendra caché dans le secret de son tabernacle. Quand viennent les difficultés ou les épreuves, je n'ai pas à courir à droite et à gauche pour voir comment je pourrai en sortir, mais je suis là dans le calme et le repos, et Dieu agit. Il me tient caché, il me soutient, il agit pour moi dans le mauvais jour. Il me tient caché et place mes pieds sur un rocher.

Et remarquez qu'il n'est pas question de délivrance dans ce verset. Il n'y a pas: Au mauvais jour il viendra et me délivrera, mais: Il me cachera. Il n'y a pas: Il apaisera les vents et les vagues; pas un mot de cela. Ce n'est pas en général sa manière de faire, chers amis, mais c'était toujours ainsi qu'il procédait avec Israël. Jésus se montrait parfaitement homme, quand il dormait sur un oreiller au milieu des vagues qui mugissaient autour de lui, et il montra qu'il était Dieu quand il commanda à ces vagues de s'apaiser. Dieu fendit le rocher pour donner de l'eau à son peuple, il envoya la manne du ciel pour les nourrir, il partagea les eaux pour les faire passer, mais ce n'est pas maintenant sa manière d'agir. Ses actes aujourd'hui reposent sur d'autres principes. Il agissait sur les éléments en faveur de son ancien peuple, mais il ne le fait plus maintenant. Il nous porte dans ses bras puissants, il nous tient cachés. Il n'écarte pas les difficultés, mais sa puissance me porte et me les fait surmonter. Il me cache dans sa loge. Pensez-y. Direz-vous qu'il est à plaindre quand il passe par les mauvais jours, celui que Jéhovah tient caché dans sa loge? Il vaut bien la peine de passer par la tribulation, si Dieu vous tient cachés dans sa loge, dans le secret de sa présence.

Nous arrivons maintenant à la délivrance; c'est la dernière chose, car tout ce que nous avons vu jusqu'ici n'était pas la délivrance. «Même maintenant ma tête s'élèvera par-dessus mes ennemis qui sont à l'entour de moi, et je sacrifierai dans son tabernacle des sacrifices de cri de réjouissance». Remarquez que le croyant n'est jamais hors du lieu où Dieu habite. Développez plus complètement cette pensée pour vous-mêmes, je n'ai fait que l'esquisser.

Nous voyons tout cela réalisé parfaitement en Jésus Christ, l'homme parfait qui, pendant sa carrière terrestre, manifesta toutes les perfections d'un homme marchant devant Dieu. Il était le Fils de l'homme qui est dans le ciel. Dans les difficultés qu'il eut à traverser ici-bas, il s'en remettait à la volonté et au bon plaisir de son Père. «Je te rends grâces de ce que tu m'as entendu» (Jean 11: 41); et ensuite, quand il eut passé par ce terrible jugement de la croix, nous l'entendons encore rendre grâces. Je chanterai et je psalmodierai à l'Eternel. En principe et dans notre mesure, nous sommes appelés à la même chose. C'est la même vie, la même demeure, le même Dieu. Je ne connais rien de plus merveilleux que les moyens employés par le Seigneur pour soutenir un homme qui a en lui cette vie divine, quand tout est contre lui, comme c'est le cas pour nous chrétiens dans ce monde. Nous n'y faisons pas un seul pas sans rencontrer des obstacles. C'est une chose bien précieuse de l'avoir découvert, et de découvrir aussi que le secret pour être en sûreté c'est de demeurer dans la maison de l'Eternel.

L'autre jour, en lisant Exode 16 et 17, je faisais la remarque qu'il y a deux choses qui caractérisent l'histoire du peuple dans le désert: il était nourri et il résistait. Il y avait la manne qui tombait du ciel pour leur nourriture, et puis la résistance. Il en est exactement de même pour la vie du chrétien. Christ nous soutient; il est le pain de nos âmes, entretenant cette nouvelle vie qui est en nous, et nous demeurons avec lui dans ce lieu béni où il est, contemplant sa beauté ravissante. C'est ainsi que je puis résister à la pression de tout ce qui m'entoure. Si lui me suffit, si je contemple sa beauté, que me fera, quel attrait exercera sur moi la beauté des choses d'ici-bas? Et de plus, si je médite avec joie dans son temple, je suis caché quand vient l'épreuve, et je lui rends grâces.

Que le Seigneur nous instruise par son Saint Esprit! Qu'il veuille employer les simples choses que j'ai dites pour vous engager à lire la parole de Dieu plus attentivement et pour votre propre édification! C'est le vrai objet du ministère, de réveiller dans les coeurs le goût pour la parole de Dieu. Qu'il soit créé là où il n'existe pas déjà, qu'il soit fortifié là où il existe, mais faible peut-être et languissant, en sorte que nous puissions dire en vérité: «J'ai serré les paroles de ta bouche plus que ma provision ordinaire!» (Job 23: 12).

Chapitre 3 - Séparation, dépendance, souffrance

(Daniel 1; 2: 13-23; 3: 12-30)

J'ai un objet positif en vue, chers frères, en vous lisant ces portions de l'Ecriture. Je ne veux pas m'occuper de ce récit, ni des circonstances qui s'y rapportent, je veux simplement faire ressortir les grands principes qui sont liés avec l'histoire du résidu du peuple de Dieu, dans ce temps-là, principes que l'on retrouve partout dans la Parole, et qui sont applicables à tous les temps. Naturellement, les circonstances particulières dans lesquelles nous devons vivre et la position nouvelle et bénie dans laquelle nous sommes placés, en rapport avec Christ glorifié à la droite de Dieu, donnent à ces principes une importance particulière, mais ils restent les mêmes; j'ai choisi cette histoire du livre de Daniel, parce qu'elle leur sert d'illustration pour nous tous, mais surtout pour les jeunes gens (que j'ai particulièrement en vue aujourd'hui), et qu'elle nous montre la position, les privilèges, la force que nous avons par la grâce de Dieu, ce qui nous permet d'être des témoins de Christ.

Remarquez avant tout qu'il y a une grande analogie entre les temps de Daniel et ceux dans lesquels nous sommes.

Je pense dans ce moment à un verset (Esaïe 39: 6) qui contient une prédiction du fait que nous avons ici, savoir que les jours viendraient où Israël serait humilié, asservi, ce qui était précisément le cas au temps de Daniel où nous transporte cette histoire. Le peuple devait être, pour ainsi dire, aux pieds d'une puissance étrangère, et ceux qui étaient l'élite d'Israël, la fleur de la nation, allaient être transportés dans les palais du roi de Babylone pour y être employés comme eunuques. Telle était la prédiction d'Esaïe prononcée longtemps auparavant, la parole d'avertissement que Dieu adressait à la nation. Vous la trouverez accomplie à la lettre dans le premier chapitre de Daniel. Israël était paralysé, brisé pour ainsi dire, complètement asservi; Jéhovah avait interrompu ses rapports directs avec la terre, et tout paraissait remis entre les mains du roi de Babylone.

C'est exactement ce que vous trouverez en principe dans les temps où nous vivons. Qu'est-ce qui a eu lieu? Simplement ceci: ce que Dieu a donné pour être un témoignage en sa faveur sur la terre où son Fils a été rejeté, l'homme, livré à sa propre responsabilité, l'a comme anéanti. Voilà ce que signifient la ruine et la confusion qui règnent autour de nous. C'est un complet naufrage. Qu'est devenu ce que Dieu a mis sur la terre pour y être un témoignage en sa faveur? Je ne parle pas maintenant, vous vous en souvenez, de ce qui appartient à Christ; de ce qui appartient à Dieu; choses auxquelles personne ne peut toucher, et qui sont à l'abri de toute altération, mais je parle de ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme; et si vous n'avez jamais compris la différence entre ce que le Saint Esprit édifie, ce qui est vraiment, réellement pour Dieu, et ce qui a été confié à l'homme comme ouvrier, vous avez encore beaucoup à apprendre. Il y a ce que Dieu édifie et ce que l'homme édifie. Eh bien, maintenant, quand je regarde autour de moi, je vois que tout ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme a été ruiné.

Et c'est là aujourd'hui la difficulté pour les âmes. Vous voyez des personnes vraiment intelligentes qui cherchent avec anxiété, et qui se trouvent dans un très grand embarras quand, en regardant autour d'elles, elles voient que tout est confusion; et, permettez-moi de le dire, je crains quelquefois que nous ne leur soyons d'aucun secours. En effet, ne sommes-nous pas disposés à oublier que nous avons notre part dans la ruine qui a été accomplie par l'homme agissant comme ouvrier? Nous leur donnons, je le crains, l'idée que nous reconstruisons quelque chose qui doit remplacer la confusion actuelle. Si vous avez cette pensée dans l'esprit, soyez-en sûrs, vous ne pourrez rendre qu'un témoignage bien faible à la vérité de Dieu. Il est bien important d'avoir une intelligence claire et distincte de ce que les choses sont devenues entre les mains de l'homme, et quels sont les principes de Dieu à l'égard de son peuple dans les temps actuels. Je désire parler de tout cela et exposer ces principes aussi franchement et aussi simplement que possible.

Maintenant la première chose qui caractérise le faible résidu de ceux qui sont des témoins pour Dieu dans ces jours de confusion, de ruine, d'infidélité, c'est ce que nous trouvons dans ces «jeunes enfants» du premier chapitre de Daniel. Et qu'est-ce donc? C'est la complète séparation pour Dieu. Voilà la première chose. Ils ne sont ici qu'un petit nombre, un bien petit nombre, une poignée pour ainsi dire, moins qu'une poignée, ils ne sont que trois ou quatre hommes pauvres, faibles, mais leur nazaréat, ce principe de séparation pour Dieu, agit en eux. Rien ne pourra les engager à renoncer à cette séparation.

Actuellement, chers amis, permettez-moi de vous le dire, tout s'est affaibli en nous. Avons-nous été fidèles à notre nazaréat? Nous a-t-il vraiment mis à part pour Dieu? Avons-nous refusé ce que le monde nous offre? Je me borne à des questions générales; vous pouvez entrer vous-mêmes dans les détails personnels, chacun pour ce qui le concerne. Je vous le demande sérieusement, avez-vous refusé de vous souiller? Avez-vous refusé à tout prix de compromettre non seulement Dieu et Christ, mais la vérité de Dieu et l'honneur du Seigneur Jésus Christ dans des jours tels que ceux-ci? La question, la grande question que le Seigneur soulève au milieu de nous, c'est, je crois, celle du nazaréat. Sommes-nous séparés? N'oubliez jamais que cette séparation intérieure, cette séparation d'esprit, en produit une extérieure de marche et de témoignage. C'est bien là la première question pour chacun: Suis-je séparé intérieurement? C'est une question personnelle, quoique, naturellement, elle puisse se généraliser. Vous ne pouvez parler de l'état collectif sans soulever d'abord la question de l'état individuel. La raison de notre faiblesse comme corps, c'est notre faiblesse comme individus, puisque ce sont les individus qui forment le corps.

Je vous le demande, chers amis, est-ce que chacun des membres du corps de Christ qui sont ici, chacun de ceux qui, par la foi en ce sang qui purifie de tout péché, appartiennent à Christ, a le sentiment de cette position particulière qui nous appartient comme étant mis à part pour Dieu par le sang, élus selon la préconnaissance de Dieu, le Père, en sanctification de l'esprit, pour l'obéissance de Jésus Christ et l'aspersion de son sang? (1 Pierre 1: 2). Y a-t-il parmi vous le sentiment de ce que c'est que d'être un membre de Christ? Est-ce que cette question ne revient pas pour vous à celle-ci: être sauvé? On entend dire: Je ne crains pas de mourir, je n'ai pas peur d'aller en enfer; je sais que j'irai au ciel quand je mourrai. Mais il y a bien plus que cela, si vous êtes chrétiens. Comme tels, vous êtes membres de Christ, unis à cet Etre béni dans le ciel, lui l'homme glorifié par le Saint Esprit envoyé du ciel, et assis maintenant à la droite de Dieu. Que c'est merveilleux de se savoir un membre de Christ! Pensez-y un moment! Dès que cette pensée s'empare de mon âme, je suis séparé de fait. Pensez à ce que c'est que d'être uni à Christ dans la gloire. Chers amis, la mesure de sa séparation doit être aussi la mesure de ceux qui sont un avec lui. Qui pourrait dire le contraire? Si je suis uni à Celui qui est à la droite de Dieu dans les cieux, je suis une partie de lui-même et en quelque sorte son complément. Vous le voyez, je passe maintenant de ce qui est individuel à l'idée du corps; si j'appartiens à ce corps que l'Esprit de Dieu appelle la plénitude de celui qui remplit tout en tous (Ephésiens 1: 23), je suis par là-même mis à part. La question n'est pas: Puis-je faire ceci ou cela? mais: Je suis séparé par le fait de mon union avec Christ. Il n'y a pas lieu à s'y méprendre.

Vous savez très bien ce qu'était la séparation de Christ ici-bas. Considérez son sentier dans ce monde de péché et de douleurs, comme il fut merveilleusement beau, comme ce fut un sentier d'isolement! Si vous le considérez depuis la crèche où il fut couché à sa naissance, parce qu'il n'y avait pas de place pour lui à l'hôtellerie, jusqu'à la croix, voyez comme il est saint, séparé, divin. Mais remarquez ce qu'il dit: «Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde» (Jean 17: 18). Pensez à cela! Vous le voyez, nous n'avons pas le sentiment de ces choses. Je le sens au fond de mon âme, je suis souvent poussé à dire: Béni sois-tu, mon Dieu, je ne suis pas seulement uni au Seigneur Jésus Christ dans le ciel, mais j'ai une mission particulière à accomplir sur la terre, comme il en avait une de ta part! Oh! que c'est merveilleux! Je crois fermement et je le répète, que c'est dans cette question du nazaréat que nous manquons, que c'est là l'origine de notre déchéance. Il n'y a pas cette position particulière, cette séparation divine et complète pour Dieu. Voyez Daniel. Il ne voulait pas se «souiller par la portion de la viande du roi». Il ne voulait pas y toucher. Mais l'on dit: Ah! c'était merveilleux, mais c'était la providence de Dieu qui avait mis Daniel dans ces circonstances. Tout comme on le dit de Moïse: la providence de Dieu a fait qu'il fût élevé, comme le fils de la fille de Pharaon; il n'y a jamais eu d'intervention plus directe de la providence de Dieu. Je ne le nie pas un instant; croyez-vous, chers amis, que j'en aie la moindre pensée? Dieu m'en garde! Mais je parle d'une chose qui n'a aucun rapport avec la providence de Dieu.

La providence est toujours précieuse; mais quand j'en viens à un principe qui me fait agir de mon côté, ce n'est pas la providence, c'est la foi, c'est-à-dire tout autre chose. Et c'était sur ce principe que Moïse agissait; aussitôt qu'il fut arrivé à la maturité de l'âge, ce principe divin de la foi s'affirma en lui. Il refusa d'être appelé le fils de la fille de Pharaon, et il choisit d'être affligé avec le peuple de Dieu. C'est exactement le même principe qui est manifesté ici dans l'histoire de Daniel, de Sadrac, de Mésac et d'Abed Négo. Quel spectacle édifiant que celui qu'ils nous offrent! Leurs noms furent changés; le roi leur en donna d'autres pour effacer, si possible, de leur coeur le souvenir du pays d'Israël et du Jéhovah d'Israël.

Quand j'y pense, chers amis, tout cela me paraît merveilleux. Voilà ce principe fondamental, béni, qui était vivant et permanent dans le coeur de Daniel et de ses trois amis: «Il ne voulait pas se souiller par la portion de la viande du roi,» et il demanda au chef des eunuques de ne point l'engager à se souiller.

Je n'ai nullement l'intention d'entrer dans l'application de ce grand principe aux détails de votre vie. Nous sommes mieux en état de le faire nous-mêmes que nous ne voudrions nous le persuader. Certaines personnes diront: Eh bien! comment cela s'applique-t-il à moi? En attendant, elles se sentent reprises et comprennent que cela les regarde plus qu'elles ne le voudraient, mais leur conscience regimbe. C'est pourquoi je ne veux pas entrer dans les détails; j'insiste seulement sur ce grand principe comme étant individuel, applicable à chacun de nous devant Dieu tout aussi bien que dans nos relations comme membres d'un corps. Voilà la chose essentielle: — avons-nous gardé et gardons-nous notre nazaréat? Ai-je refusé de me souiller par la portion de la viande du roi? C'est là la chose capitale.

Quels en seront les résultats bénis? Il est bien précieux dans nos temps de nous en souvenir, pour que nos coeurs soient encouragés et fortifiés. Dieu témoigne son approbation à ceux qui restent ainsi séparés pour lui, en leur donnant sagesse, intelligence et connaissance. Or, chers amis, personne ne me contredira, car il est impossible de nier le fait, si j'affirme que, au commencement, ce qui caractérisait ces quelques-uns (c'est la seule manière dont je voudrais en parler) auxquels il a plu à Dieu de faire connaître sa volonté dans ces derniers temps, et, qui, par sa bonté, ont échappé à la corruption de la chrétienté pour connaître le nom de Jésus dans sa simplicité, dans sa sainteté, ce qui les caractérisait, dis-je, c'était l'intelligence et la connaissance de la volonté de Dieu. Est-ce ce qui les caractérise maintenant? Ce n'étaient pas les oeuvres qui les caractérisaient dans les premiers temps, — j'espère que personne ne sera scandalisé de ce que je dis, — ce n'était pas l'activité qui les faisait remarquer. Voilà où est pour nous le danger, voilà en quoi nous sommes faibles, chers amis: nous avons pratiquement perdu notre position à part, et nous avons en conséquence perdu aussi pratiquement le privilège que Dieu y attache, et nous sommes obligés de le remplacer par l'activité prétentieuse que nous déployons devant les hommes. Vous savez très bien que c'est notre tendance, et en particulier celle des jeunes gens qui se laissent ainsi entraîner d'une manière irrésistible, et je vais vous dire pourquoi. Ce cercle d'activité dans lequel on se meut continuellement, ces oeuvres diverses auxquelles on se livre, endorment l'âme en quelque sorte et la paralysent. Il n'y a pas de temps pour penser, pour sonder son coeur, peu de temps pour la méditation et la prière. Je ne crains pas le moins du monde de revenir sur le même sujet: oui, je le répète, il est triste de dire combien peu nous prions; combien peu nous lisons la parole de Dieu, combien peu nous méditons. Nos réunions de prières sont parfois telles, que nous devons en être humiliés. Pourquoi en est-il ainsi, chers amis? Quelle en est la raison? Pourquoi y a-t-il si peu de vraie attente de l'âme à Dieu? Pourquoi si peu de dépendance de lui?

Maintenant, permettez-moi de vous faire une question pratique: Avez-vous prié aujourd'hui pour l'Eglise de Dieu? avez-vous prié pour les saints de Dieu? et dans quelle mesure le faites-vous tous les jours de votre vie? Dans quelle mesure est-ce que cela pèse sur votre coeur, parce que ce sujet est lié aux intérêts de Christ et à sa gloire? Dans quelle mesure recherchez-vous la retraite pour vous trouver en sa présence et seuls avec lui? Soupirez-vous après le moment où, ayant fermé la porte sur vous, vous pourrez vous occuper des intérêts de Christ, parce que vous êtes en communion avec son Esprit au sujet de ce qui lui est si cher sur la terre? Je vous le dis, ce qui nous manque à tous ces égards est le résultat du défaut de séparation. Il ne s'agit pas seulement d'une séparation extérieure. Il arrive que les saints se contentent d'échapper de cette manière à la corruption qui les entoure. J'en suis hors, disent-ils; mon corps n'y est plus. Mais ce qui importe, c'est de savoir si votre coeur est hors du monde, si votre esprit en est séparé autant que votre corps. Pensez-vous, — je ne m'excuse pas de vous parler ainsi, car je vous parle en présence de Dieu, — pensez-vous que notre Dieu ait besoin de voir réunie devant lui une multitude de personnes dont le coeur est tout autre part? Pensez-vous qu'il ne s'agisse que de ce qui est extérieur et visible? Chers amis, à quoi regarde-t-il sinon à l'affection d'un coeur, au sérieux d'une âme qui a trouvé son Fils dans le ciel? S'il s'agit seulement de votre présence corporelle, tandis que votre coeur et vos affections seraient dehors, qu'est-ce que c'est, je vous prie, que cette parole: «Mon fils, donne-moi ton coeur

Le principe de la faiblesse, c'est le défaut de séparation. La séparation au dedans en amènerait une au dehors; mais une séparation extérieure n'en produira jamais une au dedans. Si votre coeur, vos affections, votre intelligence, votre homme intérieur sont vraiment mis à part pour Dieu, alors votre corps, comme un vaisseau, suivra bientôt ce qui le gouverne.

 Maintenant, voyez tout cela dans Daniel, Sadrac, Mésac et Abed-Négo. Prenez le second chapitre. Qu'y voyons-nous au sujet de la prière? Aussitôt qu'a paru le décret de Nébucadnetzar de mettre à mort les sages de Babylone, parce qu'ils ne pouvaient pas faire connaître le songe, — non pas l'interprétation, remarquez-le bien, mais le songe; car le songe lui-même était sorti de la mémoire du roi, et l'interprétation naturellement aussi, — que firent tout d'abord Daniel et ses compagnons? Ils présentèrent la chose à Dieu, chers amis. Quelle est la première chose que vous auriez faite vous-mêmes? Quand surviennent des difficultés, que faites-vous en premier lieu? Allez-vous à Dieu? Je parle ici des circonstances ordinaires de la vie. Soyons sincères devant Dieu en ce moment. Quand vous avez une difficulté, votre première pensée n'est-elle pas de chercher un homme assez sage, assez habile, pour vous donner un conseil? et fût-il à l'extrémité de la ville, n'irez-vous pas à lui pour en obtenir ce que vous désirez? Sang doute, et n'est-ce pas là ce qui s'introduit secrètement aussi dans l'Eglise de Dieu? Prenez, par exemple, une difficulté qui s'élève au milieu des saints. Vont-ils se mettre à genoux pour s'humilier devant Dieu, d'abord de ce qu'il y a une difficulté, et ensuite de ce qu'ils ne sont pas capables de la résoudre? Cette difficulté est-elle vraiment pour eux un fardeau? La première chose qu'ils ont dans l'esprit, n'est-ce pas de découvrir quelque personne habile ou entendue, ou quelque grand personnage qui ait un nom, pour résoudre la difficulté? Je parle de choses pratiques, chers amis, et nous savons que ce que j'ai dit est exactement ce qui se passe.

Voyez Daniel. Dès que sa vie est en danger, dès que la difficulté lui est présentée, à lui et à ses compagnons, il dit: Donnez-moi du temps. Pourquoi? Pour qu'ils puissent présenter leur supplication au Dieu du ciel. Ils se reposent sur Dieu, ils vont à lui pour le consulter. Maintenant, laissez-moi vous dire ce que me rappelle tout ce que nous voyons autour de nous. C'est bien sérieux! Notre conduite ressemble à celle de Jacob qui, avec une habileté consommée, fit d'abord tous ses arrangements, et qui ensuite se mit à prier. Il agit comme un tacticien d'expérience; il prend d'abord toutes ses précautions, puis il prie. C'est là précisément ce que nous faisons. Mais là, je vois que ce résidu du peuple de Dieu va présenter sa supplication au Dieu des cieux, dans la dépendance de coeurs qui savent ce que c'est que de s'abandonner à lui, Jéhovah, leur aide, leur seule ressource, leur seul appui, mais en même temps leur appui pleinement suffisant.

Nous ne pouvons plus nous adresser qu'à Dieu, nous n'avons plus que le Seigneur, entends-je souvent répéter,… et dis-je aussi moi-même, comme si lui n'était pas assez! Ces paroles mêmes, je le sens profondément, montrent, hélas! où nous sommes tombés. Nous n'avons que le Seigneur! Pensez-vous que nous en soyons plus malheureux pour cela? Cela ne vaut-il pas dix mille fois mieux pour nous de n'avoir que Dieu? Avons-nous besoin de quelque chose d'autre? N'est-il pas au milieu de son peuple? N'est-il pas pleinement suffisant pour répondre à tout? Christ a-t-il oublié ce qui lui est si cher? Croyez-vous que la tête dans le ciel soit indifférente aux besoins de ses membres sur la terre? Pensez-vous que l'oreille de notre Dieu soit sourde aux cris de ses enfants?

Mais hélas! à voir combien nos prières sont misérables, vous ne croiriez pas qu'il y a là-haut une oreille qui les entend, et ici des coeurs qui gémissent sous un fardeau; vous ne croiriez jamais qu'il y a là-haut un Dieu tout puissant et toujours disposé à écouter les soupirs d'un pauvre coeur qui ne sait lui parler que de ses besoins; c'est pourtant précisément ce qu'il attend. Comme il est précieux de voir tout cela dans cette histoire! comme Daniel fut béni pour s'être attendu à Dieu! Le songe lui fut révélé. Et naturellement, les difficultés furent écartées de son chemin. Je pense souvent à ce passage des Hébreux 6: 13, au sujet d'Abraham: «Car lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, puisqu'il n'avait pas un plus grand par lequel jurer, il jura par lui-même,» et, dit le Saint Esprit (verset 15), «ainsi Abraham ayant eu patience, obtint la promesse». Pensez-vous que jamais quelqu'un se soit attendu à Dieu réellement et dans la sincérité de son coeur, sans avoir reçu de Dieu l'assurance que ce n'était pas en vain?

Vous pouvez en être sûrs, il y aura du sérieux dans nos prières à proportion du sentiment que nous avons que Dieu les écoute. Quelle grande bénédiction, quand, sous le poids d'un fardeau qui nous oppresse nous pouvons répandre notre coeur dans le sein de notre Dieu avec l'assurance qu'il nous entend! Que le Seigneur nous donne une dépendance plus réelle, une réelle prière! Nous manquons beaucoup à cet égard. Dans nos difficultés, dans nos épreuves, ne nous arrive-t-il pas de courir ici et là, cherchant du secours partout ailleurs qu'auprès de Dieu? Agir ainsi, laissez-moi vous le dire, c'est tout simplement descendre en Egypte, comme le fit Abraham. Son histoire se répète. Voilà où l'on en vient quand, détournant les yeux de Dieu, on recherche le bras de la chair quel qu'il puisse être.

J'ai une dernière chose à remarquer au sujet du résidu juif à Babylone; elle doit aussi caractériser le peuple de Dieu de nos jours; c'est la souffrance. C'est par là que je finirai.

Vous voyez ici que le roi rend témoignage à la fidélité de ces hommes, qui n'ont pas voulu renoncer au culte du vrai Dieu pour se prosterner devant la statue que Nébucadnetzar avait fait élever (Daniel 3: 28). Il y a un petit mot qui me paraît extrêmement intéressant, et qui m'a frappé quand je lisais ce passage. Il est en rapport avec un autre passage de l'Ecriture qui se trouve dans Philippiens 1: 20. L'apôtre parle de Christ comme étant glorifié en son corps. Le seul désir qu'il eût, le désir dominant de son âme, c'était que Christ fût glorifié dans son corps, soit par la vie, soit par la mort; dans son corps, c'est-à-dire dans ce qui, au commencement, était le champ de bataille où Satan déployait sa puissance, où il manifestait toute sa haine et sa malignité contre Dieu et Christ. Dieu dit: Je m'en vais prendre ce vaisseau et y déployer la puissance de Christ; et l'apôtre dit (Philippiens 1: 20), — précieuse pensée! — je sais, selon ma vive attente et mon espérance, que je ne serai confus en rien, ce qui signifie qu'il était en pleine communion avec les pensées de Dieu, avec tous ses actes. C'est une chose merveilleuse d'entrer pleinement dans le but de Dieu relativement à Christ; et ici, dans Daniel, nous voyons des hommes qui ont la même pensée selon les lumières qui étaient accordées à ces temps-là; aussi voyons-nous que le roi est obligé de déclarer (3: 28) «qu'ils ont abandonné leur corps pour ne rendre culte à aucun autre dieu que leur Dieu».

Vous les voyez, ces hommes, mains et pieds liés, jetés, dans une fournaise chauffée sept fois plus que d'ordinaire; qu'aurait-on pu inventer d'autre pour les faire mourir? Dieu ne fut-il pas glorifié dans leurs corps? Et qu'en arriva-t-il? Ils sortirent de la fournaise, et l'odeur du feu n'avait point passé sur eux, et pas un cheveu de leur tête n'était grillé. Et outre cela, ils avaient un compagnon avec eux: «Je vois quatre hommes qui marchent, et la forme du quatrième est semblable à un fils de Dieu». Quelle société bénie! Ils furent jetés liés au milieu de la fournaise ardente, et il n'y a pas un mot de plainte. Ils n'étaient pas inquiets. Remarquez-le. «Je donnerai l'interprétation au roi» (2: 16). Ils ne furent nullement embarrassés, mais se jetèrent avec une entière confiance entre les bras de Dieu. Ils sont préparés à tout souffrir. Dieu est celui qui les soutient et qui les fortifie; il intervient en leur faveur, et l'on voit éclater en eux, dans les circonstances où ils se trouvaient, ce pouvoir de Dieu par lequel il peut se glorifier lui-même dans des corps comme le vôtre et le mien.

De nos jours, voyez combien peu Christ est glorifié dans nos corps. Hélas! le monde ne se magnifie que trop en nous, le moi et la chair, mais combien peu Christ est magnifié! C'est humiliant d'y penser. Voyez les enfants de Dieu autour de vous; que sont-ils? que voit-on en eux? — Le pouvoir de la chair, trop souvent le pouvoir du monde et de la nature, mais bien peu celui de Christ. «Que Christ fût glorifié en son corps soit par sa vie, soit par sa mort». Tel était le désir de Paul (Philippiens 1: 20). Oh! que ce soit aussi le nôtre!

Il y a donc trois principes qui ressortent de ces trois chapitres de Daniel, savoir: 1° être mis à part pour Dieu, quoi que puisse coûter cette séparation; 2° se reposer complètement sur lui dans les difficultés; 3° souffrir avec patience pour son nom. C'est là aussi, je pense, ce qui doit caractériser les enfants de Dieu aujourd'hui. Je ne parle pas du tout ici de ce qui se rapporte à notre position ecclésiastique, mais à ce qui aurait une grande influence sur cette position, à ce qui donnerait une vie, une puissance, une fraîcheur merveilleuse à notre position.

Un mot maintenant sur un autre résidu, que nous trouvons dans l'Ancien Testament, et avec lequel nous comparerons celui du Nouveau. Nous lisons dans Malachie 3: 16: «Alors ceux qui craignent l'Eternel ont parlé l'un à l'autre, et l'Eternel y a été attentif et l'a ouï, et on a écrit un livre de mémoires devant lui pour ceux qui craignent l'Eternel et qui pensent à son nom». Vous voyez ce qui caractérisait le résidu dans les derniers jours de l'histoire de l'Ancien Testament: la crainte de Dieu et la communion fraternelle. Est-ce que cela nous caractérise, chers amis? Y a-t-il quelque chose de pareil parmi nous? Il est bon de voir de quel côté le danger nous menace. Y a-t-il quelqu'un ici aujourd'hui qui soit satisfait de l'état de choses actuel? Cette personne montrerait qu'elle est bien éloignée de Dieu. Celui qui, se complaisant en lui-même, pourrait dire: Après tout il n'y a pas sujet de tant s'affliger, nous n'en sommes pas là; vous exagérez les choses; je le dis, celui qui tiendrait un pareil langage n'aurait aucun sens de ce qui constitue le témoignage à rendre au Seigneur.

Chers amis, oui, je vous le répète, plus nous serons pratiquement près de Dieu, plus nous marcherons intimement avec lui, plus les pensées de Dieu gouverneront nos pensées et nos affections, plus aussi nous sentirons ce qui manque en nous et combien nous sommes infectés de cet esprit de satisfaction propre qui caractérisait Laodicée, quand elle disait (Apocalypse 3: 17): «Je suis riche et je suis dans l'abondance, et je n'ai besoin de rien; et tu ne connais pas que tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu».

Revenons maintenant à ce qui caractérise le résidu à la fin de l'Ancien Testament: «Ceux qui craignent l'Eternel ont parlé l'un à l'autre». Voyons-nous cela à présent? Où est la crainte du Seigneur, où sont ces entretiens dont parle le prophète? Pensez que Dieu écoute et note tout cela! «L'Eternel y a été attentif et l'a ouï». Pensez que Dieu écrit cela dans un livre de mémoires! Il juge ces expressions de sainte crainte, de communion fraternelle, dignes d'être rapportées dans un livre de mémoires devant lui.

Nous voyons la même chose dans le résidu à la première venue du Seigneur Jésus Christ. Que nous est-il dit de Siméon et d'Anne? Lisons au commencement de l'évangile de Luc, où vous trouvez le résidu tel, au fond, qu'à la fin de l'Ancien Testament. Il n'y a pas d'actions marquantes, pas un grand déploiement d'activité, rien de pareil. Nous voyons seulement que Siméon attendait la consolation d'Israël, que le Saint Esprit était sur lui, et que la révélation lui fut donnée qu'il ne mourrait point jusqu'à ce qu'il eût vu le Christ, le Seigneur. Et quand il entra dans le temple et qu'il vit l'enfant, quand il l'eut pris dans ses bras, le salut de Dieu dans la personne de Jésus, il dit (Luc 2: 29): Ma coupe est remplie, et je puis maintenant mourir. «Seigneur, tu laisses maintenant aller ton esclave en paix, car mes yeux ont vu ton salut».

Il en était de même d'Anne. Elle ne quittait pas le temple. Sa seule pensée, c'était Lui. Elle parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance. Comme pour le résidu de l'Ancien Testament dont je parlais, ils craignaient l'Eternel et en parlaient souvent l'un à l'autre. Ainsi pour Anne. Sa seule pensée, son seul sujet de conversation, ce qui remplissait son coeur, c'était lui. «Elle parlait de lui» à tous ceux qui partageaient son espérance, son attente et ses affections.

Chers amis, je pense qu'il est bon pour nous dans le temps actuel, temps de relâchement général, de déclin, de faiblesse, de considérer les traits qui doivent caractériser les enfants de Dieu. Oui, nous sommes dans un temps de grand éloignement de Dieu. Le but principal de Satan aujourd'hui, me semble-t-il, c'est de nous entraîner non pas à quelque chose de mal en soi, — ce n'est pas à quoi nous sommes généralement exposés maintenant, — mais à autre chose que ce qui doit occuper les enfants de Dieu. Il peut y avoir une grande activité apparente pour Dieu auprès des hommes, beaucoup de zèle pour de bonnes oeuvres, mais le témoignage de Dieu manque. Comme l'apôtre dit (2 Timothée 1: 8): «Ne prends pas à honte le témoignage de notre Seigneur, ni moi, son prisonnier, mais prends part aux souffrances de l'évangile, selon la puissance de Dieu».

Remarquez que la grande chose à laquelle tout doit être subordonné en des jours comme ceux-ci, c'est de connaître notre position. C'est Christ qui me fait ma position. Où est-il? A la droite de Dieu dans le ciel. «Je suis donc du ciel». Quant à cette terre, il en a été rejeté. Le fait que Christ a été reçu dans la gloire, si je suis un avec lui, m'impose un caractère céleste; et le rejet de Christ ici-bas fixe ma place en dehors de la terre, si j'ai de l'affection pour lui. Que le Seigneur réveille nos coeurs par son Esprit dans ces derniers temps, chers amis, afin que nous soyons rendus attentifs aux machinations de Satan, et que nous puissions discerner les pièges qu'il nous tend. Vous pouvez y compter, c'est un piège, c'est une ruse; s'il peut détourner nos coeurs de Christ et les fixer sur autre chose que le témoignage de notre Seigneur (que j'ai essayé, bien faiblement sans doute, de placer devant vous aujourd'hui), quoique ce soit peut-être quelque chose qui paraisse être fait pour Dieu, alors il a atteint son but.

Le Seigneur par son Esprit nous donne de garder notre nazaréat, d'être un peuple séparé; de comprendre aussi qu'il nous suffit. Qu'il nous garde de regarder à l'homme, qu'il nous enseigne à regarder simplement à lui, à chercher en lui notre refuge, sachant qu'il prend soin des siens, et qu'il est au milieu de nous! Que cette pensée est précieuse! Combien peu nous avons le sentiment qu'il est au milieu de nous!

Que le Seigneur par son Esprit mette toutes ces choses sur nos coeurs aujourd'hui, qu'il nous réveille et nous donne le sentiment de ce qui est dû à son nom, afin que nous soyons plus décidés pour lui dans ces temps, à la louange et à la gloire de sa grâce par Jésus Christ!